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Full text of "Le jardinier fleuriste, ou, La culture universelle des fleurs, arbres, arbustes, arbrisseaux servant à l'embellissement des jardins : contenant plusieurs parterres sur des desseins nouveaux, bosquets, boulingrins, salles, sallons, & autres ornements de jardin : avec la maniere de rechercher les eaux, de les conduire dans les jardins, & une instruction sur les bassins : ouvrage où tous les curieux trouveront de quoi s'amuser agréablement"

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■ÿÿ'-'IlHt 


JARDINIER 

FLEUF^ÏSTE, 

O U 

LA  CULTURE  UNIVERSELLE 
des  fleurs  , arbres  , arbuftes  , arbrif- 
feaux  fervant  à rembelliffement  des 
iardins  ; 

CONTENANT 

PîuEeurs  parterres  fur  des  defleins  nou- 
veaux , bofquets  , boulingrins  , faUes  , 
fallons  , & autres  ornements  de  jardin  ; 

AVEC 

ta  maniéré  de  rechercher  les  eaux  , de  les  con- 
duire dans  les  jardins  , & une  inftruélion  fur 
les  baîTins  : Ouvrage  où  tous  les  curieux  trou- 
veront de  quoi  s’amufer  agréablement. 

Par  le  fleur  L.  Liger. 

Nouvelle  Edition  , revue  , corrigée  & augmentée 
confidérahlement  , avec  beaucoup  de  planches 
en  taille-douce. 


A ROUEN, 

Chez  la  Veuve  de  Pierre  Dumesnis^ 
rue  de  la  Chaîne. 


M.  DCC.  LXXXVII. 

Avec  PermiJJion. 


PRÉFACE. 

n’eft  point  pour  faire  valoir  cet  Ouvrage 
^^que  l’on  a mis  une  Préface  à la  tête  : c’eft 
plutôt  par  coutume  qu’autrcment  ; car  une  Pré- 
face eft  d’un  foîble  fecours  pour  détruire  les  pré- 
ventions du  Public.  Quand  une  fois  un  Livre 
île  lui  plaît  pas  , un  Auteur  a beau  employer 
toute  fa  rhétorique  pour  lui  faire  voir  les  ma- 
tières fous  de  belles  couleurs , tel  Ouvrage  efl 
toujours  la  vidime  de  fa  cenfure  ; ce  ne  font  que 
les  fuffrages  qu’il  y donne  qui  en  font  , pour 
ainfi  dire,  le  mérite.  Heureux  l’Auteur  qui  peut 
fe  flatter  d’avoir  attrappé  le  goût  d’un  cenfeur  fi 
rigide  ! fon  Ouvrage  alors  vole  par-tout , & lui 
fait  honneur. 

Le  Livre  que  l’on  donne  aujourd’hui  a été  reçu 
aflez  favorablement  des  curieux  en  fait  de  jardi- 
nage dans  les  précédentes  éditions  , pour  cfpé- 
rer  que  celle  ci  ne  le  fera  pas  moins , s’éranc  ap- 
pliqué à retoucher  cet  Ouvrage  , & à l’augmen- 
ter de  beaucoup  de  chofes , afin  que  la  îeâare  Sc 
les  préceptes  qu’il  renferme  lui  pîaifent  encore  da- 
vantage. Si , dans  la  première  édition  , il  a paru 
en  deux  volumes  , oe  n’eft  pas  à dire  pour  cela 
qu’étant  réduira  un  feul,  il  contienne  moins  de 
préceptes;  au  contraire , ce  Livre  en  eft  chargé 
de  bien  davantage  & de  plus  recherchés  ; & ce 
n’eft  pas  une  chofebien  difficile  à perfuader,  lorf- 
qu’on  verra  qifon  n’a  retranché  beaucoup  de  ma- 


P R É F A C E. 


îv 

îieres  inutiles  que  pour  en  fubftituer  de  nouvelles 
très-inflruâives.  Voici , en  peu  de  mors  , Fana- 
Jyfe  de  cette  nouvelle  édition. 

Elle  eil  divifée  en  trois  parties  : on  com- 
mence la  première  par  ce  qui  regarde  les  terres 
propres  à la  culture  des  fleurs  ; car  , comme  die 
fort  bien  le  Poete  : Non  omnis  fert  omnia  tellus  ; 
chaque  terre  ne  produit  point  toutes  fortes  de 
plantes  , ü faut  qu’elle  y foit  difpofée  natu- 
rellement, ou  par  la  culture  qu'on  y donne  ; au- 
trement , les  plantes  qu’on  y commet  y languif- 
fent. 

On  voit  après , dans  ceîte  Partie  , les  qualités 
que  dois  avoir  un  Jardinier  Fleuriile  , & un  dé- 
tail de  tous  les  outils  qui  lui  font  propres  pour 
bien  s’acquitter  de  fon  emploi  ; enfuite  on  parle 
des  plantes  en  général,  & comment  on  les  divife  ; 
du  temps  & de  la  maniéré  de  femer  les  graines. 

Comme  les  fleurs  fe  cultivent  dans  divers  en- 
droits, on  y enfeigne  de  quelle  façon  il  faut  les 
y gouverner.  Se  lifent  enfuite  quelques  maximes 
généraîes  , pour  apprendre  à planter  par  ordre 
toutes  fortes  de  fleurs  ; c’efl  d’où  dépend  l’adrefle 
d’un  Jardinier , & ce  qui  fait  briller  fon  art. 

Tout  ce  qui  a été  dit  ne  füfSî  pas  pour  avoir 
dans  un  jardin  des  fleurs  de  toutes  efpeces  , & 
qui  pmifent  contenter  un  curieux  , il  y a encore 
Fart  Je  les  multiplier , qui  eft  de  favoir  recueillir^ 
leurs  graines  à propos , & lever  avec  foin  leurs 
oignons  & racines  ; fans  le  fecours  de  la  graine 
©n  en  eft  bientôt dépoiir vu, piiifqiie  la  femence  eft 
le  principe  de  toutes  les  plantes. 

On  y enfeigne  tous  les  foins  qu’on  doit  pren- 
dre à Fégard  de  toutes  fortes  de  fleurs  qui  s’élè- 
vent dans  les  jardins  : fans  ces  foins  , elles  n’y 
font  rien  qui  vaille  ; & le  tout  ne  conflfte  qu’à 
Us  farder  , les  arroftr  , & à prévenir  quelques 


T R È F J C Ë.  t 

îûconvénients  auxquels  elles  font  fujettes.  îî  y a 
encore  quelques  autres  remarques  qui  ne  foat 
pas  moins  eflentielles  à leur  culture  que  tout  ce 
qu’on  en  a déjà  dit.  Certains  animaux  & infec- 
tes font  les  ennemis  mortels  des  plantes  : i!  efl 
donc  effentiel  de  connoître  les  moyens  de  les  dé* 
rruire  ; c’eft  ce  qu’on  trouvera  ici.  Il  eii:  en=» 
core.  néceflaire  de  favoir  conferver  les  fleurs 
qu’on  a pris  foin  d’^élever  , principalement  dans 
les  tranfports  qu’on  en  fait  dans  les  pays  éloi- 
gnés , ou  à l’égard  de  celles  qu’on  en  tire  ; c’efl 
fur  quoi  on  s’eft  un  peu  étendu  , afin  que  la  eu- 
riofité  des  Fleuriftes  , qui  ne  doit  pas  fe  borner 
à élever  des  fleurs  de  leur  pays  , trouve  encore 
de  quoi  fe  fatisfaire  amplement.. 

Et  comme  les  fleurs  fe  cultivent  en  différentes 
faifons  , chacune  félon  leur  nature  ^ on  a auffi 
marqué  dans  cette  Partie  les  mois  auxquels  cet 
ouvrage  fe  doit  faire  : enfuite  on  vient  à la  culture 
particulière  de  chaque  fleur  durant  chaque  mois 
de  l’année  : cet  article  , pour  n’y  rien  omettre  j^  efî 
détaillé  fort  au  long  , & fuivi , après  avoir  parlé 
des  mois  & faifons  auxquels  chaque  plante  paroîc 
en  fleur  durant  l’année  ^de  la  néceflité  qu’il  y a 
d’avoir  des  pépinières  ^ tant  de  fleurs  de  toutes 
fortes, que  d’arbres, arbuftes  8t  arbriffeaux  , pour 
n’en  point  manquer  dans  toutes  les  faifons  : c’efî 
ce  qui  finit  la  première  Partie.;  paffons  à la  fé- 
condé. 

Elle  contient  là  culture  des  arbres,  arbriffeamc 
êc  arbuftes  qui  fervent  à FembeüifFement  des  jar- 
dins,  &la  maniéré  d’en  conduire  quelques-uns 
par  le  fecours  de  l’art  ; mais  auparavant  fon  fait 
connoître  les  différentes  qualités  d’une  bonno 
ferre,  avec  les  moyens  d’y  préferver  les  plantes 
du  froid.  On  peut  dire  que  cette  Partie  renferme 
beaucoup  de  chofes  qui  concernent  le  jardinage  ^ 


F n É F A € 


>î 

& dont  jamais  pgrfonnt  nes’eft  avifé  de  parler  î 
& , comme  on  a voulu  rendre  cet  Ouvrage  fin- 
gulier  par  les  nouveautés  dont  on  Ta  rempli , on 
a cru  , pour  n’y  rien  oublier  ^ devoir  y montrer 
à quel  degré  de  perfeélion  Tindultrie  des  Jar** 
diniers  efi:  montée  dans  certains  ouvrages  qui  font 
aujourd’hui  Fadmiration  de  tout  le  mande  dans 
les  jardins  d’ornements..  C’eft  bien- la  nature  qui 
agit  dans  toutes  les  plantes  en  leur  donnant  Tac- 
croiffement,  mais  les  différentes  figures  que  quel- 
ques arbres  y repréfentent  ne  dépendent  pas  du 
caprice  de  cette  mere  commune  ; c’efi  à Fart  , 
joint  à Fhabifeté  des  mains  qui  les  condaifent'j 
que  nous  en  fomm es  redevables. 

On  y trouve  auffi;  la  maniéré  de  cultiver  les 
orangers  , citronniers  ^ & plufieurs  autres  ar- 
bres & arbriffeaiix  ^ & arbüfi:es  qu’on  peut 
mettre  dans  les  jardins  d’ornements  ; & cette  ma- 
tière J on  le  peut  dire  , y eff  traitée  dans  toute 
fon  étendue  ; ce  qui  ne  peut  que  faire  plaifir  aux 
amateurs  du  jardin age^  C’eft  beaucoup  >:à  la  vérité  -, 
mais  quand  tous  ces  ornements  , qui- font  ordi- 
naires , font  comparés  h ces  chef- d’œuvres  de 
l’art  qui  font  aujourdUiui  la  décoration  des  jarr 
dins  des  Princes,  on  trouve  bien  plus  de  génie 
dans  ceux-ci , une  idée  bien  plus  noble  & une  ha- 
bileté de  la  main  bien  plus  grande.  Tous  les  Jar- 
diniers auffi  ne  font  point  capables  d.’une  pa?< 
îeîlle  entreprife  ; ce  font  des  ouvrages  qui  fur- 
paflènt  leur  portée , & dont  la  conduke  néanmoins 
îî’eff  pas  fi  impoffble  qu’on  fe  l’imagine  : on  peut 
en  juger  par  les  inftruâions  qu’on  en.a  données 
dans  cette  Partie i. 

L’if,  Forme  & la  char  mi  lié' font  les  plantes 
qui  contribuent  entièrement  aux  ornements  dont 
on  parle  : on  forme  avec  la  derniere  de  ces  belles 
p4iffvdes  qui  ornent  aas  jardins,.  L’érabte 


PRÉFACE. 


-vij 

Térité  , produit  bien  le  même  effet  ruais  il  n’eft 
pas  fi  commun»  On  emploie  encore  la  charmille 
pour  des  galeries  en  arcardes , & autres  ornements 
dont  on  a parlé. 

Quant  à forme  , l'effet  qu’il  produit  à:  l’égard 
des  décorations  des  jardins  n’eft  pas  moins  fur- 
prenant  : ces  beaux  portiques  de  verdure  qu’on 
voit  à Marly  , & dans  quelques  jardins  de  nos 
Princes,,  prouvent  fiiffifamment  ce  qu’on  dit  : ces 
ormes  en  boules  y & ceux  dont  on  fe  fert  pour 
dreffer  des  coJonades  , ne  font  pas  moins  voir  les 
merveilles  de  l’art  : tout  y paroît  impoffible , à ce 
qu’il  femble  aux  yeux  de  bien  des  gens  ; cepen^ 
dant  on  eft  détrompé  de  ce  préjugé  lorfqu’on  lit 
kl  des  infiTuélions  qu’on  donne  fur  la  maniera  de 
réuffir  en  ces  ouvrages*  Cette  fécondé  Partie  con^- 
Siient  encore  plufieurs  chofes  dont  le  détail  eft  inu- 
tile ici  , parce  qu’il  conduiroit  trop  loin  , & que 
ce  ne  ferok  pas  fuivre  le  plan  qu’on  s’eft  propofé 
dans  cette  Préface». 

De  ces  ouvrages  vrais , chefs- d’œuvres  de  rare, 
on  paflè  à la  troifieme  Partie  , où  l’on  trouvera  es 
que  Ton  peut  defirerfur  le  choix  d:’un  terrein,  & 
les  conditions  néceiïàires  pour  y conftruircim  jari- 
din  d’ornements  , & fur  là  maniéré  d’en  difpofer 
& d’en  arranger  les  différentes  parties.  A.  l’égard 
des  parterres  ç.qui  font  encore  un  des  plus  beaux 
ornements  de  nos  jardins  ( c’eft  même  îe  plus 
ordinaire  & le  plus  connu  de  tous  ) , on  n’a  rien 
omis  fur  cette  matière  de.  ce,  qui  pouvoitcoii-. 
tribuer  à en  donner  de  belles  idées  :on  y a joint 
îà  nouveauté , pour  plaire  davantage  au  public 
& on  donne  pour  cela  plufieurs  defîèins,. 

Comme  les  bofqiiets , falles , fàlîons  j Cabinets  de 
verdure , cloîtres  , boulingrins  , &c..font  encore 
des  décorations  de  jardin  fort  agréables , on  a die 
îà-dêiTus  tout  ce  que  cetrematiere  pouvoitexiger  5 


PRÉFACE. 


vii] 

on  a fait  remarquer  les  endroits  où  ils  pouvoiènt 
tonvenir  dans  les  jardins  : ce  pas  peu  que  de 
pouvoir  bien  attraper  ce  goût , que  tant  de  Def- 
finateurs  de  jardins  rendent  dépravés  par  Tidée 
miférable  qu’ils  s’en  forment. 

Pour  venir  à la  conclufion  de  cette  troiîiemc 
partie  , qui  traite  des  eaux  jailIilTantes  , l’on  peut 
dire  que  , jufqu’ici , nous  n’avons  rien  fur  cette 
matière  de  plus  complet  pour  la  pratique  : on 
n’a  fait  que  l’ébaucher  ; c’eü  pourquoi , comme 
on  y trouve  trop  de  chofes  à defirer  , on  ne  peut 
que  fuivre  ici  en  fureté  les  inâruélions  qu’on  y a 
données,. 

Non  content  de  tous  les  préceptes  qui  regar- 
dent la  conduite  des  eaux  ^ la  conûrrudion  des  baf- 
fms  de  pîüfieurs  façons  , & le  choix  qu’on  doit 
favoir  faire  de  la  giaife  qui  en  compofe  la  plu- 
part eft  entré  en  matière  fur  les  dîverfes  dé- 
corations dont  ces  eaut  étoient  fufceptibles  dans 
les  jardins  : on  a d’abord  fait  attention  aux  empla- 
cements qui  leur  conviennent^  puis  on  a parlé 
des  riches  ornements  fous  lefquels  jouent  ces 
eaux  : tels  font  les  beaux  jets  qui  partent  de  diffé- 
rents endroits  pour  former  une  belle  variété  , les 
cafcades  , les  chûtes  d’eau  , les  nappes  , les  buf- 
fets d’eau  & autres  pièces  de  cette  nature  ; & 
pour  rendre  tout  ce  qu’on  a avancé  là  - deffus 
plus  fenfible , on  a cru  en  devoir  donner  des  fi- 
gures démonflratives , ainfi  que  des  autres  orne- 
ments de  jardin  dont  an  a traité  dans  cet  Ouvrage*. 


TABLE 


DES  CHAPITRES 


PREMIERE  PARTIE. 


res  propres  à cultiver  les  fleurs  dont:  on  orne 
les  parterres^  page  l 

Ch  AF.  IL  Du  Jardinier  Flepriflc  , & des  qua-» 
lités  qu*il  doit  avoir  , % 

Cm  ÂF . 1 1 L Des  outils  ne'ceflaires  à un  Jardinier^  S 
Ch  AF,  ÎV,  Des  plantes  en  général  ^ l8 

Ch  AF.  V.  Du  temps  5'  de  la  maniéré  de  femer 
les  graines , 2.1 

Ch  AF.  VI.  Des  endroits  ou  Vonéleve  des  fleurs  , 
avec  la  maniéré  de  les  y gouverner , 2.4 

Ch  AF.  VIL  Maximes  générales  pour  apprendra 
à planter  , par  ordre  ^ toutes  fortes  de  fleurs 
dans  un  jardin , 33 

Ch  AP.  VIII.  Maniéré  de  recueillir  les  graines  ^ 
oignons  6*  racines  de  fleurs  , avec  le  moyen 
de  les  conferver  , 41 

Ch  AF.  IX.  Des  foins  généraux  qu^il  faut  pren-- 
dre  , à V égard  de  toutes  fortes  de  fleurs  ^ pour 
les  favoir  cultiver  , 44 

Ch  AF.  X.  Des  animaux  nuiflbles  aux  plarii es.  ^ & 
de  la  maniéré  de  les  détruire  , 

Ch  AP.  XL  Comment  conferver  les  fleurs  dans  le 
tranfport  qu*on  en  fait  des  pays  éloignés  9 59 
Ch  A F.  XÎL  L^année  du  Jardinier  Fleuri  fie  , & 
le  temps  auquel  chaque  fleur  doit  être  femée  & 


Contenus  en  ce  Livre. 


Châf.  I 


De 


la  maniéré  de  rendre  les  ter- 


és 


X TABLE  DES  CHAPITRES. 

Ch  AP.  XIII. la  culture  particulière  des  fleuri 
dans  le  mois  de  Septembre  , 70 

Chap.  XIV.  De  toutes  les  fleurs  qui  fe  fement 
dans  le  mois  d'Oâobre  ^ & de  tous  les  oignons 
de  fleurs  qui  s^y  plantent^  avec  la  maniéré  de  les 
cultiver , 1 37 

Chap.  XV.  Des  fleurs  qu^on  doit  femer  dans  le 
mois  de  Novembre  , 6"  de  la  maniéré  de  les  y 
cultiver  , 14^ 

Ch  ap.  XVî.  Des  fleurs  qu’on  doit  femer  dans  le 
mois  de  Décembre  , 6^  de  leur  culture  ^ 146 

Chap.  XVII.  Qui  contient  les  fleurs  qu’on  feme 
ou  qu’on  plante  au  mois  de  Février , avec  leur 
culture^  148 

Chap.  XVIII.  Des  fleurs  qu’on  feme  ou  qu’on 
plante  au  mois^e  Mars  , ^ delà  maniéré  de 
les  gouverner  ^ 156 

Chap.  XIX.  Des  plantes  propres  à faire  des  bor^ 
dures  convenables  à un  jardin  â fleurs , 199 

Ch  AP.  XX.  Des  mois  & des  faîfons  auxquels 
chaque  plante  paraît  en  fleur  durant  toute  l’an- 
née , aoa 

Chap.  XXL  Des  pépinières  & de  la  nécejjité 
qu’il  y a d’en  avoir  , tant  de  fleurs  de  toutes 
fortes  , que  d’arbres  , arhuftes  & arhrijfeaux  , 
pour  n’en  point  manquer  dans  le  befoin  ^ acç 

SECONDE  PARTIE. 

Chap.  I.  DEfcription  d’unebonne ferre , 219 
Chap.  H.  Dès  orangers  & citronniers ^ & de  la 


maniéré  de  les  cultiver  , . Q.25 

Chap.  ÏII.  Des  grenadiers  , 243 

Chap.  IV.  Des  jafmins  de  toutes  fortes  , & de 
la  maniéré  de  les  cultiver  , 2 $,2. 

Ch  AP.  V . Des  genêts  , 262 

CHAPei  VL  Des  myrtes  ^ 263 


T A B I E D E s C H A P I T R E s,  xj 
Ch  AP,  VII.  Des  différentes  efpeces  de  lauriers  , 

16$ 

Ch  AP.  Vni.  Des  rofiers  de  toutes  fortes  , ayz 
Châp.  IX,  Du  fyringa  , & de  la  nie  des  jar^ 
dins  , autrement  dite  fumac  des  Indes  ^ 2.8 1 

Chap,  X.  Du  romarin  & de  la  barbe  de  Jupiter^ 

Chap,  XÎ,  De  Vif  ^ du  picea  , du  cyprès  , & de 
Vemploi  qu'mon  en  fait  dans  les  jardins  d^or- 
nements  ^ 2.8$ 

Chap,  XII.  Du  charme  , 5’  à quoi  rendu  propre 
dans  le  jardinage  ^ 2.89 

Chap.  XîîI.  Du  chevr effeuille ^ du philaria  ^ & 
des  alaternes , 2.96 

Chap.  XI V.  De  Vorme  & de  fon  emploi  dans 
les  jardins  de  propreté  , m-  300 

Chap,  XV,  Du  tilleul , & de  fon  ufage  dans  les 
jardins^  314 

Chap.  XVL  Du  laguenauâier  & du  houx  ,31$ 

Chap.  XVIT,  Qui  contient  une  récapitulation  en 
peu  de  mots  des  arbres  & arJbriffeaux  dont  on  a 
parlé  des  divers  ufages  qu^on  en  doit  faire 
dans  les  jardins  ^ 317 

Chap.  XVîII,  De  la  culture  de  quelques  arbres 
& arhri féaux  fort  curieux  , 32Î 

Chap.  XIX.  Du  maronnicr  d^Inde  ^ & de  Vacca^ 
cia , 326 

Ch  AP.  XX,  Des  différentes  efpeces  de  lilas , 329 
Chap.  XX Vit  hui  (fon  ardent  , 330 

Chap.  XXII.  De  la  coulevrée  & de  la  vignes- 
vierge  , 331 

Chap.  XXÎIÎ.  Du  huis  , 332 

Chap.  XXIV.  Des  différentes  fortes  de  tapis 
verds  dont  on  fe  fert  dans  les  jardins , comment 
les  femer , avec  la  maniéré  de  plaquer  le  ga'pon 
de  V entretenir  ^ 33^ 

Ch  AP . XXV  Des  fai  fons  auxquelles  font  en  fleur 
les  arbres  & arbriffeaux  contenus  ici  ^ 34 1 


xîj  T A B L E D ES  C H A P I T R E Sa 


TROISIEME  PARTIE. 


Chap.  I.  U choix  d’un  terreitipro^re  à faire 

un  jardin  d’ornements  , 349 

Ch  AP.  IL  De  la  fcience  d’un  Architeâc  en  j’aii 
de  jardins  d’ornements  , ,351 

Ch  A P.  II L De  la  difpofition  & de  l’arrangement 
des  différentes  parties  qui  compofent  un  jardin 
d’ornements , 355 

Ch  AP.  IV.  Des  différentes  fortes  de^parterres  ^ 
& de  ce  qu’il  y a à ohferver  pour  les  conduire 
à leur  perfection  , 358 

Ch  AP.  V.  Des  hofquets  & des  lois  dreffés  pour 
l’ornement  des  jardins  , f ailes  , /allons  , cahi^ 
nets  de  verdure  cloîtres  , 37I 

Ch  A P.  VI.  Il  contient  tout  ce  qu’il  faut  ohferver 
à l’égard  des  boulingrins  , paliffades  , allées  , 
& contre-allées  , comment  les  fable r & les  en^ 
trenir , 378 

Ch  AF.  Vil.  InflruBion  fur  les  eaux  jailliffan- 
tes  y avec  la  maniéré  de  les  favoir  difirihuer 
dans  les  jardins  , 6’  un  détail  des  pièces  d’eau 
différentes  qu’on  en  peut  faire  pour  leurs  dé-^ 
eorations  f 39 1 


Fin  de  la  Table  des  Chapitres, 


CHAPITRE  PREMIER. 

-De  la  manière  de  rendre  les  terres  propres  â 
cultiver  les  fleurs  dont  on  orne  les  parterres. 

ü o¥TE  terre^  naturellement  parlant , ne  produit 
pas  toutes  fortes  de  cliofes  ; & ^ fi  Fart  bien  fouvent 
ne  vient  au  fecoursde  la  nature^  les  plantes  qu^oa 
y cultive  indifféremment  ne  font  que  languir* 
Lorfquela  terre  eft  bonne  d'e!îe-méme,  ce  fonc 
de  grands  foins  épargnés  pour  un  Fleurifte  cu- 
rieux ; au  Heu  que , quand  elle  efi  défeclueufe  , il  a 
befoin  d’un  peu  d’induftrie  pour  y remédier;  ce 
n’eft  bien  fouyent  que  d’un  peu  de  terreau  que  dé- 
pend la  fertilité  de  cette  terre. 

La  marque  la  plus  certaine  de  la  bonté  d’une 
terre  , efl  celle  qui  fe  prend  de  la  beauté  naturelle 
I Partie,  à 


X L s JARDÎNfEa 

de  fes  produâions  ; ceft- à-dire  que , fî  ce  qu’efk 
produit , foit  naturellement , foit  par  les  foins  du 
travail , eft  fort , vigoureux  , beau  & en  abon-* 
dance , vofus  jugez  par-là  qu’elle  eft  bonne  ; & , au 
contraire  ,fi  ce  que  l’on  y voit  eft  maigre  & petit , 
quand  il  doit  être  gros  &.  grand , pâle  & jaune  , 
quand  il  doit  être  éclatant  & d’un  beau  verd , c’efî 
une  preuve  de  Ton  peu  de  bonté.  La  couleur  la  plus 
ordinaire  d’une  bonne  terre  eft  d’un  gris  noirâtre. 

Si  la  terre  eft  bonne  , on  fe  contente  de  remplir 
les  découpésou  pîate-bandesde  cette  terre, obrer- 
vant  de  la  mettre  en  dos  d’âne  oudebahur , & de 
répandre  par-deftus  l’épaifteur  d’un  demi-doigt  de 
terreau  de  couche.  I!  n’eft  pas  befoin  , dans  un  ter- 
roir de  cette  nature  , d'aucun  fècours  étranger  3 
pour  l’obliger  à donner  de  belles  produflions. 

Généralement  parlant,  il  faut  qu’une  terre  def* 
tinée  à nourrir  des  fleurs  , ne  fuit  ni  trop  humide 
ni  trop  feche  *,  dans  le  premier  cas,  les  plantes  ne 
pouffent  que  foibîement  , s’y  pourriffènt  la  plu- 
part , & s’étiolent  dans  le  fécond  : il  faut  prendre 
un  milieu  , dans  cette  conjondure , c’eft-à-dire  5 
compofer  exprès  une  terre  propre  à y élever  des 
fleurs.  Rien  n’aide  plus  à faire  agir  les  plantes 
qu’on  y met  que  ce  fecours. 

Cela  pofé , fi  la  terre  eft  trop  légère  & chargée 
de  peu  de  fels,  on  garnira  les  pièces  de  parterre 
d’une  terre  compofée  d’un  tiers  de  terreau  & de 
deux  tiers  de  terre  à potager , qui  foit  bonne  & 
bien  criblée.  Les  terres  légères  font  celles  qui  n’on- 


FtEÜÏirSTKe  I 

point  de  corps , & qui  au  contraire  approclienc 
du  fabloneux. 

Pour  les  terres  humides  oü  terres  fortes  , ce 
font  celles  qui  , fans  être  argiüeufesj  fe  tiennent 
aux  doigts  comme  delà  pâte,  & fe  mettent  aifé-* 
ment  en  telle  figure  quei’on  veut:  ces  fortes  de 
terres  s’endurcilTent  de  façon  qu’elles  font  pref- 
qu’impénétrables  à l’eau  , & qu’elles  ont  une  hu** 
tnidité  perpétuelle  qui  pourrit  tout»  Four  corri- 
ger & amender  de  femblables  fonds,  on  n'a  befoin 
que  de  terreau  ; mais  comme  il  en  faudroit  trop  , 
& que  la  dépenfe  à laquelle  un  ouvrage  de  cette 
nature  conduiroic  un  demi-curieux , pourroit , en 
quelque  façon  , fe  dégoûter,  il  n’aura  qu’à  clier- 
clier  quelque  terre  légère  & remplie  fuffifamment 
de  Tels,  en  mettre  un  tiers  , un  tiers  de  fumier  de 
clievaî  5 & Pautretiers  de  cette  terre  humide,  bien 
mêler  lexoutenfemble  pour  la  deffécher,  alors  les 
fleurs  y croîtront  très->bien*» 

On  trouve  des  fables  merveilleux  pour  la  végé-* 
ration  , & dont  la  couleur  eft  toute  grife:  tout  y 
croît  fort  bien  ; & , pour  ne  point  s’y  tromper  ^ 
üfuffit  de  regarderies  produdions qu’ils  contien» 
tient  ; c’eft  pour  lors  que  les  yeux  décident  du 
bon  ou  du  mauvais fuccès  qu’on  en  peut  attendre* 
Aconfidéreràfondles  terroirs  pierreux,  c’efi: 
perdre  fon  temps  & fa  peine  que  de  les  employer 
pour  la  Cüîture  des  fleurs  , à moins  qu’on  ne  pra- 
tique îa  méthode  que  voici. 

Prenêz  de  la  cetre  ^ fa  mdlleare  que  vous  pour- 

A a, 


4.  I/E  Jardinesr 

trouver  , mettez-en  deux  tiers  avec  un  tiers 
de  terreau  , & , étant  bien  incorporés  run  avec 
fautre , portez  cette  terre  dans  îes  endroits  defti- 
nés,  mettez-en  la  hauteur  d’un  demi-pied;  ob  fer- 
iez, comme  on  a dit,  que  cette  terre  faffè  le  dos 
de  bahut  ; unilTez-la  proprement , & y plantez 
les  fleurs  que  vous  fouhaitez  ; elles  y croîtront 
heureufement , avec  les  foins  d’ailleurs  qu’elles 
exigent  de  celui  qui  les  gouverne. 

II  y a une  certaine  terre  jaune  qui  eft  aflez  fubf- 
rantieüe  ; elle  n’efl  ni  trop  humide  ni  trop  feche  ; 
mais  J quoique  d’un  affez  bon  tempérament  , elle 
manque  néanmoins  dans  fon  principe  de  quel- 
que chofe  propre  à la  végétation , Sc  qu’on  peut 
corrigefo 

Dans  ces  fortes  de  fonds , on  prend  de  la  terre 
naturelle  deux  tiers,  & un  tiers  de  terreau  , ou 
de  quelqu^âutre  terre  fort  légère,  qu’on  mêle  bien 
enfemble  , puis  on  en  garnit  les  platebandes  ou 
autres  pièces  de  parterre. 

Le  terreau  eft  un  fumier  fi  confommé  & fi  vieux, 
qu’il  paroît  plutôt  approcher  de  la  nature  d’une 
t :rre  noire , que  d’avoir  rien  qui  fente  le  fumier 
& la  paille  ; il  eft  tellement  néeeffaire  dans  les 
jardins  , qu’il  eft  abfolument  impoffible  de  s’en 
pouvoir  paffer. 

On  fefouviendra  toujours,  pourmaximegéné- 
r.]le,  de  mettre  en  dos  de  bahut  les  terres  qu’on 
emploie  pour  la  culture  des  fleurs,  lorfqu’on  les 
met  dans  des  découpes  & plate-  bandes  de  parterre. 


F I i U K î s T I 

& de  changer  les  terres  tous  les  trois  ans  ; ce  qui 
fe  pratique  en  ôtant  de  toutes  îes  pièces  environ 
tm  demi-pied  de  terre  pour  y en  fubftituer  de 
nouvelle. 

Tout  cet  ouvrage  doit  fe  faire  proprement  avec 
le  rateau  à petites  dents,  qu’on  palTe  légèrement 
par-defllis  la  terre  pour  Tunir  rr’eft  oh.  Ton  re<- 
marque  en  partie  radrefle  d’un  Jardinier,, 


CHAPITRE  IL 

Du  Jardinier  Fleurijïe , 6'  des  qualités  qu’ait  doit 
üvoir^ 

^O^ESTune  chofe  un  peu  rare  qu’un  Jardinier 
*^^habile  dans  fon  Art  ; la  plupart  ont  plus  de 
routine  que  de  fcience  , plus  d’enrétement  que  de 
raifon , & plus  de  fotte  preTomption  que  d’efprit  : 
ils  fe  perfuadent  tout  favoir  , & ne  favent  bien 
fouventque  trè"-peii  de  chofes. 

Ce  n’efl  pas  à dire  pour  cela  qu’il  n^y  en  ait 
peu  qui  entendent  leur  met’er  , & qui , fondés 
fur  une  expérience  de  longue  main , ne  reuffiffent 
très-bien  dans  le  j'ardmage. 

Les  uns  font  verfés  dans  le  potager,  les  autres 
s’appliquent  aux  pepinieres,&!es  autres  fontleur 
principale  étude  de  la  culture  des  arbres  fruitiers; 
celui-ci  aime  les  arbriffeaux , & l’autre  les  fleurs  ; 
mais  ne  voulant  ici  parlerque  des  deux  derniers^ 
on  ne  dira  rien  des  autres. 

Un  Jardinier  Fleurifte  doit  avoir  en  partage  un 

A 3 


6 1e  Jari>inîeïi 

certain  génie  propre  à la  culture  des  fleurs,  fan^ 
quoi  le  peu  de  talents  qu’il  peut  avoir  d’aiileurs  ^ 
font  de  peu  d’importance.  II  faut  que  celui  qui 
cmbrafle  cette  profeflTion  ne  donne  point  dans  l’ex- 
cès du  vin  ^ il  eft  rare  qu’un  ivrogne  excelle  en  fon 
îirf.  Ce  Jardinier  doit  être  matineux  , afTidu  a 
fon  travail , vigilant,  avoir  beaucoup  de  foin  de 
ce  qui  regarde  fon  minifl:ere,&  s’appliquera  con- 
îîoître  ce  que  c’eft  qu’expofition  en  fait  de  Jardi» 
nier  ; car  il  eft  ne'ccftaire  qu’il  faebe  la  région  & 
les  eflTets  au  moins  des  quatre  vents  principaux, 
pour  faire  le  difcernement  d’une  bonne  fituation^ 

Il  eft  bon  qu’il  s’étudie  à la  connoifTance  gé-^ 
néraîe  des  fleurs  , pour  les  favoir  diftinguer , les 
cultiver  à propos , & les  placer  dans  les  endroits 
qui  leur  font  propres.  Il  doit  avoir  foin  de  les  far- 
der, c’eft» à-dire,  d’ôter  les  méchantes  herbes.  Il 
faut  qu’il  fôit  robufte  , pour  réfifter  aux  fatigues 
que  donne  la  culture  des  fleurs  durant  touterannée,. 

Il  doit  les  arrofer , lorfqu’i!  le  juge  à propos  ; 
auflî'tôt  qu’il  eft  jour,  il  doit  vifiter  fes  plantes  , 
& voir  shl  n’y  en  a point  qui  périfTent  : pour  lors 
fon  emploi  veut  qu’il  y remédie  au  plutôt , s’il  eft 
poflTible, 

If  doit  avoir  aufli  quelque  connoifTance  d’archw 
teflure  pour  former  la  figure  d’un  plan , & corn- 
pafllr  régulièrement  les  figures  d’un  parterre. 

Il  faut  qu’un  Jardinier  FleurifteafFede  une  cer* 
taine  propreté , qui  jamais  ne  doit  abandonner 
fon  ouvrage.  On  demande  danshiiderinventioB  g 


F £ ï?  ü îl  î s T 1»  : 7 

2Î1Ê  connoifTance  particulière  des  temps  auxquels 
on  doit  femer  & planter  toutes  fortes  de  fleurs  j> 
quand  & comment  il  les  faut  cueillir  , plutôt  le 
matin  que  îe  foir. 

Jamais  un  Jardinier,  du  caraéîere  dont  on  parle ^ 
ne  doit  manquer  d’outils  néceffaires  à fa  profef» 
fion  ; il  faut  qu’il  ait  foin  de  les  tenir  toujours 
en  état  de  s’en  fervir  au  befoin  , & que  fa  vigi- 
lance s’applique  a prendre  garde  qu’il  ne  s’eîi 
gâte  point. 

Un  Jardinier  Fîeurifle,  qui  naturellement  doit 
fe  piquer  de  curiofité,  efl:  obligé  honnêtement  de 
fatisfaire  celle  des  perfonnes  qui  lui  demandent  à 
voir  les  fleurs  de  fon  jardin  , perfuadé  qu’il  doit 
être  qu’elles  fe  donneront  bien  de  garde  d’en  cueil- 
lir aucune  ; & , pour  prévenir  ceux  qui  ^ moins 
honnêtes  , y portent  indifcrétement  la  main  j, 
pour  en  dérober  à l’infu  du  Maître  , i!  faut  gra- 
ver ces  deux  vers  fur  la  porte  du  jardin  ; 

Hîc  ver  aflîdoum  mellûs , quàm  Carmina,  Flores 
înfcribant  j ocuîis  tu  îege  , non  manibus. 

Quand  on  parle  ici  de  Jardiniers  Fîeurifles,  on 
entend  ceux  qui  fe  plaifent  à cultiver  ces  produc- 
tions de  la  nature  , qui  n’exigent  pas  moins  de 
foins  d’un  homme  qui  n’en  fera  que  fon  pîaifir  , 
que  d’un  autre  qui  s’en  fera  fait  une  profeflîon 
pour  y gagner  de  quoi  vivre.  Ainfi  les  foins  qui 
regardent  le  dernier,  ne  doivent  pas  porter  îe  pre^* 
mier  à <k  moindres  confidérations.. 


8 


il 


I,E  Jardinier 

’î 

CHAPITRE  I I I. 

Des  Outils  nécejfaires  à un  Jardinier, 

UN  Jardinier  doit  commencer  par  une  heùhe; 

cet  outil  efl  de  fer  ^ îarge  de  huit  à neuf  pou- 
ces, & long  d’un  pied  ou  environ  : il  eff  mince 
du  bas  ,,  & plus  épais  du  haut , où  il  y a un  trou 
qui  fê  nomme  douille  , dans  lequel  on  met  un 
manche  de  trois  pieds  de  long  fur  trois  pouces  de 
tour.  C’eft  le  premier  inilrument  quhl  doit  ap- 
prendre à manier  , afin  de  labourer  la  terre  uni- 
ment. Voici  comme  iî  faut  s’en  fërvir.  On  enfonce 
cette  bêche.un  pied'en  terre  , & en  là  retirantFon 
renverfe  la  terre  fens  dèflu's  deiîbus  ; cela  fait  moti- 
fir  les  méchantes  herbes,  & difpofe  l'a  terre  à une- 
nouvelle  femenc.e,  ou  a un  nouveau  plant. 

Il  aura  une  pelle  ; c’ëfi  un  outil  de  bois  fait  d’une 
feule  piece,  ayant  la  forme  d’une  bêche,  mais  dont 
ïeculeron  efi  plus  hrge  & plus  long  ; il  s’énfer- 
vira  pour  ôter  Ta  terre  des  foiïes  qu’il  aura  créa- 
fées  pour  y eonftruire  quelques  couches,  ou  bien 
il  s’en  fer  vira  pour  cliarger  du  terream  tiré  dts 
vieilles  couches , & le  tranfporter  dans  les  pièces 
de  fon  jardin  qu’^il  jugera  en  avoir  lë  plus  dë  be- 
foin.  Cette  pelle  lui  fervira  encore  pour  charger 
dans  une  hotte  ou  brouette,  les  ordures  defon  jar- 
din, qu’il  fera  porter  dehors  pour  plus  de  propreté», 
11  fe  munira  àt  râteau  ^ qui  efl  un  outil  de  bois 
m de  fer  5 d’environ  un  pied  & demi  gu  deuK 


F I E t;  K ï s T E*  9 

pieds  de  longueur , avec  un  raancîie  de  quatre 
pieds  de  long,  & armé  de  dents  d’un  côté  ;^il  s’en 
fervira'pour  râteler  les  allées  dè  fon  jardin  5 & 
unir  la  terre  de  Tes  compartiments^  Il  y a de  deux- 
fortes  de  râteaux  5 l’un  qui  fert  pour  unir  là  terre 
dans  les  planches  & autres  pièces  de  jardin  : ce*»- 
lüWà  eft'à  dents  de  fer  ; 8c  l’autre  qui  n’en  a que- 
de  bois,  eft  employé  pour  unir  les  allées^  quancî 
elles  font  ratÜTées* 

• ll  fera  pourvu  àe  ratijfoire  ; c’eff  un  petit  ou-- 
til  tranchant , long  d’environ  un  pied  , & large, 
de  quatre  pouces  , enmanché  d’un  bâton  long  de 
quatre  pieds  ; il  fert  à ratifier  : c’eft  un  outil  né« 
cefiaire  pour  tenir  un  jardin  net  de  toutes  les  mé- 
chantes herbes.  Gn  en  fait  de  deux  fortes  ; 
l’üne  fe  man^ie  en  poufiant  devant  foi  l’herbe  qu’on 
ratifie  , & l’autre  efl:  une  ratiflbire  avec  laquelle^ 
©n  rarÜTé  à reculons  , en  appuyant  le  tranchant 
contre  terre. 

U n déplantoir  eü  nécefiaire  à un  Jardinier  Fleiî- 
tifie  , pour  déplanter  avec  fuccès  les  fleurs.  Cet 
outil  efl:  fait  de  feuilles  de  fer  - blanc , mis  en  rond, 
avec  des  charnières  fur  les  côtés , qui  doivent  fe 
joindre  enfemble  par  le  moyen  d’un  gros  fil  de 
fer,  qui  paffent  dans  les  charnières,  entretient  la 
rondeur  du  déplantoir.  On  l’enfonce  en  terre  juf’ 
qu’au-^defibus  des  racines  de  la  plante  que  Fon  veut' 
enlever  ; & après  Favoir*^enîevée  , on  ôte  le  fil  dof 
fer,  qui  fait  que  les  côtés  du  fer-bîancfe  retirent: 
peu|.parice  moyen^U  de  là  plante/orr: 


50  , 1/  K y A K.  D ï N I E 

en  entier  du  lieu  ou  elle  écoit , & fe  tranfpofta 
dans  celui  où  Ton  veut  la  planter  à demeure.  Cet 
înftrument  efl  fort  commode  pour  lever  les  jeu«» 
nés  plantes  en  motte. 

Pour  ce  qui  eft  de  la  ferpette',  c’effi  un  petit  cou- 
teau  dont  la  lame  eft  courbée,  qtf  il  doit  toujours 
avoir  en  poche  : il  y a centoccafions  dans  le  jar- 
dinage où  il  fe  trouve  en  avoir  befoin.  Il  y a des> 
ferpettes  fermantes  & d’autres  qui  ne  fe  ferment 
point  ; on  s’en  fert  pour  habiller  les  arbres , 
préparer  les  racines  des  plantes  qu’on  tranfplanteé. 

Un  Jardinier  Fleurifle  ne  doit  point  manquer 
de  plantoirs  ril  y en  a de  diverfes  façons;  les  uns, 
reftembknt  fimplement  à des  chevilles  de  bois 
pointues  par  le  bout  : ce  font  ceux-îl  dont  on  fe- 
fert  pour  planter  les  fteiîrsnaînes.  tes  autres  pîaîi? 
Êoirs  font  un  peu  plus  gros,  & ferrés  parleboutj, 
& font  employés  pour  planter  le  buis,.  Il  y en  a 
auffi  dkrrondis  par  le  bout  , pour  planter  les  oi- 
gnons de  fleurs,  afin  qu’ils  fe  lient  bien  avec  la 
terre  ,,  & qu’iî  n’y  ait  point  de  vuide  deftbus. 

îl  n’y  a rien  dans  un  jardin  déplus  utile  qu’un 
4rro/o/r;c’eft  pourquoi  un  Jardinier  nedoie  point 
en  être  au  dépourvu.  Cet  outil  fert  pour  arrofer 
les  plantes  , ileft  fait  en  forme  de  cruche.;  foncen- 
tre  doit  tenir  un  feau  d’eau  , & fon  ouverture 
doit  être  aftez  grande  pour  y verfer  l’eau.  II  y a 
une  anfe  ronde , afin  de  pouvoir  le  porter  d’une 
feule  main;  la  pompe  qui  eft  du  côté  oppofé  à 
Fanfe  ^ eft  percée  en  une  infinité  d’endroits,  poui* 


T Z E V K- 1 S, T F*.  Il 

faire  fortîf  l’eau  en  efpece  de  pluie  ; & par  ce 
moyen  elle:  peut  humeder  doucement  la  terrcj^ 
fans  la  durcir  ni  battre.  Gn  îe  fait  ordinairemer^t 
de  cuivre  : le  rouge  vaut  mieux.  Il  y en  a auffi  de 
de  terre  & de  fer-blanc  ; mais  ils  ne  font  pas  de 
réfiftance* 

Il  doit  avoir  um  batte  pom  battre  les  allées  de 
Ton  jardin,  en  cas  de  befoin.  Il  n’y  a rien  qui  em« 
pêche  davantage  les  méchantes  herbes  de  pouflero 
La  batte  eft  encore  néceffaire  pour  le  même  ufage, 
îorfqu’on  fait  un  jardin  neuf,  où  la  terre  des  allées 
qu’on  remue  ou  qu’on  tranfporte , a befoin  d’être 
battue  pour  faire  corps,  de  maniéré  que  les  mé«» 
chantes  herbes  n’y  puifîe  croître  que  difficile*» 
ment.  La  batte  n’eft,  autre  chofe  qu’un  gros  billot 
de  bois  , où  tient  un  long  manche  pofé  diagona- 
îèment., 

îî  faut  qu’ün  Jardinier  qui  cultive  des  fleurs  5 
ait  chez  lui  des  corbeilles  pour  mettre  les  fleurs 
qu’il  juge  à propos  de  cueillir  : ces  fortes  dé  pa-- 
Biers  marquent  la  propreté  d’un  Jardinier  & les 
maniérés  agréables  de  faire  fa  profeffion. 

Il  a befoin  dé  hottes  8c  âe  hotteraux  , pour  îe 
tranfport  de  bien  des  chofes  qu’il  retire  de  fon  jar- 
din , ou  des  terreaux  dont  il  a befoin  ; ces  hottes 
font  faites  de  plufienrs  maniérés , 8c  on  s’en  fert 
félon  l’rffiage  dès  pays  où  Ton  eft.  La  hotte  eft  une 
efpece  de  manequin,  fait  exprès  pour  l’attacher 
tvee  dès  bretelles  fur  îe  dôs.Xe  côté  qui  fe  place 
tpntrejè  dbs  plus  haut  que  tout  le  refte^. 


32/.  t t J'  A R © î n'  r E R 
qui  eû  large  & rond  du  haut,  & un  peu  poîhfn 
par  en  bas  ^ qu’on  nomme  îe  ventre  ; la  partie  élè-» 
vée  s’appelle  coller. 

De  tous  les  outils  qui  fervent  a un  Jardinier 
Fleurifle  , il  n’y  en  a prefque  point  de  plus  "utile 
qu’un  crible  ; il  eft  compofé  d’un  grand  cercle  de 
bois  , qui  a trois  doigts  de  largeur  , & d’ime  peau 
percée  de  plüfeurs  trous*  G’eft  avec  cet  uüenlile 
qu’en  rend  une  terre  prefque  toute  en  pouffierSs> 
& telle  qu’il  faut  qu’elle  foit  pour  contenir  dés 
anémones-g  des  renonculé-S  g &' autres  fleurs  aulîi, 
dé'scatesi  ■'  • 

L'a  fele  eff  une  îàme  dé  fér-emmancbeé:  ;'^€Îiê  eft: 
longue  & étroite',  & taifjeé  d’ùn  des  côtés  par. 
petites  dents.  G’efl  un  inflrument  qui  n’efl:  pas. 
moins  néGefTairé  à un  Jardïniér , que’  ceii}?  dont 
on  a parlé  : il  l’emploie  pour  couper  les  b’randîes 
qu’il  ne  peut  emporter  avec  là  férpette;  &Ge  qu’iî  i 
coupe  avec  la  feie  efi  toujours'  uni , fauf  après  a 
ragréer  le  tronc.  ' 

La  .houlette  ei!  un  morceau  àé  fer  flélalôngiieur 
de  fîx  à fept  pouces , & large  de  quatre  ; -Ion  épaif- 
feur  eâ  d’ùne  bonne  ligne  , ayant  îa  flgure  un  peu 
concave,  & emmanché  d’un  bâton  d’environ  cinq 
à fix  pouces  de- longueur.  On  l’emploie  pour  Ie« 
Ter  en  motte  certaines  plantes  qui  , étant  autre» 
ment  traofportéèsq  feroient  en  danger  de  périr; 
& comme  un  Jardinier  Fieu  rifle  a fouvéntbefoiû 
d’outil  , il  doit  avoir  foin  de  s’en  raanir. 

Un  Jardinier  Fleurifle  fera  bonne,  provifion  de 


ï'  £ E V R T S T Ei.  Xf, 

, pour  y mettre  les  fleurs  qui  s’y  cultîi^€n& 
avec  plus  de  fuccès  qu’en  pleine  terre,  comme  les^ 
ceiÜets  , les  oreilles  d’ours  les  tubéreufes  & au- 
tres, Ces  pots  feront  de  terre  fimplement.  I!  y a. 
dès  pots  de  faïence  pour  les  fleurs  ;maîs  les  Fléu« 
rifles  ne  s’en  fervent  point  ; ils  ne  font  propres^ 
que  pour  ks  particuliers  , qui  en  veulent  faire  îa 
dépenfe  , pour  rornement  de  leurs  jardins» 

Uii  Jardinier  aura  pîiifieurs  rabots  pour  unir 
les  allées  de  fon  jardin  , après  qu’èües  feront  ra- 
tiffées;  ce  lî’efl'pas  iin-oiitil  de  grande  conféqiien- 
ce  pour  en  manquer  , car  il  n’eft  que  de  bois 
fairavec  une  efpece  de  douve  ronde  par-dehors 
& plate  par  en  bas  : en  y attache  vers  le  milieu 
un  manche  long  environ  de  quatre  pieds.. 

Les  paillajfons  font  fort  néceffaires  à un 
dioier  Fieurifte'^  il‘s’en\fèrtxontre  le  froid  ,. qui:’ 
efi:  Fennemi  mortel  des  fleurs  , ou  pour  ombra=? 
ger  quelquefois  certaines  plantes  qui  ne  veulent 
point  le  grand  foleil.  Ces  paiîia.fTbns:fe  font  en  met- 
tant  à plate  terre  .trois  éebaîas  long  de  fi x à lept 
pieds , & les  efpaeant  en  paradele  de  deux  à trois 
pieds  l’un  de  Fautre  ; . enfuite  on  met  en  travers 
de  ces  echaîas  uner  maniéré  de  lit  de  paille  Ion-»' 
gue  5 .de  l’épaifleur  d -un  bon  pouce  , de  la  hau^ 
îeur  de  cinq  æ fix  p’ed^  , & de  la:  longueur  des 
écbaias..  Après  ce^ a on  remet  trois  autres  fem- 
bîables  échalas  fur  ce  lit  de:  paille  v enforte  qu’ils 
fe  rencontrent  vis  - à - vis  des  trois  prem  ers  & 
avec- de  Fofiex  oxk  lie  ceux  de  delTus  avec  ceu^. 


î4  î*  J A R n r N r P r 
de  deiïbus  , & enfin  on  ajoute  encore  deux  au^ 
très  échalas  en  travers  , & fur  l’un  des  deux  cô**' 
tes  de  cet  ouvrage  de  paille  , pour  tenir  le  tout 
plus  ferme  & plus  folide. 

Un  Jardinier  a befoin  d’un  maillet  pour  bien 
des  occafions  où  il  fe  trouve  en  avoir  afFaîre  dans* 
îe  jardinage.  C’eft  une  efpece  de  marteau  deboisv 
qui  a deux  têtes. 

Il  lui  faut  une  brouette  , qui  eft  un  petit  tom- 
bereau n’ayant  qu’une  roue  , & qu’un  homme 
pouffe  devant  foi  5 pour  îranfporter  les  fumiers  ^ 
lès  pierres  & îes  ratiffures  des  allées,  afin  que  fon 
jardin  foit  entretenu  proprement.  La  brouette 
- efi  encore  d’ufage  pour  tranfporter  les  terres  oa^ 
terreaux  dont  on  a befoin  pour  améliorer  un  jar- 
din. 

Il  a befoin  d’une  civière^  forte  de  petit  bran-- 
card  qui  a quatre  bras  que  deux  hommes  por-- 
îenrpour  tranfporterdans  la  ferre  les  arbrifleaux 
& arbuffes  qu’un  homme  feu!  ne  fauroit.porterr 
à bras  lorfqu’iîs  font  en  caifTes.  On  fe  fert  auffi 
d’une  civière  pour  tranfporter  îés  fumiers  dans 
les  foffes  deffinées  pour  y conftruire  des  couches. 

\J échenilloir  eft  un  infirument  néceffaire  à un 
Jardinier  pour  ôter  les  chenilles  des  arbres lors- 
que par  malheur  i^s  en  font  inftâes  : celui  qui 
efi  repréfenré , a un  manche  haut  de  dix  pieds  ; 
&,  pour  faire  aber  le  reffôrc  qu’on  voit  dans  le 
m i I i e u d e c et  te  ef  p ece  d e ci  fea  u , on  t i r e i:  n cor*- 
deau  qui  efi  attaché  a une  de  les.  branches,  lequel' 


F t I'  V t s T ïf: 

étant  tiré  , reiïèrre  la  machine  & lui  fait  couper 
rextrémitéde  la  branche  ou  le  toupet  de  chenilles^ 

Les  cifeaux  de  Tardinier  font  nécefîaires  pour 
tondre  les  bois  des  parterres , les  ifs  ^ les  picéasg 
& autres  arbres  ou  arbufles , fer¥anià  Tembe!*- 
Eirement  dès  Jardins*, 

U échelle  compofée  de  deux  pièces  de  boîs’; 

en  long  , rraverféès  & Jointes  d^efpace  en  efpace 
par  d-autres  pièces  plus  petites*  On  fe  fert  dé 
pîüfieurs  échelles  à2iX\^  îe  jardinage  ; il  y a la  dou-- 
bîe  y qu’on  emploie  îorfqu’îî  s’agit  de  tondre  les; 
hautes  paüfTades  5 ou  qu’on  veut  faire  quelques 
ouvrages  dans  un  jardin  qui  font  au  - dèfTüs  d© 
îa  portée  des  bras  du  Jardinier.  Il  y a réchelle 
lîmpîe  & réchelle  à trois  pieds  ^ qui  eft  employé©: 
pour  îè  meme  ufageé 

-pioche  eft  un  outi!  de  fer  ^ large  de  trois  ï 
quatre  pouces  , & long  de  ftpt  à huit,  renverfé. 
en  forme  de  crochet  a fumier^  & emmanché  d’uii! 
bâton  d’environ  quatre  pieds.  On  l’emploie  poiirr 
remuer  la  terre  & là  rendre  meuble  ; & le  pirnhoni 
pour  ferfouir  les  petits  plants , ou  pour  donner 
de  légers  labours  à quelques  arbuftes  ou  arbriS 
féaux. 

Un  Jardinier  qui  a des  paliffades  de  charmiîîés 
â tondre  , a befoin  de  , qui  eft  un  inftru« 

ment  tranGhant  9.&  fait  en  demi-cerdè.  lî  eft 
mne  certaine  maniéré  de  s’en  fervir  qui  s’apprend: 
bientôt  5,  pour  peu.  qu’on  ait  dè  difpofîtion  à fe 
pratiquera. 


î6  L E J A R D î N r.  E R 

L’üfàge  des  cloches  de  verre  eft  afîèz  fcéqueat 
dans  lé  jardinage,  & fort  néceffaire. 

Un  Jardinier  Fleurifce  ne  peut  s’en  pafTer  , s’il 
ne  veut  rifquer  la  plupart  des  plantes  qu’il  a fa- 
îîiées  fur  couches  ; ces  cloches  en  avancent  aulfi 
beaucoup  la  végétation  : elles  font  faites  à Timi- 
tation  d’une  cloche  de  fonte  ; elles  ont  environ 
un  pied  & demi  de  largeur  par  le  bas  de  leur  ou- 
verture, & autant  dehauteur,  avec  un  gros  bou- 
ton aufîi  de  verre,  pour  les  prendre  & les  placer 
commodément:  il  s’en  fait  quelquefois  de  plus 
grandes.  Gn  fait  auffi  des  cloches  de  pailles  ; elles 
font  propres  pour  couvrir  les  plantes  nouvelle’- 
ment  tranfplantées  , afin  de  les  garantir  des  ar^ 
deurs  do  foleil  qjui  les  fiétrîroit. 

On  fcfert  fourche  de  fer  pour  entaffer  & 

accommoder  les  fumiers  dont  on  conflruit  des 
couches.  Un  Jardinier  doit  en  avoir  plufieurs  ; 
cet  outil  lui  efl  néceiTaire  : i!  eft  de  fer  , compofé 
d’une  douille , & de  trois  fourchons  ou  branches 
pointues  , un  peu  recourbées  en  dedans , & îon-- 
gués  d’environ  un  pied.  On  l’emmanche, d’un  bâ« 
ton  long  de  trois  à qu  ,tre  pieds, 

Un  Jardinier  F’eurifle  ne  doit  point  non  plus 
manquer  de  truelle  ;,c’eft  à l’aide  de  cet  outil  qu’iî 
îeve  en  motte  heureufement  fes  plantes;  La  truelle 
eft  compofée  d’un  manche  de  bois  , d’un  cohet 
& d’une  féuilîe  de  cuivre.ou  de  fer  chir  & large, , 
Une  r/;7ze  eft  encore,  néceftàire  r c'eft  .une  ma-^- 
de.tiffu  de  plufieurs  brins  de.bois  ronds  ^. 


Vn^^aic  eu  é.H„,c  cu  .unc  „,«, 

nieje  de  tiffii  de  plufieurs  brins  de.  bois  ronds 


"PtlVnïSTÈ.  tj 

garnît  (3e  îenr  écorce  , & afîez  menus , c’eft-â- 
dire  , de  la  grofTeur  d’un  pouce.  Ces  brins  de  bois 
font  réparés  les  uns  des  autres^d’environ  un  pou- 
ce , & liés  en  trois  ou  quatre  endroits  de  leur 
hauteur  d^une  chaîne  d’ofier  qui  les  entrelafîè, 
Sc  de  plus  attachés  parderriere  avec  autant  de 
traverfes  du  même  bois  , ou  un  peu  plus  gros 
pour  maintenir  l’ouvrage  en  état.  On  les  fait  d’en- 
viron fix  pieds  de  haut  ^ & autant  de  large.  On 
emploie  les  -daies  pour  paiîer  les  terres  dont  un 
Jardinier  a befoin  pour  élever  les  fleurs,  ou  pour 
drefTer  un  parterre  dontle  fond  veut  être  ainfipalTé» 
Il  ne  fuffic  pas  d’avoir  eu  la  précaution  de  fè 
munir  de  tous  les  inflruments  & outils  propres  I 
un  Jardinier  , il  faut  encore  qu’il  ait  le  foin  de 
îes  ferrer  dans  quelqu’endroir  proche , s’il  le  peut  3, 
pour  les  avoir  promptement  , & qu’il  ait  foin 
aufli  de  raccommoder  ou  faire  rhabiller  ceux  qui 
font  gâtés  ou  rompus  , ou  de  veiller  à ce  qu’on 
se  les  dérobe  point.  Voici  une  planche  où  tous 
les  outils  font  repréfentés. 

î.  Bêche.  7.  Plantoirs  de 

2..  Pelle..  fleurs  façons*. 

3.  Râteau.  S.  Arrofoir. 

4.  Ratiffbires  de  deux  9.  Batte. 

fortes..  îO.  Corbeilles  à fleurs*. 

Déplantoir.  îî.  Crible  à jardin, 

é»  Serpettes  de  deux  la.  Scie.. 

forteSo  IJ.  Houlette  de  Jardî*^ 

merf> 


î8  L 1 J A R » ï N I E R 


14.  Pots  de  terre  de  dif-  ax.  Eehelles  de'diiFe-# 


CHAPITRE  IV, 

Des  T tant  es  en  gêner  ah 
N peut  généralement  divifer  les  plantes  en 


boifeufes  ou  ligneufes , en  fibreufes  ou  liga- 
Bfienteiifes  , & en  bulbeufes. 

Les  boifeufes  font  celles  qui  ont  le  tronc  , les 
facines  & les  branches  de  bois. 

Les  bulbeufes , ont  pour  racines  des  oignons 
OU  bulbes  , qui  font  prefque  toutes  compofées  de 
pîufîeurs  peaux  & enveloppes  ; elles  fe  perpé- 
tuent,  non  - feulement  par  leurs  graines  , mais 
encore  par  les  cayeux  que  l’on  détache  tous  les 
trois  ans  de  leur  oignon. 

Les  fibreufes  ont  les  racines  comme  des  fibres 
ou  petits  ligaments  ; an  les  divife  en  plantes 
annuelles  & en  vivaces. 

Les  annuelles  font  celles  dont  Tes  racines  meu-' 
rent  dans  la  même  année  , après  avoir  porté  leurs 
Sears  & leurs  graines,. 


férenîes grandeurs,  rentes  façons. 
15.  Rabot.  a3*  Pioche. 

26.  Paillaiïbn.  2,4.  Piochon. 

27.  Maillet.  25.  Croifîànt. 

18.  Brouette,  26.  Cloche  de  verre, 

19.  Civiere.  27.  Cloche  de  paille. 

20.  EcheniJloir.  28.  Fourche  de  fer. 

21*  Ci  féaux  de  Jardi-  29.  Truelle. 


mer, 


30.  Claie, 


F L E ü E î s T E» 

Xes  vivaces  font  celles  dont  les  racines  ne  pé« 
rilTent  point , après  avoir  donné  leurs  femences  5 
& dont  refpece  fe  perpétue , non-feulement  par 
le  fecours  de  la  graine  , mais  encore  par  les  mar- 
cottes y tailles  & boutures  , qui  font  les  voies  hs 
plus  courtes  pour  les  élever, ainfi  qu^on  l’apprendra 
ci-après  à îa  culture  particulière  de  chaque  fleur® 

Les  plantes  vivaces  ne  font  point  fi  fujettes  à 
geler  que  les  autres  , ce  qui  fait  qu’on  en  perd  ra- 
rement Pefpece  ; & que  , bien  au  contraire  , il  y 
en  a parmi  elles  qui  fe  multiplient  tellement 
d’elles  - mêmes  , qu’on  efl  obligé,  tous  les  deux 
ou  trois  ans  , d’en  décharger  le  pied. 

Voici  le  catalogue  de  quelques  plantes  vivaces 
qui  entrent  pour  l’ordînaire  dans  les  jardins  à 
fleurs  ; on  a cru  ne  le  pouvoir  donner  en  meil- 
leur ordre  que  par  alphabet. 


Ahjlnte  9 vivace  par 
fes  racines® 

Ancolie , vivace  par  fès 
racines. 

Anémone , vivace  par 
fès  pattes. 

Afphodele , vivace  par 
fes  racines. 

A fier  ^ autrement  dit, 
Oculus  Ckrifii  , vi- 
vace par  fes  racines. 
Camomille  ^ vivace  par 

fes  ra.çinesg.. 


Campanule  , vivace  par 
fes  racines. 

Clématite  ,,  vivace  par 
fes  racines. 

Colchique  , vivace  par 
fes  tubercules. 

Coquelourde^v\N2iCe  par 
fes  racines. 

Couronne  Impériale  , 
vivace  par  fes  cayeux®. 

Ellébore , vivace  par  fes 
racines», 


50  L E J A R 

Fraxinelle,  vivace  par 
fes  racines. 

Fretillaire  ^ vivace  par 
fes  racines. 

Giroflée  jaune , vivace 
par  fes  racines. 

Crarnen  Parnaflt , ou 
fleur  du  ParnafTe,  vi- 
vace par  fes  racices. 

Grenadille  , ou  fleur  de 
la  Faflion  , vivace 
par  fes  racines. 

Héméroeale^  vivace  par 
fes  oignons. 

Hépatique  ^ vivace  par 
fes  racines. 

Hyfope  5 vivace  par  fes 
racines. 

Iris  bulbeux  , vivace 
par  fes  bulbes. 

Jûcinte , vivace  par  fes 
bulbes., 

Julienne  , ou  giroflée 
des  dames  , vivace 
par  fes  racines. 

Lavande  , vivace  par 
fes  racines. 

Lys,  vivace  par  fes 
oignons. 

Lys  des  vallées , autre- 


D r N î s ît 

ment  dit  , Muguet 
des  bois , vivace  par 
fes  racines. 

Lys  defaint  Bruno , vi- 
vace par  fes  racines. 

Ly  s-flammes  , vivace 
par  fes  bulbes. 

Mar  guérit  es  yOn  Pâque- 
retes  , vivaces  par 
leurs  toufes. 

Marjolaine , vivace  par 
fes  racines. 

Matagon  , vivace  par 
fes  cayeux. 

Moly  , vivace  par  fâ 
bulbe. 

Miiffle  de  Lyon  , vivace 
par  fes  racines. 

Narcijfe , vivacepar  fes 
racines. 

(EU  de  bœuf^  vivace 
par  fes  racines. 

Œillet , vivace  par  fes 
marcortes. 

Œillet  des  Poef  es,  viva- 
ce par  fes  racines. 

Orchis  , ou  Satyrion  > 
vivace  par  fes  bulbes. 

O mit  ko  galon  , vivace 
par  fes  bulbes. 


E ÎS  U 

Ttrceneige , vivace  par 
fe.s  bulbes. 

Pivoine  , vivace  par  fes 
tubéreufes. 

Renoncule , vivace  par 
fes  pattes. 

S afran  ^ vivace  par  fes 
bulbes. 

S ariette  y vivace  par  fes 
racines. 

Sauge  , vivàce  par  fes 
racines. 

S îatice  5 vivace  par  fes 


R I s T -2.^ 

touffes. 

Thym  , vivace  par  fes 
racines. 

Tourne  fol  J autrement 
ditfoleil , vivace  par 
fes  racines. 

Tulireufe  y vivace  par 
fes  cayeux. 

Valérienne , vivace  par 
fes  racines. 

Violette^  vivace  par  fes 
touffes. 


II  n’y  a pas  de  plus  grand  fecours  ^ pour  Tor- 
nement  des  jardins,  que  les  plantes  vivaces  , tant 
par  leur  grand  nombre  , que  par  la  diverfité  des 
faifons  où  elles  naiffent:  ajoutez  que  la  culture  de 
la  plupart  eil  fort  aifee , & qu’il  y en  a beaucoup 
qui  n’ont  rien  de  commun  en  cela  avec  d’autres^ 
C’eft  ce  qifon  apprendra  dans  îa  fuite. 


CHAPITRE  V. 

Du  temps  & de  la  maniéré  de  femer  les  grainestt 

POUR  femer  avec  certitude  quelque  plante  que 
ce  foit , foie  dans  des  pots , fur  couche , ou 

en  pleine  terre  , il  eft  de  la  prudence  de  celui  qui 
veut  le  faire,  d’examiner  fi  les  graines  en  font 
bonnes  ; il  faut  pour  cela  , avant  que  de  les  fe- 
mer, les  éprouver  dans  de  î’eau  ; celles  qui  defeen* 
dent  au  fond  , font  les  graines  dont  il  fautfe  fer- 
vir  , & jetter  les  autres  qui  nagent,  ainfi  que 
celles  qui  paroifTent  arides  , ratatinées  & altérées 
©U  qui  font  rongées  des  rats. 


âür  Le  Jardin  r ER 

Quand  ce  font  des  graines  greffes  & dures  j if 
faut , avant  que  de  les  femer , les  mettre  pendant 
^ingt- quatre  heures  dans  de  Teau  pour  les  faire 
gonfler  & attendrir  : elles  lèveront  par  ce  moyen 
plutôt  de  terre.  Les  faifons  où  l’on  feme  le  plus 
font  l’Automne  & le  Printemps.  L’on  choifira 
un  jour  favorable,  c’eft-à-dire,  qu’il  n’y  ait  point 
de  vent , de  peur  que  la  graine  ne  s’envole  , 
qui  foie  difpofé  à la  pluie  , pour  enterrer  la  graine 
& Ja  faire  germer  plutôt. 

Au  Printemps  , l’on  feme  fur  couche  & en 
pleine  terre  les  plantes  annuelles  qui  craignent 
la  gelée. 

En  Automne  , l’on  feme  les  autres  plantes  an- 
nuelles qui  ne  craignent  pas  le  froid.  Ceft  le 
temps  auffi  de  femer  les  plantes  vivaces  & bul- 
beufes  >*  on  en  peut  femer  plufieurs  au  Printemps, 
comme  on  le  verra  ci-après. 

Auparavant  que  de  femer  , foit  au  Printemps, 
ou  en  Automne  , il  faut  que  la  terre  foit  bien 
amendée  , & qu’elle  foit  labourée  à plufieurs  re- 
prifes.  Enfuite  l’on  unit  avec  une  baguette,  & 
Ton  feme  à claire-voie  les  graines  pour  que  les 
fleurs  en  foient  plus  belles  ; après  qn  les  recou*» 
vre  de  terre  Pépaiffeur  d’un  demi -doigt , qu’on 
îaifTe  tomber  au  travers  d’un  crible  , & que  Ton 
unit  avec  la  baguette  : on  arrofe  aufli-tôt , s’il  n’y 
a pas  d’apparence  de  pluie.  On  peut  répandre  , 
fl  l’on  veut , un  peu  de  grande  paille  par-deffus  ^ 
ecla  empêche  l’eau  des  arrofements  d’emporter  les 


F I s If  R î s î* 

graines,  & les  preferve  auffi  du  hâle , qui  pour- 
roit  ou  les  brû!er  elfes  - memes  , ou  diffiper  tous 
les  fucs  dont  elles  vivent. 

L’on  peut  auflî  femer  en  pleine  terre,  dans  des 
rayons  efpacés  de  quatre  à cinq  doigts: ces  rayons 
lè  tracent  avec  le  bout  d’un  bâton  , ou  en  y ap*^ 
puyant  le  manche  d’une  bêche  couchée  de  fou 
long.  Sur -tout  que  Ton  ne  s’arrête  nullement  à 
la  lune  pour  femer  ou  planter. 

Il  arrive  quelquefois  qu’ayant  femé  des  grai- 
nes , il  en  refte  fur  ferre  qui  font  découvertes  : iî 
faut  pour  lors  prendre  de  la  terre  légère  ou  du 
terreau  & les  en  couvrir  ; autrement  elles  s’al- 
tèrent !a  plupart,  & ne  profitent  qu’à  moitié^ 
ou  deviennent  la  proie  des  oifeaux.  On  remarque 
encore  que  ces  graines  n’ont  été  couvertes  quhm- 
parfaitement  par  de  petites  fibres  blanchâtres  ^ 
qui  font  leurs  germes  , & qui  tiennent  tant  foit 
peu  a la  terre,  La  plupart  périroient , fans  dou-^ 
te  , fans  le  fecours  dont  on  vient  de  parler. 

Lorfque  les  graines  femées  lèvent  trop  drues  ^ 
les  fleurs  n’en  font  jamais  bien  belles  rc’eft  pour- 
quoi il  faut  avoir  foin  de  les  femer  à claire-voie; 
& , fuppofé  qu’on  ait  manqué  à cette  précaution  ^ 
on  en  éclaircit  le  plant  : ces  fleurs  en  naiflènc 
après  bien  plus  pleines  , & d’un  coloris  beaucoup 
plus  beau. 

Ce  qu’on  dit  ici  à l’égard  des  graines , n’eft 
feulement  qu'une  fimple  idée  qu’on  donne  de  la 
maniéré  de  femer  ; car  ^ comme  chaque  graine 


%4  L E J A R D ï ^ 1 n K 

une  faifon  qui  lui  eft  propre  , & pu  elle  réuflîe 
mieux , & qu’il  y a plufieurs  circonftances  qui 
regardent  bien  des  plantes  en  particulier , on  fe 
réferve  de  faire  un  détail  plus  ample  de  leur  cul- 
ture , à mefure  qu’on  tombera  deflus. 

If  y a encore  une  petite  obfervation  à faire  ; 
c’efl  quandron  reçoit  des  graines  étrangères , ou 
d’autres  que  Ton  ne  connoît  pas  encore , & dont 
on  ignore  le  gouvernement , il  faut  les  partager 
en  trois  portions  égales , pour  femer  la  première 
au  Printemps  , foit  fur  coucbe  , dans  des  pots  , 
ou  en  pleine  terre  ; la  fécondé  en  Eté,  & la  troi- 
fieme  en  Automne  : l’on  peut  être  fûr  par  ce 
moyen  de  jouir  de  ce  qu’on  a acquis. 


CHAPITRE  VL 


Des  endroits  ou  Von  éhve  des  fleurs  , avec  la 
manlre  de  les  y gouverner. 

N éleve  des  fleurs  des  couches  , dans  des 
pots , fur  des  planches  & dans  les  pîate»ban» 
des  des  parterres. 

I.  De  la  couche. 

Les  couches  fervent  à élever  les  graines  des  pîan^ 
tes  qui  craignent  la  gelée,  qui  font  délicates  ; elles 
fe  font  aux  mois  de  Février  & de  Mars,  toujours 
dans  un  endroit  bien  expofé  au  grand  chaud , & > 
ü l’on  peut,  contre  un  mur  ; on  les  fait  de  quatre 
pieds  de  large , & autant  de  hauteur , parce  qu’el- 
les s^ffiiffenc  toujours , & d’une  longueur  pro- 
portionnée. L’or 


Fie0Rîsti.  ij 

t^on  fe  fert  de  grand  fumier  nouvellement  forti 
de  deffous  les  chevaux , & qui  ne  leur  ait  fervi  que 
deux  nuits:  on  le  prend  avec  une  fourche  de  fer  ^ 
&on  le  retrouffe  fi  habilement  en  faifant  chaque 
îit , que  tous  les  bouts  du  fumier  fe  trouvent  en 
dedans , & que  ce  qui  paroît  en  dehors  faffe  le 
dos.  A chaque  lit  que  l’on  fait  on  le  bat  du  dos 
de  la  fourche  , & on  le  repeigne  , pour  que  fa 
couche  foit  également  garnie  par-tout.  Après  que 
le  fumier  eft  bien  dreffé , Ton  couvre  la  couche  de 
fix  à fept  pouces  d’épaiffeur  de  terreau.  Elle  doit 
refter  en  cet  état  pendant  dix  à douze  jours  avant 
que  d’y  rien  feraer  ^ pour  que  la  grande  cHaîeur 
fe  diflipe. 

Après  que  la  couche  a jetté  fa  grande  chaleur 
Ton  doit  dreffer  le  terreau  qui  eft  deffus^  Voici 
comment.  L’on  prend  une  planche  d’un  bois  lé- 
ger , on  la  place  fur  les  côtés  de  la  couche,  envi- 
ron à deux  pouces  du  bord  , & joignant  le  ter- 
reau; l’on  foutient  cette  planche  ferme,  tant  avec 
la  main  gauche  que  du  genou,  & l’on  prefe  avec 
îa  droite  îe  terreau  contre  cette  planche,  de  façon 
que  ce  terreau  puifîe  fe  foutenir  comme  une  terre 
foîide  : quand  on  a fait  un  côté  , l’on  va  à l’au- 
tre, & ainfi  jufqu’au  bout.  Lorfque  le  terreau  eft 
drelTé  , il  doit  avoir  en  tout  fens  un  bon  demi- 
pied  moins  d’étendue  que  le  deflbus  de  la  couche  ^ 
& dans  toute  fon  étendue  , il  doit  être  auiïi  uni 
qu’une  planche  dreffée  en  pleine  terre.  L’on  feme 
I.  Partie^  B 


2.6  I E Jardinier 

enfuite  les  graines , & on  répand  par-deflus  uîi 
pouce  de  terreau. 

Si  Ton  a plufieurs  couches  , Ton  doit  lailTer 
entre  chacune  un'fentier  large  d’un  pied  pour  ar- 
rofer , cultiver  & tranfpîanter  les  plantes , & vé^ 
chauffer  les  couches  quand  elles  fe  refroidiffent  : 
on  le  fent  bien  en  y fourrant  la  main  ; alors  l’oa 
remplit  de,  fumier  le  fentier  qui  les  féparoit  : cela 
fuffit. 

Mais  lorfqu’on  n’en  a qu’une  , il  faut  mettra» 
au  moins  deux  pieds  de  large  de  fumier  tout  au- 
tour de  la  couche  ; fouvent  meme  il  doit  être 
plus  haut. 

Les  couches  font  très-utiles , non-feuîement 
pour  élever  les  plantes  délicates  , mais  auffi  par 
le  terreau  qu’eües  produifent , & dont  on  ne  peut 
fe  paffer  dans  un  jardin. 

Les  plantes  femées  fur  couches  demandent  à 
être  couvertes  de  cloches  ou  de  paillafTons.  Lorf- 
qù’cües  font  hautes  de  trois  ou  quatre  doigtSj  on 
les  accoutume  peu-à-peu  au  grand  air  , en  éle- 
vant les  cloches  fur  des  fourchettes  de  bois.  Dans 
les  nuits  chaudes  on  ôte  ces  cloches  , & on  les 
remet  le  matin  fur  les  fourchettes.  Ce  foin  dure 
l’efpace  d’un  mois  ou  de  fix  femaines. 

Quand  on  voit  que  les  plantes  font  trop  pref- 
fées  fur  une  couche , ce  qui  empêche  qu’elles  ne 
viennent  fi  bien  , lorfqu’elles  ont  affez  de  force  , 
on  choifit  un  temps  pluvieux  , & on  les  replante 
en  rang  fur  de  nouvelles  couches,  fi  on  en  a , ou 


Flixihîste.  ^ 17 

bien  fur  des  planches  ; ceîa  les  avance , & les 
empêche  de  monter  fi  haut.  On  aura  foin  de  les 
arrofer  dans  le  befoin  5 de  les  couvrir  de  pail» 
îaiTons  la  nuit  dans  le  grand  froid  , & de  les  dé- 
couvrir le  jour  pendant  le  foleil.  On  prendra 
garde  que  ces  paillaffons  ne  touchent  rien  ; & 
pour  ce , on  les  fera  foutenir  par  des  fourchettes 
de  bois. 

On  pourra  tranfplanter  les  fleurs  dans  les 
plates-bandes  ou  dans  des  pots,  fix  femaines  ou 
deux  mois  après  les  avoir  femées.  On  les  ôte  en 
motte  de  deflus  la  couche  avec  une  houlette  , & 
on  les  place  dans  les  trous  qui  letir  font  prépa- 
rés. L’on  fera  attention  de  ne  point  endommager 
quelques  plantes  voifines  en  faifant  ces  trous 
avec  la  bêche. 

IJ.  De  la  Planche. 

La  planche  eil  une  grande  longueur  , large 
de  quatre  à cinq  pieds,  entourée  de  buis  ou  de 
bandes  de  menuiferies  peintes  en  verd , dont  la 
terre  eft  d’une  égale  hauteur  par-tout , fans  être 
tn  dos  d'âne  , comme  celle  de  la  plate-bande.  On 
les  confond  bien  fouvent  enfemble.  Quand  il  y 
a pîufieurs  planches  à côté  l’une  de  l’autre,  ou 
laifle  un  petit  fentier  large  d’un  pied  entre  deux. 

Les  planches  font  très-nécefîàires  pour  femer 
les  graines  , & planter  les  oignons  & racines  de 
fleurs  : elles  fervent  de  pepinieres  pour  fournir 
des  fleurs  aux  parterres  dans  chaque  faifon  ^ & 
ne  leur  en  pas  laifler  manquer. 

B a 


a8  LeJardïnïer 

Çeft  auflî  fur  des  planehes  particulières  que 
Ton  éleve  des  fleurs  rares, 

1 1 L De  la  Flate-hande. 

La  plate-bande  efl  une  grande  longueur  qui 
régné  au  long  des  parterres  ; elle  efl  large  de 
quatre  pieds , ou  de  fix  , fuivant  la  grandeur  du 
terrein  , lentourée  d’un  trait  de  buis  , & la  terre 
en  efl  toujours  dreflee  en  dos  d’âne  ou  de  bahut. 

C’eft  dans  les  plates-bandes  que  l’on  feme  & 
que  l’on  plante  ; on  y tranfporte  auffi  en  motte 
les  fleurs  élevées  fur  couche  , & enfin  on  y ar- 
range avec  art  les  fleurs  & arbufles  , afin  qu’ils  y 
paroilfent  avec  éclat  par  leur  diverfité. 

La  terre  des  plates  bandes  & des  planches  doit 
être  un  peu  amendée  & foncée  de  deux  pieds  de 
bas,  & toujours  dreflee  en  dos  d-âne  ou  de  bahut. 
Lorfqu’elle  efl  ufée  l’on  en  met  de  nouvelle  : on 
îa  fume  aufli  tous  les  trois  ans  , qui  efl  le  temps 
que  l’on  tire  les  oignons  & les  plantes  pour  en 
ôter  le  peuple. 

On  obfervera  de  ne  rien  mettre  dans  les  plates- 
bandes  que  le  fumier  ne  foit  bien  confommé  & 
bien  mêlé  avec  la  terre  par  deux  ou  trois  labours  : 
fans  cela  les  oignons  & les  plantes  feroient  bien- 
tôt brûlées.  Ce  fumier  a le  temps  de  fe  façonner 
depuis  le  mois  de  Juin  que  l’on  tire  les  oignons, 
jufqu’à  ce  qu’on  les  replaiv:e  en  Septembrfe. 

L’on  tiendra  les  plates-bandes  & les  planches 
bien  nettes  de  pierres  & de  méchantes  herbes , qui 
emportent  toute  la  fubftance  de  la  terre. 


Fleürîstïo'  ^9 

Les  bois  , les  hautes  paliflades  & les  grandes 
allées  d’arbres  ^ font  fort  préjudiciables  aux  plates- 
bandes  des  fleurs , lorfqu’ils  en  font  voifins;  parce 
que  les  racines  defféchant  & ufant  entièrement  la 
terre  des  environs , empêchent  les  fleurs  de  profi- 
ter , & même  les  font  mourir.  Quand  on  ne 
pourra  leur  choifir  une  autre  place  à caufe  de  la 
fituation  , on  fera  faire  tous  les  huit  à dix  ans 
une  tranchée  de  trois  pieds  de  profondeur  le  long 
de  l’allée  attenante  les  plates-bandes  , pour  cou- 
per toutes  les  racines  de  ces  arbres. 

J K,  Des  Pots» 

Les  pots  fervent  à élever  toutes  fortes  de 
fleurs  5 foit  oignons  ou  racines , tous  y convien- 
nent aiïèz  bien  , fur-tout  î’œilîet , la  tulipe  , l’a- 
némone 5 la  tubéreufe  , Famaranthe , la  baîfa- 
mine  , la  giroflée  & la  tricolore. 

Ces  fleurs  en  pots  font  comme  en  réferve  pour 
remplir  les  endroits  des  plates-bandes  qui  font 
dégarnis* 

L’on  en  fait  encore  des  amphithéâtres  de  fleurs^ 
qui  J rangés  avec  goût  fur  des  montées  ou  gra- 
dins J & entremêlés  de  caiflès  , font  un  eflèt 
charmant.  L’on  change  de  fleurs  ces  amphithéâ- 
tres félon  les  faifons , comme  les  parterres. 

Enfin,  l’on  place  les  pots  de  fleurs  par- tout  où 
Ton  croit  qu’elles  y pourront  paroître  avec  éclat. 

Ils  font  néceflaires  auflî  pour  ferrer  pendant 
t’hiver  les  plantes  qui  périffent  par  la  gelée® 

B 3 


30  ti  Jardinîer 

Les  pots  dans  lefquels  on  éleve  les  fleurs  font 
d’ordinaire  de  terre  cuite  ; pour  être  bien  choi- 
fis,  ils  doivent  avoir  autant  de  hauteur  que  d’ou- 
verture , & être  p!us  étroits  de  trois  ou  quatre 
doigts  par  le  bas  que  par  le  haut , pour  en  pou- 
voir plus  aifément  , & fans  danger  , tirer  les 
plantes  avec  leur  terre. 

Comme  l’on  vient  de  voir  que  les  pots  font 
d’un  très-grand  fecours  pour  élever  les  fleurs  , 
on  a jugé  à propos  de  prefcrire  ici  l’ordre  qu’on 
devoit  tenir  en  les  y femant,  ouen  les  y plantant. 

L’on  ne  feme  guere  de  graines  dans  des  pots  , 
on  aime  beaucoup  mieux  lever  les  fleurs  avec 
leurs  mottes  de  deflus  les  couches,  & les  empo- 
ter un  peu  grandes  ; mais , fi  on  le  vouloir  abfo- 
îument , on  en  feme  une  pincée  dans  chaque  pot , 
qu’on  recouvre  d’un  pouce  de  terreau , & on  les 
arrofe  un  peu. 

Pour  bien  planter , il  y a des  curieux  qui  font 
un  dénombrement  des  racines  ou  oignons  qu’iîs 
ont  a planter  ; & ayant  à chacun  defliné  fon  pot , 
ils  ont  un  mémoire  particulier  fur  lequel  ils  en 
écrivent  les  noms,  crainte  de  les  oublier. 

Avant  de  remplir  les  pots  de  terre  l’on  en  gar- 
nit le  fond  de  gravois  ou  de  plâtras  , afin  de  fa- 
ciliter l’écoulement  des  eaux  , foie  des  arrofe-^ 
ments,  foit  celles  qui  leur  viennent  des  pluies. 

D’autres  prennent  de  la  terre  criblée , ils  la 
mettent  au  fond  de  ces  pots  , en  la  foulant  un 
peu  ^ fans  fe  fervir  de  gravois.  Quelques  Jardi- 


F L E tr  R î s T K.  31 

mers  Fleuriftes  défapprouvent  cette  méthode  , 
parce  que  , difent-ils  , les  fourmis  ont  coutume 
de  s’y  engendrer  , à moins  qu’il  n’y  ait  du  gra- 
vois  fous  la  terre. 

Cela  fait  5 fi  ce  font  des  oignons  qu’on  veuille 
planter , on  prend  la  terre  dont  on  a parlé  , on 
en  remplit  les  pots  j qu’on  a dû  choifir  d’une 
grandeur  proportionnée  aux  plantes  qui  doivent 
y être  contenues  : enfuite  ayant  arrangé  le  lit  fur 
lequel  on  doit  pofer  l’oignon , qui  doit  être  trois 
pouces  en  terre  au-defibus  de  l’entrée  du  pot  , 
plus  ou  moins  , félon  que  le  demande  la  qualité 
de  la  plante  qu’on  y met,  on  l’y  place  , puis  on 
la  couvre  de  terre. 

Les  racines  qu’on  plante  en  pots,  ne  nous  por- 
tent pas  à de  moindres  confidérations  ; la  terre 
dont  on  les  couvre  doit  avoir  la  fuperficie  un 
peu  plus  élevée  que  les  bords  du  pot  , parce 
qu’elle  ne  s’afFaifie  toujours  que  trop. 

Si  les  pots  propres  à planter  des  oignons  011 
des  racines  , font  alfez  grands  pour  en  pouvoir 
contenir  deux  ou  trois  , & même  plus  , on  les 
y pofera  à quatre  doigts  disants  , tant  de  l’un 
que  de  l’autre  , que  du  cordon  du  pot,  afin 
qu’ils  reçoivent  de  tous  côtés  de  la  nourriture  : 
les  oignons  ou  les  racines  qu’on  mettra  dans  un 
pot  feront  de  même  efpece. 

Après  avoir  ainfi  mis  en  terre  les  ofgnons  ou 
les  racines  , on  les  portera  d’abord  dans  un  en- 
droit aéré  ^ & non  au  foleil  , jufqu’à  ce  qu’ils 


3'2.  L s Jardînier 
commencent  à poufTer  ; pour  lors  on  les  expofe 
au  foleil  dans  les  places  qu’on  leur  aura  defti*- 
ïîées , & on  les  pofe  fur  des  tuiles  , ou  fur  des 
dés  de  pierre,  qui  leur  ferviront  de  bafe  , crainte 
que  ces  pots  étant  pofés  à terre  , le  trou  qu’ils 
ont  en  bas  ne  fe  bouchco 

Lorfque  l’on  feuhaite  de  faire  avancer  les 
fieurs  , il  faut  enterrer  les  pots  jufqu’au  bord 
dans  des  couches , & on  ne  les  en  tirera  que 
quand  la  fleur  fera  prête  à paroître.  Il  faut  aufli 
arrofer  les  plantes  qui  font  dans  des  pots  , plus 
fouvent  que  lorfqu’elJes  font  en  pleine  terre. 

Il  y a des  plantes  en  pots  , dont  la  terre  eft 
quelquefois  fi  feche  , qu’elles  y languiflènt  : pour 
lors , on  prend  ces  pots , on  les  enfonce  dans 
l’eau  jufqu’â  un  doigt  près  du  bord  , on  les  y 
lâlfTe.  jiîfqu’à  ce  que  Feau  , qui  eft  introduite  par 
un  trou  qui  eft  au  bas  , paroiflè  fur  la  fuper-=* 
ficie  de  la  terre  que  contiennent  ces  pots  : enfuito 
on  les  ôte  , puis  on  les  met  fur  quelque  planche 
pour  les  laiffèr  égoutter. 

Il  arrive  fouvent  que  la  terre  des  pots  ^ pour 
avoir  été  battue  des  plaies  , forme  fur  la  fuper-- 
Scie  comme  une  croûte  , quelquefois  fi  dure  ,, 
que  l’eau  des  arrofements  ne  peut  point  pénétrer  ; 
c’eft  pourquoi  il  eft  bon  alors  de  béquillsr  la  ter- 
re , afin  que  l’eau  puiffe  pafler. 

II  arrive  quelquefois  que  les  pluies  font  fi  fré- 
quentes , que  la  terre  des  pots  qui  contiennent 
des  fleurs  eft  noyée  d’eau  5 & ^ pour  faire  que  la 


Fleuriste.  33 

plante  ne  périffe  point , on  prend  ces  pots  on 
!es  couche  fur  le  côté  ^ & ayant  obfervé  d’où 
vient  le  vent,  on  lui  oppofe  le  fond  du  pot  ; l’eau 
s’égoutte  pour  lors  , les  fels  de  la  terre  fe  diflbi- 
vent , agilfent  & fauvent  la  plante  qu’ils  nour- 
siffent , du  danger  dont  elle  étoit  menacée. 

Après  que  les  plantes  font  dépouillées  de  îeurS' 
ieurs  , & que  c’eft  en  Eté , on  met  à l’ombre  les 
pots  qui  les  contiennent  , dans  im  endroit  néan- 
moins fort  aéré  , afin  que  la  chaleur  du  foîeil  n’en 
âltere  point  les  racines  , qui  pour  lors , quand 
elles  font  dans  une  terre  qui  leur  convient , pren- 
nent de  nouvelles  forces  pour  nourrir  la  plante- 
dont  elles  font  partie. 


CHAPITRE  V I I. 

Maximes  générales  pour  apprendre  à planter  par 
ordre  toutes  fortes  dh  fleurs  dans  un  jardin. 

«1^  E s jardins  a fleurs  doivent  être,  préparés  de. 
A-i  labours  dès  le.  mois  de  Septembre,  qui  eft 
le  temps  le  plus  propre  j.jufqu’à  la  fin  d’Odo» 
Bre,  pour  p’anter  beaucoup  d’oignons  & racines 
de  fleurs  , parce  que  les  pluies  qui  commencent 
aî'ors  à être  fréquentes  , rafraîchiflent  & détrem- 
pent la  terre  , dont  la  grande  féchereflè.fait  mou^ 
râr  les  plantes.. 

On.fuppofe  donc  les  parterres  dreffés  comme: 
il  faut  ;,de  juflés  observations  faites  fur  les  diffé®»^ 
reiîts  terroirs  & un  Jardinier  qui  entendifo® 


34  Jardinier 

métier  : refte  à préfent  h favoir  comment  il  h\it 
planter  toutes  fortes  de  fleurs  , de  maniéré  qu’el-^ 
les  paroiffent  avec  éclat  dans  les  endroits  oîi  elles 
font  placées. 

Chaque  plante  a fon  tempérament  particulier, 
qui  lui  vient  du  lieu  d’où  elle  eft  originairement 
tirée  : ce  qui  nous  doit  porter  à leur  égard  à des 
confidérations  différentes  ; les  unes  aiment  k 
chaud  , les  autres  le  froid  modéré  ; celles-là  fe 
plaifent  dans  la  terre  humide , celle  - ci  dans  la. 
légère  ; d’autres  veulent  le  grand  air  , d’autres 
ne  demandent  que  l’ombre  ; de  maniéré  que  ^ 
pour  agir  prudemment  dans  un  ouvrage  de  cette 
nature  , il  faut , autant  que  Ton  peut , donner 
à chaque  plante  la  place  & la  terre  qui  lui  con- 
viennent. 

L’expofition  la  plus  propre  pour  lés  fleurs  eft 
îè  Levant  ; mais  on  ne  peut  pas  toujours  la  leur 
donner  dans  les  parterres , rapport  à la  fitua-* 
tion  où  ils  fe  trouvent. 

Il  eft  bon  aufli  de  faire  choix  des  fleurs, & 
prendre  les  plus  belles  & les  plus  eftimées , qui ,, 
par  l’agréable  mélange  qu'on  en  fait , donnent' 
beaucoup  d’agrément  aux  parterres.  Il  ne  faut  pas 
indifféremment  mettre  les  oignons  avec  les  planâ- 
tes enracinées  , ni  celles  qui  s’élèvent  haut  avec 
celles  qui  croiffent  plus  bas  ; il  n’y  a rien  qui; 

©ffufque  plus  la  vue  , dans  des  compartiments , 
que  ces  mauvais  mélanges.. 

L’on  àivife  ^ à caufe  de  cela  ^ les  fleurs  ea  trois 


F 1 E ü R r s r E,.  35 

claflès  ; en  grande  efpece  , en  moyenne  & en 
bafTe  ; -mais , outre  qu’étant  mêlées  enfemble  da^ns 
un  parterre  , elles  y feroient  un  très  - mauvais 
effet , c’eft  qu’encore  les  baffes  feroient  étouffées 
par  les  grandes  , & les  moyennes  altérées. 

II  y a des  curieux  , qui , après  avoir  tracé  des 
pièces  de  parterres  ou  plates-bandes  deftinées 
pour  des  fleurs , en  font  un  calcul  pour  favoir 
ce  que  les  compartiments  peuvent  en  contenir, 
étant  plantées  à quatre  doigts  l’une  de  l’autre, 

& qui  , non  contents  de  cela  , plantent  égale- 
ment , & à diftances  égales , les  fleurs  qui  font 

printanières  > comme  d’autres  qui  viennent  en 
Eté  , ou  plus  tard  , afin  que  , fe  fuccédant  les 
unes  aux  autres , leurs  jardins  paroiflènt  toujours, 
garnis  de  fleurs.  D’autres  , pour  planter  réguliè- 
rement , tirent  auparavant  fur  une  carte  le  défi- 
fein  & le  plan  de  leurs  jardins,  &,  à mefure  qu’ils 
plantent  les  oignons  & les  racines  dans  les  plan- 
ches ou  plates-bandes  de  leur  “parterre , ils  les 
marquent  de  la  meme  maniéré  dans  celles  qui 
font  figurées  fur  la  carte , afin  de  mieux  con- 
soître  la  qualité  des  fleurs  qu’ils  .ont  mifes  en 
chaque  planche  ou  plate-bande. 

C’eft  ce  qu’il  faut  obferver  avec  foin  , afin  que 
parmi  ce  mélange  on  puifle  , en  les  levant  , dé- 
cerner les  unes  d’avec  lés  autres.. 

I!  faut  fur-tout , en  plantant  des  fleurs  , éviter 
Ikconfufion  ne  point  placer  les  unes  où  d’au- 
lnes d^oieiîtêtre  mifes  3 c’eft  un  défaut 

& 


3^  £is  Jari>inier 
dinaire  ; ce  qui  fait  qu’un  jardin  ^au  lieu  d^avoîf 
de  Tagrément  ^ n’a  qu’un  afped  qui  choque  les- 
yeux. 

Quand  on  plante  des  fleurs , 8c  qu’on  veut  qu’eî- 
les  y paroiffent  avec  ordre  , on  tire  d’abord  aU' 
cordeau  des  rigoles  fur  les  plates-bandes  ; ces  rigo» 
îés  doivent  avoir  quatre  à cinq  doigts  dediftance  ^ 
& être  tirées  les  unes  en  long  , & les  autres  de 
travers  ^ de  maniéré  que  les  plates-bandes  ainli 
tracées  repréfentent  une  efpeee  de  grifle. 

Il  faut  remarquer  que  dans  les  grands  jardins  ^ 
dont  les  plates-bandes  ont  fix  pieds  de  larges , l’on' 
pourra  mettre  quatre  rangs  d’oignons  de  chaque^ 
côté  5.  c’eft-à-dife  huit  en  tout  ; & fur  des  plates-^ 
bandes  de  trois  ou- quatre'  pieds  de  large,  il  ne* 
faut , à commencer  vers  les  deux  bordures  , que- 
trois  rayons  dé  chaque  côté  , éloignés  de  quatre' 
pouces  Tim  de  Tautre  , de  forte  que  j cet  efpace^ 
pris  , il  en  refte  un  dans  le  milieu  , de  la  largeur 
d’un  pied  5 qui  eft  l’endroit  où' pour  l’ordinaire* 
on  plante  des  ifs  moulés  ,ou  d’autres  arbufles  de- 
flèurs  , taillés  en  boule  , qui , moyennant  une 
tonte-  fréquente  , font  entretenus  petits  , & par 
conféquent  ne  gâtent  rien. 

On  y met  encore  les  plantes  dès  fleurs  de'înayenne: 
dpecg , comme  lesrofes  d’Inde , les  mufles  de  lion  ^ 
î’œiüet  des  Poëtes  , les  amaranthes-,  les  lys,  les» 
martagons  , les  couronnes  impériales  , &c. 

On  y mettoit  autrefois  des  arbrilTeaiix  , comms: 
EQÎiers  2.  genêts  d’Efpagne-  & autres  ? mais  comme 


F £ E ü R r s T K.  37' 

m a vu  que  cela  occapoit  trop  de  place  >.que  îes. 
racines , qui  traçoient  trop  loin  , ufoient  trop  îa 
terre  , 8c  nuifoient  par  conféquent  aux  autres 
plantes  qui  en  étoient  proches  , & qu’enfin  ces 
arbriiTeaux  rendoienîdes  plates-bandes  trop  étouf- 
fées, les  jardiniers  ont  quitté  cet  ufage  , & après 
tout  , ils  ont  eu  raifon* 

On  y peut  mettre  , fi  Ton  veut , les  fleurs  de 
la  grande  efpece  , dont  font  les  foleils  , les  pha« 
feols , la  grenadiüe  , les  volubilis , les  capucines 
Sec,  qui  veulent  être  attachés  & foutenus  par  des 
bâtons  ; mais  plufieurs  Fleurifies  les  en  ont  con-- 
gédiés , à caufe  que  leur  hauteur  déplaît  à la  vue  ,, 
& qu’ils  ofFufquent  un  parterre  , de  ménae  que  les 
grands  ifs  & les  arbrifleaux.  Ces  fleurs  font  ua 
plus  bal  effet  contre  les  murs  d’une  cour  ou  jar=- 
dîn  ; elles  fe  pâiiiTent  très-bien  contre  un  treillage*,. 
Gn  peut  les  mettre  encore  par  touffes,  entre  les; 
rangs  d’arbres  ifolés. 

Les  angles  ou  croifées  de  chaque  quarré  qui 
font  tracés  , font  les  endroits  où  il  faut  faire  les; 
trous  pour  planter  les  oignons  de  fleurs  dont  on 
V^ut  orner  un  parterre.  Mais  , pour  rendre  tout- 
à fait  fenfible  ce  qu’on  vient  de  dire,  on  fe  per«- 
fùade  qu’une  figure  d’une  p!ate*bande  tracée  à? 
grille-  ne  fera-  pas^  placée  ici-  maI=-à*progQS(,. 


Le  Jardinier 

Figure  d^une  plate-bande  tracée  pour  y mettre  des^ 
fleurs. 


Avant  de  planter  les  oignons  de  fleurs  , il  faut 
les  nettoyer , les  éplucher , & examiner  s’il  n’y  a pas 
des  endroits  pourris  ou  rongés  par  les  animaux  ^ 
que  l’on  coupera  jufqu’au  vif  ; les  meilleurs  font 
les  plus  gros  & les  fains,  qui  n’ont  ni  rongeure  , 
ni  tache.  On  détache  auffi  les  cayeux  avec  la  main  ^ 
cela  s’appelle  fevrer  un  oignon  de  fa  mere..  Une 
partie  de  ces  cayeux  fait  d«s  oignons  que  l’on 
plante  , & qui  portent  des  fleurs  dans  la  même 
année.  A l’égard  de  ceux  qui  ne  font  pas  aflèz 
forts  , on  les  plante  dans  une  planche  en  pépi- 
nière , qu’on  cultive  avec  foin  , & dont  on  îeve, 
de  temps  en  temps  quantité  de  fleurs  portantes., 
Pour  planter  ces  oignons  avec  foin  ^ on  les  ar* 
fange  fur  terre  en  échiquier  , à quatre  & cinq 
doigts  diflants  l’un  de  Fautre  ; puis  on  fait  les 
trous,  & on  les  y met , dans  le  même  ordre  , trois 
pouces  en  terre  ; enfuite  on  les  recouvre  de  fe' 
Bîêmeterre  ; & , fi  les  pluies  ou  la  pefanteur  même: 
dé  la  terre  la  faifoit.aîFaifler  on  remplira  la  pro^* 
fondeur  qui  s’efll.  faite:  avec:  dt  îa-,  terre, 


F i;  E ü a î s T E.  39 

On  ne  doit  Jamais  faire  ces  trous  en  enfonçant 
foignon  avec  la  main  , parce  qu’on  peut  écrafer 
îe  germe  , ou  bien  ecorcber  & blefier  un  oignon 
par  la  rencontre  d’un  caillou  ; mais  on  doit  fe  fer- 
vir  d’un  plantoir  arrondi  par  le  bout  5 & non 
pointu , parce  que  les  oignons  étant  placés  au  fond 
du  trou  , fe  trouvent  uniment  fur  îa  terre  , ou  ils 
fe  peuvent  lier  fans  aucun  vuide  entre  deux  ; au 
lieu  que  ces  trous  étant  creufés  en  pointe , îaiffent 
isn-dcflbus  des  cavités  capables  de  pourrir  Foi* 
gnon  ^ ou  de  retarder  l’effet  des  fleurs.  Pour  les 
racines  , l’on  fe  fert  d’un  plantoir  pointu. 

Lorfqu’on  a quatre  rangs  de  chaque  côté  ^ 
comme  on  le  voit  à la  figure  3,  on  peut  faire  les 
deux  proche  du  trait  du  buis , tout  de  tulipes^ 
parce  qu’ils  s’y  enfonceront  moins  ^ étant  portés 
de  leur  nature  à le  faire  , que  dans  le  relie  de  îa 
plat^-bande , la  terre  étant  toujours  plus  ferme 
près  du  buis  : Fonfera  les  deux  aiKres  denarcifîes 
& de  hyacinthes  mêfés  enfembîe. 

Quand  il  n’y  a que  deux  rangs  , a caufe  du  peii 
de  largeur  de  la  plate-bande  ^ on  en  peut  mettre 
un  de  tulipes,  & Fautre  de  hyacinthes  & de  narcif* 
fts  : ou  bien  on  mêlera  les  oignons  enfemble,  c’èft- 
à-dire  une  tulipe  ^ un  narciffe,. une  hyacinthe  Funi 
après  Fautre  j ce  qui  fera  affez  bien. 

Pour  profiter  de  la  place  , on  peut  aulîi  mê- 
ler les  fleurs  de  Printemps  & d’Eté  , en  obfsrvanÊ! 
de  mettre  toujours  lès  racines  avec  îès  racines  ^ 
& les  oignons  af.ec  ks.  oignons^. 


40  Le  JARî^rNI£R 

L’on  aura  attention  de  ne  point  mettre  les  ra«^ 
eines  contre  les  bordures  parce  qu’en  les  plan- 
tant ou  en  les  labourant , on  en  couperoit  beaui- 
coup  : ces  fortes  de  places  font  reTervées  pour  les 
oignons. 

Il  refte  à parler  des  fleurs  de  la  baffe  efpece , teî^ 
les  que  les  penfées , les  violettes  de  Mars  5 cama- 
milles  y ciclamen  , les  fleurs  de  fafran  , baflinets , 
ftatices  ^ primevères  , marguerites  , hépatiques  , 
oreilles  d’ours  9 &c#  qui  font  un  joli  effet  dans  des 
pièces  coupées  & dans  de  petites  plates-bandes  , 
en  n’y  mêlant  point  de  fleurs  de  la  haute  9- ni  de 
la  moyenne  efpece  : elles  ne  font  point  propres 
dans  les  grands  parterres  , parce  qu’elles  font  ofr 
fufquées  & étouffées  par  les  autres  grandes..  Oa 
en  peut  faire  encore  des  tapis  entiers  émaillés  de 
fleurs  9 des  fentiers  & des  bordures. 

Il  efl  bon  de  favoir  qu’on  plante  toujours  dans 
des  découpés  particuliers  , dans  des  volutes  de 
h naiffance  d’un  grand  parterre,  ou  en  planches^ 
fes  renoncules , les  jonquilles  & les  anémones 
féparément  les  unes  des  autres  : elles  font  du  noruT 
bre  des  fleurs  baffes,.  Cette  diverfité  d’ornements 
de  jardins  y produit  un  effet  merveilleux  ; au  lieu, 
que  , lorfque  ces  fleurs  font  méîées  , elles  ne  croifi- 
fent  pas  fi  belles  , & ne  donnent  par  conféquent 
qu’un  médiocre' plaifir. 

On  met  rarement  en  pleine  terre  la  tubéreufe 
îà  giroflée  (}oubIey&  l’œillet  ; on  les  éleve  bieti^ 
mieux  dans  des  pots  & vafes  de  faïance  i 


Fleuriste.  4Ï 

Fournir  dans  toute  l’année , on  peut  y mettre 
aüffi  des  fleurs  de  faifon  , telles  que  les  amaran-» 
thés , balfamines,  &c. 

Lesfîeurs  moyennes  font  celles  dontnous  avons 
!e  plus,  & qui  font  les  plus  recherchées,  parce 
qu’ayant  un  pied  & demi  à deux  pieds  au  plus  , 
iîles  marquent  fort  bien  deloin , &ne  gâtent  nul- 
lement îa  vue. 


CHAPITRE  V I I L 
JÆanierc  de  recueillir  les  graines , oignons  & 
racines  de  fleur  s^avec  le  moyen  de  les  conferver^ 

I.  Des  Graines. 

O M M E les  fleurs  fe  mulripîent  de  pîufieurs 
maniérés,  & fur-tout  de  graines,  il  eftdonc 
îiéceffàire  d’en  recueillir  : voici  comment.  L’on 
choifit  parmi  les  fleurs  les  pieds  les  plus  forts  & 
les  plus  vigoureux  , & dont  la  fleur  a le  plus  d’é- 
clat , parce  qu’ils  dégénèrent  toujours  afTez  ; on 
ne  leur  laifle  que  le  maître  brin  , & l’on  coupe 
toutes  les  autres  tiges  , afin  que  la  graine  qu’on 
en  tire  foit  mieux  nourrie. 

Comme  les  graines  des  plantes  font  produites, 
les  unes  dans  des  capfules , & les  autres  dans  des 
cofies  ou  fîliques,  on  ne  doit  point  les  recueillir 
que  ces  parties  ne  foient  féchées  fur  le  pied  de  la 
plante , & qu’elles  ne  commencent  à s’ouvrir 
mais  auffi  ne  faut  - il  pas  attendre  que  les  graines 
mi  tombeni  d’elles -mêmes  , ou  que  le  vent  îes, 


4^  Ie  Jardinier 
emporte  : ainlî , auffi  - tôt  qu’on  s’appercevra  de 
leur  maturité , on  coupera  le  haut  des  tiges  & on 
îaifTera  les  graines  dans  les  capfuîes  qui  les  ren- 
ferment , pour  les  expofer  durant  plufieurs  jours 
au  foleil.  L’écorce  des  graines  en  devient  plus 
dure,  & conferve  mieux  ce  qu’elle  contient. 

Il  eft  encore  à remarquer  qu’il  fait  bon  de 
recueillir  les  graines  de  fleurs  après  une  grande 
rofée  , & que  le  foleil  Ta  diffipée  entièrement. 
Ces  graines  fe  ramafferont  toujours  foigneufe- 
ment , & feront  confervées  de  même,  c’eft-à- 
dire , dans  des  fachets  pendus  au  plancher  de 
quelque  endroit  fec  , afin  de  les  trouver  en  bon 
état  lorfqu’on  voudra  s’en  fervir  , foit  en  Au- 
tomne ou  au  Printemps. 

L’on  fera  attention  que  , prefque  dans  toutes 
les  fleurs  , les  doubles  ne  donnent  point  de  grai- 
ne , excepté  l’œillet  double  , l’amaranthe  , le 
pavot  , le  pied-d’alouette  , la  rofe-d’inde , quoi- 
qu’on y voie,  à la  vérité,  les  ébauches  d’un 
piftil  & de  quelques  étamines , parce  qu’ils  ne 
peuvent  pas  mûrir  ni  profiter , à caufe  de  la  gran- 
de quantité  de  feuilles  qui  les  couvrent  pour  l’or- 
dinaire ; mais  , quand  les  doubles  ont  moins  de 
feuilles  , & qu’elles  s’affoibüflenc , manque  d’en 
avoir  eu  foin,  ou  autrement  , alors  le  cœur  de 
fleur , qui  fe  dégage  & jouit  de  l’impreflion  de 
l’air  & du  chaud  , donne  de  la  graine  comme  les 
autres  pieds. 


43 


I I.  Des  Oignons  & Racines. 

Comme  les  oignons  de  fleurs  s’enfoncent  natu- 
rellement d’eux -mêmes  en  terre,  & fe  perdent 
quelquefois  , on  eft  obligé  de  les  lever  tous  les 
trois  ans  au  plus  tard  ; !e  temps  le  plus  convena- 
ble efl:  depuis  le  commencement  de  Juin  jufqu’au 
mois  d’Aoùt  , pendant  un  temps  doux  & fec.  Il 
faut  commencer  par  ceux  qui  fleuriflent  les  pre- 
miers 5 & quand  on  voit  la  tige  & la  fane  des 
oignons  fe  fécher.  Les  uns  fe  fervent  de  houlet- 
tes ou  de  déplantoirs  pour  les  tirer  adroitement 
de  terre , en  prenant  garde  de  rien  couper  ; d’au- 
tres ôtent  adroitement  la  terre  avec  la  pioche  par 
l’entrée  de  la  planche  , ayant  foin  que  le  fer  ri’é- 
corche  quelques  oignons.  Si  cela  arrivoit , l’on 
prendra  auflî-tôt  de  la  terre  bien  feche  , & on  en 
couvrira  le  mal. 

Quand  on  a tiré  les  oignons  , on  les  étale  fur 
quelque  plancher  , ou  fur  une  table , pendant 
huit  à dix  jours  , pour  fe  refluyer  de  l’huciidité 
de  la  terre  après  quoi  on  les  met  dans  des  pa- 
niers , où  ils  ont  plus  d’air  que  dans  les  boîtes 
& on  les  pend  au  plancher. 

L’on  ne  détachera  point  les  cayeux  des  gros 
oignons  , auxquels  ils  font  unis  avec  les  pellicu- 
les. Cela  ne  fe  fait  que  quand  la  faifon  de  les 
planter  efl  venue. 

Il  y a des  Fleuriftes  qui  les  levant  tous  les  deux 
ans , & même  tous  les  ans  j mais  le  terme  de 


44  ^ ^ Jardinier 

trois  années  efl  l’ordinaire  pour  toutes  les  fleurs» 
Si  on  laifToit  les  oignons  plufieurs  années  fans  les 
tirer,  une  grande  partie  fe  trouveroic  perdue  , 
& la  beauté  des  fleurs  diminueroit  ; au  lieu  que 
les  oignons  étant  replantés  de  temps  en  temps , la 
terre  étant  aufli  renouvellée  , fouvent  labourée 
& fumée  , les  fleurs  en  croiflent  mieux  , & ont 
beaucoup  plus  d’éclat. 

Les  racines  fe  lèvent  tous  les  ans  en  Automne , 
pour  les  marcotter  & couper  les  talles  ou  le  peu- 
ple qui  font  à leur  pied  : comme  ces  plantes  font 
très-vigoureufes  , on  les  replante  auffi-tôt  qu’on 
les  a détallées. 


CHAPITRE  IX. 

Des  foins  généraux  qu^il  faut  ^prendre  k Végarâ 
de  toutes  fortes  de  fleurs  pour  les  favoir  cultiver  m 

IL  ne  fuffit  pas  d’avoir  feraé  une  plante  , & d^e 
l’abandonner  après  aux  feuls  foins  de  la  natü-* 
re  : toutes  fortes  de  plantes  , lorfqu’elles  font 
jeunes  , n’ont  pas  moins  befoin  de  certains  foins 
qui  leur  conviennent  pour  croître  comme  il  faut, 
que  de  fubflance  pour  prendre  leur  accroiflèment. 
Il  eft  néceflaire  de  vifiter  les  fleurs  tous  les  matins 
à la  rofée  ; on  les  nettoie  par- là  des  infefles  qui 
les  attaquent , & des  toiles  d’araignée  qui  gâtent 
leurs  belles  couleurs. 

T.  De  la  maniéré  de  farder* 

La  première  confidération  qu’un  Jardinier  dok 


Fleurîsti.  4$ 

^voîr  pour  les  fleurs  , eft  de  ne  les  point  laifler 
étouffer  par  les  méchantes  herbes  ; c’eff  le  pre- 
mier  foin  qu’il  doit  prendre  fi-tôt  prefque  qu’elles 
font  levées. 

Lorfqu’on  farde  en  quelque  terre  que  ce  foît, 
& qu’on  trouve  de  certaines  plantes  malignes  , 
dont  les  racines  font  profondes , non  content  de 
les  tirer  avec  la  main  J i!  faut  avec  les  doigts  cher- 
cher , autant  qu’on  peut  5 toutes  les  parties  de  ces  * 
racines,  afin  de  les  arracher  entièrement  ; car, 
pour  peu  qu’il  en  refte  , elles  pouffent  comme  li 
on  n’y  avoit  pas  touché,  & rendent  ainfi  la  peine 
du  Fleuriffe  inutile.  Cet  avjs  eft  aifez  de  confé- 
quence  pour  ne  le  pas  négliger.  Le  temps  le  plus 
avantageux  pour  farder , eft  lorfque  la  terre  n’efî 
ni  trop  humide,  ni  trop  feche. 

Il  eft  dangereux  bien  fouvent  de  différer  ce 
travail  ; les  mauvaifes  herbes  , qui  s’enracinent 
toujours  de  plus  en  plus  , abforbent  ks  fels  dont 
les  fleurs  ont  befoin  pour  végéter, 

IL  Moyens  de  préferver  les  plantes  du  grand 
froid  & de  la  trop  grande  chaleur. 

Comme  le  froid  eft  le  crue!  ennemi  des  plan- 
tes , il  faut  , fi  tôt  qu’on  fcnt  les  approches  de 
î’Hiver  , chercher  un  lieu  pour  les  mettre  à cou- 
vert , fi  elles  font  en  pots  ou  en  cailfes  ; fi  elles 
font  femées  en  pleine  terre,  on  les  couvre  de 
grande  paille  ou  de  grand  fumier  fec. 

On  doit  garantir  de  trop  de  foleil , pendant 


46  Li  Jardinier 
huit  jours  , les  fleurs  nouvellement  plantées  , efî 
mettant  à l’ombre  celles  qui  font  en  pots  , & en 
couvrant  celles  qui  font  en  pleine  terre  avec  des 
paillaflbns. 

Outre  ces  foins  qu’on  doit  apporter  , il  y a 
des  gens  fi  paflionnés  pour  la  culture  des  fleurs , 
de  qu’on  peut  appeüer  véritablement  curieux  , 
qui  , pour  garantir  leurs  fleurs  des  ardeurs  du 
foleil , qui  les  font  trop  tôt  paffer  , plantent  un 
double  rang  de  pieux  , dont  ceux  qui  font  du 
côté  que  frappent  les  rayons  de  cet  aflre  , font 
plus  petits  que  les  autres  ^ puis  iis  étendent  defllis 
une  toile , ce  qui  forme  comme  un  toit  en  pen- 
te , & rabat  beaucoup  l’ardeur  du  chaud  ; de 
maniéré  que  les  plantes  ainfi  mifes  à couvert , 
donnent  des  fleurs  qui  croiflent  fans  être  altérées: 
ce  n’efl:  pas  que  cette  précaution  doive  abfolu- 
ment  être  admife  pour  toutes  fortes  de  fleurs , 
elle  ne  regarde  que  celles  qui  font  d’un  tempé- 
rament délicat  y te!  qii’efl  l’œillet  , les  belles  ané- 
mones 5 les  renoncules  qui  font  rares,  & quelques 
autres  fleurs. 

III.  De  la  nécejjîté  des  arrofements  y & de  la 
maniéré  de  les  faire ^ 

Il  efl  confiant  qu’il  y a naturellement  dans  les 
plantes  une  humeur  radicale  , fans  laquelle  elles 
ne  peuvent  prendre  l’accroiffèment  ; & , comme 
cette  humeur  ne  s’entretient  que  par  l’eau  des 
pluies  ou  des  arrofements  qu’on  leur  donne  , oa 


F E E U R î s T E.  47 

peut  juger  delà  de  la  néceffité  qu’il  y a de  les  ar- 
rofer  : ce  n’efl  que  par  ce  fecoürs  & la  nourri- 
ture que  prennent  ces  plantes  , qu’elles  croiffent 
lieiireufemerît,  Refte  à favoir  à preTent  comment 
fe  font  ces  arrofements. 

La  diverfîùé  des  faifons  nous  porte  à difFéren-' 
tes  confidérations  à leur  égard  : en  Eté  les  plantes 
veulent  qu’on  les  humede  beaucoup  , 8c  princi- 
palement le  foir  5 après  que  le  fokil  eft  couché  ; 
c’eO:  pour  lors  qu’il  fe  fait  pendant  la  nuit  une 
dilTolution  des  fels  de  la  terre,  qui  font  agir  les 
plantes  autant  qu’on  le  fouhaite. 

Il  y a des  perfonnes  qui  ne  veulent  pas  qu’on 
arrofe  le  matin  , parce  que  le  foleil  venant  enfui- 
te^à  paroître  réchauffe  l’eau  ; ce  qui  fait  périij, 
difent-ils  , fouvent  les  plantes  : malgré  leur  fen- 
timent , il  y a des  Jardiniers  qui  en  éîevent  de 
très-belles , quoiqu’ils  arrofent  en  Eté  à différen- 
tes heures  du  jour. 

S’il  y a des  plantes  qui  exigent  de  nous  quel- 
ques arrofementsen  Hiver,  il  faut,  au  contraire, 
ne  les  leur  donner  que  lorfque  h foleil  eft  levé, 
& jamais  le  foir  , crainte  qu’elles  ne  gelent  du- 
rant la  nuit , oii  le  froid  , pour  l’ordinaire , fe 
fait  plus  vivement  fentir.  II  faut  que  ces  arro- 
feménts  foient  légers  , obferver  de  ne  point 
mouiller  les  feuilles  , & faire  enforte  qu’il  n’y 
ait  que  le  pied  qui  s’en  fente  : ce  qu’on  peut  exé- 
cuter , fi  on  verfe  l’eau  par  le  cou  d’un  petit 
arrofoir  fans  tête  , ou  par  le  conduit  d’une  cru- 
che de  terre. 


4^  Jardiîtîêh 

Ce  n’eil:  pas  afTez  d’obferver  le  temps  d’arrofer 
les  plantes , il  efl:  bon  de  favoir  la  quantité  d’eau 
dont  on  les  doit  à-peu-près  abreuver  ; ce  qui  fe 
remarque  par  l’avidité  plus  ou  moins  grande 
avec  laquelle  la  terre  boit  l’eau.  Il  faut  aufii  con- 
fidérer  que  les  jeunes  plantes  demandent  moins 
d’eau  que  les  fortes  ; à mefure  qu’elles  croiflent 
on  leur  en  donne  davantage. 

Si  à la  fin  du  Printemps  , ou  au  commence- 
ment de  l’Eté,  les  pluies  devenoient  trop  fré- 
quentes , on  coucheroit  les  pots  de  côté , comme 
on  a dit , dans  un  lieu  expofé  au  grand  air. 

Soit  en  pots  , dans  des  caifTes,  ou  en  pleine 
terre , il  arrive  fouvent  que  la  terre  , pour  avoir 
été  battue  des  pluies  , forme  fur  la  fuperficie 
comme  une  croûte  , quelquefois  fi  dure , que  l’eau 
des  arrofements  qui  y tombe  ne  fait  que  couler , 
en  s’éloignant  du  pied  de  la  plante  , où  elle  de-  | 
vroit  produire  un  bon  effet  : c’efl  pourquoi  il  eft  I 
bon  alors  de  béquiüer  la  terre , afin  que  l’eau  I 
qui  palfe  vite  , ravive  la  plante , en  faifant  l’effet  | 
qu’on  en  attend.  [ 

Dans  les  orages  les  fleurs  ont  beaucoup  à fouP-  | 
frir  ; c’eft  pourquoi  on  aura  foin  de  relever  avec  j 
des  baguettes  celles  qui  feront  battues  & renver-  j 
fées  , comme  auflî  celles  qui  font  montées  trop  j 
haut , & font  trop  foibles  pour  fe  foutenir.  j 

I V.  Des  eaux  propres  aux  arrofements. 

On  ne  prétend  pas  ici  faire  valoir  cet  article 

pas, 


. -F  I Ü R î s T EC 

par  dss  raifonnements  vagues  & fpécieux  fur  la 
qualité  des  eaux  , ainfi  qu’en  ont  agi  la  plupart 
des  Auteurs  qui  ont  écrit  fur  les  fleurs.  Toute  eau 
naturelle  eft  bonne  pour  arrofer  : les  eaux  de 
pluie , de  riviere  , de  fontaine  , de  citerne  & de 
mare  , profitent  également  aux  plantes , qu’elle 
foit  cirée  fraîchement  ou  non  : l’expérience  qu’on 
en  fait  tous  les  jours  nous  le  confirme  ; ainfi, 
point  de  fer  upule  là-delTus,  point  d’entêternenfo 

De  certains  remedes  propres  â guérir  les 
plantes  malades^ 

les  plantes  languiflent  quelquefois,  ce  qui  leur 
provient  des  racines  ; & pour  y remédier  on  prend 
le  pot  où  eft  la  plante , on  le  couche  de  côté  , 
enfuite  on  a une  petite  cruche  pleine  d’eau , qu’on 
vuide  par  un  tuyau  , jufqu’à  ce  que  cette  eau 
ayant  pénétré  jufqu’à  la  racine  , nous  découvre 
le  mal  qu’il  y a ; puis  on  prend  une  ferpette  pour 
couper  la  partie  malade  jufqu’au  vif  : on  laifle 
enfuite  fécher  l’incifion  une  demi-heure  durant, 
pour  la  couvrir  après  d’un  peu  de  térébenthine, 
& enfuite  remplir  le  pot  d’une  bonne  terre  légère* 
Si  c’eft  quelque  oignon  de  fleurs  auquel  cet 
inconvénient  foit  arrivé,  il  faut  chercher  le  mal, 
ôtant  adroitement  la  terre  qui  le  cache  ; puis , 
l’ayant  couvert  , prenez  une  ferpette  , incifez 
jiifqu’au  vif  cette  partie  blefiee  ; ôtez  ce  qui  eÆ 
gâté  des  enveloppes  , & d’une  terre  comme  on  a 
I.  Partie.  G 


50  Le  Jârdîhïeï^.-: 

dit  ; recouvrez  après  Cet  oignon,  qui  prendra  de 

nouvelles  forces. 

Quelquefois  les  oignons  de  fleurs  , pour  être 
dans  une  terre  fubfîancielîe  , deviennent  ftériles 
en  fleurs  ; c’eft  pourquoi , lorfque  cela  fe  remar- 
que, on  les  déplante  & on  les  met  dans  une  terre 
légère;  ou  bien  , on  prend  ces  oignons , on  leur 
donne  quelques  coups  d’ongles  où  fe  forment  les 
racines , on  en  arrache  une  petite  peau  ; après  cela 
on  les  remet  en  terre  , & on  les  arrofe.  On  a tou- 
jours vu  que  par  autant  d’incifions  qu’bn  faifoit 
à ces  oignons,  i!  y naiffbit  autant  de  cayeux,  qui 
dans  leur  temps  faifoient  des  merveilles  : il  efl  vrai 
que  ce  n’eft  que  dans  les  pays  chauds  où  cela  arrive , 
& ce  qui  fe  pratique  à l’égard  des  tubéreufes. 

On  remarque  auffi  quelquefois  que  les  fleurs  de 
certaines  plantesfontfortpetites&en  très-grande 
quantité , ce  qui  provient  de  ce  qu’elles  ont  trop 
de  peuples  ou  de  cayeux  : afin  de  les  empêcher  de 
périr , ce  qui  arriveroit  certainement , on  les  dé- 
plante dans  l’année , pour  féparer  le  peuple  ou  dé- 
tacher les  cayeux  de  leurs  meres. 

On  voit  fouvent  fur  la  fuperficie  d’un  pot  une 
moififlure  blanchâtre  , qui  paroît  comme  une  ef- 
pece  de  toile  d’araignée  couverte  d’une  petite  ro- 
fée  , & qui  fent  le  champignon  : telle  terre  ne 
vaut  plus  rien  pour  nourrir  aucune  plante  ; c’eft 
pourquoi  il  faut  Fôter  du  pot , & en  fubftituer 
de  nouvelle  , où  la  plante  tro'^ve  de  nouveaux 
feîs  qui  la  ravivent. 


Fleuriste.  5î 

VI.  Qu^iîfe  faut  donner  de  garde  dt  toucher  les 
fleurs  avec  la  main^ 

Il  y en  a qui , lorfqu’ils  entrent  dans  un  jar^ 
din,  ne  font  point  contents  s’ils  ne  portent  d’a- 
bord la  main  fur  une  fleur  : il  femble  qu’ils  ne 
peuvent  la  regarder  qu’en  la  maniant  ; c’efl:  une 
maxime  toute  des  plus  infupportables  à ceux  qui 
font  véritablement  Fleuri  Ares , & curieux  Fleurif- 
tes , puifqu’il  efl:  vrai  de  dire  qu’en  maniant  une 
fleur,  fur-tout  lorfqu’elle  efl  déücate , on  en  dé- 
range l’ordre  , & on  en  ternit  l’éclat. 

Ce  n’eft  pas  que  le  motif  de  cultiver  les  fleurs 
fe  borne  feulement  à les  voir  fur  pied  ; il  efl:  un 
certain  temps  durant  lequel  on  doit  les  y laifTer 
pour  faire  rornement  du  jardin  ; mais  après  auffi, 
il  n’eft  pas  dit  que  quelque  belle  ne  puifTe  s’en  pa- 
rer le  feîn. 

Il  eft  vrai  qu’il  y a des  gens  très-curieux  des 
fleurs,  qu’ils  n’ont  point  pris  foin  de  cultiver , & 
qui  vont  en  mandier  de  jardin  en  jardin  ; leur  har- 
dieflè  à demander  ces  fleurs  eft  fi  grande , qu’il 
femble  que  c’eft  leur  faire  mine  que  de  leur  en  re« 
fufer,  fe  perfuadant  qu’un  Fleurifte  n’en  doit  cul- 
tiver que  pour  en  fournir  ceux  qui  lui  en  deman- 
dent. Un  Fleurifte  curieux  eft  pardonnable , quarxi 
il  refufe  de  donner  les  fruits  de  fes  foins  , & un 
plaifir , qui  foiiveiu  lui  coûte  cher  : il  n’eflperfonne 
qui  doive  fe  fâcher  de  ce  refus.  Ce  n’eft  pas 
qu’il  n’y  ait  un  temps  où  il  ne  faille  cueillir  de  ces 

C a 


5^  Xe  ÏÂKDÏNÎ5R 

fleurs  , & en  faire  preTent  à Tes  amis  ; & ce  feroit; 
prendre  la  maxime  trop  à la  rigueur  , que  d^cn 
refufer  alors. 

VIL  Moyens  d^enrichir  fon  jardin  de  nouvelles 
fleurs^ 

Un  Fleurifle  curieux,  & qui  fouhaite  avec  ar- 
deur avoir  tous  les  ans  fon  jardin  enrichi  de  nou^» 
veîIesfîeurs,doit9dans  la  faifon  qu’elles  font  ècIO'- 
fes  , aller  viflter  les  jardins  des  autres  curieux  , 
afin  que,  s’il  y a quelques  fleurs  qu’il  n’ait  pas  chez 
îüi  , il  fafle  enforte  d’en  obtenir  gratuitement , 
par  argent,  ou  par  échange  ; cela  fe  pratique  ordi- 
nairement parmi  les  honnêtes  gens. 

Obfervations» 

On  ne  fera  point  furpris  ici , fi  on  fait  le  mot 
de  fleur  fynonyme  avec  plante  , & fi  on  fe  fert 
plus  fçuvent  du  premier  que  de  l’autre  ; c’eft  un 
ufage  établi  depuis  long-temps  dans  le  jardinage, 
&qui  s’entend  mieux,  quand  on  parle  en  général, 
que  celui  de  plante, dont  la  fignification  eft  moins 
bornée. 


CHAPITRE  X. 

Des  animaux  nuifîhles  aux  plantes  y ^ delà  ma^ 
niere  de  les  détruire* 

L Des  chiens  & des  rats* 

Les  chiens  & les  chats  font  des  animaux  qui 
gâtent  les  jardins  à fleurs  j c’eft  pourquoi  il  ne 


F I s Ü R 2 s T f* 

fet  pas  les  y foufFrir , autant  qu’on  peut.  Les 
premiers  gâtent  tout  par  leurs  fauts  continuels'; 
les  autres  font  leur  ordure  par-tout  ,&  grattent  îa 
terre  après  pour  la  couvrir  : ils  arrachent  les  plart- 
îes  qui  par  malheur  fe  trouvent  fous  leurs  pattes. 

IL  Des  taupes. 

Voici  quelques  moyens  dont  on  peutfe  fervir 
pour  détruire  les  taupes , qui  gâtent  tout  dans  les 
jardins. 

Il  faut  prendre  de  Tellébore  blanc  , & de  la  ra- 
cine de  P aima  Cktijîi , les  faire  fëcher , les  broyer 
après  , les  piilvérifer  , puis  les  paH^èr  au  tamis  ; 
ajoutez-y  de  îa  farine  d’orge  & des  œufs  , que 
vous  détremperez  avec  du  vin  & du  lait  ; faites 
une  pâte  du  tout , partagez~Ia  en  plufieurs  mor- 
ceaux , que  vous  mettrez  dans  les  trous  par  où 
doivent  paîTer  les  taupes.  On  tient  que  cela  les  fait 
mourir. 

En  jettant  dans  leurs  trous  du  chanvre  , de  îa 
poirée , ou  de  la  fiente  de  cochon , on  prétend 
que  Todeur  les  fait  fortir. 

Il  y en  a qui  expriment  le  fuc  de  concombre  fau- 
vage  , qu’ils  mêlent  avec  de  la  terre  rouge;  ils 
détrempent  le  tout , & en  remphffènt  les  routes 
que  les  taupes  fe  font  tracées. 

D’autres  creufent  des  trous  autour  des  taiî- 
pines , & prétendent  que  les  taupes  pour  lors  s’en 
fuient , & vont  bien  loin  faire  leurs  ravages.  On 
emploie  encore  l’expédient  que  voici  pour  exter* 
miner  les  taupesr 

Cl 


54  ^ ^ Jardinïer 

On  fait  à-peu-près  l’heure  que  ces  animaux  dol* 
vent  travailler  ; c’eft  alors  qu’il  faut  les  veiller  , 
& lorfqu’on  voit  que  la  terre fc  fouîeve,  on  s’ap- 
proche doucement  ; puis  prenant  les  devants  , on 
renfonce  h beche  pour  enlever  la  taupe.  Il  faut  que 
cela  fe  faflTe  adroitement  & promptement. 

Quelques-uns  prennent  une  maliiche  de  bois 
hériffée  de  gros  clous , & la  tenant  par  le  manche^, 
épient  le  moment  que  les  taupes  doivent  palfer  5 
fi- tôt  qu’elles  travaillent  , ils  déchargent  incon- 
tinent deffus  un  coup  de  cette  makche  , qui 
étourdit  la  taupe.  Il  efl  facile  alors  de  l’enlever 
avec  la  bêche. 

III.  Des  rats» 

Pour  détruire  les  rats  qui  gâtent  les  plantes  ^ 
on  prend  de  la  farine  d’orge  avec  de  la  graine  de 
cx)îicombre  fauvage  ; on  y ajoute  de  l’ellébore 
noir  & de  la  coloquinte  , puis  on  fait  du  tout 
une  efpece  de  pâte,  qu’on  met  aux  endroits  où 
Ton  fait  que  les  rats  ont  coutume  de  venir:  cette 
drogue  les  fait  mourir» 

Ou  bien,  ayez  de  la  limaille  de  fer,  mêlez-Ia 
dans  du  levain , garnilTez-en  les  endroits  où  les  rats 
vont  ordinairement  : ils  mangeront  de  cette  pâte , 
& crèveront  auffi-tôt  qu’ils  en  auront  mangé. 

Autrement , on  fait  fuir  les  rats  d’un  jardin  , 
fi  on  parfume  les  endroits  à-peu-près  où  l’on  fait 
qu’ils  s^enterrent,  avec  une  fumée  provenante  du 
vitriol  , origan  , graine  de  celleri  & nielle  j k 
tout  mêlé  emfemble». 


F s;  g ur  1 s T K*  ^5 

î V.  Des  oipeaux. 

Les  Oîfeaüx  font  a craindre  pour  les  jardins  ; 
ils  grattent  la  terre  pour  *s’y  vautrer  & nettoyer 
leurs  plumes  & leurs  aiîes  ; ee  qui  ne  peut  caufer 
que  beaucoup  de  dommage  aux  graines  nouvelle- 
ment femées , & principalement  îorfqu’elles  com- 
jîiencent  à germer. 

On  fe  fert  d’une  machine appeîlée  épouvantail ^ 
pour  chaffer  ces  oifeaux  loin  des  jardins  : en  voici 
la  defcription. 

Ayez  quatre  ou  cinq  bâtons  de  la  hauteur  de 
deux  pieds,  fichez-îesen  terre  proche  les  planches 
où  il  y a des  graines  de  femees  ; mettez  une  per- 
che en  travers , liez-], a avec  de  f’ofier  à l’extrémité 
d’e'n-haut  deces  bâtons , enfuite  prenez  de  grofîes 
plumes  de  poukts-d’Iode  ou  d’oies,  attachez-en 
deux.  l’une  avec  Pauîre  , d’efpace  en  efpace  , de 
maniéré  qu’eües  faifent  comme  une  croix  ; gar- 
niiîez-!es  d’autres  plumes;  vous  verrez  que  le  vent 
venant  à les  agiter , elles  fuffîront  pour  épouvan- 
ter les  oikaux.  Pour  mieux  faire  connoîfre  ce  que 
c’eft  que  cet^épouvanrail , en  voici  une  figure» 

Figure  d^un  épouvantaiU 


€4 


Lje  Jarbinikr 
V.  Des  chenilles. 

te  meilleur  expédient  pour  détruire  les  chenil- 
les , eft  d’en  ôtçr  & brûler  aullî-tôt  les  toupets 
qu’on  voit  attachés  aux  arbres;  ce  qui  fe  fait  en 
hiver  , & avant  que  le  couvain  commence  à re- 
muer. L’on  s’y  prend  trop  tard  quand  il  éclôt , 
parce  que  les  chenilles  alors  fe  répandent  fur  tou- 
tes les  plantes  qu’elles  trouvent. 

Si  néanmoins,  par  négligence  , on  a donné^Ie 
temps  à cette  vermine  de  fe  jetter  de  côté  & d’au- 
tre , il  faut  dès  la  pointe  du  jour  les  abattre  ; c’eft 
alors  que  la  fraîcheur  de  la  nuit  les  ayant  fait 
amafler  en  pelotons,  on  peutaifément  les  détruire. 

V !..  Des  limaçons.. 

Il  faut  dès  la  pointe  du  jour , ou  lorfqu’il  a plu , 
chercher  les  limaçons  , & les  écrafer  : c’eft  pour 
lors  qu’ils  fortent  de  la  terre. 

V 1 1.  Des  vers. 

Les  vers  font  fort  fujets  à ronger  les  racihes- 
des  plantes , lorfqu’its  s’y  attachent  ; pour  en  pur- 
ger un  j.ardin , on  attend  qu’il  y fôit  tombé  quel- 
que pluie , ou  queié  fôîei!  commence  à fe  coucher; 
c’eft  pour  lorsque  cette  vermine  fort  de  terre,  & 
qu’on  peut  en  détruire  beaucoup  , les  coupant  par 
moitié  avec  une  bêche  , ouautreoutilde  cette  forte. 

Si  l’on  veut  les  faire  fortir  de  terre  en  d’auti*es 
temps  , il  ne  faut  que  répandre  fur  les  chemins  une 
décodion  de  graines  ou  feuilles  de,  chanvre  ,,  & 
auffi-tôc  on  les  verra  paroître.  ^ 


S7 


F i E U RESTE. 

VIII.  Des  fourmis» 

Pour  ^étruire  les  fourmis , on  les  brûlera  avec 
de  la  paille  ou  de  la  cendre  chaude  quand  on  les 
verra  fé  promener  en  bande  ; & on  prétend  que 
les  laiflant  fur  la  place  , cela  fait  non»feuIement 
écarter  les  autres , mais  les  oblige  encore  à n’ÿ 
plus  revenir. 

Autrement  , prenez  des  coquilles  de  limaçons, 
faites-îes  brûler  avec  du  florax  ; pulvérifiez  - le 
enfuite  & jetiez  cette  poudre  fur  la  fourmilliere; 
ces  animaux  la  quitteront  aufli-tôt. 

Ou  bien  , il  faut  prendre  de  l’origan  pilé  avec 
du  foufre  ,&  jetter  de  cette  poudre  dans  les  trous  ; 
ks  fourmis  s’enfuiront  aufli-tôt. 

Autre  moyen  : mettez  dans  les  endroits  où  ces 
infeâes  fe  retirent , des  os  décharnés  , ils  s’y  raf- 
fembleront  en  grand  nombre,  & alors  il  fera 
aifé  de  les  détruire  , en  jettant  ces  os , qui  en 
font  tous  couverts , dans  le  feu  ou  dans  l’eau 
en  réitérant  cela  piufieurs  fois,^ 

I X,  Des  cantarides»- 

Pour  détruire  les  cantarides,  il  n’y  a qu’a  pren- 
dre du  vieux  fumier  dé  couche  , ou  dé  la  racine 
de  concombre  fauvage,  ou  bien  dé  la  rue  , & en 
fâire  une  fumigation  , cet  infeâê  meurt  aufli-tèr^ 

X.  Des  punaïfes  vertes^ 

Prenez  du  fort  vinaigre,  metféz-le  avec  dà: 
fus  de  jufquiame  J frottez-en  les  endroits  où  cetttv 

e-s. 


I E Jardinier 
vermine  fe  fera  attachée  ^ & vous  verrez  qu’elîe: 
mourra. 

Autrement , ayez  de  la  graine  de  moutarde  & 
des  baies  de  laurier  ; faites-les  bouillir  enfemble 
dans  de  l’eau,  & , lorfquecette  liqueur  fera  re* 
froidie  , arrofez-en  les  plantes  où  feront  les  pu- 
naifes  , elles  tomberont. 

Il  y en  a qui , pour  détruire  cette  vermine  , 
Fécrafent  avec  leurs  doigts  ; ce  font  ces  punaifes 
que  nous  voyons  fur  les  boutons  de  rofes  , qui 
les  perdent  toutes , & qui  gâtent  les  autres  fleurs. 

X h JDes  pucerons t 

Fichez  en  terre  une  baguette  , haute  d’un  demî- 
pied  ; mettez  à fa  fommité  un  godet  renverfé  , & 
pour  lors  il  fera  facile  de  détruire  cette  vermine 
qui  vient  s’y  réfugier.  Ou  bien , mettez  fur  ce  go- 
det un  morceau  de  linge  humide , lés  pucerons 
Vy  amaflent  tous  , & il  eft  facile  de  les  tuer. 

X I I.  Des  afcarides^ 

Comme  cette  vermine  , & autres  fembîabîes  5. 
s’acharnent  plus  volontiers  aux  plantes  empo- 
tées qu’aux  autres  , on  prendra  le  pot  où  efl  la 
plante  , & on  le  mettra  dans  un  fceau  d’eau  , de 
façon  que  ce  pot  puiffe  tremper  à la  hauteur  de 
fix  à fept  pouces  ; on  l’y  laiffera  pendant  une 
petite  demi-heure  : l’humidité  fera  fortir  bim 
Vite  ces  petits  animaux. 


F L'  iE  W -R  î S T E « 


59 


CHAPITRE  XL 

Comment  conferver  les  fleurs  dans  le  tranfporî 
qidon  en  fait  des  pays  éloignés. 

^ A ciiriofité  d’un  Fkurifle  ne  doit  pas  fe  bor- 
ner  à élever  des  fleurs  de  fon  pays  ; elle  doit 
encore  fe  porter  jufqu’à  celles  qui  naiffent  dans 
les  Provinces  voifines  & chez  les  Etrangers. 

Pour  réuflîr  dans  cet  honnête  commerce , il 
faut  d’abord  fe  faire  des  connoilTances  avec  lef* 
quelles  on  puiiïe  avoir  des  relations  j lcrf- 
qu’on  fait  venir  des  oignons  , ou  qu’on  en  en- 
voie 5 on  doit  les  enfermer  dans  des  boîtes  ^ 
afin  qu’ils  fe  conlervent  mieux. 

Mais  comme  les  perfonnes  peu  verfées  encore 
dans  la  connoillance  des  oignons  de  fleurs,  pour- 
Foient  fe  tromper , s’ils  venoknt  à fe  confon-» 
dre,  & que , par  quelque  reîTembîance  qu’il  y 
auroit  entr’eux , on  ne  pourroit  plus  les  démê- 
1èr  , i!  faut , pour  éviter  rinconvénienî , écrire- 
fur  le  paquet  oîi  ils  font  enfermés  les  noms  , & 
îâ  quantité  qu’il  y en  a : on  fépare  les  paquets 
ÎUin  de  l’autre , & on  les  place  dans  une  caiflè 
Ou  une  boîte  , de  maniéré  que  les  oignons  ne 
fôulFrent  point  do  cahot  des  voitures  : & pour 
cela  on  accommode  tous  les  paquets  dans  la  caiflTe^ 
& à mefure  qu’on  les  place  on  met  de  la  moufle 
entr’eux  , & on  continue  d’en  mettre  jufqu’à  ce 
que  la  caifle  en  foit  remplie  j enfuite  on  îi  lie 

G 


60  L I J A R D ï N I E R 

avec  de  la  ficelle  , qu’on  cacheté  en  pîufieucs^ 
endroits  , après  avoir  mis  l’adreffe  de  celui  au- 
quel on  l’envoie., 

Si  on  remarque  fur  les  oignons  , après  être 
arrivés  , quelque  moififfure  , il  faut  leur  ôter 
les  tuniques  ou  enveloppes  qui  en  paroiflent  at^ 
teintes.  A l’égard  de  Ite  graine  d’anémones  , qui 
s’étend  en  languettes  , & qui  eft  fort  déliée  ^ il 
faut  non  - feulement  la  mettre  dans  des  boîtes  > 
mais  la  couvrir  encore  de  coton  ou  d’éüoupes  ; le 
tranfport  pour  lors  peut  s’en  faire  fans  dangers 

On  alTure  que  les  plantes  ou  racines  qu’on  veut 
faire  venir  de  loin  , fe  confervent  heureufement  *, 
fi  on  les  frotte  de  miel , & qu’enfuite  on  les  cou- 
vre de  moulTe  , lorfqu’eltes  font  emboîtées  ; s’il 
n’ÿ  avok  néanmoins^  que  pour  huit  jours  de 
chemin , le  miel  feroit  inutile. 

C’eft  ainfi  que  fe  fait  le  tranfport  des  marcot- 
tes qui  viennent  des  Pays  étrangers  ; ou  bien 
on  prend  de  la  terre  à potier , gros  environ  com- 
me le  poing  , on  la  détrempe  arec  du  miel^  en- 
fuite  on  met  dans  cette  terre  quatre  ou  cinq  mar- 
cottes ; & , après  avoir  enveloppé  cette  motte 
avec  de  la  mouiïé  qu’on  aura  mouillée  , on  cou- 
che les  marcottes  dans  Jes  boîtes  , qu’on  achevé 
de  remplir  de  moufie  : ees  marcottes  ainfi  accom^ 
modées  5 peuvent  avec  fuccès  foufFrir  le  tranfr 
port  d’un  long  voyage» 


s Ê E ü R f S-.  T ■ 


C H A.  P I T R E X I I. 

année  du  Jardinier  Fleuriot , & le  temps  au^- 
qjuLcha^iie  fleur  doit  être  fcmée  ù plantée». 

J^A  N ¥ l E R. 

^ E mois  ne  permet  guereà  un  Jardinier  Fieu- 
rifte  de  travailler  a la  terre  ; il  doit  feule- 
ment avoir  foin  de  tenir  fes  outils  en  état  dè: 
s’en  pouvoir  fervir  au  befoin. 

Si  ce  mois  n’eft  pas  bien  rude  , J1  pourra  dé- 
truire les  vieilles  couches  ^ faire  des  folTes  pour 
en  conftruire  de  nouvelles  ^ qui  lui  font  néceflair 
res  pour  élever  fes  plantes  ^ & pour  en  tirer  le 
terreau  dont  il  ne  peut  fe  pafTer. 

S’il  eft  quelqu’endroit  d"e  fon  jardin  qui  lur 
fembie  avoir  befoin  d’être  amendé,  il  y mettr^r 
de  ce  terreau  autant  qu’il  jugera  à propos , afin 
par-là  de  réparer  les  fels  qui  s’ÿ  feront  épuifés. 

If  tiendra  foigneufement  fes  plantes  couvertes 
de  fumier  on  d’autres  chofes , afin  que  les  gelées 
ne  puiflènt  avoir  prife  fur  elles.  Il  ne  faut  pas 
attendre  que  la  terre  foie  endurcie  par  le  froid® 
S’il  lui  manque  quelque  outil  néceffaire  il 
©hetera  , afin  que^dans  le  befoin  il  n’en  demeure 
point  au  dépourvu*. 

Il  aura  foin  que  les  anémones  qirtî  aura  fe?* 
mées  en  pot  foient  préfervées  du  froid  ; cela  ea 
avance  de  beaucoup  la  germination»  Il  m agira 


§1  L E T A R O T N I S ît 

de  même  à l’égard  d’autres  jeunes  plantes  qui 
ront  auffi  en  pot , & qui  craignent  la  gelée. 

FÉVRIER. 

Voici  le  mois  qui  commence  à donner  beau* 
coup  d’exercice  aux  Jardiniers  Fleuriftes  ; s’ils 
ont  été  négligents  , ou  que  la  faifon  ne  leur  ait 
pas  permis  de  creufer  des  foffès  pour  conftruire 
îèurs  couches  , ils  s’y  emploieront  en  ce  mois  ; 
& pour  cela  ils  feront  bonne  provifion  de  fumier  : 
ces  couches  font  les  mer  es  nourrices  de  leurs  jar* 
dins. 

Après  qu’un  Jardinier  Fleurifte  aura  tire  de 
fon  magafin  les  graines  de  fleurs  dont  il  aura  be- 
foin  , il  les  femera  félon  les  réglés  du  jardinage  , 
& de  celles  dont  voici  la  lifte. 


Catalogue  des  fleurs  ^u^onfème  pendant  ce  moisir 


Les  amaranthes  ou  pâlie* 
velours. 

Ba  confonde  royale. 

Les  pommes  d^amour. 
Les  croix  de  MaUhe. 
Le  datura. 

La  jacée  des  Indes. 


La  pomme  d’Etluopie^ 
Les  œillets.. 

La  balfamîne. 

La  mayenne. 

La  canne  d’Inde* 

La  pomme  dorée. 

Le  diftame. 


Si  le  froid  fe  fait  rudement  fentir,  le  Jardinier 
aura  foin  de  couvrir  de  cloches  les  graines  qu’îï 
aura  femées  , & de  mettre  par-deftus  dé  bonS' 
paillaffons  5 & de  grand  fumier  fec  ou  de  grande 
paille.  Lorfque  le  temps  s’adoucira,  il  leur  don- 
nera un  peu  d’air , pour  voir  , îorfqu’éllés  îeve«»- 
ront , fi  les  jeunes  plantes  n’é.xigenc  dé  lui  riem 
davantage.. 


T % E V K t S Tr  E ..  ê p 

Sî  > après  avoir  pris  du  terreau  autant  qu’îl  eu 
aura  befoin  pour  mettre  fur  fes  couches  , il  lui 
en  refte  encore  ^ il  le  fera  porter  ou  il  le  jugera 
a propos.  II  faudra  en  ce  mois  qifil  leve  la 
confoude  royale  pour  la  multiplier. 

MARS. 


Lorfque  le  mois  de  Mars  eft  venu , un  J;îrdî- 
nier  Fieurifte  trouve  de  quoi  s’occuper  dans  fou 
jardin  ; jufqu’au  quinze  de  ce  mois  il  prendra 
toutes  les  mefures  néceflaires  pour  femer  & pour 
planter. 

IJ  préparera  tous  les  pots  dont  il  aura  befoin 
& les  remplira  de  la  terre  qu’il  faura  mieux  con-« 
venir  aux  plantes  qu’üs  doivent  contenir. 

Il  aura  foin  de  découvrir  petit  à petit  les  planâ- 
tes qu’il  aura  femées  für  couches  , & il  en  conP^ 
truira  encore  d’autres  : lorfque  la  mi-Mars  fera? 
arrivée , il  femera  les  fleurs  que  voici. 

des  fleurs  qidon  feme  fur  couches  pendant  es 


moiSi 


Bes  volubilis  de  toutes  for- 
tes. 

Le  flramonium  ou  pomme 
épineufe, 

Ba  conibude  royale. 

Le  poivre  d’Inde. 

Les  œillets». 

Le  bafilic. 

La  carouge. 

Les  giroflées. 

Le  phafeol  incarnat  des 


Indes. 

Les  fouch*  doubîes^s 
La  merveille  du  Pérou. 
L’herbe  à SuifTe. 

Les  merveilles  du  Tapow 
Les  amaranthes. 

Les  pieds  d’àlouette. 
L’œillet  dLnde; 

La  rofe  d’Inde. 

Le  creiïbn  d’îndeou  capni 
cinêo. 


54  L E J A R B I N F E R 

Le  naflurce.  La  grande  pâquerette  oiî 

Les  plumettes  ou  cornettes,  cryiântemum. 

Comme  il  y a des  plantes  qu’on  a femées  l’année 

précédente , & qui  font  en  ce  temps  en  état  d’étre 

tranfpîantées,  le  Jardinier  Fleuriffe  nes’endormira 

point  à ce  travail  , à moins  qu’il  ne  furvienne  de 

grands  vents  ou  de  grands  bâles  qui  deffechent  la* 

terre  , pendant  lefquels  on  ne.  doit  ni  femer  ni 

tranfplanter.  Voici  celles  qu’il  tranfplantera. 

Zijie  des  fleurs  propres  a être  tranfpîantées  en 
pleine  terre  S/  en  pot  pendant  le  mois  de  Mars* 

Les  hyacinthes  uibéreufes.  bles. 

Les  hépatiques.  Les  pâquerettes  ou  margue- 

Les  primevères.  rîtes. 

Les  camomilles.  Les  ellébores. 

Le  Boulon  de  Confiant!-  Les  lys. 

nopîe.  La.  paraiyfe. 

Les  violettes  de  Mars  dou- 

L’on  tranfplante  lès  arbriffeaux  qui  craignent  îè 
froid , comme  jafmin  d’Efpagne,  oranger,  myüte-, 
!aurier-rofe  & autres.  Lorfque  le  Jardinier  Fieu- 
rifte  voudra  s’employer  à ces  ouvrages , il  choifira 
un  beau  temps. 

Il  plantera'^n  pots  des  œiîîèts  , dés  giroflées  Si 
autres , & il  aura  foin , pour  en  faciliter  la  reprife^ 
de  les  mettre  à l’ombre  durant  huit  ou  dix  jours, 
& pour  les  préparer  à ne  pas  craindre  les  chaleurs 
de  cette  &ifon.- 

Commic  il  y a des  tulipes  fùjettes  à de  certaines 
taches  blanches  ^ que  des  gelées  de  nuit  caufent  à 


F I K 13  m I s T £•  6 f 

leurs  feuilles , il  aura  foin  de  les  en  garantir , les 
couvrant  de  paille  ou  de  grand  fumier  fec. 

Ces  foins  ne  regardent  pas  feulement  les  plan- 
tes dont  on  vient  de  parler  , ils  s’étendent  encore 
fur  les  anémones , oreilles-d’ours  5 hyacinthes-bru- 
nales,  cyclaments-printaniers  5 & myrtes. 

AVRIL. 

Il  faut  an  commencement  de  ce  mois  faire  pro«- 
vifion  de  paillaflTons  ^ pour  garantir  les  oreiîles- 
d’oursjlesrenonciilesjles  belles  tulipes,  anémo^ 
nés  & autres  belles  fleurs  , de  certains  vents  qui 
ks  gâtent , des  pluies  qui  les  morfondent,,, des 
frimats  qui  tombent  en  ce  temps,  & qui  les  font 
languir , & des  ardeurs  du  folei!  qui  les  altèrent. 

Le  Jardinier  Fleurifle  plantera  les  plantes  dont 
on  a parié  dans  le  mois  de  Mars.  Durant  le  mois 
d’Avril,  le  foleil  eft  quelquefois  affez  ardent  pour 
obliger  à arrofer  les  plantes  qui  en  ontbefoia^ 
foie  en  pleine  terre  , en  pots  ou  en  caiffes  , prin- 
cipalement les  anémones  & les  renoncules , qui 
pour  lors  font  l’ornement  des  jardins.  On  fardera 
les  méchantes  herbes  , crainte  qu’elles  ne  nuifent 
aux  fleurs  parmi  lefquellés  elles  naiïTent.. 

M A I. 

te  mois  de  Mai  porte  un  Jardinier  à bien  des 
confidérations  différentes  ; on  y recueille  la  graine 
des  anémones  , puis  on  la  garde  dans  un  lieu  fec  , 
jufqu’à  ce  que  la  faifon  où  on  doit  les  femer  foit 
arrivée» 


66  Le  jAnvTfiïE^ 

Les  juliennes  y autrement  dïti^s  y giroflées  muf- 
quées , fe  mulfipiient  en  ce  mois.  Notre  Jardinier 
Fleurifte  femera  les  fleurs  dont  voici  la  lifte. 

Lifle  des  fleurs  qu^on  feme  en  ce  mois  fur  couche^ 

Les  pcnfées  de  jardin.  Les  amaranthes  , pour  en 
Les  thiafpis.  avoir  de  tardives  en  pot«, 

La  fcabieiife  veloutée.  Les  foiicis  doubles. 

Le  mufcipula  ou  attrape-  Lescyanus  de  toutes  fortes, 
mouches. 

îl  faut  à la  fin  de  ce  mois  lever  les  oignons  de  ta** 
îipes hâtives , qui  pour  lors  font  bons  à déplanter.^ 

JUIN. 

Les  plantes  annuelles,  qui  font  l’ornement  de 
nos  jardins  durant  toute  l’année , feront  femées  en 
ce  mois  avec  autant  de  fu ccès  que  dans  le  prece- 
dent ; & , comme  ce  n’eft  que  par  le  fecours  des 
graines  qu’une  partie  des  plantes  fe  multiplient  y. 
le  Jardinier  Fleurifle  aura  foin  de  recueillir  celles 
anémone  s ^ renoncules  y juliennes  orientales  y 
narcijfes  & toutes  fortes  d’orc///e.y  d^ours. 

On  déplanté  les  tulipes  & les  anémones  h la  fin 
de  ce  mois , & toujours  après  une  petite  pluie.. 
Voici  quelques  plantes  qu’on  leve  aufli  à la  fin  de 
ce  mois. 

Savoir, 

Les  martagoiTs.  Les  iris  de  toutes  fortes. 

Les  hyacinthes  orientales  & Les  fretillaires.. 

les  bulbeufes.  Les  hémoracles  & autres 

Lescycîaments-prîntaniers.  femblables. 

Une  faut  pointêtreparefTeuxà  farder  les  herbes 
durant  ce  mois  , ou  i!  en  croit  en  abondarrce. 


47 


F ï.  E tr  R î s T)  E> 
JUILLET. 


Quant  aux  plantes  qu’on  doit  tranfplanttr  en 
ce  mois  , ce  feront  les  memes  que  celles  dont  on 
a parlé  dans  le  précédent. 

La  graine  de  cyclaments  printaniers  fe  recueille 
&femeauffi-tôtenpots,  Cemois  efi  propre  à mar- 
cotter les  œillets , à arrofer  amplement  & fouvent 
les  fleurs  de  la  faifcn  , & à farder  les  herbes  qui 
leur  nuifent. 


On  feme  les  anémones  au  commencement  de 
ce  mois  , ainfi  qu’on  le  dira  dans  fon  lieu  ; on 
plante  les  anémones  fimpîes. 

C’eft  auffi  dans  ce  mois  qu’on  feme  les  nar- 
ciffès  Sl  les  hyacinthes  orientales. 


On  feme  & on  plante  dans  ce  mois  les  plantes 
que  voici. 

Lijle  des  plantes  qu'mon  feme  ^ qiûon  plante  en  ce 


AOUT, 


S E P T E M B R E. 


mois. 


Les  anémones. 

Les  tulipes. 

Les  narciiïês. 

Les  thlafpis  de  Candie. 
La  praxinelle. 

Le  mufîe  de  lion. 

Les  épatiques. 

Les  foucis. 

La  feabieufe. 

Les  fretillaires. 


Les  renoncules 
Les  digitales. 
Les  juliennes. 
Les  alaternes. 
Les  ancolites,. 


L’ornithogalono. 
Les  iris. 

Les  hyacintfaeso 


L’eringiurn  piarium. 


L’argemone. 


68  L s J A R 

Les  cyannusde  toutes  for- 
tes. 

Le  colehîde  automnal. 

Le  panican  ou  chardon- 
roland. 

Les  immortelles. 

Les  pieds  d’alouette# 

Les  campanules. 

Lemufcipula* 

Les  œillets  de  Poëte. 

La  nielle  de  Damas  ^ 
très  efpeces. 


D 1 N 1 E K 

La  .giroflée  jaune. 

Les  pavots. 

Les  oreiliea  d’ours. 

La  couronne  impériale.^ 
Le  faarza  odorant. 

Les  molys. 

Les  ambrettcs. 

Les  cyclaments. 
L’orchis  ou  fatyrîon/ 
Le  coquelicot, 
i-  Le  chamæris. 


i 

! 

I 

I 


Toutce  travail  Te  doit  pratiquer  félon  toutes  les  j 
réglés  que  demande  la  véritable  culture  des  fleurs.  1 
Un  Jardinier  doit  fe  difpofer  aufli  à planter  en  . 
ce  mois  , foit  en  pleine  terre  ou  en  pot , les  anié- 
mones  , lès  renoncules  & les  narciiïès  , & atten-  || 
dre  pour  cela  q^ue  quelque  pluie  ait  humedé  la  terre# 


OCTOBRE. 


Suppofe  que  le  Jardinier  Fleuriflenait  pas  femé 
en  Septembre  toutes  les  plantes  dont  on  vient  de 
parler , if  ne  doit  point  s’alarmer  pour  cela  , putf- 
qu’il  peut  le  faire  dans  le  mois  d'Odobre. 

I!  plantera  aufli  les  anémones  & les  renoncules 
de  toutes  fortes,  les  lys  , les  impériales  , les  mar^ 
tagonSjX^s panaches  de  P erfe  îonquiltes  & lès 

narcijfes, 

NOVEMBRE. 


S’il  y a quelque  Fîeurifle  nonchalant , qui  dans 
les  mois  de  Septembre  & Odobre  n’ait  pas  fait 
les  ouvrages  qui  y fout  marqués,  il  pourra  y fup- 
pléer  en  ce  mois» 


? î.  E 0 H î s T E.  6<^ 

îî  mettra  fes  arbrifleaux  & autres  plantes  à 
couvert  des  rigueurs  du  froid  , qui  eft  leur  en- 
nemi mortel , dès  le  commencement  de  ce  mois, 
s’il  ne  l’a  fait  à la  fin  d’Oâobre. 

Il  vifitera  de  temps  en  temps  fon  jardin , pour 
voir  s’il  ne  fera  point  arrivé  quelqu’accident  aux 
plantes  qu’il  contient,  afin  d’y  remédier,  s’il  efl 
poffible  5 plutôt  que  plus  tard. 

II  plantera  des  oignons  de  tulipes  ; la  feifon  y ' 
eft  três-favorabîe. 

DÉCEMBRE. 

Dans  ce  mois  où  le  froid  ordinairement  a cou- 
tume de  fe  faire  fentir,  un  Jardinier  Fleurifte  n’a 
prefque  rien  à faire , qu’àfonger  à aller  voir  dans 
fa  ferre  fi  les  gelées  n’y  gâtent  rien  , fi  les  rats  ne 
rongent  point  les  graines  de  fleurs  qu’il  a pris 
tant  de  peine  à ramaflèr. 

S’il  s’apperçoit  que  le  froid  foit  trop  violent , 
il  redoublera  fes  foins  pour  en  garantir  les  arbrif- 
féaux  ; & pour  cela  il  fera  provifion  de  pailIafTons 
& de  grand  fumier , pour  bien  calfeutrer  les  ou- 
verture de  la  ferre. 

Voilà  les  ouvrages  qu’un  Jardinier  Fleurifte 
doit  faire  durant  toute  l’année.  On  peut  dire  après 
que,  lorfqu’i!  n’a  rien  épargné  de  fes  foins,  & 
qu’il  a tenu  un  bel  ordre,  le  pîaifir  qu’il  tire  de 
fes  plantes  , dédommage  toujours  des  peines  qu’iî 
a prifes  en  les  cultivant. 


La  Jardinier 


P 


CHAPITRE  XIII. 

De  la  culture  particulière  des  fleurs  dans  le  mois 
de  Septembre. 

I.  Des  anémones. 

N fuppofe  ici  des  planches  bien  dreffees  pour 
y élever  des  anémones,  & une  terre  prépa- 
rée comme  on  le  va  dire  ; car  c’eft  de  cette  terre 
d’abord  que  dépend  une  partie  de  leur  beauté  : 
Yoici  comme  elle  eft  compofée. 

De  la  maniéré  de  préparer  la  terre  pour  les 
anémones^ 

Pour  compofer  une  terre  convenable  à la  na- 
ture de  ces  fleurs  , voici  ce  que  les  plus  expéri- 
mentés obfervent. 

On  fait  cinq  monceaux  égaux  de  fable  jaune  ; 
troisautres  auffi  gros  de  terre  à potager , & quatre 
autres  de  pareil  volume  de  terreau  de  couche  bien 
confommé  ; enfuite  on  mêle  toutes  ces  terres  en- 
femble  avec  des  pelles  & à force  de  bras.  On  compo- 
fe  de  cette  terre,  tant  qu’on  juge  en  avoir  befoin. 
Il  faut  toujours  que  ce  foit  une  année  avant  que  de 
s’en  fervir  , & la  faire  paflér  à la  claie  tous  les  mois. 

D’autres , par  une  voie  plus  prompte,  fe  con- 
tentent de  compofer  cette  terre  un  mois  feulement 
avant  que  de  l’employer  , ou  incontinent  même 
qu’elle  eft  mixtionnée  ; cela  abrégé  bien  du  che- 
min, & on  confeille  de  fuivre  cette  maxime. 

Plus  cette  terre  eft  paffée  à la  claie , plus  elle  efl 


F î.  » ü R t s T ¥,»  71 

légère,  & meilleure  eft-elle  pour  les  anémones. 

Avant  que  de  mettre  cette  terre  compofée  fur 
la  terre  naturelle  du  jardin  , il  faut  obferver  fi 
celle-ci  eft  légère  ou  fablonneufe  : cela  étant  , on 
n’a  qu’à  couvrir  cette  terre  de  celle  qui  eft  com- 
pofée, de  la  hauteur  environ  d’un  demi -pied.  Si 
au  contraire  cette  terre  eft  humide  ou  forte  , iî 
faut  creufer  les  planches  d’un  demi -pied,  & en 
remplir  la  moitié  de  fable,  & l’autre  de  la  terre 
mixtionnée  , à un  demi-pied  de  haut  ; après  cela 
on  y feme  les  anémones  comme  on  le  va  dire. 

Pour  fuppléer  au  terreau  de  couche  , on  peut 
îê  fervir  d’un  autre  compofé  d'herbes  pourries 
de  longe -main  , de  feuilles  d’arbres  & d’autres 
ingrédients  de  cette  forte , le  mêler  avec  la  terre 
naturelle , & pafTer  le  tout  à la  claie. 

De  la  maniéré  & du  temps  de  femer  les  anémones^ 

Pour  femer  heureufement  quelque  graine  que 
ce  puifle*être,  il  faut  toujours  qu’elle  foit  mûre  ; 
la  marque  qu’en  donne  celle  des  anémones , eft 
lorfque  détachée  de  l’endroit  où  elle  a pris  naif- 
fance,  elle  femble  vouloir  tomber  ^ & être  prête 
â s’envoler  au  moindre  vent. 

Cette  graine  recueillie  en  cet  état,  fe  feme  au 
mois  d’Août , ou  au  commencement  de  Septem- 
bre ; il  eft  bon  de  favoir  qu’il  n’y  a que  les  ané- 
mones fimples  qui  donnent  de  la  graine. 

Les  planches  deftinées  pour  ces  fleurs  étant  pré- 
parées comme  on  a dit , on  en  met  la  graine  dans 
un  petit  fac  de  cuir  qu’on  ferme , n’y  laiflant  qu’une 


i 

71  te  Jardi^^iêR 
ouverture  à fourrer  trois  doigts  ; puis  on  prend 
ce  fac  entre  fes  deux  mains  , on  le  preflTe  par  fe- 
coulTes  de  la  même  maniéré  qu’on  fait  agir  un 
foufSet  ; le  vent  que  rend  ce  fac  ainfi  preffe , fait 
envoler  la  graine  qu’il  contient  auiïi  à claire-voie 
qu’il  faut  pour  être  bien  femée.  Il  faut  ainfi  pro- 
mener ce  fac  tout  le  long  de  la  planche. 

Lorfqu’on  juge  qu’elle  efiaffez  garnie,  on  prend 
de  la  terre  mixtionnée  qu’on  paffe  defllis  à travers 
un  crible,  jufqu’à  ce  que  la  graine  foit  affez  cou- 
verte. 

Cela  fait , on  a de  la  grande  paille  qu’on  répand 
fur  la  planche femée,  environ  répaiffeur  d’un  quart 
de  doigt , après  en  avoir  uni  la  fuperficie  avec  la 
main  ; enfuite  on  l’arrofe  amplement. 

Quinze  jours  ou  trois  femaines  après  que  les 
anémones  font  femées  on  ôte  la  paille  : il  fe  peut 
que  dans  ce  temps  les  anémones  commencent  à le- 
ver ; quelquefois  aufii  elles  tardent  davantage.il 
ne  faut  point  s’impatienter  jufgu’à  fix  femaines. 

Si  les  anémones  ont  été  bien  femées,  elles  fleu- 
riront au  mois  de  Mars  fuivant , ou  dans  celui 
d' Avril  ; puis  on  en  déplante  les  pattes  au  mois 
de  Juin  , lorfque  les  feuilles  en  font  feches.  Cela 
fe  fait  tous  les  ans  , parce  qu’elles  pourriroient  : 
on  les  conferve  hors  de  terre  , comme  les  autres 
oignons , jufqu’au  temps  de  les  planter  : voici 
comment  on  les  déplante. 

Comment  déplanter  les  pattes  d^anémonesm 

On  creufe  la  planche  où  elles  font , environ 

trois 


FtEÜRîSfEe  73 

erôîs  do’gts  de  profondeur  j & tout  du  long  ; &, 
à mefure  qu’on  remue  la  terre,  on  îa  met  fur  ua 
drap , jufqu’à  ce  que  le  tout  foit  achevé. 

Enfuite  on  manie  cette  terre,  pour  la  détacher 
entièrement  ; on  en  met  dans  un  crible  ^ qu’on 
païTe  fur  la  planche  creufée  , de  maniéré  qu’il  n’y 
refte  plus  que  les  pattes  des  nouvelles  anémones, 
qu’on  appelle  pour  lors  pois» 

Lorfque  ces  pois  font  ainfi  ramalTés  , on  les 
porte  dans  un  lieu  aéré  & fec,  on  les  y laiffe  juC- 
qu’au  commencement  de  Septembre,  qu^on  drefle 
de  nouvelles  planches,  comme  on  le  va  dire. 

Cette  méthodè  de  multiplier  les  anémones  eft, 
proprement  parlant,  une  pépinière  , où  la  nature 
fe  jouant  agréablement,  de  fimpîes  qu’en  étoient 
les  fleurs  lorfqu’on  eti  a femé  la  graine  , elles 
deviennent  quelquefois  doubleSb  Lorfque  cela  ar- 
rive , un  Fleuriflé  dît  : j’ai  gagné  une  , deux  ou 
davantage  d’anémones,  félon  qu’elles  méritent 
être  confidérées.  Alors  , un  Jardinier  curieux 
les  marque,  afin  que  la  troifieme  année  qu’on  les 
leve , il  les  mette  dans  des  endroits  féparés  des 
communes. 

De  la  maniéré  de  planter  les  anémones  dans  les 
plates-bandes  ou  découpés  de  parterres» 

On  fuppofé  que  ces  pièces  foient  remplies  d’une 
terre  convenable  aux  anémones  ; cela  obfervé , on 
prend  un  cordeau,  on  l’étend  le  long  de  la  plate- 
bande  , & le  long  de  ce  cordeau  on  trace  légère- 
L Partie;,  D 


74  l'E  Jardinier 

ment  un  rayon,  puis  un  autre,  & enfuite  un  troî® 

lieme,  disants  !es  uns  des  autres  de  quatre  pouces. 

Après  cela  on  leva  le  cordeau  , on  le  pofe  de 
travers  fur  la  plate-bande  pour  tracer  une  ligne  , 
puis  une  autre,  & continuer  ainfi  jufqu’au  bout 
de  la  plate-bande  ou  autre  piece  de  jardin  , de 
maniéré  que  la  terre  en  paroilTe  maillée  de  la  lar- 
geur de  quatre  pouces,  ainfi  qu’il  eft  marqué  par 
la  figure,  page  38. 

Ces  mefures  ainfi  prifes,  on  met  les  pattes  dans 
chaque  encoignure  des  quarre's;  il  ne  faut  les  met- 
tre que  trois  doigts  avant  en  terre , toujours  fur 
le  côté  le  plus  large,  & toujours  la  fente  en  bas. 

Lorfqu’on  veut  planter  les  anémones  avec  goût, 
il  faut  mettre  d’abord  les  incarnates,  enfuite  les 
couleurs  de  feu  , après  les  blanches , les  violettes , 
les  bizarres,  les  brunes,  les  panachées,  lespiâées, 
les  nuancées , & avoir  foin , h chaque  pied  où  l’on 
verra  des  tiges  foibles , de  les  couper  pour  donner 
plus  de  force  & de  nourriture  aux  autres  tiges. 

Ce  n’efi:  pas  feulement  en  pleine  terre  qu’on 
plante  les  anémones,  on  en  met  encore  en  pots  , 
un  ou  deux  dans  chacun,  félon  qu’ils  font  grands; 
on  n’agit  ainfi  de  précaution, qu’au  cas  qu’il  y ait 
des  anémones  qui  viennent  à manquer  : on  trouve 
dans  ces  pots  de  quoi  remplir  les  vuides,  dont  on 
s’apperçoit  trois  femaines  après  qu’elles  ont  été 
plantées. 

La  meilleure  faifon  pour  planter  les  anémones, 
cü  depuis  la  mi-Septembre  jufqu’au  quinze  d'Oc- 


!F  t E ü R î s ^ Eo 

lobrê  ; cependant,  pour  en  âvoir  une  bonne  par- 
tie'de  TEté  , on  en  plante  aux  mois  de  Mars  & 
d’Avrih 

Avant  que  de  mettre  èii  terre  les  pattes  d’ané- 
mones, on  les  nettoie  de  leurs  pourritures,  & on 
en  détache  les  cayeux  ; enfuite  on  les  plante  dans 
un  endroit  fort  êxpofé  au  foleil^  & point  om- 
brage'. Si  Pautomné  eft  fecîie  , on  aura  foin  d’ar- 
rofer  les  anémones  : fi  ^ aü  contraire  , elle  efi  plu- 
vieufe  , il  faudra  les  couvrir  de  paillafTotis  , parce 
que  les  pluies  trop  fréquentes  leur  font  préjudi- 
ciables. On  arrofe  encore  les  anémones  depuis  le 
mois  de  Mars,  jufqu’à  ce  qu’elles  donnent  leurs 
fleurs. 

Quoique  [es  anémones  ne  craignent  point  beau- 
coup le  froid , il  efl:  bon  néanmoins,  quand  il  eft 
trop  âpre  , de  couvrir  ces  jeunes  plantesdegrand 
fumier  fec  , ou  de  grande  paille  , & de  mettre 
en  lieu  de  fûreté  les  pots  où  il  y aura  de  ces 
plantes. 

Lorfque  le  temps  s’adoucit , on  découvre  les 
anémones,  & on  les  recouvre  file  froid  redouble. 
Aü  refte  , c’eftà  la  prudence  du  Jardinier  , & à 
fon  indufirie , à juger  du  temps  qu’il  doit  donner 
ainfi  fes  foins.  Voici  une  figure  d’une  patte  d’ané- 
mone, afin  que  ceux  qui  ne  font  pas  au  fait  con- 
noiiTent  ce  que  c’eft* 


Voici  !a  maniéré  de  connoîcre  ce  que  c’efè 
lii  qu’utie  belle  anémone* 

Des  marques  véritables  d*une  belle  anémone. 

Une  anémone  eft  belle  , & mérite  d’étre  ap- 
pellée  ainfî,  lorfque  !a  hauteur  de  fa  tigeeft  pro- 
portionnée à !a  hauteur  de  fa  fleur , qu’elle  efl  aflèz 
forte  pour  la  porter  fans  être  courbée , & que  fes 
couleurs  font  vives  & bien  luflrées* 

On  l'eflime  lorfqu’avec  cet  avantage  elle  a la 
feuille  crépue  , la  touffe  baffe  & bien  garnie, que 
fa  peluche  forme  une  maniéré  de  dôme , & efl 
accompagnée  de  bien  des  béquillons  qui  s’arron^ 
diffent  un  peu  vers  le  cœur. 

; La  beauté  de  cette  fleur  confiffe  dans  fa  grof- 

feur  & dans  fa  rondeur,  fur -tout  lorfque  les 
grandes  feuilles  furpaffent  un  peu  la  groffeur  de 
la  peluche. 

Une  anémone  n’eff  point  parfaite  que  I^extré- 
mité  de  fes  grandes  feuilles  ne  Toit  ronde.  Il  faut 
que  fes  béquillons  aient  les  leurs  de  même,  & 
qu’ils  foient  larges  : c’eft  un  défaut  lorfqu’ils  font 


P t E Ü R I s T E..  77 

ftroîts*  te  cordon  de  la  fleur  doit  un  peu  frapper 
îa  vue,  & être  à niveau  des  premiers  béquillons  j 
& , lorfque  par  fon  épaifleur  il  repréfenfe  une  ma-- 
niere  de  bourlet , l’anémone  eft  défeâueufe. 

Tout  grain  qui  paroîtfur  une  anémone  eft  une 
difFormicé,  Ce  cordon  doit  être  de  couleur  diffé- 
rente de  ces  grandes  feuilles  & de  fa  peluche  ÿ 
autrement  c’eft  un  défauto 

Obfervations» 

î!  y a des  anémones  qui  pouffent  trop  en  feuiî- 
îes,  fans  donner  de  fleurs  ; c’eft  un  inconvénient 
auquel  il  faut  remédier  ; & , pour  cela,  on  les 
éclaircit  , afin  que  celles  qui  reftent  profitent 
mieux  des  fels  de  la  terre,  & produifent  des  fleurs 
avec  moins  de  feuilles* 

Il  arrive  auffi  quelquefois  que  les  anémones  fe 
moififfent  à l’endroit  des  vieilles  racines , ce  qui 
fe  remarque  lorfqu’on  donne  une  chiquenaude 
fur  la  patte  ; fi  elle  fonne  creux , & qu'il  y ait  de 
petits  trous,  i!  faut , avec  la  pointe  d’un  couteau , 
couper  le  mal  jQfqu’au  vif,  & rendre  uni  l’en- 
droit où  fe  fait  cette  incifion  : il  y croît  après  cela 
de  nouvelles  racines  qui  ravivent  îa  plante. 

On  faura  qu’il  ne  faut  point  jetter  les  racines 
qu’on  a coupées  ; car  il  arrive  quelquefois  qu’é« 
tant  replantées,  elles  donnent  des  fleurs  dans  leur 
temps.  L’incifion  qu’on  a faite  aux  anémones  doit 
être  incontinent  couverte  de  poix«réfine , mêlée 
avec  de  la  cire  *,  cela  empêche  qu’elles  ne  ù gâtent 

D 3 


78  £ 1 J A R D I î ï R 

Les  pattes  d’anémones  peuvent  fe  confervef 
hors  de  terre  deux  ou  trois  ans  fans  fe  gâter  , en 
les  mettant  dans  un  endroit  fec , parce  qu’elles 
ne  poufiTent  point  comme  les  oignons, 

1 1.  De  la  couronne  impériah* 

Y A couronne  impériale  eft  une  plante  bulbeufe 
•^qui  fe  multiplie  de  deux  maniérés  j par  fa 
îèmence  & par  fes  oignons. 

On  feme  cette  plante  dans  le  mois  d’Août  , & 
peu  de  temps  après  qu’on  a recueilli  la  graine  : 
cette  voie  eft  un  peu  longue  ; il  faut  l’abréger  , 
& pour  cela  on  en  plante  les  oignons  dans  le  mois 
de  Septembre  ou  d’Oélobre, 

Lorfque  la  faifon  de  faire  cet  ouvrage  efl:  ar-» 
rivée  ^ on  creufe  en  terre  un  trou  de  la  largeur 
environ  d’un  chapeau  , qu’on  emplit  de  terre 
naturelle  , mêlée  avec  du  terreau  ou  du  fumier 
de  mouton  ; enfuite  on  prend  i’oignon  , qu’on 
plante  & qu’on  couvre  environ  un  demi-pouce 
de  haut  ; cela  fait,  on  lui  laifTe  pouflèr  fa  tige  & 
donner  fa  fleur  au  Printemps. 

L’on  ne  déplante  point  les  oignons  de  cou- 
ronne impériale  , à moins  que  ce  ne  foit  pou^ 
les  replanter  tout  de  fuite  ailleurs  , ou  pour  en 
êtes  les  cayeux  ; alors  on  les  replantera  auffi-tôf.. 
Ces  oignons  n’ont  pas  de  robe. 

La  couronne  impériale  eft  une  fleur  de  la 
moyenne  efpece,  dont  on  n’emplit  point  des  pie-^ 
ces  entières  de  jardin  ; on  en  met  feulement  dans 


F L E ü R ï s T g,  7Ÿ 

le  milieu  de  plates-bandes,  à longues  diftances  ^ 
& entremêlées  d’autres  fleurs  aulfl  de  moyenne 
cfpece. 

TI  y a plufieurs  efpeces  de  couronnes  impéria^ 
les  ; favoir  la  commune , qui  naît  avec  un  Ample 
rang  de  fleurs  de  couleur  jaune. 

Il  y en  a une  autre  qui  n’a , à la  vérité,  qu’un 
lèul  rang  de  fleurs  ; elles  font  d’un  rouge  de  cou- 
leur d’écrevifles  lorfqu’elles  font  cuites  : cette 
efpece  eft  plus  eftimée  que  la  première. 

L’impériale  fimpleàfleur  rouge-clair,  & dont 
la  moitié  eft  d’un  jaune  rougeâtre , eft  encore  fort 
eftimée. 

L’impériale  double  eft  la  plus  recherchée  & la 
plus  rare  ; fes  fleurs  naiflènt  difpofées  en  maniéré 
de  couronne,  au-deflus  defquelles  paroît  un  bou^ 
qiiet  de  feuilles  : chaque  fleur  eft  un  lys  à fix 
feuilles , formant  une  efpece  de  cloche. 

III.  Des  Tulipes. 

Maniéré  de  les  multiplier  de  graine, 

V A tulipe  fe  multiplie  de  femence  ; elle  fe  re- 
jLicueille  en  Automne  aux  tulipes  de  couleur  : 
on  nomme  ainfi  les  tulipes  venues  de  graines , 
parce  qu’elles  ont  une  couleur  toute  unie  , fale  , 
& pour  l’ordinaire  aflez  bizarre, 

La  tulipe  panachée  eft  celle  qui  , après  avoir 
été  unie  pendant  quelques  années  , devient,  ou- 
tre fa  couleur  , mélangée  de  certain^traits  blancs 
OU  jaunes  , plus  ou  moins  larges , & pour  l’or- 

D 4 


So  Le  Jardinier 
dinaire  féparés  par  des  filets  noirs.  Lorfqu’elîç 
revient  tous  les  ans  nettement  panachée  , on 
la  nomme  tulipe  parangonnée.  Ceft  auffi  daaj 
cette  faifon  , depuis  la  mi -Septembre  jufqu’aa 
commencement  du  mois  de  Novembre  , qu’on  la 
feme  : on  peut  encore  femer  les  tulipes  aq 
Printemps. 

Il  faut  une  terre  convenable  aux  tulipes  ; & 
pour  cela  , outre  la  terre  naturelle  du  jardin  , on 
prend  du  terreau  de  couche , on  mêle  bien  le 
tout  Fun  avec  Fautre  ; on  le  met  en  monceau  , 
plus  ou  moins  gros  qu’on  le  juge  à propos.  Aprè§ 
que  cette  terre  eft  ainfi  mêlée , on  la  crible  fur 
les  planches  deftinées  pour  les  tulipes  : il  en  faut 
un  doigt  d’épaifleur  , puis  on  feme  la  graine  ai> 
tant  à claire-voie  qu’il  eft  poflible. 

Cette  graine  étant  femée  s,  on  crible  encore  de 
la  même  terre  par-deilus  , pour  la  couvrir  juf- 
qu’à  l’épaifTeur  d’environ  un  demi-doigt , ce  qui 
fuffit  pour  la  faire  germer. 

Au  mois  de  Mars , que  les  tulipes  commen- 
cent à lever  , il  faut  les  farder,  crainte  que  les 
méchantes  herbes  ne  les  empêchent  de  croître. 

Lorfque  les  tulipes  font  levées  > outre  le  pre- 
mier foin  dont  on  vient  de  parler  , çes  plantes 
exigent  encore  de  nous  des  arrofements  , particu- 
liérement durant  les  grandes  chaleurs;  & , comme 
il  faut  qu’elles  refient  deux  années  en  terre  fans 
qu’on  les  leve , on  a foin  , lorfque  leurs  fane? 
font  féchées , de  cribler  encore  de  1^ 


F L E ü R I s t Ea  Si 

üîsiTus , a répaifleur  d’un  doigt  ; &, après  les  deux 
ans  accomplis  , on  enleve  les  oignons  ^ qu’on 
plante  comme  on  le  dira. 

Cette  méthode  avance  de  beaucoup  îa  produc- 
tion de  leurs  fleurs  ; & ce  n’efï  pas  qu’on  puiflè 
guere  en  attendre  avant  cinq  à fix  ans. 

Maniéré  de  multiplier  les  tulipe  s parleur  s oignons^,. 

Pour  fuivre  l’ordre  de  la  nature  5 en  donnant 
des  inftrudions  fur  la  culture  des  tulipes  5 on 
fuppofe  des  pièces  de  parterres  , ou  autres  com’- 
partiments  de  jardins,  garnis  de  la  terre  dont  on 
a parlé  , & accommodés  en  dos  da  carpe  ; on 
trace  ces  pièces  , comme  on  a dit  à Farride  des 
anémones , page  73,  & on  y plante  les  oignons, 
de  même  maniéré  ,, trois  doigts  avant  en  terre. 

Le  temps  de  les  planter  eft  aulfi  depuis  le  quinze 
de  Septembre  jufqu’à  la-  fin  de  Novembre.;  lors- 
que ces  oignons  font  plantés  , on  les  couvre  de 
grand  fumier  fec  ou  de  grande  paille , pour  fcs 
garantir  des  gelées  puis  on  les  découvre  lorP- 
que  rhiver  eft  paflTé., 

Dans  le  mois  de  Mars  ,.que  les  oignons  com^' 
mencent  â pouffer  ,.on  les  farcie  on  les  arrofe 
lorfque  le  befoin  Fexige. 

Les  oignons,  de  tulipes  reftent  en  terre  trois 
années  durant  îefquelles  on  prend,  foin  de:  les- 
©ulrver  ce  temps  fini , on  les  déplante,  de.  k 
maniéré  que:  voicia. 

PreueZi  Line  houlette  de  Jardinier  ,,enfoncez-k 

B 5 


gi  Lt  Jarsiwiîîr 
en  terre , plus  bas  que  les  oignons  que  vous  voîî^ 
îez  déplanter , & un  peu  à côté  , & les  enlevez  ; 
féparez-en  la  terre  : continuez  ainfi  jufqu’à  ce 
que  Touvrage  foit  entièrement  achevée 

On  déplante  les  tulipes  lorfque  leurs  fanes  font 
feches  ; & , lorfque  les  oignons  font  hors  de  terrej, 
on  les  porte  dans  un  endroit  aéré  , ou  néanmoins 
le  foleil  ne  donne  point.  On  prendra  garde  de 
ne  les  point  mettre  les  uns  fur  les  autres.  Avant 
de  les  replanter,  il  faut  détacher  tous  les  cayeux 
qui  tiennent  aux  maîtres  oignons , & en  faire- 
une  pépinière  particulière  fur  des  planches , cou- 
vertes d’une  terre  compofée  comme  on  a dit.  îî 
îi’eft  pas  nécelTaire  de  tracer  ces  planches  comme 
pour  les  oigRons  ; il  fuffit  que  ces  cayeux  foient 
plantés  fur  des  raies  tirées  au  cordeau , à deux 
doigts  l’un  de  l’autre.  Ces  cayeux  reftent  ainS 
deux  ou  trois  ans  , jufqu’à  ce  qu’ils  foientaffez 
gros  pour  être  mis  en  place  & nous  donner  des 
fleurs. 

Quoique  !a  tulipe  foit  robufte  , i!  efî  nécelTaire 
de  couvrir  les  beîîes  dans  les  gelées  , dans  les 
grandes  pluies  & dans  îe  grand  foleil , qui  abrégé 
leurs  jours.  Sa  fleur  cîure  douze  ou  quinze  jours  ^ 
à moins  que , pour  en  avoir  plus  long-temps  ^ 
on  n’en  ait  planté  en  différentes  fois. 

îi  faut  couper  les  tiges  des  belles  tulipes  8t  des 
panachées  auffi-tot  que  la  fleur  efl:  paffee  , & ne 
pas  les  laifier  monter  en  graine.  L’oignon  s’en 
trouve  beaucoup  mieux  : on  lèvera  de  terre  tous 
les  ans  ces  tulipes  rares^ 


F E E ü R r s T E.  83 

torfqu’on  veut  mettre  des  oignons  de  tulipes 
âans  des  plates-bandes  , il  faut  toujours  les  pla^ 
cer  proche  du  trait  du  buis  , parce  que  la  terre 
étant  plus  ferme  fur  les  bords  que  dans  le  refie 
de  la  pîate-bande  , ces  oignons  s’y  enfoncent 
moins  , étant  de  leur  naturel  portés  à le  faire. 

Oh  fer  vat  ions*. 

Pour  avoir  de  la  graine  de  tulipe,  dont  on 
puilTe  tirer  quelqu’avantage  , il  faut  en  laiiTer  de; 
celles  qui  font  les  plus  belles  & les  plus  grofîès,. 
afin  qu’étant  d’une  belle  efpece  ,on  ait  lieu  d’en 
efpérer  de  femblables  , quoique  , malgré  cette 
précaution  , îa  nature  fouvent  nous  trompe. 

Le  caprice  de  cette  mere  commune  fe  fait  re- 
marquer à l’égard  des  tulipes , non  - feulement 
par  rapport  aux  couleurs  , mais  encore  au  fujet 
du  temps  qu’elles  fleiiriffent , puifque  de  prin- 
tanières qu’elles  font , elles  deviennent  tardives 
après  qu’elles  ont  été  femées  : ainfi  , à parler  vé- 
fitabîement , on  ne  fait  qu’attendre  des  tulipes 
quand  on  en  feme  ; e’eft  un  hafard  quand  on  m 
gagne  quelqu’une  qui  mérite. 

Les  tulipes  fe  mêlent , dans  les  jardins  ^ par- 
mi leshyacinrhes  & les  narcifîès, fur-tout  dans ceim 
qui  font  fpacieux  , où  on  n’a  pas  tant  d’égard  h 
îa  beauté  des  tulipes,  qu’à  la  diverfité  de  toutes^ 
fortes  de  fleurs  qu’on  y recherche  , & qui  y fuc- 
cedent  les  unes  aux  autres.  Il  n’y  a que  dans  les 
petits  jardins  qu’bn  peut  obferver  de  ne  plantœ 

B & 


84  Le  Tardînïer 
fes  tulipes  que  dans  des  pièces  particulières# 

On  ne  peut  condamner  certains  Fleuriftes  qui 
plantent  les  tulipes  fans  aucun  ordre  Sc  dans  la 
première  terre  qu'ils  trouvent  , pour  après  les 
abandonner  aux  feuls  foins  de  la  nature  ; on  no 
pardonne  cette  négligence  qu’à  ces  Jardiniers 
groffiers  ^ qui  n’ant  nul  gofit  pour  la  difpofi-* 
don  des  fleurs  dans  un  jardin  , & qui  ne  con«» 
noilTent  point  îa  beauté  d’une  tulipe  : il  n’y  a 
qu’à  lire  ce  qui  luit  pour  Fapprendre#, 
D.efcription  d^une  belle  tulipe. 

Une  tulipe  qui  pafle  pour  être  belle,  a pout 
F ordinaire  fix  fçuilles  5.  trois  dedans  , trois  de*»* 
hors  toutes  bien  épailTès  : les  premières  doivent 
être  plus  larges  que  les  autres.. 

Une  forme  camufe  dans  une  tulipe , eft  préfé- 
rable à,  celje  qui  fe  termine  en  pointe  ^ & dont 
le  bas  eft  proportionné  en  largeur  au  haut  : iî 
faut  que  celui-là  monte,  en  s’évafant  un  peu. 

Quand  uae  tujipe  a,  fa  forme  ^ fon  verd  mé- 
diperernent  grands  c’eft  une  bonne  marque  5. 
ainfi  que  lorfque  fa  largeur  y efl  proportiorî-» 
née-,  & que  le  verd  paroîc  un  peu  frifé  & ao^-^ 
çompagné  de  petites  rayures.. 

Toute  tulipe  qui  paroîc  belle  larfqu’elîe,  entr^ 
çn  fleur  , n’eft.  point  eftjmée  ;JI  faut  attendre 
deux  ou  trois  jours  après  pour  en  juger  plus  fai-^ 
nementr 

Lorfqu’une  tulipe-  s’puvre  avec  des  feuilles 
rtuverfées  çi\  dedans  ou  en  dehors  , on  r/en  fak 


P s,  Ê if  E î S- T ê:.,  8'î 

|K)înt  de  cas  ^ ainfi  que  lorfque  les  feuilles  fauC 
trop  minces. 

tes  tulipes  dont  le  calice  a peu  de  dos  , foat  à- 
préférer  à celles  qui  en  ont  beaucoup<t 

Entre  les  tulipes  les  plus  eftiniées  , on  fait  caS; 
de  celles  dont  le  coloris  eil  luftré  & fariné.  Les 
rouges  de  couleur  de  feu  à fond  blanc  , les  bi«^ 
barres  , les  panachées  avec  force  incarnat 
hs  jaunes  panachées  de  gris  , font  les  plus  belles^ 

On  fait  cas  des  tulipes  à petit  fond,  parce  que; 
îes  panaches  quiy  naiffenc  en  font  toujours  beaux 5, 
principalement  quand  ils  font  d’une  même  cou-" 
leur  dedans  & dehors. 

Toute  couleur  dans  une  tulipe  eft  agréable  a- 
îa  vue , lorfqu’elie  n’eft  point  brouillée  fur  la 
plaque  J ou  q^ue  les  panaches  eu  font  bien  par* 
tagés'. 

Pour  qu’une  tolipe^  foit  parfaite  , il  faut  que 
fes  étamines  foient  de  couleur  brune  , & noa 
pas  jaunes  ; pour  les  pivots  3,  il  n’importe  com-* 
me  ils  foient. 


I Y.  J?^s  thlafpiso^^ 

"g*  L y a deux  fortes  de  thiarpis  , de  vivace  Sâ 
d’annueî.. 

Cette  plante  fè  multiplie  de  graine  ; on  là 
feme  en  Septembre  ou  en  Mars , en  pleine  terr« 
ou  fur  couche  ; la  terre  où  on  h mettra  fera  biea 
labourée  & couverte  d’un  peu  de  terre-au  : il 
faut  femer  cette  graine  a claire- voiej. 


^ Le  Jarrtîtîer 
On  tranfplante  le  thlafpis  au  mois  d’Avrîî^ 
lorfque  ïe  jeune  plant  efl:  afTer  fort.  C’efl:  une 
fleur  qu’on  cultive  pour  fervir  d’ornement  dans 
les  parterres  ; on  en  garnit  les  grandes  plates- 
bandes  , ee  qui  leur  donne  de  ragrément , prin^ 
cipalement  lorfque  cette  fleur  y eft  plantée  avec 
fymmétrie  : elle  fleurit  dans  le  mois  de  Juin, 

Le  thlafpis  eft  une  plante  délicate  ; quand  it 
eft  jeune , il  faut  Tarrofer  pour  lui  faire  pren- 
dre une  belle  croiflance , & le  garantir  des  mau- 
Taifes  herbes  : fa  femence  eft  plate  ^ de  couleur 
rouge  d’abord  j,  mais  qui  devient  noire  lorfqu’elle 
eft  mûre. 


V*  Des  renoncules^ 

A R M î les  fleurs  qui  font  l’ornement  dè& 
jardins , la  renoncule  eft  une  des  plus  efti- 
mées  : elle  dégénéré  moins  que  l’anémone.. 

Cette  fleur  fe  plante  au  mois  de  Septembre  5, 
dans  une  terre  graffe  , mêlée  d’un  peu  de  cen- 
dres de  bois  pourri.. 

Il  faut  faire  tremper  les  griffes  de  renoncules 
dans  l’eau  durant  vingt  - quatre  heures  , afim 
qu’elles  germent  plutôt;  & 5poar  planter  artifte- 
ment  les  renoncules  ^ il  faut  fuivre  la  méthode 
qu’on  a preferite  pour  les  anémones.  Voye\  la- 
page  73.  Voici  une  figure  d’une  griffe  de  re- 
noncule , afin  que  ceux  qui  ne  font  pas  au  fait: 
connoiireiît  ce  que  c’éft;». 


F £ t U ït  t s T B- 


tes  renoncules  veulent  être  plantées  deu^ 
doigts  avant  dans  terre  ^ & à quatre  de  diftan-  i 

ce  Fune  de  Fautre  ; on  fe  fcrt , pour  les  piano- 
ter , d’un  plantoir  rond  par  le  bout  d’en  baSc^  | 

Les  belles  renoncules  veulent  être  plantées 
dans  des  pièces  de  jardins  fépardes  , fans  être: 
accompagnées  d’autres  plantes^  L’expofition  qui 
leur  eft  la  plus  favorable  eft  le  midi  : c’eft  pour 
îors  que  leur  coloris  en  eft  plus  beau  ; & , pour 
m faire  durer  long-temps  la  fleur  ^ on  la  couvre  ^ 
durant  le  chaud , de  quelque  drap  paillaflons  ^ 
ou  autre  chofe  femblable  ^.foutenus  fur  des  pieux  ; 
ou  bien  on  plante  des  renoncules  en  pots  , qu^’on 
met  , quand  on  veut  , à Fombre  , lorfqu’èlîès. 
font  en  fleur  ; cela  contribue  auffî  à conferver 
leur  îuftre« 

Les  renoncuîes  doivent  être  arrofées  quand^ 
on  juge  qu’elles  ont  befoin  d’eau;  il  fautauflî: 
ks  farder  , & les  garantir  du  grand  froid. 

Entre  les  différentes  efpeces  de  renoncuîes  , fu; 
jaune  à fleur  double  vient  mieux  en  pot  qu’ea 
pleine  terre  ; iî  m faut  c^u’une  banne,  terri  à 


$8  Es  J A SI  D-  î N I E H 

potager , on  bien  une  terre  graflè , mélée  d’u38; 
fiers  de  terreau.  On  la’  plante  deux  doigts  avant 
en  terre  ; on  la  replante  auffi-tôr  5 après  en  avoir 
été  les  nouvelles  griffes  qui  y font  crues» 

Mais,  pour  ne  rkn  omettre  dans  îac*ulture  dg' 
cette  plante il  fauc.,^  lorfque  fes  feuilles  com- 
mencent à fécher  , porter  le  pot  ou  elle  eft  ^ (^ans 
un  lieu  fombre  & à couvert  des  pluies  du  mois 
d’Août  , crainte  qu’elle  ne  jette  de  nouvelles 
racines^. 

Pour  mieux  faire  , fi-tôt  que  , fes  feuilles  font 
tombées  il  faut  déplanter  la.  renoncule  , & la 
replanter  en  même  temps  dans  un.  lieu  où  le  foleiî 
ne  donne  point  ^afin  que  les  pluies  de  TEté  la 
difpofent  à.  donner  de  belles  produâions.. 

La  culture  de  h renoncule  double  à fleur  blan- 
che ne  différé  en  rien  de  celle  de  la  précédente.; 
il  faut  feulement ,.  lorfque  fes  feuilles  font  tom- 
bées 5 mettre  le  pot  à l’ombre  , jufqu’à  ce  qu’on 
veuille  la  déplanrero. 

Quoique  les  renoncules  doubles,  foient  fort  bel- 
les, on  donne  aujourd’hui  la  préférence  aux  feml- 
doub'es  5 parce  que  , dans  une  même  planche  de 
femi  doubîes^ , on  trouve  raffembléès  tout-â-îar 
fois  des  renoncules  de.  routas  fortes  de  couleurs,. 
Elles  ont  encore  un  avantage  au-deifus  des  dou«- 
bîes , c’eft  de  donner  de.  la  gra.ne,. 

We  la  ^&Güté.  dès  renoncules^^ 

Les  renoncules  qa’oai  ejîime  k îTOins  ^ font  ks 


Fleukisti*  89 

pivoines , donc  la  fleur  eft  rouge  : les  blanches , 
les  jaunes  dorées,  les  jaunes  pâles,  les  couleurs 
de  citron , 8c  les  rouges  brunes  , font  plus  da 
goût  des  curieux. 

Une  renoncule  dont  le  fond  eft  blanc  , avec 
des  rayures  rouges , bien  diftinéles  les  unes  des 
autres  , eft  réputée  très-belle. 

On  fait  encore  cas  de  celles  qui  font  de  cou- 
leur jaune  , marquetées  de  rouge.  Les  renoncules 
de  couleur  de  rofe  en  dehors  , & blanches  en  de- 
dans , font  aulfi  fort  eftimées. 

Obfervations» 

On  peut  encore  multiplier  les  renoncules  pat 
fé  lecours  de  la  femence  : eîfe  reffemble  affez  à îa 
graine  de  giroflée  ; mais  elle  eft  un  peu  plus 
épaiflè  : on  la  recueille  toujours  aux  renoncu- 
îes  lîmpîes  de  bonne  couleur.  Elfes  fe  lement  fur 
planche  , couvertes  d’une  bonne  terre , & veu-^ 
fent  le  grand  chaud  : oh  aura  foin  de  les  farder  ^ 
& de  les  arrofer  quand  on  jugera  que  les  arrofe- 
ments  leur  feront  nécelFaires. 


V î.  I)e  ta  Vraxinelle^ 

La  fraxinelle  eft  une  plante  vivace  qui  demanda 
une  terre  grafle  , & qui  fe  multiplie  de 
cines  & de  graine  : elle  fe  feme  au  mois  de  Sep- 
tembre , ou  en  pleine  terre , ou  fur  couche  j»  dans 
des  rayons  tirés  au  cordeau  ou  à plein  champ., 
Si  i’HiYej  ^(1  trop  rude  ^ il  faut  couvrir  de  grga- 


ÇO  II  jAnDÎNlER 

de  paille  ou  de  fumier  la  planche  où  an  l’aura 
femée.  On  laifle  ainfi  le  tout  jufqu’à  ce  que  Tair 
s’adouciflè. 

La  fraxinelîe  fe  tranfplante  au  mois  de  Mars, 
II  faut  fonger  , en  !a  plantant,  de  bien  garnir 
fes  racines  de  terre  , & de  les  arrofer  ; cela  en 
facilite  la  reprife.  La  fraxinelîe  eft  une  fleur  de 
la  grande  efpece  , qui  peut  fervir  , fi  Ton  veut  y 
d’ornement  dans  les  plates-bandes  d’un  parterre  ; 
fa  graine  efl:  pointue  par  un  bout,  & de  couleur 
d’un  noir  luifant. 


VIL  De  la  Scahieufe. 

T5  oüR  bien  cultiver  la  fcabieufe  , il  eft  bon 
^ de  favoir  que  cette  plante  aime  le  frais  , & 
une  terre  légère. 

Ce  lieu  choifi , on  en  feme  fur  le  bout  d’une 
planche  bien  amendée  ce  qu’on  juge  en  avoir  be- 
foin.  Il  faut  la  femer  à claire-voie  ,,afin  qu’eila 
en  croiffc  plus  forte. 

On  la  feme  au  mois  de  Septembre  > ou  à plein 
champ,  ou  en  rayons  , fur  couches  , ou  fur  plan- 
ches , comme  on  l’a  dit  v on  la  garantit  des  grands 
froids  , fi  durant  l’Hiver  on  la  couvre  de  grand 
fumier  fec  ou  de  paille  : on  découvre  la  planche 
au  beau  temps. 

Quand  les  Jeunes  plants  font  levés  , on  les  ar- 
rofe  & on  les  farcie  ; on  les  tranfporte  au  mois 
de  Mars  , s’ils  font  alTez  forts. 

La  fcabieufe  fe  feme  aulTi  dans  ce  mois  : celM 


F I H U R ï s T s.  91 

qtfon  cultive  ordinairement  efl:  la  fcahieufe  de 
montagne  à larges  feuilles. 

L’expédient  le  plus  court  pour  avoir  des  fca- 
bieufes  , eft  de  multiplier  la  plante  par  le  fecours 
des  racines , qu’on  éclate  , ainfi  qu’on  le  dira  à 
l’article  des  œillets  de  Poëte,  La  fcabieufe  fait 
un  effet  afièz  agréable  dans  les  plates  - bandes 
d’un  parterre. 

V I î I.  Du  Viei-à^ alouette. 

’ÏÏ  E T ied-d^ alouette  ou  Bec-d^oifeait , comme 

O 

•^-'on  l’appelle  en  certains  lieux,  eft  une  plante 
annuelle  qui  vient  de  femence  : elle  fe  feme  en 
Mars,  fur  couche,  ou  en  pleine  terre  ; quelque- 
fois auffi  fe  feme-t-elîe  d’elle  - même  , îorfqu’oÉ 
laiffe  trop  mûrir  fa  graine  fur  le  pied.  Elle  fe  con- 
ferve  fort  bien  en  terre  jufqu’au  Printemps  t c’eft 
pourquoi  il  y a des  Fkuriftes  qui  en  fement  dès 
le  mois  de  Septembre  ou  Oâobre. 

Le  pied-d’alouette  veut  être  femé  à claire- 
voie  ; car  quand  il  leve  dru  il  n’eft  pas  fi  beau  , 
& eft  fujet  de  s’étioler.  On  le  farcie  lorfqu’il  eft 
levé  ; on  l’arrofe  , fi  la  plante  en  a befoin. 

Quand  le  plant  eft  affez  fort  , on  le  tranfpîan- 
te  :il  eft  bon  pour  lors  , étant  nouvellement  tranf- 
planté , de  l’ombrager  de  quelque  chofe  , pour  en 
faciliter  la  reprifc  ; on  fe  fert  pour  cela  de  pots 
ou  de  cloches  de  paille  qu’on  met  par-defliis. 

Il  y en  a qui  fement  le  pied  - d’alouette  à de- 
meurer i dans  des  compartiments  qui  en  font  tous 


ça  LeJ.  ARDINTER 

remplis  ; il  faut  pour  lors  agir  avec  fymmétrie;  j 
autrement  un  parterre  n'a  peint  bonne  grâce.  ! 
Lors  aiilTi  qu’on  feme  le  pied-d’alouette  derette  | 
maniéré,  il  faut  en  éclaircir  le  plant  quand  il  eil  | 

levé  ; autrement  il  s’étioîeroif . On  arrofe  le  pied-  | 

d^dlouette  dans  le  befoin  , & on  le  farcie  quand  • 
on  y voit  de  méchantes  herbes.  La  graine  de  | 
pied  d’alouette  eft  petite  , anguleufe , & de  cou-  j 
leur  noire.  i 


î X.  Des  Narcijles» 

I 

T E narciffe  fe  plaît  naturellement  dans  les  terres-  | 
pierreufes  & maigres,  & naît  dans  les  fablo-  i 
nieres,  îî  efi  vrai  que  refpece  dont  on  parle  eft  | 
un  narcifTe  fauvage , qui  croît  fans  culture  ; ceux  i 
qu’on  cultive  dans  les  jardins  font  bien  différents. 

Lenarcifîé  eff  une  plante  bulbeufe  que  Ton  met 
en  terre  en  Septembre.  Il  y en  a de  plufieurs  cou- 
leurs & de  différentes  efpeces.  Il  y en  a de  fini-  i 
pies  & de  doubles  : i!  s’en  trouve  de  grands  & de 
petits  , de  printaniers  & de  tardifs  ; ce  qui  fait  î 
que  la  culture  en  eff  quelcuefois  d ffërente. 

Le  narcijfe  d^Italie  à fleur  blanche  & au  calice 
jaune,  veut  être  planté  au  grand  air  , dans  une 
terre  un  peu  légère  , telle  que  peut  être  ui^e  terre 
à potager  , fans  autre  mélange. 

Quand  on  plante  les  narciffes , foit  dans  des  : 
plates-bandes , en  planches , ou  autres  pièces  des 
parterres  , on  les  y met  à quatre  doigts  l’iin  de  ' 
Tautre  ^ fur  des  alignements  tirés  au  cordeau,  j j 


FtÈÜUKSfSo  9Î 

4tane  mêlés  parmi  les  tulipes  & ks  hyacinthes,  ils 
forment  une  agréable  variété  dans  un  jardin  : on 
obferve  cette  méthode  afin  que  par  le  grand  nom- 
bre de  ces  fleurs  de  diverfès  cfpeces  qui  naiflènt 
en  différents  temps,  les  jardins,  durant  plufieurs 
mois,  paroiffent émaillés® 

II  y a !e  ndrcljfe  de  ConJIüntinopîe  ; il  jette, 
douze  fleurs  a la  fommité  de  fa  tige  ; elles  font 
blanches  , accompagne'es  dans  le  milieu  d'autres 
petites  feuilles  jaunes  , ainfi  que  îe  calice. 

Ce  narciffe  eft  très-beau  , mais  i!  a de  la  peine 
à s’épanouir  , fur-tout  lorfqu'il  commence  à for- 
mer fa  tête,  & que  les  brouillards  ou  le  froid  fié- 
trifîent  Penveloppe  qui  le  couvre  ; ce  qui  le  fait 
fouvent  avorter  avant  que  de  naître. 

On  prévient  ces  inconvénients , fi  on  ne  plante 
ce  narciffe  qu’à  la  fin  du  mois  de  Janvier  ; &, 
lorfqu’il  a pouffé  fa  tige  , on  le  couvre  foigneu- 
fement  durant  la  nuit , pour  !e  garantir  des  froi- 
dures de  la  faifon  , qui  lui  porteroient  préjudice: 
on  le  découvre  le  matin  , s’il  y a apparence  de 
beau  temps, 

Fouraider  cette  fleur  à éclcrrc,  on  fend  adroi- 
tement Penveloppe  qui  la  tient  enfermée.  1!  faut 
dép’anter  les  narciffes  tous  les  ans  , & les  porter 
dans  un  lieu  aéré  ; fi  on  les  laiffoit  en  terre  , ils 
produiroient  de  petits  cayeux  qui  pourroient  faire 
avorter  les  fleurs. 

îl  efl  une  autre  espece  de  narciffe  à grandes 
feuilles , & dont  le  calice  eft  d’un  verd  jaunâtre  } 


94  ÎARBIMIKIt 

iî  ne  lui  faut , pour  bien  faire , qu’une  terre  I 
potager  ordinaire  , & qu’une  expofition  où  le 
foleiî  donne  médiocrement. 

Quant  au  narciffe  jaune  & pdle^  dont  les  feuil-» 
îes  font  partagées  & fnfées , il  vient  mieux  en 
pot  qu’en  pleine  terre*,  le  grand  foleil  lui  eft  con- 
traire ; il  fe  plaît  dans  une  terre  légère,  parce 
qu’y  jettant  moins  de  cayeux  > il  produit  de  plus 
belles  fleurs.  Ce  narciflë  demande  qu^on  l’arrofe 
quand  il  a befoin  d’eau  , jufqu^à  ce  que  fes  feuil- 
les foient  toutes  feches. 

Les  narciffes  d^Efpagne  doubles  ou  Amples  ^ 
fe  cultivent  comme  les  jaunes;  on  remarque  mê- 
me que  cette  culture  leur  convient  fi  bien , que 
leurs  fleurs  en  font  toujours  plus  belles  , & leurs 
cayeux  mieux  nourris. 

On  déplante  les  narcifies  tous  les  trois  ans, 
afin  d’en  féparer  îes  nouvelles  produéHons  , & de 
îes  changer  de  terre.  Six  jours  après  qu’fls  font 
déplantés  on  îes  replante. 

Nous  avons  encore  le  narcîjfe  hïanc  automnal } 
Je  trop  grand  chaud  lui  efl:  contraire  :il  veut  une 
terre  légère , & en  petite  quantité  ; il  füfBt  qu’il  y 
foit  enfoncé  de  trois  doigts. 

Le  grand  narcijfe  d^Efpagne  , dont  Dodonée 
fait  mention  , a la  fleur  pâle , jaune  ou  blanche, 
à fix  feuilles  rangées  en  forme  d’étoile  : il  lui  faut 
une  terre  médiocrement  bonne  , & une  expofi* 
tîon  oii  le  foleil  donne  fuffifamment  ; on  le  plante 
quatre  doigts  avant  en  terre» 


Fieî^rïste. 

lorfque  ce  narcifTe  commence  à former  fa 
fleur , & que  la  partie  dans  laquelle  elle  eft  renfer- 
mée vient  à s’enfler , il  faut,  le  plus  qu’il  eftpoffî- 
fele  , le  garantir  de  la  pluie  ^ & pour  cela  on  porte 
le  pot  qui  le  contient  dans  un  endroit  couvert  & 
fort  aéré  *,  autrement  ce  narcifTe  eft  fujet  à cre- 
ver , & ne  produit  pour  lors  chofe  qui  vaille. 

Le  petit  narcijje  à fleurs  doubles  demande 
prefque  la  même  culture,  excepté  qu’on  doit  le 
mettre  trois  doigts  avant  en  terre , & dans  un 
lieu  plus  expofé  à la  pluie. 

Le  narciÿe  incomparable  , celui  des  Indes  â 
fleurs  de  lys  , & de  couleur  rouge  pâ^e  , & quel- 
ques autres  narciffes  , demandent  en  nos  climats 
prefque  une  même  culture,  c’eft-à-dire,  une  terre 
à potager:  on  les  plante  en  pleine  terre  ou  en  pots. 
Le  narcijfe  â longue  tête  , & le  narcijfe  fauvage  ^ 
demandent  la  même  culture. 


X.  De  la  Nielle  ou  Nigdle» 


T L y a trois  fortes  de  nielles  qu’on  cultive,  fa« 
voir  la  nielle  firnple  , à larges  feuilles  & à gran- 
des fleurs  bleues , la  nielle  à petites  feuilles  & de 
couleur  blanche  , & la  nielle  de  Candie. 

On  feme  la  nielle  dans  les  mois  de  Septembre  & 
Oâobre  en  pleine  terre,  couverte  un  peu  de  ter- 
reau : on  la  tranfplante  en  Mars  ou  en  Avril , fé- 
lon que  le  plan  a de  force  ; elle  fleurit  en  Juillet. 

Cette  plante  aime  une  terre  graffe  : la  manière 
defemer  & de  tranfplanter  la  nielle  eft  de  même 


f6  Le  Jardinikr 
que  celle  pour  le  pied-d’alouette.  Voyez  !a  pag# 
ÿi.  La  graihe  de  nielle  eft  anguleufe  j petite,  de 
couleur  noire  ou  jaune* 

CMir  iir  1 1 ii  ii  mm>  .iii'MiriJWBtKtjeiiiiiii iniTwiii  n 'tib— ieaBBBB 

X 1.  Dès  Pavots^ 

E tous  les  pavots , donc  il  y en  a beaucoup 
d'efpcces , nous  ne  cultivons  dans  nos  jar- 
dins que  ceux  qui  font  doubles  & de  diverfes 

couleurs* 

On  peut  dire  que  les  pavots  font  un  très-beî 
effet  dans  les  jardins  , par  la  variété  & la  beauté 
de  leurs  couleurs. 

De  toutes  les  plantes  qu’on  cultive , i!  n’y  en 
a point  de  plus  aifées  à gouverner  que  celle-ci  ; 
c’eü  une  plante  annuelle  que  l’on  feme  aux  mois 
de  Septembre  , Odobre  8c  Mars  , dans  des  en- 
droits où  il  faut  qu’elle  refte  , parce  que  les  pa- 
vots ne  fe  tranfplantent  point, 

Lorfqu’on  les  feme , il  faut  prendre  garde  de 
ne  les  point  femer  trop  drus  ; & fouvent , quelque 
précaution  qu’on  ait  prife,  on  voit  que  ces  plants 
îevent  trop  épais  : pour  lors  il  eft  à propos  d’en 
arracher  une  partie. 

Quelquefois , lorfqu’on  néglige  de  recueillir  îa 
graine  des  pavots  dans  le  temps  , elle  fe  feme 
d’eüe-même,  & crcit  très-bien  : il  faut  avoir  foin 
de  les  farder  quand  ils  font  levés* 

XII.  Des  Oreilles  d^ours* 

T ES  oreilles  d’ours  font  des  plantes  vivaces  , 
“^qui  fe  perpétuent  de  femence , & par  les  œil- 
letons 


F I E ü R î s t 97 

îecons.  La  graine  fe  feole  au  mois  de  Septembre 
en  cette  maniéré. 

Ayez  des  baquets  , empîiiïez-fes  d’une  terre 
compofee  de  terre  à potager  bien  criblée,  de 
terreau  de  couche  de  terreau  de  fumier  de  Va- 
che ; favoir  , plus  d’un  quart  de  terre  que  de 
terreau  de  couche  , & plus  d’un  tiers  de  ce  ter- 
reau que  de  celui  de  vache,,  le  tout  bien 
mêlé  enfemble. 

Cela  fait,  uniffèz  la  fuperficîe  de  la  terre  avec 
îa  main  , dreflèz  des  rayons  fort  légers  & peu 
profonds  ,femez-y  vos  oreilles  d’ours  à claife- 
Yoie  , & les  couvrez  de  terre  avec  la  main. 

Il  faut  arrofer  la  graine  fi-tôt  qu’elle  efî  en 
terre,  pour  la  faire  germer  bientôt;  cet  arrofe- 
ment  neanmoins  doit  être  léger  : enfuite  on  met 
les  baquets  à l’ombre  , où  on  les  lailTe  jufqu’à  ce 
qii’Üfoit  temps  de  tranfplanter  les  oreilles  d’ours. 
On  peut  auffi  les  femer  en  pots. 

Cette  plante  eft  fix  mois  à lever  , & davanta- 
ge , puîfqu’on  ne  s’en  apperçoit  guère  qu’à  la  fin 
du  mois  de  Mars  ou  au  mois  d’Avril , & quel- 
quefois elle  ne  paroît  que  la  fécondé  année  : c’efl 
pourquoi  il  ne  faut  pas  s’impatienter. 

ta  graine  d’oreilles  d’ours  ainfi  femée  , n’eft 
point  fufceptible  de  froid  ; elle  peut  paifer  l’Hiver 
fans  danger,  & cette  maniera  de  multiplier  cette 
plante  efl:  une  efpece  de  pépinière  d’où  l’on  tire 
le  plant  qui  mérite  d’être  tranfplanté  en  pots  : ce 
qui  fe  connoît  lorfque  les  jeunes  oreilles  d’ours 
J.  Partie^  B 


98  Le  J a k 0 I n î s r 
fofit  en  fleurs.  On  choififlbit  autrefois  les  pana««i 
chées  j mais  par  expérience  on  fait  qu’elîes  dégé- 
nèrent, & qu’elles  deviennent  de  la  couleur  de  la 
panache  qui  s’étend  d’année  en  année. 

A préfent  les  oreilles  d’ours  de  couleur  pure  9 
qui  font  vives  & brillantes , font  les  plus  efli- 
mées  : les  plus  belles  font  veloutées.  On  en  voit 
fans  velours  de  très-belles  auffi , qui  font  farinées 
& luftrées. 

Comment  gouverner  les  oreilles  d^ours  en  gots  : 
maniéré  de  les  y œilletonner. 

Le  temps  d’œilletonner  cette  plante  eft  pouf 
l’ordinaire  lorfqu’elle  eft  fleurie.  Voici  ce  qu’ü 
faut  obferver  dans  ce  travail. 

On  prend  une  oreille  d’ours  , on  la  divife 
en  autant  de  parties  qu’il  y a d’œületons  fur  le 
pied,  après  l’avoir  découvert  à force  d’agiter  le 
pot , & d’en  renverfer  la  terre  lorfqu’eüe  eft  en 
pouffiere  , & non  mouillée. 

Les  œilletons  ne  fe  féparentpas  toujours  com- 
me on  le  fouhaiteroît  ; mais  lorfque  cela  arrive 
on  partage  le  pied  , qui  eft  une  efpece  de  navet  9 
avec  un  couteau  : cette  opération  même  eft  la 
plus  fùre  , parce  que  l’œilleton  , qui  ne  peut  fe 
détacher  autrement,  n’eft  point  du  tout  endom- 
magé , outre  que  par  cette  opération  cet  œille- 
ton eft  bien  plus  garni  de  racines  que  fi  on  vou- 
loit  la  faire.avec  la  main.  On  aura  foin  de  ména- 
ger les  boutons  de  la  principale  tige  , qui  font 
refpérance  des  années  fuivantes. 


ï’iEtJRîS'rFà  99 

îout  œilleton  eft  bon  à planter  , pour  peu 
^gu’îl  ait  de  racines  : voici  comme  on  le  plante* 
Prenez  un  pot  plein  de  la  terre  dont  on  a parlé  5 
pofez-y  votre  œilleton  jufqu’au  collet,  obfervant 
qu’il  n’y  ait  que  le  collet  & les  feuilles  qui  fur- 
paffènt  ; mettez-les  à l’ombre  un  mois  durant, 
après  avoir  arrofé  amplement  la  plante  : on  l’ar- 
rofe  aufTi  dans  la  fuite  ; mais  ces  arrofements, 
quoique  fréquents  , doivent  être  légers. 

L’oreiîle  d’ours  fe  met  non-feulement  en  pot  ^ 
mais  auffi  dans  de  petites  plates-bandes , ou  dans 
des  pièces  découpées , parmi  des  fleurs  de  la  belle 
efpece. 

Ohfervations. 

îlorfqu’on  feme  les  oreilles  d’ours,  il  faut  tout- 
jours  choifir  la  meilleure  graine  & des  plus  belles 
efpeces  , comme  , par  exemple  , des  veloutées  , 
ou  des  bizarres. 

L’oreille  d’ours , comme  on  l’a  déjà  die , aime 
le  frais  *,  ainfi  i!  faut  y porter  tous  les  pots  du- 
rant les  grandes  chaleurs,  & les  remettre  en  Au- 
tomne où  ils  étoienc  la  première  fois. 

Il  faut  en  Hiver  mettre  toutes  les  oreilles  d’ours 
au  midi  & au  foleil  : elles  en  valent  mieux  , & 
cela  empêche  qu’elles  ne  pourrifTent. 

Mais  fl , quelque  foin  qu’on  ait  pris  après  To- 
reille  d’ours,  il  y en  avoit  qui  fulfent  atteintes 
de  pourriture  , il  faudroit  en  ôter  les  feuilles 
pourries  , crainte  que  ce  mal  ne  fe  communique 

E a 


100  Lê  jARDiNÎ^R 
âu  refie  du  pied.  Quoiqu’on  ait  dit  que  l’oreîlfe 
d’ours  , dcanî  femée  , ne  craignoic  point  le  froide 
il  efl  bon  néanmoins  , lorfque  les  œilletons  font 
plantés  , de  les  mettre  en  un  lieu  qui  en  foit  à cou- 
vert. 

De  la  beauté  des  oreilles  d^ours* 

On  fait  cas  d’une  oreille  d’ours  qui  a la  fane 
bafiè  , la  tige  fort  épaiffe  & proportionnée  à fa 
fleur  ; les  cloches  faifant  le  bouquet  , fans  trop 
pencher  ; la  fleur  large  & bien  étoffée  , fans  avoir 
les  feuilles  frifées  ; le  picot  caché  , les  paillettes 
rangées  a l’entrée  en  forme  de  foleil  , & enfin 
l’œil  bien  ouvert  & toujours  fec. 

On  lé  répété  , les  oreilles  d’ours  les  plus  efli- 
niées  font  les  bizarres  , les  veloutées  & les  luf- 
trées.  Heureux  îe  Flenrifte  qui,  après  avoir  femé 
des  oreilles  d’ours  , en  gagne  de  celles  qui  ont 
deux  ou  trois  cloches  les  unes  fur  les  autres,  & 
dont  la  tige  efl;  garnie  de  beaucoup  de  clochettes, 

XIII.  De  Vargémone* 

^ ’argémone  efl  une  efpece  de  pavot , c’eft 

e 

pourquoi  il  y en  a qui  l’appellent  pavot  épi- 
neiix* 

Cette  plante  fe  multiplie  de  graine  fur  plan- 
che , garnie  de  terre  bien  meuble  & bien  amen- 
dée ; il  faut  la  feîner  à claire-voie  en  Septembre 
ou  Oâobre-  Les  jeunes  plants  veulent  être  far- 
cies & arrofés  dans  le  befoin  ; s’ils  croilfent  trop 
drus  , éclaircifféz-les  , & les  foignez  toujouri 


Pleüristé*  tùt 

joftju’à  ce  qu’ils  foient  affez  forts  pour  être  tranf» 
plantés, 

C’eft  au  mois  d’ Avril  que  fe  fait  cet  ouvrage  : 
on  met  les  argémones  en  plates-bandes;  cette 
fieur  étant  rranfpîanîée,  on  Farrofe  d’abord  pour 
en  faciliter  la  reprife. 


X î V»  Da  mufle  de  veau  ou  de  lion  , eu 
anîhirinum» 


T E mufle  de  lion  eft  une  fleur  de  la  moyenne 
^ efpece  , qui  fait  un  très -bel  effet  dans  !e  mi- 
lieu des  plates-bandes. 

Elle  fe  feme  dans  ks  mois  de  Septembre  & Oc- 
tobre y & fe  îranfpîante  en  Avril  : i!  en  faut  bien 
eboifir  !a  graine , & îa  couvrir  de  terreau  îorf- 
qu’elle  eft  femée. 

Oo  feme  îe  mufle  de  lion  à plein  diamp  & à 
claire-voie  5 î!  en  vaut  mieux  ; iî  faut  Farrofer 
dans  le  temps  ^ & !e  farder  foigoeufement  : fa 
femence  eft  petite  & noire. 


On  peut  faire  fleurir  plufieurs  mois  de  fuite  Fe 
mufle  de  lion  ^ en  coupant  fa  tige  quand  la  fleur 
eft  paiïee. 


X V.  Du  fouets 


N feme  les  foucis  en  pleine  terre  dans  îe  mois 
de  Mars  ^ quelques-uns  veulent  qu’on  les 
feme  dans  les  mois  de  Septembre  & Odobre; 
mais  la  première  méthode  eft  plus  fûre  : étant 
femés , on  leur  donne  les  foins  ordinaires  , c’eft^ 

El 


101  lïjAIlBîKïEm 

à-dire  , on  les  arrofe  & on  les  farcie  dans  le  be<* 

foin.  Le  fouci  eft  une  plante  annuelle. 

ta  réglé  générale  pour  femer  les  fleurs  , en 
quelque  faifon  que  ce  puiffe  être  , eft  d’avoir 
toujours  de  petits  endroits  deftinés  à ces  fortes 
d’ouvrages,  tels  que  peut  être  une  melonniere  ou 
queîqu’autre  lieu  fermé. 

Quoique  le  fouci  par  fon  odeur  ne  foit  pas  une 
fleur  agréable,  il  ne  laiffe  pas  néanmoins  de  pro- 
duire  un  bel  effet  dans  les  plates-bandes  des  par- 
terres. 


XVI.  Des  immortelles. 

N feme  les  immortelles  en  Septembre  & Oc- 
tobre , en  pleine  terre  & fur  couche  : la 
graine  s’y  jette  à plein  champ  ou  en  rayons.  Ceft 
une  plante  annuelle  : on  en  peut  femer  en  Mars. 
Quand  les  immortelles  font  levées , on  les  arrofe 
îégérement  : il  eft  bon  de  garantir  les  jeunes 
plants  du  froid  , qui  pourroit  les  incommoder. 

Le  mois  de  Mars  eft  le  temps  de  tranfplanter 
les  immortelles  , fi  le  plant  eft  aflez  fort  j finon 
on  attendra  plus  tard. 

L’immortelle  eft  une  fleur  de  la  moyenne  ef-- 
pece  , qui  garnit  fort  agréablement,  avec  d’au- 
tres , les  plates-bandes  d’un  parterre  & autres^ 
pièces  de  jardins  fpacieux.  Gette  fleur  fe  conferve 
long -temps  fans  fe  flétrir  ; c’eft  pourquoi  on 
l’appelle  immortelle» 

ïl  y a encore  une  efpece  d’immortelle  que  roa 


FtEORîSTÉ.  103 

appelle  houtoîi  d’or  ; elle  fe  multiplie  de  îx)utüre 
dans  le  mois  d’Avriî  ; elle  demande  une  bonne 
terre  & une  belle  expofition  : il  faut  la  préferver 
des  gelées  pendant  l’Hiver. 

XVII.  Des  campanulîes» 

HT  ES  campanuîles  que  nous  cultivons  font  de 
deux  fortes  ; favoir , celle  à racines  de  rai» 
ponfe  5 & l’autre  à fleur  blanche  obîongue  : ces 
fleurs  ont  leur  agrément  particulier  le  long  des 
murs  d’une  cour  ou  d’un  jardin. 

La  campanulle  aime  une  terre  à potager  ; elle 
fe  multiplie  de  graine  qu’il  faut  femer  à claire» 
voie.  C’efl  au  mois  de  Septembre  ou  Oéîobre  que 
cela  fe  fait  : on  en  feme  quelquefois  a demeurer; 
pour  lors,  quand  les  plants  font  levés,  on  en  ar- 
rache la  plus  grande  partie  , afin  que  ce  qui  reffe 
-croiflè  mieux,  & donne  de  plus  befes  fleurs. 

Si  on  feme  les  campanuües  pour  être  tranfplan- 
.têts , on  attend  qu’elles  foient  afîez  fortes,  puis  on 
les  plante  , fe’on  les  reg!e,s  du  jardinage  : on  aura 
foin  de  les  arrôfer  & de  les  farder  dans  le  befoin» 
Commela  c mpanulle  s’élève  trop  haut,  & que 
fes  tiges  font  trop  foibles  pour  fe  foutenir  d’elles- 
mêmes  , on  fiche  de  petites  baguettes  en  terre  pour 
leur  fervir  d’appui,  & le  long  defquelles  ces  tiges 
montent,  garnies  de  leurs  feuilles  & de  leurs  fleurs. 
Cette  plante  efl:  vivace , & dure  long-temps  après 
qu’on  Ta  femée  ; fa  graine  eft  menue , de  couleur 
rouflatre  & luifante. 

E 4 


X04  Ljb  / ardinîèk 


X V 1 1 î.  Ves  Œillets  de  Poé'tes» 

N GQîînç  plufieiirs  noms  à cette  fleur  : les  uns 
la  connoifîènt  fous  celui  èdaillet  de  Poëcej 
les  autres  rappellent  la  hyacinthe  des  Poètes , d’au- 
tres la  hyacinthe  de  Confiantinople  ; mais  , quoi 
qu’il  en  foit , on  peut  dire  que  cette  plante , qui 
efl  de  moyenne  efpece  , fait  un  très-bel  effet  dans 
îe  milieu  d’une  pkte-bande  de  parterre  ou  autres 
pièces  de  jardin. 

L’œillet  des  Poëtes  fe  perpétue  de  trois  maniè- 
res j favoir,  de  graine  de  rejettons  éclatés  avec 
racines  , & de  bouture. 

La  maniéré  élever  de  graine  les  œillets  de  Poètes. 


Cette  plante  fe  feme  en  Septembre  & Odobrcj^ 
fur  couche  ou  fur  quelque  bouc  de  planche  cou- 
vert de  terreau  ; la  graine  fe  jette  à plein  champ 
ou  dans  de  petits*  rayons  tirés  au  cordeau  : on  îa 
couvre  aufli-tot  avec  la  main  ou  avec  le  rateau. 
Lorfque  îe  plant  efl  levé  on  l’arrofe  dans  le  befoin, 
& on  îa  farcie  de  même. 

Pour  faire  enforte  que  ces  plantes  paflent  ainfî 
FHiver  fans  danger , on  ks  couvre  de  grande  paille 
ou  de  grand  fumier  fec  ^ ôn  les  découvre  lorfque 
le  temps  efl:  adouci , & lorfqu’ils  font  aflfez  forts 
pour  être  tranfplantés  ; ce  qui  arrive  à la  fin  de 
Mars  ou  au  commencement  d’ Avril  , qu’on  fe 
met  en  devoir  de  le  faire. 

On  feme  encore  des  œillets  de  Poëres  fur  cour 
che  dans  les  mois  de  Février  & de  Mars  ^ ces  plantit 


Fleuriste.  ïO$ 

âinü  mis,  veulent  être  garantis  du  froid,  & être 
arrofés  quand  on  le  juge  à propos. 

De  la  maniéré  de  multiplier  les  œillets  dcF  actes 
par  rejetions^ 

Les  œillets  de  Poëces  aiment  une  bonne  terre  à 
potager,  comme  on  a dit  \ cela  fuppofé  , & lorf- 
que  les  pieds  d’œillets  plantés  d’un  an  ou  de  deux 
ont  affez  pullulé , on  les  déplante  doucement  avec 
une  houlette  , puis  on  en  ôte  tout  ce  qui  paroiü 
mort. 

Enfuite  , on  en  prend  une  touffe  , on  en  fépare 
les  rejettons  ; cela  fait , on  les  plante  jufqu’à  l’œil 
qui  paroîc  verd  : il  faut  prefTer  la  terre  contre 
pour  en  faciliter  la  reprife.  On  les  arrofe  , puis 
on  les  îaiiTe  agir  jufqu’à  ce  qu’ils  demandent  de 
nouveaux  foins. 

Cette  plante.reprend.aifément  quand  on  la  planè- 
te ; i!  fufïït  qu’elle  ait  trois  ou  quatre  filets  de  ra« 
cines  : c’èfl:  en  Automne , ou  , fi  Ton  veut , au 
commencement  du  Printemps  , que  fe  fait  cet  ou«» 
vrage , & qu’on  en  plante  auflî  de  bouture  em 
cette  maniéré. 

Comment  multiplier  lès  œillets  des  Poe  tes  pat 
bouture^. 

îî  faut  avoir  dès  baquets  ou  des  pots  , les 
plir  d’une  terre  à potager  bien  criblée  & mê'é^ 
avec  moitié  de  terreau  .,  puis  on  prend  les  rejetf* 
tons  qu’on  a^arrachés  de  la  mere  fouche  , on  îeiï 
fehe  en  terre  jufqu’à  moitié  de  leur  longueur^. 

B 


lo6  L K J A R D I N r B H 

Cela  fait,  on  prefTe  la  terre  contre , puis  on  îél 
arrofe  ; enfuite  on  porte  ces  pots  ou  ces  baquets  à 
l’ombre,  jufqu’àce  que  ces  boutures  donnent  des 
marques  de  leur  reprife  ; & , lorfqu’on  voit  qu’elles 
commencent  à pouffer  , on  les  e^pofe  petit  à petit: 
au  foleü. 

Les  œillets  de  Poetes  qu’on  multiplie  ainfi  , ne 
font  dans  ces  baquets  que  comme  dans  une  efpece 
de  pépinière , d’où  on  les  tire  pour  les  tranfporter 
ailleurs  ; ce  qui  fe  fait  quand  la  fleur  eft  paffée. 

Les  œillets  de  Foëte  fervent  d’un  très-bel  or- 
nement dans  des  plates-bandes  de  parterres  , ou 
dans  d’autres  pièces  de  jardin  : on  en  plante  aulîi< 
en  pots , où  ils  n’ont  guère  moins  d’agrément.  La 
graine  de  cette  plante  eft  prefque  ronde  & de  cou=- 
îéur  noire>  I 

XÎX.  Du  cyclamen  o\x  pain- de-pourceau. 

Y î,  y a deux  efpeces  de  cyclamen  , le  printanier 
J.  & l’automnaî  ; cette  plante  croit  beaucoup  en 
Allemagne , en  France , & du  côté  de  Conftanti- 
nopîe.  On  en  voit  qui  ont  de  l’odeur,  & d’autres 
qui  n’en  ont  point.  Il  y a le  grand  cyclamen  & le 
petit. 

On  voit  des  cyclamens  printaniers  dont  les 
feuilles  rondes,  marquetées,  & dont  la  fleur 
eft  rouge  & odoriférante  ; quelques-uns  font  à 
longues  feuilles  & à fleur  blanche  , d’autres  à fleur 
jaune  , & d^auîres  à feuilles  de  violette  & à fleur 
pâle. 


F L I W R î s-  ’T  ïe-  Î07 

tes  cyclamens  d’ Automne  ont  la  fleur  rouge  , 
îà  racine  ronde  & large  comme  la  main , & Tentent 
très-boUo  cyclamen  de  Confl&ntinople  fleurit 
en  cette  faifon  ; fa  fleur  eft  femblable  à celle  du 
lierre  : il  donne  vingt  fleurs  à la  fois  dès  la  pre- 
mière année;  la  fécondé  cinq^iante  ,&  latroifieme 
deux  cents  ; mais  elles  n’ont  point  d’odeur.  Le 
cyclamen  Allemagne  a des  feuilles  rouges , fans 
©deur.  Il  y en  a d’autres  qui  font  incarnats,  & 
d’autres  qui  font  blancs.  Venons  à la  culture. 

Lescyclamensviennentdefemence  : celuid’ Au- 
tomne fe  femeen  Septembre  ou  Oâobre,  & îe  prin- 
tanier au  mois  de  Mars  : on  les  feme  en  pots  rem- 
plis d’une  terre  fort  légère  & mêlée  de  terreau. 

La  graine  de  cyclamen  u’eft  bonne  à femer , que 
îorfqu’eüe  eft  parvenue  à fa  maturité  parfaite  ; on 
ne  la  recueille  auffi  que  îorfque  les  feuilles  de  cette 
plante  font  tombées  , &que  îe  pédicule  étant  tout 
détorrîlîéj  le  fruit  qui  contient  cette  graine,  s’ou- 
vre de  lui-même.  On  prend  cette  graine  , qu’on 
enfonce  un  doigt  en  terre  , à deux  doigts  de  dif-< 
tance  l’un  de  l’autre. 

Quand  les  cyclamens  font  femés  , on  les  expofe* 
au  folei! , & on  les  arrofe  ; ce  qu’il  y a de  particulier 
dans  la  produdion  des  cyclamens  , eft  qu’ils  com-* 
Riencent  d’abord  à donner  des  bulbes,  puis  des 
fleurs. 

Les  cyclamens  ne  tranfpîantent  que  trois  ans> 
après  qu’ils  ont  été  Ternes  ; on  les  met  en  pot 
qu’on  emplit  de.bonne  terre  : plus  les  pots  fonê: 

E â. 


loS  Lu  Jardinier 
grands  , plus  ils  s’y  étendent , & plus  ils  prodîil«» 
fent  de  fleurs  & des  plus  belles. 

Le  cyclamen  automnal  fe  plaît  un  peu  à l’ombre 
il  y fleurit  mieux  : pour  celui  du  Printemps  , il 
demandeJe  grand  air  & une  expofition  où  le  foleil 
donne  à plomb  , à caufe  qu’il  commence  à don- 
ner fes  fleurs  à la  fin  de  l’Hiver  ^ ou  cet  aftre  n’a 
encore  qu’une  foible  puiflânce  fur  les  végétaux. 

Si  le  cyclamen  planté  en  pot  a pouffé  beaucoup, 
de  maniéré  qu’il  y foit  trop  à l’étroit , & qu’il  s’é? 
tiole  , on  le  déplantera  pour  lui  donner  un  plus 
grandpot  &une  nouvelle  terre,  oîi  troevantbeau- 
coup  de  fels  ^ il  croîtra  à merveille  , & donnera 
de  très-belles  fleurs.. 

II  faut  bien  fe  donner  de  garde  , lorfqu’on  dé- 
plante ainfi  les  cyclamens  , d’ôter  la  terre  qui  erk- 
vironne  les  racines  ; elle  les  retarde  de  beaucoup.: 
il  faut  les  lever  en  motte.. 

Outre  la  graine  dont  on  fe  fert  pour  multiplier 
les  cyclamens,  on  en  plante  encore  de  racines  écla- 
tées ; un  pied  fuffit  pour  en  donner  d’autres , parce 
que  c’eft  une  plante  vivace. 

Pour  les  multiplier  de  cette  maniéré  , il  faut  les 
arracher  promptement  ; & , fi«tôt  que  les  feuilles 
font  tombées,  on  les  partage  avec  un  couteau  ,de 
maniéré  qun  chaque  partie  coupée  il  y refte  tou- 
jours un  œil  qui  ne  foit  point  endommagé  : on  aura 
foin  après  de  les  mettre  dans  un  lieu  frais  & fec,. 
jufqu’à  ce  qu’étant  deflechés  il  paroiffè  fur  rinci- 
fion  une  efpece  de  caîus* 


¥ L t V K t s T E. 

Cela  obfervé  , on  couvre  incontinent  cette, 
plaie  avec- de  la  térébenthine  ou.  de  la  cire  d’Ef- 
pagne,  puis  on  les  replante  auffi-tôt , ayant  at- 
tention de  les  garnir  d’un  peu  de  terre  légère  oa 
dé  terreau  yenfuite  on  achevé  d’emplir  le  pot  d’une 
bonne  terre , fans  les  arrofer , parce  queJes  cydai» 
mens  n’ont  pas  befoin  d’eau  qu’ils  ne  commen- 
cent à- poufTer.  Les  cyclamens  tiennent  fort  bien 
leur  place  dans  de  petites  plates-bandes  ou  dans 
des  découpés  de  parterre , mêlés  de  Heur  de  la 
baffe  efpeceo  La  graine  de  cyclamen  eft  oblongue*.. 


X'X,  De  la  giroflée  jaunco 

N compte  de  deux  efpeces  de  giroflées 
nés  , la  Jimple  & la  double.  : la  première  fé 
multiplie  de  graine  , & fe,  feme  au  mois  de  Sep^' 
tembre  furterre  ^.ainfi  qu’on  la  trouvea  Cette  ffeur 
croît  aifément  par-tout  y on  ea.voit  même  fur  les 
vieilles  murailles. 

Cependant , lorfqu’on  îa  cultive  j il  eiî  conP* 
tant  qu’elle  devient  plu5.  belle  relie  fertd’un  orne- 
ment affez  agréable  dans  les  parterres  & autres  pic* 
ces  de  jardin.  On  la  tranfplante  comme  les  autres 
fleurs  ; & pour  peu  ,, après  cela  ^ qu’on  la  tienne 
nette  des  méchantes  herbes , elle  produit  d’affe^ 
belles  fleurs , dont  Fodear  efî  agrértble#.. 

De  là  giroflée  jaune  dau^le^ 

Cette  efpece  de  giroflée,  qui  a î’odeurfort  agréa- 
ble multiplie  de  marcottes  y & pour  ceîa 


tro  Le  jARrrrNtERr 
choifit  les  plus  beaux  brins  qu’on  couche  ; on  les 
arrête  avec  un  petit  crochet  de  bois  qu’on  fiche 
én  terre  , puis  on  les  couvre  de  terre  & un  pea 
d’eau  par-defTiis. 

On  marcotte  la  giroflée  jaune  à la  fin  du  mois 
de  Mai , ou  dans  celui  de  Juin  , lorfque  la  fleur 
eft  paflee. 

Lorfque  ces  marcottes  font  faites,  elles  reftent  en 
terre  jufq[u’en  Septembre  ou  Ofiobre  , qu’on  les 
îeve  pour  les  mettre  en  pleine  terre  ou  en  pots. 

Si  on  les  plante  au  milieu  des  plates-bandes  de 
parterre  ou  autres  pièces  de  jardin,  la  terre,  pour 
peu  qu’elle  foit  bonne  & bien  ameublie , leur  con- 
viendra toujours  affez  : fi  on  les  plante  en  pots,  il 
fiiffira  d’y  mettre  deux  tiers  de  terre  ordinaire 
criblée  , & un  tiers  de  terreau. 

On  porte  cette  giroflée  dans  la  ferre  , crainte- 
que  le  grand  froid  ne  la  détruife  ; cefles  qui  font 
en  pleine  terre  reflent  ainfi  expofées  à l’air  & à la. 
gelée , à laquelle  elles  refifieront  toujours , à moins 
qu’elle  ne  foit  exceflîve. 

Comment  multiplier  de  bouture  les  giroflées} aunes^ 

On  peut  encore  multiplier  cette  plante  par  le  fe- 
cours  des  boutures , qui  ne  font  autre  chofe  que 
des  rameaux  de  cette  plante  , coupés  fans  racines 
furie  maître-pied  , après  que  la  fleur  en  efl  palTee® 

Ges  rameaux  doivent  être  choifis  bien  nourris,, 
fèn s aucune  altération  : cela  observé,  on  prend 
desi^aquets  ou  des  pots  remplis  de  terre,  cribîéa 


T t n V R r s t e 


TïV. 


ët  d’un  peu  de  terreau  fur  h fuperficie , puis  on  fi- 
che ces  boutures  jufqu’à  moitié  de  leur  longueur  : 
on  prefle  la  terre  , & on  les  arrofe  pour  en  facili- 
ter la  reprife  ; après  quoi  on  les  porte  à l’ombre  s> 
jufqu’à  ce  qu’on  voie  qu’elles  commencent  à agir  j 
& pour  lors  on  les  expofe  au  foîeil. 

Le  temps  de  planter  ces  boutures  eft  celui  qu’on 
prend  pour  les  marcottes  ; & , quand  ces  boutures 
font  reprifes , on  les  tranfplante  à demeurer  où  om 
le  juge  à proposo 

XXL  Des  iris. 

N en  compte  de  di  verfes  fortes  ; r/mbiilbeux^ 


& les  autres  qui  ne  le  font  pas.  Les  premiers 
fonten  plus  grand  nombre,  & beaucoup  différents  9 
fes  uns  ont  les  feuilles  larges  , les  autres  étroi- 
tes : ceux-ci  ont  de  Fodeur  , ceux-là  ne  fentenfc 
rien  ; on  en  voit  de  gros  & de  petits  à flèur 
blanche  , jaune  , rouge  , ou  de  couleur  cendrée^ 


Entre  ces  iris  on  n’en  fera  mention  ici  que  de 
deux  efpeces  , dont  l’une  eft  à larges  feuilles  ^ & 
l’autre  à petites  feudle s. 

Sous  les  premiers  on  comprend  Viris  à petite 
tige  fleur  rouge  , & un  autre  de  même  hauteur ^ 
qui  eft  bleu  ; il  y en  a encore  un  à fleur  blanche^. 

'L^iris  dont  la  tige  eft  garnie  prefque  tour  du 
îong  , a la  fleur  bleue  ; on  en  voit  un  autre  à tige 
pareille  ^ qui  eft  d’un  rouge  citronné  ^ & un  au-- 


Des  iris  bulbeux 


txz  L K J A R D r N I E K 
tre  à fleur  blanchâtre  , qui  vient  d’Angleterre* 
Des  iris  bulbeux  à eûtes  feuilles* 

Parmi  ces  efpeces  d’iris  , il  y en  a un  qui  efl:  de 
plufieurs  couleurs  ; on  en  voit  un  autre  de  même 
nature  5 mais  qui  différé  du  premier  en  ce  qu’il  efl 
plus  rameux  : cet  iris  donne  deux  ou  trois  fleurs , 
& quelquefois  davantage. 

Nous  avons  le  grand  iris  jaune  ; & l’iris  fans 
odeur  5 qui  efl  de  même  couleur  , hors  qu’il  eft 
plus  petit  : il  y a Viris  de  couleur  bleue , un  autre 
qui  efl  rouge  ^ & un  autre  rouge  St  violet. 

Il  y a encore  Yiris  tuhéreux  ; il  fleurit  plutôt 
que  les  autres,  & eft  couleur  de  verdfoncé.- 
Outre  ces  iris,  on  en  cultive  encore  d’autres  qui 
tirent  leurs  noms  des  lieux  d’où  ils  fontvenus  ori- 
ginairement. 

Des  iris  bulbeux  à larges  feuilles. 

Parmi  tous  ces  iris  , nous  avons  l’im  de  Luf* 
tank  h double  fleur  ; il  a l’odeur  fort  douce. 

'Lûris  de  Florence  à double  fleur  & de  couleurs 
blanche;  il  a fon  mérite.. 

Jliris  étranger  Si  Viris  de  Cahédoine\  grande 
fleur  blanche  , tirant  fur  le  brun, 

iris  de  Conft  antino  pie  à.  double  fleur  , & le 
petit  iris  de  Damas  à fleur  femblable, 

Viris  de  Perfe'â  fleur  tirantun  peu  fur  le  blevL^ 
le  grand. iris  de  D^mas  à fleur  bleue., 

'LÛris  rouge  Sc  Viris  d^ Allemagne  de  couleur 
bleue,.  C’eft.afTez  parler  d'iris  &.  de  leu?  diffé- 
rerice  j venons  à la  culture» 


F l,  B U B î s T E.  313 

tes  iris  fe  multiplient  de  graine  & d’oignons; 
cette  graine  fe  recueÜ’e  au  mois  de  Juillet , qui  eft 
le  temps  de  fa  maturité,  8c  on  la  feme  au  mois  de 
Septembre,  fur  couche,  bien  labourée  & couverte 
d\in  doigt  de  terreau*  I!  faut femer  les  irisa  daire- 
voie  ; les  bulbes  en  croiffent  plus  belles,  & les  ra^ 
cînes  de  ceux  qui  n’en  ont  point  en  font  mieux 
nourries.  Cette  graine  fe  jette  à plein  champ,  ou 
en  rayons  tirés  au  cordeau  : on  ne  peut  attendre 
de  fleurs  des  iris  bulbeux,  que  quatre  ans  après 
qu’ils  ont  été  femés;  au  lieu  que  îe^  autres  ne  font 
que  deux  ans  à en  donner,  ou  trois  ans  au  plus  tard. 

Jurqii’a  ce  que  les  irisaiofl  fem'és  noos  dooîieoî 
des  fleurs  , il  ne  faut  point  négliger  de  les  farder 
& arrofer  duraot  les  fédierelTes,. 

De  la  mamcrc  de  planter  les  iris» 

Uiris  fofôeur  fe  plaîtdaos  une  terre  îégere;  iî 
faut  Vy  enfoncer  trois  doigts. 

Les  iris  à racines  vetiîent  une  terre  maigre  i 
on  ne  les  plante  qu’à  deux  doigts  de  profoodeiir. 
On  éloigne  les  premiers  à quatre  doigts  de  dif- 
tance  Tun  de  Tautre  , & ceux-ci  à un  empan* 

Le  foîeil  ne  convient  guère  aux  iris  bulbeux  , 
au  lieu  que  ceux  qui  ne.  îe  font  pas  s’y  plaifent 
beaucoup. 

Le  véritable  temps  d.e  déplanter  les  iris  efi:  fur 
la  fin  du  mois  de  Juillet,  trois  ans  après  qu’ils  ont 
été  plantés  ; on  les  replante  au  mois  de  Septembre* 
il  y a des  iris  qui  ne  portent  point  de  graines  ^ 


Îî4  L Ê Jarbîwîer 
c’eft  pourquoi  on  les  multiplie  de  racines  qu^oîî 
éclate,  & qu’on  replante  incontinent  dans  le  mois 
de  Mars. 

Quant  aux  iris  de  Perfe  , on  îes  plante  trois 
doigts  avant  en  terre , dans  un  fonds  médiocre- 
ment bon  , & un  endroit  expofé  au  foleil  : ces 
iris  ont  befoin  de  chaleur  pour  agir.  Tous  les  iris 
font  un  très-bel  effet  dans  les  parterres  ou  d'au- 
tres pièces  de  jardin. 

Quand  on  plante  les  iris  bulbeux  , il  eft  bon 
d’obferver  que  leurs  grolTes  racines  foient  bien 
écartées  , & de  ne  point  les  rompre  en  les  déplan- 
tant, cela  leur  efl  très  - préjudiciable.  Il  ne  faut 
point  les  déplanter  qu’on  ne  veuille  en  féparer  le 
peuple  qui  y a cru  , & les  replanter  aufli«tôt:  c’efl 
au  mois  de  Septembre  que  fe  fait  ce  travail. 

JDe  certains  termes  dont  onfe  fert  lorfqu^on parle 
des  iris  bulbeux. 

Il  faut  favoir  que  la  fleur  de  ces  iris  eft  com- 
pofée  de  neuf^ feuilles  ; les  extrémités  de  celles 
qui  penchent  s’appellent  celles  qui  s’é- 

levant en  haut  font  dites  langues  , parce  qu’elles 
en  ont  en  quelque  façon  la  figure  ; ôc  les  trois  qui 
font  droites  & élevées  au-deiTus  des  autres  fe 
nomment  étendards  ou  voiles  : mais , pour  mieux 
démêler  toutes  ces  parties,  il  femble  que  la  figure 
d’im  iris  bulbeux  ne  fera  point  hors  de  propos. 


li 

i 

FtEÜRïSTÏ,  llf  I 

Figure  d’un  Iris  bulbeux, 

A , font  les  mentons  ; B , les  langues  ; C , les  | 

i^tendards  ou  voiles. 


Iî6  Lfi  Jardinisb 


XXÎL  Des  Juliennes^  autrement  dites  G/rq/ZeVj 


Angleterre* 

Y $s  juliennes  viennent  de  graine , & fe  fement 
Slj  au  mois  de  Septembre  ou  d’Odobre , fur 
planche , couverte  d’un  doigt  de  terreau  ; on  en 
feme  auffi  en  pots  remplis  d’une  terre  à pota- 
ger , mêlee  d’un  peu  de  terreau* 

Lorfque  les  juliennes  font  levées  , on  a foin  de 
les  farder  ; on  en  feme  auffi  au  mois  de  Mars  fur 
couche  : elles  font  afîèz  fortes  pour  être  tranf- 
pîantées  fur  la  fin  d’Avriî , ainfi  que  celles  qui 
ont  été  femées  en  Automne. 

Il  ne  faut  pas  attendre  , la  première  année  , 
que  les  julienj^es  donnent  beaucoup  de  fleurs  , ni 
qu’elles  foieht  belles  ; il  fuffit  qu’elles  aient  repris 
pour  que  dans  la  fuite  elles  produifent  ce  que 
nous  en  attendons. 

De  la  maniéré  d^élever  les  Juliennes  de  plant 
enracine* 

Voici  une  méthode  bien  plus  courte  que  la 
précédente  ; elle  ne  fe  pratique  guere  que  fur  les 
juliennes  qui  ont  -beaucoup  pullulé  en  pied  ; ce 
qui  arrive  au  bout  de  deux  ou  trois  ans. 

Pour  faire  cette  opération  dans  l’ordre  , ois 
prend  une  bcche  , avec  laquelle  on  leve  de  terre 
le  pied  de  juliennequ’on  veut  éclater;  on  prend  ce 
pied  , on  en  cônfidere  bien  toutesles  parties , ois 
ks  édate  Tune  après  l’autre  ^ de  maniéré  qu’elîas 


FtÈüRïSfs.  117 

fbient  toutes  garnies  d’un  peu  de  chevelu  ; en- 
fuite  on  prend  ces  plants  , qu’on  plante  avec  un 
plantoir  dans  un  endroit  à demeurer  , foit  plates- 
bandes  de  parterre  ou  autres  compartiments  de 
jardin.  Quand  les  juliennes  font  plantées,  i!  faut 
les  arrofer  incontinent  pour  en  faciliter  la  reprife. 

Comment  avoir  des  Juliennes  de  boutures^ 

Cela  fe  fait  lorfque  la  fleur  efl:  paflTée  : voici 
comment.  On  coupe  les  branches  qui  la  portoient^ 
& proche  le  pied  ; on  les  fiche  en  terre  , obfer- 
vant  de  laiffer  trois  yeux  au-deiTus  : cela  fait , on 
prefle  la  terre  contre  ce  plant , on  l’arrofe , puis 
on  l’ombrage  durant  fept  ou  huit  jours , fi  ces 
boutures  font  en  pleine  terre  ; fi  elles  font  plan- 
tées dans  des  pots  ou  des  baquets,  on  les  porte  à 
î’ombre  , d’où  on  ne  les  ôte  point  qu’elles  ne 
commencent  à donner  des  marques  de  leur  re- 
prife. îl  leur  faut  une  terre  graife  , renouvel'ée 
tous  les  ans. 

Après  cela  , & lorfque  les  boutures  font  en 
état  d’étre  replantées  , ce  qui  fe  pratique  pour 
l’ordinaire  l’année  fuivante , on  les  met  où  l’on 
fouhaife  , & félon  la  réglé  du  jardinage.  C’efl 
une  plante  vivace. 


X X I î î.  Du  Moly  ou  Rut  fauvage» 


TL  y a deux  efpeces  de  moly , favoir , le  moly  à 
^larges  feuilles  ^ & le  moly  à petites  feuilles  l 
la  prem  ere  efpece  fe  fubdivife  encore  en  d’autres 
efpeces  que  voici. 


liS  Le  Jardinier 

Le  moJy  à feuille  & à fleurs  de  lys,  & de  cou*» 
leur  blanche  ; le  moly  d* Afrique  à fleur  rouge  ^ 
& qui  tombe  en  ombelle  ; le  moîy  à fleur  refuge  ; 
le  moly  des  Indes  , & le  moly  dŒf pagne  à large 
feuille  & à fleur  rouge. 

Le  moly  efl:  une  fleur  qui  produit  un  effet  très*- 
joli  dans  un  jardin  : la  culture  en  efl:  facile  ; il  fe 
multiplie  de  bulbes,  & croît  bien  en  toute  forte 
de  terre  , pour  peu  qu’elle  foit  ameublie. 

Tout  ce  qu’il  y a à obferver  en  cultivant  cette 
plante  , c’efl  de  la  placer  dans  un  endroit  où  elle 
puifle  flatter  la  vue  : les  Jardiniers  bien  entendus 
favent  bien  lui  ménager  cette  plite. 

Comme  cette  bulbe  Jette  de  profondes  racines, 
on  Parrache  tous  les  deux  ans;  on  en  fépare  le 
peuple,  dont  on  fe  fèrt  pour  multiplier  la  plante. 

On  peut , fl  on  veut , en  planter  dans  des  pots , 
qu’on  mêle  parmi  d’autres  fleurs  mifes  en  amphi- 
théâtre. 


X X î V.  Des  Hyacinthes^ 

U ÀRMi  les  plantes  bulbeufes  , les  hyacinthes  ne 
font  pas  celles  qui  ont  le  moins  d’agrément 
dans  les  jardins  ; il  y en  a de  tant  d’efpeces  diffé- 
rentes & de  couleurs  diverfes  , qu’il  femble  que 
la  nature  fe  foit  plu  à les  former  ainfi  pour  les  y 
faire  paroître  avec  plus  d’éclat. 

Lifte  des  Hyacinthes. 

La  hyacinthe  à plufteurs  couleurs  efl  une  des  bel- 


F £ E 0 R ï § T E»  ÎT9 

îes  fleurs  qu’il  y ait  ; fes  feuilles  reffèrablent  à 
celles  du  poireau  : fes  fleurs  naiflent  en  forme  de 
petits  godets , & lorfqu’elles  font  éclofes  elles 
font  renverfees,  & repréfentent  ainfiune  efpece 
de  lys.  Cette  hyacinthe  donne  beaucoup  de  fleurs 
le  long  de  fa  tige. 

La  hyacinthe  orientale  : elle  a les  feuilles  gran- 
des & graffes  au  toucher  ; fa  tige  eft  plus  groflè 
que  celle  des  autres  , & fes  fleurs  font  plus  lar- 
ges ; fa  tige  a une  double  tête,  dont  Tune  donne 
plus  de  fleurs  que  la  grande  hyacinthe,  & l’autre 
qui  en  eft  moins  chargée. 

La  hyacinthe  Hiver  a la  fleur  bleue  & odorifé- 
ranteron  VcippQWeautrGment  hyacinthe  printanière^ 

La  hyacinthe  de  Conflantinople  efl:  bleue  & fort 
odoriférante  ; fes  fleurs  font  plus  grandes  que 
celle  de  la  précédente  : elle  fleurit  au  mois  de  Mars. 

La  hyacinthe  violette  différé  des  autres  par  plu- 
fleiirs  petites  marques  placées  entredeux  ; fa  fleur 
eft  médiocre , & a la  figure  plutôt  d’un  tuyau 
que  d’une  fleur. 

hyacinthe  cendrée  eft  un  peu  pâle.  La  hyacin^ 
the  rougeâtre  , appellée  ainfi  à caufe  de  fon  tuyau 
qui  eft  de  cette  couleur  ; fa  bulbe  eft  longuette  , 
& d’une  fubftance  fort  tendre,  d’où  vienr  bien 
fouvent  qu’elle  pourrit  dans  le  bas. 

La  hyacinthe  polianthe  blanche  eft  une  hyacin- 
the tardive , & qui  porte  des  fleurs  d’un  rouge  blan- 
châtre. 

La  hyacinthe  polianthe  violette  jette  des  feuilles 
femblables  à de  petites  bj^ndelettes  vertes  : elle  eft 


XM  Jardinier 

fu jette  à fe  gâter  , à caufe  qu’elle  pouffe  fes  buî-* 

bes  tout  en  bas» 

Lakyacintke  bleue ,couhut  de  romarin , fleurit 
moins  que  la  printanière  5 mais  beaucoup  plus 
que  la  tardive , & a la  tige  bien  plus  groffe. 

La  hyacinthe  violette  eft  d’une  beauté  finguîiere: 
on  hyacinthe  à raijin  , parce  qu'elle  donne 

fes  fleurs  en  grappe  ; fa  bulbe  efl:  pour  l’ordinaire 
très- médiocre  , ronde  en  quelques  endroits  , & 
rougeâtre. 

La  hyacinthe  rofe  à grande  flcur^  & îa  bleue, 
n’ont  aucune  marque  qui  les  diflingue  des  autres. 

La  hyacinthe  d^Ef pagne  tardive  ; fa  fleur  eft 
petite  & fans  odeur  ; ii  y en  a de  bleue  & de  blan- 
che , qui  fleuriflent  avec  un  épi  long  comme  la 
paume  de  la  main. 

La  hyacinthe  polianthe  étoilée  a les  feuilles 
épaiffes  : elle  produit  quantité  de  petites  fleurs  , 
tantôt  bleues,  tantôt  d’un  bleu  violet , lorfqu’elles 
penchent  ; tantôt  blanches  , & tantôt  d'un  blanc 
brun  , s’ouvrant  en  forme  d’étoile.  Cette  hyacin- 
the a labulbe  grande,  elle  devicntbrune  îorfqu’elle 
efl  à l’air  , & a fous  fa  première  tunique  une  ef- 
pece  de  petit  coton. 

La  hyacinthe  de  Calcédoine  , autrement  dite 
hyacinthe  de  Turquie  y a beaucoup  d’odeur;  feS 
fleurs  font  fort  agréables  , & naiffent  en  maniéré 
de  petits  brocs  , tantôt  blanchâtres  , difpofées 
enraifin  ; fa  bulbe  pouffe  beaucoup  en  terre. 

J^tkhyacinthe polianthe  à raijin  : il  y en  a de  deux 

efpeces  ^ 


W t n ü K t s f Eè  ïit 

tfpeces  9 Fune  à fleur  blanche  & fans  oâeur  , & 
Faufre  de  Coüleur  pourpre  mêlée  : on  l’appelle 
encore  la  hyâéintkc  Italie  ; ellê  produit  quan-* 
thé  de  cayeux. 

LtLkyacintAëde  Siefitie  a beaücîotîp  de  feüiîîes; 
elle  reflèmbie  à un  cyprès  f fes  fleurs  font  gre- 
nues , fines  comme  des  cheveux  , très-tendres  & 
fragiles,  fe  courbaoc  diverfement  en  rameaux  5 fa 
tige  eft  comme  verte , fort  mince,  ronde  , toute 
unie , ligneufe:  elle  s’élève  au  - deffirs  desfeuillesg, 
fort  longues  & un  peu  caves;  fes  fleurs  font  de  dif*^ 
férentes  couleurs  , compofées  chacune  d’une  feule 
feuille , divifée  en  fix  parties  en  maniéré  de  cloche® 

Voilà  la  defcription  de  la  plus  grande  partie 
des  hyacinthes  " voici  à préfent  leur  culture. 

Comme  il  y a plufieurs  efpeces  de  hyacinthes, 
il  eft  bon  d’en  orner  les  parterres  le  plus  qu’il  eft 
poflibîe  , afin  que  , par  la  variété  de  leurs  cou- 
leurs , & les  diverfes  faifons  dans  lefquelîes  elles 
fleurilTent  , ces  parterres  paroiflent  toujours 
agréables  à la  vue. 

Les  hyacinthes  fe  multiplient  de  graines;  les 
bulbes  qui  en  proviennent  ne  donnent  des  fleurs 
que  la  quatrième  année  ; & ne  naiiTent  j^as  tou- 
jours avec  les  couleurs  des  hyacinthes  dont  la 
graine  a été  tirée  ; car  fouvenî  d’une  blanche  il 
en  naît  une  rouge  , 3c  d’Une  rouge  une  blanche  : 
ainfi  du  refte. 

Comment  gouverner  tes  Oigjîons  de  hyacinthes* 

Lorfque  les  bulbes  dout  on  veut  emplir  un 
I#  Partie^  F 


îix  Le  Jardinier 
parterre  font  des  bulbes  qui  proviennent  de  graî-* 
ne  , on  a dû , en  les  femant , avoir  marqué  i’ef- 
pece  , afin  qu’en  étant  certain  , on  puiffe  les  trai- 
ter conformément  à leur  nature, 

La  plupart  des  hyacinthes  aiment  !e  grand  fo- 
feil.  îl  eft  bon  de  les  mettre  dans  des  pièces  fépa- 
rées  des  autres  fleurs. 

On  en  peut  mettre  aufli  au  long  des  plates- 
bandes,  entremêlées  de  narcÜTes  & de  tulipes. 

On  les  plante  fur  des  alignements  , quatre 
doigts âvanfen  terre,  & de  pareille  diflance  l’une 
de  l’autre  : voilà  pour  les  grofles  bulbes  ; voici 
pour  les  petites. 

On  les  plante  deux  ou  trois  doigts  en  terre  ; 
& , pour  maxime  générale,  il  faut  que  les  hyacin- 
thes y reftent  quatre  ans  avant  qu’on  les  déplan- 
te , à moins  qu’on  ne  remarque  qu’elles  donnent 
trop  de  cayeux  ; & que  par-là  les  fleurs  en  fouf- 
frent , & ne  faifent  rien  qui  vaille. 

Du  Bleu  poUanthe* 

Cette  hyacinthe  demande  une  terre  bien  criblée 
& fubflantielle,  ou  moitié  de  terre  à potager  & 
moitié  terreau , dont  on  la  couvrira  fi-tôt  qu’elle 
fera  plantée , parce  qu’elle  donne  pour  lors  plus 
de  fleurs  & moins  de  cayeux  , dont  il  faut  dé- 
charger cette  hyacinthe  tous  les  deux  ans , afin 
que  le  maître  oignon  profite  davantage. 

De  la  hyacinthe  blanche  hâtive* 

Une  terre  ordinaire  convient  aflèz  à cette  hya- 


FcEüRisfE.  îaj 

ilntlie  ;iî  faut  aiifli  tous  les  deux  ans  la  décharger 
de  fes  cayeux  ; fes  fleurs  ên  naiflènt  plus  belles^ 

De  la  hyacinthe  blanche  tardive^ 

Toutes  les  hyacinthes  tardives  veulent  uînê 
terre  légère  ; il  faut  planter  les  oignons  quatre 
doigts  avant  en  terre  , & les  déplanter  tous  les 
deux  ans  ÿ fl -tôt  que  leurs  feuilles  font  feches  i 
autrement  ils  courroient  rifqiie  de  pourrir^ 

De  la  hyacinthe  verte  à couleur  vertes 

Cette  hyacinthe  eft  fi  délicate  , que  la  moindre 
trdeur  du  foleil  i’altere  , c’eft  pourquoi  il  faut 
fen  garantir  ; fans  cette  précaution  , fa  couleur 
ordinaire  devient  pâle-cendré. 

De  la  hyacinthe  à ràijîn» 

Cette  hyacinthe  demande  une  terre  à potager 
bien  meuble  , beaucoup  de  foleil  ; il  faut  la  plan* 
ter  à cinq  doigts  de  profondeur. 

De  la  hyacinthe  dŒfpàgne  tardive. 

On  doit  lui  donner  une  bonne  terre  , & peu  de 
foleil , & la  mettre  feulement  trois  doigts  avant 
en  terre. 

De  la  hyacinthe  étoilée. 

On  donne  à cette  hyacinthe  une  bonne  terre  â 
potager  , & une  expofition  où  le  foleil  donne  mé- 
diocrement. Elle  a l’oignon  fort  gros  & très-fer- 
tile en  cayeux  ; on  la  plante  à quatre  doigts  de 
diftance  , & fur  la  fin  du  mois  de  Juin. 

F a 


Î24  Le  Jardinïkh 
De  lu  hyacinthe  de  C onfl  antino  pi e<» 

Une  terre  graffe  & un  peu  de  foleil  conviennent 
très  - bien  à cette  hyacinthe  ; on  la  plante  deux 
doigts  avant  en  terre  , & à quatre  doigts  de  dif- 
tance  :elle  veut  être  rarement  déplantée  ; & pour 
lors  i!  faut  en  tondre  les  racines  , en  retrancher 
celles  qui  paroiflènt  mortes  ou  altérées.  A peine 
ed-elle  déplantée  qu’on  doit  aufTi-tôt  la  replan- 
ter , finon  elle  rifque  de  ne  rien  valoir. 

Et  pour  lui  faire  prendre  un  bel  accroiffement, 
il  faut  J fi-tôt  que  fes  premières  feuilles  paroif- 
fent , garnir  l’oignon  d’une  terre  maigre  , & 
prendre  garde  de  ne  point  endommager  les  racines» 

De  la  hyacinthe  polianthe  des  Indes^ 

Cette  hyacinthe  veut  une  terre  légère,  remplie 
néanmoins  de  beaucoup  de  fels.  Elle  fe  plaît  au 
grand  foleil  , & demande  que  durant  l’Eté  on 
Farrofe  fort  fouvent  & amplement. 

Cette  plante  vient  également  bien  en  pleine 
terre  & en  pot  : dans  le  premier  cas , elle  donne 
plus  de  cayeux  , & plus  de  fleurs  dans  le  fécond  ; 
& comme  cette  hyacinthe  pullule  beaucoup  en 
pied  , il  faut , quand  on  la  plante , la  mettre  dans 
un  trou  de  la  largeur  de  la  main  , enfoncée  de 
quatre  doigts  en  terre  ; & lorfque  l’Hiver  ap- 
proche , on  tranfporte  cette  hyacinthe  , fi  elle  efl 
en  pot,  dans  un  lieu  couvert,  où  le  vent  ne  don- 
ne point  : on  la  déplante  au  mois  d’ Avril , pour 
en  ôter  le  peuple , & en  rafraîçhir  les  racines. 


F I E ü R ï s T Eé 

Jdéthoit  pour  élever  les  hyacinthes  de  graine^ 

La  graine  de  hyacinthe  fe  recueille  lorfqu’elle 
ett  mûre  , & cette  maturité  fe  connoît  quand  les 
capfules  qui  îa  renferment  s’ouvrent  ^ & qn’on 
voit  cette  graine  de  couleur  noire*  On  la  garde 
jufqu’au  mois  de  Septembre  ou  d’Oâobre  , qui 
eft  îa  faifon  de  la  femer.  On  a cette  femence  bien 
nourrie  5 lorfqu’on  choifit  de  deiTus  la  plante  la 
plus  belle  tige  & la  plus  chargée  de  fleurs  ; oni 
en  ôte  en  deux  ou  trois  petits  endroits  au-dcflus  ^ 
afin  que  celles  qui  reftent  profitent  davantage. 

Les  hyacinthes  ne  fe  fement  qu’en  pots , rem^ 
plis  d’une  bonne  terre  à potager  : quand  elles 
commencent  à lever , il  eft  bon  de  les  arrofer  quel- 
quefois durant  l’Eté , & de  les  expofer  au  foleil 
en  Hiver  : l’ombre  ne  leur  eft  point  mauvaife  en 
Eté.îl  faut  entretenir  îa  terre  des  pots  un  peu  hu- 
mide , crainte  que  les  oignons  ne  s’alterent  lorf- 
que  la  terre  eft  trop  feche.  Ces  oignons  reftent 
âinfi  deux  ans  en  terre. 

I!  eft  à propos,  la  première  année  qu’il  y a 
que  ces  hyacinthes  font  femées , de  couvrir  les 
pots  d’environ  un  demi -doigt  épais  de  bonne 
terre  , afin  que  les  bulbes  qui  font  deffous  trou- 
vent de  nouveaux  fels  qui  leur  faffent  acquérir  de 
nouvelles  forces. 

La  deuxieme  année , que  ces  bulbes  ont  îa  grof- 
feur  d’une  noix  , on  les  déplante  pour  les  met- 
tre en  planche  ou  autre  compartiment  de  jardin» 

F 3 


|2l6  tu  Jardîkîer 
Quoîqu’à  îa  troifieme  année  ces  bulbes  donnent 
des  fleurs  , on  n’en  peut  néanmoins  encore  bien 
connoître  la  nature  : c’eft  à la  quatrième  année 
qu’on  eft  certain  du  mérite  de  leurs  fleurs,  & 
qu’on  connoit  celles  qui  ont  dégénéré  : on  a foin 
de  les  détruire  pour  conferver  les  plus  belles. 


XXV.  De  la  fleur  de  fafrariy  autrement 


appellée  crocus. 

T E crocus  ou  fafran  eft  une  plante  bulbeufe 
qui  fe  cultive  dans  les  jardins  : on  en  compte 
de  deux  fortes  , le  printanier  8c  Vautomnal  ; les 
uns  ont  les  fleurs  jaunes  , d’autres  bleues , on 
blanches  , ou  mêlées  : il  y en  a de  doubles  & de 
Amples , d’autres  qui  n’ont  que  deux  fleurs  ; les 
uns  font  à larges  feuilles  , & les  autres  les  ont 
étroites. 

Ée  véritable  crocus  eft  celui  qui  fleurit  en  Aih 
tomne  , & dont  l’odeur  eft  fort  agréable  ; fes 
fleurs  font  pour  l’ordinaire  d’un  rouge  pourpré  : 
cette  efpece  eft  fort  recherchée  par  la  beauté  de 
fes  étamines.  Le  crocus^  champêtre  n’eft  pas  fi 
beau  à beaucoup  près  ; cependant  c’eft  celui  qui. 
fe  cultive  plus  communément. 

Il  fe  multiplie  par  bulbes  & par  femence  ; ih 
vent  une  terre  un  peu  fubftantielle  , & une  ex*^ 
poficion  oh  donne  le  foîeil  : c’eft  ordinairement 
en  pleine  terre  qu’on  le  met.  Le  temps  de  planter 
des  oignons  ou  bulbes  de  fafran  eft  lorfque  la 
fleur  en  eft  paftée  ; ce  qui  arrive  environ  proche 
de  rAutomnea 


F i I 1?  R î ^ T ta  T17 

1!  faut  garder  les  oignons  de  fafran  durant 
£x  femaines  , après  qu’on  les  a déplantés  , dans 
un  Heu  aéré^  où  néanmoins  îe  foleil  ne  donne 
point;  puis  on  les  replante  fur  planches  5 ou  dans 
des  découpés  de  parterre,  ou  autres  pièces  de 
jardin  ; on  les  met  trois  doigts  avant  en  terre , 
& à pareille  diftance  l’un  de  l’autre  : c’eft  une 
plante  de  la  balTe  efpece* 

îî  y en  a qui  aiment  mieux  déplanter  les  croci/s 
au  mois  de  Mars , & les  laiffer  ainfi  à Pair  juf« 
qu’en  Automne , qu’ils  les  replantent , dans  l’ef- 
pérance  de  n’en  avoir  la  fîeurque  l’année  fuivante. 

On  îaiife  ces  oignons  durant  trois  ans  fans  les 
déplanter  ; puis,  quand  il  eft  queftion  d’en  venir 
au  travail , on  en  ôte  tout  le  peuple  , enfuite  on 
les  met  en  terre. 


XX  VL  Des  frétillaires. 


E s frétülaires  font  de  deux  couleurs  ; ils 
^ portent  for  leurs  fleurs  de  petites  marques 
quarrées  & rangées  alternativement.  II  y en  a 
d’autres  qui  ne  font  que  d’une  couleur  , & dont 
îe  fond  des  feuilles  eft  de  la  couleur  des  fleurs  ; 
les  extrémités  de  leurs  feuilles  par  où  elles  tien- 
nent font  blanches  comme  dans  les  rofes  ; puis 
on  voit  une  ligne  de  couleur  d’herbe  qui  règne 
jufqu’au  milieu  de  la  feuille. 

Le  frétülaireeft  une  plante  vivace,  qui  fe  muî® 
tiplie  par  (es  bulbes  ou  oignons  : elle  veut  une 
bonne  terre.  On  la  înet  en  pots  ou  en  pleine  terres^ 

F4 


i%B  L e J a n V 1 £9  i f.  m 


elle  vient  mieux  dans  les  premiers.  Le  frétithiré 
aime  le  frais  ; c’eft  pourquoi  il  faut  l’arrofer  du» 
rant  les  grandes  chaleurs  : il  faut  en  mettre  les 
oignons  trois  doigts  en  terre , & leur  donner 
une  diflance  pareille. 

On  déplante  les  frétillaires  au  mois  de  Sep» 
Cembrç  ; fi  la  faifon  efl  froide  , il  faut  les  cou- 
vrir , & ne  les  point  déplanter  qu’on  ne  veuilk 
auflî  » tôt  les  remettre  en  terre. 

Les  frétillaires  viennent  aufii  de  graine  ; on 
ïafeme  en  pots  remplis  d’une  bonne  terre  à po- 
tager , mêlée  de  terreau  : cette  graifie  efl  plate 
& de  couleur  pâle,. 


XXVI  !..  Z)e,  V ornitJiogçdon. 

N en  cultive  de  plufieurs  efpeces  : les  voick 


Le  grand  ornithogalon  \ fleur  blanche-^, 
tombant  en  ombelle. 

L^omithogalon  à fleur  , tirant  fur  le  bleu. 

L^ornitho galon  Arabie  ; ç’eft  une  efpece  de 

iyacinthe., 

L'* ornithogalon  à fleur  blanche  , en  maniéré, 
d’épi  i cette  efpece^  eft  la  plus  rare. 

Il  y en  a de  plufieurs  couleurs  ; favoir  , de 
couleur  d’un  blanc  verdâtre  , & d’un  bleu  pâle> 

Cette  plante  fe  perpétue  de  bulbes  qui  croiff 
fent  en  abondance  durant  l’Eté. 

L’ornithogalon  vient  originairement  du  Le» 
vant , ç’eft  pourquoi  il  faut  l’expofer  au  grand 
foleil  y & le  planter  en  pot  : il  lui  faut  un^  terr^ 


Fi.EtrKïSTEr  ïa9 

èompofëe  d’un  tiers  de  terreau  & de  deux  tiers 
de  terre  légère  , tels  que  peuvent  être  certains 
fables  noirâtres  remplis  de  beaucoup  de  fels. 

L’ornithogalon  fe  plante  au  mois  de  Septem-»^ 
bre  5 & fe  met  deux  doigts  avant  en  terre  ; il 
faut  l’arrofer  en  Eté,  lorfqu’on  le  juge  à pro- 
pos. Cette  plante  eft  fort  fufceptible  de  gelée  ; 
c’eft  pourquoi  , îorfque  Thiver  approche  , on  le 
met  à couvert  dans  une  ferre  à l’épreuve  des> 
froidures*. 

Il  faut  , avant  que  de  déplanter  l’oignon 
attendre  que  la  fleur  foit  entièrement  paflee  , 
que  fa  graine  foit  mûre. 

X X V î î I.  De  torchis  ou  fatyrion^. 

E T T E plante  fe  plaît  dans  une  terre  hu— 
^ mide  & \ l’expofition  du  Nord  .*  on  em 
plante  en  pots  & en  pleine  terre , cinq  doigts^ 
avant  en  terre  à quatre  de  diftancei. 

L’orchis  vient  de  bulbe  qu’on  plante  au  mois; 
de  Septembre.  îl  exige  de  nous  les  memes  foinsv 
que  Pornithogaîon  dont  on  vient  de  parler.  Cette 
fleur  donne  un.  beau  relief  dans  les  parterres  oà; 
on  la  mer.. 


X X î X.  Des  colchiques 

y a de  deux  fortes  de  colchiques , le  prin^ 
■tancer  & Bautomnal  quife.  fubdivifent  m 
d’autres  especes*.  Il  y a.  le  (imp^e  & le  double  ; 
la  colchique  à larges  feuilles,  & l’autre  à pe- 

E 5^ 


î30  Le  jARDiiyiER 

fîtes  feuilles  : le  grand  & le  petit  colchique.  Te 

blanc  , le  rouge,  & le  Jaune. 

Les  colchiques  printaniers  font  de  pîufieurs 
efpeces  ; il  y a le  colchique  à fleur  blanche  au 
commencement , puis  purpurine  quand  fa  fleur 
eft  toute  épanouie.  Cette  fleur  & fa  feuille  font 
petites* 

Le  colchique  à fleur  rouge  pourpré  , & le  coh 
chique  à fieur  pâle  : ils  fe  cultivent  flun  & rau- 
fre  comme  nous  le  dirons  ci-après* 

Les  colchiques  Automne  fe  fubdivifent  en-^ 
core , favoir  en  colchique  pourpre  celui-là  eÆ 
fimple  : il  y en  a un  autre  de  même  couleur 
qui  eft  double , im  colchique  blanc  double. 

Le  colchique  Angleterre  eft  blanc  & fort 
rare  , ayant  de  particulier  en  lui  quhl  donne  fes 
feuilles  avant  fes  fleurs  dans  l’Automne  ; au  lieu 
que  les  autres  produifent  leurs  fleurs  en  ce  temps- 
îà,  & leurs  feuilles  au  Printemps, 

Le  colchique  de  Naples  eft  encore  eftimé , ainfî 
que  le  colchique  de  Lujïtanie. 

Le  colchique  polianthe  eft  de  couleur  pourpre 
foncé  ; il  y en  a un  autre  qui  eft  blanc  ; mais 
cette  efpece  eft  (impie. 

Le  colchique  à plufzeurs  couleurs  ; il  a trois 
feuilles  en  dedans  qui  font  blanches , & trois 
fouges  en  dehors. 

Le  colchique  mêlé , parce  que  fon  blanc  eft 
partagé  par  plufieurs  raies  ou  panaches  qui  font 
rouges. 


FlEÜHIST  Éo  131 

î,e  coTchique  de  Conjîantlnople  tû  encore  de  ce 
nombre  , ainfi  que  le  colchique  Alexandrie  & 
î\e  colchique  de  Samos. 

Les  foins  que  les  colchiques  exigent  de  nous 
Be  font  point  difFiciîes  : ils  croifTent  en  toutes 
fortes  de  terres.  Plus  eîîe  eft  bonne  , à la  vérité, 
mieux  ils  y viennent. 

Les  colchiques  fe  perpétuent  de  tubercules  , 
qu’ils  prodiiifent  en  abondance  tous  les  ans.  Il 
ii’y  a que  dans  les  pièces  de  jardin  qu’on  puifle 
donner  place  à ces  fleurs , & jamais  dans  des  pots. 

On  déplante  les  colchiques  au  mois  de  Juillet,. 
& on  les  replante  au  mois  de  Septembre  , à qua- 
tre doigts  de  profondeur  : il  faut  avoir  foin  de 
lés  farder  dans  le  befoin. 


XXX.  De^  hépatiques, 

Ï’h  É P A T î Q ü E eft  une  efpece  de  renoncule  5, 
^ dont  la  fleur  , à la  vérité , îf  eft  pas , à beau- 
coup près , fi  recommandable  : il  y en  a de  plu- 
fleurs  fortes. 

Cette  plante  , qui  eft  vivace,  fe  multiplie  de 
graine,  qu’on  feme  au  mois  de  Septembre,,  & 
de  racines  éclatées  : voici  comment. 

Prenez  ces  racines  , ayez  foin  qu’elles  foient 
bien  vives  ; éclatez-les  de  maniéré  qu’il  y refte 
fuffifammenc  de  chevelu  , dont  vous  rognerez  les 
extrémités  : cela  fait , plantez  ces  racines  dans 
des  trous  faits  au  plantoir  , recouvrez-les  pro- 
prement preflez  un  peu  la  terre  contre  CQS  ra- 

I é 


E E.  J’  A R ï-  N.:  î'  E-  R 

cines  , afin  que  la  prife  en  foit  plus  sûrç^  LcrP* 
que  toutes  ces  racines  font  en  terre  ^ on  les  arrofei 

aufîî'tôt«. 


îl  faut  femer  l’hépatique  à claire-voie  & â: 
plein  cliamp  ^ parce  que  les  plants  en  deviennent 
plus  beaux  & plus  forts» 

Ee  mois  d’x^vri!  eft  le  temps  de  la  replanter  s 
il  lui  fàut'une  bonne  terre.  Il  n’y  a point  d’ex-- 
pofition  qui  ne  foit  convenable  à l’îléparique  s 
cette  plante  ne  craint  point  le  froid  ; il  faut  la- 
farder  s crainte  que  les  mauvaifes  herbes  ne  Te»- 
toufFent*,  & l’arrofer  dans  îé  befoin. 

Les  Mpatiques  ont  bonne  grâce  dans  des  piè- 
ces découpées  ou  dans  des  petites  plates-bandes^ 
d’Olin  parterre  , îôrfqu’elles  y font  placées  avec 
art  : leurs  fleurs  naiflent  en  forme  d’étoile , & de 
couleur  d’herbe^.. 


X X X I.  Des  ancùîiesi 
’âncolîs  demandé  une  terre  fort  fubflan- 


tidîe  ; elle  fe  perpétue  de  graine,;  elle  fe. 
feme  au  mois  de  Septembre  à cîaire-voit , dans, 
un  petit' endroit  bien  Isbouri 5 & couvert  d’un 
peu  de  terreau  r.îorfqu’on  juge  les  plants  afTez 
forts  pour  être  tr an fplan tés  , on  fe  met  en  de- 
voir de  le  faire  au  mois  de  Mars», 

Pendant  que  ces  plants  font  levés , ibfaut  avoir 
foin  de  les  arrofer,  principalement  durant  les 


Commen  t femer  V hépatique^ 


F L S V n 1 ^ r 


m 


Iffatides  chaleurs  , & de  les  farder,  crainte  que 
les  herbes  étrangères  ne  les  empêchent  dé  croître^ 
t’ancoüé  eft  une  plante  vivace  , qu’on  peut 
suffi  multiplier  de  Feiettons-  éclatés  avec  racines  ^ 
comme  la  plante  précédente  ; voyez-y*  Elle  dure, 
long  - temps  en  terre , fans  qu’il  foit  befoin  qu’on 
la  feme  ; ft  fleur  eft  a plufieurs  feuilles  , cinq; 
plates  & cinq  caves  ^ difpofées  en  cornets  9.  par- 
tie de  couleur  rouge  , & partie  bleue,  blanche 
incarnate  ,.  011  de  couleur  de  châtaigne  : fa  femence; 
eft  menue , ovale  , applatie  d’un  noir  îuifant^., 

XXXIL,  panicaut  ow  chardon  rolant^, 

N feme  le  panicaut  au  mois  de  Septembre 


dans  une, terre  légère  , couverte,  d’un  peu  dê: 
terreau  , répandu  à la  hauteur  d’environ  un  doigta. 

Il  y en  a qui  fement  cette  plante  à demeure  ; il, 
faut  pour.  lors  la  femer  à cîaire>voie  , & l’éclaircir 
encore  !or.fque.  le:  plant  en,  eft  levé  afin  qu’il  m 
croifle  point  étiolé®. 

De  quelque  maniéré  qu’on  multipliecetfe  plante^, 
H faut  avoir  attention  de  la  farder , &de  lui  don^ 
ner  des  arrofements  de  temps  en  temps  fur-toute 
dans  les  grandes  chaleurs... 

Commeon vient  de  parlerincontiîient  de  la  euî^ 
eure  des  hépatiques  , tant  par  fe  fecours  de  leurs 
graines  , que  de  leurs  racines  , an  a cru  devoir  y 
renvoyer  le  ledeur  ,.page  13a». 

Gette  fleur  fait  un  très-bel  efrét  dans  lès  plates-- 

bandes OU  découpés  d’un  parterre  p.;  dont  on  aura 


IJ4  . ^ ^ Jarbîwîer 

eu  foin  de  bien  ameublir  la  terre , & de  PengraiP^ 

fer  même , s’il  en  eft  befoin. 

Le  panicaut  eft  à plufieurs  feuiHes  difpofe'es  m 
rond  , repliées  dans  le  milieu  de  la  fleur  , & qui 
fortent  du  calice. 


XXXIII.  De  la  digitale. 

A digitale  eft  une  fleur  de  la  grande  efpece 


appellée  ainfl,  parce  quefafleur  a du  rapport 
à un  dé  à coudre  , qu’on  met  ordinairement  au: 
doigt  ; elle  eft  à une  feule  feuille  évafée  par  le 
haut , & découpée  en  deux  levres  5.  de  couleur 
d’un  rouge  purpurin  , qui  quelquefois  eft  mêlé. 

Cettepîantè  vient  de  graine,  &fe  femeaumois 
de  Septembre  for  une  planche  ou  plate-bande  cou*^ 
verte  d’un  demi-doigt  épais  de  terreau  bien  ex?* 
pofé  au  foleil  ; il  faut  jetter  la  femence  à daire™ 
voie  , crainte  que  les  plantes  ne  s’étiolent- 

La  digitale  fe  multiple  aufli  de  plants  enracî- 
lîés  ; elle  croit  fort  haut  ; c’eft  pourquoi  on  ne  îa 
plante  qu’au  long  des  murs  , ou  dans  de  grandes 
plates-bandes  , fi  l’on  veut  ; mais  elle  oftufque  uu' 
parterre»  C’eft  au  mois  de  Mars  que  fe  fait  ce  tra-- 
vail;  les  arrofements  lui  font  d’un  grand  fecoursj^ 
fuMout  durant  les  grandes  chaleurs.»^. 


F 1 I K I s T E ^ 


XXXIV.  Des  cyanus  de  toutes  fartes , autrement 
dits  hîuets^ 

ON  appelle  cyanus  ou  Muets  ^ certaines  fleur?? 

qui  naiffènt  en  abondance  dans  les  prés  ; 
mais  ce  ne  font  pas  ceux-là  dont  on  veut  ici  par^ 
1er  ; il  y en  a d’autres  efpeces  qui  méritent  mieux 
qu’on  les  cultive  : les  voici.  Le  grand  cyanus  ^ & 
le  cyanus  de  Canjianîinople^ 

Cette  plante  croît  indifféremment  en  toutesfor- 
tes  de  terres  ;elle  fe  femeau  mois  de  Septembre 
©U  d’Oclofare,  fur  une  plate-bande  garnie  de  ter^* 
reau  , fur  la  fuperficie  , ou  fur  un  bout  de  plan- 
che ; il  n’importe,. 

Quoiqu’on  ait  déjà  aflez  parlé  de  la  maniéré  de 
cultiver  les  fleurs  pour  être  tranfplantées , on  ne 
îaiflera  pas  cependant  de  dire  encore  quelque 
chofe  du  travail  que  demande  le  cyanus  , quand 
il  eft  aflez  fort  pour  être  tranfplanté  ; ce  qui  lui 
arrive  par  les  foins  qu’on  en  doit  prendre  après 
Favoir  femé.  Il  faut  donc  que  la  terre  oîî  on  le 
met  foit  bien  préparée  & amendée  , s’il  en  eft  be- 
foin  ; puis  on  le  plante  dans  le  milieu  d’une  plate- 
bande  5 ou  dans  quelque  découpé  de  parterre  i: 
cela  fait  5 onl’arrofe  auffi  pour  en  faciliterla  reprife„. 

Les  cyanus  donnent  des  fleurs  & flèurons> 
qui  font  agréables  , & qui  fervent  d’un  très-faei 
ornement  dans  un.  jardin^. 


Es  J A R î N r r a 


XXXV.  Du  mufcipule  ou  attrape-mouches;», 

ETTE  plante  eft  ammelîe  ; ellefe.femeenSep- 
tembre  ou  au  Printemps,  à claire-voie  & à 
plein  champ  , afin  que  les  plants  eu  deviennent 
plus  beaux  & plus  forts  : toute  expofition  lui  eft. 
propre  ; mais  il  lui  faut  une  bonne  terre.  Cette.' 
fleur  orne  très  - bien  les  plates-bandes  d’un  par- 
terre ; elle  relTemble  à un  œillet  & fes  feuilles^ 
ramafTées  les  unes  près  des  autres  forment  de 
petits  bouquets  rouges  & odoriférants,  ta  fe.- 
mence  du  mufcipule  efi:  menue,  prefque  ronde 
St  d’un  rouge  foncé  lorfqu’elle  eft  murex 


XXXVI.  Des  coqueücots^ 

E coquelicot  eft  une  efpece  de  pavot  champê- 
tre, qu’on  cultive.néanmoins  dans  les  jardins». 

Cette  plante  eft  annuelle  ; elle  fe  ferne , de  même,. 
que  les  pavots  ordinaires  ^dans  les  mois  de  Sep- 
tembre ,..Oâobre  &.  Mars  plein  champ  ,,  fuc 
une  plate-bande  bien  labourée  : il  faut  fur-tout: 
îa  femer  à.  claire:  voie  & l’on  feroit  bien  fi  on  la. 
mettoit  avec  uapeu  de  cendre , crainte  que  la  fe-* 
mence  ne  tombe  trop  dru  , quelque  précaution 
qu’on  puifte  prendre  : c’eft  par-là  trouver  le  fe- 
cret  d’avoir  de  beaux  coquelicots  ;.au  lieu  que  la; 
plupart  de  leurs  ilèurs  avortent  , ou  ne  s’épa 
BCiiiffent  qu’împarfaitement , quand  on  néglige 
cette,  maxime»^. 


y £ E Ü R 1 s T E* 


237 


Les  fleurs  du  coquelicot  font  à quatre  feuilles  9 
larges  , minces  , & de  couleur  d’un  rouge  foncé  ^ 
la  graine  eft  fort  menue  j & de  couleur  rouge 
obfcuro 

Le  coquelicot  eftaffez  agréable  dans  un  partei> 
rc , foie  en  plate-bande , ou  en  quelques  découpés», 


Ue  toutes  les  fleurs  qui  fe  fement  dans  le  mois 
d^Oclobre  , fe’  de  tous  les  oignons  de  fleurs  qui 
s^y  plantent  , avec  la  maniéré  de  les  cultiver^ 

A PRÈS  avoir  parlé  de  la  culture  des  fleurs  qui 
^^^fe  cultivent  dans  le  mois  de  Septembre  , on 
pafle  à celles  qu’on  feme  ou  qu’on  plante  en  Odo- 
bre*  Qn  commence  par  le  lis. 


N cultive  le  lis  fans  beaucoup  de  peine  : il  fè 


multip’e  de  graine.  Mais  , fans  nous  arrêter 
à cette  méthode,  & laifTant  aux  Botanifles  à en 
dire  ce  que,  bon  leur  femble  , nous  parlerons  de  la 
maniéré  de  le  multiplier  par  fes  oignons  ^ car  c’elî 
une  plante  bulbeufe. 

On  les  déplante  au  mois  d’OSobre  pour  en  ôter 
les  cayeux  , & on  les  replante  en  même- temps 
en  quelque  terre  que  ce  puifTe  être.  Cette  plante 
croît  aflez  d’elle-même , fans  qu’on  y porte  beaii«* 
coup  de  foins.  On  remarquera  que  fes  oignons 
a’ont  point  de 


CHAPITRE  XII 


I,  Du  lis, 


138  Le  Jardinier 
Les  lis  fervent  d’un  très-bel  ornement  dans  les 
jardins  ; on  les  met  au  milieu  des  plates-bandes, 
ou  dans  d’autres  pièces  garnies  de  fleurs  : on  en 
borde  encore  des  allées  entières;  & les  Iis  convien- 
nent fi  bien  par-tout , qu’en  quelqu’endroit  qu’on  I 
les  puiffe  mettre , pourvu  qu’il  y ait  un  peu  d’art 
obfervé,  ils  y ont  toujours  bonne  grâce. 

I L Des  martagons. 

E martagon  efl:  une  efpece  de  lis  dont  leS 
feuilles  de  la  fleur  font  recourbées.  Il  y a plu- 
fleurs  efpeces  de  martagons  ; favoir  : 

Le  martagon , appelle  autrement  le  lis  champê- 
tre  y quife  fubdivife  encore  en  ceux-ci. 

Le  grand  martagon  à fleur  rouge  : fa  tige  eft 
haute  de  deux  à trois  pieds  : il  a beaucoup  de 
feuilles  attachées  fans  queues  le  long  de  la  tige  ; 
elles  font  lifles , douces  au  toucher , & d’un  verd  | 
foncé  : fes  fleurs  font  toutes  recourbées  & pen- 
chées au  bout  du  pédicule  qui  les  porte.  - 

Il  y a une  autre  efpece  de  martagon  dont  la 
tige  efl  plus  petite , & qui  ne  donne  point  de  fleurs  * 
en  fi  grand  nombre  , ni  fi  rouges.  ; 

On  voit  un  autre  martagon  qui  reflemble  aflez  ■ 
aux  deux  premiers , fi  on  en  excepte  certaines  bul-  ' 
bes  qu’il  rapporte  entre  fes  feuilles  & fes  fleurs. 

Il  y a le  martagon  de  Pomporiius  ; il  différé  un  : 
peu  du  preqiier  par  fa  bulbe  enveloppée  comme  | 
d’une  maniéré  d’écaille  fort  mince  : la  fleur  eft  - j 
jaune,  | 


Fïkurïste.  139 

te  martagon  veut  une  terre  à potager  qui  foit 
fubftantielle  ; le  grand  foleil  le  gâte  : il  faut  l’ar- 
rofer  de  temps  en  temps.  On  le  plante  pour  i’ordi- 
lîaire  dans  le  milieu  des  plates-bandes  de  parterres. 

Il  ne  faut  jamais  déplanter  les  bulbes  desmarta- 
gons  , qu’on  ne  veuille  aufli-tôt  les  remettre  ail- 
leurs en  terre  , ou  qu’on  ne  veuille  en  ôter  les 
cayeux;  on  les  replantera  dans  le  même  moment: 
c’eft  toujours  lorfque  les  fleurs  en  font  paffées.  Au 
refte,  on  cultive  les  martagons  comme  les  iis. 

Quelques-uns  pour  garantir  les  oignons  de 
martagons  des  grandes  gelées,  les  buttent  de 
terre.  Cette  plante  fe  multiplie  aufii  de  graine  ; 
mais  la  voie  des  bulbes  eft  bien  plus  courte  & bien 
plus  d’ufage  rc’efl:  pourquoi  nous  ne  dirons  rien 
de  la  première  maniéré.  Ces  oignons , de  même 
que  ceux  des  lis,  n’ont  point  de  robe. 

Pirnirniffl'W^I^ - r -Tl  U< ' !Ë 

III.  Des  afphodeleSf, 

^ ’asfhodele  efl:  une  plante  vivace,  dont 
il  y a deux  efpeces  difFérentes  : favoir,  Yafpho° 
dele  à rameaux  , & Vafphodele  à Jîmple  tige^ 
Cette  plante  vient  de  tubercules  enracinées, 
qu’elle  jette  en  aiïez  grande  abondance  pour  n’cn 
point  manquer  ; elle  fe  plaît  dans  toutes  fortes  de 
terres  & en  belle  expofition  ; on  la  plante  à trois 
doigts  avant  en  terre , les  tubercules  éloignées 
chacune  dun  empan  ou  demi- pied  environ 
î’une  de  l’autre. 

Il  faut  arrofer  les  afphoddes^  afin  qu’elles  en 


j^o  Le  Jardiniik 
prodiiifent  de  plus  belles  fleurs  & en  plus  grande 
quantité. 

Il  faut  avoir  foin  de  les  lever  tous  les  trois  ans 
de  terre , & cela  en  Automne,  quand  la  fleur  en 
cft  paflee  , pour  en  ôter  le  peuple,  que  Ton  re- 
plantera auffi-tôt. 

Cette  fleur  orne  beaucoup  un  parterre  ou  autre 
endroit  d’un  jardin  rempli  d’autres  fleurs  delà  fai- 
fon  : la  première  efpece  eft  en  lis  à une  feule  feuil- 
le , découpée  en  cinq  parties  jufqu’en  bas* 

m 

I V.  Des  hémérocales» 

ON  ^^^éhVkémérocale y zmxtmtvït fleur  d'un 
jour , parce  que  fouvent  elle  fleurit  le  foir , 
&:  eft  paflee  le  matin. 

L’hémérocaîe  eft  une  plante  buîbeufe  que  Ton 
cultive  comme  le  lis  r il  faut  y avoir  recours.  Sa 
fleur  forme  d’abord  une  tête, puis  s’épanouit,  & 
devient  prefque  comme  une  tulipe  de  couleur 
rouge  , d’où  vient  qu’on  appelle  l’hémérocale  le 
lis  orangé  ; cette  fleur , mêlée  avec  d’autres  de  la 
faifon  , fait  une  agréable  variété  dans  un  jardin* 

V.  Des  BaJJlnets. 

ON  appelle  bajjînets  certaines  efpeccs  de  re- 
noncules ^ dont  voici  une  lifte. 

Le  hajjînet  fimfle  à fleur  jaune  il  eft  compofd 
de  quatre  , de  cinq  , ou  de  fix  feuilles  larges. 

Le  hafjinet  à fleur  d écarlate  : la  feuille  de  cette 
plante  eft  découpée , la  fleur  en  eft  belle , & mît 
en  abondance, 


F I E ü ®L  ! s T Eo  Î4ï 

Xe  hajf^net  double  à fleurs  jaunes  a les  feuilles 
fomblabîes  à celles  de  la  rue  ; elles  rampent  tou-* 
jours  à terre;  la  fleur  dure  depuis  le  mois  de  Mars 
jufqu’en  Avril. 

Le  bajjinet  à feuilles  frangées  ; il  donne  des 
fleurs  blanches  femblables  à celles  de  la  pâque- 
rette. 

Le  bajjznee  rond  poufle  des  feuilles  larges, 
rondes,  dentelées  en  leurs  bords  , nerveufes,  & 
d’un  verd  pâle  ; fa  fleur  eft  de  couleur  jaune  , elle 
eft  double  , & fes  feuilles  font  placées  tout  eu 
rond,  de  meme  que  celles  d’une  anémone. 

Le  baflinet  demande  une  terre  à potager  bien 
meuble.  On  place  les  baffinets  dans  de  petites 
plates-bandes  de  parterre  ou  autres  pièces  ; on 
les  met  fix  doigts  avaHit  en  terre , & diftants  d’un 
empan  l’un  de  l’autre. 

On  ne  doit  mêler  les  baffinets  que  parmi  des 
fleurs  naines;  autrement  celles  qui  croiflent  plus 
haut  les  offufquenr. 

Les  baffinets  aiment  le  grand  chaud  , & veu- 
lent être  fouvent  arrofés  & fardés  ; ils  en  devien* 
nent  plus  beaux. 


V I.  Des  Jonquilles. 

A jonquille  eft  une  efpece  de  narcifle  dont  iî 
a plufeurs  forte’?  : les  voici. 

La  grande  jonquille  jette  des  feuilles  d’un  verd 
d’herbe  foncé , & des  fleurs  rangées  fur  la  tige 


Le  Jardinier 
les  unes  après  les  autres , compofées  de  cinq  I Ck 
feuilles  , recoquillées  & de  couleur  jaune. 

La  jonquille  au  godet  rond  a les  feuilles  plus 
étroites  que  les  précédentes  ; elle  fleurit  au  Prin«  ' 
temps  , & ne  donne  guere  de  fleurs  : on  l’appelle 
aufTi  la  jonquille  d^Efpagne  * c’eft  apparemment 
que  le  foleü,  en  nos  climats  , n’a  pas  aflèz  de  force 
pour  lui  en  faire  produire  davantage. 

La  petite  jonquille  fimple  : elle  poufTe  de  plus 
grandes  feuilles  , & donne  des  fleurs  rendes  & 
pointues  , jointes  ou  féparées  les  unes  des  autres, 
fleuriffant  alternativement  ; l’odeur  en  eft  fort 
agréable  : elle  approche  de  celle  du  jafmin. 

Parmi  le  nombre  des  jonquilles,  il  y en  a trois 
qui  diffèrent  de  celles  dont  on  vient  de  parler , 
tant  en  couleur  qu’en  odeur  : telles  font,  j 

La  petite  jonquille  à feuilles  étroites  & ram-  ! 
pantes  à terre  , & à fleurs  irrégulières,  petites, 
fans  odeur  , de  couleur  blanche.  j 

La  jonquille  d^ automne  ; elle  pouffe  fa  tige  i 
avant  fes  feuilles  ; fa  fleur  eft  blanche  & un  peu  j 
odorante  ; elle  paroît  en  automne. 

La  grande  jonquille  diffère  de  celle  d’Efpagne , i 
par  fa  blancheur  & par  fon  odeur. 

La  jonquille  au  calice  de  couleur  jaune  ; elle 
en  diffère  auffi  par  cette  marque  , & néanmoins  ; 
ne  demande  point  une  culture  differente.  | 

La  jonquille  à fleur  pâle;  elle  a les  feuilles  re-  I 
coquillées  ; fa  fleur  eft  d’un  blanc  jaunâtre , tirant  j 
Sut  la  couleur  de  foufre*  ■ 


Fleuriste.  143 

£es  jonquilles  font  du  nombre  des  plantes bul- 
beufes  ; elles  fe  multiplient  de  femence;  mais  éa 
bien  moins  de  temps  par  le  fecours  de  leurs  bul- 
bes qui  demandent  à être  un  peu  couchées  en  les 
plantant,  pour  empêcher  qu’elles  ne  s’allongent  i 
c’efc  leur  défaut.  Les  meilleures  font  toutes  ron- 
des : elles  fe  plantent  dans  une  terre  légère,  8c 
peu  expofée  au  grand  foleil.  On  plante  ces  bulbes 
au  mois  d'Oêiobre,  dans  des  planches  , plates- 
bandes  de  parterres,  ou  autres  pièces  de  jardin; 
mais  elles  veulent  y être  feules , fans  aucun  mé- 
lange de  plantes  ni  d’oignons# 

On  cultive  les  jonquilles  comme  les  narciffès. 
Voyez  la  page  91.  Il  faut  les  mettre  quatre  doigts 
avant  en  terre. 

La  jonquille  à feuille  de  jonc  & à fleur  jaune  & 
la  blanche  , & la  jonquille  à fleur  pâle  & à feuil- 
les recoquillées  , fe  plante  mieux  en  pot  qu’en 
ple'ne  terre  , à caufe  qu’on  les  ôte  feulement  du 
grand  foleil , qui  les  altéré. 

La  jonquille  d’Automne  croît  bien  en  pleine 
terre , enfoncée  feulement  de  trois  doigts , & dif- 
tantededeuxl’unederautre  , jufqu’à  ce  qu’elle 
pouffe  fa  tige , il  faut  avoir  foin  , durant  les  gran- 
des chaleurs,  de  la  butter  un  peu. 

Les  jonquilles  en  deviennent  plus  belles,  lorf- 
qu’elles  font  un  peu  arrofées  dans  le  befoin. 

On  ne  déplante  point  les  jonquilles  , que  pour 
en  arracher  les  racines  qui  y naiffent  attachées; 
& , fi  - tôt  qu’elles  font  déplantées , il  faut  les  re- 
planter ; elles  en  valent  mieux. 


144  ^ ^ JARDtKfSR 

On  peut  néanmoins  garder  des  oignons  de  jon^ 
quilles , fi  on  les  met  dans  des  boîtes  remplies  de 
moufîè  un  peu  humide  ; ce  qu’on  obferve  lors- 
qu’on veut  en  envoyer  bien  loin,  Ôn  fait  des  par^ 
films , des  poudres  , des  pommades,  des  eaux  & 
des  cfTences  de  jonquilles  : c’efi:  ce  qui  fait  que  les 
Parfumeurs  en  font  provifione 


VIL  Du  Cou^de-ckamenUé 
^ s T T E plante  , qui  eft  biifbeufe  , & que  les 
Jardiniers  appellent  cou^de^chameau y efl:  une 
efpece  de  narciiïe  à longue  tige , qui , lorfqu’elle 
eft  chargée  de  fleurs  , penche  & repréfente  ainfi 
îe  cou  d’un  chameau. 

L’efpérience  a fait  voir  jufqu’ici  que  îe  cou-de- 
chameau  efl  une  plante  qui  fe  plaifoit  beaucoup 
dans  une  terre  remplie  de  beaucoup  de  fels  ; il  ne 
faut  qu’en  environner  la  bulbe  , & mettre  deflus 
une  terre  légère  , crainte  qu’à  cet  endroit  elle  ne 
pourriffe. 

Le  cou- de-chameau  ne  yeut  point  être  expofé 
au  grand  foleil  , fi  on  veut  qu’il  fleurifle  tard , & 
que  fa  fleur  en  devienne  plus  belle.  On  le  met  en 
terre,  à la  profondeur  de  quatre  doigts  ; il  fe  dé- 
plante tous  les  trois  ans^  Pour  ce  qui  regarde  le 
refle  de  fa  culture , il  faut  obferver  ce  qui  efl  mar- 
qué dans  l’article  des  narciires  ^ page 


CHAPITRE 


F I E 'IT  H î S T E» 


Î4$ 


CHAPITRE  XV. 

Ih s fleurs  qu^on  doit  Jemtr  dans  le  mois  de  No^ 
vembre  delà  maniéré  de  les  y cultiver^ 

lo  D Ji  s P I V O INES. 

XL  y a deux  efpeces  de  pivoines  , favoir  , îa  pi^ 
voine  mâle  , & la  pivoine  femelle  ; elles  font 
toutes  deux  un  très^bel  ornement  dans  un  Jardin. 

Los  pivoines,  généralement  parlant , n’aiment 
point  le  grand  folei!  ; un  peu  d’ombre  leur  fait 
donner  leurs  fleurs  plus  belles  & de  plus  longue 
durée  ; une  terre  à potager  leur  fuffit , pourvu 
qu’elle  foie  un  peu  graflè  ; elles  fe  multiplient  de 
racines  de  la  maniéré  qui  fuit. 

Découvrez  doucement  la  racine  de  la  pivoine; 
étant  découverte,  levez-la  de  fa  place,  ôtez  toute 
la  terre  qui  efl:  autour  des  racines  ; & , comme  elles 
font  nombreufes  & beaucoup  entrelacées  l’une 
dans  l’autre  , prenez  la  plante  entière  , trempez- 
en  toute  la  racine  en  grande  eau  , agitez-la,  afin 
que  la  terre  qui  y tient  s’en  détache  entièrement. 

Enfuite  divifez  cette  plante  en  plufîeurs  par- 
ties ; &,  pour  y réuflîr , prenez  un  couteau , coupez 
cette  racine  par  la  partie  d’en  haut  jufqu’au  troi- 
fieme  ou  quatrième  nœud,  & meme  jufqu’au  der- 
nier ; vous  ferez  un  trou  aflez  large , oîi  il  y aura 
une  petite  butte  de  terre;  pofez  la  pivoine  deflus 
/.  Partie^  Q 


î4<î  l'E  Jardîkîeü 
de  maniéré  que  les  nœuds  foient  enfoncés  en  terre 
à h hauteur  de  trois  doigts  , & que  les  parties 
bafl'es  des  racines  foient  proprement  arrangées  au-» 
tour  de  la  butte. 

Cela  fait  , vous  rempIifTez  le  trou  de  bonne 
terre  ^ dont  vous  garnifTez  les  racines.  lorfque  les 
pivoines  font  toutes  plantées  , on  les  arrofe  pour 
en  avancer  la  reprife  ; on  les  laiffe  trois  ans  en 
terre  fans  les  déplanter. 

C’eft  à la  fin  de  Novembre  que  fe  fait  cet  ou* 
vrage. 

Les 'fleurs  delà  pivoine  fontcompofées  de  beau- 
coup de  feuilles  rangées  en  forme  de  rofes,  & de 
couleur  incarnate  ou  pourpre. 


Les  pivoines  fe  multiplient  aufli  de  femence  ; 
elle  eft  prefque  ronde,  grofle  & noire,  lorfqu’elle 
eft  mûre. 


CHAPITRE  XVI. 


Des  fleurs  qu^on  doit  fcmer  dans  le  mois  de 
Décembre  & de  leur  culture^ 

Du  MugüetomLîs  des  Vallées, 

Le  lis  des  vallées  , autrement  dit  muguet  des 
bois  y eft  une  plante  vivace  qui  fe  multiplie 
de  plant  enraciné  , qu’on  tire  des  racines  en  les 
éclatant^  elles  font  quelquefois  fi  impliquées  Tune 
dans  l’autre , qu’on  eft  obligé  de  prendre  un  cou- 
teau pour  les  réparer. 


F R B Ü R î s tr  Ka  Î47 

Cette  plante  croît  mieux  à l’ombre  qtie  lorf» 
qu’elle  eft  expofée  au  foleil  ; ci^eft  ce  qui  fait  qu’on 
ne  l’emploie  guere  què  pour  garnir  un  bois  dans 
un  jardin  ; c’eft  pour  l’ordinaire  dans  le  mois  de 
Décembre  qu’on  planté  le  muguete  On  ne  le  met 
que  trois  doigts  avant  en  terre. 

Il  le  faut  lailTer  long-temps  en  place  : car  plus 
üs  racines  font  à l’étroit , plus  il  donne  de  fleurs , 
qui  en  font  plus  belles.  Si  on  veut  que  cette  plante 
ne  fe  démente  point , on  fait  un  cerne  autour  du 
pied,  pour  en  ôter  la  vieille  terre  5^  en  fubftituer 
de  nouvelle. 

Les  Iis  des  vallées  s’élèvent  à la  hauteur  d’un 
demi-pied  , & fe  chargent  d’une  multitude  de  pe- 
tites fleurs  prefque  rondes;  elles  pendent  en  en- 
bas  5 attachées  à de  petites  queues  courtes.  Tl  y 
en  a de  deux  fortes  : Tune  a les  fleurs  blanches  , 
fort  odoriférantes  , la  racine  pâle  & les  feuilles 
larges  ; l’autre  a les  fleurs  d’un  rouge  blanchâtre  ^ 
fans  odeur , la  racine  brune , & les  feuilles  étroi- 
tes. On  fe  fert  plus  volontiers  dans  les  jardins  du 
muguet  à fleur  blanche  que  de  l’autre® 


14^  Jardinier 


CHAPITRE  XVI  I. 

Q^ui  contient  les  fleurs  qu^on  feme  ou  qu'mon  plante 
au  mois  de  Février , avec  leur  culture z 

Le  mois  de  Janvier  eft  trop  rifquable  pour  îa 
.Tükure  des  fleurs  , à caufe  du  froid  ; c’eft 
pourquoi  on  n’en  dit  rien  ici , on  pafle  à celui  de 
Février. 


I.  Des  Amaranthes  ou  Pajfe-velours» 

ÏL  y a tant  de  fortes  amaranthes , & de  diffé- 
rentes couleurs , qu’il  efl  inutile  ici  d’en  faire  le 
dénombrement  : on  les  appelle  autrement  paffe^ 
velours  , fleur  amour  ou  de  jaloufie. 

Les  amaranthes , qui  font  du  nombre  des  plan- 
tes annuelles,  fe  multiplient  de  graine,  qu’il  faut 
femer  le  plus  à claire-voie  qu’il  eft  pofiible  ; car 
elle  eft  fi  petite  que , quelque  précaution  qu’on 
prenne , elle  tombe  toujours  trop  dru.  On  en  fe- 
me durant  quatre  mois  de  l’année  ; favoir  , Fé- 
vrier, Mars  , Avril  & Mai  : dans  les  deux  pre- 
miers mois,  c’efi:  toujours  fur  couches,  afin  d’en 
avoir  de  bonne  heure  en  fleur  : quand  la  graine  efl 
femée  , on  l’arrofe  un  peu  , & on  la  couvre  de 
paiîlafîbns  ou  de  cloches,  pour  la  garantir  des  ge- 
lées , des  vents  & des  grandes  pluies , qui  lui  font 
contraires,  &:  auffi  pour  l’exciter  à lever. Lorfque 
la  graine  a poufle  à îa  hauteur  de  deux  bons  pou- 
ces, & que  les  plants  ont  chacun  quatre  ou  cinq 


F I ï tT  Ê.  i s T E.  Î49 

’Ÿeuîlîes  ^ on  ôte  lés  cloches  qu’on  a mifes  deffiis, 
s’il  fait  doux , & on  coinmence  paf-Ià  à les  accou- 
tumer au  grand  air. 

Ce  foin  dure  Fefpace  de  fx  femaines  , que  les 
amaranthes  ayant  pris  un  bel  accroiifement  & des 
forces  fufiifantes  , font  tranfplantées  en  pleine 
terre  ou  en  pots  à 

Pour  celles  que  î’on  feme  mois  d’ Avril  & 
de  Mai , il  fuffit  de  les  femer^en  pleine  terre  ^ ên 
quelque  petit  endroit  couvert  de  terreau  , qui  ne 
foit  pas  trop  expofé  au  foletl.  Il  eft  inutile  de  les 
couvrir  de  cloche  , parce  qu’alors  il  n’y  Z rien  a 
craindre  pour  le  froid.  " 

Lorfque  ce  feront  de  belles  & de  rares  auîa« 
ranthes  , l’on  attendra  le  commencement  d’ Avril 
pour- les  femer  fur  couche  , en  fuivant  ce  qui  eft 
dit  ci-defTus. 

Les  amaranthes  fe  fement  encore  en  pots  ou 
dans  des  baquets  remplis  moitié  de  terre  à pota- 
ger, & moitié  dé  terreau  de  couche  ; Ton  pré- 
tend même  qu’elles  y viennent  mieux  qu’en  pleine 
terre  ; c’eft  aux  mois  d’Avril  & de  Mai  que  ceîa 
fe  pratique,  I!  eft  aifé  pour  lors  de  les  tranfporter 
où  l’on  veut  , pour  leur  donner  telle  expofttioü 
qu’on  fouhaite,  & qu’on  juge  leur  être  plus  con- 
venable, qui  font  les  endroits  où  il  n’y  a pas  trop 
de  foieiî.  On  peut  les  couvrir  de  cloches  pour 
qu’elles  pouffent  plus  vite. 

Quelques-uns  fe  fervent  de  houlette  de  Jardi- 
nier pour  tranfporter  eu  motte  les  amaranthes  ; 

G 3 


1^0  Le  J a r b î n î e r 
d’autres  fe  contentent  de  les  arracher  , & de  îeÉ 
replanter  auffi-tôt;  ce  n’eft  pas  que  la  première 
méthode  ne  foit  plus  afflirée.  îl  faut  les  arrofer 
incontinent  après  qu’elles  font  plantées: cet  arro- 
femcnt  en  facilite  la  reprife , & c’efl  une  maxime 
générale  qu’il  faut  toujours  obferver  après  qu’on 
a planté  quelque  plante  que  ce  foit. 

Les  amaranthes  fe  plantent  dans  les  plates-ban- 
des des  parterreî^^’ed  ordinairement  dans  le  mi- 
lieu qu’on  les  met  : ces  fleurs  ont  encore  bonne 
grâce  en  pots,  remplis  moitié  d’une  terre  à pota- 
gêc,  w moitié  de  terreau  de  couche.  Il  ne  faut  pas 
leur  laifler  manquer  d’eall  dans  le  befoin. 

La  graine  d’amaranthe eü: prefque  ronde,  me- 
nue , & d’on  noir  îuifant  ; on  ne  doit  la  cueillir 
que  dans  fa  parfaite  maturité  : ainfi , il  eftbon  d’en 
avoir  la  f!§ur  ue  bonhê  neure,  afin  que  ia  gfdinr 
ait  tout  le  temps  de  mûrir  ; on  peut  même  la  laif- 
fer  pafTer  l’Hiver  dans  la  ferre  avec  fa  fleur  & 
dans  fa  paille  , quelque  feche  qu’elle  paroifle  j 
jufqu’à  ce  que  les  rudes  gelées  foient  pafTées  ; en- 
fuite  on  peut  la  grainer  & la  renfermer  dans  de 
petites  boîtes  , où  elle  fe  confervera  jufqu’à  ce 
qu’on  juge  à propos  de  la  femer. 

On  eftime  les  amaranthes , non-feulement  parce 
qu’elles  fervent  d'une  très-belle  décoration  dans 
les  jardins  , mais  encore  parce  qu’elles  durent 
en  fleurs  au  moins  deux  ou  trois  mois  ; car  elles 
fleuriffent  en  Juillet  ou  Août  ^ & vont  jufqu’à  la 
fin  de  l’automne.  Cette  plante  fait  un  joli  effet  dans 


T % ^ V % 1 s r E,  ïjx 

^es  pots  places  avec  goût  : elle  efl:  très-délicate  à 
élever  dans  les  pays  froids. 

I î.  De  la  balfamine» 

A culture  de  cette  plante  , qui  eft  annuelle  , 
Aj  n’a  rien  d’extraordinaire  : elle  vient  de  graine  ; 
on  la  feme  au  Printemps,  fur  couche  , en  rayons 
ou  à plein  champ  : il  ne  faut  pas  la  femer  trop 
dru , elle  en  devient  plus  forte. 

Quand  les  jeunes  plants  commencent  à lever  ^ 
on  les  couvre  de  pailIafTons,  pour  les  garantir  du 
froid  & des  frimats,  qui  morfondent  les  plantes 
qui  font  délicates. 

Au  bout  de  deux  mois  que  la  balfamine  a été 
femée  on  la  tranfplante  ; car  pour  lors  elle  a ac- 
quis fuffifamment  de  force  pour  cela. 

Les  places  qui  lui  conviennent  font  pour  lors 
le  milieu  des  grandes  plates-bandes  de  parterres  ; 
on  la  mêle  parmi  les  fleurs  de  la  grande  efpece.  II 
faut  avoir  foin  de  les  arrofer  pour  en  maintenir 
îa  tige  , qui  efl:  fuccuîente  & fongueufe. 

On  plante  aufii  les  balfamines  en  pots  , remplis 
de  deux  tiers  de  terre  à potager  & d’un  tiers  de 
terreau  de  couche. 

Les  fleurs  de  la  balfamine  font  â quatre  feuilles 
inégales , dont  la  fupérieure  eft  voûtée  ; celle  de 
deflbus  forme  une  maniéré  de  capuchon  , & les 
deux  autres  qui  tombent  à côté  s’appellent  rabat. 
La  femence  de  cette  plante  eft  prefque  ronde  & 
fcmblable  à des  lentilles» 

G 4 


III.  Des  pommes  (T amour  ou  pommes  dorées^ 


JL  n’eft  point  de  plante  dans  nos  jardins  qui 
croifTe  plus  haut  que  la  pomme  d’amour  : elle  eft 
d’un  tempérament  robufte  ; e’efl  pourquoi  la  cul- 
ture en  efl  aifée. 

On  la  feme  en  pleine  terre  : il  faut  en  bien  ameu^ 
blir  l’endroit  ^ la  femer  en  plein  champ  & à claire- 
voie. 

Quand  la  pomme  d’amour  commence  à lever 
onl’arrofe  de  temps  en  temps  : une  terre  humidelni 
convient  ; fi-tôt  que  le  plant  en  eft  affez  fort , on  le 
tranfplante , fi  l’on  veut,  dans  de  grandes  pièces  de 
jardin  011  itn’yaquedesfleurs  de  la  grande  efpece. 

Etant  ainfi  plantée  , oa  lui  donne  de  fréquents 
arrofements  pour  lui  faire  prendre  une  belle  croi?- 
fance  ; & , comme  les  tiges  de  cette  plante  font 
frêles , Qîi  fiche  de  petites  baguettes  à leurs  pieds 
pour  leurfervir  d’appui. 

Cette  plante  produit  des  fleurs  qui  naiffènt  par 
bouquets  de  couleur  jaune  , & en  forme  d’une 
rofette  à cinq  pointes.  Sa  femence  eft  ronde  , 
plate  & jaunâtre. 


IV.  De  la  mayenne  , autrement  dite  melant:^ene^ 

T A mayenne  eft  une  plante  annuelle  qui  vient 
de  femence  ; on  la  feme  fur  couche  à la  fin  de 
Février  , en  rayons  & à claire-voie  , il  n’importe. 
S’il  furvient  des  frimats  dans  le.  temps  qu’elîe 


F L E ü !l  I s t E.  153 

commence  a lever  , il  fera  bon  de  la  couvrir  de 
quelques  paiüafTons  , ou  de  grande  paille  foutenue 
avec  des  perches  & des  échalas  mis  de  travers. 
Quand  la  mayenne  ed  afîez  forte  , on  la  trans- 
plante & on  a foin  de  Tarrofer  dans  la  fuite  : elle 
a bonne  grâce  dans  un  jardin  parmi  les  fleurs  de 
îa  petite  efpece.  Ses  fleurs  naüTent  en  maniéré 
de  rofettes  à pointes  , de  couleur  de  pourpre  ou 
blanche  fa  graine  eft  petite  & blanchâtre. 


V.  De  la  confoude  royale  ou  fperonelle» 

A confoude  royale  eft  une  efpece  de  pied-d’a- 
louetce  qui  fe  multiplie  de  plant  enraciné  ;on 
!a  plante  en  Février  ou  au  commencement  du 
Printemps , dans  une  terre  légère , en  pleine  terrer: 
elle  fe  met  aufli  en  pots , pour  la  garantir  du 
■froid  , dont  elle  eft  fufceptibîe. 

Cette  plante  fe  plaît  au  grand  foleil  ; mais  auffî 
faut-il  avoir  foin  de  lui  donner  de  fréquents  arro* 
fements.. 

Gn  leve  tous  les  ans  la  confoude  royale  , parce 
qu’elle  pullule  beaucoup  en  racines  : s’il  arrive 
néanmoins  qu’elle  ait  peu  de  peuple  , on  attend  k 
fécondé  ou  la  troifieme  année  à faire  ce  travail. 

Il  faut  mettre  la  confoude  royale  trois  doigts 
avant  en  terre  , lorfqu’on  la  plante,  & l’y  enfoa- 
cer  jufqu’au  haut  du  verd  qu’on  y voit  ; on  Far- 
rofe  incontinent , & on  la  porte  au  grand  foleiL^, 
lorfqu’élle  eft  en  pot. 

r.  ÿ... 


♦ Jardinier 

On  peut  en  mettre  en  pleine  terre  ; mais  pouf-i* 
îors  il  faut  la  conferver  contre  les  frimats  qui 
tombent  dans  les  mois  de  Février  & de  Mars. 

La  confoude  royale  vient  aufîi  de  graine  ; on  la 
feme  fur  couche  ou  en  pleine  terre , à la  fin  de 
Février  ou  au  commencement  de  Mars , le  plus  à 
claire-voie  qu’il  eft  poflible , afin  que  le  plant  en 
croifTe  mieux. 

Quand  ce  plant  eft  aflez  fort , on  l’arrache  pour 
fetranfpîanter  où  l’on  fouhaite  , & de  la  maniéré 
qu’on  vient  de  le  dire. 

La  fleur  de  la  confoude  naît  en  forme  de  cha-» 
ton  : elle  reffembîe  d’un  côté  a un  pied-d’alouette  ; 
elle  eft  de  couleur  rouge  foncé  : fa  graine  eft  de 
couleur  noire  ^ & fi  petite , qu’à  peine  eft-elle  vi-  | 

fible.  ■ 


V It  De  Vacjie  royale. 

IT  L y en  a deux  fortes  ; la  première  a les  fleurs 
A jaunes , & l’autre  les  a blanches  ; elles  les  por- 
tent au  haut  de  leur  tige  ; elles  Tentent  fort  bon  : 
î!  leur  faut  médiocrement  du  foleil.  Cette  plante 
fe  perpétue  de  racines  éclatées , accompagnée  de 
petites  tiges  ; elle  veut  une  terre  humide  & rem- 
plie de  Tels  : fi  elle  eft  dans  une  terre  légère  , il  fau- 
dra l’arrofer  fouvent , pour  fiippléer  au  tempéra- 
ment dont  elle  eft.  Les  racines  de  l’efpece  jaune 
font  rougeâtres  & en  forme  de  glands,  & l’autre 
efpece  toute  blanche. 

L’ache  royale  fait  un  très-bel  effet  dans  une 


* Fleuris  t rî5 

pîate-bande  ; on  la  plante  à un  demi-pied  de  dis- 
tance l’une  de  l’autre , & deux  doigts  avant  en 
terre  , oli  elle  relie  trois  ans.  Ce  temps  paffé  , & 
ÎQrfque  cette  plante  à pullulé  amplement , on  la 
déplante  pour  en  ôter  le  peuple  , qu’on  emploie 
pour  en  multiplier  l’efpece* 

L’ache  royale  n’aime  qu’une  chaleur  médiocre, 
c’efl  ce  qui  oblige  quelquefois  d’en  planter  en 
pots , pour  en  avoir  de  plus  belles  fleurs  : elles 
tombent  en  ombelle  , & font  eompofées  chacune 
de  cinq  fleurs  difpofées  comme  celle  du  lilas  , &: 
de  couleur  jaune  ou  blanche*. 

I ■mil -Il un ■ i i'  iidrîTiMT'  - 

Y 1 1.  Des  croix  de  Jerufalem , autrement  appel- 
lées  croix  de  Chevalier  ou  écarlate^- 

CETTE  plante  croît  très-bien  en  toutes  fortes 
de  terres  , pour  peu  de  fubflance  qu’il  y ait 
elle  veut  le  grand  foleiî , & fert  d’un  très-bel  or* 
nement  dans  les  parterres. 

Les  croix  de  Jerufalem  fe  multiplient  de  graines 
qu’on  feme  en  Mars  ou  en  Septembre  , & de  ra- 
cines éclatées  \ elles  fe  cultivent  comme  les  hépa- 
tiques 5 page  I3i.0n  peut  y avoir  recours, pour 
éviter  les  redites. 

Leurs  fleurs  font  à cinq  feuilles  , difpofées  ciî- 
embelle  ou  parafo!  ; elles  repréfentent  autant  de 
petites  croix  de  couleur  écarlate  ou  de  cinabre 
broyé..  Ces  fleurs  font  quelquefois  blanches  & 
d’une  odeur  fort  douce  : la  graine  de  cette  plante 
efl  prefque  ronds  & ds.  couleur  rouffe.. 

G 6. 


Le  a r © r n î e k 


[C  H A P I T R E XV  ML 

Des  fleurs  qiûon  feme  ou  qu^on  plante  en  MarS  p 
& de  la  maniéré  de  les  gouverner* 

lè  D E I A J A C É E DES  I N D 1 S. 

^ L y eji  a de  trois  fortes  ; favoir  ^ la  jacée  de$ 

prés  y la  jacée  tricolor  y autrement  appellée  U 
penfés  y &.  la  jacée  des  Indes» 

Cette  plante  fe  cultive  aifément  ; une  terre  i 
potager  lui  fuffit  : elle  fe  multiplie  de  rejettonsqui 
nailTent  au  pied  ; ou  les  plante  quatre  doigts  avans 
en  terre  , puis  on  les  arrofe  pour  en  faciliter  la 
reprife. 

Les  temps  propres  à faire  ce  travail  j.font  les 
mois  de  Mars  & de  Septembre  , où  le  peuple 
qu’on  en  tire  eft  en  état  pour  lors  de  donner  dans 
la  fuite  de  belles  fleurs». 

La  jacée  fe  met  dans  les  plates-bandes  de  par- 
terres ou  autres  pièces  de  jardin  ; on  en  plante 
auffi.  en  pots  , & même  la  jacée  y vient  mieux  ^ 
étant  pour  lors  très-facile  de  l’expofer  au  midi 
où  elle  croît  à fouhait. 

Ses  fleiir.s  font  compofées  de  pîufieurs  fleu- 
rons fa  graine  naît  garnie  d’oignons  , & dé 
couleur  brune* 


Fisürïstk: 


ï I.  Des  œillets» 

FO  U Rfuivre  un  ordre  naturel  dans  la  culture 
de  l’œillet,  nous  commencerons  par  le  faire 
venir  de  femence  , qui  eft  le  vrai  moyen  d’en  va-- 
rier  les  efpeces  : il  fe  feme  en  pleine  terre  , fur 
couche  , dans  des  terrines  ou  baquets  , en  Au-- 
tomne  ou  au  mois  de  Mars. 

Si  c’eft'  en^pleine  terre  , i!  faudroit  y mettre 
un  demi  doigt  épais  de  terreau  par-defîiis  ; fi  c’eS 
fur  couche  , îe  terreau  fuffit  allez  de  îüi-même» 
Si  on  fe  fert  de  terrines  ou  de  baquets  , on 
îés  emplit  dans  le  fond  d’une  bonne  terre  à pota- 
ger bien  criblée  , couverte  d’un  démi-doigt  dè 
terreau.  On  feme  les  œillets  à claire-voie  , à plein 
champ  , ou  dans  dès  rayons  tirés  au  cordeau  : on 
couvre  îâ  graine  avec  là  main  ou  le  râteau  , & 
on  Tarrofe  incontinent; 

U faut  toujours  avoir  bonne  provifion  de  grai- 
ne d’œillets  , afin  d’en  fèmer  beaucoup  ; car  foLi« 
vent , entre  un  millier  de  pieds  d’œületsde  graine 
qu’ôn  aura  plantés  , à peine  s’en  trouvera-t-iî 
trois  ou  quatre  qui  foient  dignes  des  foins  d’un 
fleuri  fie  curieux. 

tes  œillets  dè  graine  fè  plantent  fur  îà  fin  dtJ 
mois  de  Mars  ou  au  commencement  d’Avriî': 
ces  jeunes  plantes  croilTene  jufqu’à  l’année  fui*- 
vante  fans  donner  de  fleurs. 

Eorfqu’ils  ont  paffe  l’Hiver  dans  le  premiêi: 
étât^g,  ils  pullulent  en  pied  , & poufîènt  des 


JÂHD-îïr'îER 

jetons  ^ du  milieu  de  la  plupart  defqueî.s  s’€Îe=» 
vent  des  tiges  qui  produifent  des  fleurs , & d’au- 
îres  qui  ne  fervent  que  de  marcottesy 

Quelques-uns  ombragent  ces  jeunes  plants  de 
paillaflbîîs  ou  d’autres  chofes  femblables  fi-tôt 
qu’ils  font  plantés  y afin  d’en  faciliter  îa  reprife  ^ 
a moins  qu’^alors  le  temps  ne  foit  couvert , & 
qu’il  n*y  furvienne  quelque  pluie  qui  difpenfe 
dé  cette  peine.  Suppofé  qu’on  ait  couvert  les  œil- 
lets durant  le  jour  , il  faut  les  découvrir  le  foir  g- 
pour  les  faire  jouir  des  influences  de  la  nuit , qui 
îeur  font  fort  falutai res. 

Dans  le  mois  de  Juin  de  l’année  fuivante  qu’ils 
©nt  été  plantés , les  œillets  donnent  leurs  fleurs  ; 
pour  lors  on  les  vifite  tous  ; & , s’il  y en  a qui 
foient  beaux , on  les  marque  afin  de  les  marcotter  ; 
c’eft  une  voie  dont  on  fe  fert  pour  en  multiplier  I 

les  plus  belles  efpeces  de  la  maniéré  qui  fuit.  j 

la  manière  & du  temps  dé  marcotter  Vceilletm 

Il  faut  qu’un  œillet  foit  digne  des  curieux  pour  | 
îé  marcotter , & que  les  marcottes  en  foient  bien  j 
nourries  : c’efl  à la  fin  de  Juin  ou  au  commen-  j 

cernent  de  Juillet  qu’on  fait  cet  ouvrage  ; & pour  ; 

cela  ayez  un  canif  ou  un  petit  couteau  qui  cou-  I 

pe  net  ; & , après  avoir  choifi  entre  les  marcottes  I 

de  î’œiüet  celles  dont  les  fanes  font  lés  plus  fer-  | 

mes  & les  plus  belles  , faites-y  une  incifion  aa  l 

milieu  du  nœud  , le  plus  près  du  pied  qu’il  eîï  | 
poffible  5,  obfervant  que  Tentaille  n’aille  qu’à  | 


Feëürîs^  tff 

tî^  du  nœud,  ou  aux  deux  tiers  tout  au  plus,. 
& que  depuis  ce  nœud  jufqu^au  pied  il  y ait  allés 
d'étendue  pour  coucher  la  marcotte. 

Quant  à la  fente  qui  fe  fait  le  long  de  la  tige^ 
elle  ne  doit  s’étendre  qu'à  un  pouce  environ  de 
îongueur  ; il  faut  mettre  dedans  un  petit  bout 
de  feuille  d’œillet  en  maniéré  de  croifon. 

Gela  fait , couchez  doucement  & adroitement 
cette  marcotte , en  la  faifant  obéir  avec  le  doigt 
de  maniéré  qu’elle  fe  couche  fans  fe  caiTer  ; arrê- 
tez-la  avec  un  petit  crochet,  foutenez  - la  d’um 
autre  petit  bâton  , fi  c’efi  en  pleine  terre  que 
vous  marcottez  ; car  îorfque  c’efl:  en  pots  îes  bords 
îa  foutiennent  affèz  : puis  ayant  couvert  d’un  pexi 
de  terreau  la  partie  qui  efî  enterrée  , arrofez-fa 
& laiflTcz  ainfi  la  marcotte  jufqu’à  ce  qu’elle  exige 
de  vous  d’autres  foins.^ 

Ordinairement  les  curieux  fe  fervent  d’enton** 
noir  dé  fer  blanc  pour  les  marcottes  qui  fe  trou^ 
vent  trop  hautes  montées  ; ils  FemplifTent  de  ter-» 
reau  , dans  îequeri!  couchent  la  marcotte  , qu’iîs 
foutiennent  d’un  bâton  pour  l’afiermir  ; puis  5 
îorfquhls  ont  marcotté  les  œillets,  ils  ont  foin  de 
les  arrofer* 

Si  cfefi:  en  pfeine  terre  qu’on  ait  marcottés  iî 
faut , durant  les  trois  premiers  jours  , couvrir 
îes  marcottes  pour  les  garantir  du  foîeil  , qui 
pour  lors  les  flétrit  : fi  c’efl  en  pots  on  les  porte 
à l’ambre. 

Les  marcottes  doivent  avoir  pris  racine  dans 


iSo  L e J a r b r îî  ï e îè 
îe  huit  ou  le  douze  de  Septembre  tout  au  pîur 
tard  ; c’eft  à quoi  on  doit  prendre  garde  lorf- 
qu’on  veut  les  lever  ; s’ils  n’ont  pouffé  que  de 
petites  fibres  prefque  imperceptibles  , il  faudra 
une  couche  médiocrement  chaude  , & y mettre 
les  pots  oiî  feront  les  marcottes. 

Il  eft  vrai  que  les  marcottes  qui  font  en  pleine 
terre  n’ont  pas  le  même  avantage , c’eft  pourquoi 
auffi  en  périt-il  bien  plus  qu’en  po-ts  ; mais  l’in- 
convénient n’arrive  pas  toujours  : on  y voit  des 
marcottes  , non  reprifes  en  ce  temps  , paffer  l’i- 
ver  en  cet  état  , & fur  la  fin  de  Mars  prendre 
racine^  Les  marcottes  d’œillets  veulent  le  grand 
foleil  & de  fréquents  arrofements. 

De  la  maniéré  dJ œilletonner  les  ailletso^ 

L’œillet  fe  perpétue  encore  d’œiüeronsou  hions  ç | 
nommés ainfi  par  quelques-uns  : voici  comrrrenfg  j 

On  confîdere  le  pied  d’œillet  qu’on  veut  œiî» 
lètonner  ; car  ayant  choifi  les  œilletons  les  plus 
médiocres  5 on  îes  coupe  avec  des  cifeaux  , à 
deux  ou  trois  nœuds  près  du  cœur  , qui  efi:  l’en- 
droit d’ou  fortent  les  feuilles  ; on  obferve  qu^il 
a’y  en  ait  point  davantage. 

Enfuite  on  fend  l’œilleton  en  croix  par  la 
partie  d’en  bas  de  la  tige  , dans  îe  nœud  qui  en 
eft  le  plus  proche  ; on  conduit  la  fente  jufqu’au 
fécond  ; & ayant  coupe  les  extrémicés  des  fanes 
jufqu’à  trois  doigts  près  du  cœur  /on  jette  l’œil- 
teîon  au  fokil  pour  le  faire  un  peu  flétrir , après 


F I £■  TT  K I S'  T E.  lèt 

ÇUOi  on  le  met  tremper  en  eau  jufqu’âce  qu’il  ait 
repris  fa  première  vigueur. 

Pour  lors  on  a des  pots  tout  prêts  ou  des  ba- 
quets remplis  d’une  terre  à potager  bien  criblée^ 
& couverte  de  deux  pouces  épais  de  terreau  : on 
y fiche  les  œilletons  jufqu’au  fécond  nœud  ; oa 
preffe  la  terre , afin  qu’elle  les  tienne  plus  pref- 
fés  ; c’eftce  qui  en  facilite  la  reprife  ^ & qui  Fa^ 
vance  : cela  fait , on  arrofe  le  plant  ^ ce  qui  y con- 
tribue encore. 

On  œüleronne  les  œ'I!ers  dans  le  même-temps 
qu’on  les  marcotte  , & les  œilletons^  refient  ainfî 
jufqu’en  Septembre  qu’ils  ont  pris  racines  5 & 
qu’on  les  leve  pour  les  emporter. 

De  la  terre  propre  aux  œillets  ^ & comment  les 
y planter» 

Pour  compofer  une  terre  propre  à Fœllîetç  il 
faut  prendre  un  tiers  de  bonne  terre  a potager  5 
un  tiers  & demi  de  terreau  de  couche  , un  tiers 
& demi  de  terre  jaune  ^ bien  cribler  le  tout  ^ & 
îes  mêler  enfemble  ^ enfuite  on  en  remplit  des 
pots  de  terre  de.  moyenne  grandeur  , plus  larges 
par  le  haut  que  par  Te  bas,  afin  que  îbrfqu’iî  faut 
dépoter  les  œillets  ^ on  en  piiifle  venir  à bout  plus 
facilement.  - 

Il  faut  un  peu  fouler  îa  terre  dans  les  pots , 
parce  qu’elle  s’àfFaüTè  toujours  trop  fans  cette  pré- 
caution 5 & en  mettre  jufqu’à  un  doigt  près  dli 
bord  5 puis  on  achevé  de  les  remplir  de  terreau,, 
ia  ainfi  mife^  on  leve  adroitement  îa  mar- 


îéi  Le  Jardinier 
cotte , on  la  fépare  du  pied,  en  la  coupant  avec 
u*n  couteau  le  plus  près  de  fon  origine  qu’il  eft 
pciflîble  ; puis  , après  qu’on  en  a rogné  l’extré- 
mité des  feuilles , on  la  plante.  Le  temps  qui 
convient  le  mieux  à cet  ouvrage  eft  toujours  vers 
la  Saint-Remi. 

Et  pour  planter  une  marcotte  comme  il  faut , 
on  fait  un  trou  au  milieu  du  pot  avec  le  doigt , 
fuffifamment  profond  ; on  y inféré  la  marcotte , 
on  preftè  la  terre  contre  la  racine  , puis  on  l’ar- 
rofe  ; enfuite  on  porte  les  pots  à l’ombre  durant 
dix  ou  douze  jours  , qui  eft  le  temps  ou  le  plant 
doit  être  repris  ; après  cela  on  porte  ces  pots  dans 
un  endroit  expofé  au  levant. 

Comme  l’œillet  n’eft  pas  beaucoup  fnjet  à être 
endommagé  des  gelées  , il  eft  bon  de  lui  laifTer  | 
elTuyer  les  premières  ; il  n’en  eft  que  plus  à l’é-  | 

preuve  dans  la  ferre  , oîi  l’on  met  les  pots  pour  i 

les  y laifler  jufqu’au  Printemps  : on  peut  fe  con-  ! 
tenter  d’une  chambre  , ou  d’autres  endroits  à : 
l’épreuve  de  Tair  le  plus  froid.  ! 

Si  l’Hiver  étoit  doux  , & que  la  terre  des  pots  ! 
parût  trop  feche  , il  feroit  bon  d’arrofer  les  œil-  ! 

^ îets  légèrement  avec  de  l’eau  tirée  récemment  : 
d’un  puits. 

Le  temps  de  fbrtir  les  œillets  de  la  ferre  n’eft  ’ 

point  preferit  ; c’eft  l’Hiver  plus  ou  moins  de  i ; 

durée  qui  le  détermine,  quoique  vers  Pâques  on  . ; 
voie  ordinairement  les  Fleuriftes  s’emprefTer  de  i ! 
les  mettre  à l’air  j c’eft-à-dire  j néanmoins  ^ dans  j i 


FieürïSt^.  ïê^ 

en  lieu  à couvert  des  friraats  d®  la  faifon,  & ou 
le  foleiî  ne  donne  point. 

II  faut  petit  à petit  accoutumer  les  œillets  en 
pots  à fe  faire  au  grand  air , puis  au  foleiî. 

S’il  y a quelques  feuilles  fur  les  œillets  qui 
paroifîènt,  pourries  , on  les  arrache  ou  on  les 
coupe  tout  proche  du  tronc,  & le  plus  promp“ 
Éement  qu’on  peut. 

Après  un  certain  intervalle  de  temps  , on  trans- 
porte les  pots  au  levant  ; on  en  voit  qui  réuiïi- 
fent  au  midi , à l’aide  des  arrofements  qu’on  leur 
donne  toujours  après  que  le  foleiî  eft  couché. 

Lorfque  les  œillets  commencent  à dardiüer  , on 
prend  des  baguettes  de  coudre  qu’on  fiche  à leurs 
pieds  pour  leur  fervir  de  fourien:  on  y attache 
les  dards  avec  un  petit  jonc , à mefure  qu’ils 
pOüSnî*  On  dit  qu’un  œillet  âardilU  lorfqu’il 
poufle  les  tiges  d’où  naiflent  les  fleurs , & ces  ti-* 
ges  s’appellent  dards  , en  terme  de  Fîeurifle. 

Quelquefois  un  pied  d’œüîet  pouffe  des  mon-^ 
lants  de  toutes  fes  marcottes  : c’eft  une  maiivaîfe 
marque  , il  faut  en  châtrer  une  partie  ; ce  qui  fe 
pratique  en  coupant  le  dard  au  fécond  nœud. 

II  eft  bon  de  ferfouir  les  œillets  de  temps  en 
temps  , & particuliérement  lorfqu’on  remarque 
que  U terre  a fait  croûte  fur  la  fuperficie. 

Les  œillets  dardilîent  fouvent  plus  qu’on  ne 
veut , & jettent  de  même  des  boutons  : il  faut  ^ 
pour  avoir  de  beaux  œillets  , abattre  de  ces  bou-«* 
IQAS  autant  qu’on  le  juge  à ptopos , & fur  - tout 


ÎÔ4  Le  Jardinier 

ôter  ceux  qui  naifTent  oppofés  l’un  à l’autre  , t 

les  plus  proches  du  pied.  ^ 

S’il  y a des  œillets  qui  çrevent , i!  faut  lier  I 
bouton  , & Ie  fendre  un  peu  du  côté  qu’il  formi  : 
une  maniéré  de  boffe  : le  bouton  gros  & court  ei  : 
pour  l’ordinaire  celui  dont  il  faut  fe  méfier. 

Quand  les  œillets  font  épanouis , il  faut  regar-  ^ 
der  fi  les  feuillesy  font  dans  un  bel  ordre  ; finor  i 
il  faut  peigner  ceux  qui  l’exigeront,  c’efl-a-dire, 
en  arranger  les  feuilles  de  maniéré  qu’on  puiflï  ‘ 
dire , voilà  un  bel  œillet.  Voici  comment  on  pei-  : 
gne  un  œillet. 

Lavez  bien  vos  mains , cfiuyez-les , prenez  î’œiI4 
!et  mal  arrangé,  pliez -en  les  extrémités  du  haut 
du  calice,  rangez~y  deffus  les  feuilles  de  la  fleur  ^ 
félon  que  votre  bon  goût  vous  le  fuggérera. 

Pour  peigner  un  œillet  qui  creve*  on  fe  fert: 
d’un  petit  carton  arrondi , percé  au  milieu , & 
du  diamettre  convenable  à la  groflèur  du  calice 
de  l’œiilet  ; on  place  ce  carton  à l’extrémité  d’en . 
haut  du  calice  , fous  les  feuilles  de  la  fleur,  qu’on 
arrange  avec  art  ; ce  qui  lui  donne  une  forme 
fort  agréable  à la  vue. 

Les  œillets  remettent  rarement  en.  pleine  terre  ; 
ils  s’élèvent  bien  mieux  dans  des  pots  que  l’on 
place  fur  des  planches  pofées  fur  des  trétaux  ; 
e’efl“là  qu’étant  arrangés  dans  un  bel  ordre  & en' 
amphithéâtre  , ils  fe  font  admirer , fur  - tout 
quand  ils  font  beaux. 

Lorfque  les  œillets  font  en  fleur , il  faut  les  cou«*  ; 

I 


F X E tJ  K ï s T t»  l6$ 

yrïr  , pour  les  garantir  du  foleil  & des  humidi- 
tés. Cette  fleur  efl:  fi  délicate  , que  le  grand  chaud 
la  fait  pafler  en  peu  de  temps  ; les  pluies  en  ter-» 
niffent  le  luftre. 

Quelques  - uns  , pour  faire  durer  plus  long- 
temps la  fleur  des  œillets , portent  à l’ombre  ceux 
qui  font  dans  des  pots. 

Le  vrai  moyen  d’avoir  des  œillets  la  plus  gran- 
de partie  de  Tannée  , efl:  de  faire  des  marcottes 
en  différents  temps,  depuis  la  fin  de  Juin  jufqu’au 
mois  d’Odobre  ; félon  qu’elles  feront  faites  plu- 
tôt ou  plus  tard  ; elles  fleuriront , les  premières 
dans  le  Printemps  , les  fécondés  en  Eté , & les 
dernieres  dans  l’Automne.  Pour  en  avoir  au  mi- 
lieu de  l’Hiver , coupez  les  premiers  montantSa 


Des  marques  d^un  bel  œillet. 


||  Un  œillet  pafTe  pour  être  beau  , lorfqu’i!  eiî 
I large  , garni  de  beaucoup  de  feuilles  , & qu’il 
forme  une  maniéré  de  petit  dôme.  Un  œillet  plat 
n’efl  point  eftimé  ; la  belle  largeur  d’un  œillet  efl 
de  trois  pouces  fur  neuf  ou  dix  de  tour  : les  plus 
gros  en  ont  quatorze  ou  quinze. 

On  fait  cas  d’un  œillet  dont  le  blanc  efl  net, 
&:  qu’il  n’efl  point  carné,  lorfque  fes  feuilles  font 
unies  en  leurs  bords  & non  découpées  , qu’elles 
font  rondes,  & non  pointues. 

Plus  un  œillet  efl  chargé  de  panaches  , plus  il 
efl  beau  ; mais  il  faut  qu’ils  y foienc  bien  parta-t 
gés , fans  être  imbibés») 


ibS  Is  Jardînier 
Le  panache  le  plus  beau  eft  celui  qui  régné 
puis  la  bafe  jufqu’au  bout  de  la  fleur.  Ajoutez  â 
toutes  ces  marques  que,  lorfqu’il  a fes  fleurs  bien 
arrangées  , on  peut  dire  que  c’eft  un  œillet  par- 
fait, & qui  mérite  qu’on  le  cultive» 

Des  maladies  Je  Vœillet. 

Il  eft  certaines  maladies  auxquelles  l’œillet  eft 
fujet , qu’on  peut  prévenir  aifément , & auxquel- 
les il  eft  impoflible  de  remédier  lorfqu’elles  fonC 
arrivées  : telles  font  la  pourriture  & le  blanc. 

On  empêche  que  la  pourriture  attaque  l’œillet , 
fi  on  ne  l’arrofe  que  raifonnablement  : s’il  ne 
commence  que  d’en  être  attaqué  , il  faut  en  cou- 
per toute  la  partie  malade  jufqu’au  vif,  & la 
couvrir  d’une  terre  feche  & légère. 

Quant  au  blanc , on  préferve  l’œilIet  de  cet 
inconvénient,  fi  on  l’arrofe  dans  le  befoin , & qu’on 
ne  lui  donne  point  une  expofition  qui  lui  nuife  : 
il  faut  auflî  le  mettre  à couvert  des  brouillards. 


III.  Du  DiSame, 

^ ET  TE  plante  fe  multiplie  de  graine  , qu’on 
feme  fur  couche  le  moins  épais  qu’il  eft  pof- 
fible  : elle  vient  aufti  de  racines  éclatées  , parce 
que  c’eft  une  plante  vivace. 

Lorfqueledidame  eftaflez  fort  pougltre  tranf- 
planté  , on  le  place  dans  quelques  cô^artiments 
de  jardin  , parmi  les  fleurs  de  la  grande  efpece. 
il  faut  l’arrofer  de  temps  en  temps  , & le  far^ 


Fleuriste»  167 

der  : au  refte , fa  culture  efl:  ordinaire.  La  fleur 
du  didame  naît  en  forme  de  panache  , dans  des 
dpis  grêfes , & de  couleur  rougeâtre  ou  blanche  : 
fa  graine  eft  prefque  ronde. 

I V.  Du  volubilis  , autrement  dit  grand  liferon 
ou  lifet. 

if^N  compte  de  plufieurs  fortes  de  volubilis; 

favoir  , le  bleu  & le  blanc , le  volubilis  des 
Indes , bleu,  blanc  & jaune. 

Quoique  cette  plante  croiffe  dans  les  haies,  ou 
ne  laiffepas  pour  cela  d’en  faire  un  ornement  de 
jardin.  Cette  plante  vient  de  graine  , & fe  feme 
fur  couche  : lorfqu’elle  eft  parvenue  à une  hauteur 
raifonnable,on  la  tranfplante  en  plate-bande. 

Le  volubilis  ràmpe  ordinairement  à terre  ; c’eft 
pourquoi  on  lui  donne  pour  appui  des  baguettes 
qu’on  fiche  en  terre  î pour  lors  on  ne  craint  point 
que  fes  rameaux  incommodent  les  autres  fleurs 
qui  l’accompagnent. 

Ses  fleurs  naiflent  à une  feule  feuille , en  forme 
de  cloches  , de  couleur  blanche  , frangées  le  plus 
fou  vent  : fa  graine  eft  noire,  ou  d’un  rouge  foncé. 

V.  De  la  Capucine» 

•g*  A capucine  eft  une  efpece  de  crejfon , appelîé 
^ crejfon  d^Inde  ; c’eft  une  plante  annuelle  qiii 
fe  multiplie  de  graine  qu’on  feme  grain  à grain  , 
parce  qu’elle  eft  fort  grofle,  éloignée  de  quatre 
doigts  l’une  de  l’autre^ 


I[58  Le  jARDïNfÉR. 

On  la  met  le  long  de  quelque  mur  garni  de 
treillage  , ou  de  quelque  cabinet  fabriqué  de  mê- 
me. La  capucine  monte  haut  , & s’attache  en  mon- 
tant , comme  les  poids  quand  ils  font  ramés. 

Cette  plante  forme  une  paliffade  fort  agréa- 
ble ; on  peut  en  mettre  dans  une  cour , pour  fer- 
vir  d’ornement , & cacher  par - là  la  difformité 
d’un  mur.  Lorfque  les  jeunes  plants  commencent 
à lever , il  eft  bon  de  les  arrofer  , ils  en  croiflënt 
plus  beaux.  A mefure  que  les  capucines  mon- 
tent , il  faut  en  arranger  les  montants , & les  at- 
tacher légèrement  avec  un  petit  jonc  d’efpace  en 
efpace,  jufqu’à  ce  qu’elles  foient  parvenues  à leur 
croiffance  parfaite  ; c’efl:  pour  lors  qu’elles  pro- 
duifent  un  effet  fort  agréable  à la  vue. 

Si  on  veut  femer  des  capucines  dans  une  cour 
qui  foit  pavée , il  fuffit  d’ôter  un  pavé  , de  creu- 
fer  un  trou  à la  place  , profond  d’un  demi-pied  , 
& de  l’emplir  de  quelque  bonne  terre  à potager 
ou  autre  , ptiis  y mettre  la  femence. 

D’autres  font  tout  du  long  du  mur  une  plate- 
bande  élevée  de  terre  d’un  pied , & d’autant  de  lar- 
geur, bordée  de  planches  , & rempli  de  quelque 
bonne  terre  rapportée,  mêlée  de  terreau;  il  faut  que 
ces  planches  foient  arrêtées  avec  degrandes  chevil- 
les de  bois,  enfoncées  en  terre  à coups  de  maillet. 

Quand  ces  plates-bandes  font  ainfi  préparées  , 
on  y met  la  graine  de  capucines,  comme  on  a dit  : 
il  fuffit  qu’on  l’y  mette  un  doigt  avant  en  terre , à 
diûance  d’un  empan  l’une  de  l’autre. 

Quelques-uns  ^ 


FtEüRfSTf:.  169 

(Quelques-uns  , au  lieu  de  plates-bandes  dref- 
fé^s , comme  on  a dit , fe  fervent  de  petites  caifTes 
lônguettes,  qu’ils  empIifTent  de  bonne  terre  , & 
qu’ils  placent  le  long  des  murs  qu’ils  fouhaitent 
garnir  ; mais  l’expédient  le  plus  fur,  le  plus  pro- 
pre , & le  moins  fujet , font  les  trous  qu’on  fait 
dans  les  cours  qui  font  pavées  , ainfi  qu’il  a été 
marqué  ; à moins  que  ces  cours  ne  foietu  pavées  de 
grands  carreaux  de  pierres  , avec  ciment* 

Lès  fleurs  de  la  capucine  font  à plufieurs  feuil- 
les irrégulières,  différentes  de  cinq  autres  feuilles 
qui  naiffent  des  découpures  du  calice.  Sa  graine 
cfl:  un  peu  groffe  & ronde.  Voilà  l’agrément  qu’on 
peut  tirer  des  capucines  lorfqu’on  en  plante. 

V le  Du  hajilic. 

CETTE  plante  fe  multiplie  de  graine , & fe  feme 
fur  couche,  à plein-chaitip  ou  en  rayons,  & 
toujours  à claire-voie  , autrement  les  plantes  s’é- 
tiolent. S’il  tombe  des  frimats  dans  la  faifon  qu’on 
feme  !e  bafilic  , il  fera  bon  de  l’en  garantir  en  le 
couvrant  de  quelque  cloche  de  verre  ôu  de  gran- 
de paille. 

Si  le  temps  eft  doux,  & qu’on  Juge  qüe  les  jeu- 
nes plants  aient  befoin  d’un  peu  d’eau  , on  les 
arrofera. 

Le  bafilic  fe  plante  ordinairement  dans  de  pe- 
tits pots  de  faïance  ou  de  terre  : c’eft  une  plante 
très-baffe,  à qui  il  faut  peu  de  nourriture. 

I!  y a deux  fortes  de  bafilics  5 favoir  , le  grand 
/•  Partie^  H 


tjo  Le  J a r d I w î î a 
& le  petit  ; le  premier  fe  cultive  dans  les  jardins 
potagers , & fert  en  cuifine  pour  donner  du  re- 
lief aux  ragoûts  ; le  fécond  s’élève  pour  le  plaifir 
des  yeux  îk  l’ornement  des  jardins. 

On  garnit  les  petits  parterres  de  bafilic  mis  en 
pots , comme  on  l’a  dit , d’efpace  en  efpace  , & 
pofés  fur  de  petits  dés  de  pierre  ou  d’autres  pots 
de  terre  renverfés. 

On  mêle  encore  les  bafiîics  en  pots  parmi  les 
fleurs  mifes  en  amphithéâtre  ; ils  y produifent  un 
elFet  fort  agréable. 

La  terre  propre  à élever  les  bafilics  en  pots, 
doit  être  compofée  de  deux  tiers  de  terreau  , & 
d’un  tiers  de  terre  à potager  criblée.  On  aura  foin 
de  temps  en  temps  d’arrofer  cette  plante  com- 
me la  beauté  d’un  bafilic  eft  d’avoir  la  tête  ronde, 
s’il  arrive  que  quelque  petit  rameau  excede  les 
autres , on  le  coupe  avec  des  cifeaux.  La  graine 
de  bafilic  eft  oblongue. 


VII.  Des  phaféoles  incarnats. 

C’est  une  efpece  de  haricot,  ou  plutôt  de  pois 
chiche  à couleur  incarnate  \ on  s’en  fert  pour 
orner  les  jardins. 

Cette  plante  vient  de  graine,  fe  cultive  comme 
la  capucine,  page  167,  & fe  met  dans  les  mêmes 
endroits  , à deux  doigts  de  profondeur  en  terre. 
Sa  fleur  croît  en  maniéré  d’aile  à papillon  : fa  fe- 
mence  a la  figure  d’un  rein  ; elle  eft  de  couleur 
rougeâtre  ou  d’un  rouge  noirâtre. 


FtEÜRISTEi 


IJt 

w — ■■ 

V 1 1 L I^es  mdtricûireso 

Le  matricaire  eft  une  plante  vivace  qui  vient 
de  femence  Ôc  de  plant  enraciné , au  Printemps 
ou  en  Automne  ; on  le  feme  en  pleine  terre  , cou* 
verte  fuperficieüement  d’un  peu  de  terreau. 

La  culture  de  cette  fleur  efl  fort  aifée  , puifque 
fouvent  elle  fe  feme  & croît  d’elle^même  ; mars 
quand  elle  eft  cultivée,  elle  en  devient  plus  belle; 
Sc , pour  y r éuftir  ^ on  la  feme  fur  quelque  bout  de 
planche , & dans  une  terre  meuble  , mêlée  d’un 
peu  de  terreau:  puis , lorfque  les  plants  font  aiïez 
forts  pour  être  tranfplantés , on  les  met  dans  des 
plates-bandes  de  parterres  ou  autres  pièces  décou- 
pées : il  eft  bon  de  les  arrofer  dans  le  befoin. 

Cette  plante  jette  beaucoup  de  rameaux  , & 
donne  des  fleurs  qui  font  à rayons,  au  milieu  def- 
quelleseft  un  difque  compofé  de  beaucoup  de  fleu- 
rons , qui  forment  ^ dans  leur  fuperficie  y une 
efpece  de  couronne  à demi-fleurons  ; les  matri- 
caires  fleuriffent  plufieurs  mois  de  fuite , lorfqu’on 
coupe  leurs  tiges  quand  la  fleur  eft  paflee  : fa  fe- 
mence eft  oblongue, 

IX.  Des  Soleils  ou  Tournefols  ^ autrement  dit 
Héliotrope. 

CETTE  plante  fe  multiplie  de  femence  ou  de 
racines  qu’on  tire  des  touffes  qu’elle  produit 
en  pîed* 

II  y a de  deux  efpeces  de  foleils  ; la  première 

H a 


V]%  Le  jARDfNÎÊR 
naît exîîêiîiement haute,  & ne  jetrequ’une  tige  % 
l’autre  efl  plus  bafTe  , & en  pouffe  davantage  ^ 
accompagnées  de  plufieurs  rameaux, 

La  première efl  prefque  négligée  à préfent;&, 
fî  on  en  voit  dans  quelques  jardins  , ce  n’eft  que 
dans  des  endroits  perdus , pour  y donner  quel- 
qu’agrémenr. 

Quant  à la  fécondé  efpece , elle  n’efl:  propre  que 
pour  mettre  dans  de  grandes  allées  d’un  jardi® 
fpacieux  , plantées  d’arbres  dans  toute  leur  lon- 
gueur , entre  îefquels  on  met  ces  foleiîs  , qui  y 
font  un  effet  affez  joli. 

Cette  plante  fe  plaît  en  toutes  fortes  de  terre  ^ 
bonne  ou  mauvaife  ; le  plant  fe  met  à la  profon- 
deur de  quatre  doigts.  Ses  fleurs  font  à rayons  , 
dontle  difque  eft  compofé  de  plufieurs  fleurons 
jaunes,  arrangés  en  forme  de  couronne,  dans  le 
milieu  de  laquelle  paroiffent  quantité  d’autres 
petits  fleurons  : fa  graine  eft  oblongue. 

X.  De  la  grande  pâquerette. 

C’est  une  fleur  de  la  moyenne  efpece  , que 
quelques-uns  connoiffent  fous  le  nom  de  cAry- 
fantenum  ^ qui  efl:  le  nom  latin. 

Cette  plante  , qui  eft  annuelle,  fefeme  au  Prin- 
temps fur  couche  ou  en  pleine  terre  , couverte 
d’un  peu  de  terreau  : fa  culture  eft  ordinaire  ; c’eft 
pourquoi  on  n’en  dira  rien  de  plus.  Elle  donne 
des  fleurs  radiées  de  couleur  jaune  doré,  fort  ref- 
pkndiffant  ; chaque  fleur  a un  difque  compofé  de 


Fleuriste*  î73 

pîufieurs  fleurons  ; fi  Ton  coupe  fes  tiges  après 
avoir  fleuri , elle  donnera  ^ pîufieurs  mois  de  fui- 
te de  nouvelles  fleurs  : fa  graine  eft  quelquefois 
anguleufe  , ou  cannelée  , ou  menue  ; elle  fe  ter« 
mine  en  pointe* 

X I.  De  la  hellevedercm 

Autrefois  les  bellevederes  éroient  plus 
communes  qu’elles  ne  font  aujourd’hui  : elles 
fe  perpétuent  de  graine  qu’on  feme  en  pleine  terre 
fort  à claire-voie  ; & encore , quelque  précaution 
qu’on  ait  prife,eft*on  obligé  fouvent  d’en  éclair- 
cir le  plant. 

On  peut  fe  fervir  des  bellevederes  pour  orner 
de  petites  cours,  ou  autres  endroits  femblables  ; 
on  en  plante  les  pieds  à trois  pieds  de  diftance  l’un 
de  l’autre  ; on  en  met  auffi  en  pots.  On  a néan- 
moins négligé  cette  plante  aujourd’hui  ; on  ne 
fait  pas  pourquoi. 

La  beîlevedere  fe  flétrit  bientôt  îorfqu’on  !a 
plante, &l’airraîteretout-d’un-coup  ; c’eft  pour- 
quoi on  l’arrofe  fi-tôt  qu’elle  eft  plantée , & on 
l’ombrage  de  quelque  chofe  pour  la  ravivre. 

Cette  plante  fe  feme  d’elle-même , pafTe  l’Hi- 
ver en  terre  fans  rien  craindre.  A mefure  que  la 
beîlevedere  croît,  il  faut  l’arrofer;  elle  en  devient 
plus  belle  , & forme  une  pyramide  femblabîe  à 
un  if  ou  à un  pieu. 

Toute  force  de  terre  lui  convient , pourvu 
qu’elle  foie  bien  ameublie* 

H ? 


Î74 


L s Jardin  lEîi 


^ — — ' 

XII,  Z^e  la  giroflée. 

La  giroflée  eft  une  plante  qui  fait  un  des  plus 
beaux  ornements  des  jardins,  par  la  variété 
de  fes  fleurs  & de  la  douceur  de  fon  odeur  ; auffi 
exige-t-elîe  des  foins  tous  particuliers. 

Cette  plante  vient  de  graine,  &fefemeaumois 
de  Mars,  fur  couche  ou  en  pleine  terre  couverte 
d’un  doigt  de  terreau  ; il  faut  la  feraer  à claire- 
voie,  crainte  que  les  voies  ne  s’étiolento 

Lorfqu’elie  commence  à lever , il  faut  la  garan- 
tir des  friraats  de  la  faifon  ; pour  cet  effet  on  cou- 
vre îes  plants  de  paiilaffbns  ou  de  cloches. 

Les  giroflées  doubles  ne  donnent  jamais  de 
graine  ^ ce  font  îes  Amples,  fur  îefqueües  il  faut 
ôter  les  filiqoes  qu'on  juge  fuperflues  , afin  que 
celles  qui  relient  foient  mieux  nourries  , & don- 
nent de  plus  belle  graine. 

Le  véritable  temps  de  recueillir  la  graine  de  gi- 
roflée eft  l’année  fuivante  qu'elle  a été  plantée  ^ 
& dans  îe  mois  de  Juin  , que  les  filiques  qui  la 
renferment  font  toutes  feches  , & qu’elles  com- 
mencent à s'ouvrir;  c’eft  pour  lors  aufli  que  cette 
graine  eft  mûre. 

Quant  le  plant  des  giroflées  qu'on  a femées  eft 
aflTez  fort  pour  être  tranfpîanté  , on  ne  les  met 
point  en  place  à demeure;  on  en  garnit  des  plan- 
ches entières,  on  les  y plante  à un  demi-pied  l’une 
de  l’autre,  & fur  des  alignements  tirés  au  cor- 
deau, efpacées  pareillement  ; on  laiflè  ces  jeuneiL 


• : . F t E V R î 5 T Eé  lyi 

‘giroflées  en  cet  endroit  comme  dans  une  efpece 
de  pépinière. 

Lorfqa’elles  font  reprires  , & qu’elles  ont  un 
peu  pouffe,  on  les  châtre  , c’eft-à-dire  , on  leur 
rogne  le  cœur  avec  les  ongles  pour  les  faire  pul- 
luler en  branches,  de  maniéré  que  chaque  pied 
forme  un  petit  boiffbn. 

La  giroflée  n’eft  eftimée.  qu’autant/qu’eüe  eft 
double  ; & c’eft  dans  cette  pépinière  , lorfque  § 
fur  la  fin  de  Septembre  , elles  commencent  à mar- 
quer , qu’on  en  eff  certain  ; & , pour  marque  de 
cela , cette  plante  pouffe  un  petit  bouton  camard  ^ 
avec  plufieurs  feuilles  repliées  & renfermées  dans 
un  calice  : c’eft  pour  lors  qu’on  n’en  doute  plus  ; 
& enfuite  on  prend  toutes  les  giroflées  qui  don^ 
isent  ces  marques,  on  les  gouverne  comme  on  le 
va  dire , & on  rejette  les  fimpîes,  dont  on  garde 
feulement  quelques-unes  des  plus  belles  pour  m 
avoir  de  la  graine. 

On  plante  les  premières  en  pots  ou  en  caiffes 
fuffifamment  grandes , & remplies  moitié  de  terre 
à potager  & moitié  terreau  ; elles  s’y  élevent  bien 
mieux  qu’en  pleine  terre.  II  eft  bon  de  lever  en 
motte  les  giroflées  qu’on  veut  replanter  ; & , pour 
y réuflir,  on  prend  une  bêche,  on  l’enfonce  trois 
ou  quatre  doigts  au-deffbus  de  la  racine  de  la 
plante  ; cette  entaille  faite,  on  retire  la  bêche 
pour  en  faire  un  autre  de  l’autre  côté,  faifant  que 
cette  bêche  defcende  en  biais  fous  les  racines  : il 
faut  à chaque  fois  enlever  la  motte  par  petites  fe- 

H 4 


Î7fi  tE  Jakdiniek 
coufFes  , en  baiffant  le  manche  de  la  bêche  lort 
qu’elle  eft  en  terre. 

Cela  fait , & lorfque  les  racines  de  la  giroflée 
font  détachées  de  la  terre  , qu’il  y a comme  un 
cerneautourde  lamotte^on  enfonce  les  deux  mains 
des  deuxcôtés,  on  empoigne  cette  motte,  écartant 
les  doigts  , le  plus  qu’il  efl:  poflible  ; on  enleve  le 
tout , & on  fe  porte  ainfi  dans  le  pot  ou  la  caiffe 
qu’on  lui  a préparé  ^ après  en  avoir  fait  couper 
l’extrémité  des  racines  qui  excédent  la  motte» 

Enfuite  on  place  la  giroflée  le  mieux  qu’on 
peut,  on  en  garnit  le  pied  de  terre,  puis  onPar- 
rofe.  On  plante  auffi  les  giroflées  doubles  en  ra- 
cines feulement  ; mais  on  cil  plus  sûr  de  la  reprife 
par  la  première  voie. 

On  plante  ainfi  les  giroflées  pour  les  garantir 
du  froid  quieÜ  leur  ennemi  capital;  &,  îorfqu’il 
approche  , on  porte  les  pots  ou  les  caifîès  dans 
une  ferre  à l’épreuve  des  gelées. 

Il  arrive  quelquefois  que  les  giroflées  ne  mar- 
quent point  avant  l’Hiver  : pour  lors  on  les  met 
en  fûreté  contre  la  gelée  jufqu’au  Printemps,  cü 
la  fleur  paroit,  & qu’on  juge  de  ce  qu’elles  font 
par  les  marques  dont  on  a parlé.  Au  lieu  d’une 
ferre  , on  peut  fe  fervir  d’une  écurie  ou  autre 
lieu  femblable,  où  le  froid  ne  puiffe  endommager 
ces  p’ants. 

Pour  avoir  de  la  graine  de  giroflée , il  fau t , avan  î 
l’Hiver,  en  mettre  quelques-unes  en  pots  , & de 
î’efpece  qu’on  connoîtla  meilleure,  puis  porter  Iss 


Fleuriste.  177 

pots  dans  la  ferre.  Lorfqu’on  a planté  les  giroflées , 
comme  on  Ta  dit , on  a foin  de  les  arrofer  en  Eté  ^ 
afin  qu’elles  donnent  de  plus  belles  fleurs  ^ & en 
plus  grande  abondance. 

Et  pour  faire  enforte  que  îa  fleur  dure  long- 
temps , on  a foin  de  porter  à Fombre  les  pots  ou 
les  caiiïes  dans  îefquels  îes  giroflées  font  plantées* 
Les  giroflées  doubles  font  un  très-be!  ornement 
dans  un  parterre  ou  autres  pièces  de  jardin  ; elles 
forment  une  maniéré  de  petit  buiffon  tout  garni 
de  fleurs  rouges , marbrées  de  rouge  & de  blanc , ou 
violettes.  Elles  fleurifTent  plufieurs  mois  de  fuite  ^ 
en  coupant  les  veftiges  quand  la  fleur  eft  paffee. 

X î î î.  De  V œillet  d^lnâe\ 

Sans  s’arrêter  ici  à répéter  ce  qu’on  a dit  plu- 
fleurs  fois  fur  îa  culture  de  bien  des  fleurs  , on 
dira  que  l’œillet  d’Inde  eft  une  plante  annuelle  ^ 
qui  fe  gouverne  comme  la  baîfamine.  Voyez  la 
page  r 5.1., II  fe  ferae  au  mois  de  Mars,,  & fe  tranf- 
plante  fur  la  fin  d’ Avril* 

Cette  plantefe  place  avec  aflëz  d’agrément  dans 
le  milieu  des  plates-bandes  de  parterre ;jl  faut  faire 
enforte  que  les  fleurs  delà  moyenne  efpece  qui 
raccompagnent  n’en  dérobent  point  la  fleur  aux 
yeux  des  paflants  * 

tes  fleurs  de  l’œillet  d’Inde  font â.rayons,  ron- 
des ^.compofées  de  plifieurs  feuilles  fort  bien  arran?^ 
gées  , de  couleur  jaune  ; dans  le  milieu  eft  placé 
En  di%ie  à plufieurs  fleurons  découpés  en  diffé- 

H s 


Le  Jardinier 
rentes  parties  : fa  graine  eft  petite  & anguleuîe<». 


X I V.  De  la  rofe  æinde. 

E T T I plante  ^ qui  eft  auffi  annuelle  ^ fe  mul» 
tiplie  de  graine  n’a  rien  de  particulier 
dans  fa  culture  j on  la  gouverne  comme  rœillet 
d’Inde. 

On  la  feme  fur  couche  ou  en  pleine  terre  ^puis^ 
quand  les  jeunes  plants  font  alTez  forts  pour  être 
mis  en  place  , on  les  y plante,  & avec  l’aide  de 
quelques  arrofements  , la  rofe  d’Inde  croît  très- 
bien  : elle  fe  plaît  dans  toute  forte  de  terre  ^ po'ir 
peu  qu’elle  (bit  bonne  & bien  meuble  ; il  faut- 
avoir  foin  d’àrrofer  la  rofe  d’Inde. 

Elle  fert  d’ornement  dans  les  parterres  , parmi 
les  plantes  de  la  moyenne  efpece*. Ses  fleurs  nai^^enî^ 
à plufieurs  fleurons  découpés  en  diSerentes  parties  s 
fa  femence  eft  longue  & noirâtre. 

X V..  Dda  heîle^âe-nuit , autrement  dite  , mef^ 
veille  du  Pérou* 

if  A belîe-de-nuit  efl  une  plante  annuefe  qui 
JLj vient  de  graine  , on  la  feme  fur  couche  au 
mois  de  Mars , & lorfque  le  plant  eft  alfez  fort  on 
fe  tranfplante  en  plate-bande  ou  autres  pièces  de 
jardin. 

Cette  fleur  eft  particulière  , en  ce  qu’elle  fleu- 
rît en  des  endroits  où  d’autres  ne  le  pourroient 
faire  qu^im parfaitement  ; c’efl  pourquoi  on  en 
plante  en  pots  ou  en  caiiès  qu’on  porte  à l’ombre 


,F  L E U R I s ’T  Eo  179 

<3kns  quelque  cour  : c’eft  pour  lors  que  la  belle- 
de-nuit , mêlée  avec  la  beüevedere  & quelques 
pots  de  giroflée  en  fleur,  forme  un  afpeâ  fort 
agréable  le  long  des  allées  d’un  jardin  ; elle  fe  cul- 
tive d’ailîeurscomme  la  balfamine,  page  1 51.  Ses 
fleurs , qui  naiflent  en  forme  de  tuyau  évafé  en 
entonnoir  , à pavillon  crenelé,  de  couleur  rouge 
écarlate,  quelquefois  varié  de  jaune  & de  blanc  ^ 
vient  en  Automne- 

X V I.  Du  lis  de  Saint’-  Bmno^ 

ETTE  plante  croît  bien  en  toute  forte  de  terre^ 
pourvu  qu’elle  foit  meuble  : elle  fe  multiplie 
de  femence.  Elle  produit  un  bel  effet  dans  les  pla- 
tes-bandes des  parterres  remplies  de  plantes  buî- 
beufes  ou  de  fleurs  de  la  moyenne  efpece  , quand 
elles  y font  placées  avec  art , & de  maniéré  qu’el- 
les ne  fe  dérobent  rien  fane  à l’autre  de  leur  or=* 
Bernent- 

La  fleur  decette  plante efl:  en  lis , en  maniéré  da 
€Îoches  qui  penchent , compofées  de  fix  feuilles  j,, 
tantôt  plus  ,, tantôt  moins  épanouies  , de  couleur 
blanche  & d’une  odeur  agréable  ::  fa  graine  eft 
anguleufe- 


X V I î.  Des  œillets  Allemagne^ 

’ E S T une  efpece  de  lycenis  ^ dont  îa  fleur  eft 
fort,  agréable,  ; à la  différence  des  autres 
œillets  (jui  varient  ^ celui-ci  paroit  toujours  àlm 

H 6- 


iSo  L s Jardinier 
rouge  enflammé.  Il  reffèmble  au  refte  à l’ceilîet 
de  Poëte  , & fe  cultive  de  même.  On  peut  avoir 
recours  à l’article  , pour  éviter  les  redites,^ 

Les  œillets  d’Allemagne  font  un  très-bel  effet 
dans  les  parterres  : on  en  plante  en  pots,  où  ils 
paroiflent  avec  beaucoup  d’éclat. 


XV  III.  J^es  lis-flammes^ 

L e lis-flamme  eft  une  plante  bulbeufe  , que 
l’on  plante  au  Printemps  ou  en  Automne, 
Tous  les  foins  qu’on  apporte  à gouverner  les 
autres  lis  doivent  être  communs  à celub^i.  La 
fleur  de  ce  lis  efl:  d’un  rouge  jaunâtre.  Il  fert  d’uo 
bel  ornemen  t dans  les  plates-bandes  d’un  parterre;  : 
il  croît  aifément  ; il  n’y  a pour  cela  qu’à  mettre 
l’oignon  de  ce  Iis  dans  une  terre  bien  labourée  ^ 
& prendre  garde  que  les  mauvaifes  herbes  ne  liri 
dérobent  point  fa  nourriture». 


I X.  Du  foiici  double^ 

Y P fi>UGÎ  double  eft  une  plante  annuelle  fort 
agréable  à la  vue  ; il  fe  multiplie  de  graine,  > 
& fe  feme  au  mois  de  Mars , toujours  fur  cou*» 
che.  I!  fe  cultive  au  refle  comme  les  amarantbes» 
Voyei  Part,  page  14&» 


FlEl/RtStlvi 


î8f 


X X.  Des  narcijfes  du  Japon, 

Entre  tous  les  narcifies  dont  on  a déjà  parlé  ^ 
celui-ci  eft  le  plus  beau.  Il  y en  a de  trois 
fortes. 

Le  premier  a les  fleurs  comme  le  Iis  , & com-- 
mence  à pouffer  à la  fin  du  mois  de  Mai  ou  au 
commencement  de  Juin  : voici  comment. 

D’abord  on  voit  de  fa  bulbe  s’élever  une  tige 
toute  unie,  groffe  environ  comme  le  petit  doigt  § 
& haute  d’un  pied  & demi,  A Textrémité  de  cetîe 
tige  paroît  une  manière  de  graine , qui , lorfqu’elîe 
s’enfle  , produit  plufieurs  cabces  qui  fbutienneDt 
chacun  une  fleur  compofée  de  fix  feuilles  rayées  ^ 
recourbées  & de  couleur  jaunâtre. 

Le  fécond  nxirciffe  du  Japon  eft  fort  rare  ; H 
naît  en  forme  de  iis  : Tes  fleuilles  de  la  fleur  , à fe 
vérité  j s’écendent  plus , & ne  tombent  point  tante. 
Ce  narciffe  donne  plus  de  fleurs  que  le  premier  j 
il  fleurit  au  mois  de  Septembre  t fa  fleur  eft  b!ar> 
che  & rouge^ 

Le  troifieme  narciffe  eft  moins  beau  , & ne 
différé  du  précédent  qu’en  ce  que  le  rouge  en  eft 
plus  clair  , & qu’il  ne  donne  pas  un  fi  grand 
nombre  de  fleurs  , ni  de  feuilîes^fi  amples , parce 
que  fon  oignon  eft  plus  petit. 

Mais  , pour  venir  à leur  culture  ,/Ces  narciffès 
viennent  de  bulbes  ou  d’oignons  » c’eft  la  même 
chofe  ; on  les  plante  en  pots  remplis  d’une  terre 
fort  légère  ^ compofée  de  deux  tiers  de  terreau  de 


Le  X a r d r'  n'  r e r 
couche  5 & d’un  tiers  de  bonne  terre  à potager 
bien  criblee. 

Cela  fait , on  y plante  les  narciffes  a deux  ou 
trois  doigts  de  profondeur  ; ils  reüent  en  terre 
deux  ou  trois  années  fans  les  déplanter  : c’eft 
toujours  au  mois  de  Mars  qu’on  les  replante.  On 
îes  laifTe  ainfi  jufqu’en  Mai  fans  les  arrofer^  oh^ 
fervant  d’expofer  les  pots  au  grand  foleil  ; mais^ 
pour  lors  on  leur  donne  un  ample  arrofement,  en 
trempant  îes  pots  dans  l’eau.  On  les  y îaifle  juf- 
qu’à  ce  qu’elle  nage  fur  la  fuperficie  de  la  terre  ; 
après  quoi , on  îes  porte  au  grand  chaud  , oh 
î’eau  s’égoutte  petit  à petit. 

îl  faut , outre  cela  ^ îes  arrofer  encore  autant 
que  les  fécherefîès  le  permettront  : c’eft  ainfi 
qu’on  gouverne  îe  narcifte  du  Japon  jufqu’au 
mois  d’Oâobre.- 

L’année  fuivante  9,  qu’on  ne  déplante  point 
l’oignon,  on  fe  contente  d’ôter  la  terre  qui  eft 
deflus,,  & dVnfubftituer  une  nouvelle  prépa- 
rée comme  on  a dit  : il  ne  faut  point  Tarrofet 
pour  lors  ^.on  attend  pour  cela  le  mois  de  Mai. 

Les  deux  autres  narciftes  veulent  une  terre  fa-? 
bîonneufe , mélée  avec  une  terre  ordinaire  bien 
criblée  : ils  veulent  auiïi  le  grand  foleil.  Ces  trois- 
siarcifTes  ne  réuffiflent  point  en  pleine  terre  dans 
les  climats  qui  font  tempérés<^^ 


F £ E-  Ü-  R'  f T E,. 


XXL  Des  failles. 

A fcilîe  eft  une  pbnte  bulbeufe  qui  fleurit 
trois  fois  l’année  ; elle  réuiïit  fort  bien  dans 
Bos  jardins  : c’efl:  dommage  qu’eüe  y foit  rare. 

Sa  bulbe  e(t  groffe  comme  un  citron  on  la 
coupe  par  raorceauxqu’on  plante;  chaque  partie 
produit  une  grofTe  bulbe  ^ qui  donne  fucceffive-- 
ment  de  quoi  multiplier  fon  efpece.  Cette  plante 
fe  plaît  dans  toutes  fortes  de  terres  & en  belle: 
expofition..  On  la  met  trois  ou  quatre  doigts 
avant  en  terre.^  éloignées  Tune  de  l’autre  d’un, 
demi-pied.  Il  4ut  arrofer  les  fcilles  afin  qu’elles 
produifent  de  plus  belles  fléurso, 


X X î I.  Des  tubéreufes^. 

^ A tubéreufe  eft  une  efpece,  de  hyacintîie> 
appellée  hyacinthe  des  Indes^. 

Nous  n’avons  point  de  plantes  qui  fe  plaifentr 
plus  au  grand  chaud  que  la  tubéreufe  ; elle,  fe. 
multiplie  de  cayeux  dans  les  pays  chauds  ; mais 
hors  delà  ^ c’eft  un  abusd^y  penfer  : laiflbns  cette 
méthode  aux  Provençaux  , qui*  ont  foin  de  nous 
apporter  des  oignons  tout  prêts  à porter  fleur. 

Il  faut  les  choifir  gros  & fermes  , prendre  garde^ 
qu’ils  ne  foient  point  pourris  ; ce  qu’on  regarde 
vers  la  racine en  y donnant  un  petit  coup  d’on-- 
gîe  : fl  là  chair  n’en  eft  pas  blanche,  c’eft  un: 
mauvais  ligne  , il  faut  rejetter  ces  oignons  ^ & 
en  prendre  d’autres»- 


ï§4  ^ ^ Jardinier 

On  plante  la  tubéreufe  en  pot , rempli  d’une 
terre , d’un  tiers  de  terre  à potager , & d’un  tiers 
de  terreau,  k tout  bien  mêlé  ; cela  obfervé,  on 
y place  l’oignon  un  doigt  en  terre  : c’eft  fur  la 
fin  de  Février , ou  au  commencement  de  Mars  , 
que  fe  fait  ce  travail  ; & , comme  le  foleil  n’a  pas. 
alors  affèz  de  force  pour  en  avancer  la  végéta- 
tion , on  met  les  pots  dans  des  couches  torfqu’ef- 
lesontpaflTé  leur  grande  chaleur;  puis  on  les  cou- 
vre de  cloches  : fi  pour  lors  l’air  n’eft  point  rude, 
& que  le  foleil  paroiffe  , on  peut  lever  les  clo- 
ches de  deffus  , & les  laiiTer  jouir  de  fes  rayons  ; 
mais , s’il  tombe  des  frimats , & que  fe  temps  foit 
fombre,  il  faut, outre  ces  cloches , tenir  ces  cou- 
ches couvertes  de  pailFafTons  : le  froid  retarde  de 
beaucoup  la  prodüêlion  de  ces  plantes , & eO: 
caufebien  (buvent  qu’elles  avortent. 

On  laide  les  tubéreufes  fous  cloches  jufqu.’a 
ce  que  l’air  foit  adouci , fans  néanmoins  ôter  les 
pots  des  couches  où  on  les  a rais  : s’il  y a quel- 
qu’oignon  de  tubéreufe  qui  ne  pcufTe  que  lenter 
ment,  il  faut  lever  le  pot  de  l’endroit  où  i!  eft., 
& le  porter  dans  une  autre  couche  qui  au^a  pafTé 
fa  plus  grande  chaleur  , ou  bien  placer  ce  pet 
dans  un  tas  de  fumier  de  cheval  qui  foit  dan^ 
un  même  degré  de.  chaleur. 

Si  on.a’a  ni  couche  ni  fumier  de  cheval , on 
attendra  i mois  de  Mars  ou  ce! ui  d’ Avril  pour 
planter  fes  tubéreiifes  , parce  que  le  froid  en 
cette  faifon  a’ett  plus  à ciaindre  ; il  eft  bon  pout’ 


F I,  K U R ï s T I»  îHj 

lors  de  mettre  au  fond  de  chaque  pot  du  crocin 
de  cheval  ; on  peut  néanmoins  s’en  pafiTer  , fi 
l’on  veut. 

Quand  les  tubéreufes  font  en  pats  , il  faut  les 
expofer  au  midi  , & les  placer  fur  des  planches 
mifes"  contre  un  mur  : il  efl  néceflàire  d’arrofer 
ces  oignons  lorfqu’on  juge  qu’ils  en  ont  befoin. 
Quand  ils  pouffent  leur  tige , & qu’à  leur  ex- 
trémité elles  commencent  I donner  leurs  fleurs  „ 
on  fiche  aux  pieds  de  petites  baguettes  de  cou- 
dre , groffe  comme  le  petit  doigt , auxquelles  on 
attache  ces  tiges  avec  du  jonc  pour  leur  fervir 
d’appui. 

Ce  qu’il  y a de  particulier  à îa  tubéreufe , c’eft 
qu’elle  ne  donne  fes  fleurs  que  fucceffivement  les 
unes  après  les  autres  ; ce  qui  fait  que  le  pied  en 
demeure  plus  long-temps  garni.  L’odeur  de  cette 
fleur  eft  fort  douce , & parfume  les  lieux  on  elle 
eft. 

On  ne  cultive  point  la  tubéreufe  en  pleine  terre 
dans  les  climats  tempérés  ; il  lui  faut,  pour  bien 
faire  , une  chaleur  artificielle.  Les  pots  de  tubé- 
reufes , quand  elles  font  en  fleur  , fe  mettent  dans 
des  chambres,  afin  d’en  refpirer  l’odeur.  On  peut 
en  orner  un  parterre  , ou  les  faire  fervir  de  dé- 
coration à un  amphithéâtre  de  fleurs  de  différen- 
tes fortes , qu’on  aura  dreffé  exprès  pour  en  jouir 
avec  plus  de  pîaifir. 

On  plante  encore  les  tubéreufes  au  mois  de 
Mars  a fi  pn  veut , pour  en  avoir  en  fleur  du® 


*î86  Le  J a r d I n-  ï £ n 
rant  FAutomne  : il  faut  y apporter  les ’mêmés 
foins  qu’aux  précédentes. 


X X I ï L J^es  perces-neiges. 


La  perce-neige  efî:  une  plante  bulbeufe  qui 
fe  multiplie  d’oignons  au  Printemps  ou  en 
Automne  : elle  fe  cultive  comme  les  narciffes* 
Voyez  page  91.  îl  faut  y avoir  recours. 

Sa  fleur  efl:  compofée  de  fix  feuilles  , difpo- 
fées  en  maniéré  de  cloche  penchante  ; elle  eû 
blanche  & d’une  odeur  fort  douce  : ce  que  cette 
fleur  a de  particulier  , c’efl  qu’elle  épanouit  fous 
la  neige , & que  îorfqu’elle  efl:  fondue  , les  piè- 
ces de  jardin  où  elle  efl:  s’en  trouvent  garnies  : 
d’où  vient  auffi  qu’on  l’appelle  perce’-neige. 


I 


XXIV.  Des  prime-veres. 


ETTE  plante  efl  une  des  premières  qui  donne 
fa  fleur  au  Printemps  ; on  appelle  aufli  cette  . 
fleor  la  paralyfe,  parce  qu’on  l’emploie  pour  la  ' 
paralyfie.  ; 

La  prime» vere  efl  une  plante  vivace  , qui  (è 
perpétue  de  racines  ; elle  demande  un  bonne  terre 
à potager  , & une  expofition  où  le  foîcil  donne.  | 
Lorfqu’on  plante  les  prime- veres  , il  faut  leur  j 
donner  un  demi-pied  dt  dîftance  l’une  de  l’autre 
& les  farder  dans  le  befoin. 

On  feme  aufîi  les  prime- veres  ^ & on  les  gou- 
verne alors  comme  les  giroflées  : voyez  page  174. 

II  y en  a qui  plantent  des  prime» veres  en  pcts^ 


Fledristi.  187 

templis  dHïne  bonne  terre  à potager  bien  cri- 
blee  ; d’autres  en  mettent  dans  des  comparti- 
ments de  parterre  5 parmi  les  plantes  de  la  petite 
efpece  : on  en  fait  auffi  des  bordures  de  plates- 
bandes  J où  elles  produifcnt  dans  leur  temps  rm 
effet  merveilleux  à la  vue. 

La  fleur  de  la  prime-vere  efl  à une  feule  feuille  t 
fa  graine  efl:  un  peu  ronde , menue  & de  cou- 
leur noire. 

XXV.  Des  clématites^ 

T A culture  de  cette  plante  n’eft  point  difficile: 
ne  craint  point  le  froid  ; toute  forte  de 
terre  lui  eft  propre  : il  faut  feulement  avoir  foin 
de  Parrofer  on  peu  dans  le  befoin  ; & à mefure 
qu’elle  jette  fes  tiges  de  leur  donner  des  foutiens^ 
pour  leur  faire  acquérir  une  belle  croiffàocea 

Cette  plante  fe  multiplie  de  graine,  mais  bien 
plus  vite  par  le  fccoorsde  fes  racinesqu’onédate. 

Les  clématites  fe  cultivent  au  refîe  comme  l’œif- 
ïet  de  Poëte.  Voyez  la  page  104. 

Lorfqu’on  veut  que  ces  fleurs  aient  bonne  grâ- 
ce dans  un  jardin  , i!  faut  arrêter  leurs  verges  I 
plufieurs  petites  baguettes  qu’on  fiche  aux  pieds  : 
c’eft  ordinairement  dans  le  milieu  des  plates-ban- 
des qu’on  les  met. 

La  clématite  efl:  une  plante  vivace  qui  donne 
une  fleur  en  rofe , compofée  de  quatre  feuilles 
très-bien  arrangées  : fa  fernence  efl:  menue  comme 
cheveux  & fe  termine  en  petits  plumaceaux^ 


tSH 


Ib  Jardinier 


XXVI.  jDe  la  violette  de  Mars^ 

E T T £ plante  croît  par  touffes  , & fe  muiti*- 


plie  ordinairement  par  le  fecours  de  fes  raci- 
nes qu’on  éclate  : c’eft  une  p’ante  vivace  , qui  fe 
plaît  dans  les  lieux  ombragés  ; c’eft  pourquoi  on 
en  met  dans  des  endroits  où  le  foîeil  ne  donne 
point.  La  violette  qu’on  cultive  eft  pour  l’ordi- 
naire la  double  ; car  , pour  ce  qui  eft  de  la  fimp^e, 
on  ne  s’en  met  guere  en  peine  ; elle  croît  affez 
d’elle-méme. 

Toutes  fortes  de  terres  conviennent  à la  vio- 
lette : comme  c’eft  une  fleur  de  la  baffe  efpece, 
on  la  met  dans  des  pièces  découpées  ; on  en  borde 
des  plates-bandes  dans  des  petits  jardins.  11  faut 
la  déplanter  tous  les  trois  ans , & la  replanter 
incontinent  : voilà  toute  la  culture  qu’exige  la 
violette.  Il  eft  vrai  que  cette  plante  aujourd’hui 
cft  fort  négligée  dans  les  jardins  ; on  n’en  fait  pas 
la  raifon. 


XXVII.  Des  pâquerettes  , autrement  dites  , 
marguerites. 

ES  marguerites  , font  une  efpece  de  plante 
vivace,  qui  croît  par  touffes  , & qui  fe  mul- 
tiplie de  racines  éclatées  ; elle  croît  fort  bas , & 
cft  très  - propre  pour  border  des  plates  - bandes  : 
on  en  fait  aujourd’hui  des  maffis  dans  les  par- 
terres 5 qui  font  agréables  , principalement  lorf- 


F L P ü R î s T E.  ïSÿ 

qu’on  les  feme  avec  la  ftatice  ; & le  tout  y pro- 
duit un  émail  qui  fait  plaifir  à voir , par  la  va- 
riété des  couleurs  qui  y régnent. 

Dans  quelque  terre  & à quelque  cxpofitioti 
qif on  les  puifTe  mettre  , elles  y croifTent  toujours 
fort  bien.  Certe  plante  pullule  beaucoup  ; & , pour 
bien  faire  , il  faut  la  déplanter  tous  les  trois  ans  t 
on  la  plante  à trois  doigts  l’une  de  l’autre. 

Ceux  qui  ne  veulent  rien  épargner  pour  jouir 
de  réclat  qu’elle  donne  aux  parterres  5 garnifTenC 
les  places  ou  on  la  met  de  bon  terreau  de  couche. 
La  fleur  qu’elle  produit  efl  radiée , tantôt  blan- 
che , tantôt  rouge  , & tantôt  variée  de  différen- 
tes couleurs  enfemble  : fon  difque  efl;  à plufieurs 
fleurons. 

Les  Jardiniers  Fleurifles  ont  foin  d’en  élever 
beaucoup  en  pépinière  , depuis  qu’on  s’eft  avifê 
de  s’en  fervir  pour  l’ornement  des  parterres.  Il 
feroit  à fouhaiter  que  dans  les  Provinces  on  en 
prît  le  goût , comme  à Paris  & aux  environs  ; 
c’eft  une  chofe  de  peu  de  dépenfe  , dont  la  cul- 
ture efl  fort  aifée  , & qui  n’eft  toujours  que  trop 
dédommagée  par  le  plaifir  qu’on  a d’en  jouir  dans 
les  parterres,  lorfqu’elles  y font  plantées  avec  art. 


XXVIII.  De  Vafier  ^ autrement  dit  y 
Oculus  Chrifii. 


üTTE  plante  fert  d’un  bel  ornement  aux  jar- 
dins ; on  la  nomme  after^  parce  que  fes  fleurs 
ont  des  rayons  comme  un  aüre.  C’eli  une  plante 


ÎÇO  Le  Jardïnîer 
vivace  qui  fe  multiplie  de  racines  éclatées  : eîfe 
s’éîeve  aufli  de  graine  , mais  cette  voie  n’eft  pas  | 
la  plus  courte  ; en  ce  cas , on  la  feme  fur  une  plan-»  | 
die  dans  une  terre  meuble  , couverte  d’un  peu  de 
terreau  , & toujours  au  mois  de  Septembre, 

Si , au  contraire  ^ on  veut  fuivre  l’autre  mé- 
thode , il  faut  arracher  le  pied  avec  la  bêche  , le 
réparer  en  autant  de  parties  qu’on  le  jugera  à pro- 
pos^ & les  planter  feîon  les  réglés  du  jardinagee 
L’afîer  fe  plaît  dans  toutesfortes  de  terres  ; on 
en  met  le  long  des  grandes  allées^  entremêlés  d’ifs 
ou  de  foleils  ; ce  qui  fe  peut  pratiquer  feulement 
dans  les  jardins  fpacieux^ 

On  peut  encore  en  garnir  de  grandes  plates- 
bandes  de  parterre  ; mais  com.me  cette  plante  pul-* 
Iule  beaucoup,  il  faut  la  relever  tous  les  trois  ans, 
crainte  qu’elle  n’effritât  trop  la  terre. 

Pour  les  aüers  qui  font  dans  les  grandes  allées, 
ils  ne  fauroient  devenir  trop  touffus  , puifque 
c’eft  pour  lors  qu’ils  frappent  plus  agréablement 
îa  vue  ; & , pour  leur  faire  produire  ce  bel  effet , 
il  eil  bon  au  Printemps  , & après  une  pluie  , de 
leur  donner  un  petit  labour.  Les  fleurs  de  l’afler 
font  à rayons  de  couleur  bleue  , violette  ou  pur- 
purine : la  première  efpece  eft  la  plus  commune 
dans  nos  jardins. 


i$ï 


XXIX.  De  la  grenadille  , ou  fleur  de  la  Paflion^ 
ETTE  plante  croît  en  toutes  fortes  de  terre, 


mais  à la  vérité  bien  mieux  dalis  celles  qui 
font  humides  que  dans  les  terres  légères. 

La  grenadille , qui  efl  une  plante  vivace  , fe 
multiplie  de  racines  qu’on  plante  en  les  courbant 
un  peu  , parce  qu’étant  naturellement  garnies  de 
beaucoup  de  nœuds  , elles  pouffent  des  tiges  par 
chacun  de  leurs  endroits. 

Les  racines  les  plus  jeunes  font  toujours  les 
meilleures  pour  planter  ; la  réuffîte  en  eft  plus  fûre 
îorfqu’elles  font  vieilles  ; on  en  plante  en  pots  & 
en  pleine  terre  : en  ce  cas -ci , on  forme,  autour 
de  chaque  racine , un  quarré  de  briques  ou  de 
tuiles  mifes  en  terre  de  côté,  de  la  largeur  d’un 
bon  pied  fur  tout  fens. 

On  déplante  tous  les  ans  la  grenadille  pour  la 
replanter  comme  on  a dit  : la  meil-eure  expofi- 
tion  qu’on  lui  puifTe  donner  , efl  toujoursîe  grand 
foleil;  &,  comme  les  tiges  qu’elle  jette  font  très» 
foibles  , il  faut , quand  elle  monte,  ficher  au  pied 
de  petites  baguettes  pour  les  foutenir  , les  y atta- 
chant avec  du  petit  jonc  ou  du  fil. 

C'eft  une  fleur  de  la  grande  efpece,  dont  on 
peut  couvrir  des  murs  ; eüe  eil  propre  auffi  pour 
mettre  en  touffes  entre  des  rangs  d’aibres  ifolés. 

Cette  plante  fe  perpétue  auffi  de  femence  ; ce 
qui  fe  pratique  de  même  qu'à  Tégard  des  cléma- 
tites. Voyez  la  page  187.  La  grenadille  efl  appel- 


ïfl  Le  Jardînibr 

fée  Fleur  de  la  PaJJion  , parce  qu’on  prétend  que 
fur  fa  fleur  elle  en  repréfente  p’üfleurs  infi:rU'« 
ments.  Cette  fleur  eft  compofée  de  plufieurs  feuil** 
les  difpoféeslen  rofes. 

I - - ■».swtj«trtif«j»v«3iByragiiinwiiirn'ia— wagM— HPPIPB6WWB3II 

XXX*  De  la  camomilU. 

Q üoiQus:  cette  plante  foie  de  beaucoup  d’u-» 
fage  dans  la  médecine  , elle  ne  laifle  pas 
néanmoins  de  fervir  d’ornement  dans  nos  jar- 
dins ; elle  aime  les  lieux  fablonneux  , & fe  multi- 
plie de  graine  & de  plants  enracinés  : elle  fe  cul- 
tive ainfl  que  les  autres  plantes  vivaces. 

La  camomille  efl  une  fleur  de  la  bafle  efpece , 
qui  produit  un  effet  agréable  à la  vue  dans  les 
petites  plates-bandes  ou  découpés  d’un  parterre, 
îorfqu’elle  y efl  plantée  avec  art  : fes  fleurs  font  à 
rayons;  elles  ont  un  difque  au  milieu,  & une  cou- 
ronne tout  autour  compofée  de  plufieurs  fleurons, 

— -,  j iMimilT  ^.^1.  ..  Mi 

XXXI.  Des  ellébores. 

ON  plante  l’ellébore  de  la  meme  maniéré  que 
les  autres  plantes  vivaces  : on  y apporte  les 
memes  foins  , & cette  plante  ^e  nous  porte  à au- 
cune confidération  particulière,  A l’égard  des 
terres , elle  s’accommode  à toutes,  pourvu  qu’el- 
les foient  bien  ameublies. 

L’ellébore  ne  produit  un  bel  effet  que  dans  les 
grands  parterres  : fes  fleurs  nailTent  à plufieurs 
feuilles  en  forme  de  rofe  blanche  ou  incarnate , 
mêlée  d’un  rouge# 


Obferyationt 


■ÿ  E B ü R î s T s»  193 

Obfervation, 

ïî  faut  obferver  que  dans  ce  rUois  on  peut  en» 
cotêfeüier  des  pieds-d’alouette  & planter  des  lis. 
II  QÜ  Vrai  que  la  fîeur  n’en  naît  pas  fi  belle  la 
première  anne'e , que  s’ils  avoient  été  plantés  au 
mois  G ■Ocîobre> 

-rn^i,  , t’M' 

Des  coque lourJes, 

^ A coquelourde  eft  une  plante  vivace  qui  f@ 
‘^  perpétue  de  racine  & de  graine  ; la  blanche 
nevient  poincautrementque  par  la  derniere  voie  : 
on  îafemefur  couche;  &, quand  les  jeunes  plants 
font  affez  forts , on  les  plante  dans  des  pièces  de 
parterres. 

A l’égard  des  autres  efpeces  ^ qui  viennent  des 
racines  éclatées  , elles  fe  cultivent  comme  plu- 
iieurs  autres  plantes  vivaces  dont  on  a parlé  : iî 
faut  y avoir  recours  , fans  qu’il  foit  befoin  ici  de 
redites. 

On  obferve  feulement  de  les  mettre  troisdoigts 
avant  en  terre.  Les  coquelourdes  produifent  un 
joli  effet  dans  les  parterres,  où  elles  donnent  des 
fleurs  rouges  & blanches  difpofées  en  maniéré 
d’œiîlets  : la  graine  en  eft  ronde  & d’une  couleur 
grifâtre» 

I 


/,  Parité, 


î 


SJ4  ^ E J A R D î N-Î'Ê  R 


XIX.  Des  pesifées, 

^Quelques-uns  appellent  cette  plante  la  Fleur 
\£^de  la  Trinité ^ parce  que  fa  fleur  eü  de  trois 
couleurs. 

La  penfée  fe  multiplie  de  graine  ,&  fe  feme  fur 
couche  le  plus  à claire-voie  qu’il  efl:  polfible  ; 
îorfque  le  plant  efl  aflèz  fort,  on  le  trafifplante  en 
pleine  terre  ; on  en  met  aufli  en  pots  : cette  plante 
y paroît  avec  plus  d’éclat  quand  elle  efl  en  fleur. 

Il  faut  pour  lors  lui  donner  une  terre  compo- 
féè  de  moitié  terreau  & moitier  terre  à potager  , 
bien  criblée  : on  l’arrofe  dans  le  befoin.  Ses  fleurs 
reffemblentà  celles  de  la  violette;  elles  font  corn- 
pofées  de  cinq  feuilles  qui  font  de  trois  couleurs  , 
favoir  blanches  ou  jaunes,  purpurines  & bleues: 
fa  femenceefl  fort  menue. 


X X.  De  la  fiatice. 

*^Ln^y  a rien  de  plus  agréable  que  la  flatice  dans 
•^les  mafîis  d’un  parterre  : cette  plante  n’efl  point 
difficile  à é’ever  ; elle  croît  heureufement  dans 
toutes  fortes  de  terres. 

La  flatice  efl  une  plante  vivace  ; elle  fe  culti- 
ve comme  les  marguerites  : elle  produit  des 
fleurs  ramaffees  en  une  petite  tête  ronde  dans  un 
caliceécailé  ; cette  tête  efl  compofée  de  plufieurs 
fleurs  à œillets. 

Il  y a deux  efpeces  de  flatices , la  grande  & la 
petite  efpece  ; la  derniere  efl  la  plus  efiimée  , & 


FtEüRïSTK.  Î95 

alîe  dont  on  fe  fert  ordinairement  pour  la  dé- 
coration des  parterres,  parce  que  naiffant  plus 
baffe  que  celle  de  la  grande  efpece  , elle  imite 
rnieux  le  gazon  , & Témail  que  produifent  fes 
fleurs  a une  fuperficie  plus  unie.  Cette  plante  ne 
craint  point  le  froid,  à moins  qu’il  ne  foit  excef- 
fif.  Il  feroit  à fouhaiter  , pour  l’embelliffement 
des  jardtns,  qu’on  cultivât  plus  de  ftatices  qu’on 
ne  fait  ; ce  n’eft  pas  que  cette  fleur  convienne  à 
toutes  fortes  de  parterres  ; il  n’y  a que  ceux  des 
maifons  qui  font  dans  les  villes  qui  puiffent  s’en 
accommoder:  on  s’en  fert  rarement  dans  les  jar- 
dins de  grande  étendue;  cela  eft  trop  colifichet; 
il  faut  quelque  chofe  de  plus  grand. 


XXI.  Dt  rœil  de-beruf. 

La  femence  & les  racines  éclatées  font  les 
deux  voies  qu’on  emploie  pour  multiplier 
Voeil--de-hœuf  ; la  première  eft  de  plus  longue  at- 
tente, au  lieu  que  l’autre  réuffit  bien  plutôt:  c’eft 
un  avantage  que  toutes  les  plantes  vivaces  ont 
de  particulier  au-deffus  de  celles  qui  ne  font 
qu’annuelles. 

On  plante  l’œil-de-bœuf  dans  les  plates-bandes 
de  parterres  à trois  doigts  de  profondeur;  il  faut 
arrofer  cette  plante  fi-tôt  qu’elle  eft  plantée  , & 
en  Eté  lorfqu’on  juge  qu’elle  en  a befoin. 

Sa  fleur  eft  belle  ; elle  naît  à rayons  , avec  un 
dirque  compofé  de  plufieurs  fleurons  à feuillesen 
Raniere  de  petites  gouttières  diftantes  les  unes  des 

I a 


Î9Ô  Le  Jardîkîss 
autres  ; la  couronne  eft  à demi-fleurons  ; fa 
mence  efl:  quarrée  & fort  menue. 


XXII.  I?e  la  pomme  épineufe  , autrement  dite 


Jîramonium* 

'1*1  feroit  à fouhaitcr  que  cette  plante  fût  très- 
•^commune  dans  nos  jardins  : elle  y produit  un 
effet  Je  plus  agréable  du  monde  ; fa  fleur  eft  à un 
tuyau  découpé  en  plufieurs  parties  , & d’un  beau 
bleu  fur  un  fond  blanc. 

La  pomme  épineufe  efl:  une  plante  annuelle  ; on 
la  feme  au  mois  de  Mars  , à claire-voie  & fur 
couche  : lorfqu’elle  efl  levée  on  couvre  le  jeune 
plant  avec  des  cloches , pour  le  garantir  des  fri- 
mats  qui  le  morfondent. 

Quand  ce  plant  efl  affez  fort  , on  la  leve  en 
motte  pour  la  planter  en  pot  ; cette  méthode  en 
facilite  bientôt  la  reprife  : on  peut  encore  en  met- 
tre en  plates-bandes.  II  fautfarrofer  en  Eté^  juf- 
qu’à  ce  que  la  fleur  foit  paffée. 

Onfefert  du  flramonium  en  pots  pour  la  beau- 
té des  parterres  , en  guife  d’arbriffeaux  : ce  font 
ordinairement  des  pots  de  faïance  qu’on  emploie  , 
& qu’on  pofe  fur  des  dés  de  pierre. 

XXIII.  De  la  valérienne. 

eftime  \zvalcrienne ^ tant  par  l’abondance 
de  Tes  fleurs  , que  par  l’odeur  agréable  qu’el- 
les exhalent.  Cette  plante  croît  fort  haut  , & a 
des  tiges  fort  grêles  ; c’efl  pourquoi  il  faut  leur 
donner  de  petites  baguettes  pour  appui. 


FlEÜRîSTEa  197 


Quanta  fa  cultiirej  elle  ne  différé  point  de  celle 
de  I’œil“de-bœuf , page  valérienne  eft  une 

plante  vivace , qui  ne  convient  que  dans  les  plates- 
bandes  des  grands  parterres  ; elle  fait  encore  un 
plus  bel  effet  en  touffes  entre  des  arbres  ifolés  : 
elle  donne  des  fîeurs  à une  feule  feuille  en  maniéré 
de  tuyau  , de  couleur  d\in  blanc  purpurin , & d’ii-  - 
ne  bonne  odeur  : fa  graine  eft  oblongue. 

XXIV.  De  la  jacohée  ou  fleur  de  S»  Jacques» 
ORSQUE  la  jacohée  eft  placée  comme  il  faut 


dans  un  grand  parterre  , ou  le  long  d’un 
mur,  elle  y frappe  très-agréablement  la  vue  : elle 
rampe  par  terre  ; ce  qui  caufeun  mauvais  effet  , 
fi  on  ne  prend  le  foin  de  lui  donner  des  appuis  ; & 
pour  cela  on  fiche  en  terre  de  petites  baguettes 
hautes  de  deux  pieds. 

La  culture  de  cette  plante  efi  femblable  à celle 
de  l’œil-de-bœuf  ; on  peut  y avoir  recours , page 
195 , parce  que  c’efî  une  plante  vivace  dont  les 
fleurs  font  radiées,  accompagnées  d’un  difque  à 
plufieurs  fleurons  : il  faut  avoir  foin  de  l’arrofer 
& de  la  farder , crainte  que  les  méchantes  herbes 
ne  l’alcerent. 


içS  Lu  Jardînikh 


XXV.  De  la  fleur  du  Parnafle» 

^^ETTE  plante  eft  annuelle,  & vient  par  con- 
^fëquent  de  femence  qu’on  feme  clairement, 
crainte  que  les  plants  ne  s’étiolent. 

Elle  aime  la  terre  graffè  & les  lieux  humides  ; 
elle  fe  cultive  comme  bien  d’autres  plantes  an- 
nuelles qui  ft  fement  dans  le  mois  de  Mars.  On  a 
fuffifamment  parlé  des  foins  qu’on  devoit  y don- 
ner; les  redites  ne  feroient  qu’ennuyer  le  Lefleur , 
c’eft  pourquoi  on  n’en  dit  rien. 

Outre  les  plates-bandes  de  parterre  ou  la  fleur 
du  ParnafTe  produife  un  bel  effet  , on  confeille 
encore  d’en  mettre  en  pots  ou  en  caiffes  : elle  frap- 
pe agréablement  les  yeux  dans  l’une  & l’autre 
fituadon. 

îl  faut  pour  lors  emplir  ces  pots  ou  ces  caiffes 
de  deux  tiers  de  bonne  terre  à potager  , & d’un 
tiers  de  terreau , le  tout  mêlé  enfemble;  cela  fait 
on  y met  la  plante  félon  les  réglés  du  jardinage. 

La  fleur  du  Parnaffe  eft  une  fleur  en  rofe , com- 
pofée  de  plufieurs  feuilles  inégales  , toutes  fran- 
gées & difpofées  en  rond. 

A VERDISSEMENT. 

On  ne  fait  point  ici  de  chapitres  particuliers 
des  plantes  qu’on  doit  femer  dans  les  mois  d’ Avril 
& de  Mai , pa'rce  que  ce  font  celles  dont  on  a 
déjà  parlé,  & fur  la  culture  defquelles  on  a don- 
né d’âffez  amples  inftrudions  ; on  fe  consente 
feulement  d’en  donner  une  lifte* 


Fleuris  te*  199 


LiJJes  des  plantes  qui 
Avril  ' 

Les  coquelourdes. 

Les  penfées. 

Les  thiafpis. 

Les  foucis  doubles. 

Les  cy anus  de  routes  for- 
tes. 


? fement  dans  les  mois 
de  'Mai* 

Les  fcabieures. 

Les  amaranrhes , pour  en 
avoir  tard  en  Üeurs. 

Le  mufcipula , amremeni 
dît  t r ap  e-  moucli  e s . 


La  plus  grande  partie  de  ces  fleurs  fe  feme  dans 
ces  deux  mois  , en  vue  d’en  avoir  d’édofes  en 
Automne , qui  eiî:  la  faifon  oîi  les  jardins  en  de- 
meurent prefque  dégarnis. 


CHAPITRE  XXVI. 

Des  plantes  propres  à faire  des  bordures  conve^ 
nables  à un  jardin  à fleurs» 

OM  ME  les  caprices  des  hommes  font  bien  dif- 
férents,ona  cru  que,  pour  s’y  accommoder  ^ 
outre  les  parterres  qui  font  plantés  de  buis  , on 
devoir  encore  dire  quelque  chofe  de  ceux  dont 
les  pièces  ne  fon:  bordées  que  de  plantes  aroma- 
tiques , dont  on  parlera,  & de  quelques  autres 
dont  on  a déjà  parlé. 

II  eft  vrai  que  les  compartiments  bordés  de  buis 
font  plus  beaux  & de  plus  longue  durée.  La  ftatice 
& les  marguerites  peuvent  ici  tenir  le  fécond  rang  ; 
mais , pour  y produire  l’efFet  qu’on  en  attend , il 

I 4 


2LÔÔ  !Le  jARDTÎTîEa 

faut  que  rijiduftrie  & le  bon  goût  du  Jardinîet 
conduifent  fa  maina 

Toutes  les  plantes  aromatiques  dont  on  fe  fert 
en  bordures  font  vivaces , & fe  multiplient  de  fe- 
mence  & de  plants  éclatés  ; elles  foufFrent  volon- 
tiers le  cifcau , quand  la  faifon  de  les  tondre  exige 
ce  travail  ; ce  qui  fait  qu’elles  frappent  mieux  les 
yeux. 

Pour  bien  planter  ces  fortes  de  bordures , on 
commence  d’abord  par  mettre  fon  terrein  àJ’uni , 
puis  on  rend  un  cordeau  îe  long  des  plates-ban- 
des , pour  ouvrir  une  rigole  de  la  largeur  & de 
la  hauteur  de  la  bêche,  pour  y mettre  les  plantes  ^ 
après  qu’on  en  a éclaté  les  racines.  îl  faut  en 
adoffer  &en  érendre  les  branches  du  côté  du  cor- 
deau , pms  jetter  de  la  terre  delTas  pour  fes  tenir 
d^abord  en  état  en  fui  te  on  achevé  de  combler 
la  rigole  , on  en  foule  la  terre  avec  le  pied , puis 
on  l’unit  avec  le  râteau  : îe  moins  épais  qu’on 
puiffe  planter  ces  plantes  , c’efl  toujours  le  meil- 
leur. Cette  maniéré  de  mettre  les  plants  s’appelle 
planter  la  rigole. 

La  ftatice  & les  marguerites  fe  plantent  m 
plantoir  : il  faut  féparer  leurs  touffes  par  brins , 
parce  que  ces  plantes  ne  pullulent  que  trop  lors- 
qu’elles font  dans  un  bon  fonds. 

On  tond  une  fois  tous  les  ans  les  bordures  de 
plantes  aromatiques;  fi  vous  en  exceptez  le  thym>, 
qui  ne  croît  point  alfez  haut  pour  être  tondu. 
Voici  un  catalogue  des  plantes  dont  on  fait  or dH 
nairement  des  bordures. 


Feküriste.  2.01 

Catalogue  des  plantes  aromatiques • 

La  fauge  de  plufieurs  efpe-  L’hyfope. 

■■  ces'.  L’abfynîlie  de  la  petite  ef«- 

£a  marjolaine,  pece. 

Le  thym.  Lafarriette, 

La  lavande,- 

I.  De  la  fanges 

La  fauge  efl:  de  deux  fortes , Ja  panachée  & Tor^ 
dinaire;  la  première  a les  feuilles  fort  agréables 
par  la  variété  des  couleurs  qui  y régnent  : on  en 
trouve  aifément  chez  les  Fleuriftes  ; il  feroit  à 
fouhaiter  qu’elle  fût  plus  commune  dans  les  jar- 
dins qu’elle  ii’eft^. 

I L De  la  marjolaine* 

On  compte  deux  efpeces  de  marjolaines  , dont 
Pune  a les  feuilles  plus  grandes  que  l’autre  , mais 
celle»ci  en  récompenfe , a l’odeur  bien  plus  agréa-» 
bl'e  , &:  toutes  deux  font  un  affez  joli  effet  tm 
bordure., 

III.  Du  thymc 

Le  thym  , ainfi  que  les  autres  plantes  dont  on 
a parlé,  eft  alTe?:  connu,  fans  qu’il  foit  befoin 
» d’en  faire  la  defcription,.  Cette  plante  croît  fort 
bas  : c’eft  pourquoi  elle  convient  des  mieux  pour 
border  une  plate-bande  d'un  jardin  potager  & 
fruitier.^ 

IV.  De  la  lavande*. 

On  cultive  de  deux  efpeces  dé  lavandes  dans 
lès:  jardins  5.  elIeL»  y produifent  un  très-bel  effet  : 

L 5. 


2.02  Le  Jardinier 
lorfqu’eîles  font  en  fleur , elles  exhalent  une  odeur 
qui  récrée  l’odorat  : on  fe  fert  des  tiges  de  cette 
plante  pour  mettre  dans  le  linge  , afin  de  lui 
donner  une  odeur  agréable* 

V.  De  Vhyfope. 

L’hyfope  eft  une  plante  qui  fait  aufli  une  très- 
belle  bordure , lorfqu’on  a foin  de  l’entretenir  ; 
il  faut  la  déplanter  tous  les  deux  ans  , parce 
qu’elle  pullule  beaucoup. 

Mais  à parler  véritablement  de  toutes  ces  plan- 
tes propres  à bordures , elles  ne  conviennent  guere 
que  dans  des  potagers  bien  drefles  & bien  entre- 
tenus : car  de  s’en  fervir  d’ornement  pour  les  jar- 
dins , c’eft  un  abus  ; aufli  ne  s’en  avife-t-on  point  : 
il  n’y  a que  les  marguerites  & la  ftatice  qui  aient 
cet  avantage  avec  le  buis.  Paflbns  à d’autres  cho- 
fes  que  le  Ledeur  curieux  fera  bien  arfe  de  favoir  * 


CHAPITRE  XXVII. 

Des  mois  & des  faifons  auxquels  chaque  plante 
paraît  en  fleur  durant  toute  Vannée» 

POUR  ne  rien  oublier  en  cet  ouvrage  qui  puiflfe 
contribuer  à fatisfaire  la  curiofité  du  Leâeur > 
on  a jugé  à propos  d’y  marquer  les  faifons  & les 
mois  auxquels  chaque  plante  donne  fa  fleur  du- 
rant toute  l’année. 

Il  en  réfulte  deux  avantages  ; le  premier  efl  que 
ceux  qui  ne  font  point  encore  verfés  dans  la  cul- 


F L E ü R 1 S T 2.  103 

tare  des  fleurs  feront  bien  aifes  d’apprendre  ces 
différents  temps  pour  établir  un  bel  ordre  dans 
leurs  jardins  , & n’y  rien  mettre  que  très- à-pro- 
pos. 

Le  fécond  eft  afin  que  ceux  qui  n’ont  pas  en- 
core une  parfaite  connoiflance  des  plantes  , puifi» 
fent  5 dans  chaque  faifon , tous  les  mois  en  con- 
noître  aifément  les  fleurs  ; & , comme  le  Prin- 
temps  eft  le  temps  où  les  premières  fleurs  com- 
mencent à éelorre  , on  commencera  aufli  par  luî 
à marquer  celles  qui  en  font  l’ornement. 

LE  P R I N T E M P S. 

On  comprendra  fous  cette  faifon  les  trois  mois 
que  voici  5 favoir  5 Mars , Avril  & Mai=. 

M A R S. 

'Paroiffcîit  en  ce  mois^ 

les  iris  bulheux.  Les  baffinets» 

Les  anémones  de  toutes  Les  crocus  printaniers» 
fortes.  ^ Les  hyacinthes  de  touîés^^ 

Les  cyclamens  printaniers».  fortes. 

Les  hépatiques  de  toutes  Les  jonquilles, 
fortes.  Les  tulipes  hâtives. 

Les  giroflées  jaunes.  Les  prime -verres  Amples 

Les  narciffes  de  pîuftèufs  de  routes  couleurs. 

efpeces.  Les  oreilles  d'ours  àâîî^ 

Les  frétillaires.  ves. 

A T R I L. 

Paroiffeat  en  ce  mois 

Les  pâquerettes  , autre^  La  coqueîourde, 
ment  dites  marguerites.  Les  penfées. 

Les  giroflées  jaunes.  Les  frétillaireso 


2.04  L e J a 11  d i n I e r 
Les  narcilTes  de  toutes  for-  Les  hépatiques  doubles» 
tes.  . Les  prime-veres. 

Les  O teilles  d’ours  hâtives.  Les  tulipes. 

Les  cyclamens  printaniers.  Les  hyacinthes. 

Les  crocus.  Les  jonquilles  fîmples. 

Les  anémones  de  toutes  La  couronne  impériale. 

fortes.  Les  violettes  de  Mars. 

Les  iris. 

M A I. 


Paroijfenù  en  ce  mois 


Lés  anémones. 

Les  giroflées  de  toutes  for- 
tes. 

Les  giroflées 'jaunes» 

Les  ancolies. 

Les  renoncules. 

Les  cy  anus  de  toutes  fortes . 
Les  hyacinthes. 

Les  hémérocales. 

Les  fraxinelîes. 

Les  pâquerettes  ou  mar- 
guerites.. 

Les  afphodeîes. 


Le  lis  oranger  ou  lis  flam- 
me. 

La  jacée  double. 

Les  penfées: 

Les  pivoines  de  toutes  ef» 
peces. 

Quelques  iris  bulbeux. 

Les  juliennes. 

Les  lis  dé  vallées  ou 
guet  des  bois. 

Les  oeillets  de.Poëtes. 

Les  œillets  de  montagne-. 

Les  tulipes  tardives. 


É T É; 


Cette  faifon  eft  féconde  en  fleurs,  auflî-bien 
que  la  précédente  : voici  celles  qu’on  y voit 
éclofes* 

J VIN. 


FdrozJJent  en  ce  mois 

Les  mufles  de  lion.  Les  penfées, 

L’argemone.  Les  pieds  d’alouette. 

Les  œillets , appelles  aur  La  grande  pâquerette» 
trc/ne/zÿ  lÿchnis.  Les  rofes» 


F li  E ü 
£escyanus  de  toutes  for- 
tes* 

31es  digitales  de  toutes  for- 
tes. 

Xes  martagons... 

Les  capucines. 

Les  œillets  de  toutes  fdr- 

j U r L 

Faroijfent 

Les’  bafiîics. 

Les  campanules 
Les  marguerites. 

Les  capucines. 

Les  œillets. 

La  fcabieufe, 

La  nielle  ou  nigeîîe. 

Les  cyclamens. 

Le  mufcîpula . 

Les  lis  de  toutes  fortes. 

La  mayenne. 

Laconfoude  royale. 

Les  fcilies. 

Les  clématites*  . 

Les  allers. 

Les  camomilles... 

La  campanulle. 

Les  œillets  de  Foëtes. 

Les  balfamines 
Les  coquelourdes,.. 

Les  mudes-de-lipn. 

Les  fôucis  doubles.. 

Les  immortelles. 

La  jacée  des  Indes. 

Les  croix  de  Jerufalem  ou 

croix  de  MaUbe. 


R r ^ T E. 
tes. 

Les  thiafpîs. 

Les  pavots. 

Les  clématites. 

Les  giroflées  de  plufieurs 
efpeces. 

Les  tubéreufes^ 

L E T. 

en  ce  mois 

Le  di dame. 

Le  volubilis. 

Le  baiîlic. 

Les  phaféoles. 

Les  matricaîres. 

Les  lis  de  Saint-Bruno; . 
Les  tricoîors. 

La  pomme  épineufe. 

Les  flatices. 

Les  tournefoîs. 

La  grande  pâquerette^ 

Les  bellevederes. 

La  dem*  du  Barnaffe, 

Les  orchîs  ou  fatyrions. 
Le  panicaut'  ou  cbardon^^ 
roiant.. 

La  digitale,  . 

Les  coquelicots. 

Les  amarantbes. 

Les  giroflées  de  toutes  for<» 
tes,. 

Les  belles-de-nuit* 

Les  ellébores. 
L’œil-de-bœuf, 

La  valérienae. 


io6  Le  jAR&iNr£î6 
AOUT. 


Taroijfent 

V^^tr,autftmemappelléy 

OculusChrifti, 

Les  bellevederes. 

les  clématites  de  toutes 
fortes. 

la  mayenne  ou  pomme 
d’amour. 

les  merveilles  du  Pérou  , 
autrementciom  de  Mal** 
the. 

les  immortelles. 

les  tubéreufes. 

Les  capucines. 

Les  oeillets  de  toutes  fortes. 

le.  pafle-velours  ou  ama- 
ïanthes. 


en  ce  moh 

Les  volubilis. 

Les  penfées. 

Les  renoncules. 

Les  foucis  doubles. 

Les  thlafpis. 

Lescyclaraens  automnaux, 
les  fôleils , tant  vivaces, 
qu’annuels. 

Le  lis  narcilTe  des  Indes. 
Les  cyclamens. 

La  grenadille. 

La  grande  pâquerette. 

La  campanulle. 

Les  colchiquesautomnaux. 
Les  giroflées.- 
La  digitale. 


L’  A U T O M N E. 

Comme  Tannée  commence  à décliner  en  Au- 
tomne , auffi  s’apperçoic-on  que  les  fleurs  deviea- 
lient  plus  rares. 

S E P T E M B R E. 


Paroijfent 

Les  amaranthes  tricolors. 
la  mayenne. 
la  merveille  du  Pérou,, 
la  capucine, 
le  narciüe  de  Portugal, 
Le  mufîe-de-lion. 

Les  oculus  Ghrifti* 


en  ce  mois 

Les  bafîlics. 

Les  bellevederes, 
la  grande  pâquerette.» 
les  foucis  doubles. 
Les  rofes  d'Inde. 

Les  oeillets  d’Inde» 

Les  amaranthesa 


F t E U R t s T E*  107 

La  penfée.  Le  phaféole  incarnat. 

La  grenadiile  , ou.  fleur  de  Les  renoncules  plantées  en 
la  PafSon.  Mai. 

La  pomme  épineufe  , ou  Les  tubéreufes. 
le  flramonium.  La  campanulk#. 

OCTOBRE. 

ParaiJJent  en  ce  mois 

Les  cyclamens  d’ Automne,  La  .grenadillee 
Les  amaranthes  tricolors.  Les  capucines,. 

Les  ocuIus-Chrifti,  Les  oeillets  d’Inde’,. 

Les  mufles-de-lion.  Les  pafle-velours. 

Les  penfées  ^ruées  en  Les  fonds  doubles^. 

Août*  Quelques  œillets, 

NOVEMBRE. 

Paroijfcnt  en  ce  mois 

Les  mufles-de-lion.  Août. 

Les  giroflées  doubles  & Les  violettes  doubles, 
Amples.  Les  anémones  Amples  dè. 

Les  pâquerettes  ou  mar-  toutes  couleurs. 

guérites.  Les  cyclamens  d’Hiver,. 

Quelques  œillets.  L’ellébore* 

Les  penfées  Temées  en 

L’  H I V E R. 

Le  froid  étant  l’ennemi  mortel  des  plantes  , îî 
n^eft  pas  furprenant  de  voir  cette  faifon  fort  fté- 
rile  en  fleurs  ; cependant , malgré  le  froid  , voici 
celles  que  la  nature , aidée  de  l’arc , nous  fournit^ 


XoB  Le  jARDîisriïïii 

DÉCEMBRE. 

Faroijfent  en  ce  mois 

Les  foucis  doubles.  toutes  couleurs , 8c  cel- 
les prime-veres  fimpîes.  les  qui  font  à pluches  ^ 

Les  cyclamens  d’Hiver.  Sc  hâtives. 

Les  anémones  fimples , de  Les  muffes-de-lion. 

JANVIER. 

Faroiffent  en  ce  mois 

Les  anémones  fîraples , de  Les  hyacinthes  d’Hîver. 

toutes  couleurs.  Les  narciflTes  du  Levant» 

Les  cyclamens  d’HIver.  Les  prime-veres. 

FÉVRIER. 

Faroijfent  en  ce  mois 

Les  anémones  Amples.  ffan. 

les  anémones  à pluches  Les  hépatiques  fimples, 
hâtives.  Les  giroflées  jaunes  lim^ 

Lès  iris  de  Perfé.  pies. 

Le  crocus  ou  fleur  de  fa-  Les  perces-neiges. 

Voilà  des  fleurs  en  aflez  bon  nombre  pourcon» 
center  un  Fleurifte  curieux  durant  toute  Tannée  ; 
& outre  qu’on  en  jouit  dans  lès  parterres , on 
peut  encore  en  dreffér  un  amphithéâtre,  fur  le- 
quel on  range  par  fymmétrie  les  pots  où  elles 
font  plàntéés.  Il  n’y  a rien  de  fi  agréabîé  à îâ  vue. 
que  ces  pots  rangés  avec  art;  & la  variété  des 
couleurs  , qui  en  fait  le  luflre,  donne  aux  fpec*^ 
tateurs  un  plaifir  incroyable. 


CHAPITRE  XXVII. 


Des  pépinières  & de  la  nécejjîté  qu^il  y a d^en 
avoir  ^ tant  de  fleurs  de  toutes  fortes  ^ que  d^ar^^ 
1res  , arbiiftts  & arbrifleaux pour  n*en  point 
manquer  dans  le  befoin^ 

'est  beaucoup  dans  ce  Traité  d^avoir  donné 


des  préceptes  fur  îa  culture  générale  des 
fleurs  ; mais  ou  a cru  encore  devoir  indifpenfa- 
blement  montrer  la  néceffité qu'il  y a d^en  avoir  une 
pépinière  pour  n’en  point  manquer  dans  chaque 
faifon  : les  parterres  par  ce  moyen  ne  font  point 
dépourvus  dé  fleurs  durant  toute  Tannée  ; & c’ed 
la  méthode  que  devroient  fuivre  la  plupart  dés 
Jardiniers  qui  ont  de  grands  jardins  à conduire  ; 
mais  c’eft  en  quoi  ils  manquent , étant  obligés 
foQvent  d’en  aller  mendier  , & de  fe  fervir  de 
ces  plants  tels  qu’on  Tes  leur  donne. 

Le  plus  grand  fecours  qu’on  tire  d’une  pépi- 
nière de  fleurs  , c’eft  que  ^ quand  queîqu’oignon 
meurt , ou  qu’une  plante  n’a  pas  repris,. on  trouve 
d’abord  de  quoi  en  remplir  la  place  ^ fans  être 
obligé  de  fortir  pour  Taller  chercher  ailleurs. 

On  appelle  pépinière  de  fleurs  un  endroit  ou 
Ton  plante  des  cayeux  d’oignons  pour  s^en  fervir 
dans  Toccafion  , & lorfqu’ils  font  en  état  d’ap- 
porter des  fleurs.  C’^eft  auflî  où  Ton  éleve  de  fe- 
mence  toutes  fortes  de  fleurs  , & les  graines  de 
renoncules  & lés  anémones , donc  ces  dernkres 


2LÎO  L e J A R D I N 1 e a 
fe  plantent  jufqu’à  deux  fois  avant  qu’elles  dôn« 
nent  leurs  fleurs  ; & jufqu’à  ce  qu’on  les  replante 
à demeure  , l’endroit  où  elles  font  s’appelle  tou- 
jours pépinière. 

Telle  pépinière,  pour  l’ordinaire , fe  place  dans 
quelque  coin  de  quarré  de  jardin  , fur  une  ou 
plufieurs  planches  , bien  amendées  &bien  labou- 
rées , qui  aient  le  levant  pour  expofition.  Le 
grand  chaud  altéré  les  plantes  ; le  trop  d’ombrage 
d’ailleurs  les  fait  étioler  : c’eft  pourquoi  , autant 
qu’on  le  peut,  il  faut  éviter  ces  deux  extrémités. 

Quand  toutes  les  planches  font  bien  drelTées  , 
on  les  couvre  d’une  terre  criblée  & de  bon  ter- 
reau , autant  de  l’un  que  de  l’autre  : il  faut  deux 
bons  doigts  d’épaifleiir  du  dernier,  le  tout  étant 
répandu  fur  ces  planches,  uniffez-îes  avec  le  ra- 
teîiu , & femez. 

Si  ce  font  des  racines  ou  oignons,  prenez-Ies 
chacun  féparément  dans  îeurefpece  ; & pofez-les 
dans  Tes  places  que  vous  croyez  leur  devoir  con- 
venir; ne  les  mettez  point  trop  proches  l’un  de 
l’autre  , afin  qu’ils  en  croiflent  mieux. 

Cela  fait , prenez  encore  de  la  terre  mêlée  de 
terreau  & criblée,  mettez-Ia  légèrement  fur  ces 
plantes  , que  vous  îaifferez  ainfi. 

II  faut  avoir  foin  de  tenir  nette  des  méchantes 
herbes  une  pépinière  à fleurs  , & d’arrofer  le  plant 
qu’on  juge  en  avoir  befoin. 

Outre  ces  pépinières  d’oignons  & de  graines 
il  y a encore  h pépinière  de  bouture  , & autres 


FtiuRîSTB.  stir 
“plants , qui  eft  le  morceau  de  terre  où  on  les 
plante,  pour  les  placer  après  où  on  le  juge  à pro- 
pos. Dans  cette  pépinière  on  plante  les  oeillets  de 
égraine  ou  de  b/ens  , qui  font  des  efpeces  de  bou- 
tures : on  a dit  comment  cela  fe  faifoit. 

On  y met  aiiffi  les  boutures  de  juliennes , giro- 
flées jaunes  & jafmins  communs , lauriers,  thyms, 
piceas  , ifs  de  femence&  de  plants,  & quelques 
autres  plantes  dont  il  efl  parlé  dans  cet  ouvrage. 
Quant  à la  maniéré  de  les  gouverner , on  n’a  rien 
oublié  pour  cela  dans  l’endroit  qui  les  regarde. 

En  fait  de  pépinières  on  n’en  a jamais  trop, 
principalement  à l’égard  de  ceux  qui  font  com- 
merce des  fleurs  ; ce  font  des  dépôts  qui  leur  font 
d’un  grand  fecours. 

Le  véritable  fecret  d’avoir  une  pépinière  I 
fleurs,  c’efl  de  la  bien  entretenir  ; cela  demande , 
à la  vérité  , quelqu’attention  , fi  on  veut  en  tirer 
du  plaifir  & du  profit. 

Ce  n’eft  point  affcz  d’avoir  parlé  des  pépiniè- 
res de  fleurs  & d’arbuftes  , il  y a encore  une  forte 
de  pépinière  qui  eft  d’un  grand  fecours  dans  les 
parcs  & dans  les  jardins  qui  ont  de  l’étendue, 
pour  y élever  toutes  fortes  d’arbres^,  foit  de  plant 
enraciné  , foit  de  graines  ou  de  fruits , comme 
marons  d’indes  , glands,  &c. 

Cette  pépinière  fe  place  toujours  dans  un  en- 
droit écarté  ; la  terre  en  doit  être  bonne , bien 
labourée  , & avoir  les  conditions  telles  qu’on  le 
dira  ci -après,  à la  troifisme  partie  de  ce  Livre. 


Ù.11  Le  Jardinier 
11  s’agir  à préfent  de  faire  choix  des  graines  i 
elles  doivent  être  grofles  , lourdes  , fans  être  al- 
têréesnilegeres,  & recueillies  de  la  même  année: 
c’eft  à la  fin  de  Septembre  jufqu’en  Décembre 
qu’on  les  recueille  ordinairement.  On  les  feme  en 
rigoles  au  commencement  du  Printemps  ou  en 
Automne , par  un  temps  doux  , fans  vent , & 
qui  foit  difpofé  à la  pluie  , afin  de  plomber  la 
terre  ^ & que  les  graines  en  fortent  plus  vite. 

Pour  faire  ces  rigoles  , on  tend  de  deux  pieds 
en  deux  pieds  une  corde  d’un  bout  à l’autre  , & 
on  ouvre  avec  la  bêche  ces  rigoles,  auxquelles  on 
donne  un  demi-pied  de  profondeur  ; enfuite  on  y 
jette  les  graines  , que  l’on  recouvre  de  terre.  Les 
fruits  , comme  les  marrons  d’Inde , fe  fement  de 
même,  à moins  qu’on  ne  veuille  les  mettre  en  ter- 
re , la  corde  tendue , dans  des  trous  faits  au  plan- 
toir , efpacés  d’un  pied  chacun. 

Comme  on  efi:  obligé  de  farder  & de  labourer 
fouvent  les  pépinières  , à caufe  des  méchantes 
herbes  qui  y croiffent  en  abondance , il  cü  nécef- 
faire  de  remarquer  les  endroits  où  on  a fait  les 
rigoles  , en  mettant  à chaque  bout  une  pierre  ou 
un  bâton  , pour  ne  pas  arracher  les  jeunes  plants 
au  lieu  des  mauvaifes  herbes. 

On  remarquera  que  les  plants  qui  viennent  de 
graines  , & qui  font  femés  confufément  en  rigo- 
les, doivent  être  levés  la  fécondé  année,  pour 
être  replantés  à un  pied  l’un  de  l’autre félon  que 
Tefpece  dont  elle  çft  l’exige» 


FlEURlSTEe  aï3 

Le  moyen  le  plus  prompt  pour  faire  une  pépi- 
nière , eft  d’en  élever  de  plants  enracinés  ; Ton  y 
gagne  deux  années , & on  n’eft  point  obligé  de  les 
replanter.  Ces  Jeunes  plants  fe  mettent  dans  des 
trous  faits  à la  bêche , éloignés  les  uns  des  autres 
d’un  pied  ; le  peu  de  diftance  qu’on  leur  laiflTe  les 
fait  monter  droits  , & les  empêche  de  fe  jetter 
de  côté  & d’autre. 

Au  bout  de  quatre  ou  cinq  ans  que  ces  jeunes 
arbres  ont  été  plantés  , on  choifit  la  branche  la 
plus  droite , & l’on  tortille  les  autres  à l’entour, 
après  leur  avoir  calTé  le  bout.  A mefure  qu’il  en 
viendra  de  nouvelles , on  en  fera  de  même  , & 
alors'  on  coupera  les  anciennes  jufqu’au  bas  ; par 
ce  moyen  ces  arbres  monteront  d’année  en  année, 
& feront  toujours  bien  droits.  Malgré  ces  foins , 
s’il  y en  a quelques-uns  qui  viennent  de  travers, 
l’on  fera  fon  polfible  pour  les  redreflèr. 

Lorfque  ces  arbres  ont  acquis  huit  à neuf  ans , 
on  peut  les  placer  où  l’on  veut , où  il  en  fera 
befoin  ; ils  fe  tranfplantent  d’ordinaire  à la  chûte 
des  feuilles , parce  que  la  feve  ne  monte  plus.  On 
les  lèvera  de  terre  avec  leur  motte  ; c’eft  le  moyen 
de  les  faire  moins  fouffrir  dans  le  tranfport,  & de 
les  mieux  faire  reprendre. 

Il  faut  lesarrofer  dans  les  grandes  féchereH^es  y • 
pour  connoîtrele  temps  le  plus  propre  pour 
les  labours  dont  les  pépinières  ont  befoin  > on  n’a 
qu’à  confulter  la  culture  de  chaque  plante  qu’on 
voudra  cultiver  j ce  temps  y eft  marqué  fort  exac* 


Û.Ï4  ts  Jardïhîfr 
îement  ; c’eft:  pourquoi  l’on  ne  dira  rien  davan* 
tage  fur  la  maniéré  de  gouverner  les  pépinières  ^ 
parce  qu’il  en  fera  encore  parlé  ci-après,  à chaque 
article  particulier. 

C’eft  par  le  fecours  de  ces  pépinières  que  ceux 
qui  les  gouvernent , s’enrichilfent  par  le  grand 
débit  qu’ils  ont  des  arbres  qui  y croiffent  : rien 
îî’a  plus  fon  utilité  qu’une  pépinière  d’arbres. 

Les  pépinières  d’arbrilfeaux  & d’arbufles  n’ont 
pas  moins  leur  utilité  : combien  aiiffi  voyons-nous 
de  Fleuriftes  devenir  à leur  aife  par  le  commerce 
qu’ils  1en  font  ? 

Le  vrai  fecret  d’avoir  de  belles  pépinières  con- 
fifte  à les  bien  entretenir  ; il  eft  confiant  que  cela 
demande  un  peu  de  foin  & un  peu  de  fujétion  ; 
mais,  par  le  profit  qu’on  tire  de  ces  pièces  de  jar- 
din , on  ne  doit  regarder  ce  travail  que  comme 
un  pîaifir  qu’on  goûte  en  les  gouvernant. 

On  s’étonne  qu’il  n’y  ait  qu’en  certains  endroits 
de  notre  France  , qui  font  encore  en  petit  nom- 
bre , qu’on  fe  foit  avifé  de  dreffer  des  pépinières 
de  fleurs , de  toutes  fortes  d’arbres , arbrilTeaux  & 
arbufies  , fervant  à rembelliffèmenc  des  jardins  ; 
& que  par  ce  manque  d’attention , il  faille  que  les 
curieux  en  jardinage , qui  en  font  éloignés,  n’en 
paiffent  avoir  qu’a  grands  frais,  par  les  voitures 
qui  font  cheres  , & n’aient  fouvent  ces  plants 
qu’altérés  , à caufe  du  long  tranfport  qu’ils  ont 
foufFerr , lorfqu’ils  pourroient  en  avoir  fous  leur 
Bvain , & fans  courir  aucun  rifque  : c’efl  pourquoi 


Fihür^îstê» 

îî  feroît  avantageux  qu-e  bien  des  gens  à la  cam- 
pagne , qui  entendent  un  peu  le  jardinage,  s’oc- 
cupafîenc  à élever  des  pépinières  ; ils  éprouve- 
füient  bientôt  le  profit  qu’on  retire  d’un  travail 
de  cette  nature. 

Il  feroit  far-*tout  à propos  que  fur  les  frontiè- 
res du  Royaume  il  y eût  de  ces  pépinières  , afin 
que  cela  donnât  plus  d’envie  aux  Etrangers  d’en 
tirer  des  plants  pour  en  garnir  leurs  jardins  : ce 
qai  ne  pourroit  être  qu’avantageux  à ceux  qui 
cultiveroient  les  pépinières  de  plantes  , toiles 
qu’on  les  a marquées. 

Ceux  qui  veulent  élever  des  ormes  , tilleuls , 
marronniers  d’Inde,  charmes  ou  érables  , qui  font 
les  arbres  les  plus  en  ufage  dans  les  jardins  d’or- 
nement , en  prendront  de  la  graine  ou  des  fruits 
pour  en  élever  , & fuivront  la  méthode  qui  eft 
enfeignée  dans  ce  chapitre,  & la  culture  particu- 
lière de  chacun  de  ces  arbres.  On  ne  doute  pas 
que , fi  on  s’adonnoif  à ce  travail , il  n’y  eût  plus 
de  gens  qui  prifTenc  envie  de  faire  des  jardins  de 
propreté , à caufe  de  la  commodité  qu’ils  auroient 
d’avoir  tout  à fouhaic  pour  cela. 

AVIS. 

EUX  d’ailleurs  qui  fe  plaifentà  la  culture  des 
fleurs,  foit  pour  le  plaifir  feulement , ou  par 
intérêt , feront  bien-aifes  de  favoir  comment  & 
iÀx  s’en  débitent  les  oignons  & les  graines , & fur 
quel  pied  à-peu-près  ils  fe  vendent  5 de  maniéré 


ù.1'6  Le  Jardinier 
qu’ils  pourront , en  quelque  façon  , tabler  fur  le 
plus  ou  le  moins  dedépenfe  qu’ils  y voudront  fai- 
re voici  donc  à quoi  fe  réduit  ce  petit  commerce. 

Prix  des  oignons  & graines  de  fleurs. 

Les  renoncules  communes  fe  vendent  au  cent , 
& le  cent  vaut  cinquante  fols. 

Les  renoncules  curieufes  & rares  , fe  vendent 
à la  piece  ] la  piece  vaut  deux  fols. 

Les  belles  anémones,  que  les  curieux  recher- 
cbent , fe  vendent  à la  piece , & la  piece  vaut  de- 
puis deux  fols  jufqu^à  dix,  fuivant  leur  rareté. 

Les  tulipes  communes  fe  débitent  au  boiflèau , 
îe  boilTeau  vaut  trois  livres^ 

Les. tulipes  panachées  fe  vendent  au  cent,  & 
le  cent , pour  l’ordinaire  , fe  vent  cinq  livres. 

Les  tulipes  , dont  on  fait  encore  aujourd’hui 
beaucoup  d’état , ne  fe  vendent  qu’à  la  piece,  & 
la  piece  vaut  deux  fols. 

Les  hyacinthes  communes  fe  débitent  au  boif- 
feau  , & le  boiîTeau  fe  vend  quatre  livres. 

Les  hyacinthes  romaines , comme  étant  aflez  ra- 
res, fe  vendent  à la  piece , & la  piece  vaut  trois  fols. 

Les  hyacinthes  doubles,  blanches  ,& bleues, fe 
vendent  à la  piece , & la  piece  vaut  quatre  fols. 

Les  hyacinthes  à bouquets  fe  débitent  à la  piece, 
& la  piece  vaut  deux  fols. 

Les  narcilTes  les  plus  communs  fe  vendent  au 
boiflèau , & le  boiffeau  fe  vent  quarante  fols. 

Il  y a des  narciffes  qui  fe  débitent  au  cent,  & 
ïe  cent  coûte  dix  fols,< 

Les 


f*  L 'E  17  R I S T Ë.  117 

tes  narcifles  de  Conflantinople  fe  vendent  à 
fe  piece  , & la  piece  fe  vend  trois  fols* 

On  en  voit  d’autres  , parce  qu’ils  fent  étratt-» 
gers  & particuliers  , qui  fe  vendent  à la  piece  ; 
mais  on  n’en  peut  fixer  le  prix  , parce  que  c’eft 
la  diftance  des  lieux  , plus  ou  moins  grande  j, 
d’où  on  les  tire  , qui  en  fait  la  valeur* 

Les  jonquilles  fimples  fe  débitent  au  cent  ^ & 
pour  l’ordinaire  le  cent  vaut  quinze  fols* 

Il  y a des  jonquilles  qui  font  doubles  ; elles  fc 
vendent  auffi  au  cent,  & le  cent  fe  vend  cinq  liv* 
Les  martagons  curieux  fe  vendent  à la  piece  ; 
les  Marchands  n’en  veulent  point  fixer  le  prix  , 
parce  qu’ils  les  vendent  le  plus  qu’ils  peuvent  : 
suffi  faut-il  en  tirer  le  meilleur  marché  qu’il  eft 
poffibîeo 

Les  ornithogaîons  fe  débitent  auffi  à la  piece  ; 
c'eflun  prix  qu’on  ne  fait  pas  encore,  & fur  le- 
quel il  n’eft  pas  hors  de  propos  de  difputer# 

Les  tubéreufes  fe  vendent  auffi  à la  piece  , & 
chaque  oignon  fe  vend , à choifir  , deux  fols  ou 
dix-huit  deniers,  félon  que  les  Hivers  font  plus 
ou  moins  rudes. 

A l’égard  des  graines  de  Seurs  ^ on  ne  croie 
point  devoir  en  établir  ici  le  prix, d’autant  qu’on 
en  a pour  fi  peu  d’argent  qu’on  veut , c^efl-à- 
dire  , pour  un  , deux  , trois , quatre  , cinq , ûx 
fols,  & pour  davantage,  félon  le  befoin  qu’on  en 
a , & la  qualité  de  chaque  graine  en  particulier  , 
parce  qu’il  y en  a qui  font  plus  cheres  les  unes 
J.  Partie^  K 


lî8  Le  Jardînîe  ê,&c. 
que  les  autres  ; mais  , au  refie  , cela  va  à fi  pea 
de  chofe  , qu’on  a cru  inutile  d’entrer  là-defiTua 
dans  un  plus  grand  détail. 

On  efl  feulement  bien-aife  d’avertir  ceux  quî 
feront  curieux  de  cultiver  des  fleurs  de  toutes 
fortes,  que  M.  Grou , marchand  Grainier , Fleu- 
rifre  & Botanifle  du  Roi  & de  la  Cour , vend  de 
toutes  fortes  de  graines  des  plus  belles  fleurs  & 
des  plus  rares , des  anémones  de  toutes  façons  & 
des  plus  recherchées,  des  oignons  de  tulipes  des 
plus  eflimées,  & des  plus  fines  renoncules.  11  dé- 
bite d’autres  oignons  de  fleurs,  & on  peut  dire 
là-deffus  qu’on  trouve  chez  lui  tout  ce  qu’un 
Fîeurifle  curieux  peut  fouhaiter  , & le  tout  bien 
conditionné,  fans  être  altéré.  II  demeure  à Paris, 
fur  le  quai  de  la  Mégifferie , ou  de  la  Féraille  , 
du  côté  du  grand  Châtelet,  au  Bien-conduit. 

On  avertit,  au  refte,  que,  quoique  les  prix  de 
bien  des  oignons  foient  ici  arrêtés,  cela  n’empê- 
che pas  que  ceux  qui  en  voudront  acheter  , n’en 
tirent  la  meilleure  compofition  qu’ils  pourront , 
puifque  ces  prix  ne  font  point  marqués  en  con- 
fcience.  11  efl  même  impoffible  de  pouvoir  les  | 
fixer  au  jufte,  à caufe  des  années  plus  ou  moins  ' 
abondantes,  & des  Hivers  plus  ou  moins  rudes  j | 
ce  qui  fait  diminuer  ou  augmenter  ces  prix» 


Fin  de  la  première  Partie» 


CHAPITRÉ  PR 
Defcriptioîi  dhine 

oici  une  fécondé  Partie 
Ton  peut  dire  qu’il  y a beaucoup  de  chofes  qui 
regardent  le  jardinage  , & donc  jamais  perfonne 
ne  s’eft  avifé  de  parler  *,  mais  comme  on  a eu  def- 
fein  de  rendre  cec  Ouvrage  tout  particulier  par 

K a 


la 

rbufles  fervant  à V embelli Jfement  des  jar* 
dins  , avec  la  maniéré  d^en  conduire 
ment  quelques-uns  , qui  , 
faits , pajfent  pour  les  ornements 
qu^ony  emploie 


Le  Jaudînier 
beaucoup  de  nouveautés  , on  a cru , après  y avoir 
éfahii  un  bel  ordre , n’y  devoir  rien  oublier  d’ail« 
leurs,  afin  que  ceux  qui  le  liront  trouvent  plei- 
nement de  quoi  le  fatisfaire.  Mais , fans  s’arrêter 
ici  à des  digreffions  inutiles , voyons  comment 
doitêcre  compofée  une  bonne  ferre  , & montrons 
par  quels  moyens  on  entretient , dans  les  plantes 
qu’on  y met,  le  degré  de  chaleur  qui  leur  eft  né- 
ceiTairepourlesempêcherdepérirpendantrHiver* 
Comme  la  plupart  des  arbriiTeaux  & arbuftes , 
dont  on  va  parler  , demandent  à être  préfervés 
des  gelées  , & qu’il  y a auffi  certaines  fleurs  qui 
veulent  être  garanties  du  froid  , il  eft  effentiel  de 
commencer  cette  fécondé  Partie  par  faire  connoî- 
tre  les  différentes  qualités  d’une  bonne  ferre* 
L’expofition  qu’on  doit  rechercher  , autant 
qu’il  efi:  pofTible  , pour  une  ferre,  c’eft  le  midi  , 
parce  qu’elle  reçoit  le  foleil  depuis  neuf  à dix 
heures  du  matin  jufqu’à  fon  coucher  , & qu’ainfi 
il  peut  réchauffer  davantage  une  ferre  par  la  durée 
de  fa  chaleur , & en  corriger  mieux  rhumidité 
qui  s’y  pourroit  introduire. 

L’expofition  du  levant , qui  donne  le  foleil  de- 
puis fon  lever  jufqu’à  deux  & trois  heures  après 
midi  , n’eft  pas  moins  favorable.  Celle  du  cou- 
chant, qui  jouit  des  rayons  du  foleil  depuis  midi 
jufqu’au  foir  , fe  peut  fouffrir,  lorfqu’on  ne  peut 
avoir  l’une  des  deux  autres.  Mais  à l’égard  de 
celle  du  nord  , elle  eft  très-dangereufe  , à caùfe 
des  mauvais  vents , & du  peu  de  chaleur  qu’elle 
reçoit  du  foleil. 


Î'ieürîstk*  ü.%t 

la  grandeur  de  la  ferre  ne  fera  point  propor- 
tionnée à la  quantité  d’arbres  qu’on  a à ferrer  ; 
mais  elle  fera  au  moins  d’une  ou  de  deux  toifo 
plus  grande,  parce  que  l’amour  pour  les  plantes 
augmentant  de  jour  en  jour , elle  fe  trouveroit  en 
peu  de  temps  trop  petite. 

La  façade  ^ qui  eft  le  côté  le  plus  expofé  au  fo- 
lei! , veut  être  le  plus  ouvert  qu’il  fe  peut  ; il  fe- 
roit  bon  que  les  fenêtres  & les  portes  ^ qui  roc- 
cuperontentiéreraent,  ne  fulTent  féparées  que  par 
des  pilliers  de  bois  ou  de  pierre  , afin  qu’en  les 
ouvrant , îorfque  le  foleil  luit , toutes  les  plantes 
que  la  ferre  renferme  puiTent  être  favorifées  de 
fes  rayons.  Ces  fenêtres  peuvent  avoir  quatre, 
cinq  & fix  pieds  de  large  , & la  hauteur  de  toute 
la  ferre  , à la  réferve  de  l’appui , qui , pour  l’or- 
dinaire , eft  de  trois  pieds  : la  porte  doit  avoir  la 
même  hauteur  , & une  largeur  fuffifante  pour  le 
paffage  des  arbres. 

Il  ïeroit  fort  utile  que  les  portes  fuflent  dou- 
bles & à deux  battants  ; enforte  que  Tune  s’oo- 
vrît  endehors , & l’autre  en-dedans  , pour  abat- 
tre la  première  fur  foi , quand  on  veut  aller  faire 
fa  vifice  dans  la  ferre , fans  que  le  froid  s’y  infinue. 
On  peut  encore  remplir  l’entre-deux  de  ces  por- 
tes de  foin  bien  prefTé , & ajouter  même  au-de« 
hors  du  fumier  de  cheval  bien  chaud  , fi  l’Hiver 
efl:  extraordinairement  rude. 

En  recommandant  Kgrandeur  des  croifées,  il 
faut  obferver  qu’dies  foient  fi  bien  munies  des 

K 3 


ail  Lk  Jardinier 
fermetures  nécefTaires  que  le  froid  ne  puiiTe  s’în- 
linuer  par  aucune  ouverture  , ni  pénétrer  du  de- 
hors en-dedans  : pour  y reuffir , outre  les  chafTîs 
de  verre  qu’on  met  ordinairement  aux  croifées  à 
fleur  du  mur  de  face , il  eft  bon  de  pofer  en-dedans 
un  autre  chaïïis  qui  foit  collé  de  papier  des  deux 
côtés  de  fon  épaifîèur.  On  pourra  mettre  encore 
en-dehors  des  contrevents  de  bois  ; & outre  cela , 
dans  les  grands  froids  , bien  calfeutrer  avec  du 
foin  ; parce  moyen  ^ la  chaleur  tempérée,  qui  fera 
reliée  de  la  belle  faifon  , ne  pourra  pas  fe  difliper  ^ 
Sc  demeurera  dans  un  meme,  degré. 

Cette  précaution  néceflaire,  du  côté  de  la  fa- 
çade, feroit  inutile , fi  on  ne  prenoit  pas  un  foin, 
extrême  de  tenir  les  murs  qui  font  expofés  au 
Nord,  d’une  bonne épailTeiir  , à-dire  de  trois 
pieds  , & d’une  conftruâion  folide , ainfi  que 
les  côtés  & le  plafond , au-deffus  duquel  il  ne 
faut  laiflèr  aucun  joî«r  : il  doit  être  affez  élevé 
pour  ne  pas  gêner  les  arbres, 

II  faut  auffi  que  le  plancher , ou  le  fol  , foit 
élevé  de  quelques  marches  au-delTus  du  raiz-de- 
chauiFée,  afin  de  préferver  les  plantes  de  rhumi- 
dité , qui  eft  beaucoup  plus  dangereufe  que  le 
froid.  I!  eft  mieux  que  ce  plancher  foit  pîanchéié  , 
que  d’être  de  plâtre  ou  de  falpêtre  battu  , à moins; 
qu’on  ne  voulût  faire  fervir  la  ferre  à quelqu’au-^ 
tre  chofe  pendant  rEté.  Si  on  pouvoit  y prati- 
quer des  caves  deftous , elle  en  feroit  plus  faine 
& çonferverak  bien  mieux  un  mê;îie  point  dp- 


F L K U R î s T E.  aaj 

cîialeur  que  celles  placées  dans  des  endroits  bas  ^ 
quoiqu’à  l’expofition  du  midi. 

Quant  à la  longueur  & à la  largeur  d’une  ferre, 
chacun  peut  la  régler  fuivant  fes  facultés.  Une 
ferre  de  quatre  toifes  de  large , & d’une  longueur 
proportionnée , peut  affez  bien  s’accommoder  à 
Ja  portée  de  toutes  fortes  de  perfonnes  un  peu 
dirtinguées  , & doit  pafTer  pour  for£  belle. 

Il  leroit  à fouhaiter  qu’il  y eût  une  anticham** 
bre  à un  des  bouts  de  la  ferre  , par  la  raifon  que 
les  plantes  ne  peuvent  être  renfermées  trop  long- 
temps , fans  qu’il  n’en  périfTe  plufieurs  ^ faute 
d’air  nouveau  ; & THivereffi  quelquefois  fi  rude , 
qu’il  eft  impofiible  de  pouvoir  leur  en  donner 
par  la  principale  porte,  ni  par  aucune  fenêtre  , 
fans  les  mettre  en  danger.  C'efl  pourquoi  il  n’y  a 
pas  de  meilleur  moyen  pour  renouveller,  dans 
le  befoin  , l’air  de  la  ferre  , & le  corriger  de  telle 
façon  qu’il  puifTe  être  falutaire  aux  plantes  , & 
non  pas  les  geler  , qu’en  ayant  à un  des  bouts 
une  antichambre  par  laquelle  on  puifle  paiïer  pour 
entrer  dans  la  ferre.  Chaque  fois  qu’on  entrera  ^ 
cette  antichambre  fe  fournira  d’air  nouveau  ; & 
ouvrant  après  la  porte  de  cette  antichambre  , qui 
donne  dans  la  ferre,  l’air  de  cette  antichambre 
fe  mêlant  avec  celui  de  la  ferre  qui  eft  ufé  , lui 
donnera  les  parties  néceftàires  qui  contribuent  à 
fa  végétation  & h l’accroiffèment  des  plantes. 

Il  n’eft  pas  impoftible  qu’avec  tous  ces  foins  ^ 
•les  plantes  ne  foient  pas  encore  en  sûreté  du  côté 

K 4 


S.14  ï"  ® Jardin  t.  f r 
du  froid  ; il  peut  être  fi  cuifant , & fe  gîiiîef 
d’une  maniéré  fi  imperceptible,  que  le  dedans  de 
la  ferre  s’en  reffènte.  Four  connoître  quand  i! 
pénétré,  on  met  auprès  des  fenêtres  & fur  îe 
bord  des.  caiffès  , en  divers  endroits  , de  l’eau 
dans  quelque  chofe , & quand  on  voit  qu’elle 
eft  glacée , on  doit , fans  différer , tâcher  à y ré- 
tablir le  degré  de  chaleur  perdue. 

îl  y en  a qui  fe  fervent  de  lampes  fufpen- 
dues  au  plancher au  milieu  & dans  les  coins 
de  la  ferre , fur-tout  dans  les  endroits  par  oà 
le  froid  peut  venir  , mais  efl-on  exempt  de  fu- 
mée , qui  efl  la  pefte  de  la  verdure  , & fouvent 
de  la  plante  ?-  D’autres  ont  des  poêles  d’Allema- 
gne , qu’on  entretient'  d’un  feu  de  bois  modéré , 
& dont  la  fumée  foré  en  dehors  de  la  ferre  par 
un  tuyau.  Cette  maniéré  d’échauffer  l’air  eft  iné- 
gale; le  voifinage  du  feu  brûle  certaines  plan- 
tes, pendant  que  d’autres  font  gelées  ; de  plus  ^ 
le  feu  vient-il  à s’affoiblir  ou  à s’éteindre , les 
plantes  qui  ont  ouvert  tous  leurs  pores  à une 
chaleur  qui  les  réjouiffoit , donne  plus  de  prife 
â la  gelée  , que  li  on  les  avpit  laiffées  fans  feu. 
Le  plus  sûr  eft  de  tenir  le  tout  bien  clos  , & 
de  redoubler  dans  les  grands  froids  les  paiüaf- 
fons  fur  ks  croifées.  On  peut  faire  ufage  pour- 
tant des  cheminées  inventées  par  monfieur 
Gauger  , dont  l’avantage  eft  qu’il  entre  fans 
ceffe  dans  la  ferre  de  l’air  nouveau  également 
échauffe  , & que  l’air  qui  y eft  renfermé  en  fort 
continueUementp 


Fleuriste. 

Quelque  néeeffaire  que  foit  une  ferre  auffi^bien 
eonditionnée  que  celle  qu’on  vient  de  décrire 
peu  de  perfonnes  veulent  ou  peuvent  faire  la. 
dépenfe  d’une  telle  entreprife  : il  eft  plus  ordi- 
naire de  voir  convertir , à cet  ufage,  des  lieux, 
qui  ont  fervi  de  falîe  y d’écurie , de  cellier , & 
quelquefois  de  cave  ; ce  qui  efl:  le  pis  de  tout , 
parce  que  les  lieux  bas  & creux  , comme  ces  der- 
niers 5 ne  peuvent  être  que  fort  humides  , & ne 
font  jamais  échauffés  des  rayons  du  foleil  : pour 
les  autres  ^ avec  un  peu  de  réparation ,,  ils  peu- 
¥,ent  palTer  & fiiiîire. 


CHAPITRE  I L 
Des  orangers , & de  la  maniéré  de  tes  cultiver^ 


ON  ne  prétend  point  ici  parler  de  la  maniéré 
d’élever  les  orangers  dès  leur  principe  , quf 
ifi:  la  graine  , ni  dé  bouture,  ni  autrement;  ces 
voies  font  de  trop  longue  durée  dans  Ifes  climats 
tempérés  : if  faut  làîffer  aux  Provençaux  & aux: 
Génois  , le  foin  d’en  dreîTér  dés  pépinières  : tout 
leur  efl  favorable  dans  leur  pays  ; c’efl  pourquoi 
ils  em  font  grand  commerce  : ils  nous  les  appor»» 
îent  tout  greffês  dans  les  mois  de  Mars,  Avril 
& M'ai.. 

Ma.  choix  qidbti  ioit  fivoir  faire  des  orangers: 
quand  on  les  acheté:, 

Eors  donc  qti’on  veut  acheter  des  orangers^ 

E % 


2L2.6  Le  Jardinier 
pour  planter  en  caifle  , on  ne-fauroit  trop  pren- 
dre de  pre'caution  ; ils  nous  viennent  en  motte 
ou  en  bâtons  fimplement  : dans  le  premier  cas  ^ 
on  ne  s’y  trompe  guere , parce  qu’aux  orangers 
qu’on  tranfporte  ainfi , on  s’apperçoit  aifément 
fi  la  motte  qui  entoure  les  racines  eft  fuppo- 
fée  ou  naturelle  r il  n’y  a qu’à  remuer  la  tige  ; 
fi  la  terre  y eft  appliquée  , elle  tombe  tout  de 
fuite  : outre  ce  , on  leur  laiffe  toujours  des 
branches  auxquelles  font  attachées  des  feuilles  ^ 
qui , îorfqu’elles  eafTent , en  les  pliant  à l’en- 
droit du  p!i , font  juger  que  l’oranger  eft  en 
bonne  feve  ^ qu’il  n’y  a rien  à craindre  ; au  lien 
que  , rorfqu’eltes  obéifTent  dans  ce  pli  , c’eft 
mauvais  ligne. 

On  juge  des  orangers  en  bâtons  par  leur  écor- 
ce; fi  elle  eft  ferme,  ou  qu’en  incifant  une  bran- 
che en  quelque  endroit  elle  fe  détache  du  bois 
c’eft  une  bonne  marque  ; au  lieu  que  c’en  eft  une 
mauvaife  loffqu’elle  y adhéré:  l’oranger  pour 
iors  eft  altéré  & fort  douteux  pour  la  reprife. 

Le  bois  qu’bn  leve  par  (e  moyen  de  l’incî- 
fion  , doit  paroître  humeéié  du  fuc  nourricier  t 
s’il  eft  fec  , rejettez  Poranger. 

L’écorce  dont  on  a parlé  , doit  être  d’un  verd 
jaunâtre  , & non  pas  noirâtre  ; cette  noirceur 
ne  provient  que  d’avoir  trop  arrofé  les  oran- 
gers en  chemin  : c’eft  par-là  que  hs  Marchands 
tâchent  de  tromper  ceux  qui  en  achètent  ; ainfi  , 
il  ne  faut  point  faire  de  cas  de  ces  arbres  at- 


Fleuriste»  aay 

teints  de  cette  maladie  , car  ce  font  autant  d’o- 
rangers  perdus. 

Lorfqu’on  voudra  clioifir  des  orangers  en  bâ- 
tons &fans  motte,  on  ne  s’arrêtera  pasàlagrof- 
feur  , qui  vient  par  la  fuite  , mais  on  prendra  les 
tiges  les  plus  élevées  & les  plus  droites. 

Ceux  emmotfés  font  à préférer^  fur-tout  lorf- 
que  les  branches  font  difpofees  à former  un  jour 
une  tête  bien  ronde,  & que  la  tige  efl  élevée  Sc 
bien  droite,^ 

jDes  terres  propres  aux  orangers^. 

L’oranger  naît  originairement  dans  une  terre 
forte  & humide  , mais  fous  un  ciel  qui , par  la 
grande  chaleur  qui  s’y  fait  fentir , en  fait  corri- 
ger les  défauts  ; ce  n’eft  pas  de  même  dans  les 
climats  tempérés  : il  faut  donner  h l’oranger  une- 
terre  cornpofée  comme  on  va  le  dire. 

On  chüifit  une  bonne  terre , telle  que  peut  être 
un  fable  noirâtre  , ou  une  terre  grisâtre  , ni  trop 
légère,  ni  trop  forte;  on  en  prend  autant  qu’on 
îe  juge  en  avoir  befoin  , on  la  crible , on  y ajoute 
deux  tiers  de  terreau  de  couche  ou  de  fumier  de 
vache  bien  confommé  : on  mêle  bien  le  tout  en- 
femble , puis  on  s’én  fert  dans  le  befoin». 

On  peut  auffi  compofer  une  autre  terre  , raé« 
langée  d’un  tiers  de  terreau  de  brebis  ,,  repofé 
depuis  deux  ans,  d’un  tiers  de  terreau  de  vieille 
couche  bien  confommé  , & d’un  tiers  de  terre 
graife  de  marais,. 

IL  6 


L E'  Tard  r n i-  e-  w. 
jîutre  terrcé 

Dans îes pays  ouïe  foleileft.de  quelques  de- 
grés p!us  chaud  qu’aux  environs  de  Paris,  corn- 
rue  du  côté  de  Lyon  , il  eft  bon  de  changer  dè 
îîiéthpde. 

Et  pour  çeîail  faut  prendre  deux  tiers  de  bonne, 
terre  naturelle  un  peu  humide  un  tiers  dé  ter* 
reau  , & faire  du  tout  un  corpus. 

D’autres  compofent  les  terres  , pour  les  oran- 
gers, de  boues  ramaftees  & bien  confômmées  3, 
ou  de  curiires  de  mare  ils  y ajoutent  de  îa  fiente- 
de  pigeons  , de  poules,  & autres  ingrédients. de, 
cette  nature». 

Les  tiges  & les  feuilles  dè  citrouilles  , celles 
de.meîojîs  &.  d’autres  plantes  pourries  & con- 
fommées  , forment  ua  terreau  qui  convient  fore 
à la  culture  des  orangers  , fi  on  y mêle  un  tiers 
de  terreau  ordinaire.  Voilà  des  terres  à choifif  ^ 
dans.,  quelque  climat  qu’on  foit  ; ainfi  il  ne  reftet 
glus  qu’à  favoir  y planter  les  orangers»^, 

îâ  manier du  temps  de  planter  les  orangers 
pour  la  première,  fois». 

On  plante  les  orangers  à îa  fin  du  mois  d’A- 
vril  , dans  celui  de  M^ai , ou  en  Oélobre.  Si  ce  font 
des  orangers  en  bâtons  , prenez-les , lavez-en 
bien  lé  pied  avec  de  l’eau , habillez-en  îes  raci- 
nes , rognez-en  l’extrémité  jufqu’au  vif , ôtez 
celles  qui  paroiflênt  meurtries  , elles  ne  fervent 
de  rien>  de  même  que  le  chevelu  : delà  allez  à 


F E.  E U R.  I S T E. 

ïa.tête,  racourciirez-en  les  branches  autant  que 
V0US  le  jugerez  à propos  ^ & pour  l’ordinaire 
toujours  deux  ou  trois  pouces». 

Cela  fait  ,,  faites  tremper  ces  orangers  en  eau 
un  demi-jour,  &,  durant  ce  temps,  vous  pré- 
parez les  pots  ou  cailles  dans  Iefc|ueîs  i^ous 
lez.  les  planter». 

Ces  caifles  ou  ces  pots  feront  remplis  de  terre 
dont  on  a parlé  , & félon  les  climats  plus  on 
moins  chauds  où  l’on. fera.  On  foule  cette  terre 
avec  !a  main  j,,  afin  qu’elle,  ne  s’y  affaiffe  point 
trop  lorfque  les  orangers  y feront  plantés» 

Il  faut  toujours  obferver  de  mettre  fous  îa 
terre  des  plâtras  ,,  afin  de  faciliter  Fécouîement 
des  eaux,  quand  on  a.arrofé  les  orangers:  cette 
terre  fera  mifeJe  plus  près  du  bord  de  la  caillé 
qjiùl  eft  poffibîe»» 

Bnfuite  on  y plante  îès  orangers  , félon  les 
réglés  qu’exige  le  jardinage.  : on  prelTe  la  terre 
contre  leurs  racines , après  les  en  avoir  bien  gar-^ 
nies , puis  on  les  arrofe , & on  les  porte  à cou-^ 
wt  du  fqleil  durant  quelque-temps  , afin  d’eu 
faciliter  la  reprife.  Vôüà  pour  les  orangers  ea 
bâtons  : voyons  à préfeat  comment  il  faut  faire 
à l’égard  de  ceux  qu’on  nous  apporte  en  mottes 
Il  faut  leur  donner  déjà  la  même  terre:  mais 
avant  que  de  les  y planter  , on  retranche  une. 
partie  de  cette  motte  , on  égravülonne  celle.  , qui: 
refte,  & on  rogne  les  racines* 

II  arrive  ardinairement  que  ^ pour  avoir  été 


ajo  Le  jARBîNÎEît 

tranfportés  de  trop  loin  ^ cette  motte  fe  trouvé 
trop  defî'échée  r c’eft  pourquoi  on  la  met  trem- 
per dans  Teau  avant  que  de  planter  l’arbre; 
quand  on  juge  qu’elle  efl  afièz  imbibée  , & que 
l’oranger  eft  entièrement  habillé  , tant  aux  raci- 
nes qu’à  la  tête  , on  le  plante  à l’ordinaire  , 8c 
on  le  place  dans  un  lieu  aéré  ^ mais  peu  expofé; 
au  foleil. 

Il  faut  prendre  garde  que  les  pots  ouïes  caifles: 
deflinés  pour  les  orangers  , foient  proportion- 
nés à l’arbre  qu’on  veut  y planter,.  Les  caiffès 
dans  lefqueîles  on  encaiffe , pour  la  première  fois ^ 
îes  jeunes  orangers,  doivent  avoir,  fans  comp- 
ter les  pieds  , un  pied  & demi  fur  tout  fens» 
A l’égard  des  pots,  U ne  s’en  trouve  guere  de. 
plus  grands , fi  vous  en  exceptez  de  grands  va^- 
fes  capables  de  contenir  des  orangers  d’une  hau- 
teur rai  fon  nabi  e. 

Les  orangers  relient  ordinairement  encaiffesdu^ 
rant  cinq  ou  fix  ans  , qu’on  leur  donne  après  de 
nouveaux  rencaifiements  : ce  n’eff:  pourtant  pas 
à dire  que , fi  avant  ce  temps-là  îes  orangers  mar- 
quent en  avoir  befoin  plutôt , il  ne  faille  le  faire.. 

Les  orangers  nousinvkent  à ce  travail  parleurs 
feuilles  qui  fiétriffent  & jaunirent , par  leurs  fleurs 
qui  n’ont  plus  la  même  grandeur  , par  leurs  jets 
qui  naiflent  tout  rabougris  , ou  par  la  poufle  du. 
Printemps  qui  efi:  comme  en  léthargie  , quoique 
kurs  feuilles  aient  toujours  leur  verd  ordinaire  c 
â on  peut  même  prévenir  ces  incoavénients , les 


F £ K (T  It  î S-  T E, 

^râîîgers  n’en  vaudcont  que  mieux , & ne  rifqüe- 
ront  pas  rant^ 

Les  caifles , foit  pour  les  orangers  ou  autres 
arbriffèaux , feront  faites  de  bois  de  chêne  ; les 
petites  planches  minces  & îes  grandes  de 
fortes  planches  bien  afTembîées , & au  moins  épaif* 
fes  d’un  bon  pouce  : elles  auront  de  plus  des  deux 
côtés  une  porte  à double  charnière  , avec  deux 
barres  de  fer  à crochet  : ces  portes  (ont  pour  re*»» 
nouveller  dans  le  befoin  la  terre;  H faut  que 
ces  caiiTes  , tant  les  petites  que  les  grandes  , foienr 
peintes  en  huile  en  dehors  , & goudronnées  en- 
dédans  ; fans  cela  elles  ne  dureroient  pas  long- 
temps. 

Comment  renvai£er  les  orangers^. 

Suppofé  donc  qu’il  en  faille  venir  à ce  travail' 5^ 
on  obferve  d’abord  de  quelle  grolTeur  font  les 
©rangers;  s^iîs  ne  font  que  petits,  on  prend  une 
boulette  de  Jardinier , dont  on  fe  fert  pour  ôter 
!e  plus  qu’on  peut  de  terre  que  contient  fa  caiiIe- 
ou  le  pot  : & lorfqu’on  juge  à propos  que  i’arbre: 
peut  s’éniever  avec  fa  motte  , ©n  le  tire  d’où  il  eft. 

Enfuite  on  prend  une  ferpette , avec  laquelle  on: 
retranche  les  deux  tiers  de  cette  motte  ; on  en 
coupe  tout  le  chevelu  & toutes  les  petites  racines' 
jufques  fur  les  .greffes  cela  fait  ,,  on  met  fon 
arbre  en  quelqu’endroit  jufqu’à  ce  qu’om  ait  mis 
de  nouvelle  terre  dans  les  cailles  ou  les  pots*. 

Avant  que  de  planter  Torang^r  ^ il  eft  bon  d’ea 


Le  J a r ® t î?  I e ^ 
faire  tremper  la  motte  dans  Teau  5 jufqu’à  ce  qu’elfe 
en  foit  toute  impre'gnée  , ce  qui  fe  marque  lorf- 
que  cette  eau  ne  bouilfonne  plus  : après  cela  on 
plante  cet  arbre  , après  l’avair  laifîe  un  peu 
égoutter.  Il  faut  prendre  garde  de  ne  le  point 
planter  trop  bas  ; on  doit  toujours  voir  le  gros 
des  racines  quand  il  efl^  planté , enfuite  on  Parrofe» 
C’efî:  ainfi  qu’on  doit  en  agir  pour  les  orangers 
de  groiTeur  médiocre- 

Lorfque  les  orangers  font  gros  , St  que  îa force 
ies  bras  d'^un  Jardinier  ne  fuffir  pas  pouf  les  lever 
de  la  caifFe , on  fe  fert  d’une  poulie  attachée  à 
quelque  chofe  qui  foit  élevé  au-deflus  des  oran- 
gers , & autour  de  laquelle  il  y a une  corde,  à 
laquelle  on  lie  l’arbre  pour  l’enlever  après. 

Si  les  orangers  font  d’une  grofTeur  extraordî?- 
saire  , comme  on  en  voit  à Verfailles  & ailleurs,, 
on  a recours  pour  tors  à une  grue  ou  une  chè- 
vre , qui  font  des  machines  de  Charpentier, 
Quand  les  orangers  font  en  Pair  avecîeur  motte ,, 
on  retranche  les  deux  tiers  de  celles-ci  & le  fu« 
perflu  des  racines  ; & comme  on  ne  peut  tremper 
cette  motte  dans  Peau  , on  prend  une  cheville  de- 
fer  avec  laquelle  on^Fégraviilonne  d’abord  , puis 
ayant  fait  avec  cet  inftrument  des  trous  tout  au-« 
tour  , on  y verfe  de  Peau  jufqu’à  ce  que  la  motte 
en  foit  tout-à-fait  imbue , ce  qui  fe  remarque  îorf-- 
que  ces  trous  retiennent! ’eau  qu’omy  ietfe;aprèS: 
quoi  on  met  les  orangers/dans  la  caiffe-. 

JLes>  avi5  font  partagés  fur  le  temps  de 


F t E U'  R-  I s T Ba  âiJl 

eaiîTer  les  orangers  ; les  uns  prétendent  que  ee 
foit  dans  !e  mois  de  Septembre  ou  d'Oâobre; 
d’autres  veulent  que  cela  fe  faiïe  au  Printemps  ; 
c’eft-à«dire  à la  fin  d’ Avril  ^ ou  au  commence- 
ment du  mois  de  Mai  : on  en  a vu  réuiîir  dans 
Fune  & l’autre  faifon  ; c’cfl  pourquoi  on  laiffe 
ce  travail  à la  difcrétion  de  ceux  qui  veulent  l’en» 
treprendre.. 

Des  demi-rencaijfcments^ 

Dans  l’intervalle  des  cinq  ou  fix  années  que  les 
xîrangers  refient  en  caiffe,  fans  qu’il  foit  befoin 
de  les  en  ôter  , on  peut  néanmoins  leur  donner 
des  demi  - rencaifiements , fur  - tout  lorfqu’on  re- 
marque que  les  orangers  ne  profitent  pas  comme 
à l’ordinaire. 

Et  pour  y parvenir  prenez  une  houlette  de 
Jardinier  , avec  laquelle  vous  remuerez  la  terre 
de  votre  caiffe  ; tous  la  tirez  à mefure  : dégar- 
niffez-en  les  racines  de  Parbre , le  mieux  que  vous 
pourrez  , & avec  une  cheville  de  fer  > égravilîoa- 
nez -en  la  motte  ; vuidez  encore  la  caiffe  de  cette 
terre,  fubftituez-lui-en  de  nouvelle  , compofee 
comme  on  a dit  *,  empliffez-en  entièrement  la 
caiffe  , garniffez-en  bien  les  racines  , puis  arrofez 
Foranger  autant  que  vous  le  jugerez  à propos. 

De  plujieurs  foins  qu^ exigent  tes  orangers  lorf^ 
qu^ ils  font  en  caifTé^ 

Des  labours. 

On  doit  labourer  les  orangers  tous  les  mois  ^ I 


^34  l'E  Jardinier 
commencer  depuis  Avril  jufqu’en  Oftobre  ; os 
les  laiflè  en  repos  pendant  THiver.  Ces  labours  fe 
donnent , ou  avec  une  houlette  ou  une  ferfouet- 
te  ; il  faut  prendre  garde  de  ne  point  blelTer  les 
racines  de  l’arbre. 

Des  arrofements. 

Outre  les  labours , qui  font  d’un  grand  fecours 
aux  orangers  pour  les  avoir  beaux , il  y a encore 
les  arrofements  , qui  ne  leur  font  pas  moins  né- 
cefTaires;  ce  qui  doit  fe  pratiquer  de  deux  ou  trois 
jours  l’un  , félon  que  les  chaleurs  font  plus  ou 
moins  grandes. 

On  ne  réglé  point  ici  la  quantité  d’eau  qu’on 
doit  donner  au  pied  de  chaque  oranger  ; les  caif- 
fes  plus  ou  moins  grandes,  & la  féchcrefTe  de  la 
terre  qu’elles  contiennent  , décident  du  fait;  &, 
pour  peu  qu’on  ait  d’expérience  dans  le  jardinage, 
on  ne  s’y  trompe  guere. 

On  connoît  qu’un  oranger  a foif,  lorfque  ma- 
niant fes  feuilles  on  les  fent  moIlafTes , & qu’en 
lés  pliant  elles  obéiflènt  dans  le  pli  fans  fe  cafTer 
avec  un  petit  bruit  ; pour  lors  on  ne  doit  point 
balancer  à Tarrofer. 

Ce  n’eft  pas  que  cette  molleffe  dans  la  feuille 
d’un  oranger  foit  toujours  un  fîgne  qu’il  a befoin 
d’eau;  ce^a  lui  arrivequand  il  languit;  c’eft  pour- 
quoi on  ne  doit  juger  par  - là  qu’il  faille  Tarrofer  ^ 
que  lorfque  la  terre  qui  le  contient  en  paroît  fe- 
ehe , & que  la  chaleur  étant  extrême , on  ne  doute: 
point  qu’un  arrofement  ne  lui  fafle  du  bien. 


FtEÜEîSTi;  2.35 

On  commence  a arrofer  fréquemment  les  oran- 
gers depuis  le  mois  de  Mai  jufqu’à  la  fin  d’Aoutg 
où  Ton  fe  contente  pour  lors  de  les  réitérer  de 
huit  jours  en  huit  jours,  jufqu’à  ce  qu’on  les 
mette  dans  la  ferre  , ou  pour  lors  on  leur  donne 
d’abord  une  ample  mouillure.  On  les  laiflè  ainfi 
palTer  THiver  fans  leur  donner  d’eau. 

Il  y en  a meme  qui  , dès  le  mois  d’Avril , & 
îorfque  les  orangers  font  encore  dans  la  ferre,  ne 
îaiiïent  pas  de  leur  donner  quelques  arrofements 
de  quinze  jours  en  quinze  jours  ; mais  iî  faut 
qu’ils  foient  légers  , car  ce  n’eft  feulement  que 
pour  entretenir  l’humeur  radicale  abfolument  né- 
cefFaire  à la  végétation. 

Et  pour  faire  que  toute  l’eau  dont  on  arroft  un 
oranger  lui  profite  entièrement , on  fait  un  cerne 
autour  du  pied  ; on  en  éîeve  le  bord  pour  retenir 
l’eau  qu’on  y met  : non  content  de  cela , on  met 
des  douves  de  vaifleau  tout  autour  du  bord  de  îa 
caiiTe  pour  fervir  de  hauîTes  , & empêcher  que 
la  terre  ne  s’écarte  de  côté  & d’autre. 

Le  temps  le  plus  propre  pour  les  arrofements 
efl:  toujours  le  foir , où  pour  lors  la  terre  s’imbibe 
doucement,  ce  qui  en  fait  aifément  difîbodre  les 
feîs  durant  fa  nuit,  dont  les  orangers  profitent. 
Quelques-  uns  même  arrofent  leurs  orangers  du- 
rant le  jour  , ce  qui  arrive  quand  on  en  a beau- 
coup, 

De  la  taille  des  orangers. 

Ainfi  que  ks  arbres  fruitiers  ^ les  orangers 


Ü36  l'E  Jardiniék 
befoin  d’être  taillés  ; îa  taille  de  ceux-ci  n’eft  pâ5 
fl  difficile  que  la  première. 

La  première  idée  qu’on  doit  fe  former  d’un 
oranger  qu’on  veut  tailler  , confiile  à ce  qu’il  ait 
une  tête  auffi  ronde  qu’il  eft  poffible,  & comme 
celle  à"peU“près  d’un  champignon  affis  fur  fa  tige# 
Et  comme  la  nature  ne  nous  donne  pas  toujours 
ce  que  nous  fouhaitons  dans  les  arbres  que  nous 
cultivons  , il  arrive  fouvent  qu’un  oranger  qui 
languit  a plus  jetté  d’un  côté  que  d’un  autre  ; pour 
lors  il  n’y  a point  d’autre  parti  à prendre  que  de 
ravaler  les  hautes  branches,  autant  que  la  pru- 
dence le  peut  függérer. 

On  fuppofe  d’ailleurs  qu’un  oranger  ait  pouflH 
beaucoup  de  branches.,  & qu’il  y en  ait  qui  excé- 
dant les  autres  ; alors  on  doit  taüjer  les  plus  hau- 
tes beaucoup  plus  courtes  que  celles  qui  font 
moins  longues.  On  ne  peut  déterminer  la  longueur 
de  cette  taille  ; c’éft  Je  plus  ou  le  moins  de  vigueur 
d’un  oranger  qui  îa  détermine# 

Toute  branche  trop  évafée , & qui  penche , 
doit  être  rognée  félon  fa  groffèur  ; tout  le  bois 
mort  retranché  jufqu’au  vif , de  meme  que  toutes 
les  petites  branches  rompues , & qui  ont  apporté 
du  fruit.  Il  faut  auffi  ôter  toutes  les  épines  qui 
font  crûes  fur  les  branches,  ainfi  que  les  petites 
queues  qui  font  reftées. 

C’eft  toujours  au  Printemps  qu’on  taille  les 
orangers , environ  dans  le  mois  d’Avrii  ou  dans 
celui  d’Odobre# 


F,  EEURîSTE.  S,37 

Osî  ?oît  des  orangers  qui  quelquefois  fe  ter« 
minent  en  pointes , & d’autres  qui  s’étendent 
plus  d’un  côté  que  d’un  autre  : dans  le  premier 
cas  on  ravale  tout  ce  qui  excede , de  maniéré  que, 
d’une  figure  irrégulière  que  l’oranger  avoit  , il 
en  acquiert  une  ronde  ; dans  le  fécond  , on  rap- 
proche le  côté  qui  s’étend , le  plus  également  qu’il 
eft  poffible  , à celui  qui  l’eft  moins. 

Un  oranger  pourroit  languir;  & , quand  il  efl 
queilion  de  le  rencaifTer , on  le  taille  court , lui 
proportionnant  la  tête  au  fuc  nourricier  qu’il 
peut  tirer  des  branches. 

Quand  on  taille  un  oranger,  il  faut  toujours 
avoir  en  idée  la  figure  qui  lui  convient , afin  de 
ne  point  couper  de  branches  qu’avec  jugement. 

Il  faut  retrancher  toutes  les  branches  fluettes 
qui  croîffent  fur  un  oranger , & raccourcir  les 
vieilles  qui  en  auront  donné  de  nouvelles*  Il  eft 
bon  de  ravaler  les  premières  fur  celles  qui  paroif- 
fent  les  mieux  nourries. 

De  Véhourgeonnement^ 

On  a coutume  d’ébourgeonner  les  orangers 
dans  le  temps  de  la  pouffe  du  moins  de  Juin. 

Cet  ébourgeonnement  cohfifte  à ôter  les  bran** 
ches  nouvellement  crues , & qui  font  mal  pla- 
cées ; à couper  Textrémiré  de  certaines  branches 
taillées  au  Printemps , lefquelles  , au  lieu  d’ea 
avoir  Jette  d’autres  , n’ont  donné  qu’un  toiipil- 
!on  de  feuilles  qu’il  faut  retrancher  abfolument , 


^33  Le  J a r d r k î e r 

pour  obliger  la  feve  à mieux  y faire  fon  devoir  ^ 

& empêcher  que  les  punaifes  ne  s’y  engendrent® 

On  fait  que  la  feve  finit  fa  première  adion  en« 
viron  vers  le  mois  d’ Août , pour  recommencer 
à circuler  incontinent  après.  Il  faut  auffi , durant 
l’adion  de  cette  feve,  ébourgeonner  les  orangers  j, 
& principalement  les  branches  qui  naiflent  à là 
lin  de  ce  mois , lefquelles  n’ayant  pas  le  temps  de 
s’aoûter  , ne  valent  rien  qu’à  être  retranchées. 

Ce  n’eft  pas  feulement  les  branches  de  Tannée 
précédente  , & qu’on  a taillées  , qui  font  fujet"- 
tes  à Tébourgeonnement^;  on  le  pratique  encore 
fur  celles  qui  font  crues  nouvellement , afin  que 
celles  qui  reftent , & qui  paroiffent  les  mieux  pla- 
cées , viennent  plus  belles  , & produifent  par 
conféquent  un  effet  plus  agréable  h la  vue  : il  ne 
faut  point  pour  lors  que  l’abondance  des  fleurs 
qui  naiiïent  fur  les  nouveaux  jets  empêche  de  les 
ébourgeonner. 

Remarques. 

L'oranger  donne  ordinairement  de  nouvelles 
fleurs  deux  fois  l’année  ; les  premières  paroiffent 
au  Printemps  , & par  conféquent  fur  le  bois  de 
l’année  précédente.  Les  fécondés  fleurs  naiflent 
toujours  à la  fommité  des  branches  nouvelIemenC 
crûes  ; celles-là  font  rondes  & petites  , & les 
dernicres  font  grandes  , belles  , longues  & bien 
conditionnées. 

Il  n’eff  pas  moins  utile  à un  oranger  de  le  dé- 
charger de  la  trop  grande  abondance  de  fleurs 


FieüRÎS'TE,  139 

peut  avoir  , que  de  retrancher  îe  bois  fu- 
perflu  qu’il  a jette  5 principalement  à l’égard  des 
fleurs  qui  naiffent  les  premières,  puifqu’i!  y en 
paroît  toujours  beaucoup  plus  qu’gn  arbre  n’en 
peut  porter,  outre  que  ce  retranchement  de  fleurs 
efl:  néceflaire  pour  que  les  fruits  en  profitent  mieux* 

Comme  les  climats  tempérés  ne  font  pas  tout- 
â»fait  favorables  pour  conduire  le  fruit  des  oran- 
gers à une  grofleur  ni  à une  maturité  parfaite , iî 
ne  faut  jamais  lailfer  deux  fleurs  à l’extrémité  de 
!a  branche  qu’on  confidere  pour  avoir  du  fruit. 

Des  inconvénients  qui  arrivent  aux  orangers» 

Outre  la  langueur  à laquelle  les  orangers  font 
fujets  , il  y a encore  les  punaifes  qui  les  gâtent, 
en  s’attachant  aux  feuilles  & aux  tiges  , où  elles 
les  fucent;  ainfi,  lorfqu’on  s’en  apperçoit,  il  faut 
incontinent  en  nettoyer  les  arbres  : faute  de  cette 
précaution  on  fe  trouve  fouvent,  l’année  d’après ^ 
dans  la  néceflité  de  dépouiller  entièrement  les 
orangers  de  leurs  feuilles , pour  détruire  la  ver- 
mine qui  les  mange. 

Pour  parvenir  à Tôter  , il  faut  , fi -tôt  qu’oïî 
en  voit  les  branches  d’un  oranger  infeflées,  pren- 
dre une  petite  brofTe  trempée  dans  le  vinaigre, 
&enbro(Ter  les  endroits  où  ces  punaifes  fe  feront 
attachées  ; ou  bien  frotter  les  branches  & chaque 
feuille  attaquées  avec  un  linge  mouillé  d’une  eau 
amere  ou  falée. 

Il  efl;  dangereux  d’attendre  que  cçtte  vermine  fè 


m4a  Jardin  îek. 

foie  multipliée  fur  les  orangers , par  le  moyeft  de 
leur  couvain^  car^  pour  les  en  nettoyer,  lesbrof* 
fes  font  alors  inutiles  ; i!  faut  dépouiller  l’arbre 
de  toutes  les  feuilles  qui  en  font  atteintes  ; pren« 
dre  enfui  te  un  morceau  de  drap  , le  tremper  dans 
de  l’eau  claire , & en  frotter  les  branches  les  unes 
après  les  autres  5 de  maniéré  qu’il  n’y  reile  point 
de  punaifes. 

Cette  extrémité  eft  ennuyeufe , quand  il  y faut 
venir  ; mais  c’eft  encore  l’expédient  le  plus  fur 
pour  conferver  un  oranger. 

Les  fourmis  font  auiïi  la  guerre  aux  orangers; 
on  peut  les  détruire  ainfi  qu’on  l’a  enfeigné  au 
commencement  de  cet  Ouvrage. 

De  tous  les  ennemis  des  orangers,  le  froid  efî 
k plus  à craindre  ; mais  il  eft  facile  de  les  en  dé- 
fendre par  le  moyen  d’une  bonne  ferre  , dans  la- 
quelle on  les  enferme  dès  la  mi-Odobre* 

De  certaines  précautions  que  demandent  les 
orangers  lorfqu^ils  font  dans  la  ferre. 

On  ne  dit  rien  ici  de  la  maniéré  de  rranfpor- 
ter  les  orangers  dans  la  ferre  ; chacun  a fa  méthode 
particulière  ; les  uns  fe  fervent  de  traînaux  pour 
Jes  groffes  caifTes,  & les  autres  de  civières  pour 
îes  plus  petites  ; ainfi  du  rede. 

Comme  les  orangers  forcent  d’un  grand  air, 
il  eft  bon  , dans  les  commencements  qu’ils  font 
renfermés,  de  ne  point  tout-d’un-coup  fermer 
les  joints  ; il  n’y  a que  lorfque  le  froid  menace 

de 


■F  i Ê ur  R î s T Ee  a4E 

ée  fc  faire  fentir  : c’eft  en  ce  temps  qu^on  bou- 
che bien  tout , & qu’on  a foin  de  calfeutrer  les 
portes  & les  fenêtres  de  la  ferre. 

Les  orangers  reftent  dans  cette  fituation  juf« 
qu’au  mois  d’ Avril  , qu’on  commence  à ouvrir 
les  fenêtres  & les  portes , pour  accoutumer  peu- 
à-peu  les  orangers  à Tair  ; & depuis  ce  temps-là^ 
jufqu’environ  la  mi-Mai  qu’on  les  fort  ^ on  aura 
foin  de  leur  donner  les  arrofements  dont  on  a 
parlé  , dans  le  temps  qu’il  eO:  prefcrit. 

Après  que  les  orangers  font  hors  de  îa  ferre, 
on  les  place  à couvert  des  vents  frais , & dans  un 
endroit  du  jardin  bien  expofé.  Lorfqu’on  a beau- 
coup de  caifîes  d’orangers  , on  les  difpofe  en  aU 
îées,  ce  qui  fert  d'une  très-belle  décoration  dans 
rni  jardin  : on  range  quelquefois  ces  orangers  au- 
tour d'un  parterre  de  gazon  , dans  un  endroit 
dreffé  exprès,  accompagné  de  quelques  j ets-d’eau , 
& orné  d’ailleurs  de  quelques  grands  pots  de^^ 
faïance , remplis  d’arbriflèaux  , félon  la  faifona 

Des  citronniers  ou  limoniers^ 

î!  n’eft  pas  nécefTaire  de  faire  ici  un  traité 
particulier  , fur  la  culture  des  citronniers,  puif- 
qu’elle  ne  différé  en  rien  de  celle  des  orangers; 
ainfi  les  réglés  qu’on  a établies  là-deflus  , pour 
ces  arbres-ci  , feront  gardées  à Pégard  des  autres. 

On  aura  foin  feulement  de  ne  point  leur  ôter 
autant  de  bois  qu’aux  orangers  ^ parce  qu’ils  en 
IL  Partie^  L 


l'E  JARÔÎNÎI^Îi 
fournirent  beaucoup  moins , quoique  natureîîe-^ 
ment  mieux  faits. 

On  choifit  quelques  citronniers  & limoniers 
pour  la  variété,  parce  qu’on  les  place  entre  deux 
orangers  ; par  ce  mélange , qui  plaît  ^ux  yeux , le 
citronnier  , qui  ne  s'écarte  pas  tant , iaifTe  affez 
d'efpacepour  Toranger,  qui  s’étend  davantage. 

On  connoît  les  citronniers  & limoniers  à leur 
écorce  jaunâtre  , au  lieu  que  les  orangers  l’ont 
d’une  couleur  grife  ; leurs  feuilles  font  auHi  dif- 
férentes, celles  des  citronniers  n’ayant  point  au 
bas  cette  maniéré  de  cœur  que  l’on  voit  dans  les 
feuilles  d’un  oranger. 

Des  orangers  de  la  Chine. 

Outre  les  orangers  dont  on  vient  de  parler  , 
& qui  croiflent  fort  haut , on  en  cultive  en.core 
-—une  efpece , qui  nous  vient  de  la  Chine  : elle  croit 
toujours  fort  bas  ; c’eft  ce  qui  la  fait  ditterer  des 
autres  : fes  feuilles  font  aufli  plus  petites  , & fou 
fruit  guere  plus  gros  qu’une  cerife. 

Ces  fortes  d’orangers  peuvent  fort  commodé- 
ment s’élever  en  pots.  Ils  donnent  beaucoup  de 
fleurs , & fervent  d’un  bel  ornement , en  quel- 
qu’endroit  qu’on  les  place,  lorfqu’ilsen  font  char- 
gés. Leur  culture  eft  la  même  que  celle  des  oran- 
gers ordinaires  \ il  faut  y avoir  recours. 


FtEÜRfStEê 


143 


CHAPITRE  îlle 

Des  grenadiers. 

CÊT  ârbfiffeaü  a fôn  mérite  , & fert  d'un  bel 
ornement  aux  jardins. 

On  diftingue  de  quatre  fortes  de  grenadiers  ; 
favoir  , !e  grenadier  à fleur  doublé  , c’eft  le  plus 
beau  de  tous  ; \t  panaché , qui  efl  le  plus  rare  ; îe 
grenadier  Amérique  , & le  grenadier  â fruit. 
Les  trois  premiers  font  préférables  au  dernier  , 
parce  quMIs  donnent  de  plus  belles  fleurs^ 

Le  feuillage  des  grenadiers  eft  petit  , un  peu 
long  ; & tombe  THiver  ; les  fleurs  font  d’un  rou- 
ge très-vif. 

Tous  ces  grenadiers  s’élèvent  en  caitfe  ; celui 
qui  apporte  du  fruit  néanmoins  réuflit  mieux  en 
pleine  terre.  On  y mettroit  Volontiers  les  autres  ; 
mais  étant  trop  fujets  à geler  , on  n’y  penfe  pas 
dans  les  climats  tempérés  : on  aura  foin  de  les 
ferrer  dans  l’Hiver. 

Des  terres  propres  aux  grenadiers. 

Le  défaut  dans  lequel  tombent  la  plupart  de 
ceux  qui  cultivent  des  grenadiers  , provient  de 
ne  pas  leur  donner  les  terres  qui  leur  convien- 
nent : voici  quelles  elles  doivent  être. 

Prenez  une  bonne  terre  à potager , cribîez-Ia  ; 
ayez  , s’il  fe  peut , du  fumier  de  vache  bien  con- 
fommé  J finon , fervez*vous  de  celui  de  couche  t 

L a 


^44  Xe  jÂRDFÎ?fîER 

faites  un  mélange  de  toutes  ces  terres , moitié  p⣠

moitié , & vous  en  fervez  dans  le  befoin. 

De  la  maniéré  de  planter  les  grenadiers  » 

Après  qu’on  a ainfi  préparé  la  terre  , & qu’on 
a Tes  caiffes  toutes  prêtes , on  les  en  emplit  pr/f- 
que  jufqu’au  bord  , en  la  foulant  avec  les  maips, 
pour  faire  que  cette  terre  ne  s’afFaiflè  point  trop 
dans  la  fuite. 

Cela  fait , on  creufe  un  trou  au  milieu , capable 
de  contenir  les  racines  du  grenadier , qu’on  a eu 
la  précaution  d’habiller  d’abord  ; puis  on  les  ac- 
commode à l’ordinaire , obfervant  de  les  bien  gar- 
nir de  terre  , & d’arrofer  après  le  grenadier. 

Quand  cet  arbre  efl:  ainfi  planté , on  prend  du 
terreau  qu’on  répand  fur  la  fuperficie  de  la  terre  , 
de  l’épaiffeur  d’ui>  doigt  ; les  fels  qui  en  fortent 
font  un  très-bon  effet.  On  place  les  caiffès  des  gre- 
nadiers dans  le  même  ordre  que  les  orangers. 

Les  grenadiers  à fruit  ne  demandent  pas  tant 
de  précautions  ; ils  réuffiffent  mieux  en  pleine 
terre  qu’en  caiffe , comme  on  l’a  dit:  on  y plante 
âufli  les  grenadiers  à fleur  double. 

L’expérience  nous  a appris  que  , pour  avoir 
de  grofles  grenades  , & fort  colorées  , il  falloit 
les  planter  en  efpalier  , expofé  au  midi , & les 
paliffer  le  long  d’un  muiLgarni  d’un  treillage  fait 
exprès. 

Les  grenadiers  à fleur  double  font  un  très-bel 
effet  dans  cette  fuuation , par  Tédat  de  leurs  feuil- 


Flïükîstf.  ^45 

les  vermell!es , qui  leur  font  mériter  un  rang  par- 
mi ce  qu’il  y a de  plus  beau  dans  les  jardins 
d’ornements. 

Des  labours  qu'mon  doit  donner  aux  grenadiers , & 
de  leurs  arrofements» 

Les  grenadiers  en  pleine  terre  fe  labourent  dif- 
féremment de  ceux  qui  font  en  caiifes  ; les  labours 
de  ceux-ci  fe  donnent  avec  une  houlette  de  Jardi- 
nier, & fort  légèrement  ; au  lieu  que  pour  les  au- 
tres, ils  fe  donnent  avec  la  pioche  & la  bêche. 

On  laboure  les  grenadiers  en  caiiTes  durant 
cinq  mois  de  l’année , à commencer  au  mois  d’A- 
vri!  jufqu’à  la  fin  d’ Août  :Ies  arrofements  doivent 
être  fréquents , comme  de  deux  jours  l’un  , & fé- 
lon que  les  chaleurs  font  plus  ou  moins  âpres. 

A l’égard  des  grenadiers  en  pleine  terre  , on 
les  arrofe  rarement  , à moins  qu’il  ne  furvieone 
de  grandes  féchereflès  : les  fruits  en  nouent  mieux , 
& les  fleurs  en  deviennent  plus  belles. 

De  la  taille  des  grenadiers* 

L’idée  qu’on  doit  fe  former  d’un  grenadier  en 
caifle,  e(l  différente  de  celle  qu’on  fe  fait  ordinai- 
rement d’un  oranger  ; la  première  confifte  feule- 
ment h ne  lui  point  laiflTer  de  branches  qui  fe  fur- 
paflent  les  unes  & les  autres , & à en  tenir  la  tête 
garnie  le  plus  qu’on  peut. 

Cela  pofé  , toute  branche  trop  élancée  doit 
être  retranchée  : un  grenadier  tire  delà  deux 
avantages  ; le  premier  , que  les  branches  qu’on 

L 3 


îl46  Le  Jardinier 
taille  devenant  égale  aux  autres  , n’offufqnent 
point  la  vue  des  perfonnes  de  bon  goût,  en  fait 
de  jardinage  ; & le  fécond  eft  que  les  branches 
taillées  donnant  d’autres  branches , & les  produi- 
hnt  plus  baffes  que  fi  on  les  avôit  laiffées  entiè- 
res , les  nouvelles  venues  en  garniffent  mieux  les 
vuides  qui  font  autour  d’elles. 

S’il  naît  fur  un  grenadier  quelques  branches 
mal  placées  , telles  que  font  celles  qui  penchent 
trop  , & dont  on  ne  fauroit  rien  tirer  d’avanta-* 
geux,  il  faut  les  retrancher. 

Les  branches  qui  paroiffent  courtes  & bien 
nourries,  doivent  être  confervées  entières,  parce 
que  c’efl  d’elles  que  naiffent  les  fleurs  & les  fruits 
que  nous  en  attendons. 

Pour  peu  d’ailleurs  que  les  branches  paroif- 
fent dégarnies  dans  leur  longueur  , & qu’elles 
foient  un  peu  longues , on  doit  les  raccourcir  ,, 
afin  qu’elles  en  jettent  de  nouvelles  qui  rendent  le 
grenadier  plein, 

plujîeurs  autres  foins  convenables  au^ 
grenadiers. 

On  ne  doit  point  négliger,  après  la  premiers 
pouffe  5 de  pincer  certaines  branches  de  grena- 
diers qui  s’échappent  trop.  On  ébourgeonne  cel- 
les qui  naiffent  trop  près  de  la  tige  , & fur  d’aU'» 
très  branches  qui  en  fortent  ; ces  branches  ne 
deviennent  jamais  belles. 

Tout  grenadier  à fleur  double  ou  panachée 


î L E U R I Ç T E.  a/^7 

^u’on  ékve  en  caifTe  pour  jouir  du  plaifir  de 
l’avoir  beau , doit  avoir  une  belie  tête , bien  gar- 
nie dans  fa  rondeur:  îe  pied  ne  doit  avoir  aucune 
branche  ; cela  en  rend  la  figure  difforme  : on  ne 
îaifTe  ces  fortes  de  branches  qu’aux  grenadiers 
dont  on  veut  fe  fervir  pour  multiplier  l’efpece. 

Si  les  grenadiers  en  caifTes  coulent  & ne  con- 
fervent  pas  leurs  fleurs  , & que  cela  provienne  de 
féchereffe  , il  faut  les  arrofer  amplement  : fi  cela 
n’y  contribue  en  rien  , le  mal  proviendra  de  la 
terre  qui  fera  ufée  ; pour  lors  , il  n’y  a point 
d’autre  parti  à prendre  que  de  les  rencaiffer , & 
leur  donner  une  terre  corapofée  comme  on  l’a  dît. 
Ces  rencaiffements  fe  font  comme  aux  orangers , 
& dans  le  même  temps. 

Pour  faire  qu’un  grenadier  ne  tombe  point 
fi<ôt  dans  ce  défaut  de  fubfiflance  , il  faut  tous 
les  ans,  avec  une  houlette  de  Jardinier  , ôter  un 
peu  de  la  fiiperficie  de  la  terre  , y mettre  du  ter- 
reau de  vache  , ou  de  celui  de  couche.  Un  gre- 
nadier ainfi  gouverné , peut  refter  en  caiiïe  durant 
cinq  ou  fix  ans  , fans  qu’il  foit  befoin  de  le  ren- 
caifTer , à moins  qu’on  ne  juge  qu’à  force  de  croî- 
tre , il  ne  foie  trop  à l’étroit  dans  fa  caiffe. 

Il  fuffit  de  labourer  deux  fois  tous  les  ans  les 
grenadiers  en  efpalier , comme  on  a dit , & «a  les 
tailler  , pour  en  avoir  du  plaifir. 

Delà  maniéré  (T  élever  les  grenadiers  de  marcottes* 

Suppofez  un  grenadier  d’une  belle  venue  , & 

L 4 


^48  Le  Jardinier 
au  pied  duquel  foient  crûes  quelques  brandies 
afîèz  longues  pour  être  couchées. 

Cela  étant  ainfi  , prenez  ces  branches , émon- 
dez-Ies  proprement , & de  maniéré  que  ce  qui 
doit  être  couché  en  terre  foit  tüut»à-fait  net  ; 
cnfuite  couchez  les  branches  l’une  après  l’autre 
dans  un  rayon  , arretez^Ies  chacune  avec  un  cro- 
chet de  bois  , couvrez-Ies  de  terre  , arrofez-les  ^ 
puis  laiffèz-Ies  agir  durant  fix  mois  que  ces  bran- 
ches auront  pris  racines  : il  faut  pour  lors  les 
détacher  du  tronc  , & tranfporter  les  marcottes 
ailleurs* 

Autre  maniéré  de  marcotter  les  grenadiers. 

Il  n’arrive  pas  toujours  que  les  branches  d’un 
grenadier  qu’on  marcotte , naiflent  en  pied  ; on 
eft  fouvent  obligé  , pour  cela  , d’avoir  recours  I 
celles  qui  croiiïènt  en  haut  ; pour  lors  onychoi- 
fit  la  branche  qui  convient  le  mieux , on  l’émon- 
de ^ comme  on  a dit,  puis  on  la  met  dans  un  pot 
fait  exprès , ouvert  d’un  côté  fuffifamment  pour 
y pafTer  feulement  cette  branche  ; puis  on  emplit 
ce  pot  de  terre  compofée , on  h prefTe  un  peu  » 
& on  î’arrofe  enfuite  ; & , comme  cette  branche 
marcottée  n’efl  pas  alTez  forte  pour  fôutenir  le 
■vafè  qui  la  contient , on  a pour  lors  la  précau- 
tion de  l’attacher  au  gros  de  l’arbre  , ou  à quel- 
qu’autre  appui  que  ce  foit. 

On  marcotte  les  grenadiers  au  mois  d’Avril, , 
& on  les  releve  en  Septembre  ou  Oéiobre,  qui 
eft  le  temps  que  les  marcottes  doivent  avoir  pris 
racines» 


Fieuriste.  2.49 

Comment  avoir  des  grenadiers  de  bouture» 

Ce  travail  fe  fait  auflï  au  mois  d’ Avril  9 lorf- 
qu’on  taille  les  grenadiers;  &,  pour  y réuiïîr , ou 
fait  choix  des  branches  les  plus  droites  & les  plus 
unies , qu’on  coupe  à un  pied  de  longueur. 

1!  faut , avant  que  de  les  mettre  en  terre  , en 
ratifier  un  peu  fécorce  par  îe  bas  , Fefpace  de 
deux  travers  de  doigt , & rogner  le  haut  ; en- 
fuite  on  fiche  ces  branches  enterre  jufqu’à  quatre 
ou  cinq  travers  de  doigt , puis  on  les  arrofe  : 
voilà  ce  qui  s’appelle  bouture^ 

Les  grenadiers  font  auffi  fort  fufceptibles  de 
froid  : c’efi  pourquoi  il  faut  les  mettre  dans  une 
ferre  lorfque  l’Hiver  approche  9 & en  même- 
temps  que  les  orangers. 

Les  grenadiers  à fleur  double,  & qui  ne  don- 
nent point  de  fruit,  commencent  à fleurir  au  mois 
de  Mai,  & continuentainfi  jufqu’en  Août» 

Comment  greffer  les  grenadiers^ 

Pour  avoir  des  grenadiers  de  race  panachée  ^ 
il  faut  en  greffer  fur  des  communs  , en  approche, 
ou  en  écuifon.. 

Voici  de  quelle  façon  on  greffe  en  approche  les 
grenadiers  : on  coupe  en  tête  le  grenadier  com- 
mun, qui  ,,  pour  cela , doit  être  fort  & un  peu, 
âgé  : on  y fait  enfuice  une  entaille  pour  y pouvoir 
appliquer  la  branche  ou  rameau  du  grenadier 
panaché  , dont  on  aura  exprès  approché  la  caifîe 
à côté  deFautre^  On  coupe  de  Fécorce  & du  bois 

L 5 


Le  Jardinier 
des  deux  côtés  de  cette  branche  , & fans  autre 
myftere  on  la  fait  entrer  dans  le  milieu  de  Tentail- 
!e  5 e/ifuite  on  couvre  le  tout  avec  de  la  cire  ou 
de  la  terre  gIaife,qu^on  enveloppe  de  linge,  liant 
le  tout  enfemble  avec  de  la  groffe  filaffe  , afin  que 
rien  ne  s’ébranle. 

Le  mois  de  Mai  eft  la  véritable  faifbn  pour 
cette  maniéré  de  greffe , qui  reprend  alors  plus 
facilement  par  la  rencontre  de  la  feve  des  deux 
arbres,  qui  e(l  plusabondante  en  ce  temps-Ià.  On 
attendra  néanmoins  Jufqu’au  mois  d’Août  à répa- 
rer le  grenadier  greffé  d’avec  celui  approché  , ce 
qu’on  fera  en  coupant  la  branche  approchée  di- 
redlement  au-deffous  de  l’endroit  où  elle  entre 
dans  l’entaille  ^ que  l’on  recouvrira  de  cire  verte« 
Une  çhofe  à quoi  l’on  doitprendre  garde  , c’efl 
de  ne  pas  aller  jufqu’à  la  moelle  , foit  en  faifant 
î’entaille  au  grenadier  commun,  foit  en  coupant 
des  deux  côtés  la  branche  qu’on  veut  approcher* 
Cette  greffe  ne  s’appelle  greffe  en  approche  ,que 
parce  qu’on  approche  un  arbre  d’un  autre,  pour 
l’y  pouvoir  greffer.. 

On  greffe  auffî  les  grenadiers  en  écuffon  ; h 
greffe  en  écuffon  , qu’on  nomme  à œil  pouffant, 
eff:  la  même  que  celle  en  écuffon  à œil  dormant  : 
toute  la  différence  eft  que  celle  à œil  pouffant  fe 
fait  au  mois  de  Juin  , & qu’on  coupe  la  tige  du 
fauvageon  a quatre  doigts  au-deSus  de  la  greffe, 
auffî' tôt  que  l’on  a pofé  récuffon  : au  lieu  que  la 
greffe  à œil  dormant  fe  fait  en  Juillet , Août , 


Fleurist  e*  0.51 

Septembre  , & qu’il  faut  attendre  le  mois  d’ Avril 
fuivant  pour  couper  la  tige  pareillement  à qua- 
tre doigts  au-defTus  de  h greffe. 

Pour  greffer  un  grenadier  en  écuflbn  ^ on  cou- 
pe fur  un  grenadier  panaché  un  jet  de  l’année 
derniere  , où  il  fe  trouve  de  bons  yeux  ; on  en 
ôte  toutes  les  feuilles.  L’on  n’a  befoin  que  d’un 
«œil  à chaque  greffe  , c’eft  pourquoi  on  en  peut 
prendre  plufieurs  fur  une  feule  branche  ; enfuite 
on  donne  avec  le  greffoir,  dans  l’écorce  qui  envi- 
ronne l’œi! , trois  coups  de  couteau  en  forme  de 
triangle,  dans  le  milieu  duquel  eft  ménagé  l’œiL 
Cet  écuffon  doit  avoir  la  figure  d’un  V : étant 
attaché  de  fa  branche  avec  le  germe  , & le  dedans 
étant  bien  net&îuifant,  on  le  portera  à la  bou- 
che ; après  l’on  fera  , avec  le  greff  )ir,  une  incifioa 
en  travers  dans  un  endroit  uni  du  grenadier  corn*» 
mun  , & un  autre  en  longueur  d’environ  un  pou- 
ce , ce  qui  fera  la  figure  d’un  T.  Il  faut  que  fa 
main  du  Jardinier  foit  adroite  , afin  qu’en  fai- 
fan  t cette  incifion  , il  ne  coupe  que  la  feule  écorce 
du  grenadier  commun  , fans  enfoncer  dans  le 
bois  ; car  le  bois  étant  un  peu  égratigné  ,,  il  cour- 
roit  rîfque  de  ne  pas  reprendre» 

Ces  deux  tncifions  étant  faites , on  ouvrira  avec 
îe  coin  du  manche  du  greffoir,  & on  lèvera  peu- 
à>peu  Pécorce  de  part  & d’autre,,  au-deffous  de  la 
ligne  traverfante  du  T : enfjite  on  prendra.,  avec 
îa  main  gauche,  récuffon  qu’on  tient  à la  bouche; 
& de  la  maia  droite  ^ on  introduira , avec  le  com 

L 6 


2.5^  Le  Jardinier 
du  i^ïnche  du  greffoir,  récuffon  entre  le  trois  & 
l’écorce , jufqu’à  ce  que  la  tête  de  récuffon  joigne 
la  ligne  qui  traverfè  le  haut  du  T : récuffon  poféj 
on  le  liera  avec  de  la  filaffe^ 


CHAPITRE  IV. 


Des  j'afmins  de  toutes  fortes  de  la  maniéré  de 
les  cultiver. 

ON  compte  huit  fortes  de  j'afmins  ;,favoir  ,.Ie 
jafmin  commuai  , le  jafmin  d^Efpagne  dou-^ 
'hle  , le  Jimple , h jafmin  de  Catalogne , le  jafmin 
des  Indes  , le  jafmin  d\4rahie , celui  d’Amérir* 
que  , & le  jafmin  jaune  commun.. 

Du  jafmin  commun.. 

Le  j’afmin  commun  ne  demande  pas  une  culture 
fort  extraordinaire  V il  fuffitde  le  planter  dans  une 
terre  à potager , de  l’arrofer  beaucoup  & fouvent , 
& de  lui  donner  deux  labours  pendant  toute  l’an- 
née ; il  croît  alors  fort  haut,  & jette  beaucoup  de 
branches  , qu’on  appelle  autrement  fouets.  Ses 
feuilles  tombentàl’approchedel’Hiver  ; ellesfont 
mignones  & d’un  verd-dair,. 

Les  lieux  propres  pour  mettre  Tes  jafmin  s com- 
muns , font  les  murs  ; on  en  fait  des  efpaliers 
tout  entiers  , mêlés  de  chevre-feullIe  ; c^efl  au- 
jourd’hui la  mode  : on  peut  en  faire  de  jafmins 
feulement.  Le  bois  en  eft  tou  jours  verd  , ce  qui 
en  fait  Je  mérite  : on  en  orne  aufS  des  cabinets  j 


Fleuriste:  2:53 

c’eftà  Taide  d’un  treillage,  & le  long  d’un  mur  j> 
que  les  branches  de  jafmin , bien  patiffces  , font 
un  très-bel  efFeU 

On  fait  encore  des  bou?es  8c  des  pyramides 
de  jafmin  commun,  qui  fervent  d’une  alfez  agréa- 
ble décoration  dans  un  jardin  , foir  en  pots  , en 
cailles  , ou  en  pleine  terre  ,dans  les  plates-bandes 
d’un  parterre.  Sa  beauté  confiée  à n’avoir  point 
de  tige  , mais  à être  bien  garni  depuis  la  tête 
jufqu’au  pied  foit  qu’on,  le  mette  en  paîiiTad$ 
ou  en  caifîè.  On  s’étonne  qu’on  ait  négligé  cet 
arbrifTeau  , qui  flattok  toujours  affez  bien  la 
vue,  quand  la  boule  ea  étoit  bien  conduite  } 
peut-être  aulîi  ne  défefpere-t-on  pas  , à caufe  de 
cela  , qu’ii  ne  revienne  à la  mode-* 

Comment  multiplier  le  jafmin  commun. 

Le  jafmin  commun  fe  multiplie  de  marcotte  & 
de  bouture  ; l'orfque  c’eft  par  la  première  voie 
Gfi  choifit  les  branches  les  moins  hautes  , puis 
on  fait  en  terre  de  petites  rigoles  proche  Fen*- 
droit  d’où  elles  forcent-;  on  lès  y coiiclie  , on 
î'es  couvre  de  terre  ou  de  terreau  de  couche  , 
puis  on  les  arrefe  : ces  marcottes  reftent  fix  mors 
durant  en  cet  état  pour  prendre  racines. 

On  nrarcotte  le  jafmin  commun  dans  le  mois 
de  Mars , & on  leve  les  marcottes  dkns  celui  de 
Septembre  ; on  lés  plante  comme  on  a dit  , èc 
toujours  à une  bonne  expofition.  On  en  met 
fî  on  veut , dans  les  endroits  expofés  au  Nord  ; 
ce  jafmin  y croît  fort  bien* 


aJ4  ^ ^ Jardinier 
Des  boutures  de  j.afmin  commun. 

Si  OR  veut  multiplier  ce  îafmin  de  bouture  ^ 
on  choific  les  branches  les  plus  nouvelles , les  plus 
vertes,  & les  plus  unies , on  tes  coupe  de  la  lon- 
gueur d’un  demi-pied. 

Cela  fait , on  a des  pots  ou  des  baquets,  rem- 
plis de  terre  bien  criblée  ; on  fiche  ces  branches 
à quatre  doigts  de  profondeur , on  prefle  la 
terre , afin  qu’elle  joigne  les  jeunes  plants  , puis 
on  les  arrofe. 

Il  faut , après  cela,  les  mettre  à l’ombre  du- 
rant huit  ou  dix  jours  puis  on  leur  donne  un 
foleil  médiocre  pendant  quinze  autres  jours,  après 
quoi  on  les  expofe  au  midi  jufqu’au  mois  d’Oc- 
tobre  , qifon  les  met  dans  la  ferre  pour  les  ga- 
rantir de  THiver. 

Au  mois  de  Mars  fuivant,  on  plante  ces  bou- 
tures de  jafmin  , fuppoié  qu’elles  aient  pris  ra- 
cines. 

Quant  aux  jafmins  qui  fimt  en  pleine  terre  ^ 
îî  faut  avoir  foin  , avant  THiver  , de  leur  cou- 
vrir le  pied  avec  du  grand  fumier  , ou  dreffer 
des  paillafTons  le  long  de  refpalier  : c’efl:  jouer 
à coup  sûr  pour  les  garantir  des  gelées. 

S’il  arrive  néanmoins  que  le  jafmin  commun 
ait  été  gelé  , malgré  cette  précaution  il  faut 
îe  receper  ; & il  efi  confiant  que  , quelq-ie  rude 
qu’ait  été  le  froid  , le  fumier  qu'on  a mis  pour 
conferver  le  jafmin  ^ en  a garauci  les  racines  ^ 


fleuriste. 

îefquelles , au  mois  de  Mars  ou  d’ Avril  , jet- 
tent de  nouvelles  branches  : il  eft  bon  pour  lors 
de  décerner  un  peu  le  pied  , afin  de  leur  don-* 
ner  jour. 

Le  jafmin  commun  jette  quelquefois  avec  trop 
de  confufion  ; il  faut  pour  lors  lui  ôter  les  bran-» 
ches  fuperfîues  dans  le  temps  de  la  taille  , & s’en 
fervir  pour  faire  des  marcottes  : ainfi  on  met 
tout  à profit. 

On  éleve  des  jafmins  communs  en  pots  ^ où  on 
les  conduit  en  boule  , foutenue  d’une  tige  haute 
d’un  pied:  quand  ces  boules  font  bien  garnies ^ 
elles  produifent  un  aTez  bel  effet  à la  vue  : on  en 
garnit  des  plates-bandes  de  parterre  , ou  quelques 
cours  en  villes  où  l’on  fouhaite  avoir  de  la  ver- 
dure. 

Du  ja  fini  n d^E fpagne» 

Le  jafmin  d’Efpagne  , efl  un  des  plus  beau:^: 
que  l’on  ait , par  rapport  à fa  tige  & à fes  fleurs 
l’Hiver  , parce  qu’il  craint  le  froid , on  le  met 
dans  la  ferre  , où  il  garde  Tes  feuilles. 

La  culture  du  jafmin  d’Efpagne  différé  un  peu 
du  jafmin  commun  : on  îe  perpétue  en  le  greffant 
en  fente  : voici  comment. 

Il  faut  d’abord  fe  précautronner  d'avoir  des 
marcottes  de  jafmin  commun  ^ toutes  reprifes  & 
bien  enracinées  ; on  les  plante  au  mois  d’Oéto- 
bre  : ces  brins  doivent  être  choifis  unis  , fans 
nœuds  » d'une  écorce  luifante  ^ & gros  environ 
comme  le  petit  doigt* 


Le  Jahbïî7ïer 
Ce!a  obfervé  , on  eoupe  horizontalement  îe 
fujet  tout  proche  du  dernier  nœud  d’en-bas  ; la; 
greffe  y réufïït  mieux  : on  le  fend  au  milieu  du 
cœur  5 à deux  doigts  environ  de  profondeur  ^ 
enfuîte  on  prend  une  branche  de  jafmin  d’Efpa- 
gne  la  mieux  nourrie , on  fa  coupe  de  la  lon- 
gueur du  doigt , on  la  taille  par  le  bas  , en  forme 
d'un  coin  à fendre  du  bais  , puis  on  l’infere  au 
milieu  du  fujet,  à la  profondeur  d'un  pouce.  Il 
faut  5 après  cela  , lier  îe  fujet  avec  de  la  filalîè  j 
pour  faire  que  la  grefiè  s’y  colle  mieux  ; enfuite 
on  la  couvre  d'un  petit  morceau  de  cire  en  ma- 
niéré de  petite  tête  , puis  on  cultive  îe  jafmiu 
commun  comme  on  le  va  dire. 

Après  qu’il  eil  ainfi  greffé,  on  îe  îaîffè  ponfler  j 
& , pour  faire  que  le  fuc  nourricier  y agiffe  heu- 
reufement , il  faut  avoir  foin  d’arrofer  la  plan- 
te ^ quand  on  juge  qu’elle,  a befoin  d’eau.- 

La  terre  dans  laquelle  on  doit  mettre  le  jafniin 
d’Efpagne,  dans  les  climats  tempérés,  doit  être 
compofêe  de  deux  tiers  ,d’une  bonne  terre  de, 
jardin  , bien  criblée  , & d’un  tiers  de  terreau  de 
couche  ;.au  lieu  q,ue.  dans  les  pays  qui  font  plus 
chauds,  il  eft  bon  de  leur  donner  une  terre  humide^ 
Le'ja.fmin  d.’Efpagne  s’élève  en  pots  ou  encaif- 
fes  , fur-tout  dans  les  climats  où  le  froid  dure 
trop  long  temps  ona  autrefois  eu  la  curiofité 
d’en  mettre  en  paliffade  j mais  cela,  demande  trop 
de  foins  pour  les  garantir  des  gelées». 

Comme  on  a toujours  confidér.é  îa  taille.  ^ fus 


F I E D m I $ T E.  157 

quelqirarbre  que  ce  foit  qui  y eft  afTujetti  , corn» 
me  un  fecours  bien  grand  pour  lui  aider  à don- 
ner de  belles  produdions  , on  a eu  ces  coofidé- 
rations  à l’égard  du  jaftiiin  d’Efpagne  , qu’oü 
taille  tous  les  ans  à la  fin  du  mois  de  Mars, 

Cette  taille  fe  fait  en  coupant  toutes  les  bran- 
ches de  ce  jafmin  à un  œil  près  de  l’endroit  oiî 
elles  fortent , de  maniéré  que , lorfque  la  tête  en 
efl:  accommodée  , elle  reiTembie  à une  petite  tête 
d’ofier  ; pour  lors  cette  tête  , qui , pour  bien 
faire , doit  être  foutenue  par  une  petite  tige  d’en« 
viron  deux  pieds  de  haut,  jette  quantité  de  bran»* 
ches  qui  produifent  auffi  beaucoup  de  Meurs. 

Un  bon  expédient  pour  avoir  de  beaux  jaP* 
mins d’Espagne,  eft  de  fes  rencaiffèr  tous  les  deux 
ans  : l’expofition  qui  leur  convient  îe  mieux  eft 
celle  du  midi  ou  du  levant  ; on  y porte  les  pots 
ou  les  caifTes  dans  lefquels  ils  font  plantés, 

A l’égard  des  jafniins  en  efpalier , dans  les  pays 
où  Ton  }üg€  à propos  d’en  mettre , il  faut,  aux 
approches  des  froidures,  chercher  les  moyens  de 
les  en  garantir;  & ,pour  y parvenir,  on  y déta- 
che les  branches  qui  font  paliflées  , on  les  abat 
doucement  contre  terre , puis  on  les  couvre  de 
grand  fumier  fec  ou  de  grande  paille. 

C’eft  faire  plaifir  au  jafmin  d’Efpagne  , planté 
en  efpalier  , aux  heures  qu’il  fait  un  beau  foîeif  j 
& lorfqu’il  eft  couvert  , de  lui  donner  un  peu 
d’air. 

On  peut  encore  3 fi  Von  veut , écuffonner  k 


2r$8  Le  Jardtntkr 
jalmin  ; cette  greffe  fe  fait  au  mois  de  JuiaoQ 
de  Juillet;  mais  cette  derniere  voie  n’efl  pas  la 
plus  fûre.  Au  furplus  , on  trouvera  la  maniéré 
de  faire  cette  greffe  au  chapitre  des  grenadiers  5 
page  248. 

Du  jafmln  de  Catalogne. 

On  appelle  jafmin  de  Catalogne  une  efpece  de 
jafmin  d’Efpagne,  qui  vient  meme  plus  Belle  & 
plus  chargée  de  fleurs.  Cet  arbriffeau  fe  cultive 
comme  le  précédent  ; il  faut  y avoir  recours. 

Du  jafmin  Arabie. 

Voici  une  autre  efpece  d’arbriffeau  , qu’on  ap- 
pelle jafmin  d^ Arabie  ou  d^ Alexandrie  : ce  jaf- 
min fe  cultive  comme  le  jafmin  d’Efpagne  , & 
veut  une  terre  compofée  de  meme  ; il  n’y  a que 
l’expofition  du  levant  qui  lui  convienne. 

Aux  approches  du  froid , on  tranfporte  cet  ar- 
briffeau  dans  un  lieu  couvert , & qui  néanmoins 
n’eft  pas  tout-à-fait  fermé  , feî  que  pourroit  être 
quelque  hangard  expofé  au  foleil  , & où  fouffle  le 
vent  du  midi  : car  on  a expérimenté  que  le  jafmin 
d’Arabie  , enfermé  dans  une  ferre  , fe  dépouil- 
loit  de  fes  feuilles  , ce  qui  eft  fort  défagréable 
dans  cet  arbriffeau. 

Lorfque  le  Printemps  vient , il  faut  aufîi  lui 
donner  le  grand  air  plus  tard  qu’aux  autres  jaf- 
mîns  ; & lorfqu’on  remarque  qu’il  a foif  , on 
Farrofe  , fans  mouiller  fes  feuilles  , parce  qu’elles 
tombent  auffi-tôt  à caofe  du  froid  i au  lieu  qu’en. 


F t E ü R I s T E»  2^9 

Eté,  il  faut  les  mouiller  avec  un  balai  : il  n’y  a 
rien  qui  les  ravive  davantage. 

Cet  arbrifTeau  fe  greffe  auffi  fur  le  jafniin  com- 
mun , quoique  la  reprife  en  foit  difficile. 

On  taille  le  jafmin  d’Arabie , mais  il  y a du 
caprice  parmi  ceux  qui  en  viennent  à l’opéra- 
tion ; car , fi-tôt  que  le  Printemps  efî  venu , il  y 
en  a qui  tous  les  ans  le  rognent  à quatre  doigts; 
d’autres  qui  n’en  coupent  que  l’extrémité  des 
branches  ; d’autres  qui  ne  font  qu’en  ôter  les 
branches  qui  y font  confufes  , fans  rien  retran- 
cher d’ailleurs  ; & d’autres  enfin  qui  ravalent  le 
jeune  bois  jufques  fur  le  vieux  ; mais  voici  , en- 
tre toutes  ces  tailles  différentes  , celle  que  l’ex- 
périence a confirmée  pour  la  plus  fûre  & la  meil- 
leure. 

11  faut , les  deux  premières  années  que  le  jaf- 
min d’Arabie  a été  greffé  , le  tailler  jufqu’au  der- 
nier œil  , & le  tenir  dans  un  pot  fort  à l’étroit  : 
c’eft  ainfi  qu’étant  taillé  il  en  devient  plus  garni  j 
& qu’il  en  jette  de  bien  plus  belles  branches  ^ 
qui , lorfqu’elles  font  parvenues  à la  hauteur  de 
quatre  doigts  , doivent  être  taillées  de  la  même 
maniéré  que  celles  du  jafmin  d’Efpagne,  afin  que 
la  troifieme  année  il  prenne  une  belle  figure,  & 
qu’il  croiffe  pour  cela  haut  d’un  pied  & demi  ^ 
& large  d’autant. 

Pour  faire  enforte  qu’aucune  branche  n’y  cho- 
que la  vue,  il  en  faut  retrancher  les  chifonnes, 
celles  qui  font  mal  placées , les  tortues,  & celles 
qui  font  feches, 


^So  Le  JARDïNïKn 

II  faut  5 outre  cette  taille  , ôter  du  pied  cer- 
taines produélions  qui  y croifTent , & qui  ne  font 
propres  qu’à  confommer  inutilement  le  fuc  nour- 
ricier. 

Du  jafmin  Amérique» 

Quelques-uns  l’appellent  Quamoclet  ; c’eft  une 
plante  annuelle  qui  fe  feme  ; &,  pour  en  avancer 
le  germe , on  met  tremper  la  graine  dans  Tenu  , & 
on  l’expofe  au  foleil  jiifqu’à  ce  qu’on  s’apperçoive 
qu’elle  fe  gonfle. 

On  éîeve  ordinairement  ce  jafmin  en  pots , 
remplis  d’une  terre  compofée  , moitié  terreau  & 
moitié  terre  à potager  bien  criblée,  le  tout  bien 
mêlé  , puis  on  met  deux  grains  de  femence  feu- 
lement dans  chaque  pot , avant  en  terre  de  trois 
doigts. 

Le  temps  de  le  femer  efl  le  mois  de  Mai  ou 
celui  de  Juin  ; étant  femé  , on  l’arrofe  tous  les 
jours  à midi , & par  ce  moyen  la  graine  leve  en 
huit  jours. 

Cette  plante  n’efl  pas  plutôt  montée  à la  hau- 
teur de  quatre  doigts  , que  des  deux  pieds  qui 
étoient  dans  le  pot  on  n’en  laifle  qu’un  : il  faut 
lever  en  motte  celui  qu’on  déplante , pour  le  re- 
planter dans  un  autre  pot. 

Comme  le  jafmin  d’Amérique  jette  des  tiges 
très-foibles  & fort  hautes,  on  lui  donne  pour 
appui  de  petites  baguettes  de  trois  pieds  de  hau- 
teur , auxquelles  on  attache  les  branches. 

Lorfque  ces  branches  furpafîènt  les  appuis  ^ 


Fleuriste.  a,6t 

on  en  coupe  Textrémité  , pour  leur  faire  donner 
une  plus  grande  abondance  de  fleurs. 

Si  on  fouhaite  en  recueillir  la  graine  , il  faut  , 
C*tüt  que  le  fruit  qui  la  contient  eft  defTéché  , la 
ramaffer  ; autrement  elle  tombe  d’elle-méme , elle 
fe  perd  à caufe  de  fa  petitefle , & refte  ainfi  ea 
terre  trois  ou  quatre  ans  fans  lever , à moins  que 
Tannée  ne  foit  beaucoup  pluvieufe. 

Du  jafmin  des  Indes. 

On  l’appelle  encore  le  jafmin  de  Canada  : if  le 
feme  en  pleine  terre  , le  long  de  quelque  mûr  ex- 
il pofé  au  midi , & garni  d’un  treillage  auquel  on 
paîifTe  fes  branches  : c’eft  en  cet  état  qu’il  frappe 
agréablement  les  yeux. 

' Cette  plante  ne  craint  pas  beaucoup  le  froid  ; 

I elle  veut  être  arrofée  depuis  le  commencement  du 
I;  Printemps  , jufqu’à  la  fin  de  FEté. 

Le  jafinin  des  Indes  le  multiplie  aufli  de  bou- 
[ ture  ; &,  pour  y réuffir  il  faut , fi  tôt  que  le  Pria- 
1 temps  efl  venu  , & avant  que  les  boutons  de  cet 
arbrifleau  viennent  à le  gonfler  , en  couper  un 
brin  qui  ait  trois  yeux  dans  fa  longueur  , le  fen- 
I dre  un  peu  , & le  ficher  en  terre  jufqu’au  deuxie- 
I me  œi’ , de  maniéré  qu’il  n’y  ait  que  le  troifieme 
il  hors  de  la  ferre  ; on  a foin  après  de  l’arroler  fou- 
vent  ; & , s’il  efl  bien  expofé  au  foleil , on  peut 
I n’en  efpérer  rien  que  d’avantageux, 
i ' Lc'  fleurs  de  cet  arbrifleaii  naillent  à h fom- 
ni;  mité  de  les  branches  ; c’eft  un  grand  nombre  de 


Ls  Jarôïnîêr 


boutons  qui , étant  tous  reiïèrrés,  forment  una 
maniéré  de  bouquet  d’une  couleur  rouge,  & qui 
étant  crûs  de  îa  longueur  d’un  demi  dcîgt  > s’ou- 
vrent  pour  donner  pafTage  à des  efpeces  de  grai- 
nes longues  d’un  doigt,  d’une  couleur  jaunâtre, 
menues  par  le  bas  , plus  grofîès  par  le  milieu  , & 
plus  ferrées  par  le  cou  , fouteîiues  chacune  d’un 
Calice  découpé,  produifant  cinq  feuilles  décou- 
pées aufîi,  & difpofées  en  lis.  Cette  plante  donne 
des  fleurs  durant  tout  l’Eté. 

Du  jafmin  jaune  commun  , autrement  appelle 


La  culture  du  jafmin  jaune  eft  fembîable  à celle 
du  jafmin  commun  ; il  faut  y avoir  recours  pour 
éviter  ici  les  redites. 


CHAPITRE  V. 

Des  genêts. 

N compte  de  deux  efpeces  de  genêts  ; favôîr, 


le  genêt  d^Efpagne  à fleur  blanche  , & le 
genêt  à fleur  jaune. 

. Cet  arbrifîeau  fait  un  fort  joli  effet  dans  Un  par- 
terre ; fon  bois  refîèmble  au  jonc , & ne  porte  pas 
beaucoup  de  feuilles  : on  le  multiplie  de  graines , 
qu’on  feme  une  ou  deux  dans  un  pot,  pour  en- 
fuite  en  déplanter  l’un  ou  l’autre  des  deux  pieds 
qu’dles  auront  produit , & le  replanter  dans  un 
autre  pot  de  la  maniéré  que  voici» 


jafmin  jonquille. 


T L B U R ï 5 T E,  lé  J 

te  genêt  d’Efpagne  aime  une  terre  à potager 
bien  criblée  > donc  on  emplit  des  pots  ; enfuite  on 
prend  la  graine  , on  la  met  tremper  dans  l’eau 
jufqu’à  ce  qu’on  remarque  qu’elle  fe  gonfle,  puis 
on  la  met  en  terre  , grain  à grain  , de  la  profon- 
deur de  deux  doigts. 

C’eft  le  fecret  de  la  faire  germer  bientôt,  fi  , 
après  avoir  été  femée,  on  Tarrofe  & on  l’expofe 
i dans  un  endroit  où  le  folei!  frappe  médiocrement. 
! Lorfque  les  plants  font  levés , on  les  arrofe  dans 
les  plus  grandes  chaleurs,  & avec  quelques  légers 
i labours  qu’on  leur  donne , les  genêts  croiffènt  afièz 
I haut , & donnent  des  fleurs  fort  odoriférantes  & 

! en  affez  grande  abondance  : elles  font  blanches, 

I&  naiiîènt  attachées  chacune  à un  pédicule  fort 
court , qui ,,  les  tenant  tout  proche  des  branches  , 
les  y fait  paroître  comme  de  petites  perles;  ce  qui 
I produit  fur  cet  arbriffeau  un  effet  fort  agréable  I 
! Ja  vue  : fa  graine  naît  en  maniéré  d’un  petit  rein  , 

: de  couleur  rougeâtre  & luifante. 

! On  tond  les  genêts  en  palilTades,  en  arbriffeaux 
I ou  en  boule.  Leur  beauté  confifle  à être  biengar^ 
nis  depuis  les  pieds  jufqu'à  la  tête. 

I CHAPITRE  VI. 

|jj  Des  myrtes, 

|j  îî  cultive  de  deux  fortes  de  myrtes  ; favoir, 

4I  jg  myrte  commun  , & le  myrte  à fleur  dou- 

i]  hle.  f e dernier  produit  tant  de  fleurs  gu’il  en  eft 
îl  garni  durant  toute  l’anne'e. 

»ii 


%64  1e  Jardïnieh 

Le  myrte  fe  perpétue  de  marcottes  & de  ra*^' 
cines  éclatées , foit  en  pleine  terre  ou  en  caifîès  t 
il  faut , pour  y réuiïir  , faire  clioix  des  branches 
les  plus  droites  , & dont  l’écorce  nous  paroît 
plus  unie. 

Cela  obfervé,  on  dépouille  le  bas  de  ces  bran- 
dies de  ce  qu’il  peut  y avoir  de  feuilles  , jufqu’à 
trois  doigts  près  de  l’endroit  qui  doit  fortir  de 
terre  : lorfque  ces  branches  font  couchées  en  rigo- 
les ^ on  les  couvre  de  terre , puis  on  les  arrofe# 

C’eftau  mois  de  Mars  qu’on  marcotte  les  myr- 
tes ; étant  marcottés,  on  les  laifTe  ainfi  jufqu’en 
Septembre  ou  Odobre,  où  pour  lors  on  les  leve, 
fuppoféque  ces  marcottes  foient  bien  enracinées, 
puis  on  les  tranfplante  où  l’on  veut. 

Durant  l’Eté  il  faut  avoir  foin  d’arrofer  fou- 
vent  les  myrtes;  ils  deviennent  plus  beaux,  & 
donnent  par  conféquent  plus  de  pîaifir. 

La  fécondé  maniéré  de  multiplier  les  myrtes 
par  racines  , fe  pratique  en  cette  forte. 

On  en  déchaufife  entièrement  le  pied  , puis  on 
clioilit  la  branche  qui  convient  le  mieux  , qu’on 
répare  de  la  racine  avec  plus  de  chevelu  qu’il  eft 
poflîble  ; c’eft  au  Printemps  ou  en  Automne  que 
cela  fe  fait  : enfiiite  on  plante  les  myrtes  qu’on 
a éclatés  dans  des  pots  ou  caifTes  préparés  exprès  , 
& remplis  d’une  terre  compofée  de  deux  tiers  à po- 
tager bien  criblée , & un  tiers  de  terreau  découché. 
On  peut  en  élever  aufli  de  graine  & de  bouture. 
Cet  arbriflèau  fe  plaît  auffi  en  pleine  terre  ^ dans 

des 


PlEüïlîâTE.  %6$ 

ies  pkte.s-bandes  de  parterres  ; maison  y en  mec 
peu  , parce  qu’il  eft  fort  délicat  : il  faut  l’arrofer 
fouvent , principalement  lorfque  les  chaleurs  de 
l’Efé  font  grandes  ; on  remarque  que  les  myrtes 
ont  befoin  d’eau  , lorfque  leurs  feuilles  paroiiTsnt 
fanées. 

On  tond  cetarbriffèau  pour  le  rendre  plus  agréa- 
ble à la  vue,  & on  fe  fert  de  ci'eaux  de  Jardinier 
pour  faire  ce  travail  : s’il  y a fur  un  myrte  quel- 
que branche  qui  foit  feche  , il  faut  la  retrancher 
jiîfqu’au  vif.  Ses  fleurs  font  compofeées  de  cinq 
feuilles  rangées  en  maniéré  de  rofe  blanche  ; elles 
ont  l’odeur  fort  agréable  : fes  feuilles  , qui  ne 
tombent  point  , font  d’un  verd  luifant  ; fon  bois 
efl  de  couleur  grisâtre  & uni. 

Pour  qu’un  myrte  foit  beau  , il  faut  qu’il  ait 
une  tige  haute , la  tête  belle  & bien  garnie  dans  fa 
rondeur , les  feuilles  & lesbranches  d’un  beau  verd. 

Lorfqu’on  veut  avoir  des  myrtes  à fleur  double , 
on  en  greffe  fur  des  communs , en  écuffon  ou  en 
approche.  Voyez  comment  fe  font  ces  fortes  de 
greffes  au  Chapitre  des  grenadiers,  page  250. 


CHAPITRE  VII. 

Des  d’fférentes  efpeces  de  lauriers» 

euhive  de  cinq  fortes  de  lauriers  , qui  ont 
tous  le  bois  d’une  couleur  un  peu  grife  , 
& U'M  ; favoir  le  laurier-franc  ^ affez  connu  de 
tout  le  monde  , & dont  la  feuille  fert  en  cui- 
J/.  Partie^  M 


i66  Le  Jâkïîînîer 
fine  ; le  laurier--rofe , le  laiiricr-cerife  ^ le  laurier* 
thym^SL  ie  laurier  Alexandrie^  Tous  ces  ar- 
briffeaux  ont  leur  mérite  particulier  , & fervent 
d’un  très“be!  ornement  dans  les  jardins  : ils  du- 
rent fort  long-temps. 

Du  laurier- franc. 

Cet  arbrifTeau  fe  multiplie  de  graine  , & fe  plaît 
beaucoup  dans  une  terre  à potager  bien  remplie 
de  fds  * & paffee  au  crible. 

Cette  terre  étant  ainfi  préparée  on  en  emplit 
des  pots  ou  des  baquets  , puis  on  y feme  les  baies 
ou  graines  , grain  à grain  , dans  des  trous  qu’on 
fait  avec  le  doigt , éloignés  de  quatre  doigts  i’un 
de  l’autre. 

Quand  ces  baies  font  femées  , il  eft  bon  d’é- 
pancher fur  la  fuperficie  de  la  terre , environ  l’é- 
paifTeur  d’un  doigt  de  terreau  , d’arrofer  auflî- 
tôt  ces  femences , & de  mettre  enfuite  les  pots  ou 
baquets  au  grand  foleü. 

Mais  comme  ces  baies  font  long-temps  à ger- 
mer , on  les  met  tremper  dans  Teau  jufqu’à  ce 
qu’on  voie  qu’elles  foient  gonflées  ; c’eft  pour 
îors  qu’elles  lèvent  bien  plutôt. 

Il  y en  a qui  , dès  la  première  année  que  les 
jeunes  lauriers  font  levés , les  tranfplantent  ; mais 
il  vaut  mieux  attendre  qu’ils  foient  plus  forts. 

lorfqu’ils  font  ainfi  en  pépinières , il  eü  bon  de 
répandre  entr’eux  un  bon  demi-doigt  épais  de 
terreau  , donc  les  fels  profitent  beaucoup  à cqs 
jeunes  plants» 


Fleuriste.  2,67 

Après  la  deuxieme  année  que  les  petits  lau- 
riers font  femés  , on  les  leve  pour  les  tranfplanter 
dans  des  pots  qui  leur  conviennent,  remplis  d’u- 
ne terre  de  pareille  nature  à celle  dont  on  a parlé* 
Quand  les  lauriers  font  plantés  on  les  arrofe  5 pour 
en  faciliter  la  reprife  ; ils  veulent  le  grand  foîeil , 
parce  qu’ils  en  croifTent  plus  vite,  & en  devien-» 
lient  plus  beaux. 

Les  lauriers-francs  fc  perpétuent  de  marcottes  ; 
on  en  agit  de  même  qu’à  l’égard  des  grenadiers. 
On  peut  voir  l’article  , page  '248.  On  fait  de 
cet  arbre  de  très-belles  palifîades  , parce  qu’il 
peut  refîer  toujours  en  terre. 

îl  n’eft  rien  auffi  de  plus  agréable  que  cet  ar- 
bre lorfqu’il  eft  en  caiffe  ; on  !’y  fait  prendre  des 
formes  différentes;  tantôt  on  le  conduit  en  pyra- 
mide , ainfi  qu’on  en  voit  à Verfailles  , ou  bien 
en  globe  , toujours  avec  une  belle  tige.  C’efl:  un 
arbre  verd  en  tout  temps  , & qui  plaît  toujours 
mx  yeux. 

Quand  les  lauriers-francs  font  en  califes  , il 
faut  les  cultiver  comme  les  orangers , c’efl-à-dirè , 
les  rencaiifer  dans  le  befoin , & les  arrofer  de  même. 

Le  laurier-franc  a des  fleurs  d’un  blanc  jaunâ- 
tre , qui  fentenc  très-fort  , & les  feuilles  d’un 
beau  verd  , qui  ont  une  odeur  aromatique. 

/ 

Des  lauriers-rc/es. 

On  en  compte  de  deux  fortes , le  blanc  & l’in- 
carnat ; ces  lauriers  ne  fe  fement  point  , foit 

M a 


2.68  Le  Jardinier 

<]ue  îa  graine  en  nos  climats  ne  parviennent  pô?n5 

aune  parfaire  matunté,  ou  qu’on  ait  expérimenté 

d’autres  voies  plus  courtes,  pour  en  perpétuer 

î’efpece* 

Cer  arbriiïèau  vient  de  marcottes  : c’eft  au  mok 
de  Juillet  que  ce  travail  fe  fait  ; on  en  prend  les 
branches  qu’on  couche  en  terre  en  rigoles  ; on  les 
laiiTe  ainfi  jufqu’au  mois  d'Oéiobre,  qu’on  îesfe-» 
vre  deleur  tronc  pour  les  tranfplanter  ailleurs. 

Four  bien  marcotter  le  laurier-rofe , on  incife 
îa  partie  de  la  branche,  qu’on  met  en  terreà l’en- 
droit d’un  rœud  , jufqii’à  moitié  de  fa  grolTeur  ^ 
puis  on  !a  fend  environ  trois  ou  quatre  doigts  en 
longueur  ; cela  fait  , on  couvre  de  terre  la  mar- 
cotte , on  i’arrofe  ; après  cela  on  îa  laifTe  ainfîfix 
femaines  ou  deux  mois  , pour  lui  faire  prendre 
racine. 

Enfoite  on  îeve  ce  qu’il  y a de  marcottes  , on 
les  tranfplante  en  caifîè  ou  en  pots  fuffifamment 
grands.  Le  îaurier»rofe  veut  erre  arrofé  fréquem- 
ment'en  Eté;  fes fleurs,  qui  reiTemblentaux  rofes 
communes , en  naiflent  plus  belles.  Comme  une 
partie  de  fes  feuilles  tombent  aux  approches  de 
l’Hiver  , & qu’il  craint  la  gelée  , on  aura  foin 
de  le  mettre  dans  la  ferre  : elles  ne  font  pas  d'un 
fl  beau  verd  que  les  autres  , & ne  fentent  lien. 

Cer  arbrÜTeau  n’efl:  point  affujettià  la  taille:  il 
îi’eft  pas  toujours  garni  en  pied  comme  on  le  fou- 
hai  eroit  ; c’efl  pourquoi  on  y laide  beaucoup  de 
branches  , fi  tant  ed:  que  la  nature  y en  ait  fait 


F i f:  ü E ï s T E. 
croître;  & on  fe  gardera  bien  5 comme  font  la 
plupart  des  Jardiniers  , de  profiter  toujours  de 
cette  abondance  , pour  en  tirer  des  marcot:es  ; 
il  faut  que  cela  fe  fa(Te  avec  prudence. 

Bien  des  Jardiniers  à gages  tombent  dans  ce 
défaut , pour  fe  faire  un  petit  revenaot-bon  des 
marcottes  qui  en  proviennent  , & qu’ils  ven- 
dent à des  particuliers  : c’eft  à quoi  il  eft  bon  de 
faire  attention  , puirque  pour  lors  on  n’a  des  lau- 
riers-rofes  qu’à  moitié  garnis. 

Il  efl  à propos  au(Ti  , dans  le  befoin  , d’arroler 
& de  rencaifTer  cet  arbrifièau  : pour  le  rencadre- 
ment , il  fe  fait  environ  de  quatre  en  quatre  a - 0 
La  terre  qui  lui  convient  doit  être  de  deux  tiers 
de  terre  à potager  bien  criblée,  & un  tiers  de 
terreau  de  couche  mêiés  enfembîe* 

Du  laurier '-cerife^ 

Ce  laurier  fe  multiplie  comme  le  laurier-franc , 
& de  branches  éclatées  avec  racines;  il  ne  fe  met 
pour  l’ordinaire  qu'en  pleine  terre  , & contre  un 
rnur  en  efpaüer  : c’eft  la  feule  forme  qui  lui  con- 
vient, & fous  laquelle  il  fert  d’un  très-bel  orne- 
ment dans  les  jardins.  C’eft  un  arbre  toujours 
verd  , donc  les  feuilles  ne  tombent  que  par  acci- 
dent ; fa  fleur  fent  un  goût  aromatique. 

Il  aime  les  lieux  frais  & ombragés , quoiqu’il 
ne  laifle  pas  que  de  bien  réuflir  au  grand  foleil  : 
on  peut , fi  on  veut , en  former  des  haies  d’appui 
Ql  paliflades  ; c’eft  pourquoi , il  faut  qu’il  foit  bien 

M 3 


Jâmdînïee 

garni  depuis  îe  pied  jufqu’àla  têfe.  On  aura  foin 
de  l’arrofer  dans  le  befoin  , & de  lui  changer  de 
temps  en  temps  de  terre. 

JDu  laurier-thym* 

Cet  arbrifleau  fe  cultive  dans  les  jardins , à 
caufe  qi/il  fleurit  deux  fois  l’année,  & qu’il  don» 
ne  fouvent  fa  fleur  dès  le  mois  de  Février  : fa 
feuille  eonferve  toujours  fon  verd.  Le  laurier- 
îhym  fait  un  arbriffeau  nain  , fort  agréable  à îa 
vue , & qui  fert  d'un  très-bel  ornement  dans  les 
jardins,  où  il  peut  toujours  refler  en  pleine  terre® 

11  fe  multiplie  de  marcottes  qu’on  tire  de  ceux 
qui  font  fort  bas  de  tiges  ; on  les  lailTe  croître 
exprès  en  cette  vue  : ces  fortes  de  lauriers,  ainfl 
deïtînés  pour  la  multiplication  de  leur  efpece  , 
fe  mettent  qu’eo  pleine  terre , où  il  eü  plus  facile 
de  les  marcotter  qu’en  caiffes  ou  en  pots. 

Lorfqu’il  efl;  queflion  de  marcotter  cet  arbrif- 
feau , on  en  choiflr , comme  aux  autres^  les  bran- 
ches les  plus  belles  , les  plus  droites , & les  plus 
unies. 

Ce  choix  ainfi  fait  ^ on  prend  une  houlette  de 
Jardinier , avec  laquelle  on  creufe  un  cerne  tout 
autour  du  pied , pour  y coucher  les  branches  les 
unes  après  les  autres* 

II  faut  avec  la  ferpette  , en  ôter  toute  la  ra- 
milîe  qui  y a cru , & bien  nettoyer  la  partie  qu’on 
doit  mettre  en  terre.  On  marcotte  les  lauriers- 
thyms  à la  fin  du  mois  de  Mars,  ou  au  commea- 
cernent  d’Avfil. 


ÿtEÜRÎST®»  CI7Î 

On  les  laiiTe  en  cet  état  jufqu’au  mois  de  Sep- 
tembre ou  d’Oâobre  , qu’on  leve  les  marcottes 
pour  les  tranfplanter  en  pots  ou  en  caifTes  ; mais^ 
tandis  qu’elles  ne  font  point  encore  fevrées  de 
leurs  pieds , il  faut  avoir  foin , en  Eté , de  les  arro- 
fer  fouvent  ; ces  marcottes  en  deviennent  bien  plus 
belles  que  lorfqu’on  néglige  ces  arrofements. 

Les  pots  ou  caiffes  dans  lefquels  on  les  îranf- 
plante , doivent  être  remplis  de  deux  tiers  de  terre 
à potager  & d’un  tiers  de  terreau  , le  tout  mêlé  en- 
femble  ; & comme  la  tige  la  plus  haute  que  peut 
acquérir  cet  arbrifîèau  , fait  une  partie  de  fon  mé* 
rite  , auffi  faut-il , îorfqu’i!  eft  tranfplanté  , avoir 
foin , à mefure  qu’il  croît , de  l’émonder  , & de 
le  dreffer  le  mieux  qu’il  eft  poffîble,  pour  lui  faire 
acquérir  une  tête  bien  garnie  & bien  ronde» 

Les  lauriers-thyms  veulent  être  arrofés  fou- 
vent  , & ne  font  jamais  plus  beaux  que  lorfqu’ils 
ont  la  tête  pleine  & bien  ronde» 

Ils  viennent  fort  bien  à toute  expofition  ; ils 
font  un  très-bel  effet  dans  les  parterres  5 fur  quel- 
que terrafTe  , dans  une  cour  , & principalement 
dans  un  temps  ou  les  fleurs  font  rares. 

Du  laurier  Alexandrie^ 

Ce  laurier  demande  la  même  terre  que  les  au- 
tres, & pareille  culture  ; ai nfi  il  eft  inutile  là- 
defllis  d’ufer  de  redites. 

Le  laurier  d’Alexandrie  , moins  connu  de  bien 
des  gens  que  les  autres , eft  une  efpece  de  houx 

M 4 


Q.7^  Î'E  Jardinier 
dont  les  feuilles  font  oblongues  , terminées  en 
pointes  , & d’un  beau  verd  ; el’es  refTemblenr  à 
celles  du  laurier  : fes  fleurs  naiflent  comme  des 
maniérés  de  grelots.  Cet  arbriflèau  a fon  mérite 
dans  un  jardin , foit  au  mi’ieu  d’une  plate-bande  , 
ou  lorfqu’il  efl  en  ^aifle  ou  en  pot  : on  peut  le 
laifTer  toujours  en  pleine  terre. 


CHAPITRE  VIII. 

Des  rojîers  de  toutes  fortes» 

y s plufleurs  efpeces  de  rofiers  qui  ont  tous 
•^îe  bois  verd  & garni  de  piquants  : les  feuilles 
en  font  oblongues,  dentelées  & rayées  ; elles  tom- 
bent tous  les  ans.  Comme  les  rofiers  ne  craignent 
point  beaucoup  le  froid  , ils  peuvent  toujours 
refler  en  pleine  terre  ; on  pourra  les  couvrir  de 
paille  : en  voici  le  dénombrement  ; 

S A V O I R : 


La  rofe  odorante. 

La  rofe  fans  odeur. 

La  rofe  rouge  pâle. 

La  rofe  de  Provins. 

La  rofe  de  Virginie. 

Les  rofes  blanches  de  lait. 
La  rofe  de  couleur  de  chair. 
La  rofe  panachée. 


La  rofe  de  tous  les  mois. 

La  rofe  mufcate , autrt^ 
ment  dite,  rofe  de  Damas, 

La  rofe  d’Hollande,  à cent 
feuilles. 

La  rofe  fimpîe  de  couleur 
d'un  rouge  foncé. 

La  rofe  jaune. 


Les  plus  belles  font  celles  d’Hollande,  à cent 
feuilles,  celles  de  tous  les  mois  , & les  panachées.. 
Venons  à préfent  a la  culture  de  chacune  en  par- 
ticulier. 


F L E U R ï s T Eo  273 

tuïture  de  la  rofe  d^Hollande^  à cent  feuilles 
avec  odeur. 

La  faifon  îa  plus  propre  pour  planter  les  rofiers 
d’Hollande  5 eft  aux  mois  d’Odobre,  Novembre 
& Février  ; une  bonne  terre  à potager  leur  con- 
vient fort  bien , de  même  qu’une  expofition  où 
le  folei!  donne. 

Cet  arbrÜTeau  a bonne  grâce  dans  les  plates- 
bandes  des  grands  parterres  ; il  faut  le  former  en 
buiffon  bien  garni  depuis  les  pieds  jufqu’àla  tête  , 
qui , étant  beaucoup  chargé  de  fleurs  en  fon  temps , 
produit  en  ces  endroits  un  fpeâacle  très-agréable 
à la  vue. 

Les  rofiers  fe  perpétuent  de  branches  éclatées 
avec  racines  , qu’on  plante  un  demi-pied  avant  en 
terre  ; on  les  arrofe  d’abord  pour  en  avancer  la 
reprife , & après  qu’ils  font  repris  , il  fuffit  de 
quelques  labours  donnés  de  temps  en  temps  pour 
leur  faire  prendre  une  belle  croiflance.  On  en 
peut  aufïï  greffer  en  écuffon  fur  des  rofiers  com- 
muns : voyez  comment  fe  fait  cette  greffe  au  cha- 
pitre des  grenadiers  , page  150. 

Les  rofiers  i cent  feuilles , fans  odeur  \ fe  cul- 
tivent de  même  que  les.  précédents  , fans  aucun 
autre  myftere. 

De  la  rofe  de  tous  les  mois. 

On  l’appelle  autrement  rofe  d^Italie  double  & 
perpétuelle  5 à caufe  qu’étant  fou  vent  cueillie  5 cet 

ÎVl  f. 


274  Jardinier 

arbrifTeau  produit  par  crochets  plufieurs  boutons 
qui  donnent  des  fleurs. 

Pour  faire  enforte  que  cette  efpece  de  rofè 
donne  des  fleurs  tous  les  mois,  ou  tout  au  moins 
durant  la  meilleure  partie  de  l’année , il  faut  le 
tailler  deux  ou  trois  fois  ; ce  qui  fe  pratique  d’a- 
bord au  mois  de  Novembre  , qu’on  le  coupe  pref 
que  raiz  de  terre,  pour  l’obliger  à pulluler  de  nou- 
veau ; car  ce  ne  font  pour  l’ordinaire  que  les  nou- 
veaux jets  quiproduifent  des  fleurs  en  abondance. 

Cette  efpece  de  rofier , foit  en  caiÏÏe  ou  en  plei- 
ne terre,  veut  être  bien  foignée  ; c’efl  aufTi  le  fe- 
cret  d’en  avoir  beaucoup  de  fleurs. 

Après  la  première  taille , dont  on  a parlé  , on 
lui  en  donne  une  féconde  fur  les  nouvelles  bran- 
ches qu^il  a produites & qu’on  ravale  à un  œil 
GU  deux,  près  de  l’origine  ; c’eft  à la  fin  du  mois 
de  Mars  que  fe  fait  cette  opération  , ou  au  com» 
mencement  d’ Avril.. 

Il  efl:  bon  , après  la  fécondé  taille. , de  faire  un 
cerne  au  pied  du  rofier  qui  eû  en  pleine  terre  ou 
en  pot,  & de  le  remplir  d’une  terre  tranfportée 
& de  bonne  nature  ; on  peut  y ajouter  quelque 
fumier  bien  confommé  , l’arbriflèau  n’en  fait  que 
mieux  fon  devoir,.  îl  efl:  à propos  aufli  de  l’arro- 
fer  incontinent,  & de  continuer  les  arrofements 
en  Eté , lorfqu’on  juge  qu’il  a befoin  d’eau  , ce 
qui  fe  remarque  par  le  peu  de  fleurs  qui  naifTent. 

Voici  une  autre  fecret  éprouvé  pour  avoir  beau- 
coup de^rofes  ^ de  tous  les  mois,  durant  l’Eté  j.  iî 


1 


Fleuriste.  275 

faut  pour  cela,  fi-toC  que  le  rofier  commence  à 
s’aboutir , le  décharger  de  tous  fes  boutons , avant 
qu’îîs  foient  épanouis. 

Quand  les  premières  fleurs  font  paffees , on  taiüe 
les  branches  de  ce  rofier  aii-deflbus  du  nœud  où 
les  fleurs  étoient  attachées  , en  obfervant  de  faire 
la  même  chofe  après  chaque  portée  ; & , par  ce 
moyen , on  a le  plaifir  de  voir  fleurir  cet  arbriflèau 
durant  huit  mois  de  Tannée. 

Toutes  les  fois  qu’on  veut  tailler  ce  rofier  , il 
faut , quinze  jours  auparavant  , s’ab (tenir  de 
Farrofer. 

Les  rofiers  de  tous  les  mois  font  fufceptibles 
de  froid  ; c’eft  pourquoi , durant  les  fortes  gelées , 
on  les  couvre  de  grande  paille  ou  de  grand  fumier 
fec  , lorfqu’ils  font  en  pleine  terre  : s’ils  font  en 
caiîTe , on  les  porte  dans  une  ferre  ou  dans  un 
autre  endroit  à Tépreuve  du  froid. 

Un  moyen  sûr  encore  d’avoir  des  ro fes  de  tous 
les  mois  , lorfque  les  rofiers  font  en  caifTe  5-  eft 
d’en  courber  les  branches  , & de  les  attacher  à 
des  bâtons  fichés  en  terre. 

Ces  rofiers  fe  multiplient  de  marcottes  & dé 
boutures  qu’on  tire  des  branches  taillées  en  Au- 
tomne ; on  les  fiche  en  terre  ,.obférvanc  qu’ils  en 
forcent  hors  de  terre  feulement  la  hauteur  de  deux 
doigts  : c’eft  dans  le  mois  d’Oâobre.  ou  de  No^ 
vembre  qu^bnfait.ce  travail.. 

On  peut  en  grefFer  aufii  en  écufïbn  fur  des 
itofiers  communs  ^ cette  greffe  eft  expliquée 

M 6 


^7^'  E Jardinier 
au  cllapître  des  grenadiers,  page  ajo. 

Des  rofiers  mufcats , autrement  dits  rojlers  de 
Damas^ 

Cette  efpece  de  rofier  demande  une  terre  a 
potager  , un  grarrd  foleil  & de  fréquents  arro- 
fements  ; ce  rofier  ne  craint  point  le  froid,  & 
donne  des  fleurs  en  bien  des  mois  de  l’année. 

Les  réglés  du  jardinage  veulent  qu’en  Automne 
ou  au  Printemps , on  taille  tous  les  ans  les  vieilles 
branches  des  rofiers  mufeats  à un  demi-pied  de 
terre , afin  que  des  yeux  qui  y reflent , i!  en  forte 
quantité  d’autres  branches  nouvelles  qui  donnent 
des  fleurs  en  abondance» 

Le  rofier  mufeat  fe  perpétue  de  drageons  qu’on 
tire  du  pied  , lefqueîs  étant  plantés  dans  une  terre 
fraîche,  prennent  racine  promptement , & de« 
viennent  en  peu  de  temps  de  fort  jolis  arbriffeaux» 

Des  rofes  hlanches  doubles* 

Ce  rofier  fe  plaît  dans  une  terre  forte  , & veut 
une  expofition  où  le  foleil  donne  beaucoup , Sc 
quelques  petits  labours  de  temps  en  temps  lorf- 
qu’iî  efl  en  pleine  terre. 

On  ne  taille  point  du  tout  ce  rofier  , on  fecon» 
tente  feulement  de  le  décharger  du  vieux  bois  , qui 
ne  produit  plus  de  fleurs  : on  le  nettoie  de  tout  Is. 
bois  fec  qu'on  y trouve. 

Cet  arbrifleau  convient  très-bien  pour  faire 
une  haie  , qui , lorfqu’elle  eft  bien  conduite , fert 
d’un  ornement  fort  agréable  dans  nos  jardins. 


Fleuriste.  2.77 

Ces  rofiers  fe  multiplient  de  plants  enracinés 
quon  plante  à quatre  doigts  en  terre , & fe  cul- 
tivent d’ailleurs  comme  les  rofiers  à cent  feuilles 
pagea73..  ^ . 

De  ta  rofe  jaune. 

Les  rofiers  à fleur  jaune  veulent  une  terre  forte  ; 
il  ne  faut  point  en  gêner  les  branches  , en  quel- 
que façon  que  ce  foit  , c’eft  pourquoi  on  les  met 
en  plein  air  , fans  les  attacher  à aucune  chofe. 

La  taille  ne  leur  convient  point  auflî , d’au-* 
tant  que  ces  rofiers  ne  donnent  leurs  fleurs  qu’à 
l’extrémité  de  leurs  branches. 

Cependant , fi  on  voit  quelques  branches  mal 
placées  , ou  d’autres  qui  foient  ufées  , & par 
conféquent  inutiles  j.  il  faut  les  retrancher  juf- 
qu’au  vif. 

Et  pour  faire  enforte  que  les  fleurs  de  cet  ar- 
briffeau  naiffentplus  belles  , il  faut,  avant  qu’ef-* 
îes  foient  épanouies  , en  abattre  une  partie.. 

Cette  plante  fe  perpétue  de  drageons  enraci- 
nés qu’on  tire  du  pied  ; c’eft  en  Automne  ou 
au  Printemps  que  cela  fe  fait. 

Les  rofiers  jaunes  ont  la  feuille  de  la  fleur  û 
tendre  & fi  délicate,  que  la  moindre  pluie  qui 
tombe  defllis  fuffit  pour  les  faire  périr  ; ce  qui 
fait  auffi  que  , pour  les  garantir  de  cet  inconvé- 
nient , dans  le  temps  qu’elles  font  prêtes  à s’é- 
panouir , on  leur  donne  un  petit  couvert  de 
paillalTons  , ou  d’autres  chofes  femblables. 


2.78  Jardïniir 

Si  on  taille  court  les  branches  de  cet  arbrif« 
feau  au  mois  de  Mars  ou  en  Février  ; c’eft  le 
fecret  de  lui  faire  produire  des  fleurs  tous  les  ans> 

Des  rofes  rouges , autrement  appeüées  rofes 
de  Provins. 

Quoique  cette  efpece  de  rofe  n’ait  pas  une 
odeur  fi  forte  que  la  rofe  a cent  feuilles , cepeur 
dant  on  ne  reffime  pas  moins  dans  les  jardins  ; 
feur  culture  n’efi  point  différente  , c’efi  pourquoi 
on  n’en  dira  rien  ici.  Voyez  rofes  Hollande  à 
eent  feuiiles  ^ page  273. 

Des  rofes  'panachées. 

Le  rofîer  à fleur  panachée  efl:  un  arbrifleau  qui 
ne  croît  point  haut  j on  le  plante  en  caiffe  ou  en 
pleine  terre. 

I!  fe  plaît  dans  une  terre  â potager  qui  fok 
forte  ; il  faut  qu’elle  foitbien  meuble  principa- 
lement lorfqu’on  s’en  fert  pour  en  mettre  en 
eaifle  : il  ne  faut  donner  à cet  arbrifleau  qu’une 
expofition  où  le  foleil  ne  frappe  feulement  que 
quelques  heures  du  jour  , parce  qu’il  ne  fe  pîak 
point  au  grand  chaud  ; il  convient  quelquefois 
de  l’arrofer  lorfqu’il  n’efi  pas^en  pleine  terre.- 

Ge  rofier  fe  greffe  en  écuflbns  dans  les  deux 
feves  : fi  c’èfi  à œil  pouffant , il  fleurit  dès  l’année 
' fuivante  ; au  ’ieu  que  , lorfqu’il  n’efl:  greffé  qu’â 
ceil  dormant , il  ne  donne  des  fleurs  que  dans 
l’Automne  delà  même  année.  Voyez  pour  cetic 
greffe  le  chapitre  des  grenadiers  ^.page  15a 


F I E U R î s T Br  Ü79 

On  peut  encore , fi  on  veut , en  multiplier  l’ei- 
pece  par  les  rejettons  qui  pouffent  du  pied;  mais 
i’écuffon  efi  la  plus  courte  voie. 

Des  autres  efpeces  de  rofes» 

Les  rofes  de  couleur  de  chair  ^ les  rofes  pdles^^ 
îa  rofe  de  Virginie , & la  rofe  fimpîe , d’un  rouge 
foncé , veulent  beaucoup  de  foleil  ^ une  terre  forte 
& qui  foit  bonne* 

On  plante  ces  rofiers  au  mois  de  Novembre ^ 
de  Février  , ou  au  commencement  de  Mars  ; on 
les  met  quatre  doigts  avan  t en  terre  : on  les  taille 
su  Printemps  , autant  que  le  befôin  Tèxige  ; on 
arrofe  ceux  qui  font  en  caiffe. 

Et  pour  les  maintenir  long-temps  en  bon  état  ^ 
il  faut,  lorfqu’on  voit  qu’ils  rechignent  îe  moin» 
drement  , déchauffer  îe  pied  de  ceux  qui  font  en 
pleine  terre  pour  y en  fubftituer  de  nouvelle 
qui  foit  féconde  en  fels  : on  peut  en  faire  autant 
à ceux  qui  font  en  caiffe^  cela, leur  fert  d’un  de-» 
mi  rencaiffement. 

Les  rofiers  à fleur  d’un  rouge  pâle  font  très- 
propres  â faire  des  haies  de  jardin  : on  peut  en 
mettre  en  paüffade  le  long  de  quelque  grande 
allée  , parce  qu’ils  garniffent  plus  que  les  autres  : 
lorfqu’line  paliffàde  de  cette  nature  eft  bien  con- 
duite, & que  les  rofiers  font  en  fleur,  on  peut 
dire  qu’il  n’y  a rien  de  plus  agréaliîe  à la  vue.. 

Defcription  des  différentes  fortes^de  rofes  que  pro<> 
duifent  les  différents  rofiers  dont  on  a parlée 

On  a cru  qu’il  n’étoit  pas  hors  de  propos  de 


a8o  Le  X a r d i n î e r 
donner  des  defcriptions  de  chaque  efpece  de  rofes 
que  nous  cultivons  dans  nos  jardins  ; cetre  con- 
noillànce  qu’on  en  donne  ne  peut  être  qu’avanta- 
geufe  , & faire  plaifir  à ceux  qui  aiment  à cultiver 
les  fleurs». 

Des  rofes  pâles» 

Ces  rofes  font  belles  , grandes  , d’une  couleur 
încarnat , frappant  agréablement  les  yeux  ; elles 
ont  une  odeur  fort  douce. 

Des  rofes  mufcates» 

Les  rofes  mufcates  font  de  petites  rofes 
pies  & blanches  ; elles  ont  une  odeur  fort  mus- 
quée ; elles  font  très-purgatives , prifes  en  in- 
fufion  ou  en  conferve. 

Des  rofes  hlanches  communes» 

Ces  fleurs  font  grandes  & belles,  mais  d’une 
odeur  qui  diffère  de  la  précédente  , & qui  fom 
mérite  particulier. 

Des  rofes  de  Provins» 

Les  rofes  de  Provins  , appellées  rofes  rouges^^ 
font  grandes,  fort  belles  , de  couleur  rouge 
foncé  & velouté , & d’une  odeur  très- peu  fenffble»= 

I Des  rofes  jaunes. 

Les  rofes  jaunes  ont  les  feuilles  larges , bel- 
les , d’une  couleur  d’un  Jaune  citronné  ; cette, 
fleur  eff  fans  odeur.. 

Des  rofes  de  tous  lesmois^ 

Ces  efpeces  de  rofes  font  rouges  , petites  ^ & 


Fieurïstî.  5.81 

^’une  odeur  aflez  agréable  *,  le  rofîer  qui  les  pro- 
duit les  donne  ordinairement  par  bouquets. 

Des  rofes  panachées* 

Ces  rofes  ne  viennent  pas  fi  doubles  que  les 
rofes  d’HoI’ande;  elles  ont  fur  leurs  feuilles  des 
rayures  d’un  rouge  velouté  fur  un  fond  rouge 
blanchâtre  ; c’eft  ce  qu’on  appelle  panache  , en 
terme  de  Fleurifle. 


CHAPITRE  IX. 


Du  fyringa  & de  la  rue  des  jardins  , autrement 
dite  fumac  des  Indes. 

I.  Du  Syringa. 

CET  arbriffèau  a fon  agrément  dans  un  jar- 
din , & peut  fe  mettre  dans  des  plates  - ban^ 
des  de  parterres-,  où  il  forme  comme  une  maniéré 
de  buifibn  qui  remplit  afTez  bien  fa  place  quand  il 
eft  bien  conduit.  Il  efl  vrai  qu^au  jourd’hui  Tufage 
de  cet  arbriffeau  eft  prefqu’entiérement  aboli  dans 
nos  jardins  ; on  ne  remploie  guere  que  pour  met- 
tre dans  des  touffus  de  bofquets  , où  l’on  peut 
refpirer  un  air  agréable  dans  la  faifon  que  les 
fleurs  en  font  épanouies. 

Le  fyringa  veut  une  bonne  ferre  ; il  fe  plaît 
dans  les  lieux  humides  & ombragés  ; ce  n’eft 
point  qu’où  les  terres  ne  font  point  de  ce  tempé- 
rament , on  ne  laifTe  pas  que  d’y  en  planter  ; il  y 
croît  fort  bien. 


fXSl  L X Jardînter 

Pouf  obliger  le  fyringa  à produire  beaucoup 
de  fleurs  & à pouilèr  beaucoup  en  bois , il  faut 
lui  donner  de  fréquents  labours  , & l’arrofer 
fouvent. 

Cet  arbriffeau  fe  perpétue  de  deux  maniérés  ; 
favoir  , de  boutures  & de  plants  enracinés. 

Dans  le  premier  cas  , il  faut  que  les  boutures 
aient  toujours  un  peu  de  vieux  bois  à Textrémité 
d’en  bas  ; on  les  plante  à l’ombre  pour  leur  faire 
prendre  plutôt  chevelure» 

Lorfqu’on  le  multiplie  àe  plant  enraciné , on 
choifit  les  plus  beaux  rejettons  du  pied^  qu’on 
éclate  , accompagnés  d’un  peu  de  racines. 

On  taille  le  fyringa  , pour  lui  faire  acquérir 
une  belle  figure  ; & cette  taille  confifle  à îui^ôter 
tout  le  bois  mort , & celui  qui  y paroît  ufé  ,,  8c 
les  branches  qui  font  mal  placées» 

S’il  y en  a qui  s’élèvent  beaucoup  au-deffus  des 
autres  , ou  qui  s’emportent  trop  de  côté , on  doit 
les  retrancher  où  le  bon  goût  veut  qu’on  le  falTe  ; 
il  eft  bon  aiiffi  d’égayer  le  fyringa  dans  le  milieu , 
il  n’en  donne  que  de  plus  belles  fleurs  ; elles  font 
blanches  8t  nailTent  en  rofe , compofées  de  plu- 
fieurs  feuilles.  Le  fyringa  a l’odeur  afièz  bonne  , 
quoique  forte  ; fon  bois  tire  fur  îe  rouge  ; fon 
feuillage  eft  d’un  verd  brun , petit  & pointu  : il 
ne  craint  pas  le  froid. 

I I.  De  la  rue  des  jardins. 

Cet  arbriffeau  s'appelle  autrement  fumac  des 


F £ £ U H I s T R.  183 

Indé^,  Il  faut  le  planter  en  caiffe,  remplie  d’une 
terre  compofée  moitié  terreau  & moitié  terre  à 
potager  bien  criblée , le  tout  mêle  enfemble.  La 
rue  des  jardins  vient  encore  fort  bien  en  pleine 
terre  dans  les  pays  chauds. 

Lorfque  cet  arbriffeau  efl  en  caiiTe , il  faut  Far-> 
rofer  dans  le  befoin  , & aux  approches  de  THi-» 
ver  le  porter  dans  une  ferre  ou  autre  endroit 
blable , pour  le  garantir  de  la  gelée. 

Le  fumac  ou  rue  des  jardins  fe  multiplie  de 
rejettons  qu’on  éclate  , il  faut  qu’il  y ait  un  peu 
de  racines  : on  les  plante  quatre  doigts  avant  en 
terre. 

Cet  arbriffeau  peut  tenir  fon  rarrg  dans  les  jar- 
dins, parmi  les  arbres  & arbrifîeaux  qui  font  en- 
caiffes  ; c’eff:  dommage  qu’il  foit  fi  rare  dans  les 
climats  qui  font  tempérés  , où  l’on  pourroit  néan- 
moins le  rendre  plus  commun , pour  peu  qu’on 
voulût  y apporter  les  foins  qui  lui  font  nécef- 
faires. 


Les  fleurs  de  cet  arbrifleau  font  en  rofes  , dilr 
pofées  en  rond  , & fort  agréables  à la  vue. 


CHAPITRE  X. 


Du  romarin  6*  de  ta  barbe  de  Jupiter» 

I.  R O M A E I Nr 
E T arbriffeau , depuis  quelque  - temps , de- 
vient  affez  à la  mode  ; il  vient  prefque  en 
toutes  fortes  de  terres , mais  bien  mieux  dans  une 
terre  légère  que  dans  aucune  autres 


Ù.E4  t B J A B ï N î E R i 

On  le  cultive  en  pleine  terre  comme  en  caifî^f 
il  fe  multiplie  de  marcottes  , qui  fe  font  en  choi- 
fîiïant  les  plus  belles  branches  & les  plus  droi»  | 
tes  qu'on  puilïe  trouver  au  pied  d’un  romarin  r | 
ce  choix  fait  on  les  émonde  par  le  bas,  on  les  j 
nettoie  , puis  on  les  couche  en  terre  ; on  les  cou-  j 
vre  de  terre  qu’on  preffe;  on  les  arrofe  , puis  ^ 
on  les  laifTe  agir.  ; 

On  marcotte  les  romarins  au  mois  de  Mars  ; ^ 

les  marcottes  reftent  jufqu’aii  mois  de  Seprem-  j 
bre  ou  d’Odobre  , qu’on  les  îeve  pour  les  mettre  | 
en  caifTcs  remplies  d’une  terre  eompofée  moitié  | 
terreau  de  couche , & moitié  terre  à potager  bien  | 
criblée.  Ils  viennent  aufTi  de  bouture,  de  plant  i 
enraciné  & de  graine. 

Pour  élever  cet  arbrilfeau  en  maniéré  de  boule 
{ c’efl  la  figure  ordinaire  qu’on  lui  donne  ai;  jour-  j 

d’hui)  , il  faut , à mefure  qu’il  monte,  lui  faire  I 
acquérir  une  belle  tige  haute  d’un  pied  & demi  ^ 
puis  y former  une  tête  la  plus  ronde  qu’il  eft 
pofTible. 

Le  romarin  ne  fe  dégarnit  point  l’Hiver  ; fon 
bois , qui  tire  fur  le  gris  , eü  garni  de  petites  feuil- 
les très- étroites  & un  peu  longues  , d’un  verd 
blanc  par-deffbus  , & d’un,  verd  gris  par-defTus, 
qui  ont  une  odeur  aromatique  ; fes  fleurs  font  d’un 
bleu  pâle.  Cet  arbrifleau  fe  plaît  à toute  expofi- 
tion  : s’il  eft  au  grand  foleil  , il  faut  Tarrofer  fou-  j 

vent  ; s’il  y a quelque  branche  qui  naiflè  mal  p!a«^  ; 

cée  y ou  qui  s’élance  trop , il  faùt  la  raccourcire.  * 


fleuriste*  a8j 

î L De  la  harbe  de  Jupiter» 

Quoique  la  barbe  de  Jup’ter  ne  foit  qu’une 
plante  annuelle  , on  ne  îaifTc  pas  néanmoins  de 
lui  donner  un  rang  parmi  les  arbriflTeaux. 

Elle  fe  multiplie  de  graine  qu’on  feme  fur  cou- 
clieau  moisde  Mars  ; au  refte,  on  la  cultive  com- 
me Es  autres  plantes  qui  fe  fement  en  ce  mois. 

Lorfque  la  barbe  de  Jupiter  efl  afTez  forte  pour 
être  tranfplantée , on  la  met  en  caiffe  ou  en  pot 
remp'i  d'une  terre  compofée  de  deux  tiers  de  ter- 
reau & d’un  tiers  de  terre  fablonneufe , ou  d’une 
terre  légère  bien  criblée. 

O 

Cette  plante  veut  le  grand  foleil , & de  fré- 
quents arrofements  ; elle  lert  d’un  fort  bel  orne- 
ment dans  un  jardin  : fes  feuilles  font  velues , de 
couleur  argentine  & luifante,  c’eft  ce  qui  en  fait 
en  partie  la  beauté  , ainfi  que  fes  fleurs  ^ qui  flaift* 
fent  en  maniéré  de  papillon. 


CHAPITRE  XL 


De  Pif  y du  pirea , du  cyprès  ^ & de  Pemploi 
en  fait  dans  les  jardins  d^ornement» 

oMMh  les  arbres  dont  on  parle  dans  ce  Cba- 
pitre  , & dont  on  traitera  dans  le  refle  de  cet 
ouvrage,  ne  font  confidéiés  dans  le  jardinage 
que  par  rapport  à l’ornement  qu’ils  en  font , on 
ne  fe  con  entera  pas  d'en  enseigner  la  culture, 
on  dira  encore  la  maniéré  de  les  drefler  ^ quelles 


aSS  LEjAîtDÎMîÉR 

idées  on  peut  s’en  former  , & quelle  conduite  il  \ 

fiiut  tenir  à leur  égard* 

I.  De  Vif. 

L’if  fe  multiplie  de  graines  & de  marcottes} 
la  faifon  de  le  femer  eft  le  mois  de  Septembre  ou 
d’Oélobre. 

Cet  arbriffeau  fe  feme  dans  une  terre  la  mieux 
ameublie  qu’il  eft  poftible  , fur  planches  couver- 
tes d’un  doigt  épais  de  terreau  , toujours  à plein 
@liamp  , & le  plus  à claire  - voie  qu’il  eft  poffible. 

Quelques-uns  , avant  que  de  femer  les  ifs  , en 
font  tremper  la  graine  dansî’eau , jufqu’à  ce  qu’on 
remarque  qu’elle  fe  gonfle  : le  lècret  eft  bon  pour 
en  avancer  la  végétation  ; car  fans  doute  cette 
graine  leve  bien  plus  vke  que  lorfqü’onen  agit 
autrement, 

îl  faut , îorfque  les  plants  font  levés , avoir 
foin  de  les  arrofer  de  temps  en“  temps  durant  les 
grandes  chaleurs,  & d’ôrcr  les  méchantes  herbes 
qui  croiffent  parmi;  on  les  laifle  dans  cette  premiè- 
re pépinière  jufqu’à  ce  qu’ris  foientaflez  forts  pour 
€tre  tranfplantés  plus  au  large  dans  un  endroit. 

Si- tôt  qu’ils  font  plantés  , à deux  pieds  4’un  de 
l’autre,  on  les  arrofe  :à  mefure  que  les  ifs  croif- 
fent , on  leur  donne  trois  labours  tous  les  ans« 

Les  plants  reftent  dans  cette  pépinière  , gouver- 
nés ainfi  qu’on  l’a  dit , durant  quatre  ou  cinq 
ans , qu’on  commence  à en  tirer  pour  leur  don- 
ner place  dans  les  plates-bandes  de  parterres  ^ & 
pour^en  former  des  paülTades  entières. 


tF  X E ü R ï s T E.  187 

Xes  ifs  fe  lèvent  en  motte  , lorfqu’on  veut  les 
Cranfplanter  , autrement  la  reprife  n’en  eft  pas  fi 
fûre.  Lorfqu’il  eft  queftion  de  les  tranfporter  au 
loin  , on  les  met  en  mannequin  , avec  une  petite 
motte  aü  pied, 

Î On  réduit  les  ifs  fous  plufieurs  formes  diffé- 
rentes. Les  grands  ifs  ne  font  plus  à la  mode  , fi 
^ ce  nVft  dans  les  grandes  allées  ou  dans  les  parcs  : 

É|  les  ifs  pour  les  parterres  n’ont  pas  à préfént  plus 

j de  deux  pieds  de  haut , taillés  en  pyramide.  Il  eft 

I vrai  que  cela  égaie  plus  les  jardins  ; au  lieu  que 

P lorfqifîl  y avoit  de  grands  ifs,  cela  les  rendoit 

ri  trilles  , le  verd  de  l’if  étant  fombre  lui  - même. 

; L’if  fait,  comme  on  a déjà  dit,  une  très-belle 

\ palifTade. 

I * Il  faut  toujours  choifir  les  ifs  de  graine,  c’eft- 
â-dire,qui  font  venus  de  graine,  pour  planter 
dans  les  parterres  , &obferver  qu’il  n’y  aitaucu- 
j ne  tige  : ces  ifs , en  ce  cas , valent  mieux  que  ceux 
I qui  viennent  de  marcottes  ; ceux-ci  auffi  en  ré- 
compenfe  font  employés  pour  les  paîiîTades  ; on 
I ies  prend  depuis  deux  jufqu’à  quatre  pieds  de 
haut;  & lorfque  ces  ifs  font  conduits  artiftement 
le  long  d’un  treillage  , durant  quelques  années 
& qu’ils  ont  pris  leur  forme ^ on  n’a  plus  befoin 
I d’appui  pour  les  foutenir  : il  n’y  a plus  qu’à  avoir 
foin  de  les  fondre  dans  la  faifon.  On  fait  auffi  des 
banquettes  d’ifs  entre  des  arbres  ; ils  fervent  ainfi 
d’une  agréable  décoration  dans  un  bofquet,  faite 
I de  verdure  , cloître  , ou  autre  piece  d’ornement 
-de  jardin. 


* 


l88  Le  Iardîwîeh 
I î.  Du  picea» 

Le  picea  efl:  un  arbre  qui  s’eleve  fort  haut  .*  il 
fe  cultive  de  même  que  Tif , hors  que  les  lieux 
ombragés  ne  lui  conviennent  point  : il  fe  plaît 
dans  un  terroir  léger  , & cet  arbre  feroit  auffi 
eftimé  dans  les  jardins  que  Tif , s’il  n’étoit  fujet 
à fe  dégarnir  par  le  bas  : il  lui  reflemble  aflez  pour 
le  bois  & le  feuillage. 

Il  produit  un  bel  effet  dans  de  grandes  allées 
de  jardins  ; il  convient  dans  les  grands  parcs,  & 
on  le  place  entre  les  arbres  ifolés.  Les  piceas  font 
aujourd’hui  exclus  des  parterres. 

Les  piceas  s’élèvent  en  pyramide  , & fe  ton-- 
dent  comme  les  ifs  : on  peut  , fi  Ton  veut,  en 
former  quelque  paliffide,  mais  il  faut  avoir  atten- 
tion d’entretenir  le  bas  toujours  bien  garni, 

I î L Du  cyprès» 

Le  cyprès  ef!  un  bel  arbre  , qui  s’élève  fort 
haut;  il  ef^  touffu  deptiis  fon  pied  jufqu’à  fa  cime,» 
qui  fe  termine  en  pointe.  Son  bois  eft  dur  & de 
bonne  odeur. 

Les  cyprès  viennent  de  graines  qui  font  renfer- 
mées dans  leurs  fruits  ; elles  fe  fement  en  Automne 
dans  une  bonne  terre:  quand  les  plants  ont  acquis 
un  pied  de  haut , on  les  plante  en  pépinière  , en 
terre  bien  labourée,  &en  be'Ie  expofition  ; on  les 
arrofe  fouvent  jufqu’à  ce  qu’ils  foient  un  peu  forts. 

Les  cyprès  autrefois  écoient  plus  à la  mode 

qu’ils 


F L E U 11  î s T Eo  189 

ils  ne  le  font  aujourd’hui , qn  en  voyôît  des 
allées  entières  & des  palilTades  : mais  on  ne  fait 
pourquoi  on  feur  a préféré  l’if  & le  picen  : les  cy- 
près avoient  néanmoins  bonne  grâce  dans  nos 
jardins  \ c’efl  dommage  qu’on  les  en  ait  bannis: 
ilferoit  à fouhaiter  qu’on  les  y rappellât,  à caufe'^ 
de  leur  feuillage  , qui  eft  toujours  verd. 


CHAPITRE  XII. 

Du  charme  , & à quoi  rendu  propre  dans  U 
jardinage. 


Le  charme  ne  donne  point  de  fruit , mais  beau- 
coup de  femence , qu’on  recueille  en  Septem- 
bre , & qu’on  feme  prefqu’en  même-temps  , ou 
dans  îe  mois  d’Oélobre^  : lorfque  la  graine  eft  fe- 
mée  , on  la  couvre  de  terre  , puis  on  la  laiffi  ger- 
mer enfuite  ; & ,à  mefure  que  les  jeunes  plants 
croifTent , on  les  farcie,  & on  ne  dédaigne  point, 
durant  les  grandes  chaleurs  , de  les  arrofer  de 
temps  en  temps. 

L’année  fuivante  qu’ils  ont  été  fernés  , on  les 
leve  à la  Touflaint  pour  les  tranfplanter  en  pépi- 
nière , à deux  pieds  l’un  de  l’autre , fur  des  ali- 
gnements tirés  au  cordeau  ; là  on  les  cultive  de 
labours  , jufqu’à  ce  qu’ils  foienc  parvenus  à une 
hauteur  raifonnable  , qui  eft  depuis  un  jufqu’à 
dix  ou  douze  pieds. 

Le  charme  qu’on  cultive  ainfi  eft  ordinaire- 
ment deftiné  pour  les  jardins , & on  l’appelle 
J/.  Tartie.  N 


^90  Le  Jardinier 
charmille  de  grain  ; ce  ne  font  que  de  petits  brins 
enracinés,  guere  plus  gros  en  pied  que  le  petit 
doigt. 

Cette  charmille eft  préférable  , dans  les  plants, 
k la  charmille  de  foucke , qu’on  va  chercher  dans 
les  bois  ; ce  n'eft  pas  que , faute  de  charmille  de 
grain  , on  ne  puifîè  utilement  s’en  fer^ir  ; il  eft 
vrai  qu’il  en  périt  davantage  ; mais  lorfqu’on  n’en 
peut  avoir  d’autre  , il  faut  s’en  tenir  à ce  plant  , 
fauf  à en  recouler  dans  les  places  vuides. 

La  meilleure  charmille  eft  celle  qui  a l’écorce 
unie  , luifante  , & qui  eft  beaucoup  enracinée, 
La  charmille  vient  bien  en  toutes  fortes  de  terres; 
mais  mieux  ^ à la  vérité,  dans  les  bonnes  qiiedans 
les  mauvaifes , où  elle  eft  fu  jette  à fe  rabougrir. 

On  plante  la  charmille  en  rigoles,  qu’on  creufe 
îe  long  d’un  cordeau , à la  profondeur  d’un  fer 
de  bêche  , & les  brins  à trois  doigts  diftantsl’un 
de  l’autre.  C’eft  avec  la  charmille  qu’on  forme  les 
bofquets , & qu’on  fait  les  paülTades  dans  les  jar- 
dins : il  y en  a de  fort  hautes  , & d’autres  qu’on 
tient  à hauteur  d’appui  ; les  unes  font  entremêlées 
d’ormes,  de  tilleuls  d’Hoilande,  ou  de  marron- 
niers d’Inde  , & forment  ainfi  une  efpece  de  baie 
d’appui  ou  banquette  ; les  autres  font  Amples  , & 
fans  aucun  arbre  mêlé  parmi. 

La  charmille  eft  encore  d’ufage  pour  partager 
les  grandes  pièces  qui  fervent  d’ornements  aux 
jardins  ,*comme  patte-d’oie  , étoile  , falle  , fa- 
lon  , cloîtres  & autres.  On  verra  dans  les  def- 


fleuriste.  191 

feins  dont  cet  ôuvrage  eft  rempli , ce  que  c’eft 
que  ces  différents  ornements. 

Nous  commencerons  par  l’éroile,  afin  que  ceux 
qui  font  encore  peu  verfés  dans  la  pratique  des 
jardins  d’ornements,  conçoivent  ce  que  c’efl  que 
cette  piece  de  jardin. 

De  V étoile* 

Une  étoile  a des  allées  qu’on  ratifie  entière- 
ment , ou  qui  dans  le  milieu  font  garnies  d’un  ta- 
pis verd  , femé  de  graine  de  bas  pré  , ou  de  fain- 
foin  , qu’on  fauche  trois  ou  quatre  fois  l’année. 
A côté  des  peloufes  ou  tapis  verds  on  laiffe  des 
fentiers  larges  de  quatre  jufqu’à  huit  pieds , félon 
la  largeur  des  allées  ; on  les  ratifie  pour  les  déta* 
cher  des  tapis , & leur  donner  un  air  de  propreté 
qui  piaife. 

Les  paliffades  d’une  étoile  doivent  être  bien  en- 
tretenues & tondues  en  faifon  ; il  vaut  toujours 
mieux , lorfqu’on  les  tond , les  ferrer  de  près  avec 
le  croiffant , que  de  les  làiffer  évafer  : c’eft  ce  qui 
les  ruine  avec  le.  temps  ; au  lieu  qu’étant  gou- 
vernées comme  on  l’a  marqué , ces  paliffades 
durent  infiniment  davantage  , & ont  meilleure 
grâce  à la  vue. 

On  voit  comme  les  allées  dont  l’étoile  eftcom- 
pofée  forment  en  effet  une  maniéré  d’étoÜe  ; celle- 
ci  eft  ornée  dans  le  milieu  d’un  gazon  , avec  une 
figure  fur  un  piédefta!. 

N % 


2-92,  Le  jARHÎNîEît 
De  la  patte-d^oie. 

Lorfqu’une  patte-d’oie  efl  bien  tiree,  & qu’il  f 
a quelque  belle  avenue  qui  y conduit , on  peut 
dire  que  c’eft  un  ornement  fort  agréable 
pour  un  jardin  ; elle  eft  compofée  de  plusieurs 
allées  tracées  de  maniéré  qu’en  y arrivant  elles 
forment  à la  vue  la  figure  d’une  patte-d’oie  ; elle 
eil ordinairement  précédée  d’un  grand  tapis  verd^ 
ou  d’une  piece  d’eau,  avec  une  allée  tout  autour, 
& ornée  d’ifs  ou  de  marronniers  d’Inde.  On 
fait , comme  on  a dit , de  ces  pièces  féparées , ou 
mêlées  parmi  d’autres  , qui  toutes  enfemble  pren- 
nent le  nom  de  bofquet.  On  verra  par  la  plan- 
che qui  fuit  ce  qu’on  vient  de  marquer. 

Planche  IÎ. 

Cefi:  une  patte-d’oie  A , avec  des  maronniers 
d’Inde  ifolés  dans  le  ceintre  ; cette  piece  a pour 
ornement  un  baffin  ; delà  on  va  dans  une  étoile 
B , compofée  de  touffus  C , avec  des  renfonce- 
ments D , où  l’on  peut  mettre  des  bancs  pour  fe 
repofer  : on  voit  dans  le  milieu  une  piece  de  ga- 
zon circulaire  , accompagnée  d'une  figure  dans 
le  milieu. 

On  a dit  que  pour  planter  la  charmille  il  fallait 
la  rogner  environ  à un  pied  de  haut  ; mais  dans 
l’impatience  de  la  voir  bientôt,  & tout-d’un-coup 
même  à la  hauteur  qu’on  la  fouhaite  , l’indufirie 
des  Jardiniers  a trouvé  qu’on  pouvoir  planter 
cette  charmille  depuis  un  pied  jufqu’à  dix  ou  douze 


Il 


^acfe  S99 


FiIüRISTE.  293 

, deîiauteur.  Il  eft  vrai  que , durant  un  an  ou  deux , 
il  faut  foutenir  cette  charmille,  avec  un  treillage 
groffier  ; mais  lorfqu’eîle  eft  réprife  , & qu’elle  a 
été  conduite  comme  il  faut,  ce  treillage  eft  inu- 
tile 5 on  le  détruit. 

Ornements  particuliers  de  jardin  qtd®n  peut  for 
tner  avec  la  charmille. 

Galeries  en  arcades. 

De  tous  les  ornements  de  jardin  où  entre  la 
charmille  , il  n’y  en  a point  qui  foit  plus  beau 
ni  qui  ait  plus  de  grand  qu’une  galerie  en  arcade* 
Cet  ouvrage  , fans  doute  , n’eft  pas  d’un  appren- 
tif  Jardinier  ; il  demande  bien  des  foins,  un  génie 
particulier  pour  être  bien  conduit  : c’eft  par  le 
moyen  de  la  charmille  que  ces  galeries  fe  prati- 
quent ; &,pour  concevoir  comment  cela  fe  fait , 
voici  là-defTus  quelques  inftrüâionso 

Dans  cette  idée  on  s’aligne  d’abord,  & le  long 
de  ces  alignements,  qu’oii  tire  auffi  !ongs,qu’on 
le  fouhaite  , & qu’on  creufe  à un  fer  de  bêche  de 
profondeur , on  plante  b charmille  ainfi  qu’on  l’a 
déjà  marqué,  La  charmille  plante'e  de  la  forte  , 
eft  ce  qui  doit  faire  d’abord  le  fond  de  la  galerie, 
lorlqu’elle  a crû  à la  hauteur  qu’on  la  defire.  Il 
faut  la  planter  grande  , pour  avoir  pÎKtot  le  plai- 
fîr  d’en  jouir  : quelques  labours  de  temps  en  temps 
y font  d’un  grand  fecours. 

Quand  on  fait  des  galeries,  il  y a plus  de  pré- 
CâUtionsà  prendre  & plus  de  conduite  à obferver 

N 3 


2.94  Le  Jardtnif.  r 
qu’on  ne  croit , pour  en  former  des  arcades  d’im 
bon  goût. 

Une  galerie  en  arcades  de  charmille  doit  avoir 
dix  à douze  pieds  de  large  en  dedans , afin  qu’on 
puiflè  s’y  promener  plufieurs perfonnes  enfeinble , 
fans  être  gênêes,  & douze  à quinze  de  haut  ; cette 
hauteur  tn  fait  la  beauté  : chaque  pilaftre  des  ar- 
cades doit  avoir  dix  pieds  de  diftance  de  l’un  à 
l’autre  , & quelquefois  deux  toifes. 

Le  fond  de  la  galerie  étant  dreffé , comme  on  a 
dit , on  vient  à la  face  , on  plante  des  piquets  de 
diftance  en  dillance  pour  marquer  les  pilaflres, 
puis  on  plante  la  charmille  en  rigole,  comme  on 
l’a  dit , à la  hauteur  de  trois  pieds  feulement,  ce 
qui  forme  une  maniéré  d’appui  ou  banquette  tout 
du  long  de  la  galerie , & qui  femble  foutenir  les 
pilaftres , qu’on  peut  planter  d’abord  à la  hauteur 
de  huit  à dix  pieds. 

Mais,  pour  conduire  tout  cet  ouvrage  en  fa 
perfedion , il  faut  que  l’art  fupplée  à la  nature  , 
& que  tous  deux  enfemble  contribuent  à fa  beau- 
té. Pour  y parvenir,  on  drelTe  le  long  delà  char- 
mille un  fimple  treillage  en  arcade  , avec  des 
pilaftres  de  la  largeur  qu’on  fouhaite  leur  don- 
ner ; on  laiffe  ce  travail  jufqu’à  ce  que  la  char- 
mille , qui  les  compofe , foit  affez  forte  pour  fe 
foutenir  elle-même  : à mefure  que  la  charmille 
croît , on  en  conduit  artiftement  les  branches  le 
long  du  treillage , félon  la  figure  qu’elles  doivent 
donner  à l’arcade. 


J^larw/le  Z ■ 


*se=5r,îiÂ’5 


1 


F t K U R I s T ï.  CI95 

Quelque  temps  fe  pafTe  à donner  tous  ces  foins 
a la  galerie  ; mais , après  qu’elle  a pris  fa  forme  , 
& que  la  charmille  s’eft  fortifiée,  il  ne  refte  plus, 
à l’aide  des  cifeaux  , & quelquefois  de  la  fer- 
pette,  qu’à  lui  conferver  cette  forme  , & à bien 
conduire  les  pilaftres  & les  cintres,  lorfque  d’a« 
bord  on  a fu  les  former  comme  il  faut.  II  eft 
vrai  qu’il  faut  de  l’adrefle  & du  génie  pour 
gouverner  un  ouvrage  de  cette  nature  : il  faut  en 
voir  une  figure  pour  en  avoir  une  idée  plus  par- 
faite. 

Planche  III. 

I.  Galerie  en  arcades.  4.  Cintres  de  la  galerie, 

a.  Fond  de  îa  charmille.  5.  Appuis  ou  banquettes 

3.  Pilaflies.  de  charmilles. 

Comme  on  ne  dreffe  le  treillage  que  pour  con» 
duire  la  galerie  & lui  faire  prendre  la  figure  qui 
lui  convient  , auffi  ne  fe  met-on  guere  en  peine 
de  le  raccommoder  , s’il  vient  à manquer , durant 
toujours  afîez  pour  le  befoin  qu’on  en  a. 

l!  y a des  galeries  couvertes , & d’autres  qui 
ne  le  font  pas  ; les  premières  fe  couvrent  h l’aide 
d’un  treillage  à larges  mailles  , pofé  à plat , en 
maniéré  de  plancher,  au-defTas  desarcades,&  le 
long  duquel  on  conduit  les  branches  de  charmille. 
On  voit  d’autres  galeries  couvertes  naturellement 
par  tes  branches  d’arbres  plantés  dans  le  fond. 

La  charmille  fert  encore  pour  faire  d’autres  dé- 
corations de  jardins,  dont  on  parlera  dans  la  fuite; 

N 4 


s.$6  Le  J a r d I ïi  r e r 
comme  elle  eft  fort  fiijette  aux  hannetons  St  auï 
chenilles,  on  aura  foin  de  l’en  nettoyer. 


CHAPITRE  XIII. 


Du  chevre-feuille  , du  philaria  & des  alaternes-» 

r OMME  ces  trois  arbriiïèaux  font  employés 
^^  dans  le  jardinage  à un  même  ufage,  on  a cru 
n’en  devoir  faire  qu^un  feul  Chapitre. 

L Du  chevre-feuille» 

On  compte  de  deux  fortes  de  chevre-feuilIes  , 
le  chevre-feuille  commun^  autrement  dit  le  cher 
vre~ feuille  d* Allemagne  , & îe  chevre  feuille 
Romain  ; c’eft  le  plus  beau  & le  plus  rare. 

il  n’y  a rien  de  plus  aifé  à multiplier  que  le 
chevre*feuiîle  ; il  vient  de  marcottes  & de  bou- 
tures : on  ne  dira  rien  fur  les  boutures  ; on  a affez 
parlé  de  fa  maniéré  d’en  fayoir  profiter  ; on  peut 
y avoir  recours. 

Le  cbevre-feuille  fe  marcotte  -en  couchant 
fes  branches  en  terre  ; ce  qui  fe  pratique  ordi- 
nairement le  long  d’une  paîiffâde  qui  en  eft  entiè- 
rement formée  , & pour  remplir  quelque  vuide. 

Le  chevre  feuille  convient  à bien  des  chofes 
propres  pour  décorer  un  jardin  ; on  en  forme  des 
paliflades  , qui , lorfqu’.elles  font  bien  conduites  , 
donnent  un  grand  relief  à un  jardin  d’ornements, 
ou  à une  cour.  Cet  arbrifleau  vient  à l’ombre  com- 
me au  grand  foleîl , & dans  quelque  terre  qu’on 


Fleuriste.  197 

îe  puifTe  mettre  ; il  demande  à être  bien  garni  de- 
puis les  pieds  jufqu’à  la  tête. 

Cet  arbriffeau  eft  aulTi  très-propre  pour  cou- 
vrir des  cabinets  dans  de  petits  jardins  particuliers. 
II  n’y  a que  les  mouches-cantharides  qui  font  à 
appréhender  , par  la  mauvaife  odeur  qu’elles  don- 
nent , & auxquelles  îe  chevre-feuille  eft  fujet  ; 
mais  5 lorfqu’on  a foin  de  le  nettoyer,  on  paffe 
légèrement  fur  cette  incommodité. 

On  fait  encore  de  petits  buiflbns  de  chevre- 
feuille  qu’on  taille  en  boule , & qu’on  plante  au 
milieu  des  plates-bandes  de  parterres.  Il  eft  vrai 
que  cet  ornement  n’èft  plus  guere  à la  mode  ; on 
ne  fait  pas  pourquoi , finon  que  , pour  avoir  de 
la  nouveauté , on  fe  dégoûte  fouvent  des  beüés 
chofes  ; car  on  peut  dire  qu'un  chevre-feuilIe 
fous  cette  forme  écoit  d’un  grand-relief  dans  un 
jardin  d’ornements. 

Le  chevre-feuilJe  commun  n’eft  point  rare  ; on 
en  trouve  même  dans  les  bois  : on  en  éleve  dans 
les  pépinières,  principalement  depuis  qu’on  s’eft 
avifé  d’en  faire  des  paHfFades  ; fes  fîeurs  naiffent 
en  maniéré  de  tuyau  , évafées  , découpées  en 
deux  levres  , dont  la  fupérieure  eft  diviféeen  phi- 
fieurs  parties  ; celle  de  deftbus  eft  une  maniéré  de 
langue.  Son  bois  eft  dé  couleur  rougeâtre  ; fes 
feuilles,  qui  tombent' l’Hiver  , font  rondes  & 
d’un  verd  blanchâtre. 

Le  chevre-feuil  Pvomain  a la  feuille  plus  déliée  ^ 
& eft  plus  vif  en  couleur. 

N 5 


aÿB  Le  Jardin  r.  eîi 
I L Du  philaria* 

On  feme  le  philaria  ; c’eft  la  voie  la  plus  sûre 
& la  plus  courte  pour  en  perpétuer  refpece  t 
c"efl  pour  l’ordinaire  au  mois  de  Septembre  ou 
d’Odobre  qu’on  fait  ce  travail.  On  peut  le  faire^ 
venir  aufîi  de  marcottes. 

La  graine  de  cet  arbrifleau  relTemble  à un  petit 
noyau  : elfe  eft  fort  dure  ; c’efl:  pourquoi , avant 
que  de  la  feraer,  on  la  fait  tremper  dans  l’eau 
deux  fois  vingt-quatre  heures  : cette  méthode  en 
avance  la  végétation. 

On  éleve  cet  arbriffeau  en  pépinière  ; c’efl:  ainft 
que  le  pratiquent  la  plupart  des  Jardiniers  Fieu- 
rifles  qui  en  font  commerce. 

On  n’emploie  le  philaria  que  pour  faire  des 
berceaux  ou  des  paîiiTades  dans  un  jardin  ou  dans 
une  cour  > où  il  a très-bonne  grâce  : c’efl:  dom- 
mage qu’on  en  ait  aboli  l’ufage.  Cet  arbriffeau  , 
toujours  verd  > aurait  bien  valu  le  chevre- feuille, 
qu’on  emploie  fouvent  pour  le  même  effet  : la 
feuille  en  eft  petite  , luifante  & d’un  verd  foncé  ; 
elle  reffemblç  afleîz  à celle  de  l’olivier.  Il  garnit 
très-bien  les  endroits  où  on  le  plante,  pour  peu 
qu’on  apporte  de  foin  à le  conduire.  La  fleur  du 
philaria  eft  à une  feule  feuille , en  maniéré  de 
cloche , découpée  en  quatre  paFfiés. 

Cet  arbriffeau  a Ton  bois  noirâtre  j il  croît  fa-» 
cilement  ^ même  à l’ombre. 


FlEURISTEo. 
III,  Des  alaternes. 


m 


L’alaterne  eft  une  efpece  de  philaria  , félon  les 
Jardiniers  ; aufïï  s’élève- 1 -il  de  même , fans  autre 
myftere.  On  les  diftingue  pourtant,  en  ce  que  le 
philaria  a fes  feuilles  rangées  deux  à deux , au  lieu 
que  l’alaterne  les  a diipofées  alternativement. 

L’ufage  auquel  on  l’emploie  dans  les  jardins 
efî:  auiïi  tout-à-fait  différent , puifqu’on  le  met 
dans  les  plates-bandes  de  parterres,  tantôt  en 
buiffon  , tantôt  en  boule  , & quelquefois  fous 
une  autre  figure  , ou  cet  arbrifliau  a toujours 
bonne  grâce. 

L’alaterne  s’élève  auffi  en  cailTe , dans  une  terre 
à potager  bien  criblée , & mêlée  d’un  peu  de 
terreau  ; on  arrofe  l’alaterne  de  temps  en  temps 
principalement  dans  les  grandes  chaleurs  : on  le 
taille  avec  lescifeaux  de  Jardinier  , pour  lui  faire 
acquérir  les  formes  qui  lui  conviennent,. 

Sa  fleur  naît  en  maniéré  d’entonnoir  , à pa- 
villon découpé  en  cinq  pointes  , de  couleur  blan* 
che  & de  bonne  odeur  ; la  graine  dé  cet  arbrif- 
feau  eft  plate  fur  un  côté , & arrondie  fur  le  dos 
elle  eft  bonne  a recueillir  quand  les  baies  font  noi- 
res ; car  pour  lors  elle  a acquis  fa  maturité  parfaite^. 


3Û0  Le  Jardinîêr 

CHAPITRE  XI V. 

I?e  Vormc  \ & de  fon  emploi  dans  les  jardins  de 
propreté, 

VoîCî  un  arbre  qu’il  fembîe  que  la  nature  ait 
fait  naître  exprès  pour  donner  aux  jardins  , 
fous  differentes  formes , les  ornements  les  plus 
beaux  qu’on  pui-flè  inventer  , lorfq;ue  l’art  s’en 
veut  mêler. 

L’orme  vient  de  bouture  au  pied  des  grandis 
arbres  ; il  fe  multiplie  auffî  de  femence  : c’eff  au 
mois  d’Odbbre  qu’il  fe  feme  en  pleine  terre  , fur 
des  planches  d’abord  , puis  rannêè  fui  vante , lorf- 
que  !e  plant  eft  affèz  fort , on  le  leve  pour  le  tranf- 
planter  dans  une  autre  pépinière  plus  fpacieufe  , 
à deux  pieds  l’ün  de  Faiitre,  & fur  des  aligne- 
ments tires  au  cordeau  ; c’eff  dans  cet  endroit 
qu’on  le  îaiflè  croître , jufqu’à  ce  qu’il  ait fix  pieds 
de  tige,  & davantage  même , qu’on  le  prend  pour 
en  décorer  les  jardins. 

A mefiire  que  les  ormes  croiflent , on  doit  avoir 
foin  de  leur  faire  acquérir  une  belle  tige  ; 
c’eff  ce  qui  fart  en  partie  la  beauté  de  ces  ar- 
bres ;&  pour  cela  on  émonde  les  petites  brarxhes 
qui  naiifent  le  long  de  cette^tige  jufqu’à  rendroit 
où  la, tête  fe  doit  former.  Sùl  y en  a quelques- 
uns  qui  paroÜTenc  courbés  , on  leur  donnera  des 
appuis  pour  les  redreffèr  : on  y attache  la  tige 
avec  de  l’ofier  ^ ayant  attention  de  mettre  tou- 


P r.  B U-  î'  s T 2.  3or 

fours  l’appui  du  côté  du  dos.  S’il  y a dans  la 
pépinière  des  ormes  qui  rahougriffent , il  faut  les  ^ 
arracher , parce  qu’on  n’en  peut  rien  faire  de  bon, 
outre  qu’ils  dérobent  inutüemem  la.  noarriture 
aux  aiitreSo. 

L’orme  s’élève  fort  haut,  monte  droit,  & fe 
cultive  ainfi  qu’on  vient  de  le  dire  ; & , à Faide 
de  quelques  labours , ces  plants  croiflent  : lorfqu’Qii 
veut  planter  des  ormes  ,.il  faut  les  choifir  droits, 
avec  bonnes  racines  , & gros  comme  le  poigneto 
L’orme  fc  plaît  fort  dans  les  terres  fortes  & dans 
les  gros  fables  ; cet  arbre,  fe  plante  en  trou  dans 
les  endroits  qui  lui  font  deftinés  : il  a le  bois  fort 
dur&  Fécorce  un  peu  raboteufe;  fon  feuillage 
eft  petit , mais  très-touffu  : il  eft,  fort  fufet  aux 
chenilles  & aux  vers» 

Des  former  différentes  qiûon  peut  donner  aux 
ormes. 

On  emploie , comme  on  fait , les  ormes  à faire 
des  bofquets,  & à planter  des  allées  & de  gran- 
des avenues  ; mais  pour  faire  que  les  ormes  fer- 
vent d’une  décoration  aux  jardins  qui  en  releve 
extraordinairement  la  beauté  , on  forme  des  or- 
mes en  boule,  c’eft-à-dire  à tête  ronde  & touf- 
fue : e’eft  une  invention  moderne  , toute  des  plus 
curieufes , pour  empêcher  qu’ils  ne  bornent  b 
vue  dans  les  endroits  oîi  ils  font  plantés. 

Pour  parvenir  à cette  forme  qu’on  recherche 
dans  les  ormes  , ou  les  plante  la  tige  haute  de 
quatre'  ou  fix  pieds  j , à.mefure  qu’ils  croiflent  ^ 


502  Le  Jardïnîer 
il  faut  tous  les  ans  en  tondre  fi  bien  les  brancîie?^ 
qu’elles  forment  à Pextrémite  de  chaque  tige  une 
maniéré  de  boule  ou  tête,  qui , lorfqu’elle  a pris 
fa  rondeur  parfaite  , paroifTe  comme  un  globe 
pofé  fur  un  pied  , & de  deux  pieds  & demi  de 
diamètre. 

Pour  donner  un  pîus  grand  relief  à ces  ormes  ^ 
on  plante  tout  autour,  & dans  le  bas  de  la  tige^ 
un  petit  rond  de  charmille  , qui  ^ lorfqu’il  eft 
conduit  artiftement , forme  une  maniéré  de  vafe 
ou  de  pot  â ffeurs  fans  anfe,  dans  le  milieu  du- 
quel Forme  eft  planté. 

Les  ormes  en  boule  fe  plantent  en  allées  , ainfi 
que  les  autres , & dans  le  milieu  de  quelques  plates- 
bandes  bordées  de  gazon  : on  peut  mettre  un  if  ^ 
©uquelques  autres arbrifleaux qui  y conviennent  ^ 
©U  bien  y planter  une  banquette  de  charmille^. 
On  plante  aufïî  des  quinconces  entiers  d’ormes  en 
boules  ; on  en  peut  auflî  border  des  boulingrins. 
La  planche  fuivante  rendra  fenfibîe  toüt  ce  qu’on 
?ient  de  dire  là-defTus. 

Flanc  h e I V. 

C’eft  un  petit  jardin  enfoncé  , aux  deux  côtés 
duquel  eft  une  élévation  fur  laquelle  on  monte 
par  un  efcaiier  : cette  élévation  a huit  pieds  de 
large  : on  voit  deffus  régner  de  chaque  côté  du 
jardin  , & en  face  , une  rangée  d’ormes  en  boule  t 
on  peut  entre  deux  y placer  des  pots  ou  descaif- 
fes  rangées  alternativement. 

Bans  le  bas  de  ce  jardin  , & en  face  du  logis  ^ 


jardin  ^ & en  îace  , une  rangée  cTormes  en  Douic 
on  peut  entre  deux  y placer  des  pots  ou  descaif- 
fes  rangées  aîrernativemenr. 

Dans  le  bas  de  ce  jardin  , & en  face  du  logis  ^ 


FtEüRtSTE.  3OJ 

effi  un  petit  parterre  de  gazon  & de  broderie  p. 
au-delà  duquel  fe  voit  un  terrein  élevé. 

Portique  de  verdure  formant  une  galerie» 

On  peut  dire  que  l’induftrie  des  Jardiniers  n’eft 
jamais  montée  à un  fi  haut  point  qu’aujourd’hui  ; 
il  ne  faut,  pour  en  juger  , que  confidérer  les 
différentes  figures  qu’ils  fe  font  imaginées  pouvoir 
donner  I forme. 

Efi'il  rien  de  plus  beau  , & en  meme-temps 
qui  fente  plus  le  grand  , que  ces  galeries  de  ver- 
dure qu’on  voit  à Marly , & dont  forme  fait  la 
feule  matière.  Ne  faut-il  pas  aufii  avouer  que  p 
dans  tout  ce  qui  décore  ce  magnifique  jardin 
fart  y furpaffe  de  beaucoup  la  nature;  cependant 5 
de  quelque  pompeufe  idée  que  ces  ornements  de 
verdure  puiffent  nous  frapper , on  peut  dire  que 
la  maniéré  de  les  conduire  n’eft  pas  fi  difficile 
qu’on  pourroit  fe  l’imaginer. 

Une  galerie  eft  compofée  de  plufieurs  portiquess 
on  en  fait  autant  qu’on  en  fouhaite  , & félon  l’é- 
tendue qu’on  veut  lui  donner  : fi-tôt  qu’on  s’en 
eft  formé  le  déffein  , voici  comment  on  parvient 
à la  conduire  à fa  perfeéîion. 

II  faut  d’abord  faire  choix  des  ormes,  dont  îa 
tige  foit  fort  droite , point  noueiife  , & grolTe  de 
huit  à dix  pouces  de  tour  ; enfuite  on  plante  ces 
ormes  à huit  ou  dix  pieds  diftants  tes  uns  des 
autres  , & hauts  de  tige  feulement  de  fix  : voilà 
d’abord  ce  qu’il  convient  de  faire  la  première 
année. 


$04  L e J A-  K D ri^-  r ' E k 

La  fécondé  , que  ces  jeunes  ormes  on£  jettf 
de  nouvelles  branches  , on  en^  choifit  celles  qui 
s’élevenc  le  mieux  , & qui  font  plus  avantagea- 
îèment  placées  pour  conduire  le  pilàftre  auquel 
cet  orme  efl  deftiné  ; car  pour  lors  on  ne  doit 
plus  eonfidérer  les  branches  qui  naîtront  dans  îa 
fuite  fur  chaque  pied  d’orme , que  pour  des  pilaf- 
îres,  jufqu’à  une  certaine  hauteur  qui  fera  fixée  : 
tout  dépend  delà  conduite  des  branches  des  pre- 
mières années* 

Et  pour  les  bien  drefier , on  met  une  perche 
au  pied  de  forme  , qu’on  attache  à la  tige  y puis 
on  fait  monter  les  branches  tout  du  long. , les  y 
attachant  proprement  avec  de  Pofier  : cette,  con- 
duite de  branches  ne  doit  commencer  qu’à  qua- 
tre pieds  de  haut  9.  parce  que  cette  partie  d’en  bas 
doit  être  découverte. 

De  toutes  les  branches  qui  naiffent  la  première 
année  9 il  ne  faut  en  envifager  que  trois  ou  qua- 
tre des  plus  belles  tout  au  plus , pour  commencer^ 
à former  le  pilafire  ; l’égard  des  autres  , s’iL  y 
«n  a 9 & qu’elles  foient  trop  confufes , jl  faut  les 
fetrancher  9,  pour  donner  le  moyen  à celles  qui 
redent  de  fe  mieux  nourrir.  La  figure  fui  vante 
démontre  ce  qu’on  vient  de  direa.. 


Fil 

F igun  d'^m  orme  conduit  abord  avec  les  hranchM 
de  la  ^première  poujfe*^ 

A ^ tige  de  Forme  ; B ^ per- 
che , le  long  de  laquelle  on 
conduit  les  branches  ; C , bran» 
ches  de  la  première  poulîè , & 
comment  conduites. 

Ces  branches  venues  la  pre« 
miere  année  , & qu’on  fait 
monter  ainfi , doivent  être  ro- 
gnées prefqu’à.  l’extrémité  ; 
& , comme  il  faut  naturelle- 
ment qu’elles  en  produifent 
d’autres  qui  s’élèvent  plus 
haut  5 on  les  conduit  de  ma- 
niéré qu’éües  forment  une  tige 
plus  grofle  que  celle  de  deflbus  ^ 
comme  on  peut  le  voir  dans  !a  figure. 

C’efl  ici  que  s’imprimant  fortement  l’idée  du 
piîaflre  qu’on  veut  drefîer il  faut  faire  choix  dés 
nouvelles  branches  de  Tannée  fuivante  pour  les 
bien  conduire  5 de  maniéré  que  ce  pilafire  foit 
rond  : c’eft  pourquoi  on  rogne  celles  qui  s’em- 
portent à côté.  Ce  qu’on  vient  de  dire  ici  de  tou« 
tes  ces  branches , doit  fêrvir  de  réglé  pour  celles 
qui  naiffent  dans  là  fuite  , & jufqu’à  ce  que  îe 
piîaflre  fbit  parfait* 

Voici  un  autre  exemple  qui  fera  concevoir 
âifément  ce  qu’on  vient  de  dire^  dans  un  orme 
de  quatre  à cinq  anSe. 


3oâ  Lb  Jardimïïr 

Figure  d’un  orme  planté  y il  y a quatre  ou  cinf 
ans , & comment  conduit. 

A,  tige; B,  perche  qui 
fert  d’  appui  aux  branches 
qui  forment  le  pilaüre; 
C , comment  conduites. 

Sur  ces  deux  idées  éta- 
blies, & qu’on  peur  pouf- 
fer jurqu’à  la  hauteur  par- 
faite du  pilaftre , il  eft  aifé 
de  voir  que  toute  la  con- 
duite des  branches  ne  dé- 
pend que  du  génie  & d’une 
certaine  adreffe  de  la  main^ 
qu’on  peut  facilement  ac- 
quérir , pour  peu  qu’on 
veuille  y donner  attention. 

LorQ:jue  le  pilaftre  eft  enfin  parvenu  à la  hau- 
teur de  dix  pieds,  il  n’eft  plus  queftion  que  dé 
trouver  le  fecret  de  former  le  cintre  qui  doit 
achever  le  portique.  On  laiiTe  toujours  les  per- 
ches attachées  à chaque  pilaftre , afin  de  les  mieux 
foutenir  , & de  les  tenir  plus  droits.  Refte  à voir 
à préfent  comment  conduire  chaque  portique , 
de  maniéré  qu’ils  forment  tous  enferable  & de 
fuite  une  galerie. 

I!  faut  fuppofer  ici  quatre pilaftres  d’ormes  dref- 
fés  artiftementde  même  hauteur , placésenquarré^ 
& diftants  l’un  de  l’autre  félon  qu’il  eft  marqué. 

Ces  pilaftres  d’ormes  ainfi  plantés  „ avec  do 


! 


FllUHîSTï.  307 

I bons  appuis  , on  prend  de  gros  cerceaux  , on  les 
! pofe  en  croix  à l’extrémité  des  perches  ; on  les  y 
attache  fortement  avec  de  petits  liens  de  fer,  & 
de  maniéré  que  ces  cercles  ainfi  mis  repréfentent 
une  voûte  entre  les  quatre  pilaftres  : le  haut  de 
îa  voûte  doit  excéder  les  pilaftres  environ  de 
I quatre  pieds. 

Cela  obfervé , on  fait  tout  du  long  des  avant» 
corps  de  la  galerie  , d’orme  en  orme , & à l’ex- 
trémité des  pilaftres  , ua  cintre  de  treillage  fim- 
ple , foutenu  par  les  appuis  , qui  font  de  petits 
chevrons  ou  de  grolTes  perches  de  bateau  : ce 
I treillis  a deux  pieds  de  large  ou  environ. 

||  Quand  le  tout  eft  ainfi  accommodé  , que  les 
I ormes  jettent  des  branches  au-defllis  des  pilaftres^ 
ii  on  prend  foin  de  les  conduire  fur  les  cercles  bom- 
j bés  & le  long  des  cintres , de  maniéré  que  pas 
I une  de  ces  branches  n’en  gâte  la  figure  : c’eft  en 
i cela  que  fe  remarque  l’habileté  d’un  Jardinier, 
i Les  chevrons  ou  les  perches  qui  guident  ces 
!i  pilaftres  doivent  être  toujours  placés  dans  le  de» 
il  dans  de  la  galerie  , & jamais  à côté  , parce  qu’il 
il  eft  rare  qu’on  s’y  promene;  au  lieu  qu’on  ne  voit 
j les  portiques  rangés  tout  d’une  file , que  îorfqu’on 
j eft  dans  les  allées  , le  long  derquelles  ils  régnent, 
j II  faut  deux  rangs  de  portiques  pour  former 
I îine  galerie  ; & les  ormes  qui  forment  les  pilaf» 
très , font  dans  des  plates-bandes  ornéesentre  deux 
! d’ifs  & de  fleurs  de  la  faifon  : les  tiges  des  arbres 
!|  font  découvertes  d’environ  quatre  pieds  de  haut^ 


3ô8  Lg  Jârbinier 
& conduits  au-delTus  j comme  on  a déjæ  diî* 
Entre  chaque  arcade  & au  - delTus  , s’élève  une 
Hianiere  de  petit  vafe  taillé  avecrart^furune  bran- 
che qu’on  a îaifîe  échapper , & à l’aide  de  plu-  ' 
fieurs  autres  qui  y font  crues. 

Ce  qu’il  y a de  plus  particulier  dans  ces  beaux 
ornements  de  jardin  ^ c’eft  que  tous  forment  une 
voûte  auffi  longue  qu’on  la  fouhaite  avoir  , d’un 
beau  verd  dans  îa  faifon  : les  cintres  & les  pilaf- 
tres  doivent  être  peu  épais  & taillés  délicatement.  , 
C’eft  ordinairement  avec  les  cifeaux  du  Jardinier 
que  cela  fe  fait , ou  avec  la  ferpette  ^ félon  l’oc- 
cafioHr 

îl  efi  vrai  que  ces  ornements  demandent 
bien  du  foin  , principalement  dans  le  temps  que 
la  feve  agit  ; car  il  faut  fans  celfe  lier  , tantôt  les 
lîouvellesbranches , pour  garnir  l’arcade  , & tan-^ 
tôt  couper  celles  qui  naiffent  le  long  des  püaf- 
tres,.&  les  arrêter  à niveau  des  premières,- qui 
en  forment  la  rondeur  : c’eft  ainfi  que  par  ces  pe- 
tits foins  on  vient  à bout  de  former  un  portique, 
& de  conduire  une  galerie  à fa  perfedionv 
Mais  pour  rendre  î’idée  plus  complété  de  tout 
ce  qu’on  vient  de  dire  , voici  un  portique  fans 
feuilles  , fur  lequel  on  donne  à connoitre  toutes 
tes  parties  qui  le  compofent. 

Figure  d^un  portique  fans  feuilles. 

A,  tige  de  Torme  ou  piîaftre;  B,  perche  ou 
chevron  qui  leur  fert  d’appui  ; C , comment  con- 
duit ^ D , les  quatre  bouts  des  deux  cercles  o\à 


?■  X s Ü R I s T E..  '.309 

wrceaux  attackés  en  croix  aux  cjuatre  püaiires  p 
& qui  forment  une  voûte  j H , arcade  du  portique 
& treillage;  F .,  petits  vafes  taillées  de  chaque 
côté  de  l’arcade. 


i 


’i 


Sons  ta  gâterie  , & dans  toute  fa  longueur  ^ 
régné  pour  Fordinaire  un  tapis  de  verdure.  Ces 
riches  ornements  champêtres  fembîenc  ne  conve- 
nir que  dans  les  jardins  des  Princes  & des  grands 
Seigneurs  5 les  Partifans,  auxquels  l’argent  ne 


3Î0  Le  Jârbinîer 

coûte  guere,  &qui  les  veulent  copier,  pouf  roîenC 

s’en  donner  le  plaifir  , fi  bon  leur  fembloit. 

Planche  V. 

Galerie  complété  , avec  fa  verdure. 

Mais , après  avoir  donné  une  figure  de  ces  por- 
tiques fans  feuilles , il  n’efi  pas  hors  de  propos  de 
repréfenter  une  galerie  complété  avec  fa  verdu- 
re : celle-ci  fe  préfente  de  profil  & dans  un  terrein 
plat  ; aux  deux  côtés , & par  fymmétrie , fe  voient 
des  portiques  à un  feul  rang  ; elle  efi:  accompa- 
gnée dans  le  milieu  d’un  parterre  à l’Angloife. 

Colonnade  de  verdure. 

Ce  n’eft  pas  encore  affez  de  toutes  ces  différen- 
tes figures , fous  lefquelles  on  a montré  qu’on 
pouvoit  réduire  l’orme;  voici  encore  une  colon- 
nade de  verdure , telle  qu’on  en  voit  dans  les  jar- 
dins de  Marly , au  bas  de  la  première  terraffe , en 
defcendant  du  château, vers  la  grande  piece  d’eau. 

Cette  colonnade  eft  placée  fur  une  ligne  droite, 
les  colonnes  ont  environ  dix  pieds  de  haut  fur 
trois  de  tour  , y compris  un  pied  de  chaque  bout 
pour  les  bafes , chapiteaux  & filets  qui  y font 
marqués  : le  focle  ou  piédefial  de  chaque  colonne 
a un  pied  & demi , & la  corniche  un  pied  de  haut  ; 
le  pied  & la  bande  d’en  haut  de  chaque  colonne 
doivent  furpaffer  de  trois  pouces  ; & direâe- 
lîîent  au  - deflus  on  a pratiqué  des  vafes  compo- 
fés  de  petites  branches  artifteraent  rangées , & 
taillées  proprement. 


J*ian£fte  V/ 


. 3iq  . 


i'C  “ 

taillées  proprement 


Fleuriste.  311 

Et  pour  lier  les  colonnes  à un  bofauet , fi  on 
veut , ou  à un  mur  couvert  de  charmille  , on  fe 
fert  de  traverfes  ou  poutrelles  bien  tondues  en 
équarrilTemenr , fur  cette  idée,  & félon  que  la 
figure  repréfentera  la  colonnade  dont  il  y a une 
planche.  On  pourra  , fi  on  le  fouhaite , en  avoir 
dans  un  jardin,  & conduire  l’ouvrage  comme  on 
va  le  dire. 

i On  prend  un  orme  , on  le  plante  , on  ne  lui 
I lailTe  d’abord  que  trois  pieds  de  tige  feulement  ; 
au  bas  de  cet  orme  on  plante  de  la  charmille  un 
pied  & demi  en  quarré  ; c’eft  avec  quoi  on  forme 
les  focles  ou  bafes  des  colonnes.  Cette  charmille 
I néanmoins  doit  monter  encore  un  bon  pied  au- 
j defîus  de  chaque  focle , pour  garnir  la  tige  , où 
j il  n’y  croît  point  de  branches  qui  puilîènt  fervir 
I à former  la  colonne. 

Cet  orme  planté  félon  les  réglés  , & lorfqu’il 
; commence  à Jetter  de  nouvelles  branches  , on  les 
j conduit , comme  on  l’a  dit  , aux  portiques  : on 
plante  ainfi  plufieurs  ormes  de  fuite  fur  un  même 
alignement  ; on  leur  donne  huit  à dix  pieds  de 
I diftance,  & on  les  gouverne  tous  de  la  mêmema- 
j niere  , excepté  que  les  colonnes  ont  plus  de  dia« 
ij  métré  que  les  piîaftres  des  portiques. 

Lorfque  chaque  colonne  efl  parvenue  à la  hau- 
5,  teur  de  dix  à douze  pieds , compris  la  bafe  , & 
;|  que  la  charmille  qui  monte  le  long  de  la  tige  a 
)|  été  conduite  artiftemenr,  on  attache  au  haut  de 
il  l’une  & de  l’autre  de  ces  colonnes  une  perche^ 


Ls  Jardint?*®. 
îe  long  de  laquelle  on  tire  & on  arrange  de  pâtC 
& d’autre  des  branches,  qui  étant  tout  autour, 
forment  une  bande  de  verdure  d’un  très - bon 
goût , & groflès  comme  le  bras. 

Dans  le  bas,  & tout  le  long  des  colonnes,  pa-< 
roît  une  petite  banquette  de  charmille , à la  hau- 
teur du  piédefta! , qui  y eft  marqué  en  faillie  ; 
c’eft  auffi  de  cette  charmille  que  le  piédeftal  eft 
compofé  : au-deFus  de  chaque  colonne  s’élève 
une  boule  ou  un  vafe  compofé  de  branches  d’or- 
mes , qui  y fert  d’un  très-bel  ornement. 

Et  pour  lier  les  colonnes  , on  fe  fert  de  traver- 
fes  qu’on  attache  à chacune,  & à un  mur , ou 
autres  pièces  de  jardin  , éloigné  de  dix  pieds  de 
îa  colonade  : ce  mur  peut  être  couvert  de  char- 
mille ou  d’ifs,  ou  de  jafmins -communs  , mêlés 
de  chevre-feuilles  , pour  faire  une  variété. 

Toute  cette  conduire  regarde  l’induftrie  d’un 
Jardinier  , & dépend  du  cifeau  & de  la  ferpette. 
C’eft  aFez  parler  fur  cette  matière , la  planche  qui 
fuit  achèvera  de  rendre  fenfible  tout  ce  qui  fuit. 

Planche  VI. 

Figure  d^une  cohnnade  de  verdure. 

A , focle  ou  bafe  de  la  charmille  ; B , endroit 
jufqu’oû  monte  la  charmille  ; C , colonne  ; D , 
traverfes  qui  vont  d’une  colonne  à l’aiitre  ; E , 
poutrelles  qui  lient  les  colonnes  à d’autres  pièces 
de  jardin  ou  à des  murs  ; F , mur  garni  de  char-  ' 
mille  ; G , boules  ou  vafes  pratiqués  au-deFus  des 
colonnes.  - Rien 


A , focle  ou  bafe  de  la  cbarmiîîe  ; i5  , ciiv**x,.- 
jufqu’où  monte  la  charmille  ; G , colonne  ; D , 
traverfes  qui  vont  d’une  colonne  à l’autre  ; E , 
poutrelles  qui  lient  les  colonnes  a d’autres  pièces  ^ 
de  jardin  oa  à des  murs  ; F , mur  garni  de  char-  ' 
mille  ; G , boules  ou  vafes  pratiqués  au-delTus  des 
colonnes.  ■ R.en 


F t E Ü R ï s T E.  313 

. Rien  nVft  plils  riche  dans  un  jardiri  qu’une 
colonnade  bien  conduite  ; c’efi:  un  chef-d’œuvre 
de  Part  que  cet  ornement  de  verdure  *,  il  convient 
fort  dans  les  jardins  d’une  médiocre  étendue  : on 
en  peut  juger  par  1a  décoration  que  repréfente 
la  planché  qûi  fuir.  Ce  n’eft  pas  peu  de  chofp  de 
fâvoir  planter  & conduire  une  colonnade  juP- 
qu’à  fa  p.erfedion  : ainfi , quand  oh  y efî  parvenu  9 
!a  Jardinier  qui  en  eft  [’ouvriêr  ne  fe  fait  plus, 
qu’un  jeu  de  l’entretenir. 

pn  â cru,  pour  orner  cette  planche  , devoir 
y ajouter  quelques  autres  attributs  de  jardins 
d'ornements  ; c'^eft  pourquoi  on  a fuppbfé  cette 
colonnade  fur  une  îerraiîè  oîi  l’on  monte  par  un 
efcalier  orné  des  deux  côtés  d’une  figure";  & dans 
le  bas  de  cette  rerraîTe  on  y voir  un  grand  bafîin 
a trois  jets , accompagné  de  deujt  cafcades  & 
d^une  allée  de  mârrônniers-d’Inde  ; tout  cela 
ne  laiife  pas  de  produire  un  effet  afî'ez  agréable 
âvec  la  colonnade  , dans  le  milieu  de  laqiîelîe  on 
a pratiqué  une  efpece  de  portique  tout  ouvert  j 
au  milieu  duquel  on  a placé  une  figure  fur  un 
piédeftal. 

Quoique  ces  ornements  demandent  beaucoup 
de  foins,  & une  grande  induftrie  pour  les  dreffèr 
& les  conduire , cependant  ce  n’eft  pas  une  chofe 
qtîi  doive  rebuter  ün  curieux  , pour  peu  qu’il 
ait  de  quoi.  On  ne  fait  faire  de  ces  colonnades 
qu’autant  qu’on  en  fouhaité  , & on  peut  dire 
qui!  n’y  a rien  qui  enrichiire  plus  un  jardin. 

IL  Partie^  O 


3^4  ^ ^ Jardinier 


CHAPITRE  II. 


Du  tilleul  & de  fon  ufa^^e  dans  les  jardins. 

donne  différents  noms  à cet  arbre  : quel-' 
'^^ques-uns  le  nomment  tilleul  ^ d’autres 
lau  ou  tillot.  Il  y a le  tilleul  d^Jîollandc  & le 
tilleul  ordinaire. 

Le  premier  eft  aujourd’hui  fort  en  ufage  dans 
les  jardins  d’ornements  ; on  en  orne  les  bofquets , 
on  en  fait  des  allées  entières  : cet  arbre  donne 
des  fleurs  dont  Todeiir  eü:  fort  agréable , & des 
feuilles  très»larges,  qui  font  un  trèj-bel  ombrage» 

Quoique  le  tilleul  aime  la  terre  humide , nous 
voyons  néanmoins  qu’il  ne  laifle  pas  de  réuffir  dans 
les  terres  légères. 

Le  filleul  vient  de  femence  : on  en  fait  des 
pépinières  entières , & principalement  des  tilleuls 
d’Hollande,  parce  qu’ils  font  plus  recherchés 
que  les  autres , & qu’ils  ne  coûtent  pas  davan- 
tage à cultiver. 

Le  tilleul  commun  croît  dans  les  bois  ; c’efl 
delà , en  bien  des  endroits , d’où  on  le  tire  pour 
en  faire  des  plants  dans  les  jardins. 

îî  faut  chcifir  les  tilleuls  d’une  belle  tige , bien 
droite , ayant  flécorce  unie  & luifante  : ces  ar- 
bres fe  multiplient  très-bien  de  marcottes.  C’efl 
dommage  qu’ils  ne  font  pas  d’une  longue  durée , 
parce  qu’ils  fe  verfent  & fe  creufent  aifément  ; 
ils  viennent  promptement  ,&  ne  font  point  fu- 
jets  à la  vermine. 


F L E CJ  R î J T Ee 

On  fait  des  falles  entières  de  tiüeiiîs  ; on  en 
dfeffe  des  allées  & des  avenues  qui  font  un  très- 
bel  effet  dans  une  tnaifon  dé  campagne  : on  en 
couvre  des  berceaux  ; on  en  voit  auffi  de  très* 
bien  conduits  à Marly^ 

Lorfque  les  tilleuls  font  tondus  en  boule,  & 
que  le  bas  eft  entouré  d’ifs^  &:  de  rofiers  taillés  en 
forme  de  vafes  ou  de  cloclies  renverfées,  on  peut 
dire  que  quand  ces  rofiers  donnent  leurs  fleurs  , 
c’eft  un  coup  d'œil  charmant.  On  peut  encore 
planter  au  cordeau  des  tilleuls  , foit  au  milieu 
ou  à côté  des  grandes  allées  de  parterres  ; & , com- 
me il  ne  faut  point , dans  ces  fortes  d’endroits, 
d’arbres  de  haute  tige  , à moins  que  ce  ne  foit 
dans  des  jardins  d’une  vafte  étendue , on  taille  , 
fl  l’on  veut,  ces  tilleuls  en  maniéré  de  caiffes 
quarrées  , & on  les  empêche  de  pouffer  leurs  ti- 
ges 5 pour  les  faire  croître  & garnir  du  pied, 
Au-dêffus  de  ces  efpeces  de  caiffes  on  enfonce 
& onaffure  un  panier  rempli  de  fleurs  de  faifon 
ou  d’un  rofier  : ce  qui  fait  un  très-bel  effet. 


CHAPITRE  XVI. 
Du  hagnaudicr  & du  houx* 


feroit  à foiihaiter  que  l’ufage  de  bien  des 
'^arbriffeaux , qui  faifoient  autrefois  l’ornement 
des  jardins  , fe  fût  confervé  jufqu’ici  ; on  efî 
furpris  qu’y  faifant  un  fi  bel  effet , on  les  ait  ainfi 
négligés. 


Le  JARnENfER 

î.  Du  bagnaudier» 

le  bagnaudier  eft  un  arbriffeau  qui  s’élève 
âiïèz  haut  ; il  fe  multiplie  de  graine  , & fe  cul- 
tive au  refte  comme  Pif. 

Lorfqu’il  efl  parvenu  à une  hauteur  raifonna- 
ble  J il  fe  plante  dans  les  plates-bandes  de  par- 
terres : il  peut  fe  tondre  en  boule  ; c’cft  ce  qui 
en  fait  la  beauté,  fur-tout  quand  fa  tige  eft  belle, 
& que  fa  tête  efî  bien  garnie  dans  fa  rondeur. 

Le  bagnaudier  vient  auffi  de  marcottes  : il 
croit  chargé  de  beaucoup  de  feuilles  qui  tom- 
bent aux  approches  du  froid  : elles  font  d’un 
beau  verd  , blanchâtres  & velues  en  deffbus  : 
cet  arbriffèaii  produit  des  fleurs  qui  font  jaunes  ; 
fon  fruit  efl:  creux  en  dedans  , & tire  lur  le  verd  : 
fon  bois  efl:  clair. 

I î.  Du  houx» 

Nous  fommes  obligés  de  cet  arbriflèau  aux 
feuls  foins  que  la  nature  prend  elîe-méme  de 
l’élever  *,  il  croît  dans  les  bois,  à l’ombre  & dans 
les  brouflaj®^s  , d’où  on  le  tire  enraciné  , pour 
le  planter  dans  les  plates-bandes  des  grands  par- 
terres. 

Cet  arbrifleau  pafTe  pour  un  des  plus  beaux 
qu’on  cultive  pour  l’ornement  des  jardins  ; il 
monte  aflez  haut  : fa  beauté  confifle  en  ce  qu’iî 
efl  toujours  verd  , & qu’il  croît  fort  touffu.  On 
peut  en  élever  de  graine  , fi  on  veut  ; cette 
grains  efl  un  petit  olTelet , partie  rond , & plat 


Fleuriste*  317 

en  partie  : il  en  naît  plufieurs  dans  un  fruit  qui 
cfl:  mou  ; fon  bois  eft  fort  dur  , fes  feuilles  font 
denœlées , garnies  de  piquants» 

On  tond  ie  houx  en  boule  ou  en  pyramide  ^ 
& fous  ces  formes  il  produit  un  effet  fort  agréa- 
ble à îa  vue  : aujourd’hui  néanmoins  cet  arbrif- 
feau  eü  fort  négligé  dans  les  j'ardins  ; on  ne  !e 
confidere  plus  que  comme  un  arbre  fauvage  qui 
ne  mérite  pas  qu’on  le  cultive.  On  peut  s’en  fer» 
vir  pour  garnir  les  paliiTades. 


CHAPITRE  XVII» 


Qui  contient  une  récapitulation  en  peu  de  mots 
des  arbres  & arbrijfeaux  dont  on  a parlé  ^ & 
des  divers  ufages  qu^on  en  doit  faire  dans  les 
jardins^ 

a cru  devoir  ici  ^ pour  rintelîigence  des 
curieux  en  fait  de  jardins  d’ornements , faire 
une  breve  récapitulation  des  arbres  & arbriffeaux 
dont  on  a fait  mention  dans  cet  Ouvrage  5 pour 
en  marquer  les  différents  emplois  auxquels  iis 
font  particuliérement  deftinés. 

Les  arbres  les  plus  en  ufage  pour  les  avenues 
& les  grandes  allées  5 font  les  ormes  5 les  tilleuls 
d^HoUande  & les  communs  ^ les  marronniers  d^In* 
de  & les  ypréaux  : ces  derniers  font  moins  fré- 
quents que  les  autres.  Les  ormes  s’emploient  plus 
volontiers  que  les  autres  dans  les' grandes  ave- 
nues ^ foit  parce  qu’ils  durent  plus  long-teoips  ^ 

03,  • 


jao  Le  Jardinier 
dîfent  quelques  Auteurs  qui  ont  écrit  fur  le  Jar» 
dinnge  j la  charmille  a îe  défaut  de  ne  bien  venir 
que  dans  un  bon  terrein  fort  aéré  ; au  lieu  que 
rérable  croît  à Nombre  & par-tout.. 

Si  l’on  veut  faire  des  bois,  on  prendra  des  or- 
mes  , châtaigners  , hêtres  & charmes  ; & , pour 
planter  un  touffu  de  bofquet , ou  autres , on  fe 
fert  de  noifetiers , d’érables  , épines  blanches  ; 
& jeunes  ormeaux.  Il  y en  a qui  les  garnUIênt  de 
lilas  ^ fy  ring  as  ^ muguets  dehois  ^ autrementap- 
pellés  lis  des  vallées.  Voilà  affez  parler  des  ar- 
bres & arbriffeaux  qui  fervent  à rembelüffemest 
des  jardins  ; paffons  aux  arbres  verds , qui  ne 
les  déçorent  pas  moins». 

Nous  avons  les  ifs  , qui , par  leur  verdure 
perpétuelle  , donne^nt  du  relief  dans  les  lieux  ou 
ils  font  plantés  : il  faut  les  choifir  d’un  beau  verd 
foncé  très-vif,  & non  jaunâtre  ; c’eft  une  mar- 
que qu’ils  font  malades:  il  faut  les  lever  en  motte. 

Le  picea  fe  plante  dans  de  grandes  avenues  ou 
allées  , dreffées  dans  un  parc  : fi  cet  arbriffeau 
n’avoit  pas  été  fi  fujet  à fe  dégarnir  par  le  pied, 
il  aurait  pu  difpiiter  avec  l’if  la  préférence  dans 
les  parterres  ; mais  ce  défaut  çft  caufe  qu’on  l’on 
a entièrement  banni. 

On  fait  auffi  des  paliiTades  d’/^J  & de  philaria; 
les  premiers  font  aujourd’hui  plus  communs. 
Les  chèvrefeuilles  & les  jafmins  entrent  en- 
core dans  les  paliffades  i ils  y produifent  un  af- 
pcâ  fort  agréable  à h vue , de  même  que  le  lau-^ 


F r,  E U R T S'  T E«  30.1 

titr  ordinaire  8c  hlaiiriercerife.  Ces  arbres  font 
êoujours  verds  ^ ce  qui  en  fait  îe  mérite , fi  vous 
en  exceptez  néanmoins  les  jarmins  , qui  n’ont 
que  leur  bois  de  verd^.^:  dont  les  feuilles  tom^» 
bent  aux  moindres  approches  du  froid. 

~Lt  huis  de  la  grande  efpece  entroit  autrefois 
dans  les  paîifTades  ; mais,  outre  qu’iîefi  fort  long- 
temps à venir  5 il  a encore  une  odeur  fort  défa^ 
gréable  ; c’efi  pourquoi  on  s’en  efi  défait.  On 
voit  encore  d’anciennes  palÜTades  de  buis  qui 
fiibfiflent , & qu’on  conferve  religieufement  ^ 
qaoiqu’eHesfe  dégarnifTent autre  défaut  qui  n’eft 
pas  moins  confidérable  que  les  autres. 

A l’égard  du  buis  nain  ^ iî  eft  propre  pour  les 
parterres  : on  ne  peut  fefervir  de  l’autre  pour  cet 
ouvrage.  Le  buis  nain  doit  être  jeune , bien  che« 
velu , & nullement  altéré  ;;  ce  qui  fe remarque  îorf- 
que  la  feuille  eft  terne.  Telles  font  les  places  qu’on 
doit  deftiner  aux  arbres  &,  arbriffeaux  dont  on 
vient  de  parler  ; mais  voyons  encore,  ce,  qu’on 
peut  dire  fur  la.cuîture  de  quelques  autres  qui  ne 
font  point  encore  tombés  fous  notre  plume. 


CHAPITRE  XVII  î. 


3e  la  culture  de  quelques  arbres,  ù arbri£eau:^ 
fort  curieux» 

î;  Û A’.  L T H E A:  F R U.  T-  E X-  3, 

GUIMAUVE  R O y A E E. 
arbrifîèau  a le  bois  jaunâtre , & les  feuif-» 
femblables  à celles  de  la  vigne  ; il  donne 


31^  ï/  E J â R B I N î E n 
dés  fleurs  en  forme  de  clochettes , tantôt  blanche^^; 
tantôt  couleur  de  chair , qui  reffèmfalent  à celles 
du  volubilis.  Cette  plante  fe  multiplie  de  graine 
dans  une  terre  naturelle , fouvent  labourée  & 
bien  arrofée  : elle  ne  fleurit  que  quatre  ou  cinq 
ans  après  qu’elle  eft  femée.  Quand  cet  arbrilTeau 
€Û  dans  fa  perfeâion , & que  fa  fleur  , qui  dure 
fort  long-temps  , efl:  fortie  , c'eft  un  objet  char- 
mant à la  vue  : il  ne  craint  point  le  froid, 

L’althea  fe  tond  en  boule  , en  arbriffeau,  ou  en 
paîifTade  , & fert  d’ornement , foit  en  pots  , foi^ 
en  caiflès,,  ou  dans  des  plates-bandesdè  parterres^ 
Il  efl:  vrai  qu’aujourd’hui  il  n’efl  plus  à la  mode  ^ 
ce  qui  fait  qu’il  devient  rare  dans  les  jardins» 

IL  Du  troEne» 

©n  faifoit  autrefois  des  boules  & despaîîfladé^ 
avec  cet  arbrifleau  ; on  le  mettoit  auflfi  en  cailïê 
ou  en  pot , avec  une  tige  de  deux  pieds  pour 
foutenir  fa  tête  ; mais  on  en  voit  rarement  au« 
jourd’hui  : on  en  a négligé  Tufage.  Après  tout^ 
on  ne  croit  pas  avoir  perdu  beaucoup  dans  le  jar- 
dinage : c’èft  un  arbrifFeaû  dont  le  bois  efl:  blanc 
& uni , les  feuilles  oblongues  , étroites  , & d’un 
verd  pâle;  il  produit  des  fleurs  blanches  : elles  ont 
peu  d'odeur.  Letroëne  vient  de  graine,  & fe  rauî» 
tipîic  de  marcottes  , comme  le  grenadier.  Yoyes 
page  250» 

ï î L Du  cytift^ 

C’eft  un  arbrisseau  que  quelques-uns  appellent 


F I E U R ï s T E « JI  3 

ûrlfoUum  , une  efpece  de  trefle  , parce  que  fes 
feiiiües  naiffent  trois  à trois  le  long  des  tiges  ; 
elles  font  petites,  rondes  , &d’uil  verd  agréable: 
y a le  boks  rougeâtre  , & donne  une  fleur  jaune* 
Ce  cytife  efl  une  plante  vivace  qui  ne  fe  déplante 
point;  fes  feuilles  tombent  en  Automne  : il  peut 
fervir  d’ornement  dans  des  plates-bandes  d’un  par- 
terre , ou  bien  en  cailTes  ou  en  pots.  II  lui  faut 
une  petite  tige  d’environ  deux  pieds  de  haut  pour 
foutenir  fa  tête.  On  le  multiplie  de  rejettons  en- 
racinés , ou  bien  on  le  marcotte.  On  a jufqu’ici 
a(Tez  parlé  de  ces  maniérés  de  cultiver  les  plantes^» 
fans  qu’il  foie  befoin  d’en  rien  dire  davantage® 

IV.  De  Vàrhre  de  Judée  de  Juda» 

Cet  arbriiïeau  a le  bois  rougeâtre,  la  feuille 
femblable  à celte  de  l’abricotier  ; elle  tombe  l’Hi- 
ver : l’efoece  fe  perpétue  de  graine  , de  marcotte 
©U  de  bouture  ; il  produit  des  fleurs  ronges  quk 
font  très-belles,  & qui  le  font  rechercher  par  les 
curieux  : il  croît  bien  en  pleine  terre , & y vient 
même  fort  beau  , pour  peu  qu’on  ait  foin  de  lui 
donner  quelques  labours.  On  lui  fera  acquérir  une 
belle  tige  , une  tête  ronde  & bien  garnie, 

V.  Du  Ientifque\^  comment  le  cultiver,. 

Ee  îentirque  efl:  un  arbriffeau  qui  vient  de  mar*^ 
cottes  ou  de  rejettons  enracinés  : fes  ffeuilles  reP 
femb-ent  à ce’lës  du  piïlacber  : il  efl  toujours 
verd  , & produit  des  fl:  urs  & des  fruits  qui  font 
fQuges  & d’une,  odeur  affoz  forte  : fon  bois  ©Æ 


^14  ^ ® J A R Di  I N î E R 

gri^âtrCft  Cet  arbriffeau  ne  fe  fait  guere  voîr  dan€ 
nos  jardins  ^ quoique  néanmoins  il  pourroit  y oc- 
cuper une  place  5 foie  en  pots  ou  en  cailTes  , afin 
de  pouvoir  le  mettre  dans  la  ferre  THiver  , à 
caufe  de  fa  délicateiTe. 

V I.  De  Vamomum^  maniéré  de  te  cultiver^ 

C’eft  un  arbufle  qui  frappe  agréablement  les 
yeux  ; il  aja  feuille  longue  & d’un  ver d foncé  ; 
fon  bois  efl:  brun  ^ il  donne  une  fleur  blanche  > 
& un  fruit  rouge  & rondxomme  une  cerife.L’a- 
momum  ft  multiplie  de  graine:  il  faut  Télever 
en  caiffe , parce  qu’il  efl:  fujet  à geler  ; Grtôt  aulQ 
que  l’Hiver  approche  , on  le  met  dans  là  ferre 
pour  le  conièrver  : il  y garde  fes  feuilles  & fes 
fruits,  & ne  s’en'  dépouille  qu’au  Printemps  pour 
en  produire  de  nouvelles  : fa  tige,  a ordinaire- 
ment  deux  pieds  de  haut» 

VIL  Du  teonurus  y fà  culture ê 

Cet  arbrîfleau  croît  allez  bas  : il  a la  feuille  lon- 
gue & étroite  , le  bois  grisâtre  ; il  donne  une 
fleur  rouge  qui  efl:  fortbelle  : on  le  plante  en  caifTe , 
parce  qu’il  craint.le  froid , & qu’il  faut  le  mettre 
dans  la  ferre  pour  î’en  garantir  ; il  vient  de  bou- 
tures ainfi  que  de  marcottes» 

VIII.  De  Vemenis  ou  fyturidaca, 

H a la  feuille  à-peii»près  femblable  à celle  du 
jafmin  commun,  & d’un  même  verd  ; die  tombe 
m(Ti  aux  approches  de  l’Hiver  : fa  fleur  efl  jaune, 


F t E tï  R t s T K».  J%i' 

& fon  bois  verdâtre.  Il  vient  de  rejettons  enra** 
cinés  ; on  peut  le  marcotter  9^  fi  on  veut.  Cet 
arBufte  eft  aifé  â conduire  ; on  en  fait  des  boules 
gu’oîî  plante  en  pleine  terre  parce,  qu'il  n’eft 
point  fufceptible  de  geîéè. 

La  plupart  de  ces  arbrilTeaux  font  rares j parce 
qu’on  en  a négligé  la  culture;  les  goûts,  en  ma® 
tiare  de  jardinage  , ont  change  : peut-être  que  Pu?- 
fage  en  reviendra  , c’eft  pourquoi  on  a été  bien 
sife  tf'en  dire  quelque  chofe  ; car  dû  rnoins , fi  ce* 
qu’on  en  dit  eft  inutile  à prêtent  pour  la  décora- 
tion des  jardins  d’ornements  ,,  les  Botaniftes  y 
pourront  trouver  quelques  inftrudions  pour  là 
culture  qui  concerne  ces  arbrilTeaux.  Continuons» 

ÎX.  jOc  P arbre  de  Sainte’- Lucké 
Cet  arbre  ne  doit  point  être  oublié  dans  nos 
lardins;  c’eft  un  des  plus  beaux  qu’ily  ait  pour  îà 
fleur  ; il  en  donne  en  abondance  : elle  dure  plus 
de  fix  femaines , avec  une  odeur  admirable  , & 
qui  embaume  les  jardins  oh  on  le  plante* 

Cet  arbre  eft  rare  en  nos  climats  il  feroit  î 
foühaiter  qu’il  y devînt  plus  commun  : il  fegrefre 
giî  écuiîbn  fur  le  merifier.  Voyez  commentfe  fait 
cette  grelïe  au  chapitre  des  grenadiers,  page  a5o. 

L’arhte  de  Sainte-Lucie  croît  fort  haut , & 
pourroît  .très-bien  contribuer  â compofer  des 
pièces  de  jardin  d’ornements,  foit  falles  ou  bou- 
lingrins; mais  , encore  un  coup,  il  faudroit  que 
çeü  arbre  fût  moins  rare  : il  lui  faut  une  bonne 
terre  potagers 


flê  Z E T A 31  ® î r E « 


X.  De  Vai^edarac  ou  acacie  Egypte 9. 

C’eft  un  arbre  fort  beau , & qui  croît  afTez  hau  t; 
il donne  une  fleur  femblable  à celle  de  l’arbre  de 
Judée  ; mais  on  Feftime  davantage , parce  qu’elle 
a Fodeur  bien  plus  agréable. 


CHAPITRE  XIX. 

Du  marronnier  d^Inde  & de  Vacacia» 
ï.  Du  MARRONNIER  b’  I N D E. 
ET  arbre  nous  ef!  venu  d’abord  des  Indes 


Orientales  ; le  premier  fut  planté  dans  le  jar- 
din de  Boîs-Jancî  en  Provence  ; on  en  a depuis 
tant  multiplié  Pefpece  , qu’aujourd’hui  il  y en  a 
prefque  par  toute  l’Europe.  C’efl:  un  arbre  qui 
donne  un  bel  ombrage  ; car  fon  feuillage  eft  fort 
large  & très- beau  : fes  fleurs  font  en  forme  dê 
pyramide;  il  ale  bois  caffant  très- tendre. 

Le  marron  nier  d’Inde  croitpromptement , & 
bien  droit;  mais  il  ne  monte  pas  fort  haut,  & 
m dure  pas  Iong-:emps  : il  eft  des  plus  faciles  à 
élever;  on  en  fait  des  pépinières  entières  ; il  vient 
de  femence  c’eft  le  plus  court  chemin  , & croît 
très-bien  dans  toutes  fortes  de  terres.  Voici  en 
peu  de  mots  comment  on  peut  réleverc 

On  ruppofe  un  efpace  dé  terre  plus  ou  moins 
grand , en  quelque  expofinon  que  ce  piiiflè  erre , & 
Jabouré  tout  à Tuni;  cela  fait , on  prend  un  cor-*" 
deau  5 le  long  duquel  ob  fait  des  trous  au  plaîSr 


F t E R î s *f  31^ 

ftoîr , \ deux  pieds  éloignés  Pun  de  l’autre  , dans 
îefquels  on  met  les  marrons  ^ qu’on  couvre  de- 
terre  : on  en  plante  ainfi  autant  de  rangées  qu’on 
le  fouhaite  : c’efl:  au  mois  de  Novembre  qu’on  fait 
cet  ouvrage  , ou  à la  fin  de  Février®. 

La  première  année  que  les  marrons  font  levés  3 
©n  fe  contente  de  les  fer  fouir  légèrement  pour  en 
bannir  les  méchantes  herbes  qui  les  feroient  lan«» 
guir  : les  années  fuivantes  on  leur  donne  des  la^ 
bours  plus  profonds,  jufqu’à  trois  ou  quatre^ 
depuis  le  mois  de  Mars  jufqu’en  Septembre® 

La  principale  vue  qu’on  doit  avoir  lorfqu’ôHî 
éleve  des  marronniers  d’Inde , eft  de  leur  faire^^ 
acquérir  une  belle  tige  : ce  n’eft  que  par  cet  en- 
droit qu’on  les  eftime®. 

Lorfque  les  marronniers  d’Inde  ont  huit  â dim 
pieds  de  haut , & qu’on  les  juge  aflez  gros  pour 
en  faire  des  plants,  on  s’en  fert ,,  ou  on  les  vend  ; 
il  faut  pour  lors  tes  déplanter  avec  plus  de  racine, 
qu’il  eft  poffible  , & les  replanter  dans  des  troi^ 
de  trois  pieds  de  large  fur  tous  fens,  & de  deux 
de  profondeur®. 

On  a affez  parlé  au  chapitre  XVII , page  3^o  g, 
de  l’ufage  qu’on  pouvoir  faire  des  marronniers 
d’Inde  dans  les  jardins  , il  eft  inutile  de  le  répé® 
1er  ici , on  les  plante  à deux  toifes  i’un  de  l’autre, 

1 1®  I?e  Vacacm^ 

Cet  arbre  , quoique  venu  de  fort  loin  ( 
mérique  ) ^ s’eft  fort  bien  accoutumé  aux  climats 


ta  J A R i>  I N r B ît 
les  plus  tempérés  , de  maniéré  qu’il  y ef!;  dev^W 
très- commun».  , * 

On  â vu  autrefois,  & particuliérement  dans  h 
Bouveauté,  qu’on  élevoit  des  acacias  en  bien  plus 
grande  abondance  qu’on  ne  fait  aujourd’hui.  Cet 
arbre  croit  alTez  haut,  ii  a les  feuilles  petites,  ce" 
qui  fait  qifil  donne  peu  d’ombrage;  on  a vu,  & 
©n  voit  encore  en  quelques  endroits  ^ des  allées 
entières  plantées  d’acacias;on  en  conflruifoitmême 
des  berceaux;  & comme  on  veut  jouir  prompte- 
ment de  ce  qu’on  cultive  , on  trouvoit  en  partie 
dans  ces  ombres  ce  qu’on  recherchok,  parce  qu’iî 
eroît  vite..  Ajoutez  que  fes  fleurs  , quoiqu’elles 
durent  peu  , font  très-belîes  , & qu’elles  exha- 
lent une  odeur  très-agréable  dans  le  Printemps^ 
C’efl  pourtant  donamage , avec  tous  ces  avanta- 
ges, qu’on  n’aiî  pu  s’en  accommoder  dans  la 
fuite  , parce  que  la  tête  de  cet  arbre  eft  fu jette  a 
fe  dégarnir  , & qu’il  faut  de  temps  en  temps 
Fétêter  ; ce  qui  eft , pour  celui  qui  veuten  jouir , un 
défagrément  infbpportable  ,.&:une  grande  difFor- 
mité  dans  l’arbre.  Son  bois  eft  dur  & raboteux.- 
i’acacia  vient  de  femence,  ; il  fe  cultive  de 
même  que  !e  marronnier  dlInde.  On  peut  mettrè, 
fl'  on  veut,  quelques  acacias  dans  de^  grandes 
cours  , pour  refpirer  dans  le  temps  ,/I’agréabIt 
odeur  dont  les  fleurs  rempliflènt  l’air  dans  la 
nouvelle  faifon*  Cet  arbre  porte  des  fleurs  qui 
font  çhacuue  à une  feulé  feuillè,  remplie  de  beau- 
coup d’éiamines , & ramafleé  en  une  petite  tête  t 


Fleuriste.  319 


îa  graine  eft  un  peu  ronde.  Voilà  tout  ce  qu’oîi 
peut  dire  de  ces  deux  arbres. 


CHAPITRE  XX. 
Ses  différentes  efpeces  de  lilas,. 


Le  îiîas  efl  une  plante  qui  croît  aifemenî  : il  y 
en  a de  deux  efpeces , favoir  ^ îe  lilas  commun 
Sc  h lilas  de  Perfe. 

I,  Du  lilas  commun* 

te  îilas  commun  croît  en  toutes  fortes  de  ter- 
res ; il  fe  multiplie  de  drageons , comme,  de  mar- 
cottestona  aifez  parlé  de  la  maniéré  de  ma'*cotter 
les  arbufles  9 fans  qu’il  foie  befoinici  d’en  rien  dire 
davantage  : on  peut  y voir.  On  plante  des  allées 
de  îilas , on  en  fait  des  cabinets  ; autrefois  on  en 
mettoit  en  builTons  dans  les  plates-bandes  de  par- 
îerres,  qui  y faifoknt  un  affez  bel  effet  ; mais  les 
goûts  ont  changé  là-deffus.  On  a dit  encore  Tufa- 
ge  qu’on  en  faifoit  ailleurs  àla  page  256^  on  peut 
y voir,  La  fleur  du  Iiîas  efi  bleue  ou  blanche  5 & 
forme  une  efpece.de  longue  grappe  ; elle  a l’o- 
deur très -douce  & fort  agréable  : fes  feuilîes=9 
qui  tombent  en  Hiver  > font  longues  & poin- 
tues ; fon  bois  eil  blanc. 

Qu’on  mette  le  îilas  en  palifTade  ou  en  touffe^ 
îî  faut  qu’il  foit  bien  garni  depuis  le  pied  jufqu’l 
la  tête.. 

1 1.  Du  lilas  de  P erfe* 

C’efï  na  irbriffeau  qui  ne  fe.  multiplie  que 


^^6  Z s Jakbïnîee 
snarcottes  ; on  en  plante  dans  les  plates  - bandéf 
de  parterres  ; on  le  taille  en  biiilïbn  ou  en  globe 
pol'é  fur  une  tige  , eievée  environ  d’un  pied  ou 
un  pied  & demi.  Le  lilas  de  Perfe  croît  fort  bas  : 
fa  fleur  relTemble  à celle  du  lilas  commun  ; mais 
elle  efl  plus  mignonne  , ainfi  que  fa  feuille:  on 
î’éleve  aufli  en  caifle» 

CHAPITRE  XXL 
JDu  buijjhn  ardent* 

^ E T arbriffeau  efl  agréable  ; il  croît  natbref» 
lement  parmi  les  haies , c’efl  pourquoi  fa 
culture  ne  nous  porte  pas  à des  confidérations 
bien  grandes  : toutes  fortes  de  terres  lui  convien-» 
lient , ainfi  que  toutes  fortes  d’expofitions. 

Son  ufage  , dans  les  jardins , confifle  à en  for- 
mer des  paliffades  qui  font  très-belles  , d’en  faire 
des  haies  d’appui  , & d’en  orner  les  cours  , où 
l’on  veut  que  la  vue  foie  frappée  de  tout  autre 
objet  que  de  murs  découverts  ; c’efl  pourquoi  il 
efl  néceffaire  qu’il  foie  bien  garni  depuis  le  pied 
Jufqu’àla  tête. 

Cet  arbriiFeaii  efl  très-propre  pour  les  ouvra- 
ges de  cette  nature  : mais,  pour  y donner  de  l’a- 
grément , ir  faut  l’y  accommoder  artiflement , 
c’efl-à-dire  , que  toutes  les  branches  en  tombent 
I plomb  , après  les  avoir  attachées  à un  treillage 
fait  exprès® 

te  bois  du  buiffon  ardent  efl  n§t  & garai  d® 


ï 

Fleuriste.  331 

ipiqusnts  : fa  feuille  reffemble  à celle  du  poirier 
Ij  fauvage  ; fes  fleurs  font  compofées  de  plufieurs 
||  feuilles  difpofées  en  maniéré  de  rofe  : elles  font 
||  de  la  couleur  d’un  jaune  rougeâtre.  Sa  graine  efi 
jij  dans  fon  fruit , qui  efl  prefque  rond  & tout  rou- 
îj  ge  : il  fubfifte  tout  le  long  de  THiver  ; ce  qui 
l|  fait  paroître  cet  arbriffeau  de  fort  loin  , & com- 
' I me  plein  de  feu  ; c’eft  en  partie  ce  qui  en  fait  la 
5i  beauté. 

I i 

C H A P î T R E X X I I. 

! De  la  coulevrée  & de  ta  vigne  - vierge^ 

II.  D E L A C O ü L E V R É E. 

ITTE  plante  fe  multiplie  de  femence  & de 
racines  éclatées  : elle  croit  heureufement  en 
toutes  fortes  de  terres. 

ta  coule vrée  eft  propre  pour  garnir  en  p^a 
de  temps  des  cabinets , & pour  faire  un  efpalier  ; 
die  convient  aux  petits  jardins  d’Artifans  : on 
; en  met  dans  des  cours  y ppur  y ftrvir  de  verdure 
? & d’ornement. 

' Quand  une  fois  elle  a été  femée  ou  plantée , elle 
refie  long  - temps  en  terre , fans  qu’il  foit  befoin 
> de  lui  en  fubflituer  d’autre. 

La  coulevrée  eft  fort  rameufe , & poulTè  des 
; tiges  fort  grêles  : c’eft  pourquoi  on  les  conduit 
1 fur  des  cabinets  conftruits  d’un  gros  treillage^ 
il  ou  le  long  d’un  mur  ; fes  feuilles  forment  un 
alfez  beau  couvert  ; il  y a,  beaucoup  4e  cabarets 

j 

'i 


332»  Le  Jardinte» 

qui  en  ont  leurs  cours  & leurs  jardins^  garnis 

C’efl  une  plante  qui  croît  vite, 

Elîe  a îes  feuîîîes  femblables  à celles  de  là  vi 
gne , hors  qu’elles  font  plus  petites  , velues  , ru 
des  au  toucher  , & blanchâtres  , fes  fleurs  naif 
fenten  maniéré  de  cloches  découpées  en  pluficuri 
parties  : fa  femence  efl:  un  peu  ronde. 

î î.  De  la  vigne^vierge* 

ta  vigne -vierge  eft  aifez  en  ufa^e  aujour- 
d’hui ; on  s’en  fert  pour  couvrir  la  difformité 
des  grands  murs  , puifque , quelque  hauts  qu’ils 
puiffent  être  , elle  les  furpalle  toujours  en  peu  de 
temps.. 

Cette  plante  eft  vivace  , & fe  multiplie  de 
plants  enracinés  ; l’afpeâ:  qu’elle  donne  eft  fort 
agréable  : les  cours  fondes  endroits  qui  lui  con- 
viennent le  mieux  , encore  ce  ne  font  que  les 
cours  des  mailons  des  particuliers  ; on  ne  l’efti- 
me  point  allez  pour  être  mife  dans  un  jardin 
d’ornements  , quoiqu’on  en  voie  néanmoins  en 
quelques  endroits* 


CHAPITRE  XXII  L 
Du  huis^ 


Ï L y a quatre  fortes  de  buis  ; le  premier  eft  îe 
grand  huis  , qui  croît  à la  hauteur  d’un  ar- 
bre ; le  deuxieme  eft  le  buis  nain  de  la  grande 
êfpece  ; !e  troiCeme  eft  le  buis  Artois  ; &.le 


etmer 


y I E ü H î s T E*  33} 

îe  huis  panaché*  lîs  .donneüt  de  la 


jraine , mais  on  aime  mieux  les  faire  venir  de 
>ouîure, 

L Du  grand  buiSo 

Le  grand  buis  n’eft  d’aucun  ufage  dans  les  jar-» 
dins  : fon  bois  eft  employé  à beaucoup  d’ouvra- 
ges , & fore  recherché  par  les  Ebéniftes  : H eft 
dur  & de  longue  durée  ; & rorfqu’iî  pafTe  par  les 
mains  d’habiles  Ouvriers  ^ on  peut  dire  que,  fous 
quelque  figure  qu’on  le  puiffè  mettre  , il  eft  tou- 
jours fort  poli  & très-agréabîe.  Le  buis  eft  très- 
propre  pour  la  gravure , c’eft  pourquoi  les  Gra-  . 
ki  veurs  !e  recherchent. 


I L Du  buis  nain  de  la  grande  efpece. 

On  dreffbit  autrefois  des  paiiflades  de  ce  buis  | 
on  s’en  fervoic  pour  les  parterres,  on  en  plan- 
loit  dans  les  plates-bandes , qu’on  tailloit  en 
boiftbn  ; mais  comme  tous  ces  ornements  de  jar- 
dins font  de  trop  longue  haleine,  on  les  a négli-- 
gés  dans  le  jardinage.  C’eft  de  ce  buis  aufliqu’orî 
fait  des  boules  qu’on  plante  en  caiffe , & qui  fer- 
vent d’ornements  de  boutiques  à la  plupart  des 
vendeurs  d’eau-de-vie.  On  voit  néanmoins  de 
ces  buis  en  boules  faire  un  très-bel  ornement  tout 
îe  long  du  fer  à cheval  du  jardin  des  Tuilleries» 


III.  Du  huis  Artois» 


Quant  au  huis  Artois  , on  s’en  fert  pour  îes 
parterres  ; rien  n’eft  fi  propre  pour  îa  broderie  ; 
ce  buis  croît  par  touffes  baflès  , & pullule  beau- 


354  Jardïnikr 

coup.  Il  fe  multiplie  de  racines  ; on  en  drefle  des 
pépinières  entières. 

Lorfque  le  buis  eft  planté  dans  les  parterres  , 
& à mefure  qu’il  croît , on  a foin  de  le  tondre 
avec  les  cifeaux.  Nous  parlerons  plus  amplement 
de  la  maniéré  de  planter  le  buis  dans  l’article  des 
parterres. 

I V.  Du  buis  panaché. 

Le  buis  panaché  n’elt  de  nul  ufage  dans  les  jar^ 
dins  de  propreté  ; on  ne  s’en  ibrt  dans  la  Botani- 
que que  pour  montrer  les  différentes  efpeces  de 
buis  ; car  au  refte  , la  variété  des  couleurs  qui 
régné  fur  fes  feuilles  n’a  pas  alTez  de  force  pour 
détacher  de  la  terre  la  broderie  qu’il  pourroit  for- 
mer ; c’eft  auffi  pourquoi  on  croit  qu’on  n’en  a 
point  voulu  établir  l’ufage. 


CHAPITRE  XXIV. 


Des  différentes  fortes  de  tapis  verds  dont  on  fe 
fert  dans  les  jardins  ; comment  les  femer^  avec 
la  maniéré  de  plaquer  le  ga\on  6*  de  V entretenir. 

PRÈS  avoir  parlé  de  quelques  ornements 
.£^dont  on  enrichit  les  jardins,  il  eft  bon  de. 
dire  ici  quelque  chofe  des  tapis  verds  qui  fe  for- 
ment avec  du  gazon  ou  autres  herbes. 

Il  y a de  cinq  fortes  de  tapis  verds;  favoir,  de 
gazon  femé  ou  plaqué,  de  treffe  d’Efpagne,  de 
graine  de  foin  ordinaire  , de  fein  - foin  & de 
luzerne. 


m 


FlEÜRt.SfK» 

Du  gu^on» 

Il  n’y  a rien  de  fi  propre  que  le  gazon , quand 
îl  eft  employé  comme  iî  faut  : le  gazon  naît  na<»» 
tureüement  ou  par  culture  ; le  premier  eft  très-» 
propre  pour  les  maffifs  des  parterres , pour  en 
former  des  parterres  entiers  ^ des  boulingrins , 
rampes  , talus  & glacis  : Tautre  fe  feme  de  la 
maniéré  qui  fuit  , & la  femence  ordinaire  eft  h 
graine  de  bas  pré,  qui  fe  vend  chez  les  Graine- 
tiers : cette  graine  vient  originairement  d’Aa^ 
gîeüerre.  Venons  à la  pratique. 

Maniéré  de  femer  le  gd'^on^ 

' Ayez  un  tel  morceau  de  terre  que  vous  fouhai^ 
tez  , plus  ou  moins  grand  ; labourez- le  , enforte 
que  la  terre  en  foit  bien  ameublie  ; pafTez-Ia  au 
rateaii  ; unilTez  - en  bien  la  fuperficie  ; épierrez 
cette  terre  , s’il  en  e(l  befoin  ; & , fi  le  fonds  eü 
mauvais  , tâchez  de  fuppléer  a ce  défaut  en  y ré« 
pendant  un  peu  de  bonne  terre  tranfportée. 

Cela  fait,  vous  y femez  votre  graine  fort  épaîffèp 
afin  que  le  gazon  qulen  naîtra  le  foir  aufii  ; vous 
la  couvrez  de  terre , ou  bien  vous  paffez  le  rateau 
pardefîus pour  enfouir  la  graine,  &,  s’il  fe  peut^ 
pour  en  arrofer  légèrement  la  fuperficie  ; la  mé- 
thode en  eft  très  - bonne  ; cette  eau  plombe  la 
terre  , & facilitera  graine  à lever  plutôt  : ayez  îe 
foin  de  femer  beaucoup  de  graine  fur  les  bords  , 
afin  que  cela  marque  davantage  & plus  vite  : il 
feroit  encore  mieux  de  les  faire  plaquer» 


t b Jardîniêr 
il  faut  choillr  un  temps  calme  pour  feiîier  fe 
gazon  5 parce  que,  îorfqu’il  fait  du  vent,  la  graine, 
qui  eft  fort  légère , s’envole  & tombe  fur  terre 
par  tas  5 au  lieu  qu’elle  doit  être  femée  également. 
Pour  s’épargner  la  peine  d’arrofer  le  gazon , lorf» 
qu’il  eû  femé , il  feroit  bon  de  faire  cet  ouvrage 
quand  l’air  nous  menace  de  pluie. 

On  peut  femer  du  gazon  en  tout  temps  ; c’eft 
une  graine  qui  fe  îeve  afTez  vite,  & avec  affez 
de  facilité.  Il  efl  vrai  que,  lorfqu’on  peut  le  fe- 
mer  en  Automne  , c’eft  le  meilleur  ; on  le  voit 
verdir  tout^  d’un-coup  au  Printemps  : mais  û h 
commodité  ne  le  permet  pas,  on  peut  le  femer 
Printemps , il  a encore  affez  le  temps  de  bien 
lever  avant  que  les  grandes  chaleurs  l’en  empê- 
chent» 

Si  la  faifon  eîi  plus  avancée  ^ & qu’on  foit  dans 
PEté  , on  ne  îaiiïe  pas  pour  cela  de  femer  du  ga- 
2on  , fauf  à l’arrofèr  , s’il  en  efl  befoin  , & que 
la  fécherelTe  foit  trop  grande.  I!  efl  vrai  que  c’efl 
un  peu  de  foin  qu’il  en  coûte , & dont  on  efl 
bien  dédommagé  par  le  pîaifir  qu’on  a de  voir 
de  belles  allées  vertes  , ou  quelques  autres  pièces 
femblables  qui  en  font  compofées.  Voilà  ce  qu’on 
peut  dire  fur  la  maniéré  de  femer  le  beau  gazon  , 
dont  la  femence  efl  de  bas  pré,  ou  graine  de  ga- 
zon d’Angleterre. 

L’on  ne  feme  jamais  les  petites  piecesde  gazon, 
comme  bordures  de  baffin,  maffifs  , coquilles  & 
volutes  de  parterres , pièces  découpées,  &c.  on 

les 


I 


3 

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11 

'C‘ 


F t 'E  ti  R î s f Sa  337 

les  pkque  toujours  , parce  qu’elles  en  font  plus 
belles , mieux  faites,  & fe  confervent  mieux. 

De  q^aelques  foins  que  demande  le  ga^on  nouvelle-^ 
ment  femét>^ 

Le  ga^on  nouvellement  femé  ne  vient  pas  tou- 
jours pur,  c’eft- à-dire  , qu’il  eft  toujours  mêlé 
dkutres  graines  étrangères  , qui  jettent  des  her- 
bes qui  en  ôtent  la  beauté  ; ainfi  , lorfqu’on  voit 
ce  mélange,  qui  arrive  à la  première  levée  que  fait 
le  gazon , on  prend  foin  d’arracher  toutes  ces  mé- 
chantes herbes,  puis  on  arrofe  le  gazon.  Ï1  feroit 
à propos  qu^on  roulât  deffus  un  cylindre , comme 
on  le  prati<}ue  en  Angleterre  : au  défaut  de  cette 
façon , il  efl:  bon  de  le  battre  avec  une  batte  de 
Jardinier  , dont  il  fe  fert  quand  il  bat  des  allées 
pour  les  unir  & les  affermir. 


On  fait  encore  d’autres  tapis  verds  avec  du 
fâlnfoin  : il  croîttrès-bien  dans  les  lieux  pierreux  ; 
& ïorfqu’on  s’en  veut  fervir  dans  les  jardins , 
c’eft  ordinairement  dans  ceux  qui  font  de  grande 
étendue  , & dans  les  parcs  , où  l’on  en  feme  de 
grandes  pièces  entières  ou  des  allées  ; on  peut  en- 
core en  mettre  dans  de  grands  bofque ts. 

Quand  on  veut  femer  le  fainfoio  , il  faut  que 
fa  terre  où  on  le  veut  mettre  ait  eu  trois  labours, 
qu’elle  foit  bien  ameublie  ; puis  on  feme  cette 
herbe  dans  le  mois  de  Mars , le  plus  à Tuni  qu’il  eO: 
poffibîe. 

JJ.  Fartiez  f 


33<î  Jardînîer 

Le  fainfoin  donne  un  très^bel  afpedl , fur-raut 
îorfqu’i!  eft  en  fleur  : on  !e  fauche  deux  ou  trois 
fois  Tannée;  & ce  qu’il  y a de  particulier  , c’eft 
que  deux  ou  trois  jours  après  qu’i!  eft  fauché,  il 
repréfente  un  tapis  verd  très-agréable  à la  vue# 

De  la,  Iw^erne. 

Cette  herbe  ne  produit  pas  un  fi  beau  tapisque 
le  fainfoin  , parce  qu’il  n’eft  pas  toujours  bien 
uni , à moins  qu’elle  ne  foit  fauchée.  On  ne  feme 
la  luzerne  que  dans  les  jardins  fort  fpacieux. 

Il  y a même  des  perfonnes  qui  en  ont  des  allées 
entières  dans  leurs  jardins  : c’eft  un  ménage  fort 
grand  à la  campagne  , pour  nourrir  des  chevaux 
ou  du  bétail , & une  propreté  qui  n^eft  pas  hors 
de  fâifon. 

La  luzerne  fe  feme  au  mois  de  Mars , dans  une 
bonne  terre  bien  fumée  & bien  amendée. 

De  la  graine  de  foin  ordinaire» 

Qui  dit  foin  , dit  un  compofé  de  plufieurs  ef- 
peces  de  plantes  venues  dans  les  prairies,  & dont 
on  ramaffe  la  graine  dans  les  greniers  où  ce  foia 
a été  entafle  & mis  en  réferve. 

C’eft  de  cette  graine  qu’on  prend  & qu’on  feme 
pour  avoir  des  tapis  de  verdure  : avant  que  de  fe- 
mer  cette  graine  , il  eft  bon  de  la  pafler  au  van  , 
pour  en  ôter  la  pouffiere  & les  plus  groffes  ordu- 
res qui  s’y  trouvent. 

On  feme  toujours  le  foin  dans  des  endroits  la- 
bourés à uni , afin  de  le  pouvoir  faucher  plus  com'* 


1 

F I I tj  R î s T E. 

)j  fiodément,  & toujours  au  mois  de  Mars  : on  ea 
4 forma  des  allées  entières  dans  les  grands  jardins^ 
Aux  côtés  des  allées  femées  de  foin  oh  prati- 
t que  toujours  des  contre-allées  , larges  de  quatre 
: & fix  pieds,  félon  que  les  endroits  plus  Ou  moins 
' fpacieux  le  permettent  ; on  ratiffe  ces  contre-al- 
lées pour  plus  de  propreté  ^ & on  tond  Therbe 
ij  des  tapis  de  la  faifon«, 

Dans  les  jardins  des  grands  Seigneurs  j où  I’oiî 
I n’envifage  pas  tant  l’intérêt  que  ce  qui  peut  fiat-* 
vli  ter  la  vue,  on  n’attend  point  que  le  foin  foit  mûr 
c pour  le  faucher  : fi-tôt  que  la  faux  y peut  mor- 
dre  on  le  metbas , pour  rendre  la  fuperficie  du  ta- 
ii|  pis  plus  unie.  Les  bons  ménagers  laifîènt  croître 
: ce  foin  jufqu^àfa  maturité  parfaite  , & le  fau- 
chent après. 

I!  y en  a qui  n’approuvent  point  la  graine  de 
foin  ordinaire  pour  les  grands  tapis  verdsè  î!  eil 
! vrai  que,  fi  on  la  femoit  indifféremment , Fufage 
j en  feroit  condamnable,  parce  que  toutes  les  her- 
bes  difFérentes  qui  fortent  de  ces  graines  n’étant 
! point  aflez  propres  pour  cela  , les  tapis  qui  en 
proviennent  ont  mauvaife  grâce  dans  les  jardins 
i médiocres  & remplis  de  beaux  ornements  ; mais 
il  de  femer  ce  foin  , comme  on  a dit  j c’eft  mal-à* 
! propos  en  vouloir  rejetter  la  méthode  : il  vient 
mieux  en  terre  forte  & humide  qu’à  mi-côte  8c 
I dans  un  terroir  léger. 

Du  treflet 

! On  fe  fert  du  trefie  d’Efpagne  pour  faire  de$ 

.Pi 


34^5  Le  Jardinier 
pièces  de  gazon  : on  prétend  qu’il  eft  beaucoup 
liant , & que  le  gazon  en  eft  bien  touffu  ; mais  fon 
de'faut  eft  qu’il  rougit , ce  qui  n’eft  point  agréa- 
ble parmi  une  verdure  qu’on  recherche  toute 
pure.  Il  y en  a qui  en  fement  des  allées  entiè- 
res : on  en  fait  même  des  maftîfs  dans  les  parter- 
res ; mais  , comme  on  va  le  dire  , Je  gazon  pla- 
qué a meilleure  grâce. 

Plus  la  terre  où  l’on  met  ce  trefîe  eft  meuble  , 
mieux  il  y croît  & y produit  une  verdure  qui 
fait  plaifir  dans  le  commencement.  Cette  heibe 
fe  feme  au  mois  de  Mars  ; elle  fe  plaît  dans  les 
terres  fortes  & humides  ; elle  ne  produit  chofe 
qui  vaille  dans  celles  qui  font  pierreufes  & d’un 
fable  trop  léger. 

Le  trefle  d’Efpagne  eft  une  plante  qui  jette  des 
feuilles  dont  les  unes  font  longues , d’autres  oblon- 
gues  : fes  fleurs  font  à papillon  & de  couleur 
rouge;  fa  graine  eft  en  maniéré  de  petit  rein. 

Comment  plaquer  îe  ga[on* 

Le  gazon  plaqué  a beaucoup  d’agrément  dans 
îe  jardinage  ; il  entre  ordinairement  dans  les 
maffîfs  & les  découpés  des  parterres  : on  en  borde 
les  allées , on  en  fait  les  rampes  & autres  pièces 
de  jardins  d’ornements.  Mais  voyons  comment 
cela  fe  fait. 

îl  faut  prendre  une  bêche  , & ayant  eboifi  le 
gazon  , le  couper  par  pièces  quarrées  de  deux 
pouces  d’épaiffsur  , & de  la  largeur  d'un  pied  & 


i P I È ü R î s T t.  341 

li  lemi  , puis  le  lever  en  couchant  la  bêche  5 & k 
;j  coupant  entre  deux  terres  : les  ouvriers  qui  y font 
/i  Yerfés  ont  bientôt  fait  cet  ouvrage* 

' Le  gazon  fe  choifit  le  long  des  chemins  & des 
)|  prairies  , & fur-tout  dans  les  endroits  où  les 
i|  beftiaux  pailTent  ; c’efl  le  meilleur  , parce  que 
l’herbe  y eft  plus  fine  qu’aiüeurs,  & broutée  très» 
j court  : on  fera  attention  qu’il  n’y  ait  point  de 
I méchantes  herbes  mêlées  parmi  ^ ni  du  chiendents 
j Si  ce  font  des  allées  entières  qu’on  veuille 
I gazonner , il  faut , avant  que  d’en  venir  a la  pra- 
! tique  , avoir  la  précaution  de  prendre  toutes  les 
I dimenfionsnéceffaires;  pour  que  les  allées  foienî 
I plus  belles,  il  faut  aufii , avant  que  de  plaquer  le 
gazon  , creufer  & ôter  de  la  terre  l’épaiffèur  des 
I quarrés  , parce  qu’étant  placés  à Tuni  de  la  terre, 
j iis  ne  fe  déchaulTeront  point.  Cela  obfervé  , on 
I plaque  le  gazon  le  long  du  cordeau  : il  faut  que 
! les  pièces  fe  joignent  bien  ; au  cas  qu’elles  na 
foient  pas  coupées  affez  quarrément  , & qu’iî 
I paroiiïe  quelque  vuidev  entre  - deux  , il  faut  , 
avec  un  couteau , couper  des  lambeaux  de  gazon  , 
pour  les  ramollir  & boucher  les  ouvertures.  Lors- 
qu’on a plaqué  une  rangée  de  gazon , on  en  drefîe 
une  autre  , & ainfi  fucceflivement , jufqu’à  ce 
que  toute  la  piece  foit  achevée  ; pour  que  les 
bords  foient  bornoyés  jufte  ,on  tend  un  cordeau, 
!e  long  duquel  on  coupe  le  gazon  avec  la  bêche» 
S’il  arrive  qu’on  plaque  du  gazon  pour  cou- 
vrir le  mur  de  douve  d’un  b^ffin , il  faudra  ré- 


34^  Ï'E  Jardin  îEïi 
pandre  fur  ce  mur  environ  un  doigt  épais  deterre^ 
afin  que  le  gazon  y prenne  mieux  racine,  & qu’il 
s’y  lie  plus  fortement  : aufii  en  dure-t^il  plus 
long-temps  , lorfqu’on  a eu  cette  précaution. 

On  en  agit  comme  on  a dit  lorfqu’i!  n’efl:  quef» 
tion  que  de  plaquer  du  gazon  dans  des  maffifs  de 
parterres  ou  autres  compartiments  : on  plaque  le 
gazon  avec  un  battoir,  dont  on  le  bat  fi-tôt  qu’il 
efi  pofé  , afin  qu’il  joigne  mieux  à la  terre  , & 
qu’il  reprenne  plutôt  : lorfque  le  gazon  efi  plaqué 
on  l’arrofe,  ce  qui  ne  contribue  pas  peu  à fa  reprife» 

Si  c’efi  quelque  coqiiille  qu’on  veuille  gazon- 
ner  , ou  quelqu’enroulement  dont  le  gazon  périt , 
on  enfonce  des  piquets  aux  extrémités , afin  de 
ne  point  perdre  de  vue  l’ancienne  trace  : enfuite 
on  leve  le  mauvais  gazon  , puis  on  fouille  un  peu 
avant  en  terre , pour  en  ôter  le  chiendent  ; cela 
obfervé  , on  fait  une  trace  nouvelle , fur  laquelle 
©n  plaque  le  gazon  nouvellement  arraché. 

Les  rampes  ne  font  pas  plus  difficiles  à gazon-» 
ner  ; il  y a plus  de  travail  a l’égard  des  talus  & 
des  glacis  , en  ce  qu’il  faut  plaquer  le  gazon  de 
maniéré  qu’il  ne  lâche  point , & qu’il  conferve 
la  ligne  de  pente , fans  former  des  coudes  & des 
jarrets. 

Lorfque  ces  talus  & glacis  n’ont  que  cinq  à fis. 
pieds  de  haut , tels  que  font  ceux  dont  les  petites 
terraffes  Sc  ies  renfoncements  des  boulingrins  fon£~ 
accompagnés  , ce  n’eft  pas  une  difficulté  d’y  pla«» 
quer  le  gazon  5 il  n’y  a qu’à  fuivre  ce  qu’on  a 


Si  ce  taîus  dt  trop  roide  , il  faut  y cheviller 
îe  ga2on  /ainü  qué  îorfqu’on  le  plaque  fur  les  fa» 
ces  des  degrés,  autrement  ce  gazon  ne  tiendroit 
pasi 

Le  taîus  & les  glacis  ne  fe  fement  gnere  en  ga- 
son  , principalement  îorfqu’iîs  font  roides  : on 
voit  néanmoins  des  glacis  accommodés  de  cette 
forte  , & qui  réuffiffenc  très-bien  f mais  il  faut 
pour  lors  femer  la  graine  bien  drue , & îe  plus 
également  qu’il  eH  poffible.  L’on  peut  , fi  Ton 
veut,  pour  empêcher  les  terres  de  s’ébouler  & 
les  foutenir  , plaquer  avec  des  quarrés  de  gazon 
les  bords  d^en»bas  & d’en-haut. 

Lorfque  les  talus  ont  quinze  à vingt  pieds  de 
haut , on  les  confiruit  par  lits  de  terre  & clayon- 
nage avec  gazon  à pointe  , qu’on  plaque  deffus  : 
on  nomme  ce  gazon  à pointe  ou  a queue  / parce 
qu’on  le  leve  & on  îe  coupe  en  forme  d’un  coin 
de  bois , & non  pas  d’égale  épailTeur comme  ce- 
lui que  l’on  plaqup  dans  les  tapis  ordinaires  : mais 
comme  ces  glacis  ne  regardent  que  les  fortifica- 
tions, & qu’ils  ne  fe  pratiquent  guère  dans  les 
jardins , nous  nVn  dirons  rien  davantage. 

Comment  entretenir  le  gâ[ùu. 

î!  faut  tomber  d’accord  que  îe  gazon  donne  un 
grand  relief  à un  jardin  mais  il  faut  pour  ceîa 
qu’il  foit  bien  entretenu  ; autrement  rien  n’efi 
plus  difgracieux  à la  vue  , & tout  cet  entretien 
©onfîfte  à tondre  fouvent  cegazon , c’eft-à-dire  une 

P4 


344  ^ ^ J A M 3î  I N ï 1 R 

fois  le  mois , depuis  le  mois  de  Mars  jufqu’eii  Od»**» 
îobre.  Plus  le  gazon  eft  fauché  , plus  i!  devienC 
épais  ; lies  uns  le  tondent  avec  la  fauîx  , d’autres 
avec  les  cifeaiix  de  Jardinier;  cette  derniere  façon 
€Û  la  meilleure». 

C eft  d’une  fuperficie  unie,  que  dépend  labeauté 
d’un  gazon  : çe  qu’on  ne  peut  lui  faire  acquérir 
lorfqu’on  le  néglige;,  comme  cela  arrive  en  bien 
des  endroits , foit  par  la  négligence  des  Jardiniers 
auxquels  pareil  ouvrage  ne-  plaît  guerç. , ou  par 
celle  des  Maîtres  qui  n’y  font  pas  attention  , & 
qui  ne  réfiéchiffent  point  fur  l’avantage  qu’il  y 
â de  donner  cette  façon  au  gazon» 

Lorfqu’on  fauche  le  gazon , il  faut  encore  avoir 
foin  de  couper  de  temps  en  temps  celui  qui  excede 
le  pourtour  des  pièces  de  gazon  ; cela  fe  fait  avec 
lahêche  , & le  long  du  çordeau  qui  eft  tendu  : 
fans  cette  précaution  les  compartiments  deviens 
inent  confus  & hors  de  trace», 

Qucjques-^uns , pour  bien  entretenir  le  gazon?, 
le  tondent  fouvent , & le  battent  quand  i!  croît: 
trop  épais  : ils  roulent  dcflus  de  gros  cylindres 
de  bois  ou  de  pierre  ; il  n’y  a riçn  de  meilleur 
pour  arrofer  l’herbe  de  bien  près. 

S’il  arrive  dans  la  fuite  que  !è  gazon  vienne  a 
manquer  dans  des  endroits  , il  faut  y refemer  de 
la  graine  , la  balfiner  d’un,  peu  de  terre  en  pouf- 
fiere,  puis  l’arrofer  ; l’expédient  en  eft  très-bon. 


FlEï/RtSTE 


34$ 


I j . ^aasasBB^gmsiMiasagiKayKi^^ 

C H A PITRE  XXV. 

I J)esfaifons  auxquelles  font  en  fleur  les  arbres  & 

I arbri fléaux  contenus  ici. 

‘I  avon^  parlé  dans  ce  Chapitre  de  p!u» 

1 N fleurs  arbres  & arbriflèaux  fervant  à l’embeî- 
I,  liffement  des  jardins  : nous  en  avons  enfeigné  îà 
)j  culture  ; refte  à favoir  à préfent  en  quel  temps  ils 
î ! font  en  fleur  durant  toute  l’année.  ; nous  commen-^^ 

I 

i ferons  par  le  mois  d’ Avril. 

' V R I r. 


'j 


I 


'Pendant  ce  mois  fieurijfent 
Le^  cheyte  - fiuiiîes  des  Les  lauriers  d’Alexandrie,- 
deux  efpeces.  Les  lauriers-thy ms,. 

Les  liias». 

M A r. 

Pendant  ce  mois  fteuriflentt 
Les  aîaîemes.  Les  romarins. 

Les  rofes  de  tous  les  mois,  Les  cy  tifes. 

Les  rofes  d’Hoîlande  à Les  faturidaea. 

cent  feuilles*.  Les  dievre-féuillesb , 

Les  fyringas.. 

J ir  I w. 

Pendant  ce  mois  fleuriflent^ 

laQs  orangers  dè  toutes  forr  Les  lilas  de  Perfe. 

tes.  Les  rofes  de  tontes  efpeces.. 

Les  ci  ronniers;  Les  troëüeSo. 

J U I L L E T.. 


Pendant  ce  mois  fleurijfenê: 

Les  grenadiers  à fîéuLdou-  Les  îàurlêrs-rofes  des  dêUK. 
y e„  & fimpiëi  efpeces . 

w % 


L E J A R 


Les  rofes  mufcater. 
Le  genêt  dŒfpagne. 
Les  lauriers-francs. 


ï H I E R SrC^.. 
Le  jafmin  commun. 
L’arbre  de.  Judée... 


A O U Te 


Pendant  ce  mois  fleurirent 

Le  îafmin  d’Efpagne*  Les  rofes  mufcates. 

Les  lauriers-rofes.  Le  jàfmin  jaune  odorifêf* 

Les  myrtes  de  toutes  for-  rant  des  Indes. 

tes.  Les  orangers. 

Les  rofes  de  tous  les  mois.  Les  bagnaudiers. 

S E ? T E M B R E. 

Pendant  ce  mois  fleur ijfent 

Les  îafmins  d’Efpagne.  Les  lauriers  rofes.„ 

Les  myrtes  de  toutesfcrtes . Les  orangers. 

Les  jafmins  de  Virginie.  Les  rofes  mufcateSi, 

Les  buiffons  ardents.  L’althæa  frutex. 

Les  citronniers.  L’amomum.. 

Les  lofes  de  tous  les  mois. 

O C T O B R E. 

Pendant  ce  mois  flcurijfent 

Les  ïofés  mufcates.  Les  jafmins  d’Efpagnei 

Les  orangers. 

Dans  tes  mois  fuivanis , oti  a en  fleur  dans  & 
ferre 

Les  orangers..  Les  amomum. 

Les  jafmins  d’Efpagne.  Les  îeonurus. 

Les  myrtes  panachés.  Les  lauriers  ihyms^ 

Les  îentifques. 

Fin  de  Inféconde  Partie^ 


L E 

JARDINIER 


FLEimiSTEo 


TROISIEME  PARTIE. 


un  traité  fur  les  jardins  d^orne^ 
ments  y avec  de  nouveaux  de jfeins  de  parterres^ 
& autres  pièces  qu^ on  emploie  dans  la  décora^ 
mon  de  ces  jardins^ 

€ H A P I T R E P R E M I E R. 

D'u  choix  d' un  terrein  propre  à fnire  un  jardin  ' 
d- ornement s\ 

n^y  apasdefîtuation pluslieureufe,  îorfqu’on 
faire  le  choix  d’ün  terreini  propre  pour  conf- 
traire  un  jardin  d’ornements , que !a  pîaîneou  un 
côteau  donc  la  pente  efl:  douce  & imperceptible® 
Dans  îa  première  , Fentretien  coûte  beaucoup 
moins , parce  que  lès.  terres  n'^ëtant  point  fa  jettes 
a s’ébouler,  il  n’eft  point  neceflaire  de  maçonne» 
ik  poar  ks  contenir  ; dé  pîiî^  ^ on  n’y  craint  pas 

f ê- 


^48  L E J A R ï>  I N ï E R' 
les  ravages  que  peuvent  caufer  les  torrents  ; l’ak 
y ert  auffi  plus-fain  y Sc,  fans  compter  uae  pro-* 
menade  toujours.gracieufe  , on  y peut  avoir  des. 
étangs  ou  des  foflTés  , qui  procurent , quand  on^ 
le  fouhaite  ^ le  plaifir  de  la  pêche. 

Les  côteaiix  cil  l’on  peut  fe  promener,  fanS" 

fatiguer , & qu’on  nomme  demi-côte  , ont  aulS 
îfiirs  agréments  ,^par  un  afpçâ:  toujours  rjânt, 
des  points  de  vue  charmants. 

L’air  n’y  efl  point  rude,  ni  les  chalèurs  trop 
violentes  , parce  qu’on  en  eft  garanti  par  le 
fëmmet  de  la  montagne:  &:  lès  eaux  de  plliie  ou 
dé  neige  qui^peuvent  en  tomber  , , au  lieu  de  faire 
aucuns  dégâts  dans  un  jardin  , fervent , fi  l’on 
veut , en  leur  pratiquant  dés  endroits  pour  lés 
raflTembler  , à . faire  dés  caféadés  , ou  à former 
quelques  pièces,  d’eau  qui'  ne,  prpduifent  qu’ua> 
îrès-bel  effet.. 

Après  lès  avantages  qu’ôn  trouve  dàns  l’une^ 
& dans  l’autre  de  ces  deux,  fituations , je  crois 
qu’il  n’y  a perfonne  qui  s’avife  de.choifir  le  haut 
d’une  montagne,  où  ils  auroientà  craindre  le  ren- 
verfement  des  arbres  par  la  violence  dés  vents  , 
& à fouffrir  les  rigueurs  dé  l’Hiver,  & lès  chaleurs 
exceffives  de  l’Eté.  L’on  doit  auffi  s’éloigner  dès 
lieux  profonds,,  qui  font  toujours  marécageux  , 
& 0Ù  l’on  ne  refpire  qu’un  air  mal  fai n aquati-" 

que. 

Il  ne  fufflt  pas  d’avoir  cKoifi  la  pîàîne  ou  fe 
côteau  à pente  douce  | U faut  encore  que  la  terre 


F L E V K l S T £«■ 

<fc  Texpofition  foient  favorables  pour  la  culture 
; des  plantes.- 

i Des  quatre  expofitions  , la  meilleure  eft  celle 
I du  midi  : enfiite  celle  du  levant  à leur  défaut 
il  celle  du  couchant  ; mais  pour  celle  du  Nord  , c’eft 
I îa  plus  mauvaife,  & même  un  jardin  en  doit  être 
! a Tabri  ,.s^i!eft  poflible». 

A l’égard  de  la  terre.,  il  eft  nécelTaire  de  remar^^ 
)|  que r fi  fes  produfljons  font  belles  : par  exemple  ^ 
il  fi  ce  font  de  bonnes  herbes  qui  y pouffent,  corn- 
I me  pâturages  & autres;  &,  fi  les  arbres  qui fon^ 
î|  aux  environs  font  beaux. & bien  faits,  ce  font  de; 
j bonnesmarques,  & il  n’y  a pointX  héfiter  , fur^ 

I tout  lorfqu’on  voit  que  cette  terre_  efl  noirâtre 
: fabloneufe  graffe  meuble  ,,  c’eft-à-dire , facile 

I â labourer , qu’elle  n’eft  ni  froide.  5^  ni  légère  , ni 

I pierreufe,. 

I II  y a des  terres  fortes  & franches  qui  font  rou^ 
ge.âtres,  qui  fe  manient  aifement,  qui  font  faciles 
I à labourer,  & qui  ne  font  ni;  froides  ni  chaudes 
: ces  fartes  de  terres  font  fort  bonnes* 

Mais  pour  les  terres  blanchâtres , & celles  qui 
font  argilleufes  5.  lourdes  , humides  & froides  ^ 

: elles  ne  valent  jamais  rien  ^ &.  ne  font  point  du 

fout  propres  au  jardinage*. 

Il  efl  auffi  à fouhaîter  que  la  terre  d’on  jardlia 
îi'’àitpoint  de  mauvaifeodèur  ,oi  de  mauvais  goût 
quoique  cela  ne  foit  pas  néceiTaire  pour  ceux 
j 4fornements  ; mais  comme , pour  rordinaire , ces 
fortes  de  jardins  ne  vont  jamais  fans  le  fmitîer  nî 


Es  jT  A SI  0 î î n n 
fans  le  potager,  ces  deux  qualités  font  donc  auHÎ 
a defirer,  parla  raifon  que,  fi  la  terre  avoit  queî«- 
ques  mauvaifes  qualités  , les  fruits  & les  légumes 
participeroient  de  ces  mêmes  qualités. 

Pour  conooitre  fi  elle  n’a  pas  de  mauvais  goût 
m prend  une  poignée  ou  deux  de  cette  terre  ,, 
qu’on  met  tremper  dans  de  l’eau  fept  à huit  heu- 
res au  moins  ; & , après  l’avoir  pafTée  dans  un  lin- 
ge , l’on  goûte  de  cette  eau  ; l’on  fent  bien  fi  elle 
a quelque  mauvaîfe  qualité.  On  connoît  aifémenîr 
Il  elle  n’a  pas  de  mauvaife  odeur  en  la  flairant. 

Tout  ce  qu’on  a dit  jufqu’à  préfent  fiir  lesqiia- 
îités  d’une  bonne  terre  nefuffit  point,  fi  elle  n’a  ^ 
à trois  pieds  de  profondeur  , la  même  bonté.  Cette 
condition  eft  effentielle,  parce  qu’en  ayant  moins,, 
les  arbres  à fix  ans  ne  feraient  plus  que  languir.. 

Four  favoir  fi  cette  terre  efl  égale  par-tout,  & 
fi  elle  a la  hauteur  requife  , il  faut  fonder  le  ter- 
rein  à différents  endroits  , en  y faifant  faire  cinq  à 
fix  fooiîîes , qui  doivent  avoir  fix  pieds  de  large 
fur  quatre  de  profondeur  ; lorfqu’ôn  les  aura  vui- 
iées  9 il  fera  aifé  de  mefurer  îâ  hauteur  , & de 
voir  s’il  s’y  trouve  les  trois  pieds  de  bonne  terre». 
Ce  font^ih  les  principales  conditions  qu’on  doit 
rechercher  dans  un  terrein  propreà  coofiruire  unt 
Jardin  d’ornements.. 


F E B O R î S:  T 


CHAPITRE  I I. 

; De  ta  fcience  d^utt  A'rchiteSe  en  fait  de  jardins-- 
d’ornements. 

î 

UN  jardin  d^ornements  eft  fbuvent  mal  con^ 
duit , faute  d"’avoir  un  Archiceâe  qui  Ten» 

! ; tende  ; H faut  donc  en  choifir  un  qui  foit  honnête: 

' homnae  & habile  , & qui  foit  quelque  chofe  de 
i plus  qu’un  Jardinier.  Ce  n’eft  pas  la  pratique  d’un 
’ jardin  décoré  qui  fait  abfolument  î’Architeêle^ 
il  c’eft  l’invention  , [a  précifion  , la  jufteflè  dé  Fin- 
j Tendon  , le  jugement  ^aidé  de  la  prudence,  8t 
i confirmé  par  un  bon  goût  ^ qui  doit  régner  dans 
1:  ces  fortes  d^ouvrages.. 

I!  Quoiqu'un  Jardinier  foit  tous  les  jours  verfé 
il  dans  la  pratique  des  jardins  , il  n’en  eft  pas  pour* 
i cela  toujours  plus  habile  dans  rexécution  d’un 
\ plan.  L’expérience  , en  fait  de  jardin  y peut  bien 
i infiruîre  du  choix  & de  l’emploi  des  matières  ; 

{ mais  elle  n’éclaire  pas  toujours  rentendèment  juf* 

) qu’à  élever  aux  grandes  idées  ; & à moins  que  It 
i nature  nenousait  difpofés  à cet  art , il  eft  douteux 
ij  que  la  pratique  des  jardins  rende  un  Jardinier  uit 
! bon  Archi  teâe.  On  a , fur  ceci , tous  îés  jours  dt 
i nouveaux  exemples  ; mais,  fans  nous  arrêter  da- 
vantage à cette  difcuffîoiî , voici  ce  que  doit  faire 
un  véritable  ArchiteSe  pour  les  jardins  d’orne- 
t ments , lorfqu’îl  en  entreprend  la  conduireà. 

H doit  d’abord  avoir  pour  objet  la  diipofîtioit 


® J A R n T N I s n 
du  lieu  , & !a  diftribution  qu^il  en  doit  faire: 
n^eft  pas  peu  que  de  bien  favoir  diftribuer  un  jar- 
din , & de  connoître  les  défauts  du  terrein , pour 
îes  corriger  & en  tirer  avantage. 

La  diftribution.  en  eft  toujours  belle,  lorfque 
la  variété  & la  diverfité  des  pièces  qui  compo- 
fent  un  jardin  ^ y paroiflentfans  confufîon'&  de 
bon  goût.  Les  colifichets  en  doivent  être  ban- 
nis ; c’efl  le  défaut  néanmoins  dans  lequel  tom- 
bent bien  des  gens  qui  fe  mêlent  de  conduire  ces 
jardins  ^ ou  d’en  donner  des  defleins  ; & c’eft  ce 
que  doit  éviter  avec  foin  un  Architeéle  ou  un 
DeflTinateur , quand  il  fe  forme  l’idée  d’un  plan 
de  cette  nature. 

U eft  vrai  auiïi  qu’un  Architeéïe  fe  trouve  quel- 
quefois bien  embarrafTéavec  tout  (on  favoir  faire , 
lorfqu’il  faut  fou  mettre  tout  fon  bon  goût  au  ca- 
price dépravé  d’un  particulier  qui  n’en  veut  point 
démordre  : en  faut-il  davantage  pour  gâter  l’em- 
placement le  plus  favorable  du  monde,  pour  faire 
quelque  chofe  de  beau?  Ce  n’eft  pourtant  pas  fur 
ce  particulier  que  la  faute  en  tombe  ; l’Architec- 
te a bon  dos,  c’eft  lui  qui  en  porte  tout  le  blâme 
& la  critique  qu’on  en  fait,. 

L’Archite£le  de  fon-côté  , pour  n’avoir  rien  â 
îe  reprocher  dans  fon  entreprife  , doit  examines 
d’aborder  le  plan  généra!  dont  ihveut  faire  le  def- 
fein  ; & tâcher  de  furmonter  les  difficultés  qui 
s’y  rencontrent  foit  pan  rirrégularité  du  lieu 

fu’il:  a poun  objet , foit  par  biais  confidérat 


||  Fleuriste*  3^3 

feîes,  h chûte  & l’inégalité  du  terrein  qui  !e  tien- 
nent affujetti  dans  une  place  neuve. 

I S’il  arrive  que  ce  foie  un  jardin  en  défordre 
^u’i!  ait  à rétablir  , il  doit  lever  le  plan  exafle- 
ment  ; & , dans  l’idée  qu’il  s’en  formera  , s’afîü» 
fertir  à ce  qui  doit  abfolument  y relier  5 tels  que 
font  les  bâtiments,  les  baffins , s’il  y en  a de  faits ^ 

I à moins  que  pour  la  beauté  du  delTein  il  ne  faille 
il  les  porter  ailleurs.  Il  faudra  conferver  les  bois  & 
j les  palilTades  qui  font  déjà  venus,  d’autant  que 
ees  ornements  font  très -long- temps  à parvenir  à 
1 une  hauteur  qui  fatisfalTs  : ce  font  des  antiquités 

1^'  refpedables , & auxquelles  on  ne  doit  toucher  que 
pour  les  reftaurer,  fans  les  détruire  , & ne  pas 
fuivre  en  cela  bien  des  Architeâes , qui  ne  vou- 
lant rien  devoir  à uUe  antiquité  qui  a du  grand, 
renverfent  tout , pour  n’y  fubffituer  fouvent  q.ue 
»li  des  ornements  d’un  très  - mauvais  goût. 

Ce  n’eft  pas  un  petit  ouvrage  que  de  bien  con- 
l duire  un  jardin  , & le  dillribuer  avec  art  ; î’in^ 
vention  en  eft  difficile  , il  faut  un  génie  tout  par- 
ti ticuîier  pour  y réuffir  ; c’eiî  pourquoi  on  ne  doit: 
i point  s’étonner  li  la  plupart  de  ceux  qui  fe  me- 
3 lent  de  donner  des  deffeins  de  jardin , en  produi- 
Jj  fent  qui  font  d’un  goût  fi  dépravé. 

Ce  n’eft  pas  que  ce.s  plans  ne  foient  bien  deffi^ 
Tl  nés  8c  bien  la.vés  , qu’ils  ne  flattent  les  yeux  de 
ceux  qui  les  regardent  ; & c’eft  juflement  par  là 
|!  que  les  particuliers  qui  ne  s’y  connoiflènt  pas  y 
il  fant  trompés  : ces  plans , pQur  rendre  la  variété 


354  I*®  Jai^bînisr 

des  pièces  qui  les  compofent  plus  agréable , éS. 
font  quelquefois  tellement  charges , que  les  ar«» 
bres  qu’on  y plante , n’onî  quelquefois  pas  une 
toife  de  diflance  entr’eux  : défaut  très-confidéra- 
bîe  dans  le  jardinage  , & qui  fait  que  ces  arbres 
ne  croiOent  qu’imparfai rement  ; outre  que  ces 
pièces , par  la  petite  étendue  qu’on  leur  donne 
dans  le  dedans,  font  quelquefois  fi  refferrées,  qu’on 
ne  peut  en  jouir  pour  ce  qu’elles  ont  été  deftinées» 
Ce  n’efi  pas  le  tout  que  de  bien  deffiner  , il  faut 
bien  penfer  en  fait  de  deffein  ; & un  Architeéle 
qui  deffinera  médiocrement,  & qui  penfera  bien , 
fera  plus  eüimé  qu’un  autre  qui  deffinera  parfai- 
tement & qui  penfera  mal.  A quoi  bon  charget 
tîn  térrein  de  plus  de  pièces  d’ornements  qii’it 
îi’en  peut  fouffrlr  , puifque  c’eft  expofer  à arra- 
cher !e  plan  un  an  ou  deux  après,  pour  le  replan- 
ter de  nouveau  & dans  une  autre  idée. 

N’aîlez  point , comme  Nilud  , ce  gros  fils  de 
Maçon,  qui , fatigué  de  porter  l’oifeau  , & après 
avoir  appris  à deffiner  , s’èft  élevé  impunément 
jufqu’au  rang  d’Architeéle  pour  les  bâtiments  : iî 
efi  vrai  que  fon  effronterie  , qui  fait  toutfon  mé- 
rite ( fi  c’en  en  avoir  que  d’être  effronté)  a fix 
jufques  ici  en  impofer , & mettre  à profit  fon  mau- 
vais talent  : n’aîîez  point,  dis- je,  à fon  imitation, 
vous  mêler  de  jardins , pour  vous  faire  fiffîer  ; & 
comment  voudroic-on  qu’iî  pût  s’en  former  une 
belle  idée  , lui  qui , dans  Temploi  qu’il  exerce  le 
plus  ordinairement  9 commet  des  fautes  très-con- 


; F I E 17  R î s T Se 

I fid^rabîes  contre  la  précifion , la  juftefle  &k  bon 
! goût  ? 

! En  peut -on  une  plus  grofTiere  que  celle  où  il 
|j  eft  tombé  , au  fujet  de  la  maifon  de  Sirap  ^ qui 
j s’eft  laiffé  éblouir  à la  vue  d'un  plan  bien  delTiné 
)j  & lavé  proprement  qu’il  lui  a préfenté  : c’eft  une 
3|  façade  à la  Romaine  , qui  frappe  ponnpeufement 

il  les  yeux  , & plantée  dans  un  emplacement  qui 
j n’y  répond  nullement.  Quelle  proportion  ^ bon 
l:  Dieu  ! pour  une  maifon  de  campagne  accompa- 
jj  gnée  d’un  petit  jardin  ! Si  rArchiteéïe  avoir  eu 
! du  goût , n’auroit-il  pas  fu  qu’un  magnifique  bâ« 
i j timent , fuppofé  que  le  fi  en  ne  démente  rien  de 

i!  cette  idée  , n’eft  point  convenable  à un  jardin 
- d’une  petite  étendue , & fi  mal  imaginé  ? Palîbns 
||  a d’autres  cbofes  plus  eCTentielIes  à notre  Ouvrage» 

J G H A P I r R E~n  L 

S;  De  la  difpofition  & de  V arrangement  des  diffe^ 
I rentes  parties  qui  compofent  un  jardin 

I nements. 

f Y ^ intelligence  particulière  pour  com« 

5 -^pofer  un  beau  deifein  de  jardin  ; cette  con- 
i noiflance  doit  venir  de  loin  : c’eâ  la  nature  qui 
‘i  donne  ces  talents,,  & l’art  qui  les  perfeftionneo 
La  belle  difpofition  d’un  jardin  confifte  a le  faire 
toujours  d’un  tiers  au  moins  plus  long  que  large^ 
' à l’égayer  , fans  trop  le  découvrir  ^ & à en  éten- 
dre les  vues. 

Un  jardin  ne  doit  point  fe  faire  Yoir  tout 


3î6  Le  Jarï?iniî5R 
d’un  coup  d’œil  , c’eft  un  défaut  ; l’agrémem 
veut  qu’on  y aille  chercher  une  partie  des  orne- 
ments qu’un  couvert  nous  cache , après  néan- 
moins que  les  yeux  d’abord  y ont  trouvé  de  quoi 
fe  fatisfaire. 

Le  bâtiment  ne  doit  pas  être  de  niveau  au  jar- 
din , mais  toujours  élevé  de  quelques  marches, 
afin  que  les  appartements  du  raiz  - de  - chaufTée 
foient  plus  fains  , & que  l’œil  puiffe  de -là  s’é- 
tendre davantage. 

En  fortant  du  bâtiment , c’eft  îe  parterre  & fes 
accompagnements  qui  doivent  d’abord  frapper  , 
puis  enfuite  une  paliffàde  en  demi-cercle,  s’il  y a 
lieu  d’en  mettre  , derrière  laquelle  fera  un  bois 
percé  en  patte-d’oie  ; mais  , avant  que  d’en  ve- 
nir là , on  aura  égard  aux  vues  , qu’il  ne  faut 
point  boucher  , principalement  quand  elles  font 
riches  : shl  y en  a à conferver  en  face  du  bâti- 
ment , on  peut  faire  de  fuite  différents  parterrer; 
les  premiers  en  broderie , & enfuite  les  autres , 
qui  feront  tous  coupés  par  des  allées  de  travers^ 
Le  parterre,  à l’Angloife  eft  propre  pour  cela  , & 
remplit  très-bien  de  grandes  étendues.  Si  les  vues 
font  à ménager  fur  le  côté  , on  y place  des  bou- 
lingrins & autres  pièces  plates  ; fi  au  contraire  , 
il  n’y  en  a point , on  ne  craindra  pas  d’accompa- 
gner ce  parterre  de  bofquets  , de  paUlfades , ou 
de  quelques  autres  pièces  qui  le  relevent. 

Les  pièces  dont  un  jardin  d’ornements  efi 
compofé  font  les  foîît^iaes  ^ ks  çafeades , & au- 


FtEirîirsTE.  3Î7 

très  pièces  femblables  , quand  l’eau  le  permet  ; 
les bofqüets  , îes  quinconces,  galeries,  cabinets, 
falles  , faîons , cloîtres  & autres  beaux  morceaux 
de  cette  forte  , dont  on  parlera. 

La  principale  allée  d’un  jardin  doit  toujours 
être  pratiquée  en  fiice  du  bâtiment , & accompa- 
gnée d’autres  d’une  belle  largeur  ; enfuite  , & 
au-delà  du  parterre,  on  y drefîe  , fi  le  lieu  le  de- 
mande , & fi  le  bon  goût  le  veut , des  boulin- 
grins de  plufieurs  maniérés  , & on  y ménage  pîu- 
fieurs  autres  defleins  differents. 

La  variété  plaît  dans  les  jardins  d’ornements; 
deux  bofqüets  vis-à-vis  l’un  de  l’autre,  quoiqu’ils 
foient  d’un  forme  extérieure  & d’une  grandeur 
égale,  doivent  être  variés  dans  les  dedans  , ainfi 
que  les  autres  pièces  couvertes. 

Mais  celles  qui  font  découvertes  & parallèles 
doivent  être  femblables , parce  que  fe  préfentant 
en  même  “temps  à la  vue  , on  les  compare  aifé- 
ment  enfemble. 

Quand  un  bafîin  eft  rond,  l’allée  qui  l’entoure 
doit  être  Odogone  , & ainfi  d'un  boulingrin  & 
des  pièces  de  gazon  que  l’on  place  dans  le  milieu 
des  bofqüets. 

On  a déjà  dit  qu’il  falloir  éviter  les  colifichets, 
les  petites  pièces  de  rien,  qu’un  crayon  fait  voir 
fur  le  papier  les  plus  Jolies  du  monde , aux  yeux 
de  ceux  qui  ne  fe  connoiffent  point  en  jardins*. 
Un  Architeâe  de  jardin  bien  entendu , donne  tou- 
jours dans  le  grand  & dans  le  beau  ; il  eft  ennemi 


3$f  Le  Jardin  îia 
des  petits  cabinets  pratiqués  dans  des  bofquetS 
qui  ont  déjà  une  très -petite  étendue  ; il  évite  de 
faire  de  petites  allées  ^ quand  il  y a du  terrein, 
& des  bafTinets  : il  prend  bien  garde  aufîi  de  tom-* 
ber  dans  le  défaut  oppofé  , c'eft-à-dire,  de  faire 
des  bafîinsmonftrueux  dans  de  petits  jardins , 8c 
de  maniéré  que  les  bords  fortent  de  Palignement 
des  allées.  Peut -on  rien  penfer  de  plus  difforme 
en  fait  de  jardin  ? 

îl  y a encore  plufieurs  autres  réglés  qui  regar- 
dent les  jardins  de  propreté , & dont  on  parlera 
dans  la  fuite  de  cet  ouvrage.  V enons  aux  parterres* 


C H A P i T R E IV. 

Des  différentes  fortes  de  parterres^  & de  cequ*ily 
aàohfervcr  pour  les  conduire  à leur  perfeâiout 

ÎL  n’y  a rien  , au  fentiment  de  bien  des  gens, 
de  mieux  imaginé  dans  un  jardin  que  ces  ma- 
niérés différentes  de  tracer  fur  la  terre  diverfes 
figures  5 fur  - tout  lorfque  le  deffein  en  eft  bien 
penfé  , & que  Texécution  eft  faite  par  d’habiles 
mains. 

Les  parterres  font  ordinairement  compofés  de 
becs-de-corbin  Amples,  becs-de-corbin  doubles, 
feuilles  de  refend , panaches , palmettes , fleurons , 
rainceaux,  volutes,  traits , nilles  doubles  & nil- 
les  Amples  , agraflTes,  naiffances,  nœuds,  graines, 
chapelets  , cartouches , culots , maflifs  , compar- 
timents , attaches,  guilîochis  ou  entrelacs,  dent^* 


j FtiïiRîSTg;  35^ 

3e-îoop , trefles  , enroulements,  coquilles  de  ga-« 
2on  , rentiers , plates-bandes  & autres  traits.  On 
y joint  quelquefois  des  fleurs  d’invention  , corn-* 

I me  tulipes  , roîèetes  , & quelques  autres. 

Les  parterres , pour  être  beaux  , ne  doivent 
! être  chargés  que  d’une  broderie  légère.  On  fe  don® 

I liera  de  garde  aufîi  de  tomber  dans  le  parti  op«» 
i:  pofé  , c’eft»à-dire  que , pour  vouloir  rendre  un 
ij  parterre  trop  léger,  on  l’amaigriflè  de  maniera 
j que  le  tableau  qui  le  contient  paroît  tout  dégarni 
! de  broderie  , ce  qui  opéré  un  mauvais  effet  à la 
i vue.  I!  faut  éviter  auffî  de  rendre  ce  parterre  trop 

I confus  , étant  obligé  trois  ou  quatre  ans  après  de 
îj  le  faire  arracher  , à caufe  des  traits  de  buis  qui 
il  fe  confondent  l’un  dans  l’autre. 

i On  compte  dans  le  jardinage  de  quatre  fortes 

II  de  parterres  ; favoir  , parterre  de  broderie , c’eft 
i celui  qui  frappe  plus  agréablement  la  vue  : on  le 
(I  nomme  ainfi  parce  qu’il  repréfente  une  efpece  de 

broderie  fur  la  terre  ; parterre  â VAngloife  g 
il  ainfl  appeüé  , parce  que  îa  mode  en  vient  d’An«* 
jj  gleterre  -,  parterre  de  compartiments  & parterre 
i de  pièces  coupées  . reprenons  tous  ces  parterres 
\ pour  en  donner  une  idée  plus  complété. 

I Des  parterres  de  broderie* 

Les  parterres  de  broderie  ne  font  eflimés  qu’aux 
I tant  que  îe  bon  goût  régné  dans  le  deffein  qui  le 
l|  repréfente  : l’invention  n’en  doit  point  mettre  à 
. la  gêne  Telprit  de  celui  qui  veut  en  avoir  l’hon- 


' Le  Jardinier 

beaute  ; c’eft  pourquoi  on  ne  laifTe  monter  ces  ifs 
qu’à  trois  ou  quatre  pieds  de  haut. 

Des  parterres  à VAngloife, 

Les  parterres  à l’Angîoife  ont  leur  agrément 
particulier;  quoiqu’ils  paient  pour  les  plus  fim- 
pies  & les  moindres  de  tous  , cependant  il  n« 
îaifîë  pas  que  d’y  avoir  un  peu  d’invention  dans 
les  différents  compartiments  dont  ils  fontcompo* 
fës.On  fait  de  ces  parterres  fans  buis  ; mais , pour 
îors,  il  faut  obferver  de  femer  épais  les  bords  de 
chaque  piece  , afin  qu’elles  fe  détachent  fans  con- 
fiifion  les  unes  des  autres . par  le  fable  qui  eft 
entre  deux  : d’autres  tracent  ces  compartiments 
avec  du  buis  , & les  rempliffent  de  gazon  , 
ayant  foin  de  les  détacher  du  buis  par  un  petit 
fenrier  d’un  pied  ou  d’un  pied  & demi , garni 
de  fable  , de  quelque  couleur  que  l’on  veut. 

On  fait  auffi  des  parterres  à l’Angloife,  qui  ne 
font  qu’un  tapis  de  gazon  tout  uni , & qui  n’efl: 
féparé  de  la  plate-bande  qui  l’entoure  que  par  un 
fencier  couvert  de  fable  ou  de  brique  battue.  Dans 
cette  plate-bande  on  y éleve  des  fleurs , fi  on  le 
veut,  ou  bien  on  y met  du  gazon  féparé  de  deux 
bordures  de  buis  par  un  double  fentier  fablé  ; & , 
dediflance  en  diflance,  on  place  des  caiffes  & des 
pots  remplis  de  fleurs. 

Des  parterres  en  découpés. 

A l’égard  des  parterres  en  découpés,  îa  mode 
en  eft  prefque  paffée  ; cependant , on  en  voie 


FlIÜRîStE,  353 

ineofe  quelques-uns  , principalement  chez  les 
particuliers  qui  font  curieux  en  fleurs , & qui  ai- 
itient  mieux  en  avoir  telles  pièces  bien  garnies  , 
félon  les  faifons,  que  la  plus  belle  broderie  qu’il  y 
ait.  On  ne  difpute  point  des  goûts  ; ces  parterres 
ont  leur  mérite  , ainfi  on  auroit  tort  de  les  fup- 
primer  dans  nos  jardins.  Ils  ne  font  compofés  ni 
de  broderie  ni  de  gazon  , mais  feulement  de  pe- 
tites enceintes  entourées  de  buis  ; les  uns  ronds, 
d’autresquarrés,  ceux-ci  ovales  , ceux-là  échan- 
crés  , qui,  tous  en^mble,  forment  un  tout  jufte 
& bien  compafTé.  On  les  fépare  par  des  fentiers 
fablés  & d’une  même  largeur  , afin  d’avoir  la  li- 
berté d’y  cultiver  les  fleurs. 

Des  parterres  de  cdmpartimenîs^ 

Les  parterres  de  compartiments  font  ceux  dont 
ie  delTein  fe  répété  par  fymmétrie , tant  en  haut 
qu’en  bas , & fur  les  côtés  : c’efi  la  différence  qu’il 
y a d’eux  à ceux  de  broderie:  on  charge  ces  par- 
terres d’une  broderie  légère , de  maflîfs,  piecesde 
gazon  , enroulements  , & de  plates-bandes  de 
fleurs.  On  en  doit  labourer  le  fond  , fabler  le  de- 
dans des  feuilles,  & mettre  du  ciment  dans  le 
petit  fentier  qui  fépare  les  compartiments.  Ces 
parterres  ont  alfez  d’agrément  quand  ils  font  bien 
entendus  & bien  entretenus. 

Des  plates-bandes. 

Les  plates-bandes  des  parterres  font  de  fan- 
taifie  y les  unes  font  toutes  unies  & places , ornées 

Qa 


3^4  Le  Jahbîstîhr 
fîmplement  dans  le  milieu  d’un  maffif  de  gazon  f 
détaché  du  buis  par  deux  petits  fentiers  à côté  , 
garni  de  fable  rouge,  niaclie-fer  ou  fable  à l’or- 
dinaire. Quelquefois  , pour  y donner  du  relief  ^ 
on  y mec  des  ifs  , des  vafes  ou  des  pots  de  fleurs 
d’efpace  en  efpace , pofés  fur  des  dés  de  pierre  au 
milieu  du  maffif. 

Il  y a d’autres  plates-bandes  dont  la  terre  du 
milieu  eil  en  dos  d’âne  , pour  y mettre  des  fleurs 
& des  ifs  ; ce  font  les  plates-bandes  les  plus  Am- 
ples, mais  qui,  dans  leur  fimplicité,font  un  fpec- 
tacle  fort  agréable  dans  un  jardin  , lorfqu’elles  font 
bien  entretenues  de  fleurs  dans  cîf^que  faifon. 

On  accompagne  encore  les  parterres  d’autres 
plates-bandes  coupées  en  compartiments , & fépa- 
rées  par  des  fentiers  : ces  pièces  font  ordinaire- 
ment deûinées  pour  des  fleurs  ; c’efl:  pourquoi 
on  les  laboure. 

il  faut  obferver  que  le  fond  des  parterres  doit 
toujours  être  Tablé  : quelquefois  , comme  on  l’a 
déjà  dit,  on  veut  les  ornements  de  plufieurs  cou- 
leurs; pour  lors , on  fe  fert  de  ciment  pour  le  rou- 
ge, ou  d’un  fable  naturellement  rouge , comme  il 
y en  a à Vaucreffon  & en  d’autres  endroits  aux 
environs  de  Paris  ; maiscommeen  n’a  point  par- 
tout cette  commodité  , on  fe  pafle  de  ciment. 

On  emploie  pour  le  noir  de  la  terre  noire  , du 
terreau  , du  mache-fer  , ou  du  charbon  battu  & 
pilé  ; pour  le  fable  , on  s’en  fert  comme  on  Je 
trouve  dan  les  lieux  où  l’on  efl,  foit  fable  de  ri- 
vière , ou  Tablons  jaune^  ou  blancs. 


JPlanche-  VU. 


J*Of-terre^  J . 


On  emploie  pour  le  noir  de  la  terre  noire , du 
terreau  , du  mache-fer  , ou  du  cliarbon  battu  & 
pilé  ; pour  le  fable  , on  s’en  fert  comme  on  le 
trouve  dan  les  lieux  où  l’on  efl,  foit  fable  de  ri- 
wiere , ou  fabîons  jaune^  ou  blancs. 


Fleuriste.  565 

Comment  di fi  in  gitcr  les  couleurs  dans  les  parterres 
gravés^ 

Mais  9 pour  diftrnguer  dans  les  parterres  gravés 
les  couleurs  qui  en  font  la  varié'é  , on  fe  fou- 
viendra  que  les  points  femés  clairs  marquent  le 
fable  rouge  ; on  connoit  le  noir  ou  la  limaille  de 
fer  par  les  lignes  croife'es  en  biais  l’une  fur  raii- 
îre.  le  gazon  fe  voit  par  des  lignes  croifées  droi- 
tes ; & on  diftingue  Fémail  5 formé  par  les  mar- 
guerites & la  fîatice , par  quantité  de  petites 
feuilles  les  unes  contre  les  autres. 

Quoique  chaque  parterre  ait  fon  échelle  , ce 
rfefl:  pas  à dire  pour  cela  qu’on  ne  puifTè  s’en 
fervir  que  pour  refpace  que  contient  le  terrein  ; 
il  eft  ioifible  d’en  changer  les  proportions  , d’éfar- 
gir  , raccourcir  ou  d’en  allonger  les  pièces , de 
îes  diminuer  ou  de  les  augmenter  : tout  cds:  le 
doit  faire  avec  beaucoup  de  précifion  & de  jugé» 
ment , & prendre  garde  que  cette  augmentation 
ou  diminution  ne  foit  pas  bien  confidérable  ; aiï- 
îrementce  feroit  un  delTein  eftrppié  , & qui  ne  ref- 
fembleroic  plus  à lui-même.  C’eft  aiïèz  parler  de 
parterres , & de  tout  ce  qu’il  faut  obferver  pour 
îes  donner  de  bon  goût , paflbns  aux  figures  qui 
doivent  les  repréfenter. 

Planche  VII. 

Parterre  J. 

Le  premier  parterre  efi  en  un  feuî  tableau,  en- 
tkhï  d’une  broderie  affez  particulière  : elle  efi  ac- 

Q 3 


J66  Le  Jardinier 
compagnie  de  maffifs  de  gazon , interrompus  pîuw 
fleurs  fois  par  la  broderie,  & formant  deux  car- 
touches , ornés  chacun  d’un  beau  fleuron  dans  le 
milieu  : la  plate-bande  en  eft  unie.  Pour  varier 
ce  parterre , on  peut , fi  l’on  veut , cmailkr  Is 
premier  maflîf  avec  du  fable  rouge  à côté  , pour 
détacher  flémail  ; & l’autre  y plaquer  du  gazon 
dans  le  milieu  , accompagné  de  mache-fer  des 
deux  côtés  : les  plates-bandes  feront  ornées  de 
fleurs  , ou  bien  émaillées  dans  le  milieu , ou  gar- 
nies de  gazon,  avec  des  fables  diiFérents  à côté. 

Mais,  pour  revenir  aux  marques  qui  font  dif- 
tinguer  les  traits  diffcTents  qui  compofent  la  bro- 
derie d’un  parterre,  & connoître  les  couleurs  qui 
en  rehauflènt  l’éclat,  & les  divers  maffifs  qui  en 
font  l’ornement,  voici,  pour  démontrer  toutes  ces 
parties , ce  qu^on  a jugé  propos  de  mettre  ici, 
Démonftration  des  traits  qui  entrent  dans  la 
broderie^ 

1,  Pâte- bande  : c’eil  du  6.  PJnceaux. 
gazon  détaché  du  buis  7.  Volutes. 

avec  du  fable  rouge.  8.  Nilles  doubles. 

2.  Becs-de-corbinfimples.  9.  Naiffances:  c’eft  Ten- 

2.  Becs-de  corbindoubles.  droit  d’où  partun  fleuron. 

4.  Feuilles  de  refend.  10.  Agraffe  : c’eft  ce  qui 

5,  Fleurons  :c’eft  un  orne-  tient  attachés  plufieurs 
ment  conipofé  d’une  ou  traits  joints  enfemble. 
deux  fleurs  , avec  des  ii.  Dents-de-loup, 
becs-de-corbinmêiésou  la.  Cartouche. 

autres  traits.  13*  Trefîes. 

Démonjîration  des  couleurs  & majjifs  qui  fervent 
de  décoration  aux  parterres. 

A.  Sable  rouge*  D.  Maffif  en  émail.  ^ 

B.  Sable  noir.  £•  Maflif  de  gazon. 

C.  Gazon, 


J>la7tcAe  VIII. 


K 


jPar'Aîf'/'e  3 . 


Pa^e  -56rf  . 


1 


3^7 


Fîêüriste. 

PlANCHE  VIII. 

Parterre  I J. 

Cette  planche  repre'fente  un  parterre  de  bro- 
derie en  deux  pièces  de  différents  deffeins  : on 
pourra  choifir  des  deux  celle  qui  plaira  le  plus  | 
il  aura  qu’à  les  répéter  , & laiffer  une  allée 
dans  le  milieu. 

Ce  parterre  eft  fort  agréable  ; le  deffein  , & 
fa  broderie  ^ qui  eft  variée  par  les  fleurons  qui 
y font  5 le  rendent  d’un  goût  nouveau  ; le  maffif 
du  milieu , d’oîi  partent  ces  fleurons , fera  émaillé  j 
fî  on  veut,  c’eft-à-dire , orné  dans  le  milieu  de 
marguerites  & de  ftatices  , avec  du  fable  rouge 
à côté.  On  partage  ordinairement  cet  efpace  en 
trois  parties  égales  ; celle  du  milieu  eft  pour  l’é- 
mail, & les  deux  côtés  pour  le  fable  : quant  à la 
plate-bande , on  y mettra  des  fleurs  avec  des  ifo 
de  diftance  en  diftance. 

Parterre  III.  ^ 

Ce  parterre  n’eft  pas  moins  particulier  dans 
fon  goût , & l’on  peut  dire  même  que  l’idée  en 
eft  toute  nouvelle.  Il  a cinq  toifes  de  large  ^ ainfi 
que  le  précédent , & fe  peuvent  tous  les  deux 
mettre  fur  fix  toifes  : celui-ci  eft  renfermé  dans 
des  plates-bandes  échancrées  dans  les  angles  ; 
fon  maflif , dans  le  bas , eft  formé  par  des  vo- 
lutes orné  d’une  broderie  qui  le  perce,  & qui 
vient  communiquer  en  defcendant  au  culot , qui 
femble  porter  le  fleuron*  Le  haut  du  maflif  re- 

Q4 


36B  Le  J a r d î n.  î k 
préfente  un  cartouche  environné  de  trefles  eo 
dedans , & d’une  fleur  particulière  , & furmonté 
d’une  broderie  qui  tombe  deflus  en  jouant  afTez 
agréablement*  Les  mafîifs  doivent  être  émaillés  ; 
& , pour  les  varier , l’émail  du  bas  fera  accom- 
pagné de  mache-fer  ou  de  charbon  pilé  , & l’au- 
îre  de  fable  rouge.  Quant  aux  plates-bandes on 
y mettra  du  gazon  , avec  du  fable  rouge  à côté  ; 
ou  des  fleurs , fi  on  le  fouhaite.  Faifons  voir  en- 
core ici  quelques  traits  de  broderie  dont  on  n’a 
point  parlé  dans  la  démonftration  précédente. 
Démon fl  ration . 

î.  Paîmettes.  3,  Nilles  fîmpîes* 

s.  Graines  oh  grains  de  4.  Attaches, 

chapelet.  5.  Enroulements. 

Planche  I X, 

Parterre  I V. 

On  voit  fur  cette  planche  un  petit  parterre 
propre  pour  un  jardin  de  Ville  ; il  eft  d’une 
broderie  fort  agréable.  On  voit  du  culot  s’élever 
^n  fleuron  d’un  aflèz  bon  goût  : il  contient  un 
cartouche  orné  dans  le  milieu  d’un  autre  fleurcn 
qui  communique  au  premier  : ce  cartçuche  eft 
formé  par  Un  mafîif,  dans  le*  milieu  duquel  on 
peut  plaquer  du  gazon  ^ fi  l’on  veut  ^ ou  plan- 
ter des  marguerites  , avec  du  fable  rouge  à côté, 
ou  du  ciment,  cela  fait  le  même  effet.  Ce  car- 
touche jette  encore  un  autre  fleuron  qui  tombe  , 
pour  faire  contrafte  à celui  d’en  bas  ; les  plates» 
bandes  font  deftinées  pour  mettre  des  fleiirs.  Ce 


JPlanchfjyi  . 


4-  ■ 


i 

i 

f 

# 

i 

1 


-2 


5 


-5# 


bandes  font  deftinées  pour  rnettre  des  flesirs»  Ce 


-~T  / ICi  pidLCO  — 

bandes  font  deftinées  pour  roettre  des  fîeiirs.  O 


JPaqe  30^ 


xr 


Fleuriste.  369 
parterre  contient  trois  toifes  de  large  ; il  peut 
s^exécuter  fur  quatre  , fix  & fept  toifes  de  long^ 
DémonJîraûiGn^ 

î.  Cuîot.  3.  Chapelets, 

a,  Trehes. 

Planche  X« 

Parterre  V. 

Ceft  on  parterre  à l’Angloife  en  trois  pièces  9 
^%QC  un  baiïin  dans  le  haut  ; il  n’y  a que  les  pla- 
tes-bandes qui  font  bordées  de  buis  , avec  un 
gazon  plaqué  dans  le  milieu  , & du  fable  rouge 
ou  du  ciment  à côté  , ou  du  mache-fer  ou  du 
dîarbon  pilé  , qui  produit  le  même  effet.  On 
peut , fl  l’on  fouhaice  , au  lieu  de  gazon , orner 
les  plates-bandes  de  fleurs  ^ la  variété  n’en  fera 
pas  moins  agréable.  Ces  parterres  de  gazon  ne- 
font  ordinairement  compofés  que  de  découpés 
différents;  ainfi  , fans  autre  démonftration  j on 
pourra  par  ceux-là  juger  de  ce' que  c’efl:  que  ces 
pièces. 

P I A N C H E XL. 

Parterre  V'E 

On  trouve  dans  cette  planche  un  grand  par^ 
terre  de  broderie  en  un  feul  tableau  : on  peut' 
dire  qu’il  eft  tout  nouveau  en  fdn  efpece  , & " 
d’un  goût  finguîier.  On  y voit  un  grand  fleu- 
ron porté  par  un  culot  en  maniéré  dé  vafe  ^ & 
enfermé  dpns  un  cartouche  environné  de  petits- 
fTeurons.  fort  agréàbîés  : le  maflîf  de  ce  cartou- 
olie  peut  être  émaillé,  fi  on  veut  , ou  orné  de 


37^  Le  Jardiniir 
gazon  feulement,  avec  du  fable  rouge  , pour 
le  détacher  du  buis.  Du  bas  de  ce  cartouche  fort 
un  grand  fleuron  partagé  dans  le  haut , & qui , 
venant  fe  joindre  par  une  agrafé  qui  en  lie  les 
rinceaux , tient  un  autre  fleuron  qui  tombe  , Sc 
un  autre  au-deffus  qui  eft  aflez  particulier  , & 
enfermé  dans  une  maniéré  de  cartouche  dont  la 
broderie  joue  & frappe  l’œil  fort  agréabîemento 
La  plate-bande  de  ce  parterre  eft  échancrée  dans 
le  haut , & foutient  un  petit  boulingrin  enfoncé,, 
avec  une  grande  rofette  & des  lances  , le  tout 
varié  par  un  émail  de  marguerites  & de  flatices 
accompagné  de  fables  differents , qui  les  déta^ 
chent  des  traits  de  buis  qui  régnent  tout  autouro. 
Le  tableau  de  ce  parterre  eft  fur  douze  toifes  de 
large  & dix-neuf  de  long^ 

P X,  A N G H E XII. 

Parterre  V I J. 

C’eft  un  parterre  , partie  de  broderie  & par*» 
tie  en  gazon , enfermé  dans  des  traits  de  buis ,, 
avec  un  fable  rouge  ou  du  mâche- fer  qui  l’en 
détache.  Ce  parterre  a neuf  toifes  de  large  , & 
peut  s^exécuter  fur  dix  , & quatorze  ou  quinze 
de  longueur  : il  eft  aufïi  d’un  deîTein  fort  nou- 
veau. Le  gazon  doit  être  détaché  par  du  fable 
rouge  , ciment  ou  mâché- fer , félon  les  lieux  où 
ces  matières  font  les  plus  communes.  Au  lieu 
de  mache-fer , on  emploie  du  charbon  pilé  , 
c’eft  un  avertiflèment  qui  fervira  d’inftruélion  où 
il  en  fera  befoin  dans  les  deffeins  de  cet  Ouvrage,^ 


JPlancJiir^XlI. 


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il  en  fera  befoin  dans  les  deileins  de'  cer  Ouvragei» 


F E E U R î 37î 

tes  parterres  ordinairement  fe  plantent  de 
buis , au  plantoir  ou  à la  bêche  ; on  fe  fert 
du  plantoir  pour  la  broderie , & il  faut  pren- 
dre garde  qu’un  planteur  falTe  bien  filer  les  naif- 
fances , qu’il  ne  plante  point  fon  buis  hors  des 
traces,  & qu’il  n’aille  point  brifer  fes  traits  , 
lorfqu’il  ne  doit  que  les  faire  couler  doucement. 
On  emploie  la  bêche  pour  planter  les  plates- 
bandes  & les  rinceaux  de  broderie  qui  font 
étexudus  : cela  s’appelle  planter  le  buis  en  rigole» 
Tous  les  Ouvriers  qui  courent  les  atteliers  ne 
favent  pas  planter  le  buis  au  plantoir , princi- 
palement lorfqu’il  efl:  queftion  de  tourner  un 
rinceau  rondement,  de  tirer  une  naiffance  , de 
planter  un  bec»de-corbin  , feuille  de  refend  , 
& autres  ornements  qui  entrent  dans  la  bro- 
derie : c’eft  à quoi  il  faut  faire  attention  quand 
©n  fait  planter  un  parterre  , & de  choifir  tou- 
jours les  Ouvriers  qui  l’entendent  le  mieux  , 6c 
fuivre  la  trace  qu’on  a faite  fur  le  tableau. 


CHAPITRE  V. 

I^esbofquets  & des  bois  drejfes  pour  P ornement 
des  jardins  , f ailes  , falons  ^ cabinets  de.  verp  - 
dures  & cloîtres» 

B O s Q U E T S» 

y ES  bofquets  font  de  petits  bois  qui  font  uiî 
J-^des  principaux  ornements  d’un  jardin  : c’eft 
m qui  en  rek^  les  pièces  plates , tels  que  font 


L % J A R.  0 I N I-,  E R 
les  parterres  & les  boulingrins.  On  fait  des  boP 
guets  de  diiFérents  daffèins  : on  peut  dire  quo 
ceux  dont  on  va  voir  quelques  figures  font  tout 
particuliers  ; iî  y en  a auffi  dont,  Texécution  efl 
fort  facile. 

îlfaut  5.  dans  la  diftribution  qu’oa  fait  d,’ua 
jardin  5 que  les  bofquets  y foient  placés  de  ma- 
niéré qu’ils  ne  bouchent  point  les  vues  d’une, 
maifon.  Nous  avons  déjà  dit  qu’il  falloit  que  les 
dedans  de  chaque  bofquet  fufTent  variés  , afin  de 
ne  point  toujours  trouver  le  même  objet  lorfqu’on 
paflè  de  î’un  h l’autre  ; il  n’y  a qu’à  voir  pou2? 
exemple  Verfailles  , Marly  & d’autres  maifons. 
de  conféquence,  où. cette  réglé  eft  fi  exadement 
obfervée  : en  faut-il  davantage  pour  convaincre 
les  ignorants  de  leurs  fautes  ? Voilà  ce  qui  con- 
cerne les  hofquets  couverts , parce  qu’il  y en  a 
d’autres  qu’on  appelle  hofquets  découverts.  Difons 
encore  quelque  chofe  des  premiers  j avant  que  de 
parler  de  ceux-ci. 

Il  efl:  conflant  que  ces  bofquets  ,,  dans  leur 
conftrudion  , fourniffent  beaucoup  de  quoi  oc- 
cuper Fefprit  d’un  Architecte,  lorfqu’il  a de  l’in- 
vention : rien  ne  doit  le  rebuter  à l’égard  de 
l’emplacement , foit  que  le  terrein  en  foit  uni 
ou  non.  S’il  s’y  trouve  quelque  profondeur  , iî 
peut  y faire  quelque  renfoncement  bien  taillé^ 
avec  rampe  & efcalier  de  gazon  ; s’il  y a quel- 
ques  buttes  de  terre,, il  y pratique  des  gradins  tout 
autour  9 ou  autres  ehofes  qui  lui  viendront  en  la 


I E ü R î s T ITa.  373: 

peüfëe &L  le  tout  pour  empêcher  lès  tranfports 
de.  terres  , qui  coûtent  beaucoup  , & qui  font 
peu  d’honneur  à leurs  maîtres.  Ajoutez  que  toutes, 
ces  figures  extraordinaires  5 bien  dreffées  ^ font 
plus  belles  que  celles  qu’on  donne  à un  bofquet 
fitué  dans  un  terrein  uni,  îl  efl  vrai  que  des  bof- 
quets  conftruits  de  cette. forte,  ne  font  pas  Fou- 
vrage  d’un  fimple  Jardinier  , ni  de  beaucoup  de 
Deflinateurs  de  jardins  , qui  s’imaginent  être  les. 
plus  habiles  qui  foient  en  cet  art , lorfqu’ils  ont 
donné,  un  delTein  de.parcerre  tel  que  tel  y & bien 
îavé,. 

On  plante  ordinairement  le  pourtour  des  bof-- 
quets  avec  la  charmille,  ou  l’érable  entre-mêlés 
d’orm.es,  de.  tilleuls  d’Hollande  ou  de  maron- 
niers  d’Inde  , d’efpace  en  efpace,  & à deux  toifes. 
ou  un  peu  plus  ou  moins  éloignés  l’un  de  l’autre^ 
On  peut  n’y  m.ettre,  fi  on  veut , que. d’une  feule 
efpece  de  ces  arbres , ou.  bien  mêler  les  ormes  oa 
Us  maronniers  d’Inde  avec  les  tilleuls  d’Hoüan^ 
de  , & faire  enforte  que  ceux-ci  garniffent  tou^^ 
jours  les  dedans»  . Au  refte  , cela  dépend  de  la 
fantaifie,  on  ne  prétend  point,  établir  de  réglés 
certaines  là-defius» 

Outre  les  bofquets  dont.  on  . vient  de  parler  5^ 
il  y a ies  bofquets  découverts  ^ à compartiments  ; 
ils  different  des  premiers , en  ce  qu’iî  n’y  appoint 
d’arbres  plantés  dans  le.  milieu  pour  faire  des 
touffus  : la  paliffade  qui  les  environne  ne  doit 
êxte  qu’àhauteur  d’appui, .Quant  aux  arbres  qiü 


374  I'  ^ T A ït  D r N-  r E R 
en  font  rornement  , ce  font  les  marronnier;^ 
d’înde&Ies  tilleuls  d’Hollande.  Ces  bofquets  ont 
îeur  mérite  dans  ün  jardin  ; & , lorfqu’on  s’y 
promene , on  a le  plaifir  de  jouir  de  la  vue  de  tout 
ce  qui  eft  dans  un  jardin  ,fans  que  rien  en  empêche. 

Ces  bofquets  font  ordinairement  dans  le  milieu 
décorés  de  pièces  de  gazon  , avec  des  fentiers 
tout  autour  , & accompagnés  d’ifs  , d’arbrif- 
féaux  , placés  avec  .goût  & fymmétrie.  On  peut  j, 
fi  la  grandeur  du  terrein  le  permet , pratiquer 
des  cabinets  ou  des  falons  datis  les  encoignures  , 
avec  des  enfilades  quife  communiquent  l’iine  dans 
Fautre. 

Ces  bofquets  conviennent  très-bien  dans  les 
jardins  de  grande  étendue , ou  il  y a bien  des 
vues  à ménager  , parce  que  de  la  maniéré  que 
îes  arbres  y font  plantés  ils  ne  les  offufquenr  point.. 

Les  bofquets  qu’on  nomme  quinconces^  font 
plufieurs  rangées  d’arbres  , que  l’on  plante  en 
lignes  retournées  d’équerre  ^ qui  forment  un 
échiquier  ou  traits  quarrés.  Il  faut  que  ces  rangs 
d’arbres  foient  bien  alignés , & qu’ils  s’enfilent 
Fun  dans  l’autre  ; pour  cela  on  fe  fert  du  cordeau 
• & de  l’équerre.  On  ferae  quelquefois  , fous  ces 
arbres  , àts  pièces  de  gazon  , & on  y conferve 
des  allées  ratifiées  ; mais  il  ne  faut  ni  paüfiàdes  ni' 
broufiailles. 

Planche  XII  T. 

Voici  la  figure  d’un  grand  bofquet , dont  fe 
deflein  frappera  très-agréablement  k vue  5 iJ 


âeifein  frappera  trèi-agréablement  kvue  5 il  ackî“ 


; W L E V K l s T le,  37”$ 

quâîite  & me  toifes  de  longueur , fur  quarante  de 
largeur  ; il  eft  de  forme  quarrée  dans  Textérieur  s 
! îe  dedans  eft  partagé  en  deux  parties,  dont  Tune 
repreTente  un  terrein  élevé  de  quatre  pieds  en 
, forme  de  fer-à-cheva!  dans  le  devant , & foutenu 
I par  un’petit  mur  revêtu  d’un  périr  treillage  : dans 
! îe  milieu,  8t  fur  un  petit  mur  de  face  ^ paroiflTene 
j deux  ftatues  couchées  & appuyées  chacune  fur  la 
' tête  d’un  dauphin  ^ & au  bas  fe  voit  une  fontaine 
' à deux  jets*. 

Plus  avant , fur  le  même  terrein  , on  voit  des 
? paliflades  , avec  des  renfoncements  dans  la  char« 

; mille  , & des  bancs  pour  s’y  repofer»  Entre  les 
I paliflades  & le  touffu  qui  y eft  renfermé  on  s 
I repréfenté  un  portique partie  de  pierres  de  taille^, 

I & partie  de  rocailles  ; dans  le  milieu  eft  un  petit 
baflin  , foutenu  par  des  confoles , & porté  fur 
! des  dauphins , qui  font  des  animaux  convenables 
aux  eaux  : il  y a un  jet  qui  part  de  ce  baflîn  , 8c 
dont  l’eau  forme  une  nappe , qui  tombe  dans  uît 
i autre  baflîn  qui  eft  au-deflbus.  On  voit  encore 
i deux  autres  figures  & des  ifs  qui  fervent  dé  dé- 
coration à cette  partie  de  bpfquet. 

E’autre  partie  eft  aiiflî  élevée  à même  hauteur 
I on  y monte  par  des  degrés  de  gazon  : il  a pour 
ornement  dès  paliflades  , des  caifles  d’orangers  & 
des  pots  dé  faïance  remplis  d^arbriffeaux;Dansîe 
milieu  eft  un  grand  vafe  foutenu  par  un  pîédeftaî^ 
au  milieu  d’une  piece  dé  gazon  , & aux  deux 
lés  une  palillàde  avec  des  reflauts^ 


37^  I-  J A R D I N I Jî  K 

D^s  hois. 

Les  bois  ne  de'corent  pas  moins  un  jardin  de 
campagne  que  les  bofquets;  il  eft  vrai  qu’il  faut 
qu’il  foitde  grande  étendue  ; on  leur  donne  or-* 
dinairemenc  pour  forme  la  croix  de  S.  André  „ 
Fétoile  J la  patte-d’oie  ; &dans  fon  milieu  , on 
doit  y pratiquer  une  belle  picce  , & donner  aux 
allées  dans  ces  fortes  d’endroits  plus  de  largeur 
que  dans  le  relie  du  bois.. On  peut  dans  ces  bois 
îorfqu’ils  font  fpacieux  , y pratiquer  d’autres 
pièces  de  jardin,  comme  cabinets  , falons,  cloî- 
tres , quinconces , boulingrins  , & le  refte;mais 
il  faut  garder  en  cela  beaucoup  de  précaution  &. 
de  jugement , & ne  pas  ,à  tort  & à travers,  y four- 
rer ces  ornements.  On  y pratique  encore  fi  l’on 
veut , des  ba(fins,cafcades  & autres  pièces  d’eau 
fi  le  lieu  le  permet  , & il  ne  faut  jamais  y faire 
d’allées  doubles  tout  autour  , afin  qu’on  piiilTe. 
découvrir  l’eau  facilement,  & rendre  ces  endroits, 
moins  aquatiques., 

Les  Princes  ,Jes  grands  Seigneurs , & les  Par- 
tifans  , qui  veulent  fe  comparer  à eux  , & quî 
ont  de  grands  bois  de  futaie  , prochë  de  leurs 
maifons  de  campagne , y font  pratiquer  propre* 
ment  de  grandes  routes , qui  y fervent  comme  de 
belles  avenues.  On  a foin  d’entretenir  ces  routes 
de  maniéré  qu’elles  ne  contribuent  pas  peu  à l’or- 
nement d’un  bâtiment.il  y a de  ces  bois  où  l’on 
voitde  grandes  étoiles,  avec  un  grand  rond  dans 
le  milieu  j où  tendent  toutes  les  routes.  Si  on  ne 


Fleuristï,  377 

voit  dans  ces  bois  que  des  objets  champêtres,  ce 
qu’on  y pratique  d’ornements  les  relèvent  beau- 
coup d’ailleurs. 

Des  faites  & fallnns. 

Il  n’y  a pas  beaucoup  de  chofes  à dire  fur  ces 
ornements  de  Jardins  ; on  les  forme  avec  des  char- 
milles , qui  en  font  le  pourtour  ; le  dedans  eft 
planté  d’arbres  ifolés  , Sc  le  milieu  orné  de  ga- 
2on  ; les  arbres  les  plus  ordinaires  dont  on  fe  fert 
font  les  marronniers  d’Inde.  On  peut  , fi  l’on 
veut , fe  fervir  de  tilleuls  d’HoIlandc , ou  d’or- 
mes bien  choifis. 

On  fait  auffi  des  falles découvertes,  c’eft-à-dire 
fans  palliffades  ; elles  font  à plufieurs  rangées  d’ar- 
bres plantés  fur  des  tapis  de  gazon  : on  met  dans 
le  milieu  un  baffin  , fi  l’eau  le  permet , &c  qu’on 
veuille  en  faire  la  dépenfe  , ou  une  piece  de  ga- 
zon feulement. 

Des  cloùres  & cabinets  de  verdure. 

On  appelle  cloître  , en  fait  de  jardinage  , une 
piece  de  terre  plus  ou  moins  grande,  environnée 
de  palilTades  élevées  ; & dans  le  dedans  , à deux 
ou  trois  toiTes  de  diftance , efl  une  haie  d’appui 
de  charmille  , avec  des  tilleuls  d’HoIIande  enga- 
gés de  difîance  en  diflance.  On  peut  pratiquer 
des  cabinets  dans  les  encoignures. 

Quelques-uns,  au  lieu  de  haie  d’appui , ornent 
le  dedans  d’un  treillage  en  arcade,  avec  un  appui 
d’un  même  travail  ; d’autres  y pratiquent  des  pa- 
lifTides  pçrcées  en  arcades,  qui  y donnent  un  graiïd 


37^  tÊ  Jardinîe» 
relief  : le  milieu  de  ces  cloîtres  eft  décoré  dVîi 
jet  d’eau  , ou  d’une  belle  piece  de  gazon  , avec 
des  allées  de  pourtour  , qu’on  a foin  de  ratiffer 
fouvent  pour  plus  grande  propreté. 

Quant  aux  cabinets  , ce  font  de  petites  pièces 
de  verdures  qu’on  pratique  dans  des  bois  ou  dans 
de  grands  bofquets  : ils  font  compofés  ordinaire- 
ment de  charmille  & d’arbres  qui  font  engagés 
dedans.  Ces  cabinets  doivent  être  d’une  grandeur 
raifonnable,  & non  pas  faire  comme  certains  Ar- 
chitefles  , qui  , ayant  à faire  un  bofquet  fur  une 
étendue  médiocre  de  terrein  y ont  la  fureur  d’y 
vouloir  ménager  des  cabinets  , ce  qui  étrangle  le 
bofquet  & les  cabinets  , de  maniéré  qu’à  peine 
ceuX'Ci  peuvent-ils  contenir  des  perfonnes , lorf» 
que  la  charmille  s’eft  un  peu  épailTie  : c’eft  la  folie 
pourtant  de  bien  des  gens  qui  deffinent  pour  les 
jardins  , & de  la  plupart  des  particuliers  qui  font 
travailler  ; & le  tout  par  un  goût  dépravé , & 
qui  ne  favent  pas , pour  belle  maxime , qu’une 
feule  piece  de  Jardin  bien  entendue  vaut  mieux 
que  trois  qui  font  mefquines  & très -mal  placées. 


CHAPITRE  VI. 


Il  contient  tout  ce  qu* il  faut  ohferver  àVégard 
des  boulingrins  y palijjades  y allées  y contre^ 
allées  ; comment  les  fahler  & les  entretenir^ 

^ PRfes  avoir  parlé  de  beaucoup  de  pièces  d’or- 
«4^  nements  qui  entrent  dans  les  jardins  ,,  il  eR 


PtHURISTE.  379 

Encore  bon  de  dire  ici  quelque  chofe  des  boulin- 
grins , de  donner  une  belle  idée  des  palifTades  , 
& de  ce  qu’on  doit  obfervér  lorfqu’on  veut  cou- 
per un  jardin  par  des  allées  & des  contre  - allées,. 
Commençons  par  les  boulingrins. 

Des  boulingrins. 

Le  boulingrin  eft  un  compartiment  de  jardin 
qui  nous  vient  d’Angleterre  quoiqu’il  fe  prati- 
que différemment  en  France  ; les  premiers  fe  for- 
ment fur  un  terrein  uni,  au  lieu  que  les  nôtres 
ne  font  que  dans  certains  renfoncements,  avec 
glacis  de  gazon , & de  grandes  pièces  de  gazon 
dans  toute  l’étendue  du  fond. 

Comme  l’on  fait  de  grands  & de  petits  bou- 
lingrins , on  donne  pour  le  renfoncement  des  pe- 
tits environ  un  pied  & demi  de  profondeur  , & 
pour  les  grands  deux  pieds.  Le  glacis  de  gazon 
qui  borde  le  renfoncement  des  petits  doit  avoir 
environ  fept  pieds  de  long  , & celui  des  grands 
neuf.  On  ratiffe  entièrement  le  fond  des  petits  , 
n’y  ayant  pas  afièz  d’efpace  pour  une  piece  de 
gazon  : mais  dans  les  grands  on  y en  place  de 
belles  , & on  lâifTe  pour  détacher  la  piece  de  ga- 
zon du  glacis  , trois  ou  quatre  pieds  de  ratiffage. 

On  fait  des  boulingrins  dans  les  bofquets  , & 
quelquefois  même  dans  les  parterres  à l’Angloifei, 
lorfqu’ils  font  grands. 

On  fait  de  deux  fortes  de  boulingrins  dans  les 
jardins  d’ornements , le  fimple  & le  compofé  ; le 


Le  Jardïniêr 
premier  efl  de  tout  gazon  ^ fans  rien  avoir  d’aîî'^ 
leurs  qui  l’accompagne  , au  lieu  que  l’autre  eS 
coupé  en  compartiments  , & orné  d’ifs  & d’ar- 
brifîèaux.  On  voit  de  grands  boulingrins  accom- 
pagnés tout  autour  de  marronniers  d’Inde  ou  de 
tilleuls  d’Hollande. 

Les  boulingrins  découverts  , c’efl-g-dire  ceux 
qui  ne  font  point  dérobés  à la  vue,  qu’on  décou- 
vre du  premier  coup  d’œil  dans  un  jardin  , font 
ornés  quelquefois  , outre  les  ifs  , d’arbrilfeaux  à 
fleurs  , dans  des  caiffes  ou  de  grands  pots  de 
faïance  , & coupés  par  des  fentiers  fables  de  dif- 
férentes couleurs.  On  peut,  dans  les  renfonce-  1 
ments  des  boulingrins  , y confîruire  un  baffin  | 
avec  on  jet  ou  une  piece  d’eau  plate.  j 

Comme  îa  faotaifie  décide  de  la  figure  qu’on 
veut  donner  à on  boulingrin  , on  ne  prefcrit  point 
ici  de  réglés  là-deflas  ; on  efl:  bien  aife  d'avertir 
feulement  que  pour  le  gazon  , fi  on  le  feme , c’eit 
toujours  de  graine  de  bas  pré  dont  il  faut  le  fe-  | 
mer , ou  de  gazon  plaqué.  j 

Les  boulingrins  ne  conviennent  qu’aux  jardins 
de  grande  étendue  ; c’efir  une  des  pièces  les  plus 
nobles  d’un  jardin , quand  on  fait  l’y  bien  pla- 
cer : il  repréfente  un  objet  fort  agréable  aux 
yeux.  Ces  pièces  de  jardin  font  d’un  grand  fe-  | 
cours  pour  remplir  un  grand  efpace  qu’on  veut  ! 
gui  foit  entièrement  découvert. 

On  faitles boulingrins  aufii  riches  d’ornements 
qu’onde.  fouhaite  ^ principalement  ceux  qui  fore 


F t E ü R I s T E.  3S1: 

Sans  des  bofquets  ou  autres  pièces  femblables  : on 
peut  y pratiquer  des  buffets  d’eau  , ou  des  chûtes 
en  napes. 

Des  palijfades. 

On  appelle  paliflades  , dans  les  jardins  , cer-* 
taine hauteur  & longueur  toute  unie,  en  maniéré 
de  mur  , formées  par  de  la  charmille  ou  par  de 
l’érable  : la  beauté  principale  d’une  palilTade  con- 
fifte  à être  bien  garnie  par  le  bas.  Les  palifTades 
les  plus  épaiffes  ne  font  pas  les  plus  belles  ; il  faut 
en  cela  une  jufi.e  proportion  , & dont  un  Jardi- 
nier d’un  bon  goût  décide  aifément,  quand  il  fait 
fon  métier.  On  les  tond  ordinairement  des  deux 
cotés  à plomb  : la  hauteurdes  paliiTades  doit  être 
de  deux  tiers  de  la  largeur  de  l’allée  ; lorfqu’elles 
font  plus  hautes  elles  rendent  les  allées  triftes  & 
étroites. 

On  fait  des  palifTades  fansy  enclaver  des  arbres 
d’efpace  en  efpace  , & d’autres  où  il  y en  a j on 
fe  fert  pour  lors  d’ormes  , parce  qu’ils  s’élèvent 
fort  haut  : mais  en  ce  cas  , il  faut  que  les  pa« 
ïifTades  foient  tondues  à plomb , & garniflent  le 
pied  des  arbres  , qui  doivent  laifTer  un  bouquet 
au-defTus.  S’il  arrive  que  ces  palifTades  fe  dégar- 
nÜTent  par  le  pied  , on  peut  y remédier  en  gar- 
nifTant  le  bas  avec  des  ifs,  foutenu  d’un  petit 
treillage  de  cinq  à fix  pieds  de  haut  : cette  variété 
n’eft  point  défagréable  aux  yeux. 

II  y a les  palifTades  à banquettes  qui  u’exce-» 
dent  jamais  trois  pieds  & demi  5 ce  font  auffi  des 


f 


38*2,  Î,E  jARSrR'IRs. 
paîiflàdes  a hauteur  d’appui  : on  s’en  (ert  pout 
border  des  allées  , loriiju’on  veut  confèrver  tou» 
tes  les  vues  dont  un  jardin  eft  fufceptible  : on  y 
enclave  des  arbres  d’efpace  en  efpace , qui  ne  con- 
tribuent pas  peu  a la  beauté  d’un  jardin» 

Quelques-uns  donnent  pour  ornement  à ces 
banquettes  des  ormes  à têtes  rondes  , pour  mé- 
nager de  tous  côtés  les  vues  qui  intérelîènt  : cet 
ornement  eft  aflez  particulier  & de  bon  goût , 
quand  il  eft  bien  conduit. 

Il  faut  convenir  que  les  paliflades , par  leur 
verdure,  font  d’un  grand  fecours  dans  les  jardins 
de  propreté  ; on  s’en  fert  pour  couvrir  les  murs 
de  clôtures  , pour  boucher  en  des  endroits  des 
vues  defagréables  Sc  en  fixer  d’autres  ; c’eft  auflî 
par  le  moyen  des  palilTades  qu’on  corrige  & 
qu’on  rachette  les  biais , qui  fouvent  fe  trouvent 
dans  un  terrein  , & les  coudes  que  forment 
certains  murs. 

Ces  grandsornements  de  jardin  fervent  encore 
de  clôture  aux  bofquets  , cloîtres  & aux  autres 
compartiments  qui  doivent  être  féparés  ; & c’eft 
dans  ces  grandes  pièces  que  , par  Je  fecours  des 
paliflades,  on  pratique  d’efpace  en  efpace  des  ren* 
foi  céments  dans  les  touffus  & le  long  des  allées  : 
on  y met  ordinairement  des  bancs , & ces  petits 
endroits  fervent  de  retraites  pour  fè  repofer  & y 
prendre  le  frais. 

Il  y en  a qui  y forment  des  niches , qu’ils  dé- 
corent de  jets  d’eau,  de  figures  ou  de  vafes; 


Peeiïrîste.  3S3 

tous  cesraorceaux  pratiqués  en  certains  endroits 
île  fervent  pas  d’un  petit  ornement  à une  palilfade, 
C’eft  avec  les  paliiïades  qu’on  dreîTe  des  porti- 
ques , qu’on  forme  des  galeries  & des  arcades  : 
tous  ces  morceaux  font  de  très -bon  goût  , lors- 
qu’ils font  bien  conduits  & bien  entretenus  ; ils 
font  riches  , & n’ont  rien  de  difficile  dans  Texé- 
cution  ; il  ne  s’agit  que  d’une  certaine  adreffie  à les 
former  comme  il  faut,  & que  des  foins  qu’ils  exi- 
gent , & qui  ne  doivent  point  dégoûter  les  per- 
fonnes  curieufes  , qui  ont  fuffifamment  de  quoi 
fournir  à cet  entretien.  Paffions  aux  allées  & con- 
tre-alléesqui  partagent  pour  l’ordinaire  les  jardins. 

Des  allées  & contre  - allées* 

Il  y a plufieurs  fortes  d’allées  dans  les  jardins  ; 
elles  different  entr’elles  par  leurs  largeurs,  & en 
ce  que  les  unes  font  (impies  , & les  autres  font 
doubles , & qu’on  en  voit  de  couvertes  & de  dé- 
couvertes , de  ratiffées  & de  gazon.  Entrons  à 
préfent  dans  un  plus  grand  détail  fur  chacune  en 
particulier. 

On  appelle  allées  fimples  celles  qui  ne  font 
compofées  que  d’une  rangée  d’arbres  ou  paliffade 
de  chaq  ;e  côté  , & qui  ne  font  accompagnées 
d’aucune  autre  : on  donne  du  large  à ces  allées  ^ 
félon  que  l’espace  du  terrein  le  permet. 

Les  allées  doubles  ont  quatre  rangs  d’arbres^ 
& qui  bornent  trois  allées  parallèles  , dont  celle 
du  milieu  eft  la  maîrreffe  allée,  & la  plus  large  ! 
les  deux  autres  qui  raccompagnent  font  plus  étroi» 


3§4  ÎAI^bîï^îÉ!^ 

tes  ; on  les  apelle  contre’- allées.  Les  deux  fangl 
^ d’arbres  du  milieu  doivent  toujours  être  ifolës  ^ 
au  lieu  que  les  deux  autres  font  prefqüe  toujours 
engagés  dans  la  charmille. 

On  voit  néanmoins  des  allées  doubles  dont  les 
contre-allées  ne  font  bordées  que  d’une  paliflade; 
cela  dépendre  la  fantaifie  : ces  allées^ci  n’en  ont 
pas  moins  d’agrément. 

Quant  aux  allées  couvertes  , Ce  font  celles  qui 
bordent  de  grandes  palifTades  entre-mêlées  d’ar- 
bres fort  élevés  , & dont  le  feuillage  donne  un 
ombrage  fort  épajs  , de  maniéré  que  les  rayons 
du  folei!  n’y  peuvent  pénétrer.  On  ne  peut  pas 
tout  - à - fait  déterminer  la  largeur  de  ces  allées  ; 
îl  eft  vrai  que  , fi  l’on  veut  les  voir  bientôt  cou- 
vertes , i!  ne  faut  pas  les  faire  fi  larges  que  les  au- 
tres : c’eft  pourquoi  , ces  allées  ne  fe  trouvent 
fouvent  qu’en  contre  - allées  , ou  dans  des  allées 
qu’on  pratique  dans  des  bofquetsoudans  des  bois* 
C’efl  dans  ces  allées,  durant  les  plus  grandes  cha- 
leurs , qu’on  peut  goûter  le  frais  en  plein  midi. 

On  entend  par  allées  découyertes , celles  qui 
n’ont  ni  arbres  ni  charmille  qui  les  couvrent  ^ 
îeïïes  que  font  celles  qui  partagent  les  parterres, 
les  boulingrins  & autres  pièces  découvertes  ; ces 
allées  , qui , quoiqu’elles  foient  bordées  de  grands 
arbres  , ne  laifTent  pas  , dans  le  haut , de  faire 
voir  le  ciel  à découvert  : on  a fain  , pour  les  bien 
entretenir  , de  les  élaguer  & de  couper  les  bran- 
ches qui  fe  jettent  trop  dans  les  allées# 


les 


FtEüRISÎHi  385 

allées  ratijjées  font  celles  où  il  n’y  a point 
d’herbes: on  les  appelle  autrement  allées  fahlées. 
li  y a les  allées  de  gardon , qui  confervent  une 
éternelle  verdure  , ce  qui  en  fait  la  beauté.  On  a 
dit-là  deiïùs  ce  qu’il  étoit  néceffaire  d’en  dire. 

Il  faut  toujours  que  les  principales  allées  foient 
découvertes,  & qu’elles  aient  plus  de  largeur  que 
les  autres.Cesallées  , pour  l’ordinaire,  font  en  face 
des  bâtiments,  & ne  doivent  par  conféquent  rien 
avoir  qui  ofFufque  & qui  empêche  les  belles  vues. 

Quelques-uns  condamnent  les  ifs  plantés  entre 
les  arbres  ifolés  des  allées , pour  des  raifons  très- 
foibles  , & qui  ne  difent  rien  pour  pouvoir  abolir 
l’ancienne  coutume  qu’on  a de  le  faire  , puifque 
tant  s’en  faut  même  qu’on  doive  ne  les  pas  ap- 
prouver, qu’au  contraire  on  peut  dire  qu’ils  y 
ont  très-bonne  grâce. 

On  ne  peche  jamais  en  donnant  trop  de  lon- 
gueur aux  allées  ; c’eft  à la  largeur  où  l’on  man- 
que le  pîusfouvent,  & à quoi  il  faut  faire  le 
plus  d’attention  : lorfqu’il  eft  queftion  de  faire 
des  allées  doubles , celle  du  milieu  doit  toujours 
être  une  fois  plus  large  que  les  contre-allées  i 
c’eft  une  réglé  générale  qu’on  doit  garder. 

Les  allées  des  bofquets  qui  font  éloignées  , 
ainfi  que  celles  du  pourtour , qui  n’ont  point 
d’enfilade  ni  d’alignement  principal,  peuvent  ne 
pas  tant  avoir  de  largeur,  parce  que  ces  allées  , 
pour  l’ordinaire , u’intcrelfent  pas  tant  la  vue 
que  les  autres. 

///,  Partice 


R 


3SÔ  Le  Jardswîeh 
II  faut , outre  tout  ce  qui  vient  d’être  dit  g 
dîftinguer  de  deux  fortes  d’ailées  , par  rapport  I 
leur  fituation  ; favoir , les  allées  de  niveau  & les 
allées  de  pente  : les  premières  font  plus  rares  que 
les  autres  ; il  n’y  a que  les  allées  qui  environnent 
les  parterres  ou  les  baffins  où  l’on  trouve  ce  ni- 
veau : hors  cela , il  n’y  a guere  d’allées  qui  foienC 
d’un  parfait  niveau  ; il  y a toujours  une  pente 
imperceptible  pour  fervir  d’écoulement  aux  eaux. 
Comme  il  y a des  terreins  bien  plus  en  pente 
les  uns  que  les  autres,  il  faut  y drelTer  les  allées 
de  maniéré  qu’elles  ne  laflent  point  trop  ceux 
qui  s’y  promènent  : fi  elles  font  roides  , il  faut 
en  adoucir  la  pente  , qui  ne  doit  jamais  pafTer 
trois  pouces  par  toife  ; c’efl:  le  fecret  qu’elles  ne 
foient  point  ruinées  par  les  ravines. 

Si  néanmoins  le  terrein  ne  permettoit  pas  de 
fuivre  cette  réglé  , par  la  pente  trop  confidéra- 
ble  qu’il  y auroit , on  y remédieroit  par  des  ar- 
rêts & des  marches  de  gazon  plaqué , pratiqués 
en  zigzag , & mis  de  travers  fur  toute  la  lar- 
geur de  l’allée  , d’efpace  en  efpace  égaux.  Quel- 
ques-uns fe  fervent  de  planches  de  bateau  , qui 
n’excedent  pas  l’allée  de  plus  de  deux  pouces  ; 
ces  arrêts  retiennent  rimpétuofité  de  l’eau  qui 
ravageroit  toute  l’allée  , & la  rejettent  des  deux 
côtés  : c’eft  ce  qu’on  remarque  bien  fouvent  dans 
les  allées  qui  accompagnent  les  cafeades  , ou  qui 
font  pratiquées  fur  quelque  éminence  dont  la 
pente  efl:  fort  roide. 


Fleuriste.  387 

Le  milieu  des  allées  doit  toujours  être  plus 
élevé  que  les  côrés  ; c’eft  ce  qui  y facilite  l’écou- 
lement des  eaux  , qui  va  fe  perdre  le  long  des 
paliffades  , des  plates-bandes , ou  des  arbres  qui 
régnent  à côté  , & auxquels  elles  font  du  bien. 

Pour  garder  une  jufte  proportion  dans  la  lar- 
geur qu’on  doit  donner  aux  allées  , par  rapport 
à leur  longueur  , il  eft  confiant  qu’il  faut  à une 
allée  de  cent  toifes  de  long  , cinq  toifes  de  lar- 
ge ; pour  une  de  deux  cents  toiles,  fept  à huit 
de  largeur  ; celles  de  trois  cents  toifes  en  auront 
neuf  à dix , & celles  de  quatre  cents , dix  à douze  ; 
telle  eft  à-peu-près  la  jufte  proportion  qui  leur 
convient , & fur  laquelle  on  peut  fe  régler^ 

Nous  avons  dit  qu’il  falloit  donner  aux  allées 
le  plus  d’étendue  qu’on  pouvoit , que  c’étoit  ce 
qui  en  faifoit  la  beauté  : cela  eft  vrai  ; mais  ce- 
pendant l’Architefle  qui  auroit  à pratiquer  un 
terrein  de  .trente  toifes  ou  environ  de  largeur, 
fur  près  de  quarante  de  longueur  , & fur  lequel 
il  voudroit  ménager  des  allées  doubles  qui  ne 
pourroient  avoir  que  deux  toifes  de  large , & 
fe  terminer  à un  afped:  tout  des  plus  vilains  , 
a un  cafle-nez  ; cet  Architede , dis- je  , pour  la 
beauté  de  fon  deflein,  pourroit  s’écarter  de  îa 
réglé  générale  en  coupant  fon  enfilade  de  quel- 
qu’objet  qui  flattât  plus  agréablement  la  vue. 
Ajoutez  que  par-îà  ircorrigero4c  le  défaut  de 
ces  allées  qui  ne  paroiffent  qu’un  boyau  , & fe- 
roit  que  l’œil  ne  s’iroit  point  brifer  vilainement. 

R a 


388  Lk  Jardinier 
De  la  maniéré  de  fabler  les  allées  ^ ù de  les 
entretenir  proprement. 

On  fable  les  allées  différemment  ; la  maniéré 
la  plus  ordinaire  , & qui  fe  pratique  dans  les 
jardins  de  campagne  , qui  font  de  grande  éten- 
due , eft  de  répandre  du  fable  fur  toute  la  fur- 
face  le  plus  agréablement  qu’il  eff  poffible  : mais 
avant  que  d’en  venir-Ià  , il  eff  bon  de  battre 
ces  allées  , pour  empêcher  que  les  herbes  n’y 
croifîènt , & que  les  taupes  n’y  faflent  du  dé- 
gât, La  meilleure  maniéré  de  battre  les  allées 
eff  de  les  labourer , puis  de  les  mettre  de  niveau, 
enfuite  de  les  mouiller  un  peu  , dy  laifler  après 
imbiber  l’eau , puis  de  les  battre. 

Il  eff  vrai  que  les  allées  battues  en  recoupes  fe 
Tablent  bien  mieux  que  les  autres , & que  les  her- 
bes ni  les  taupes  n’y  font  point  à craindre  ; mais 
comme  cette  maniéré  de  battre  & de  fabler  les 
allées  va  à une  trop  grande  dépenfe  dans  les  jar- 
dins fpacieux , on  ne  s’en  fert  ordinairement  que 
dans  les  jardins  de  Ville  : voici  comment. 

On  fuppofe  qu’on  ait  des  recoupes  de  quel- 
ques bâtiments  qu’on  a abattus  & qu’elles  foient 
à notre  portée  & à notre  difpofition  ; on  les  fait 
charrier , puis  on  les  paffe  à la  claie. 

Cela  fait  on  creufe  les  allées  de  fept  à huit 
pouces,  on  en  jette  la  terre  de  deffus  dans  le  mi- 
lieu du  jardirwoù  font  les  parterres  , puis  on 
prend  les  plus  greffes  recoupes,  dont  on  garnit 
le  fond  des  aliter , à la  hauteur  de  cinq  à fix 


Fleuris  t F. 
jpouces , on  les  arrange  , & on  les  bat  grofliére- 
îTient. 

Après  cela  on  y fait  tranfporter  les  menues 
recoupes  palTées  à la  claie  , on  les  répand  deflTus  , 
à la  hauteur  d’environ  deux  pouces , puis  on  bat 
le  tout  à trois  volées  , après  l’avoir  arrofé  à cha- 
que volée  : cela  fait , on  répand  le  fable  , qu’on 
bat  encore. 

Voici  encore  une  autre  maniéré  de  fabler  les 
allées  ; elle  fe  fait  avec  le  falpêtre  : elle  ne  s’ob- 
ferve  que  dans  les  jardins  de  Ville  de  médiocre 
grandeur  , dans  un  mail , ou  dans  un  jeu  de  boule. 
On  creufe  les  allées  de  trois  pouces  , & à la  place 
de  la  terre  qu’on  ôte , on  y met  autant  de  fal- 
pêtre mouillé  ; puis  , lorfqu’il  eft  un  peu  elTuyé  , 
on  le  bat  à trois  ou  quatre  volées,  enfuite  on  le 
couvre  de  fable.  A l’égard  des  jeux  de  boule  & 
du  mail  , le  fable  eft  inutile. 

Au  défaut  des  recoupes  de  pierre  de  taille , on 
fe  fert  de  gravois  ou  de  pierrailles , qu’on  arran- 
ge dans  le  fond  , avec  un  lit  de  terre  par-defllis  , 
qu’on  bat , puis  on  y répand  le  fable. 

Les  fables  dont  on  fe  fert  pour  fabler  les  allées 
font  différents  ; il  y a le  fable  de  riviere  & le  fa- 
ble de  terre  ; celui-ci  eft  le  plus  eftimé,  & pro- 
duit un  plus  bel  effet  dans  les  allées  d’un  jardin.  îî 
faut  le  choifir  un  peu  graveleux  , qu’il  ne  foit 
ni  trop  fin  , ni  trop  pierreux.  Si  on  remarque 
que  ce  fable  foie  trop  caillouteux  on  le  fera  paffee 
à la  claie. 


39^  Ce  J a ît  B T K I B B 

Quant  an  fable  de  terre  qu’on  tire  des  tefrel 
fâblonneufes  , il  ne  lâifTe  pas  que  de  produire  U0 
effet  fort  joli  dans  les  allées  ; on  le  cboifira  un 
peu  graveleux  : il  ne  faut  point  qu’il  foit  terreux  ^ 
parce  qu’il  n’empécheroit  point  les  méchantes 
herbes  de  croître.  Il  y a des  fables  de  plufieurs 
couleurs  , de  jaunes  & de  blancs  ; mais  à la  cou- 
leur près  , i!  n’importe  , pourvu  qu’il  foit  bon» 
L’on  prendra  garde  feulement  à n’en  pas  trop 
répandre  ; deux  pouces  fuffifent  g & davantage 
ne  ferviroit  qu’à  fatiguer  ceux  qui  fe  promenente 

Lorfque  les  allées  font  ainfî  fabîées  j il  n’eft 
plus  quafiion  que  de  les  entretenir  , & cet  en-^ 
îretien  confifte  à y paffer  le  rateaii  de  temps  en- 
temps  ; mais  comme  les  allées  de  grande  éten- 
due ne  font  point  toutes  fabîées  , & qu’elles  font 
fujettes  à produire  de  méchantes  herbes , les  Jar- 
diniers fe  fervent  de  ratiffoires  pour  les  petites 
allées , & d’une  charrue  à jardin  pour  les  gran- 
des. Quand  ces  allées  font  ainfi  ratiffées  on  les 
repaffe  au  rateau  ; quelques-uns  même  , pour 
plus  grande  propreté,  y font  paffer  le  balai, 
principalement  lorfqu’il  y a des  feuilles  : on  doit 
fe  fervir  plutôt  d’un  balai  de  jonc  que  de  tout 
autre , parce  qu’étant  moins  rude  il  ne  fait  point 
de  marques  fur  la  terre. 

Il  vaut  mieux  ratiffer  les  allées  , plutôt  par 
un  temps  trop  fec  , qu’humide  ; les  herbes  fe  dé- 
truifent  plutôt,  & ne  reviennent  point. 

Il  y en  a ^ pour  éviter  le  grand  entretien  des. 


FlEtrRTSTK.  391 

allées  qu’il  faut  ratifler , qui  font  pratiquer  dans 
!e  milieu  des  tapis  verds  , qu’on  a foin  de  tondre 
de  temps  en  temps  , comme  on  l’a  déjà  marqué. 


CHAPITRE  VII. 


InJIru^ion  fur  les  eaux  jaillijfantes  , avec  la  ma- 
niéré de  les  f avoir  diflribiier  dans  les  jardins  / 
& un  détail  des  pièces  d^ean  différentes  qu^on 
peut  faire  pour  leur  décoration, 

TL  efl:  confiant  que  les  eaux  jailliiïantes  font  un 
•^des  plus  grands  ornements  des  jardins  ; il  n’efi 
queftion  , après  cela , que  de  les  y lavoir  bien  con- 
duire & diflribiier  : c’efl  à quoi  un  Architeéle  de 
jardin  doit  principalement  s’étudier.  Il  y a un  goût 
particulier  en  cela  , & que  tous  ceux  qui  fe  mê- 
lent des  jardins  n’entendent  pas  ; mais  , fans  pouf- 
fer là-defTus  la  matière  plus  loin  , venons  au  fait. 

De  ce  qidil  fait  premièrement  ohferver  quand  on 
veut  avoir  des  eaux  jailliffantes  dans  un  jardin. 

On  commence  d'abord  à confidérer  le  lieu  ou 
l’on  eft  , c’éfl-à-dire,  examiner  s’il  peut  y avoir 
des  fources  : c’eft  ordinairement  dans  les  pays  à 
mi-côte  où  l’on  en  peut  le  plus  fûrement  trouver, 
ou  fur  le  penchant  de  quelque  montagne  ; mais  , 
fans  s’arrêter  ici  à quantité  de  chimères  , que  nos 
anciens  ont  débitées  là-deflTus  , comme  des  preu- 
ves aiïurées  qui  nous  marquoient  pofîtivement 
qu’en  tel  ou  tel  endroit  on  troiiveroit  de  l’eau  , 
qu’il  n’y  avoitqu’à  y creufer,  on  dira  qu’il  eft  vrai 

R 4 


39^  Lê  Jardii^ier 
que  lorfqu’on  a quelque  mi-côte  à fa  bienféancè 
on  peut  y creufer  en  fureté  , les  fources  y abon- 
dent toujours,  d’autant  qu’étant  commandées  par 
beaucoup  de  hauteurs  voifines , c’eft  là  que  s’é- 
gouttent toutes  les  eaux  fouterreines  formées  par 
les  pluies  ou  les  neiges  fondues  qui  y tombent. 

1!  ef!  bon , quand  on  creufe  pour  chercher  des 
fources  , de  faire  attention  à la  nature  des  terres  : 
fl  elles  font  blanchâtres  ou  verdâtres  , c’efl  un 
bon  figne  ; telle  eft  la  glaife  dont  on  fe  fert 
pour  les  baffins , & fur  laquelle  l’eau  fe  fait  une 
route  , & coule  jufqu’à  ce  qu’elle  ait  trouvé  un 
obftacîe  qui  l’arrête  , où  elle  fe  divife  après  en 
pîufieors  rameaux. 

Suppofé  donc  qu’on  ait  trouvé  de  l’eau  en  pîü- 
fieurs  endroits  fur  une  montagne  , il  faut  que  ce 
foit  dans  les  plus  élevés , afin  de  prendre  la  fource 
dans  fon  origine  , & que  les  eaux  venant  de  haut 
donnent  de  très-beaux  jets. 

Pour  y réufîîr , on  fait  creufer  pîufieurs  pm- 
fards  de  diftance  en  diflance,  fe  donnant  bien  de 
garde,  lorfqu’on  eft  parvenu  jufqu’à  l’eau  , de 
percer  le  lit  de  glaife  ; ce  feroit  le  moyen  de  rendre 
fon  projet  inutile  , d’autant  que  l’eau  fe  perdroit. 
Ces  puifards  dont  on  parle  doivent  fe  communi- 
quer Tun  à l’autre  par  des  rigoles  ou  pierrées  bâ« 
ties  de  pierres  feches  , afin  de  donner  la  liberté 
aux  eaux  de  tranfpirer,  & de  s’y  ramalîèr  par  le 
fecours  des  pluies  de  la  terre  qui  viennent  des 
hauteurs. 


Fleuristeî  393 

Après  avoir  ainfi  décou^cert  l’eau  on  fonge  à 
la  conduire  dans  quelque  terrein  plat , où  l’on 
fait  un  reTervoir  , obfervant  que  cette  piece  d’eau 
îaifFe  alTez  de  pente  pour  faire  des  jets  qui  s’éle- 
vant aflez  haut  ; & ,pour  enconnoître  véritable- 
ment la  hauteur  , on  jettera  le  niveau  depuis  le 
fond  de  ce  réfervoir  jufques  aux  baiïins  où  les 
eaux  doivent  être  conduites.  Ce  nivellement  fe 
pratique  différemment  : il  n’eft  guere  d’Archi- 
le&es  qui  ne  fâchent  le  prendre  ; c’eft  pourquoi 
nous  n’en  dirons  rien  ici. 

On  conduit  les  eaux  de  plufieurs  maniérés 
c’eft- à'dire  des  réfervoirs  dont  on  vient  de  par- 
ler , & d’où  prennent  diredement  les  conduites 
des  tuyaux  , jufques  dans  les  baffins.  Ces  réfer- 
voirs font  ordinairement  compofés  de  glaife^, 
parce  qu’üs  font  conflruits  fur  terre  ; il  ell  bon 
de  leur  donner  beaucoup  de  profondeur  , afia 
qu’ils  contiennent  plus  d’eau ce  qui  rendant 
dans  les  tuyaux  la  colonne  d’eau  bien  plus  pe- 
fante , fait  faire  un  très -bel  effet  aux.  jets  d’eau  *> 
On  aura  foin  de  donner  un  conroi.  bien  pétri  aux 
réfervoirs  , & de  l’y  bien  faire  appliquer  : dix- 
huit  à vingt  pouces  d’épaiflèur  fuffifent , tant 
dans  le  fond  que  dans  le.  pourtour.^ 

II  y a auffi  d’autres  réfervoirs  qu’on  confîruit 
en  l’Sr  ; ce  font  ceux-là  dont  on  fe  fert , lorf- 
qu’on  eft  dans  un  pays  plat  & fec  ; pour  lors  on  ^ 
recours  aux  machines  hidrauîiques , fôit  qu’ont 
veuille. prendre  l’eau  dans  une  riviere,  un  étangs 

31 


194  I-  E J A R n I îf  î E n 
un  puits  y un  ruifîèau  ou  une  citerne. 

Les  machines  pour  élever  les  eaux  font  aujour«^ 
d’hui  fort  à là  mode  , quoiqu’elles  coûtent  beau** 
coup,  parce  que  , ne  pouvant  pas  avoir  des  eaur 
naturelles  5 on  a recours  à l’artifice , qui  nous, 
fournit  ce  que  nous  demandons. 

Comment  conduire  ù âiftribuer  les  eaux  dans  les 
jardins» 

Entre  les  machines  dont  on  fe  fert  pour  élever 
les  eaux , J1  y a les  pompes  à bras  & à cheval  j, 
& les  moulins  , foit  à vent  ou  a eau , félon  les 
endroits  d’où  l’on  veut  en  tirer.  Les  pompes  à 
bras  fournifient  le  moins  d’eau  ; celles  qui  fon£( 
mouvéès  par  un  cheval  en  donnentbeaucoup  plus  ; 
mais  les  moulins  en  font  monter  en  plus  grande 
abondance  que  les  deux  autres  machines.  On  trou- 
ve des  Ouvriers  qûi  excellent  dans  ces  fortes 
d’ouvrages.. 

Ces  eaux  font  élevées  par  îè  moyen  de  ces  ma^* 
chines  dans  des  réfervoirs.  Nous  en  avons  déjà 
touché  quelque  chofe  : quant  à la  maniéré  de  les 
conftruire  nous  n’en  parlerons  point  ici^Ja  ma- 
tière nous  meneroit  trop  loin  ; il  fuffira  de  dire 
qu’il  y a des  réfervoirs  de  glaife  , & d’autres  faits 
avec  du  ciment  : nous  dirons  quelque  chofe  de 
plus  , touchant  cette  confiruélion , à l’àrtide  des 
bafiînSa-  Comme  il  n’y  a point  de  différence  d^un  ré- 
fervoir  à unbaffîn  j qu’ils  ne  changent  que  de  nom 
îes  inftruâions  qu’on  donnera  pour  ceux-ci  pour- 
ront fervir  pour  îes  autres  5 fi  bien  qu’il  n’eft  plu^ 


Fleuriste.  39^ 

ici  queflion  que  de  conduire  les  eaux  de  ces  ré- 
fervoirs  dans  les  bafïïns  qui  leur  font  deftinés,. 
pour  y former  des  jets  Amples  ou  compofés. 

La  conduite  de  fes  eaux  fe  fait  ordinairement 
avec  des  tuyaux  , foit  de  grès  , de  fer , de  plomb 
ou  de  bois  : les  premiers  font  les  plus  communs  ^ 
il  faut  les  choifir  bien  cuits  : ils  s’emboîtent  bout 
à bout,  & fe  lient  avec  du  maftic  compofé  ex- 
près , dont  on  fait  des  nœuds  ; chaque  nœud , 
pour  être  bon  , doit  être  de  trois  livres  pefant 
dé  cette  matière,  qu’on  prellè  bien  entre  les  mains, 
tandis  qu’il  eft  chaud  , afin  que  dans  le  bouillon- 
nement il  ne  s’y  produife  , par  le  mouvement  de 
l’air  , aucune  petite  ouverture  par  où  l’eau  pour- 
roit  tranfpirer. 

Les  tuyaux  de  fer  font  afîez  d’ufage  aujourd’hui, 
il  eft  vrai  qu’ils  coûtent  bien  davantage;  auflî  ne 
s’emploient-ils  guere  que  par  des  gens  qui  font 
puiflants  , & qui  ont  de  quoi  en  faire  la  dépenfe, 
îl  s’ên  fabrique  depuis  deux  jufqu’à  dix -huit 
pouces  de  diamettre  : chaque  tuyau  a pour  l’or- 
dinaire trois  pieds  & demi  de  longueur  , & eft 
muni  à chaque  bout  d’une  bride , qu’on  joint  & 
ferre  enfemblè  avec  dés  vis  & des  écrous,  entre 
îefquels  on  met  dès  rondelles  de  cuir  & du  maf- 
tic  à froid.  S’il  fe  trouve  dans  ces  conduites  des 
endroits  difficiles  , on  emploie  pour  lors  des  ron- 
delles & des  croiffants  de  plomb  i on  en  agit  de 
même  dans  les  coudes,. 

Quant  aux  tuyaux  hou  ^ qui  fé  font  ordi- 

R.  ê- 


396  Le  Jardinier 
Dairement  d’aunes , d’ormes  ou  de  chênes , on  leE 
affûte  par  un  des  bouts  , & par  l’autre  on  y ap- 
plique des  cercles  de  fer , pour  les  pouvoir  emboî- 
ter l’un  dans  l’autre , puis  on  couvre  les  jointu- 
res avec  de  la  poix.  On  n’emploie  ces  tuyaux  que 
dans  des  lieux  marécageux  ; car  ilss’oudriffent  en 
peu  de  temps  dans  les  terreins  fecs  : ce  n’eft  pas 
qu’on  fe  ferve  à preTent  beaucoup  de  ces  tuyaux  y 
fi  ce  n’eft  dans  dès  conduites  confidérables  , afin 
d’épargner  fa  bourfe  ; encore  faut-il , comme  on 
a dit,  que  ce  foit  dans  des  terres  humides* 

£es  tuyaux  de  plomb  s’emploient  affcz  ordinai- 
rement 5 mais  ils  coûtent  bien  plur  que  tous  les 
autres  , ce  qui  fait  qu’il  n’y  a que  les  riches  qui 
puiffent  en  faire  la  dépenfe  : ils  font  d’ufage  , à la 
vérité,  dans  toutes  les  conduites  , pour  fourcher 
& pour  raccorder  avec  d’autres  ; ils  k foudent , 
& la  foudure  en  doit  être  bonne  & bien  fournie. 
Il  ne  fuffit  pas  de  favoir  les  tuyaux  différents 
qui  peuvent  entrer  dans  les  conduites,  il  eft  en- 
core abfolument  néceffaire  d’être  inftruit  de  la 
proportion  & groffeur  que  doivent  avoir  ces  con^- 
diiites,  à proportion  des  jets  qu’on  veut  qui  jouent  : 
c’efi:  de  ce  point  que  dépend  le  fecret  d’y  bien  réuf- 
fin  Si  elles  font  trop  étroites,  ou  qu’on  les  altéré 
trop , en  leur  faifant  donner  de  l’eau  à trop  de 
bafiins  , les  jets  n’en  font  que  foibles  & mal  nour- 
ris , & ne  font  par  conféquent  qu’un  très -mau- 
vais effet.  Au  contraire , C elles  font  trop  larges, 
^ que  l’eau  n’y  puiffe  pas  affez  fournir  , les  jets 


fiEüïiisTE*  597 

qui  en  proviennent  diminuent  confidérablement 
de  leur  force  ^ parce  que  l’eau , qui  n’eft  point 
afièz  preffée  dans  les  tuyaux  , ne  forme  pas  une 
colonne  d’eau  afièz  pefante  pour  opérer  tout  l’ef- 
fet qu’elle  devroit  produire^ 

Si  bien  donc  que  , pour  îa  plus  jufte  propor- 
tion qu’on  puiiFe  donner  aux  conduites , à pro- 
portion des  jets  qu’on  veut  avoir  , elles  doivent 
avoir  leur  diamètre  quatre  fois  auffi  grand  que 
celui  des  ajuftages*  Voilà  pour  réglé  générale 
ce  qu’il  faut  obferver  : il  y a des  ajuflages  de 
pîufieurs  façons , & de  diamètres  différents  : ces 
petites  machines  fe  vendent  chez  les  Fondeurs 
on  n’a  qu’à  choifir. 

Au  refte  , c’eft  une  chofe  conftante  que  plus 
les  conduites  font  grolfes  , & qu’elles  ont  affez 
d^eau  pour  les  fournir,  plus  beaux  en  font  les  jets, 
principalement  quand  la  conduite  ^ fans  difconti- 
nuation , s’étend  depuis  le  réfervoir  jufqu’au  jet» 
S’il  arrivoit  cependant  qu’une  conduite  eût 
trois  à quatre  cents  toifes  de  longueur,  il  efl  à 
propos  , pour  lors , d’employer  des  tuyaux  de 
trois  fortes  de  groffeurs , afin  que  dans  cette  lon=* 
gue  route  toute  l’eau  , en  fe  ramaffant,  à mefure 
qu’eîle  approche  du  jet , reprenne  fa  force  pous: 
donner  à ce  jet  la  hauteur  require* 

&ppofé  qu’on  ait  pîufieurs  jets  à faire  jouer 
dans  un  jardin  , ce  n’^eft  pas  une  chofe  néceflaira 
de  ks  tirer  tous  direélement^  du  réfervoir  ; oa 
peut  fe  contenter  de  deux  ou  trois  conduites , fé- 
lon la  quantité  des  jetSj,  plus  ou  moins  g,rande  ^ 


398'  Ig  T A K n t it  T E a* 

qu  on  veut  avoir , & fourcher  après  des  tuyau!® 
de  plomb  fur  ces  conduites  : Ja  dèpenfe  en  eft, 
moins  grande.  On  obfervera  qu’il  doit  moins  paf- 
fér  d’eau  dans  les  fourches  que  dans  Fa  conduite 
feule,  afin  qu’èlle  force  les  petits  tuyaux. 

iorfque  toute  une  conduite  eft  parvenue  aU' 
baffin  qu’ôn  lui  defiine  , on  conftruit  un  regard,, 
pour  y mettre  un  robinet  de  cuivre  de  même  dia- 
mettre  que  celui  de  la  conduite  ; & , pour  faire 
paflèr  cette  conduite  dans  le  conroi , pour  ga- 
gner le  jet , on  foude  une  rondelle  ou  collet  de 
plomb  un  peu  large  à l’endroit  où  il  doit  paflèr  ; 
cela  fait  que  l’eau  , qui  eft  arrête'e  par  cette  pla- 
que , ne  fe  pert  pas  inutilement  le  long  du  tuyau  , 
qui  doit  toujours  paflèr  à découvert  fur  le  plat- 
fond  d’un  baflin. 

Cela  fait , & lorfque  ce  tuyau  efî  arrivé  jufqu’à 
fendroit  où  l’on  veut  faire  le  jet,  on  foude  def- 
fus  un  tuyau  montant,  appelle'  fauche  , & à l’ex- 
trémité d’en -haut  un  écrou  de  cuivre , pour  y, 
^nir  1 ajuftage  par  le  moyen  d’une  vis.  Il  faut , 
a deux  pieds  au  - delà  de  la  fouche  , couper  le 
tuyau  , & le  boucher  avec  un  tampon  de  bois , 
qui  tient  à force  dans  ce  tuyau  par  le  moyen  d’une 
rondelle  de  fer  mife  à force  dans  le  bout  de  ce 
tuyau  ,.  pour  empêcher  le  plomb  dè  prêter  , I: 
mefure  que  le  tampon  entre  : c’efi  par  cet  endroi^ 
qu on  dégorge  une  conduite,  lorfqu’elle  éfl  en- 
gorgée ; il  n’y  a pour  cela  qu’l  ôter  le  tampon. 

^ tes  conduites  font  fujettes  à bien  des  ineonv^ 
aients , auxquels  on  remédiade  cette  forte.. 


F E E ü R î S T R*. 

Premièrement , Içrfqu’èllés.ront  un  peu îongue.ç^, 
& que  la  colonne  d’eau  a trop  de  poids,  il  eft  bon? 
de  mettre  d’efpace  en  efpace  des  ventoufes  pour 
donner  paflTage  à l’air  , qui  les  feroit  crever  fans 
cela;  & , lorfqu’après  une  pente  qui  a beaucoup^ 
de  chûîe , les  conduites  fe  remettent  de  niveau 
on  doit  fouder  un  robinet  pour  arrêter  l’eau  : c’efl 
îè  fecret  de  conferver  long*temps  des  tuyaux* 
Secondement , on  obfervera  toujours  dans  Ies> 
conduites  d’éviter  les  coudes , les  angles , droits 
ou  équerres,  parce  qu’ils  diminuent  de  beaucoup> 
îa  force  de  l’eau  ; G néanmoins  on  ne  peut  fe  dif- 
penfer  de  faire  des  coudes  , on  les  prendra  d’un 
peu  loin  , afin  de  les  adoucir. 

En  troifieme  lieu  ,.on  faura  pour  maxime  qu’iî 
faut  toujours  enfoncer  les  tuyaux  d’une  conduite- 
un  peu  avant  en  terre,  c’eft- à-dire  deux  ou  trois 
pieds , crainte  que  des  gens  mal  intentionnés  na 
îés  dérobent  ou  ne  les  gâtent , ou  que  la  gelée  ^ 
îorfqu’elle  eft  forte,  ne  les  endommage. 

Des  pièces  eau  différentes  dont  on  peut  orner  lês 
jardins'  avec  quelques  in firudions  fur  les  laffîns^ 
Après  avoir  ordonné  les  conduites  comme  on  a 
dît , il  ne  s’agit  plus  que  de  faire  des  baffins  pour 
en  recevoir  les  eaux,.  & les  favoir  difiribuer. 

Il  eft  certain  que  le  plus  bel  effet  qu’on  en  puiffi 
attendre  eft  lorfque  lès  fontaines  font  placées  de 
maniéré  qu’on  puiffe  les  voir  toutes  enfemble  , & 
qu’il  y ait  une  enfilade  de  jets  ; rien  ne  frappe  plus 
sgréabîement  îa  vue  que  cette  difpofîîîon..Oîî  con-- 
^knt  quecettemaximene  peut  pas  toujours  exac- 


4^^  I'  E J A R D I N I Ê K 

tement  s’obferver  , fur-tout  lorfqu’i!  j a dans  TO 
jardin  des  endroits  détournés  qui  obligent  de  for- 
tir  de  fa  réglé,  & où  néanmoins  on  peut  fort  bien 
placer  quelque  jet  d’eaui  qui  faffe  plaifir  à trouver 
en  fe  promenant. 

On  diüingue  les  eaux  en  eaux  jaîIliflTantes  , & 
en  eauxj)lates  les  premières  font  celles  qui  font 
conduites  dans  desbaffins  où  elles  forment  des  jets 
de  differentes  figures.  A l’égard  des  eaux  plates^ 
ce  font  des  canaux  naturels  ou  artificiels,  des  mi- 
roirs d’eau  , des  étangs  & autres  grandes  pièces 
de  cette  forte. 

Mais  pour  venir  aux  eaux  jailüflantes , ce  font 
elles , fans  contredit , qui  font  !e  plus  bel  effet  dans 
îfes  jardins  ::  c’eft  pourquoi  il  feroic  à fouhaiter 
qu’on  pût  avoir  affez  d’eau  pour  fournir  à tous 
îés  baffins  qu’on  voudroit  faire  pour  la  beauté  des 
jardins  ; mais  c’efi:  ce  qu’on  ne  fauroit  exécuter, 
àcaufe  de  la  dépenfe  exceffive  où  cet  ouvrage 
conduiroit , & que  l’eau  n’y  pourroit  pas  fuffire  r 
on  fe  contente  donc  de  faire  des  baifins  autant 
qu’on  le  juge  à propos  , & de  les  placer  le  plus 
avantageufement  qu’il  eft  poffibie.  Voici  les  lieux 
eù  ils  font  le  plus  bel  effet. 

On  les  place  pour  l’ordinaire  dans  le  milieu  ou 
a la  tête  d’un  parterre , félon  que  l’occafion  le 
demande  , & toujours  en  face  d’un  bâtiment  : on 
^ mer  auffi  dans  des  bofquets  & autres  pièces  de 
jardin  qu’on  fait  pour  l’ornement. 

Les  formes  qu’on  donne  aux  baffins  font  différent 
tasg^îes  uns  faarronds  ou  odogonesp^les  autres  ova- 


Fieühistb.  4ÔX 

fe5  oü  quarrés  , cela  dépend  du  bon  goût  de  celui 
qui  conduit  un  jardin  d’ornements.  Les  grands 
baflins  font  toujours  les  plus  beaux  : il  faut  éviter 
de  !es  faire  trop  petits,  parce  que  fous  cette  forme 
ils  font  défagréables àla  vue.  îl  y a cependant  deux 
extrémités  qu’il  faut  éviter  en  cette  occafion  ; la 
première  , de  ne  point  faire  de  petits  baffins  dans 
de  grands  lieux  ; & la  fécondé , de  n’en  point  conf^ 
truire  de  trop  grands  dans  un  petit  efpace  de  ter- 
rein  : ce  font  deux  défauts  qui  choquent  la  vue. 

La  profondeur  d’un  baffin  , lorfqu’il  eft  ache- 
vé , doit  être  depuis  quinze  pouces  jufqu’à  deux 
pieds  ; c’eft  affez  contenir  d’eau  : à la  différence 
des  réfervoirs,  qu’on  fait  plus  profonds,  afin  d’y 
avoir  un  amas  d’eau  fuffifant  pour  la  conduire  aux 
jets  qu’ils  doivent  fournir  : cependant  trois  ou 
quatre  pieds  fufFifent. 

Quant  à la  conftruélion  des  baffins  , voici  ce 
qu’on  doit  y obferver  pour  les  faire  comme  il  faut. 

II  s’agit  fur-tout  que  l’eau  y refte  fans  fe  per- 
dre , & pour  cela  on  ne  peut  y faire  trop  d’atten- 
tion , lorfqu’on  entreprend  cet  ouvrage.  Comme  il 
y a pîufieurs  fortes  de  baffins , favoir  les  bajfins  en 
glaife^lts  bajjzns  decimen!:  Sccewx  de  plomb , nous 
commencerons  par  la  conftruétion  des  premiers-» 

Et , pour  y réuffir,  il  faut  d’abord  prendre  Tes  me- 
fures  fur  le  diamètre  qu’on  fouhaite  donner  à foa 
baffin  , puis  le  tracer  fur  îe  terrein , au  lieu  qui  lai 
aura  été  deftiné  ; mais  avant  que  d’en  faire  la  fouille, 
on  doit  en  agrandir  la  trace  de  quatre  pieds  dans  le 
pourtour  5 au-delà  de  la  grandeur  qu’on  veut  qu-il 


ifOi  t E J A H © ï N î B îl' 
ait  lorfqu’il  fera  conftruit  ; cette  augmentation 
étant  employée  par  les  murs  & le  conroi  qui  re^ 
gnent  autour  des  murs  flottants  & de  la  berge. 

Il  efl  à propos  de  creufer  un  baffin  dans  le  fond^ 
deux  pieds  plus  bas  que  la  profondeur  d’eau  qu’on 
lui  voudra  donner;  cet  efpaee  doit  être  rempli  par 
le  conroi  de  glaife , qui  doit  avoir  dix-huit  pou- 
ces d’épaiflèur  : à l’égard  des  autres  fix  pouces  de 
furplus^  ils  feront  occupés  par  le  fable  & le  pavé 
gu’onmetfur  le  pîat-fond,  après  qu’il  efl  achevé.: 

On  obfervera  de  faire  fouiller  ces  terres  à pied 
droit  : quand  la  foflTe  efl  faite,  que  les  terres  font 
tranfportées  oii  l’on  veut  & que  le  baflin  efl  net, 
quelques-uns  font  bâtir  autour  des  berges  un  pe- 
tit mur  d'un  pied  dVpailTeur,  afin  ^ difent-i!s,  que 
par  ce  moyen  les  eaux  ne  délaient  point  la  glaife , 
& que  les  racines  des  arbres  voiflns  ne  la  puiffènt 
aifément  pénétrer  :mais  on  peut  fe  pafTer  de  faire 
cette  dépende  ^ îorfqoe  le  terrain  efl  ferme;  l’ex- 
périerce  nous  le  confirme  tous  les  jours.  Ainfl 
lorfqu’un  baffin  efl  net  , on  y met  la  glaife , qui 
doit  être  bien  pétrie  : c’efl  d'abord  celle-là  qui 
tfl  employée  pour  f^ire  le  pîar^fond. 

Ce  plat-fond  étant  élevé  à dix -huit  pouces  de 
hauteur  , ou  ^ fept  ou  huit  pieds  de  large  dans  le 
pourtour , on  bâtit  defflis  un  autre  petit  mur  à 
dix -huit  pouces  éloigné  de  la  berge  ; on  appelle 
ce  mur  , mur  de  douve  ou  mur  flottant  : cet  in- 
tervalle qu’on  laifTe  entre  la  berge  & ce  mur  efl 
deftiné  pour  être  rempli  d’un  bon  conroi 
éÎQve  à niveau  du  terrein.. 


F E È Ü R I s E»  405 

Le  mur  de  douve  , n’a  pour  fondement  ordi« 
Jiaire , qae  la  glaife  du  plat  - fond  , fur  lequel  on 
met  des  racineaux  de  planches  de  bateau  : voici 
comment  on  doit  fe  comporter  en  bâtiffant  ce  mur. 

i 

On  prend  du  chevron  de  trois  pouces  d’épaif- 
feur , ou  des  planches  de  bateau , comme  on  a dit, 
epailTes  de  deux  bons  pouces,  & de  fix  de  large  r 
on  les  enfonce  à fleur  de  glaife  , de  trois  pieds  en 
trois  pieds  , de  maniéré  qu’elles  excédent  d’un 
pouce  le  parement  du  mur  en  dedans  le  baffin. 

Cela  fait , on  pofe  deflus  des  planches  de  bateau  : 
il  en  faut  deux  jointes  enfemble  pour  occuper  la 
largeur  du  mur  : on  cloue  ces  planches  fur  ces  ra- 
cineaux; après  on  bâtit  defTus  le  mur  de  dix-huit 
pouces  d’épaifleur  , ou  de  deux  pieds  , fi  les  piè- 
ces d’eau  font  confidérabîes.  Il  y en  a,  en  élevant 
ce  mur  , qui  s’arrêtent  lorfqu’il  efi  à moitié  fait, 
afin  de  mieux  pétrir  le  conroi  qui  doit  occuper 
[’efpace  compris  entre  le  mur  & la  berge  ou  bord 
de  terre  du  baffin  ; après  cela  on  achevé  le  mur  ^ 
puis  le  refie  du  conroi , qu’on  éleve  à fleur  de  terre  5 
après  quoi  on  finit  le  plat-fond  à fort-fait. 

Le  mur  de  douve  doit  être  fait  de  bons  moiJons 
piqués,  il  en  efl:  plus  propre,  ou  drcaiîloux , ou 
de  pierres  de  montagne,  qui  font  un  ouvrage 
de  longue  durée.  Mais  avant  que  de  pafTer  outre,, 
il  efl  bon  de  dire  quelque  chofe  de  la  glaife , & 
comment  on  doit  la  choifir. 

La  marque  d’une  bonne  glaife  , efl  lorfqu’en 
maniant , eüe  paroît  graffe  ; il  y en  a dé  pîufieurs 
fortes  : la.  violette  eftJa  meilleure  ; la  grife  peut 


1/  B J A R B I N I t K 
pafTer , lorfqu’elîe  n’eft  point  fouettée  de  jaune  ^ 
qui  n’eft  ordinairement  qu’un  fabîequi  ne  la  rend 
pas  affez  liabîe.  On  en  trouve  encore  de  jaune  , 
dont  on  peut  fe  fervir  faute  d’autres,  ainfi  que  !« 
terre  à potier  ; mais  on  eft  heureux  quand  on 
peut  découvrir  la  première  dont  on  a parlé. 

Quand  fe  badin  eft  achevé  , & que  la  gfaife  y a 
été  bien  piétinée  , on  pofe  defîlis , à fec  , du  pavé 
du  petit  échantillon  , puis  on  le  garnit  pardeftlis 
de  fable  de  rivicre  , à répaiffeur  environ  de  deux 
pouces  : enfuite  on  plaque  du  gazon  , tant  fur  le 
mur  de  douve  , que  fur  le  conroi  de  gfaife  , jiif- 
ques  fur  la  berge , ce  qui  fe  doit  travailler  le  plus 
proprement  qu’il  eft  poffiblco  Paffons  aux  baffins 
de  ciment. 

II  faut  en  agrandir  le  diamètre  un  peu  moins 
que  celui  des  baffins  degîaife,  puifque  c’eft  affez 
d’un  pied  neuf  pouces  d’ouvrage  dans  le  pour- 
tour, & autant  dans  le  plat-fond. 

On  commence  par  élever  le  mur  du  pourtour 
d’un  pied  d’épaiffèur  ; on  doit  l’affeoir  fur  le  fond 
du  baffin  , avec  de  bon  moilon  & dii  mortier  fait 
I chaux  & à fable  ; cela  fait , on  commence  le 
maffif  du  fond  de  même  épaiffeur  , enfui re  on 
adoffe  ce  mur  d’une  chemife  de  ciment,  épaiffe  de 
neuf  pouces  , y compris  l’enduit  le  parement: 
cette  chemife  ou  maffif,  doit  être  faite  de  cail- 
loutage , mis  lit  par  lit , de  mortier , de  chaux  & 
de  ciment.  On  remarquera  que  ces  cailloux  ne 
doivent  point  fe  toucher  l’un  l’autre,  pour  la  per- 
feâion  de  l’ouvrage. 


FtEÜRISTH»  40$ 

Lorfque  îe  maflîf  a huit  pouces  de  large  , on 
enduit  !e  refte  avec  du  ciment  plus  fin  & bien 
trempé;  on  le  pafTe  ordinairement  au  fas:  cet  ou- 
vrage demande  beaucoup  de  circonfpedion  pour 
être  parfait  , & par  conféquent  des  gens  qui  s’y 
entendent  : il  n’y  faut  fouffrir  ni  paille  , ni  autre 
ordure  de  cette  forte  , & lorfqu’on  détrempe  ce 
ciment , la  dofe  ordinaire  doit  être  de  deux  tiers 
de  ciment  & un  tiers  de  chaux. 

On  ne  conftruit  les  baffins  de  ciment  que  par 
un  temps  chaud  & ferein  , la  pluie  y eft  contrai- 
re ; & quand  ils  font  achevés  on  frotte  l’enduit 
avec  de  l’huile  ou  du  fang  de  bœuf  pendant  qua- 
tre ou  cinq  jours , pour  l’empêcher  de  gerfer  ; 
^puis  on  y met  l’eau  îe  plutôt  qu’il  eft  poffible  , 
pour  faire  que  îe  hâle  n’ait  prife  deflus. 

Les  baffins  de  plomb  fe  font  autrement  ; on  bâ- 
tit les  murs  de  moilon  avec  du  mortier  de  plâtre 
pur  , parce  que  la  chaux  eft  fujette  à miner  le 
plâtre  : c’eft  fur  ces  murs  qu’on  affied  les  tables 
de  plomb  , qu’on  joint  l’une  à l’autre  avec  de 
bonne  foudure. 

Il  y a plüfieurs  chofes  à remarquer  quand  on 
conftruit  des  baffins.  Premièrement,  fi  c’eft  dans 
des  terres  mouvantes  ou  rapportées  , il  en  faut 
foiitenir  les  terres  avec  des  murs  ou  des  éperons  , 
fi  la  charge  a beaucoup  de  poids  , autrement  les 
terres  s’affaiiTeroient  : fi  le  fonds  n’étoit  pas  foîi- 
de  J il  faudroit  le  griller  avec  de  la  charpente  fur 
du  pilotis. 

Secondement , on  oblervera , dans  le  fond  d’un 


4ô'6  Xi  jAUDïNiia 
baiïîn  , de  laiffer  toujours  une  petite  pente  poüt 
faire  écouler  l’eau  , lorfqu’il  eit  queftion  de  vui^ 
der  entièrement  le  baffin  pour  le  nettoyer  ; ce 
qui  fe  fait  par  le  moyen  d’une  foupape  foudée  à 
une  décharge  de  plomb. 

En  troifieme  lieu  , on  aura  foin  devenir  la  fu« 
perficie  du  baffin  dans  un  niveau  parfait,  de  ma*- 
niere  que  l’eau  batte  également  les  murs,  & qu’il 
foie  toujours  plein. 

Les  décharges  des  baffins  doivent  toujours  être 
plus  greffes  que  petites,  c’eff  le  fecret  qu’elles  ne 
s’engorgent  point , joint  aux  crapaudines  encla- 
Yées  dans  le  haut , qui  en  empêchent  ; ces  déchar^ 
ges  font  conduites  ordinairement  dans  des  pier- 
ries  ou  puifards , ou  dans  d’autres  pièces  d’eau 
plates  qui  font  au-deffous. 

_ Entre  les  différentes  pièces  d’eau  dont  on  orne 
îes  jardins , il  y a donc  les  baffms  de  diverfes  ma- 
niérés , c’eft  ce  qu’on  y voit  le  plus  communé- 
ment : on  y pratique  des  cafeades , fuppofé  qu’il 
y ait  affez  d’eau  & de  pente  pour  cela  ; des  gou- 
ïettes,  qui  font  de  petites  conduites  artificielles 
& à découvert , par  où  l’eau  coule  en  murmu- 
rant ; des  buffets  d’eau  : ce  font  pour  l’ordinaire 
îes  baffins  d’en  - haut  qui  fourniffent  tous  les  jets 
d’en -bas  par  des  décharges  de  fond  ou  de  fuper- 
ficié. 

Chacune  de  ces  pièces  d’eau  a fes  ornements 
différents , & qui  lui  conviennent  ; car , par  exem- 
ple, les  cafeades  font  ornées  de  nappes,  des  man- 
ques qui  vomiffenc  ou  bavent  de  l’eau  : on  y voit 


407 

t|iiêiqiîefoîs  des  bouillons  ou  des  champignons 
d’eau,  des  gerbes,  des  moutons,  des  chandeliers, 
des  grilles  , & autres. 

Et  pour  plus  de  magnificence  , on  les  accom- 
pagne de  rocailles  , de  congellations , pétrifica- 
tions , coquillages  & feuillesd’eau  ; on  les  décore 
de  figures  convenables  aux  eaux , comme  de  Naya- 
des , de  Fleuves , de  Tritons,  de  Nymphes  des 
eaux  , Dragons  , Dauphins  , Chevaux  marins , 
auxquels  on  fait  fouvenc  vomir  de  l’eau.  Voilà 
bien  de  la  magnificence  en  fait  d’eau;  mais,  pour 
en  donner  une  idée  qui  frappe  davantage  , voici 
une  figure  d’un  grand  buffet  d’eau,  qui  feroit  un 
aflèz  bel  effet  dans  un  jardin , s’il  y étoit  pratiqué. 

Planche  XIV. 

Ce  buffet  eft  renfermé  dans  le  milieu  d’une  ni- 
che de  treillage  ; il  repréfente  un  Dieu  marin  affîs, 
& portant  un  baffin , d’où  fort  un  jet  d’eau  : au 
bas  de  ce  Dieu , fe  voit  un  mafque  qui  vomit  dans 
un  baffin  , compofé  de  deux  jets.  On  a pratiqué 
dans  les  côtés  une  autre  niche  , bordée  de  char- 
mille , avec  un  tableau  dans  le  dedans , bordé  de 
deux  pilaftres  de  rocailles,  orné  dans  le  milieu  de 
coquillages  & d’un  baffin  , fourenus  chacun  par 
deux  Dauphins.  On  a placé  ce  buffet  fur  une  eftra- 
de  , d’où  l’on  defcend  par  trois  marches  qui  con- 
duifent  fur  un  palier,  accompagné  de  deux  petits 
baffins  quarrés  à deux  jets  chacun.  On  peut  dire 
que  le  tout  fait  un  fpedade  des  plus  agréables , 


4oS  ' £e  Jarôînîés 

foint  à la  falle  de  maronniers  d’Inde  qui  fert  d’ea« 

trée  à cette  magnifique  piece  d’eau*  ^ 

Des  grottes  d^eau^ 

îl  y a encore  beaucoup  d’autres  ornements  ^ 
dont  les  eaux  font  le  principal  fujet , comme  des 
grottes  enrichies  dé  rocailles  & de  coquillages , 
avec  des  jets  placés  en  plufieurs  endroits,  qui  en 
font  la  beauté  : ces  riches  pièces  fe  placent  ordi-> 
nairement  dans  des  endroits  détournés  des  jar- 
dins , & font  fort  eftimées , lorRju’elles  font  conf* 
truites  d’un  bon  goût,  & que  l’art  n’a  rien  épar- 
gné de  ce  qui  peut  contribuer  à leur  embelliflTe- 
ment.  On  peut  les  enrichir  de  figures  de  marbre 
ou  de  pierre  , bien  travaillées,,  & qui  aient  rap- 
port à la  fable  ou  à quelque  hiftoire  , cela  dépend 
de  la  fanîaifie  ; ou  bien  y mettre  des  animaux  qui 
conviennent  aux  eaux.  On  fait  encore  des  pyra- 
mides d’eau  , comme  on  en  voit  à Verfailles  ; 
mais  comme  elîesconduifentà  une  grande  dépen- 
fe , à caufe  des  autres  ornements  dont  elles  doi- 
vent être  accompagnées  , il  eft  rare  d’en  voir  ail- 
leurs ; cependant  fi  quelque  grand  Seigneur  en 
prend  envie,  il  pourra  fe  fatisfaire  , & choifir 
pour  l’exécution  de  cet  ouvrage  un  homme  qui  s’y 
entende* 

FIN. 


TABLE 


TABLE 


TABLE 

DES  MATIERES 

Contenues  en  ce  Livre. 

A 

AC  A C r A J comment  le  gouverner,  p2ge  327 
d'Egypte  , Agedrac. 

Ache  royale  , maniéré  de  la  cultiver  , 1^4 

Alatcrne , fa  culture  , 299 

Ailées  d’arbres , voifîns  dangereux  pour  les  fleurs  ^ 29 
Arbres  dont  on  fe  fert  pour  les  former,  yiy&  fuivo 
Où  doit  être  la  principale  , 357.  Allées  de  jardin 
de  toutes  grandeurs,  ce  qu’on  y doitobferver,  383 

391 
321 
Î4S 
324 
Ï32 
70 


îufqu’à 

Althcea  frutex  , fa  culture  , 

Amaranthe , avec  îa  maniéré  de  la  cultiver , 
Amomurn  , maniéré  de  le  cultiver  , 

Ancolie  , comment  la  gouverner  , 

Année  du  jardinier  , 61  jufqu’à 
Anémones , comment  les  cultiver , 70  jufqu’à  78  ; figure 
d’ime  patte  d’anémone  ,75  f comment  connoître  une 
belle  anémone  , j6 

Animaux  nuifibles  aux  plantes , moyen  de  les  détruire , 
52jiifqu’à  58 

Annuelles  , voyez  plantes. 

Anthirinum  , voyez  mufle  de  vedii, 

Août^  ce  qu’il  y a à faire  en  ce  mois  , 67  j les  plantes 
qui  y fleuriffenr , 206  & 346. 

Arbres  &■  arbriiïeaiix,  emplois  de  quelques-uns  , 317 
& fuiv.  Lieux  où  Ton  plante  les  aquatiques,  318 
mois  &•  faifons  qu’ils  font  en  fleur  , 202  & fuiv. 
Arbre  de  Judée  ou  de  Juda  , maniéré  de  l’élever , 323 
Arbre  àe  Sainte-Lucie,  comment  gouverné  , 325 

Architecie  de  jardin,  ce  qu’il  doit  favoir,  351  jufqu’à355 
Argemone , comment  l’éîever , 100 

Arrofement , de  la  néceflité  des  arrofements , 46  &faiv, 
Arrojoir  , ce  que  c’efî: , à quoi  propre  , lo 

Afcariâes  , moyen  de  le?  détruire  , 58 

Afpàodeles  , maniéré  de  les  gouverner  , X39 

Afiher , fa  culture , 289 

Attrape-mouche , voyez  muîcipulUé 
Avril , ce  qü^il  y a à faire  dans  ce  mois  , 64.  Culture 
particulire  des  fleurs  ea  ce  mois  , 1Q9  •;  les  niantes 
'I IL  Partie,  ^ ''S 


41©  TABLÉ 

qui  y lîeuri^feü^,  204  &c  ^4^ 

Avenues , arbres  propres  è les  former  5 317  ù fuiv,  " 

A%eàarac  , comment  cultivé , 327 

M 

BAGUENAüDîER,râcu!tnre,  315 

Baifamine  , comment  cultivée  , 151 

Barbe  de  Jupiter , maniéré  de  Téîever , 28$ 

Bajilîc  , maniéré  de  le  multiplier  , 169 

BaJJins  d’eau , inftméHonfür  la  maniéré  d’en ccnfiruire 
de  plufieurs  façons  , 399  & 403 

Bajjinets,  comment  les  cultiver , 140 

Batiment , ne  doit  être  de  niveau  au  jardin , 35^ 

Batte  5 ce  que  c’eft  , ion  utilité  , ii 

Bec  d'oïfeau  , Yojezpïedd' alouette. 

Biche  5 ce  que  c’eft , & à quoi  néceiTaire  » S 

Belle-de^nuh  , fa  culture  , * 178 

Belvedere  , comment  gouvernée , 173 

Biois  y ce  que  c’efî,  260  & 211 

Mluets  5 voyez  cyanus. 

Bois  i voifms  dangereux  pour  les  fleurs  , 29.  Arbres 
propres  à enformer^  321  .Bois  eu  ornements,  & corn- 
ment  les  rendre  de  bon  goût,  376 

Boifeufes , voyez  plantes. 

Bof quels , arbres  qui  peuvent  y convenir  ,319;  doivent 
être  variés  dans  le  dedans , 366  ; ce  que  c’eft  en  jar- 
dinage , & comment  y en  dreifer  , 372  ù Juiv. 

Boulingrin , ce  que  c’eft  , &■  ce  qu’il  y faut  ofeferver , 
379  ; comment  y plaquer  le  gazon  , 342 

Boutons  d'cr  , voyez  immortelles. 

Boutures  , ce  que  c’eft  , & comment  on  fait  venir  les 
plantes  de  boutures,  105 , iio  ,117  & 249 

Brouette  , ce  que  c’eft  , Ton  utilité  , 14 

Buffet  d’eau  , ce  que  c’eft , 407 

5 pins  convenable  pour  les  bordures  que  les  autres 
plantes,  199  j autres  utilités,  321  ; buis  de  trois  efpe- 
ces,  comment  employés  dans  les  jardins , 321  &fuïv. 

ardent,  maniéré  de  le  gouverner,  ^fonufage 
dans  les  jardins  , 33<j 

Bulbeufes , \oyti  plantes. 

G 

CABINET  de  verdure  , maniéré  d’en  dreiïèrde 
pîufteurs  fortes , . 377 

Camomille  , comment  la  cuîîÎTer  , ^92 

Campanulle  , maniéré  de  la  cultiver  , 103 

Cantharides  , moyen  de  les  détruire  , % j 

Capucine  , fà  culture , lôy 

Cayeux , c’eft  un  périt  oignon , voye\  oignon  de  fleurs. 
Charbon-xoXdim , voyez  panicaut. 

Charme  & charmille  , comment  cultives  , ^ de  leur 


DES  MATIERES.  411 

tifage  dans  le  j ardinage , i€9  ; autres  ufages,  3 1 b&fuiv. 
Châtaigniers  , ufage  qu’on  en  fait,  319  & fulv. 

Chats , 52 

Chenilles  , moyen  de  les  détruire  , 56 

comment  gouverné^296.  Son  utilité,  320 


52 


15 

242 

14 

16 
187 

15 


Chiens  , 

Chryfantennm  , voyez  pâquerette  ( grande.  ) 

Cifeaux  de  Jardinier  , leur  utilité  , 

Citronnier , fa  culture , 

Civiere  , ce  que  c’efî  , à quoi  utile, 

Claies  , de  quoi  compofées , leur  utilité  , 

Clématite  , fa  culture  , 

C loches  , de  quoi  faites , & à quoi  propres  , 

Cloître  de  verdure  , ce  que  c’eft  , & ce  qu’on  y doit 
obferver , 377 

Colchique  , maniéré  de  le  multiplier,  131 

Colonnade  de  verdure,  maniéré  de  la  dreffer , 310  juf- 
qu’à  315 . Arbres  qui  lui  font  convenables , 321 

Confonde  royale  , comment  cultivée  , 153 

que  c’ed, conduite  qu’iîy  faut  tenir, 384 
Coquelicots^  comment  les  élever , 136 

Coquelourdcs , leur  culture , 193 

Corbeilles  , à quoi  propres  , ii 

Coteau  propre  aux  jardins  , 347  ù fuiu^ 

Cou~dC“Châmcau  , fa  culture  , 144 

Couches , leur  luiiité,  comment  on  les  fait , 24  8r  fuiv, 
Coulevrée , fon  ufage  dans  les  jardins , t<  comment  cul- 
tivée , 331 

Couleurs  , diflinguer  les  différentes  couleurs  dans  la 
broderie  des  parterres  gravés  , 36^ 

Couronne  impériale  , fa  culture  , 78 

Creffon  d’înde  , voyez  capucine. 

Crible ^ ce  que  c’ed,  fon  utilité,  12 

Crocus  J voyez  fafran, 

Croijjânt  , ce  que  c’eft  , h quoi  utile  , 15 

Croix  de  S.  André  > forme  qu’on  donne  aux  bois  , 376  , 
quelquefois  aux  parterres  , 361 

Croix  de  Chevalier  de  Malthe  ou  écarlate , voyeti  Croix 
de  Jerufalem. 

Croix  de  Jerufalem , maniéré  de  la  cultiver , 1^5 

Cyanus  de  toutes  fortes  , comment  gouvernés , 135 

Cyclamens  , maniéré  de  les  élever  , 106  jufqu’à  îoS 
Cylindres  nécefiaires  pour  le  gazon  , 344 


Cyprès , comment  le  gouverner , 
Cytife  , maniéré  de  i’éîever  , 


D 


28S 

322 


DA  R D S , ce  que  c’efl , 163 

Décembre^  ce  qu’on  doit  faire  en  ce  mois , 69.  Cul- 
ture pardeuliere  des  üeurs  en  ce  mois,  147.  Plantes' 
qui  y Iteirifiêiu  J..  .208  ù 346 

S 2 


4ïa  TABLE 

ï)emî~côtes  ^ voyez  coteau  , 

Déplantoir  , ce  que  c’eft , à quoi  propre  , f 

Diâame  , fa  culture,  166 

Digitale , maniéré  de  la  cultiver , 134 

E 

Eaux  jailliiïàntes , inftruâion  îà*defTus,  39Ï.  Com- 
ment diilribuer  les  eaux  dans  les  jardins  5 394^  T» 
propres  aux  arrofements  , 48 

E car  latte,  voyez  croi:c  de  Jerufaîem, 

Echelles  de  plufieurs  fortes , leurs  emplois  ^ 1$ 

Eckenilloir  , fon  utilité , comment  on  s’en  fert , 14 

Ellébore  , comment  cultiver  cette  plante , 192, 

Emerus. , comment  cultivé  , 324 

Epines  blanches , à.  quoi  propres  ^ 32.0 

Epouvantail,  ce  que  c’eft , fon  utilité , 5$ 

Erable  propre  à former  des  palifïàdes  dr  bofquets  ,319 
Etoih , ornement  de  jardin , ce  que  c’eft , &■  comment 
conduit , 291.  Arbres  propres  à les  former,  319 , Ex- 
poliîion  d’une  ferre , 220;  d’un  jardin,  349 

F 

F É V R I E R , ce  qu’il  y a à faire  dans  ce  mois , 62 
Culture  particulière  des  ieurs  en  ce  mois  ; 148 

Plantes  qui  y fleurirent,  208  & 346 

Fibreiifes , voyez  plantes. 

Fleurs , maniéré  de  les  femer,&  inconvénients  à éviter, 
21  & Jkiv,  Des  endroits  où  on  les  éîeve , Sz  comment  les 
y gouverner , 24  & fuiv.  Maximes  pour  les  planter , ^3 
& fuîv.  L’expolition  qui  leur  eft  propre,  34.  Choix 
qu’on  en  doit  faire  , idem.  Comment  on  les  divife  , 
idem.  Fleurs  de  la  grande,  moyenne  êz  baiTeefpece , 
lieux  ou  Fon  les  met , "^6  & fuiv.  Soins  qu’on  do.t  en 
prendre  , 43.  Les  doubles  ne  donnent  point  de  grai- 
nes , 42  . Commeî^t  les  préferver  du  grand  froid  & d es 
fortes  chaleurs , 45 . Ne  pas  les  toucher  avec  la  main , 
51.  Moyen  d’en  acquérir  de  nouvelles,  52.  Le  mot 
ileur  fÿnonyme  de  plante,  f^em.Comment  les  confer- 
ver  dans  le  tranfport  qu’on  en  fait , $9.  Culture  de 
chacune  en  particulier  dans  chaque  mois , 70  & fufv» 
Mois  êr  faifons  qu’eües  Heiirifîènt , 202  &fuzv. 

Fleur  de  laPaffion  , greaadiiîe. 

Fleur  de  faint  Jacques , jacobée. 

Fleur  du  ParnalTe  , fa  culture  , 198 

Fleur  de  fafran , fafran. 

Fleur  d’amour  ou  de  jaioufie , voye\  amaranthe. 
Fleur  de  la  Trinité,  v6ye\  penfées. 

Foin  ordinaire , fon  ufage  dans  le  jardinage , 338 

Fo«f//esnécefraires  pour  cennoître  la  profondeur  d’iyie 
terre , 340 

Fourche  , à quoi  nécefTaire  , ce  que  c’eB , 1 6 

moyen  de  Içs  détruire  J, 


DES  MATIERES.-  413 

FraxineUe  , comment  cultivée  89 

Fretiilaire  , fa  culture  y 127 

G 


GA  L E R I E s de  verdure  en  arcades , comment  con- 
duites , 293.  Arbres  qui  leur  font  convenables , 321 
Galcrh  de  verdure  , portique. 

Ga\orL  y maniéré  de  le  femer  , 335.  Soins  qu-exige  Je 
gazon,  337.  Comment  le  plaquer  , 340.  Comment 


r entretenir.  343 

Glacis  ou  talus^ , comment  y appliquer  le  gazon  , 342 
Genêt  d'Efpagne,  mainiere  de  le  multiplier  y 262 

Girq/Zée  jaune  , fa  culture,  109 

Girojiée  d'Angleterre  , voye\  julienne, 

Girojiées  ordinaires  , maniéré  de  les  élever,  174  jui^ 
qu'à  177 


Graiiits  de  fleurs  , preuves  de.leur  bonté , 21^.  Ce  qa’ü 
faut  faire  quand  elles  font  dures  , 22.  Le  temps  de 
les  femer.  La  maniéré  de  fémer,  idem.  Ce  quil 
faut  faire: après  être  feinées,  23.  Obfervarionsfur  les 
graines  étrangères  , 24.  Des  endroits  où  on  les  feme , 
idem&  fuiv.  Maniéré  de  les  recueillir  , 42*.  Comment 
les  conferver  , 42.  Les  doubles  n’en  donnent  point, 


excepté  quelques-unes , idem 

Graines  d'arbres  , choix  qu'on-en  doit  faire , 21 

Greffe  en  approche , en  écuffon , à œil  dormant  & à œil 
pouffant,  250  jufqifà  2^2  î en  fente  , 255 

Grenadier , comment  i’élever , 243.  Terres  propres  aux 
grenadiers  , idem.  Leur  taille,  245  jufqu'à  248.  Com- 
ment. les  élever  de  marcottes  Sz.dt  boutures , ibid. 
Comment  les  grefrer  2^ 

GrenadiLle  , Comment  gouvernée-,  19X 

Grottes,  d’eau  , ce  que  c’eft  , & ce  qu’on  y doit  obfer- 
ver,  49.S 

Gu^mau^>c  xoyzlQ.  yVoyei(^  aîthæa. 

Héliotrope,  voyeT^  foîeUs.. 

Hémérocale  , fa  culture  , I40 

Hépatique  ^ comxnQm  cultivée  3.  131 

Hêtre  , à quoi  propre  320 

Hotte  & hoiteraux, , ce  que  c'eR  , leur  utilité ji 
Houlette  , ce  que  c’eft  , à quoi  .néceffaîre  , 22 

Houx  , maniéré  de  l’élever  , 3 ré 

Hyfope  y commenî;  la; cultiver , 202 


JA  G É E des  pïé%  y.facée  tïicQloï  y Jscée  des 

Indes. 

Jacée  des  Indes  , fa  culture  , 

Jacintes- y,xntmïQr&  de  les  élever  de  bulbes  , îiS  jufqu’à 
*126.  Comment  [es  muUiplier  de  graine  , 

Jncinte  de  Coriftantmoüle.  vovp7  rpîlletfi  Pnëf&ç. 


4T4^  T Â F L F 

lacinte  des  ToëteSy  voyez  œillets  de  Fû’étes^ 

Jacinte  des  ïndes  , voyez  tubéreujës. 

Jacobée  , fa  culture  , 

Janvier  , ce  qu^on  doit  faire  dans  ce  mois.,  éî.  Plantes 
qui  y fieurilfent  , 208  & 346 

JizrJi/ïfcr  Fleurifte. 5.  fes  quaiités  5,  jufqu’à  7 

Jardins  de  fleurs  , temps  de  les  labourer  j,  33: 
Jardins  ^ terreins  qui  leur  font  propres  , 347 

Jardins  , difpofitions  & arrangements  qu^on  doit  leur 
donner  5 35-5.  Ne  doit  point  fe  faire  voir  d'un  coup 
d’œil  5 idem  ,. 

Jafmïn  de  plufîeurs  fortes,  comment  élevés,  leur  utilité, . 

252  & 320.^ 

/q/>7îi/2Comîîiun,.facuIture5,252jarmind’Efpagne,  25  5., 
Jafmin  de Gatalpgne,  2^8,  Jafmin  d’ Arabie, 

Jafmin  d’Amérique , aC^o.  J afmin  des  Indes  oit  du  Ca- 
nada ,,  261.1  afmin  jaune  on  J afmin  jonquille  , 262 

Ifi  , comment  élevés  ,.leur  utilité  , z86  & 32a 

Jmmortelles  ,‘leur  culture  102. 

Jonquilles  ^mmïete  ée  les.  cultiv ex  y 142. 

Iris  de  toutes  fortes , avec  la  maniéré  de  les  élever , ni. 

jufqu’à  115.  Figure  d^un  iris  bulbeux  , ibid. 

Juillet , c€  qu’oB  fera  dans  ce  mois  5,67..  Plantes  qui  y 
deuriffent , , 205  & 34^ 

Julienne  , fa  culture  iiè 

Juin  5 ce  qu’on  doit  faire  en  ce  mois  , 66.  Plantes  qui  y 
üeurilTenr , 205  ^ 0,46 


La  V A,  N D E , fà  culture  2or 

Lauriers  dé  tourés  fortes, leur  culture, 265. Laurierr 
franc  , 266.  Laqrier-rofe  , 267.  Laurier-cerife  , 269.. 
Laurier-thym,  270.  Laurier  d’Alexandrie.,  271.  Leur, 
utilité , C16& 

Lëmifque  , fa  culture,,  323. 

Leonurus  ^ fa  culture  , 324 

Ligamenteufes , voyez, plantes, 

Ligueufes , voyez  plantes, 

JJlas  ordinaire. , à quoi  propre, , 329.  MaDiere  de  féîe*- 
ver  5 33Q.  Lilas  de.Perfe, , 332, 

Lima f ans  , comment  les  détruire 
Limonier  , cultme.  y.  241? 

Lis, , leur  culture  , 137 

Lis  champêtres  ,.  voyez  martagonsi. 

Lis  de  vallée  y Voy,e\  muguet. 

Lis  de  Saint-Bruno,  fa  culture  ,,  179 

Zis-fiammes  ^ maniéré  de  les  cultiver  ^ xSq 

Liferon  ^ C grand)  voyez  volubilis,. 

Lifct , voyez  volubilis, 

Ltccnàs  , voyez  œillets  d*Adhmagtie^ 


DES  M A T I E P.  E S.,  413 

M 

Ma  I L L E T , ce  que  c^eft  , fon  utilité  14 
ikf^^rco^^es  5 comment  marcotter  certaines  plantes  3 

158  & 248 

Marguerites  , voyez  pâquerettes. 

Marjolaine  , comment  cultivée , 2gi 

Marronnier  d’Inde  , maniéré  de  îe  multiplier  , 326.. 

Ufage  qu’on  en  peut  faire* 

Mars  , ce  qu’on  doit  faire  dans  ce  mois  5 63  , Culture 
particulière  des  deurs  en  ce  mois,  156  /z/zv.  Plantes 
qui  y fieuriffent  , 203  34^ 

Martagons  , comment  les  gouverner , 138 

Mairie  aire  , fa  culture  , 17  r 

Mai , ce  qu’il  y a à faire  dans  ce  mois , 63 . Culture  par- 
ticulière des  fleurs  en  ce  mois  , 199.  Plantes  qui  y 
fieiîriiïent , 204  &•  34^ 

Mayenne  maniéré  de  l’élever , 152 

Matant'{ene  , voyez  Mayenne,  ^ 

Merveille  du  Pérou  , voye%^  belîe-de-truît. 

Mois  auxquels  chaque  plante  paroît  en  fleur  durant 
l’année  , 202  jufqu’à  21 1 

Moll  , fa  culture  , 117 

Montagne , fituation  défavantageufe  aux  jardins , 348 
Moulins  pour  élever  les  eaux  , 394 

Mufte-de-veau  ou  de  lion  , comment  élevé , loi 
Muguet  ou  lis  de  vallées , fa  culture  & fon  utilité  , 146 

& 3 20 

Mufcîpula  ou  attrape-mouche  , fa  culture  , 136 

Myrtes  , maniéré  de  les  élever , 263 

Narcisses  , comment  les  cultiver,  92  jufqu’à  95 
JNarctJfe  dü  Japon  , fa  culture  , 18 î 

üielle  ou  nigelle  I comment  la  cultiver  , 95 

Âloifeîier  , à quoi  propre  , 320 

Novembre , ce  qu’on  doit  faire  dans  ce  mois , 68,  Cul- 
ture particulière  des  fleurs  en  ce  mois  , 145.  Plantes 
qui  y fleurüTent,  207 

O 

O c T O B RE  , ce  qu’il  y a à faire  dans  ce  mois  , 68. 
Culture  particulière  des  fleurs  en  ce  mois , 137 
& faiv.  Plantes  qui  y fleuriflent , 207  & 34^ 

Qcnlus  Chrifiî  , voyez  ajler,. 

(EU  de  kœuf  j fa  culrure. , 193 

Œilletons ^œWletontiQx^YoyQz  le  chapitre  des  œillets,  157 
Œillets,  des  Poètes  , comment  cultivés  , 104 

ordinaires,  leur  culture , 147.  De  la  maniéré  & 
du  temps  de  les  marcotter , 15  S.  De  la  maniéré  de  les 
œiîietonner  , i6o.  De  la  terre  qui  leur  convient  .161 
Marques  d’un  bel  œillet,  165  .Maladie  des  œillets,  i66 
d’ïnde.  comment  îe»;  ciilrivet'  -inn 


43^5  T A B:  I E 

(Èiltets  d* Allemagne  , leur  culture  , 17g 

Oignons  de  fleurs  : temps  de  les  planter , 

Comment  on  les  met  en  pot,  30.  Ce  qu’il  faut faire 
ayant  de  les  planter , 27.  Comment  les  recueillir  & les 
conferver  , 42 

Oîfeaux  , comment  les  chalîer  ^ S $ 

Oranger^  fa  culture , 225.  Choix  qu’on  en  doit  favoir 
faire,  ibid.  Des  terres  qui  lui  font  propres,  aiy.Temps 
de  planter,  228.Comment  rencâilîer  les  orangers. 22J. 
Des  demi-reneailTements  , 233.  Soins  qu’exigent  les 
orangers  lorfqu’ils  font  en  cailTe  ^ idem'.  Taille  des 
orangers , 23$  .Maniéré  deles  ébburgeonner, 237.  Au- 
tres foins  , ibid.  & fuiv* 

Orange^  de  la  Chine  , fa  culture  242 

, leur  culture  129. 

Oreilles  d'ours  , comment  les  cultiver,  96  jufqu’à  loo,. 
Beauté  d’une  oreille  d’ours  idem. 

Orme^ïa.  culture  &•  fon  emploi  dans  !e  jardinage  , 300. 
Formes  dîftë rentes  qu’on  lui, donne,  301. Ormes  en  bou-^- 
les  5 idem.  Autres  ufages.  j 319  & Juiy.  nuilibles  aux 
jardins  à fleurs  , aux  fruitiers  & potagers 318. 
Ornitâogalon  y comment  cultivé  ^ xxS 

Outils  , ngceffaires  à un  jardinier , 8 jufqa’à  18 
P 


PAILLIlSSONS 5 leur  utilité , com.ment on  les  fait , 1.5 
Pain  de  pour  ce  uu ,,  voyez  cyclanxen.^ 

Falïffades  , mauvais  voifms  des  fleurs  , 29.  Arbres  pro- 
pres à les  former,  320.  &fuiv.Ce,  que  c’eft  comment 
on  doit  les  conduire  , 38 r jufqu’4  38^3 

P ciîûcuut , fa  culture , 133 

Pâquerette  y grande  pâquerette,commenî  la  gouvernes^, 
172.  Pâquerettes , comment  cultivées  y iSé 

Paralyjife  , voyez  primevexes. 

Parterres  y doiv^entfrapperen  forçant  d’un  bâtiment.^ 
360.  On  en  peut  mettre  plufieurs  de  fuite , pour 
ne  point  boucher  fes  vues  ^ 361,  Parterres  de  dide- 
rentes  fortes.  35 8.  Parterres  en  broderie , 3^9.  Parter- 
res à l’Anglaife  , 362.  Parterres  en  découpés,  ibid. 
Parterres  de  compartiments , 3%.  Sables.qu’on 
ploie  aux  Parterres  ,,  364.  Ceux  qui  font  gravés  , 
eommeat  en  diflinguer  les  çouîeurs , AAUtre  Par- 
terre , 367  jufqu’à  371, 

Pajfevelours  , voyez  amarante.. 
patte-d'ée , ornement  de  iardin , ce  que  c’eB,  292.  Ar- 
bres propres  à la  former  ,,  319 

Pavot  y maniéré  d’en  élever  , 96 

Pavot  épineux  , voyez  t^rgemont. 

Pelle  , ce  que  c’efi  , à quoi  utile , 8 

Pc?2/éf  s , leur  culture , 194 

Pensée  , ( aune  ) voyez  iadt  des  Indes» 


DES  MATIERES.  4î7 

Wèpmiere  de  toutes  fortes  de  fleurs , arbres,  arbrîfleaux 
&•  arbuftes , comment  on  doit  s’y  comporter  , 210 

Terce-neiges  , comment  cultivées  , 186 

Teupliers  , à quoi  propres  , 3^^ 

T haféols  incarnats  J maniéré  de  les  cultiver  , ^ 170 

Thilaria  , comment  l’éiever  , 298.  Propre  à faire  des 
paîiflades, 

Ticea  , fa  culture  &■  fon  utilité  , 288  320 

Pièces  d'eau  de  différentes  façons  , ^ 39^ 

Pied  d'alouette  ^ comment  gouverné  , 9^ 

Pilaflres  de  verdure  , ^oj^  &fuiy^ 

Pioche  & piochon  , ce  que  c’efl  , de  quelle  utilité , 1$ 
Pivoi/2e5  , comment  les  élever , ^ 14$ 

P/^îi/ze favorable  pour  conftruire  un  jardin  , 347  &fuîv» 
Planche  , ce  que  c’efl:,  fon  utilité,  27 

Planter  en  rigole  , ce  que  c’efc , 200 

Planus  en  général  , comment  on  les  divife  , 18.  Plan- 
tes boifeufes  ou  ligneufes  , fibreufe»!  ou  iigamenteu- 
fes  5 buibeufes  , annuelles  Sr  vivaces  , ce  qu’elles 
font , ihid.  Comment  guérir  celles  qui  font  mala- 
des ,49.  Comment  çonferver  celles  qui  font  en  pots  , 
‘^'i&fuiv.Un  catalogue  de  quelques-unes,  19  &fuiv. 
Plantés  propres  à faire  des  bordures  à un  jardin  à 
fleurs , 199^ 

Plantes  aromatiques  qui  entrent  dans  les  jardins , 201 
Plantoir  de  plufieurs  fortes,  ce  que  c’efl , à quoi  pro- 
pre , 10 

P/æ/j/5  enracinés  Commentfaire  venir  certaines  fleurs 
de  plant  enraciné  , né 

Plate-bande  , ce  que  c’efl  , fon  utilité  , comment  la 
terre  en  doit  être  dreflee  , 28.  Ce  qui  lui  efl  préjudi- 
ciable , ibid.  Figure  d’une  plate  - bande  tracée  pour 
y mettre  des  fleurs , 38 

Plate-bande  de  parterre  de  diverfes  maniérés  , 3d3 

P ois- chiche  s ^ v oy  qx  phaféols  incarnats , 

Pomme  d'amour  ou  pomme  dorée , commentciiltivée. , 

Pomme  épineufe  , fa  calture , i<)6 

Pompes  pour  elever  les  eaux  , 394 

portiques  VQïàmQ  ^ cornmentconduîts,  303  }ufqu'à 
310.  Arbres  qui  leur  font  propres  , 318 

Pots  , leur  utilité  , 13  8c  29.  Maniéré  d’y  cultiver  les 
fleurs , 29  ^ fuiy. 

Prime-veres , maniéré  de  les  gouverner ,,  1^6 

Pucerons^  moyen  de  les  détruire  , 58 

Punaifes  vertes  comment  les  détruire  ,,  57 

Quinconces  , arbres  propres  aies  former  , 3Q2 
& 319.  Font  partie  d’un  jardin  d’omements’^ 
382  ^ CS  qus  c’sft  qu'un  qurneoaee , 37^,, 


4ît 


T A B I E 
R 


^ ABOT s , ce  que  c’eft  y à quoi  miles , . m 

S%^Kacmes  deüeuis,  comment  les  planter  en  pots, 
30.  Le  temps  de  les  mettre  en  terre , 3^.  Comment 
les  lever  de  terre,  ^3 

Racines  éclatées , comment  faire  venir  certaines  pîan- 
tes  de  racines  éclatées,  108 

Râteaux  de  deux  fortes , ce  que  c’efi:  , leur  utilité  , q 
Raîîfoîre , ce  que  c’eft,  à quoi  néceiïaire , 9 

} comment  les  détruire , 54 

Rejetions  , comment  faire  venir  certaines  plantes  de 
rejettoiis,  ^ 10. 

pour  guérir  les  plantes  qui  ont  les  racines 
bleilees , 

Renoncules , comtrient  les  cultiver  , 86  jufqu’à  89. 
•Figure  d'une  griffe  de  renoncule , ïbïd.  Beauté  d^une 
renoncule , 

Rofe  d’Inde  , maniéré  de  Télever  , 178 

Rojiers  de  toutes  fortes  , comment  les  cultiver  , irjx 
_îufqu’a  2^2 

Romarm , manière  de  l’élever , 283 

Rue  fauvage  , voyez  moly  , 

Rue  des  jardins  , comment  la  cultiver  282 

SS 

A B L E s , ^ comment fàbler  les  allées,  366 

Safran.  Fleur  defafran,  comment  la  gouverner,  126 
àaijons  5 voyez  mof^oûles  plantes  donnent  leurs  Heurs, 
S apons  auxquelles  Heuriiïènt  certains  arbres  , arbrif- 
féaux  êr  arbultes , 345  jufqu’à  ^a6 

S ain^-fom , comment  le  femer  , 3 37 

Salles  & ialfoîis  de  verdure,  arbres  propres  aies  for-= 
mer  , 377.  Comment  conduits, 

Sallon  de  verdure,  voye?^  faüe. 

Sarcler  , manière  de  faire  cet  ouvrage , 

S atyrïon  , voyez  orchis.  . 

S auge  y fs  culture  , 

Saules  5 à quoi  utiles  , 

Scabieufe  , comment  la  cultiver , 

Adilc5  , leur  culture  , la- 

Septembre , ce  qu’on  doit  faire  dans  ce  mois  , 67.  CuF 
ture  particulière  des  fleurs  en  ce  mois , 70  é*  fuiy. 
Plantes  qui  y fleuriflent , 206  & 3^6 

Serpette  , ce  que  c’efl  , fon  utilité,  ïo 

Serre  , fa  defcription  , fon  milité,  Be  comment  y pié-= 
ferver  les  plantes  du  froid  , 219  pifqu’à  22$ 

Soleils  ou  îournefols  , comment  les  cultiver  , 171 

Souci  double  , fa  culture  , 

Souci  ( autre  ) fi  culture , 

Speronnelle  , ^voy ex  confonde  royale 
StramQmum.^  voyez  pomme  épintujç.^ 


379 

44 

20î 

31S 

QO 

185 


180. 

IM 


4îf 

Î94 

210 

3H 


^3 


D E S M A T I E R.  É S. 

Stâtke  5 comment  ia  multiplier  , 

Sumac  des  Indes  , voyez  jardins. 

Syringua  ^ (a  culture  &■  foû  utilité  , 28 1 & 

Syturidaca . voyez  emerm, 

T 

Taille  des  orangers  ^ v£)ye^  orangers. 

Talus  voyez  glacis. 

Taupes , moyen  de  les  détruire  , 

Tapis  verds,  ce  que  c’eft  dans  les  jardins  , & com- 
ment les  taire , 334 

Terreau  y ce  que  c’efl , très-utile  dans  les  jardins  , 4 

Ter  rein  propre  à ccnftririre  un  jardin  , 347 

Terres  y maniéré  de  les  rendre  propres  à la  culture  des 
âeurs  , I.  Marque  de  leur  bonté  , 2.  Leurs  couleurs 
quand  elles  font  bonnes  , idem.  Quelles  font  celles 
qu’on liommelégeres,  3.  Comment  connoîr-on  celles 
qui  font  humides  , fortes  , idem.  Comment  les  met- 
tre dans  les  plates-bandes,  cl&i.j.  Quand  doit-on 
les  changer  , 5 . Comment  connokee  un  bon  fonds  de 
terre,  349.  Pourquoi  les  terres  ne  doivent  pointavoir 
de  mauvaife  odeur  ni  de  mauvais  goût , 350.  Nécef- 
fité  qu’elles  foieiit  bonnes  à trois  pieds  de  profon- 
deur , ibid. 

Thym  , maniéré  de  le  gouverner , 201 

Thlajpls  , maniéré  de  l’élever , 8$ 

Tilleul  , fon  ufage  dans  le  jardinage  , 314.  Autres 
ufages,  ^ly&fuiv. 

T'refJe  , maniéré  d’en  multiplier  l’efpece  , 339 

Tremble  , à quoi  propre  , 318 

Trifolium  , voyez  citife. 

Troene  , comment  le  cultiver , 322 

Truelle  y à quoi  elle  fert , ce  que  c’efl , iG 

Tubéreufes  , leur  culture  , ^ 183 

Tulipes  y maniete  de  les  élever,  79  jufqu’à  85.  Beauté 
d’une  belle  tulipe , idem* 

Tuyaux  de  différentes  matières  & grandeurs , avec 


ia  maniéré  de  les  pofer, 

V 

V A L E R I É N N E , maniéré  de  l’élever  ^ 
Vers  y comment  les  détruire  , 
Vignes-vierge  , fa  culture  , 

Violettes  de  Mars  , comment  multipliées , 
Vivaces , voyez  plantes. 

Volubilis  y maniéré  de  îe  cultiver , 
Volubilis  des  Indes , 


39$ 

196 

332 

188 

167 

idem. 


PREAUX,  ufage  qu’on  en  fait , 


3^7 


Fin  de  la  Table  des  Matières, 


Permission  simple. 

JE  AN-JACQUES  DE  VIDAUD, 
Marqüïsdë  Vè  z zî:rùNj  Comte  de  la 
Baùe  & Mognenins  , Seigneur  de  Far  gués , Cai- 
ranne  ^ Bivier , la  Maifon-forte  de  Montbives  & 
autres  F lace  s , Confeïilcr  d'Etat  & àu  Co/ifeil 
privé , Diredeur  général  de  la  Librairie, 

VU  î*artîcle  VII  de  T Arrêt  du  Confeiî  du  30  Août 
1777 , portant  réglement  pour  ia  durée  des  Pri- 
vilèges en  Librairie  , en  vertu  des  pouvoirs  à Nous 
donnés  par  ledit  Arrêt  : Nous  permettons  à Ja 
Dame  Veuve  Pierre  Dujmesnîl  , Libraire-Impri- 
meur à Rouen  , de  faire- une  édition  de  POuvrage 
qui  a pour  titre  : le  fardinier  Fleurifie  , pour  la 
culture  umverfclle  des  Fleurs  , par  M,  Liger , 
laquelle  édition  fera  tirée  à fept  cents  cinquante  exem- 
plaires , en  un  volume  , format  in- 12  ^ êrfera  finie 
dans  le  délai  de  trois  mois  j à la  charge  par  ladite  dame 
Veuve  Dumesnil  de  repréfenter  à i’Infpedeur  de 
îâ  Chambre  Syndicale  de  Rouen  la  quittance  exigée 
par  les  articles  VIII  & IX  du  même  Arrêt  ; d’avertir 
ledit  Infpedeur  du  four  où  l’on  commencera  i’impref^ 
iîon  dudit  Ouvrage  , au  defir  de  l’article  XXI  de 
FArrêt  du  Confeii  du  30  Août  1777  , portant  fup« 
prelüon  & création  de  différentes  Chambres  Syndi- 
cales ; de  faire  ladite  édition  abfolumeot  conforme 
à celle  de  Rouen  1782 , d’en  remettre  , conformé- 
ment à l’Arrêt  du  Confeii  du  16  Avril  1785  , neuf 
exeipplaires  aux  mains  des  Oliiciers  de  la  Chambre 
Syndicale  de  Rouen  ; d’imprimer  la  prélente  Per- 
miilion  à la  fin  du  Livre  , & de  la  faire  enregiffrer 
dans  deux  mois  pour  tout  délai  , fur  les  regiflres 
de  ladite  Chambre  Syndicale  de  Rouen  | îs  tout  à 
peine  de  nullité. 

Donné  à Paris  le  îô  Décembre  178$. 

.V  î D A IJ  D. 

Far  Monfeigneur , 

D U M IRA  IX. 

Regifiré fur  leRegifre  de  la  Xhambre  Syndicale 
des  Libraires-Imprimeurs  de  Rouen  ^ fol,  3I  ,No,  196, 
conformément  aux  Réglements  de  la  Librairie*  A 
Rouen  le  Février  L.  OURSEL , Syndic.